SOC/4483

LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL EXAMINE LES MOYENS D'ENCOURAGER UNE PLUS GRANDE PARTICIPATION DES JEUNES AU PROCESSUS DE PRISE DE DECISIONS QUI LES CONCERNE

19 février 1999


Communiqué de Presse
SOC/4483


LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL EXAMINE LES MOYENS D'ENCOURAGER UNE PLUS GRANDE PARTICIPATION DES JEUNES AU PROCESSUS DE PRISE DE DECISIONS QUI LES CONCERNE

19990219 Elle tient une table ronde sur la suite à donner à la Conférence de Lisbonne et au Forum de Braga sur la jeunesse

La Commission du développement social a tenu ce matin une table ronde sur la jeunesse qui s'est concentrée, en particulier, sur la suite à donner aux recommandations de la Conférence mondiale des Ministres chargés de la jeunesse (Lisbonne, 8-21 août 1998) et de la troisième session du Forum mondial de la jeunesse du système des Nations Unies (Braga, 2-7 août 1998). Les initiatives des Etats membres, des organisations non gouvernementales, des institutions spécialisées et organismes des Nations Unies et autres organisations intergouvernementales ont été expliquées.

Les participants à la table ronde se sont félicités de ce que les jeunes ne soient plus considérés aujourd'hui comme un groupe dépendant de la société mais comme acteurs du processus politique, économique, social et culturel. Ils ont donc plaidé pour une participation plus active des jeunes au processus de prise de décisions qui implique l'établissement par les gouvernements et tous les acteurs concernés d'un partenariat véritable avec cette catégorie de la population. Il a été toutefois souligné que certains modèles de prise de décision risquent d'aliéner les jeunes qui ne sont pas habitués à la rhétorique de ce genre d'exercice. Il faut donc faire preuve d'originalité et reformuler des forum de base auxquels les jeunes pourront participer.

Les personnalités suivantes ont participé à la table ronde : Mme Filomena Martins, Vice-Présidente en exercice de la Conférence mondiale des Ministres chargés de la jeunesse; M. Percival M. Mokofeng, Rapporteur de la Grande Commission de la Conférence de Lisbonne; M. William D. Angel, Fonctionnaire chargé des questions relatives à la jeunesse à la Division des politiques sociales et du développement social du Département des affaires économiques et sociales; Mme Anita Amorim, représentante du Bureau de liaison de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) à New York, chargée de la coordination des questions relatives à la jeunesse; et M. Daraka Larimore-Hall, Membre de l'Union internationale de la jeunesse sociale et Président du Groupe de travail sur l'emploi de la troisième session du Forum mondial de la jeunesse du système des Nations Unies.

La Commission tiendra sa séance de clôture ce soir à partir de 18 heures.

EXAMEN DES PLANS ET PROGRAMMES D'ACTION PERTINENTS DES ORGANISMES DES NATIONS UNIES CONCERNANT LA SITUATION DES GROUPES SOCIAUX

Table ronde sur la jeunesse

Mme FILOMENA MARTINS, Vice-Présidente en exercice de la Conférence mondiale des Ministres chargés de la jeunesse (Lisbonne, 1998), a déclaré que la Conférence de Lisbonne a eu au moins le mérite de mettre l'accent sur des thèmes qui n'avaient jamais été traités auparavant. Treize ans après l'Année internationale de la jeunesse et trois ans près l'adoption du Programme d'action sur la jeunesse, le moment est venu d'examiner la façon dont ce Programme a été mis en oeuvre et d'envisager des initiatives nouvelles. Les résultats de la Conférence de Lisbonne sont le fruit du travail sérieux qui a été accompli pendant le processus préparatoire commencé dès septembre 1997. La première session de consultations avait réuni des représentants des Etats, des ONG, des organisations gouvernementales et autres. Si, à ce stade là, la discussion de fond avait été considérée comme prématurée, un échange de vues très important a néanmoins eu lieu. La deuxième session de consultations a donné lieu à un débat général sur les besoins les plus urgents des jeunes ainsi que sur le projet de Déclaration de Lisbonne et sur des recommandations concrètes. La troisième session a quant à elle permis un débat sur un projet de proposition. Si tous les acteurs étaient déterminés à parvenir à une conclusion consensuelle, il n'en demeure pas moins qu'il était difficile parfois d'arriver à un compromis. La tolérance était donc de mise.

La Conférence et son suivi conduiront certainement à des mesures significatives qui amélioreront la qualité de la vie des jeunes. Au Portugal, l'accent a été mis, en particulier, sur la promotion de l'intégration sociale des jeunes. Un nouveau projet a été lancé qui vise à présenter des offres de formation dans les milieux défavorisés. L'usage des stupéfiants étant un problème grave, le pays s'attache à encourager les organisations de jeunes en accordant un appui financier pour qu'elles puissent véritablement développer leur capacité. L'éducation, y compris l'éducation civique, l'élargissement du réseau de soins, l'appui aux entreprises dirigées par les jeunes, sont notamment les éléments qui ont contribué à la mise en oeuvre, au Portugal, de la Déclaration de Lisbonne. La communauté internationale dans son ensemble doit donner suite à la Déclaration et définir des objectifs opérationnels plutôt qu'un énoncé d'intentions, a conclu la Vice-Présidente de la Conférence de Lisbonne.

M. PERCIVAL M. MOFOKENG (Afrique du Sud), Rapporteur de la Grande Commission de la Conférence mondiale des ministres responsables de la jeunesse de Lisbonne, a estimé que le principal acquis de la Conférence de Lisbonne a été le fait que pour la première fois des ministres et des responsables politiques de haut rang étaient réunis pour parler des jeunes. Il importe à présent d'élaborer un plan d'action sérieux pour que les décideurs mondiaux prennent les décisions voulues pour le bien des jeunes, ce qui implique un engagement politique, a-t-il dit. Il a rappelé l'incertitude qu'éprouvent les jeunes face à l'avenir et les graves problèmes auxquels ils risquent d'être

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confrontés comme le chômage et le sous-emploi. Il a déploré les difficultés d'accès à des infrastructures sportives valables alors que l'organisation d'activités pour la jeunesse constitue un moyen déterminant de lutte contre la criminalité. M. Mofokeng s'est réjoui du fait que le problème des jeunes se soit vu accorder un rang de priorité élevé dans de nombreux pays après la Conférence de Lisbonne. La Conférence a aussi contribué à établir le caractère universel des problèmes relatifs à la jeunesse. En outre, pour la première fois, des jeunes du monde entier étaient rassemblés et ont dialogué entre eux, ce qui en soi peut contribuer à faire changer les choses.

M. Mofokeng a exprimé l'espoir que l'enthousiasme et le courant de sympathie créé par la Conférence persiste et continue d'être exploité. Il a déploré le manque de financement, au sein de l'ONU, des programmes en faveur de la jeunesse et a plaidé en faveur du renforcement de l'équipe chargée des questions de la jeunesse au sein du Secrétariat pour que tous les jeunes qui se tournent vers l'ONU reçoivent une réponse adéquate. Un autre problème est que beaucoup de jeunes ne sont pas conscient du type des structures qui existent à l'ONU, a-t-il observé. Il a préconisé à cet égard de mieux faire connaître les structures existantes en établissant un point focal vers lequel ceux-ci puissent se tourner. Il existe des projets élaborés par des jeunes pour les jeunes mais leurs auteurs ne savent pas toujours à qui s'adresser pour les mettre en oeuvre et trouver les financements. Un des défis actuels est donc d'établir des stratégies d'appels de fonds qui cibleraient à la fois les gouvernements et les acteurs non gouvernementaux. De l'avis de M. Mofokeng, il est vital que les ministres de la jeunesse soient davantage informés des possibilités qu'offrent les Nations Unies.

Mme ANITA AMORIM, représentante du Bureau de liaison de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) à New York, chargée de la coordination des questions relatives à la jeunesse, a expliqué que l'UNESCO avait adopté en 1993 une série de recommandations visant à assurer que les besoins des jeunes et leur potentiel de contribuer au développement pacifique et démocratique des sociétés et du monde sont davantage pris en compte. En 1995, la jeunesse est devenue un groupe prioritaire. L'Organisation concentre son action dans trois domaines : la présence physique de jeunes femmes et de jeunes hommes dans les organes de l'UNESCO, ainsi que dans les ateliers, les réunions, les conférences et tous les événements organisés par l'UNESCO et ses partenaires; l'intégration des vues et des priorités des jeunes et leur collaboration dans l'élaboration des projets et des programmes dans les domaines de compétence de l'Organisation; et l'adoption de politiques en faveur de la jeunesse. Dans le cadre des préparatifs en vue de l'Année internationale pour une culture de la paix (2000), l'UNESCO a lancé une campagne intitulée "Jeunesse pour la paix" et une série de réunions préparatoires, notamment en Amérique latine.

Dans le domaine de l'éducation, l'UNESCO a de nombreux programmes, y compris des bourses, des formations professionnelles, des programmes d'enseignement supérieur. L'Organisation va s'efforcer d'identifier des mécanismes en vue de faciliter un accès égal à l'enseignement supérieur.

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L'UNESCO a, par ailleurs, coordonné une campagne mondiale visant à mobiliser les jeunes en vue de la création d'une société exempte de drogue. Une charte de la jeunesse pour un 21ème siècle exempt de drogue a été rédigée par les jeunes et transmise aux chefs d'Etats et de gouvernements. Parmi les autres domaines d'action de l'UNESCO en faveur de la jeunesse, la représentante a cité la promotion de la science, l'éducation aux droits de l'homme, la culture, l'information, la communication, et la promotion des échanges de vues entre les jeunes. La politique de l'UNESCO vise une nouvelle approche encourageant le dialogue avec la jeunesse et sa pleine participation aux projets et à la prise de décisions.

DARAKA LARIMORE-HALL, Membre de l'Union internationale de la jeunesse socialiste et Président du Groupe de travail sur l'emploi du Forum mondial de la jeunesse du système des Nations Unies, a rappelé que lorsque les Nations Unies ont commencé à s'intéresser aux questions de la jeunesse, l'idée était que les jeunes constituaient un groupe d'individus qu'il fallait aider. La pensée a évolué par la suite et l'importance de la participation des jeunes au processus de prise de décisions a été reconnu. Toutefois, cette voie reste assez inexplorée. Nombre d'institutions de l'ONU et nationales continuent de considérer la jeunesse comme un groupe dépendant et un segment de la population qui n'est pas suffisamment majeur pour devenir un véritable partenaire dans la prise de décisions. Le Forum mondial de la jeunesse est venu renverser cette tendance et faire reconnaître en quelque sorte que ce n'est que lorsque ceux qui ont des responsabilités discutent directement avec les jeunes actifs que l'on peut aboutir à un accord mutuellement avantageux. Aujourd'hui la perception erronée d'une "jeunesse innocente et vouée aux loisirs" a disparu et les jeunes ne bénéficient plus d'aucune sécurité économique. Il s'en suit que les jeunes ont cédé à un certain cynisme et se sont détournés peu à peu du processus politique. Le seul moyen de renverser la tendance est d'encourager une plus grande participation des jeunes à la prise de décisions. Illustrant ses propos, M. Larimore-Hall a fait état d'une campagne d'information que son association entend lancer. Il s'agit de créer un partenariat avec les organisations du travail pour encourager un dialogue avec les jeunes sur leurs droits en matière de travail.

M. WILLIAM D. ANGEL, Fonctionnaire chargé des questions relatives à la jeunesse à la Division des politiques sociales et du développement social, a souligné l'intérêt de l'établissement de partenariats avec les jeunes. L'ONU et les jeunes doivent être impliqués dans le suivi des décisions prises par la Conférence mondiale des ministres de la jeunesse, a-t-il déclaré. A cet égard il a fait état de deux projets lancés au Malawi et en Mongolie dans le cadre à la fois des préparatifs et du suivi de la Conférence. Les priorités du projet lancé en Mongolie sont l'évaluation des besoins des jeunes et la recherche de mécanismes nécessaires pour améliorer les possibilités d'emploi des jeunes, ainsi que l'établissement d'un calendrier de la jeunesse. M. Angel a plaidé pour l'établissement de partenariats impliquant toutes les parties prenantes, aussi bien les organisations de jeunes, que les gouvernements et l'ONU. Il a expliqué que la Conférence mondiale des ministres de la jeunesse était l'aboutissement d'un processus lancé par l'Assemblée générale en 1995 et qui

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avait été préparée par la tenue de nombreuses réunions régionales. Il ne faut pas que les gouvernements élaborent seuls les politiques en faveur des jeunes. Les ONG, les jeunes et l'ONU doivent également jouer un rôle. De l'avis de M. Angel, les commissions régionales devraient fournir des services consultatifs aux pays intéressés en vue de la création de groupes de jeunes et de l'élaboration de politiques intégrées en faveur de la jeunesse. C'est à chaque pays qu'il revient de décider ce qu'il fait au niveau national. Toutefois, il faudrait créer des comités consultatifs régionaux auxquels pourraient participer des ONG de jeunes, a-t-il estimé.

Répondant aux questions et observations des délégations, le Rapporteur de la Grande Commission de la Conférence de Lisbonne a d'abord souligné que le développement de la jeunesse ne doit pas être isolé du développement socio- économique de la société dans son ensemble. Il a invité les gouvernements à établir une relation étroite entre de Lisbonne et celles de Copenhague sur le développement social ou celles de Beijing sur la condition de la femme. Le Rapporteur a reconnu que la Conférence de Lisbonne n'a pas couvert toutes les questions relatives à la jeunesse. Il a néanmoins rappelé que la Déclaration adoptée a été le fruit de négociations intenses et rend compte en fait des concessions faites de part et d'autre. Il appartient à présent aux gouvernements, a estimé le Rapporteur, de concevoir des programmes intégrés en faveur des jeunes et de le faire de concert avec les jeunes. Il faut aussi donner aux instances législatives et exécutives les moyens de les mettre en oeuvre. La Vice-Présidente en exercice de la Conférence de Lisbonne tout en abordant dans le sens des recommandations de l'orateur précédent a cependant estimé que la Déclaration de Lisbonne avait abordé tous les aspects des problèmes des jeunes. Les gouvernements n'ont plus qu'à s'en inspirer pour mettre en oeuvre des programmes intégrés. Elle a aussi invité les Etats membres à envisager la manière de renforcer la branche de l'ONU chargée de la jeunesse.

Pour sa part, le Président du Groupe de travail sur l'emploi de la troisième session du Forum mondial de la jeunesse du système des Nations Unies a fait observer qu'il existe de nombreux moyens d'accroître la participation des jeunes. Ainsi, une plus grande présence des jeunes dans les délégations des pays à l'ONU permettrait de renforcer leur participation aux processus de décision et d'élaboration des politiques. Il a attiré l'attention sur le fait que bien qu'il n'ait pas été mentionné spécifiquement, le phénomène de la mondialisation est partout en toile de fonds des questions relatives aux jeunes. La représentante de l'UNESCO a déploré le fait qu'il y ait très peu de jeunes à la Commission du développement social. C'est le cas également dans d'autres Commissions. Leur présence devrait être renforcée. Dans ses programmes en faveur de la jeunesse, l'UNESCO met l'accent sur l'éducation informelle car elle permet de conduire à l'emploi et la création d'emplois. L'Organisation a des programmes éducatifs via la radio, la vidéo, et l'Internet. Les médias sont un outil important de formation mais il est clair qu'ils peuvent aussi avoir un impact négatif. C'est le cas de la télévision qui véhicule souvent davantage une culture de la guerre qu'une culture de la paix. L'UNESCO étudie ces phénomènes et leurs effets sur les jeunes. Elle a

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notamment lancé des études sur la violence dans les programmes télévisés. Le Rapporteur de la Grande Commission de la Conférence mondiale des ministres chargés de la jeunesse a mis l'accent sur le fait que les exclus étaient aussi les plus silencieux. C'est pourquoi, les mesures à prendre d'urgence doivent viser les exclus. Dans chaque projet, il faut, en outre, que 10 % soient en faveur des femmes, en particulier celles qui sont chef de famille, âgées, ou handicapées. En décidant de cibler spécifiquement certains groupes, on pourra atteindre les plus vulnérables et les exclus. Les jeunes doivent être vus comme un investissement. Il a estimé que la coopération entre le Forum mondial de la jeunesse du système des Nations Unies et la Conférence mondiale des ministres chargés de la jeunesse avait été insuffisante et a suggéré d'examiner comment tenir compte davantage des vues des ONG. Répondant à une question des délégations sur les moyens de renforcer la participation des jeunes défavorisés et exclus, la représentante de l'UNESCO a expliqué qu'un projet visant spécifiquement les jeunes exclus existait. Ce projet qui est financé par des ressources extrabudgétaires vise les plus pauvres et les illettrés. La Vice-Présidente de la Conférence mondiale des ministres chargés de la jeunesse a déclaré qu'au lieu d'attendre que les jeunes contactent les centres d'information pour la jeunesse, il faut aller vers eux dans les quartiers pauvres, affectés par la drogue et la violence. Au Portugal, un tel projet a été lancé. Tous les jeunes ne peuvent pas gérer l'information car ils n'ont simplement pas la possibilité d'aller aux sources d'information où il faut quand il faut, a-t-elle déclaré. Le Président du Groupe de travail sur l'emploi de la troisième session du Forum mondial de la jeunesse du système des Nations Unies a souligné, à son tour, la difficulté d'atteindre la jeunesse. Il faut donc aller vers eux. Certains modèles de prise de décisions aliéneront des jeunes qui ne sont pas habitués au genre de réthorique des grandes réunions. C'est pourquoi, il faut faire preuve d'originalité et voir comment reformuler les réunions de base pour y faire participer les jeunes, faute de quoi cette participation ne sera que théorique, a-t-il conclu.

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