SOC/4481

POUR LA SUISSE, L'ONU PEUT ETRE LA CONSCIENCE SOCIALE OFFRANT LA VISION NECESSAIRE A LA CREATION D'ECONOMIES OUVERTES ET DE SOCIETES DURABLES

17 février 1999


Communiqué de Presse
SOC/4481


POUR LA SUISSE, L'ONU PEUT ETRE LA CONSCIENCE SOCIALE OFFRANT LA VISION NECESSAIRE A LA CREATION D'ECONOMIES OUVERTES ET DE SOCIETES DURABLES

19990217 La Commission tient un dialogue avec les ONG sur la mise en route de l'examen global de la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social

Si les membres de la Commission du développement social insistent toujours sur le fait que la création d'un environnement international favorable constitue un préalable nécessaire à un développement social durable, ils n'en soulignent pas moins qu'au niveau national, les gouvernements doivent répondre devant leurs citoyens des politiques mises en place et assurer la transparence des processus de décision, tout en instaurant des conditions encourageant une participation active de tous les secteurs de la population aux politiques qui les concernent. La Commission poursuivait ce matin l'examen du thème prioritaire relatif à la mise en route de l'examen global de la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social (Copenhague, 1995). Au niveau international, plusieurs délégations ont plaidé en faveur d'un rôle accru de l'ONU dans les domaines économiques et sociaux. L'Observateur de la Suisse a proposé que l'ONU devienne la conscience sociale internationale offrant la vision nécessaire à la création d'économies ouvertes et de sociétés durables politiquement, alors que reviendrait aux gouvernements la responsabilité d'élaborer un cadre global pour le développement socio- économique et d'appuyer l'ONU. Il a suggéré que cette vision se fonde sur la Déclaration universelle des droits de l'homme et la Déclaration adoptée l'an dernier à Genève par l'Organisation internationale du travail en vue de favoriser la productivité, ainsi que des salaires et des conditions de travail décentes pour tous.

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration au cours du débat : Etats-Unis; Turquie; Philippines; Népal; Venezuela; République de Corée; Colombie; Inde; et Guyana (au nom du Groupe des 77 et de la Chine. L'Observateur de la Suisse et les représentants du Conseil mondial des églises et des organisations non gouvernementales "Société internationale d'études sur le stress traumatisant" et "Real Women of Canada" sont également intervenus.

La Commission a ensuite tenu un dialogue avec les organisations non gouvernementales sur la mise en route de l'examen global de la suite donnée au Sommet. Les ONG suivantes ont fait une déclaration : le Conseil international sur le bien-être social; l'Institut du tiers monde-Social Watch; ATD Quart Monde; Pax Christi International; le Mouvement mondial des mères; et l'Association internationale des entrepreneurs pour le Sommet mondial pour le développement social (BUSCO).

En début de séance, la Commission a désigné l'un de ses vice-présidents, M. Mathe Diseko (Afrique du Sud), au poste de Rapporteur de la Commission.

La Commission poursuivra ses travaux le jeudi 18 février à partir de 10 heures.

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SUIVI DU SOMMET MONDIAL POUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL

Débat général

Mme BETTY KING (Etats-Unis) a estimé qu'en ce qui concerne la création d'un environnement favorable au développement durable, la bonne gouvernance représente un élément essentiel. La tenue d'élections libres et régulières, la règle du droit, la transparence dans le processus politique et la liberté des médias constituent les piliers d'un bon gouvernement et d'une société stable. Une société civile active représentant les intérêts des différents modes de vies et fonctionnant de manière indépendante au sein d'une démocratie est indispensable au progrès et au respect des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels de chaque citoyen. Les hommes et les femmes étant des éléments fondamentaux d'un environnement favorable au développement social, ils doivent non seulement en être les bénéficiaires mais les principaux contributeurs. Il faut donc trouver les voies et les moyens d'améliorer l'éducation et les soins de santé et d'éliminer l'extrême pauvreté.

Si l'action internationale peut aider à l'instauration d'un environnement favorable au développement social, il revient en fin de compte à chaque Etat membre de travailler étroitement avec ses citoyens pour faire la différence. Les Gouvernements doivent être tenus pour responsables devant leur peuple et assumer la responsabilité première de formuler et de mettre en oeuvre les politiques de développement. Pour la représentante, la famille représente un autre acteur important du développement social en ce qu'elle est responsable de la socialisation des enfants et de l'édification des sociétés futures. Les Gouvernements doivent donc se joindre aux organisations internationales et privées pour satisfaire les besoins de la famille, la renforcer et la promouvoir. Dans ce contexte, il faut s'assurer que le travail "non rémunéré" de la femme soit valorisé et garantir aux femmes un accès égal aux services essentiels comme l'éducation et les soins de santé. Il faut également garantir leur pleine participation aux aspects politiques, économiques et autres de la vie de leur communauté. Ceci vaut également pour les groupes vulnérables.

M. YUSUF ISIK (Turquie) a souligné la nécessité d'une démarche beaucoup plus intégrée dans le domaine du développement. Cette intégration permettra de tirer pleinement parti de phénomènes nouveaux comme le progrès technologique, a-t-il expliqué. Le cadre institutionnel issu du Sommet de Copenhague se révèle être de plus en plus un instrument économique très important pour élaborer des stratégies économiques intégrées. C'est pourquoi, il faut examiner attentivement les suites données au Sommet afin d'envisager des mesures correctives lors de la session extraordinaire, a-t-il estimé. Parmi les thèmes prioritaires qui pourraient être abordés, la Turquie suggère entre autres les conséquences économiques et sociales des progrès technologiques, notamment les manipulations génétiques, le développement du commerce électronique, les conséquences des évolutions technologiques dans le monde entier et l'accès aux autoroutes de l'information. Il conviendrait

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aussi de se pencher sur la question de l'existence de mécanismes de marchés suffisamment transparents et fondés sur des règles. De l'avis de la Turquie, il faut examiner les politiques publiques, les incidences du système financier international dans le domaine social, le lien entre la durabilité macroéconomique et les exigences du développement social, ainsi que les répercussions des efforts visant à la parité entre les sexes. Il conviendrait d'associer à ce processus les parlements, la société civile, les ONG, le secteur privé, l'Organisation internationale du travail, les institutions internationales, et les ministères et départements nationaux des finances, a estimé le représentant.

Au niveau international, il est important que les pays donateurs et les institutions de prêts travaillent de concert avec les gouvernements pour trouver des solutions aux difficultés économiques actuelles et appuyer la création de filets de sécurité pour aider les populations victimes des turbulences financières. Le secteur privé et les organisations non gouvernementales ont un rôle important à jouer et peuvent aider les pays à lancer des projets de développement social. Les Etats membres devraient se féliciter de leurs efforts et de la contribution qu'elles apportent à la communauté internationale pour réaliser les objectifs fixés par le Sommet de Copenhague.

Mme MARIA LOURDES RAMIRO-LOPEZ (Philippines) a souhaité que la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur la suite donnée au Sommet de Copenhague se fonde sur les priorités établies par le Sommet, à savoir, l'élimination de la pauvreté, la création d'emplois productifs et l'intégration sociale. La session doit examiner la mise en oeuvre de ces priorités aux niveaux national, régional, et international et identifier les obstacles. La représentante a noté avec satisfaction les progrès enregistrés dans la réalisation des objectifs du Sommet, en particulier en ce qui concerne les domaines de la démocratisation, du respect des droits de l'homme et de la bonne gouvernance. Elle a poursuivi en ajoutant que la création d'un environnement favorable au développement social implique également un accès égal à l'éducation et à la santé ainsi que la lutte contre la pauvreté. La représentante a plaidé en faveur des pays en développement en faisant valoir qu'ils avaient fait de leur mieux pour satisfaire aux exigences. Ainsi les Philippines, par exemple, ont fait de la lutte contre la pauvreté et l'accès aux services sociaux de base, une priorité de la politique de développement social. Elles ont mis l' accent, en particulier sur la création d'emplois productifs et la réduction du chômage.

Avant 1997, a poursuivi la représentante, plusieurs parties du monde en développement ont montré des signes de renaissance économique et sociale. Cette atmosphère euphorique s'est toutefois dissipée avec la crise financière. Le capital privé a fui les régions concernées entraînant une crise financière et commerciale de grande ampleur. Cette crise a eu pour conséquence d'annihiler les acquis économiques et sociaux. Les Philippines n'ont pas pû échapper à ces difficultés et si le pays connaît aujourd'hui une certaine reprise, il faut toutefois souligner que toutes les conséquences sociales de

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la crise ne sont pas encore comptabilisées. Abordant ensuite la question de l'aide publique au développement, la représentante en a regretté le déclin dont les conséquences, a-t-elle affirmé, se trouvent aggravées par le poids croissant de la dette extérieure. Plaidant pour que de nouvelles initiatives soient prises, elle a suggéré la création d'indicateurs sociaux normalisés, la mise en oeuvre effective de l'initiative 20/20 et un développement plus décisif du régime des microcrédits. La représentante a conclu en soulevant les questions de la famille et des travailleurs migrants.

M. BHOLA NATH CHALISE (Népal) a rappelé que les politiques économiques et sociales les plus efficaces sont celles qui permettent aux citoyens d'augmenter leurs capacités, leurs ressources et leurs opportunités. Le développement économique et social durable requiert la participation des femmes et l'égalité entre les hommes et les femmes constitue la meilleure voie vers l'élimination de la pauvreté, a-t-il déclaré. Il a estimé qu'il était inacceptable que la pauvreté absolue, la faim, la maladie, l'analphabétisme soient toujours le sort de plus d'un milliard de personnes dans le monde et que le chômage et l'exclusion sociale continuent d'affecter la majorité des populations des pays en développement. De l'avis du Népal, l'objectif qu'est l'élimination de la pauvreté requiert, outre une volonté politique constante et un degré d'engagement élevé, mais aussi une approche intégrée et coordonnée, ainsi que des actions nationales concrètes et une coopération internationale à tous les niveaux économiques et politiques. Le Népal considère qu'il est impératif que l'ONU, les institutions financières internationales et les organisations régionales contribuent par leurs efforts et des ressources à l'élimination de la pauvreté mondiale.

Au niveau national, les politiques et programmes adoptés par le Gouvernement du Népal dans le domaine du développement social sont fondées sur les besoins nationaux et les engagements pris lors des divers sommets et conférences des Nations Unies. Le Népal a mis en oeuvre divers programmes en faveur de la population depuis le Troisième Plan national qui s'est terminé en 1970. Depuis, des efforts ont sans cesse été faits pour réduire le taux de la croissance démographique et les objectifs fixés ont pu être atteints. La mortalité infantile a baissé et le taux de fertilité a diminué de manière significative. De nouveaux centres de santé ont été déployés pour couvrir davantage la population rurale. Dans le domaine de l'éducation, des efforts ont également été réalisés, la priorité allant à la nomination d'enseignantes dans les écoles primaires. Le nombre de collèges et d'université a également augmenté de manière significative après la restauration de la démocratie au Népal il y a plus de 8 ans. Le Népal a adopté des programmes spécifiques en matière de protection sociale, visant notamment à la mobilisation des ressources locales, le renforcement et le développement de centres sociaux, la création de centres pour les enfants et pour les personnes âgées, la sensibilisation du public en faveur de la protection sociale des femmes, des enfants, des personnes handicapées, des pauvres et des personnes âgées, et l'établissement d'un système de bourses pour les étudiants pauvres et méritants. Le Gouvernement et les ONG travaillent ensemble à la mise en oeuvre de ces programmes, a-t-il précisé.

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M. STEFAN BRUPBACHER, Observateur de la Suisse, a estimé qu'en se fondant sur la Déclaration universelle des droits de l'homme et la Déclaration adoptée l'an dernier à Genève par l'Organisation internationale du travail, l'ONU pourrait devenir la conscience sociale universelle, offrant aux personnes et à la société civile la vision appropriée pour aller vers des économies ouvertes et des sociétés politiquement durables. politiquement. C'est la responsabilité des gouvernements d'appuyer l'ONU et de proposer un cadre global pour le développement socio-économique. Une telle vision doit être fondée sur des discussions sincères et des actions concrètes plutôt que la confrontation et la méfiance. La Déclaration de l'OIT peut offrir une nouvelle approche car elle a non seulement un caractère promotionnel mais elle peut aussi aider les Etats à mettre davantage l'accent sur la productivité et offrir des salaires plus élevés.

De l'avis de la Suisse, le suivi du Sommet pourrait se faire autour d'un ensemble de thèmes qui établissent un pont entre les politiques sociales et économiques et répondre à la nécessité de créer un cadre favorable à la croissance économique, à la création de revenus et de conditions de travail décentes. A cette fin, il faut que les politiques macroéconomiques incluent des considérations d'équité. L'emploi est en effet intréséquement lié à d'autres questions, telles que la responsabilité sociale du monde des affaires, la question des services sociaux pour tous, la promotion d'un environnement favorable assurant la participation de tous à tous les niveaux, et une approche promotionnelle de la question des revenus. Enfin, la Suisse insiste sur la nécessité d'un engagement ferme en faveur de la coopération et de la collaboration entre les organisations internationales afin d'améliorer l'utilisation efficace des ressources disponibles. A cet égard, M. Brupbacher a suggéré le développement d'un éventail commun d'indicateurs statistiques. L'expérience a montré que les politiques encourageant la bonne gouvernance, y compris la démocratisation, les droits de l'homme, la décentralisation participative, la lutte contre la corruption et le renforcement des capacités de tous les secteurs de la société, sont les piliers centraux permettant de promouvoir la stabilité économique et sociale, a-t-il dit.

Mme LYDA APONTE DE ZACKLIN (Venezuela) a estimé que l'engagement pris par la communauté internationale lors du Sommet de Copenhague prend une nouvelle dimension aujourd'hui que la Commission examine les résultats obtenus. Il faut constater en effet, a dit la représentante, un ralentissement inéluctable en matière de développement social. Le fossé entre pays riches et pays pauvres se creuse chaque jour davantage. La crise dans les pays en développement rend urgente les questions de la croissance économique et de la justice sociale dans la répartition des richesses. Il faut se demander, a souligné la représentante, si en matière sociale, le débat est condamné à rester théorique et à ne déboucher sur aucune mesure concrète. La tâche qu'il convient d'accomplir au cours de la session extraordinaire de l'Assemblée est complexe et difficile puisqu'il s'agit en effet de prendre de nouvelles initiatives. Il faut donc établir une liste des priorités qui doit comprendre avant tout les questions de la création d'un environnement favorable au développement social, du lien entre la croissance économique et

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le bien-être social et de l'impact de la mondialisation et de la libéralisation sur le développement social. La pauvreté est également reconnue comme le problème social le plus pressant. Au sein des Nations Unies, la campagne contre la pauvreté a pris la forme d'une déclaration adoptée en juin 1998 par les institutions spécialisées.

Au niveau de la communauté internationale, il faut constater avec préoccupation le déclin de l'aide publique au développement qui s'éloigne inexorablement de l'objectif de 0,7% du PNB. Il est donc évident que la question de la pauvreté doit demeurer un thème prioritaire de la session extraordinaire. L'accès équitable aux services sociaux de base constitue un élément vital du développement humain et social. La poursuite de cet objectif doit de même figurer au titre des thèmes prioritaires de la session extraordinaire et il en va de même pour l'application de l'objectif 20/20.

M. JEONGHO CHO (République de Corée) a rappelé que jusqu'en 1997. L'économie de la République de Corée connaissait une croissance des plus rapide du monde et avait quasiment réalisé le plein emploi, ce qui avait eu pour conséquence une réduction de la pauvreté à des niveaux insignifiants. Cependant, depuis le début de la crise financière en novembre 1997, le taux de chômage a triplé, une situation qui pourrait à la longue menacer la cohésion sociale. Pour relever ce défi, le Gouvernement a adopté des mesures politiques visant la création d'emplois, la promotion du réemploi grâce à la formation professionnelle et aux services de placement, et l'extension du filet de sécurité sociale afin d'alléger les difficultés des chômeurs. Ces mesures ont été préparées sur la base d'un consensus social réalisé par une Commission tripartite. L'objectif à moyen terme de ces mesures est de créer 2 millions d'emplois en quatre ans et de maintenir le taux d'emploi annuel en- dessous de 5 %. Des mesures spécifiques ont également été adoptées en faveur des femmes, des jeunes, des handicapés et des travailleurs journaliers. En prenant ces mesures, le Gouvernement a axé la relance sur la restructuration de l'économie. Il y a déjà certains signes de relance. Les marchés financier et monétaire se sont stabilisés et la crédibilité internationale de la République de Corée s'est améliorée parallèlement à la réforme du cadre institutionnel. La croissance devrait redevenir positive cette année.

M. Cho a souligné le rôle joué par les ONG pour surmonter la crise. La crise économique actuelle montre que les politiques économiques et sociales doivent aller de pair et met également en évidence la nécessité d'efforts internationaux concertés. De l'avis de la République de Corée, le thème du renforcement des services de l'emploi doit faire partie des questions qui seront examinées par la session extraordinaire. Des services d'emploi publics et privés doivent être créés. Des services de l'emploi publics et privés doivent être créés afin de jeter un pont entre les demandeurs d'emploi et les employeurs potentiels. Il faut en outre mettre l'accent sur l'identification de mesures pouvant être adoptées au niveau régional, a-t-il déclaré.

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M. FABIO OCAZIONES (Colombie) a estimé que pour examiner les avancées et les reculs en matière de développement sociale, la session extraordinaire de l'Assemblée générale doit se fonder sur les quatre grands domaines déterminés à Copenhague, à savoir, la lutte contre la pauvreté, la création d'emplois productifs, l'intégration sociale et la création d'un environnement favorable au développement social. En 1995, a poursuivi le représentant, la communauté internationale pensait que la mondialisation allait avoir des effets bénéfiques sur la mise en oeuvre de ces priorités. Aujourd'hui pourtant, les faits sont quelque peu décourageants car aujourd'hui encore un tiers de la population mondiale continue de vivre dans la pauvreté. Les chiffres parlent d'eux-mêmes, l'Afrique enregistre une croissance négative de son PIB et le service de sa dette extérieure dépasse les budgets de la santé et de l'éducation. Pour la Colombie, le moment est venu d'annuler la dette des pays les plus pauvres. En Amérique latine, le chômage connaît toujours une courbe ascendante. L'examen de la suite donnée au Sommet doit donc fournir l'occasion de recherche des voies novatrices d'établir un lien plus étroit entre les populations et le processus social par notamment la décentralisation et la création d'un mécanisme participatif plus efficace. Le représentant a poursuivi en constatant avec préoccupation qu'une grande partie des ressources de la communauté internationale sert à des interventions humanitaires alors même qu'elles pourraient servir à la consolidation de la paix et au développement durable.

En Colombie, a-t-il ajouté, la violence est devenue le principal obstacle d'un modèle social viable qui permettrait de lutter contre la pauvreté, l'inégalité dans la répartition des richesses et le problème de la drogue, tous facteurs de désintégration sociale. La Colombie a tout de même élaboré un programme social qui consiste en un plan de reconstruction économique, social et écologique visant particulièrement les zones touchées par les conflits internes dont les zones de cultures illicites de drogues et les zones abritant les populations déplacées. Ce plan prévoit la participation du secteur privé lucratif ou à but non lucratif.

M. GAUTAM MUKHOPADHAYA (Inde) a estimé que la crise asiatique avait révélé la nécessité d'établir un environnement national et international favorable. Parmi les thèmes qui pourraient être abordés lors de la session extraordinaire, l'Inde suggère d'accorder la priorité à l'examen des questions relatives à la rapidité, les modalités et l'étendue de l'intégration dans une économie de plus en plus mondialisée, la volatilité des marchés financiers internationaux et la nécessité de mettre en place des systèmes d'alerte précoce, des mécanismes de déclenchement et des filets de sécurité qui puissent limiter de telles crises. Il faut envisager de prendre des mesures en vue de réduire le niveau particulièrement élevé de la spéculation à court terme et la manipulation des marchés monétaires internationaux par des investisseurs qui n'ont aucun compte à rendre aux gouvernements nationaux et aux populations affectées et ne cherchent avant tout qu'à augmenter leurs profits. Une autre priorité importante est la nécessité d'analyser les liens entre la libéralisation des mouvements de capitaux et la libéralisation des investissements et du commerce. Il conviendrait également de se pencher sur

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la libéralisation de certains secteurs des pays en développement et sur la manière dont les objectifs sociaux peuvent être intégrés dans les forces de marché. L'internationalisation croissante des économies sans les réglementations nécessaires réduit considérablement l'espace d'action des gouvernements dans le domaine social. C'est pourquoi, le dialogue et la participation des populations doivent être améliorés.

Rappelant la nécessité de réformer le système financier international, il a déploré que la capacité de l'ONU de contribuer au consensus économique reste trop faible et que l'Organisation ne puisse véritablement pas influer les décisions dans ce domaine. Outre la poursuite du dialogue entamé entre le Conseil économique et social et les institutions de Bretton Woods, de nouvelles voies de dialogues pourraient être ouvertes, par exemple avec les institutions économiques régionales et le monde des affaires, a-t-il déclaré. Un autre point que l'Inde souhaiterait voir inscrire à l'ordre du jour de la session extraordinaire est la promotion des droits économiques, sociaux et culturels et le droit au développement.

Mme BEAUTY MAENZANISE, Conseil mondial des Eglises, a estimé que la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur la suite donnée au Sommet de Copenhague doit être considérée comme une invitation adressée à la communauté internationale afin qu'elle prenne un nouveau départ et d'établir des relations nouvelles entre pays riches et pays pauvres. La répartition équitable des richesses, la pauvreté et la marginalisation sont les principaux défis que la société globale est appelée à relever. Le contexte actuel de crises nécessite une action immédiate et une action de changement. L'économie mondialisée doit s'accompagner des moyens d'assurer une répartition équitable des bénéfices. Il faut disposer de meilleurs moyens de responsabiliser les sociétés transnationales à l'égard des communautés. La représentante a recommandé que la session extraordainaire envisage notamment les questions de l'annulation de la dette des pays les plus pauvres, de l'adoption de nouveaux systèmes de prêts et d'emprunts, d'une plus grande responsabilisation des institutions financières internationales, du développement d'une nouvelles architecture financière mondiale et de la création d'un impôt sur les transactions financières dont les recettes seraient utilisées aux fins du développement social.

Mme ELLEN FREY-WOUTERS, représentante de l'organisation non gouvernementale "Société internationale d'études sur le stress traumatisant", a indiqué que son organisation s'efforçait de comprendre les effets à long terme de l'exposition au stress. A cette fin, un groupe de travail sur les traumatismes a été établi dont l'objectif est d'aider les gouvernements à prendre des mesures visant à diminuer les effets sur les civils de situations ou de catastrophes traumatisantes. Ce groupe de travail composé de 51 membres a pour but d'élaborer les meilleurs principes qui permettraient aux gouvernements d'utiliser des connaissances scientifiques dans ce domaine. Un manuel sur les meilleurs principes va être préparé à l'attention des ONG et du personnel des Nations Unies qui s'occupent des personnes traumatisées.

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Mme KATHERYN BALMFORTH, Real Women of Canada, a souhaité que la question de l'intégration de la famille soit examinée au cours de la session extraordinaire de l'Assemblée générale. Dans le contexte de la mondialisation, le rôle important que joue la famille en matière de socialisation des individus ne saurait être sousestimé a-t-elle expliqué. La représentante a d'ailleurs cité tous les engagements du Programme d'action de Copenhague qui mettent en évidence la fonction et l'importance de la famille. Négliger la famille reviendrait à négliger tous les objectifs du développement social, a conclu la représentante.

Mme JUNE PERSAUD (Guyana), prenant la parole au nom des Etats membres du Groupe des 77 et la Chine, a rappelé que depuis le Sommet de Copenhague, de nombreux gouvernements ont adopté des mesures en faveur du développement social et ont accordé à ce secteur une plus grande priorité. Pourtant, le développement social du monde s'est ralenti depuis 1995, comme le montrent les statistiques. Certains pays continuent à faire face à une pénurie de ressources, y compris en matière de développement social. La crise financière asiatique a détruit des sociétés autrefois prospères. La session extraordinaire devra donc à la fois reconnaître que les progrès réalisés ont été inférieurs aux attentes mais aussi que l'on a perdu du terrain dans des domaines autrefois florissant. A moins que l'on adopte une approche globale et intégrée, on ne parviendra pas à réaliser les objectifs du Sommet, a estimé Mme Persaud. Elle s'est déclarée préoccupée par les conséquences du fardeau de la dette sur les pays en développement, la diminution de l'aide publique au développement, et les effets négatifs de la mondialisation. Elle a estimé que ces facteurs constituent des obstacles au développement social des pays et doivent donc faire l'objet de mesures concrètes si l'on veut enregistrer de véritables progrès. Un partenariat constructif à tous les niveaux est également nécessaire, a-t-elle souligné.

Dialogue avec les Organisations non gouvernementales (ONG)

Entamant le dialogue, le représentant de Social Watch a rappelé que lors de la dernière session de la Commission, le représentant de Social Watch avait déjà attiré l'attention de la Commission sur les risques qu'il y avait de voir les incidences de la crise financière anéantir les acquis économiques et sociaux de plusieurs pays en développement. Cela s'étant révélé vrai, la session extraordinaire doit accorder une attention particulière à la question de plus en plus impérieuse de la réduction de la dette extérieure et à celle de la taxation des transactions financières. La session doit aussi travailler à l'élaboration d'indicateurs sociaux universellement acceptables et à la manière de mesurer l'impact social des politiques préconisées par les institutions financières internationales. Pour sa part, le représentant du Conseil international du bien-être social a jugé qu'il était préférable que la session extraordinaire se limite à l'examen de cinq à dix thèmes prioritaires. Il a proposé les thèmes suivants : l'amélioration du système du Conseil économique et social selon les recommandations de Copenhague; l'analyse du système financier international; la lutte contre la pauvreté et la définition d'objectifs réalisables avec la coopération des institutions internationales;

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les nouvelles initiatives en matière d'aide publique au développement et de programmes d'assistance aux pays en développement; la situation des groupes vulnérables et les systèmes de protection sociale de base, à la lumière de la crise financière actuelle; la création d'un sytème de taxation des transactions financières internationales et des actifs internationaux; et l'identification de nouvelles initiatives en matière de droits économiques, sociaux et culturels.

A son tour, la représentante d'ATD-Quart monde, a mis l'accent sur l'objectif, fixé à Copenhague, dans le domaine de la lutte contre la pauvreté. Elle a proposé que la préparation de la session extraordinaire soit l'occasion d'étudier, à partir de réalités précises, quatre des accords scellés à Copenhague qui concernent le caractère multidimensionnel de la pauvreté; les partenariat avec les pauvres et les associations qui les représentent; la société civile; et la solidarité internationale. Le représentant de Pax Christi International a pour sa part estimé que les politiques de développement social doivent être étroitement liées aux droits de l'homme. Pour leur part, les droits doivent toujours être vus en relation avec les responsabilités et avec les besoins. Parce que la plupart des droits de l'homme ne sont pas absolus et qu'ils entrent parfois en conflit avec d'autres droits, il faut établir des normes éthiques qui, selon Pax Christi, doivent se fonder sur deux principes : la primauté des besoins des pauvres et les droits de tous les membres d'une société de participer au processus de prise de décisions. Par ailleurs, pour Pax Christi, les politiques et programmes de développement doivent tenir compte de leurs effets sur les enfants; le droit au développement devant traiter directement des cas des enfants soldats, de l'exploitation sexuelle des enfants ou du travail des enfants. Pax Christi encourage également la mise en cause du postulat selon lequel "ce qui est bon pour le commerce est bon pour les gens"; la question du trafic des armes notamment venant anéantir sa pertinence. Pax Christi plaide enfin pour un règlement rapide de la question des mines antipersonnel.

Le représentant du Mouvement international des mères, a plaidé pour la famille qui mérite protection en tant qu'unité de base de la vie sociale et d'agent important du développement social. Les efforts de développement social doivent notamment viser à renforcer les liens entre la famille et les adolescents et à aider les adolescents à prendre des décisions. Enfin, le représentant de l'Association mondiale des entrepreneurs pour le Sommet social a indiqué que depuis la fin du Sommet, l'Association a été associée aux efforts déployés par les institutions spécialisées des Nations Unies. Elle a ainsi contribué à la création, au sein de l'ONUDI, d'un Comité consultatif d'entrepreneurs. L'implication des entrepreneurs dans la réalisation des objectifs sociaux mérite une analyse comparative des situations rencontrées pour, d'une part, faire ressortir les difficultés qui ont pu paralyser les entreprises et d'autre part, présenter des initiatives nouvelles.

Le Président de la Commission a demandé quelques précisions sur la proposition avancée par le Conseil international du bien-être social de créer, dans le cadre des préparatifs de la session extraordinaire, des groupes de

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travail sur des questions spécifiques. Le représentant du Conseil a expliqué que sa proposition est motivée par le fait qu'un grand nombre de mesures qui doivent être prises au cours de la session prêtent à controverse et nécessitent un certain temps de négociation. De plus, étant donné que la session sera obligée d'examiner des questions économiques complexes, a-t-il ajouté, il faudrait prévoir la présence d'experts, qui doivent pouvoir bénéficier d'une audience attentive et compétente. Le Président de la Commission a, par ailleurs, demandé au représentant de Social Watch de présenter ses priorités en matière d'indicateurs sociaux. Le représentant a fait état des progrès accomplis à cet égard par certains organismes spécialisés comme l'OCDE ou la Banque mondiale. Il a toutefois estimé que seule l'ONU, qui a l'autorité nécessaire, peut établir des indicateurs qui deviendront véritablement des normes en la matière. La question de l'établissement d'indicateurs est une question politique qui explique la difficulté à établir des indicateurs comparables d'un pays à l'autre. S'il faut un travail technique, il faut surtout et avant tout un débat politique.

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