En cours au Siège de l'ONU

GA/SM/62

LA MONDIALISATION, COMME L'ONT SOULIGNE LES PARTICIPANTS A LA REUNION DE HAUT NIVEAU, DOIT SE FAIRE À ARMES EGALES, RAPPORTE LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE

19 février 1999


Communiqué de Presse
GA/SM/62


LA MONDIALISATION, COMME L'ONT SOULIGNE LES PARTICIPANTS A LA REUNION DE HAUT NIVEAU, DOIT SE FAIRE À ARMES EGALES, RAPPORTE LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE

19990219 Appel en faveur d'une vision commune d'une croissance et d'un développement universels dans l'intérêt de tous les pays

On trouvera ci-après le texte de la déclaration de clôture (traduite de l'espagnol) que Didier Opertti (Uruguay), Président de l'Assemblée, a faite le vendredi 18 septembre à la réunion de haut niveau sur la relance du dialogue sur le renforcement de la coopération économique internationale pour le développement par le partenariat :

Ces deux dernières journées ont été marquées par le succès d'une organisation novatrice et sans précédent des travaux de l'Assemblée; en effet, la réunion de haut niveau a été l'occasion d'une série de rencontres productives : une séance plénière au cours de laquelle les délégations ont défini leur position nationale; deux tables rondes ministérielles sur les réactions nationales et internationales à la mondialisation, qui ont permis un échange de vues fort intéressant et fécond sur les principaux aspects de l'expérience acquise et des politiques adoptées aux niveaux national et international; et deux groupes officieux qui ont permis à des représentants du secteur privé, du monde universitaire, des syndicats et de la société civile dans son ensemble de comparer une vaste gamme de compétences, de connaissances et de points de vue.

On a ainsi examiné, sous divers angles, la vaste et complexe question de la mondialisation, ses conséquences sociales et économiques et les possibles orientations politiques qui s'offrent dans ce domaine. Le dialogue s'est déroulé dans un climat constructif et ces rencontres ont été particulièrement fécondes en idées et en suggestions dont on pourra s'inspirer pour déterminer la voie à suivre. Le Secrétaire général dans l'allocution que nous venons d'entendre, et la Sous-Secrétaire générale dans sa déclaration liminaire identifieront les grandes lignes et les orientations qui semblent se dégager de ce dialogue.

Je ne m'essaierai pas d'ores et déjà à résumer nos débats car il me serait impossible de rendre pleinement compte de la grande diversité des opinions et de la richesse des idées et des propositions qui ont été avancées au cours des deux dernières journées. Une synthèse complète sera établie sous ma responsabilité, en consultation avec les délégations, et sera distribuée dans les prochains jours.

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Je me bornerai ici à faire quelques observations et à relever les principaux faits saillants :

— Cette session de haut niveau a clairement montré combien il était utile d'organiser périodiquement et en temps opportun un dialogue à un niveau de représentation ministériel au sujet de la mondialisation, question de la plus haute importance qui affecte l'humanité tout entière. La nécessité de tels débats est apparue à tous;

— Un dialogue implique une "interaction" pour mieux comprendre un problème donné et y apporter des solutions. De ce point de vue, nous pouvons effectivement nous targuer d'avoir fait les premiers pas dans la bonne direction, en encourageant une plus grande compréhension mutuelle et en identifiant les domaines appelant une action plus poussée;

— On a reconnu à l'unanimité que notre dialogue était particulièrement opportun et utile et que l'ONU avait considérablement contribué à le stimuler;

— La mondialisation est considérée comme inéluctable; il ne s'agit pas d'une option mais d'un fait; toutefois, loin d'être un phénomène préjudiciable c'est une force constructive, encore qu'aveugle et appelant par conséquent une gestion rigoureuse au niveau national ainsi que dans la coopération internationale;

— La mondialisation entraîne l'affectation de ressources dans le monde entier, stimule la croissance et favorise la protection sociale. Pour mieux s'intégrer dans l'économie mondiale, les pays en développement devront adopter des politiques macroéconomiques rationnelles et mettre en place des cadres institutionnels et juridiques plus efficaces ainsi que les infrastructures physiques et humaines nécessaires; c'est à ces pays qu'incombe au premier chef la responsabilité de satisfaire ces besoins, mais sans une aide internationale, leurs efforts sont voués à l'échec;

— La mondialisation et l'action constructive en faveur du développement ont entraîné des progrès spectaculaires mais les changements ainsi provoqués, conjugués à l'apparition de nouvelles technologies, ont multiplié les incertitudes et les risques encourus. L'inégalité des revenus ne cesse de s'accentuer et les pays en développement ont de ce fait d'énormes difficultés à se doter des technologies les plus récentes qui les rendraient plus compétitifs;

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— La menace d'une spirale déflationniste mondiale se profile à l'horizon dans la mesure où l'instabilité financière actuelle risque de provoquer une récession économique mondiale. Pour contrecarrer une telle éventualité, il faut agir rapidement et résolument;

— Les gouvernements devraient éviter de réagir de façon excessive et ne pas opter pour une politique d'isolement ou d'autarcie, mais au contraire maintenir une politique d'ouverture économique et se concentrer sur ce qu'ils peuvent faire pour renforcer les institutions et les structures, stimuler l'économie mondiale, stabiliser les marchés financiers, accroître les courants d'aide publique au développement (APD), notamment en temps de crise, alléger le fardeau de la dette des pays les plus pauvres et du secteur privé, faciliter l'accès aux marchés et renforcer les filets de protection sociale;

— L'action au niveau des pays est indispensable pour remédier aux défaillances du marché, mais le succès des mesures qui seront prises face à la crise dépendra des initiatives que prendront les grandes puissances économiques mondiales et les institutions multilatérales. Un dialogue reposant sur la compréhension mutuelle et le partage des responsabilités est nécessaire;

— L'architecture du système financier international devra être repensée. Les éléments fondamentaux de ce système se nomment transparence, obligation redditionnelle et participation à tous les niveaux — national, régional et international;

— Le rythme et l'enchaînement des mesures de libéralisation des flux de capitaux devraient être déterminés par chaque pays compte tenu de sa situation et de ses besoins. L'Organisation des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods devront collaborer pour appuyer ces efforts nationaux. Dans le même esprit, l'Organisation des Nations Unies et l'Organisation mondiale du commerce devront resserrer leurs liens de coopération pour promouvoir le commerce international et prévenir l'adoption de politiques et de pratiques protectionnistes. En d'autres termes, il faut créer un système commercial fondé sur des règles transparentes propres à assurer à tous les protagonistes leur part des avantages de la mondialisation. L'Afrique et les pays les moins avancés qui sont menacés de marginalisation doivent avoir librement accès aux marchés;

— Les flux de capitaux privés ont considérablement augmenté mais ils ne sauraient remplacer l'APD. Il faut améliorer le niveau et la qualité de cette aide. Des mesures d'allégement de la dette plus vigoureuses sont nécessaires. En augmentant le volume des prêts à long terme qu'elles consentent aux conditions du marché, les institutions financières internationales pourraient jouer un rôle stabilisateur. Les excédents des balances des paiements pourraient être recyclés sous forme de prêts non liés et d'aide humanitaire;

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— Le phénomène de la marginalisation de pays et de groupes humains et les problèmes de disparité et d'inégalité occasionnés par la mondialisation ont particulièrement retenu l'attention. Les conséquences sociales catastrophiques de l'actuelle crise financière, en particulier du chômage généralisé, de la disparition de services de santé et d'éducation et de la recrudescence de la pauvreté dans les pays touchés, apparaissaient extrêmement inquiétantes;

— Dans les pays menacés de marginalisation, le coût de la mondialisation risque de l'emporter sur ses avantages. Pour permettre à ces pays de tirer parti de la mondialisation, il faudra leur dispenser une aide accrue et leur offrir des débouchés commerciaux et donc prendre d'urgence des dispositions concertées à ces fins;

— Les responsables politiques devront veiller — et c'était là le problème majeur qui se posait à eux — à ce que les politiques et les mesures qu'ils adopteront pour régler les problèmes des marchés financiers soient compatibles avec les stratégies de lutte contre la pauvreté;

— L'instabilité inhérente aux marchés financiers et aux marchés du travail impliquait nécessairement une réglementation et une supervision, mais les capacités institutionnelles nécessaires n'étaient manifestement pas à la hauteur des forces qui poussaient à la mondialisation. Il fallait donc d'urgence accélérer le renforcement des institutions. On a insisté sur les trois éléments suivants : transparence, obligation redditionnelle et participation; ces éléments revêtent une importance particulière dans l'établissement des budgets dans la mesure où ils contribuent à la cohésion sociale et à la stabilité financière;

— La cohésion sociale et les contrats sociaux pourraient être gravement compromis. La poursuite de la libéralisation au nom de la mondialisation, en ce qui concerne non seulement les flux de capitaux et les échanges commerciaux mais encore la privatisation des politiques sociales, mettait très fortement à l'épreuve la solidarité sociale. L'abandon de programmes sociaux universels au profit de filets de protection sociale ciblant les pauvres et les marginaux apparaissait comme une tendance dangereuse étant donné que les services à l'intention des pauvres étaient presque toujours médiocres;

— La reconnaissance de l'universalité des principes fondamentaux dont découlaient les normes du travail apparaissait indispensable pour surmonter les conflits en la matière lors des négociations internationales. La mondialisation avait provoqué une segmentation du marché du travail et les plus touchés par ce phénomène étaient les travailleurs les moins qualifiés. Il fallait, pour surmonter leur résistance à la mondialisation, redistribuer les revenus à l'intérieur des pays ainsi qu'entre ces travailleurs;

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— Le rôle que pouvaient jouer les sociétés transnationales en faveur d'une mondialisation socialement responsable a été souligné. Dans un premier temps, ces sociétés devraient appliquer à l'étranger les mêmes pratiques et normes que celles en vigueur dans leur pays d'origine. Il apparaissait indispensable de les encourager à éviter les conflits entre nantis et démunis ainsi qu'à créer les partenariats nécessaires avec les communautés locales parce que c'était, tous comptes faits, à ce niveau que les effets de la mondialisation se faisaient sentir;

— On a, d'autre part, fait le lien entre les conséquences sociales de la mondialisation et la révolution dans les techniques d'information ainsi que l'impact des médias mondiaux, en particulier l'apparition d'une culture mondiale, phénomène qui n'était pas en soi nécessairement préjudiciable, encore qu'il importe de veiller à ce qu'une telle culture ne se forme pas au détriment de la diversité. Les frontières physiques avaient de moins en moins d'importance; le monde entier allait dorénavant être concerné par les mêmes événements et le pouvoir de l'Etat-nation s'amenuisait. La mondialisation des activités criminelles apparaissait comme une autre manifestation du phénomène;

— La répartition inégale des avantages et des risques découlant de la mondialisation rendait indispensable la conclusion d'un nouveau contrat entre pays en développement et pays développés, qui reposerait sur une solidarité authentique et un partage des responsabilités, afin que tous les pays puissent tirer sur un pied d'égalité pleinement avantage de cette mondialisation. Ce contrat devait reposer essentiellement sur une vision commune d'une croissance et d'un développement universels dans l'intérêt de tous les pays et de tous les individus.

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