SOC/4479

L'IMPACT SOCIAL NEGATIF DE LA MONDIALISATION INVITE A REPLACER L'ETRE HUMAIN AU CENTRE DES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT

16 février 1999


Communiqué de Presse
SOC/4479


L'IMPACT SOCIAL NEGATIF DE LA MONDIALISATION INVITE A REPLACER L'ETRE HUMAIN AU CENTRE DES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT

19990216 La Commission examine l'ensemble de la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social

La Commission du développement social a abordé ce matin le thème prioritaire relatif à la mise en route de l'examen global de la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social (Copenhague, 1995). Partant du constat que les objectifs fixés lors du Sommet sont loin d'avoir été réalisés, les délégations ont proposé que des priorités claires et réalisables soient fixées lors de l'examen de suivi du Sommet afin de donner un nouvel élan à la mise en oeuvre des engagements en faveur de l'élimination de la pauvreté, de la création d'emplois productifs pour tous et de l'intégration sociale. Au nombre des éléments qui sont venus compromettre la mise en oeuvre de ces engagements, certaines délégations ont cité l'impact négatif de la mondialisation, le déclin de l'aide publique au développement, le poids du fardeau de la dette sur les pays en développement, ainsi qu'un certain manque de volonté politique. Comme l'a montré la crise financière en Asie, les politiques de développement ont privilégié l'économique au détriment du social. Les délégations ont plaidé pour que l'être humain soit au centre des stratégies de développement, comme l'a souligné le Programme d'action de Copenhague, défendant en particulier l'intégration d'une perspective sociale dans les programmes d'ajustement structurel.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Norvège, Allemagne, au nom de l'Union européenne, Bangladesh, Pologne, Pakistan, Bélarus, Japon et Swaziland. Sont également intervenus, les représentants de la Banque mondiale, du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et de l'ONU/SIDA ainsi que les représentants des ONG suivantes : Pax Romana, Confédération internationale des syndicats libres et Institut de recherche international, CERFE.

La Commission reprendra ses travaux cet après-midi à 15 heures.

SUIVI DU SOMMET MONDIAL POUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL

Thème prioritaire : Mise en route de l'examen global de la suite donnée au Sommet

Débat général

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a estimé que la session extraordinaire de l'Assemblée générale qui sera consacrée au suivi du Sommet mondial pour le développement social devrait prendre en compte les nouvelles tendances qui ont vu le jour depuis le Sommet, telles que la mondialisation, l'accélération de la pandémie du VIH/sida, et la crise économique actuelle. Il a suggéré de procéder à un choix des thèmes et de se concentrer sur les plus importants. Il faut aussi veiller à coordonner le processus préparatoire de la session et les travaux de la session elle-même avec les processus de suivi des autres conférences de l'ONU, telles que la Conférence du Caire sur la population et de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes qui s'est tenue à Beijing.

De l'avis de la Norvège, de nouvelles mesures doivent être envisagées si l'on veut atteindre l'objectif de l'accès universel aux services sociaux essentiels. A cet égard, la mise en oeuvre de l'initiative 20/20 et d'un environnement propice aux niveaux national et international, reste décisive et pour ce faire, il a insisté sur l'importance de la bonne gouvernance et le respect des droits de l'homme. Pour les pays en développement, il a préconisé l'adoption de mesures urgentes afin d'alléger ou faire disparaître le fardeau de la dette. Pour sa part, la Norvège a lancé une stratégie nationale exhaustive d'élimination de la dette. M. Kolby a déploré le déclin de l'aide publique au développement ainsi que le fait que de nombreux pays développés s'écartent de l'objectif fixé de consacrer 0,7% de leur Produit intérieur brut à l'APD. La Norvège qui est depuis longtemps bien au-delà de cet objectif, a l'intention d'accroître encore son aide au développement, a-t-il dit.

M. GERHARD HENZE (Allemagne), prenant la parole au nom de l'Union européenne, des pays associés d'Europe centrale et orientale, et de Chypre, a estimé que la session extraordinaire devrait recenser les progrès accomplis et les obstacles rencontrés dans la mise en oeuvre des engagements du Sommet. Il faut, a-t-il poursuivi, fixer des objectifs réalistes et ne pas aller au-delà des décisions du Sommet. De l'avis de l'Union européenne, les quatre questions clés qui devront être examinées prioritairement sont l'élimination de la pauvreté, l'intégration sociale, l'emploi et les services sociaux. L'Union européenne propose de se concentrer sur de nouvelles initiatives visant à renforcer la mise en oeuvre des engagements de Copenhague. La session extraordinaire devra, en outre, donner une impulsion nouvelle aux activités de promotion et de responsabilité sociale en politique.

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La session devra aussi donner une impulsion nouvelle à l'évaluation des incidences sociales de toutes politiques adoptées. A cet égard, l'Union européenne estime qu'il faudra faire participer les ONG et la société civile. Parmi les questions à examiner qui ont des incidences sociales directes, il a évoqué la mondialisation, le rôle des secteurs public et privé, l'accès aux nouvelles technologies, la nécessité d'institutions démocratiques, et le respect des droits de l'homme. La session extraordinaire doit se concentrer sur des initiatives concrètes, comme par exemple la réduction de moitié de la pauvreté extrême d'ici à 2015. Il est important que des mesures soient prises pour répondre aux besoins de certains groupes comme les handicapés, les personnes âgées, les chômeurs de longue durée. L'Union européenne encourage la participation de la société civile et des ONG au processus préparatoire et à la session de suivi. Elle rappelle qu'il faut redoubler d'efforts en vue de parvenir à l'objectif de 0,7% de l'APD dès que possible. M. Henze a, d'autre part, souligné l'importance de l'initiative 20/20 et a estimé que la société civile et les ONG pouvaient jouer un rôle déterminant dans sa mise en oeuvre. Pour l'Union européenne, il importe de mettre en place des filets de sécurité qui répondent aux besoins véritables de ceux qui ont besoin d'un appui.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a estimé qu'il fallait faire des efforts accrus pour réaliser les objectifs du développement social. Pour y arriver, il faut faire preuve de volonté politique et ne pas perdre de vue que l'élimination de la pauvreté doit être au coeur de tous les efforts. Les stratégies à cet égard doivent prendre pour cibles les couches de la population les plus pauvres et les groupes les plus vulnérables. La meilleure méthode, à cet égard, consiste, en effet, à aider les pauvres à s'aider eux-mêmes. Pour de nombreux pays en développement, les politiques d'ajustement structurel ont entraîné davantage de souffrance encore. C'est pourquoi ces politiques doivent être révisées dans une perspective plus sociale. L'utilisation des ressources doit également être optimisée afin d'éviter les doubles-emplois. Les gouvernements ne pouvant parvenir seuls aux objectifs de Copenhague, il importe de faire participer la société civile, les ONG et le monde des affaires. Les médias ont, pour leur part, un rôle important à jouer dans la préparation et l'orientation de l'opinion publique. Enfin, les familles ont un rôle social crucial dans la préservation de la cohésion sociale. De l'avis du Bangladesh, il faut en outre établir un esprit de partenariat au niveau mondial afin qu'un niveau minimum de ressources pour le développement social soit disponible pour tous.

Mme IRENA BORUTA, Secrétaire d'Etat au Ministère du travail et de la politique sociale de la Pologne, a estimé que la Commission doit relancer le débat sur la nécessité d'élaborer un dispositif juridique relatif aux droits de la famille. Selon la représentante, les actes internationaux existant ne garantissent pas suffisamment les droits de la famille ni sa protection. Si la famille est protégée par le droit international, elle l'est d'une manière indirecte, c'est à dire à travers ses composantes que sont le mariage, la mère et l'enfant. En outre, les dispositions des textes internationaux sont

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formulés d'une manière très générale voire vague. Il faut ajouter que plusieurs dispositions juridiques internationales relatives à la famille sont dépassées. En effet, les progrès des sciences médicales, de la biochimie et surtout de la génétique imposent de nouvelles exigences en matière de protection de la famille. De plus, à la suite de changements culturels ou civilisationnels, le concept de la famille évolue ainsi que les idées que l'on se fait de ses fonctions.

Pour la représentante, le nouveau dispositif juridique doit viser en particulier à éclaircir des questions importantes telles que la participation de la famille dans la consommation; les engagements de la société et de l'Etat face à la famille; les relations entre la politique sociale envers la famille et la politique économique; la politique fiscale; ou encore les droits de la famille et la politique de logement. Les travaux menant à l'élaboration d'un dispositif juridique doivent être précédés d'un inventaire des normes internationales existantes et des mesures prises par les pays. Il serait tout aussi important, a conclu la représentante, d'évaluer l'efficacité des différents instruments.

Mme JUDITH EDSTROM, représentante de la Banque mondiale, a indiqué que depuis qu'il a assumé la présidence de la Banque, M. James Wolfensohn avait fait de l'inclusion l'objectif fondamental de l'institution et avait engagé la Banque à opérer dans un cadre de développement global, fondé sur le partenariat, la responsabilité des pays et une vision plus intégrale du développement à long terme. Il est clair que l'engagement en faveur d'une démarche centrée sur l'être humain a été progressif à la Banque. Après le Sommet, la Banque a entrepris des changements organisationnels et culturels visant à axer sa mission sur la réduction de la pauvreté et un appui renouvelé au développement social. Un Groupe de travail a été chargé d'examiner les diverses initiatives et approches de la Banque en matière de développement social et de faire des recommandations en vue d'actions futures. Depuis, des progrès importants ont été réalisés. A la fin de 1996, chaque région de la Banque avait développé un plan d'action pour l'intégration des questions sociales. Sur le plan macroéconomique, la réduction de la pauvreté est devenue l'élément permettant de juger de la justesse d'une politique.

Lors de la session extraordinaire, la Banque est résolue à rendre compte de la manière dont elle entend répondre aux défis de l'avenir. De l'avis de la Banque, le développement social est la base sur laquelle toute politique et tout programme doivent se fonder. Le rapport de la Banque pour l'an 2000 mettra l'accent sur la pauvreté. Il proposera de s'attaquer à la pauvreté sur trois fronts : donner davantage de pouvoir aux pauvres en augmentant les possibilités de participation aux processus de décision; créer une sécurité contre les chocs aux niveaux individuel et national; et créer des opportunités pour les pauvres en mettant en place les conditions favorables à une expansion économique durable. Evoquant l'importance de la coopération entre les diverses institutions, en particulier en ce qui concerne la construction

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d'une nouvelle architecture financière internationale, Mme Edstrom a mis l'accent sur le fait que le développement de bonnes pratiques en matière de gouvernance financière devraient s'accompagner de bonnes pratiques en matière de politique sociale. La Banque mène actuellement des consultations avec ses partenaires au sein de l'ONU pour déterminer comment structurer au mieux ces principes et comment parvenir à un consensus entre les gouvernements et la société civile sur leur contenu. L'objectif doit être de veiller à ce que les politiques financières soient compatibles avec de bonnes politiques sociales et que les populations vulnérables soient non seulement protégées en cas de crise financière, mais puissent faire entendre davantage leur voix dans la formulation des politiques qui les concernent.

M. HASSAN (Pakistan) a déclaré que quatre années plus tard, les voeux formulés lors de la Conférence de Copenhague sont loin d'être exaucés. Les fléaux de la pauvreté, du chômage, et de la désintégration sociale sont toujours d'actualité. La mondialisation et la crise qu'elle a engendrée sont venues compliquer davantage le défi du développement social. Résolu à relever ce défi, le Pakistan a pris des mesures vigoureuses pour éliminer la corruption et rétablir la probité dans la vie publique. Le système judiciaire et la liberté des médias ont, pour leur part, contribué à assurer la transparence dans la gestion des affaires publiques. Des mesures dynamiques ont également été mises en oeuvre dans les domaines économique, financier et commercial. Le Gouvernement pakistanais a pris l'initiative de lancer un programme de développement national qui met un accent particulier sur les questions essentielles telles que l'élimination de la pauvreté ou la satisfaction des besoins sociaux de base. Pour le Pakistan, le développement social passe d'abord et avant tout par une éducation de qualité et ce, aux niveaux primaire, secondaire et universitaire. Grâce aux efforts déployés, le taux d'alphabétisation a atteint 47%, l'objectif étant de parvenir à 100% d'ici l'an 2010. Les efforts ont également porté sur l'emploi qui a connu des améliorations grâce à une politique favorable à l'investissement privé visant tout particulièrement les petites et moyennes entreprises et le secteur agricole. Dans ce contexte, les jeunes ont été particulièrement privilégiés puisqu'ils peuvent désormais prétendre à des crédits à faible taux d'intérêt. Donnant de plus amples détails sur la politique sociale de son pays, le représentant a souligné l'importance de l'aide de la communauté internationale et plaidé pour une augmentation de l'aide publique au développement

Mme ZHILEVICH (Bélarus) a souligné le fait que de nombreux pays en transition n'avaient pas été en mesure de préserver leurs acquis sociaux. La recherche de moyens de lutter contre les problèmes engendrés par la transition économique s'est révélée extrêmement complexe. C'est pourquoi, il importe de se pencher sur cette question lors de la session extraordinaire car elle est d'actualité pour de nombreux pays dont l'expérience pourrait en outre bénéficier à d'autres. Il semble toutefois que l'on ne soit pas encore prêt à mesurer les conséquences tant positives que négatives de la mondialisation,

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a-t-elle déploré. Le processus de mondialisation économique engendre une pression sans précédent qui pousse les masses laborieuses à émigrer. La mondialisation entraîne en outre une division des responsabilités aux niveaux local, national et mondial. Ces nouveaux phénomènes doivent être étudiés. Les Etats Membres savent que les objectifs sociaux ne peuvent être atteint sans une coopération internationale. Parmi les thèmes prioritaires de la session extraordinaire devrait donc figurer l'adoption d'un accord sur l'action internationale dans ce domaine. La mise en oeuvre d'une politique socio-économique bénéfique exige une coopération à divers niveaux. Seule la conjonction d'initiatives et d'actions pratiques en faveur du développement et de la coopération internationale permettra de donner une nouvelle impulsion aux activités de développement social, a-t-elle conclu.

Mme NAFIS SADIK, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a fait part des conclusions et recommandations du Forum, tenu à la Haye la semaine dernière, sur le suivi du Programme d'action de la Conférence du Caire. Les études présentées au cours de ce Forum ont démontré le succès de l'approche en matière de population et de développement, fondée sur les droits de l'homme. Elles ont montré aussi que les programmes relatifs aux questions de population et ceux concernant le développement social se renforcent mutuellement. Elles ont enfin démontré que les programmes de population fondés sur des principes éthiques et moraux changent véritablement les vies et ce, de manière directe. Il existe aujourd'hui dans le monde une meilleure compréhension et une acceptation plus large d'une approche de la santé génésique fondée sur les droits de l'homme. Une attention accrue est également accordée aux questions de violence sexuelle.

Toutefois des obstacles subsistent. Il faut encore renforcer l'engagement politique en faveur de la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire, en particulier en ce qui concerne le droit des adolescentes à la santé génésique. Les questions génésiques doivent être abordées de manière plus approfondie et comprendre les aspects relatifs aux besoins des femmes et des adolescentes en situation d'urgence; à la réduction de la mortalité maternelle, ou à l'éradication de la pandémie du sida. Il faut davantage traiter des tendances économiques mondiales, en mettant un accent particulier sur les pays émergeant des conflits et des crises. Il faut également élaborer un meilleur cadre d'analyse des liens entre population, pauvreté et environnement. Il faut élaborer de manière plus précise les politiques marcroéconomiques en tenant compte des besoins des communautés de base. Il faut aussi renforcer la capacité institutionnelle des organisations de la société civile et mettre au point des indicateurs qui permettent d'évaluer les progrès réalisés dans la mise en oeuvre du Programme d'action. Mme Sadik a conclu en appelant la Commission à examiner les questions relatives à la population dans le cadre du suivi du Sommet de Copenhague et à inclure dans les questions de sexospécificité la question de la violence sexuelle. Elle a enfin lancé un appel pour que les Etats Membres respectent l'engagement pris de céder 4% de l'Aide publique au développement aux activités de population et plaidé pour que ce taux passe à 5%.

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M. JIM CARMICHAEL, représentant du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a estimé que le sida était aujourd'hui plus qu'un problème de santé, une question de développement à part entière. C'est ainsi qu'on peut constater que les pauvres sont plus vulnérables au virus du sida et que la maladie laisse derrière elle davantage de pauvreté encore. Les femmes courent en outre un risque 2 à 4 fois supérieur à celui des hommes de contracter le virus du sida pendant une relation hétérosexuelle. En outre, la pandémie du sida ne peut être arrêtée que par la mise en place d'un vaste réseau de coopération international et une augmentation importante des ressources. Si de nouvelles mesures intensives ne sont pas prises pour lutter contre ce fléau, certains objectifs fixés dans le programme d'action échoueront, a-t-il déclaré.

Les projections prévoient de grandes pertes dues au sida, l'espérance de vie dans certains pays africains étant diminuée de 20 ans. Avec plus de 47 millions de personnes infectées et près de 6 millions de nouvelles infections chaque année, le sida crée de grands dégâts dans le monde entier mais l'Afrique subsaharienne est particulièrement affectée. L'Afrique centrale et orientale connaissent la croissance la plus rapide de l'épidémie. Deux tiers des personnes infectées par le virus du sida vivent en Afrique subsaharienne. En moyenne, 8% des adultes vivant dans ces pays sont infectés, certains pays comptant jusqu'à 20 à 26% de personnes infectées. Quatre cinquième des décès du sida sont intervenus dans la région et 95% des orphelins du sida se trouvent sur ce continent. Cette situation exige des mesures particulières. Pour sa part, ONUSIDA va lancer prochainement, avec ses partenaires, une initiative visant à l'établissement d'un partenariat mondial en faveur du renforcement de la lutte contre le VIH/sida. Cette coalition de soutien aux gouvernements africains regroupera les organisations de l'ONU, les donateurs bilatéraux, les ONG et le secteur privé et aura notamment pour objectif de réduire la transmission du VIH, d'alléger les souffrances liées à la maladie et de diminuer son impact. Cette initiative pourrait être portée à l'attention de la session spéciale, a suggéré M. Carmichael.

M. TAKESHI KAMITANI (Japon) a souligné l'importance d'un développement fondé sur les peuples et l'être humain tel que l'a reconnu le Sommet de Copenhague. Pour le représentant, ce concept ne peut être abordé que dans le cadre d'une perspective globale de "sécurité humaine". La sécurité humaine est la clé qui permettra de surmonter toutes les menaces à la survie, à la vie quotidienne et à la dignité. Tout en reconnaissant que le développement social relève d'abord de la responsabilité des Etats, le représentant a ajouté que les objectifs fixés ne peuvent être réalisés sans un partenariat fort entre les acteurs de la société civile, des ONG, du secteur des affaires, du système des Nations Unies et des institutions financières internationales.

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M. MOSES MATHENDELE DLAMINI (Swaziland) a indiqué que depuis le Sommet de Copenhague son pays avait adopté diverses mesures et avait lancé une stratégie de développement qui tient compte de tous les secteurs de la population, les ONG et la société civile. L'objectif général consistant à relever le niveau de vie de toute la population et à faire en sorte que tous aient accès aux services sociaux de base. Il a jugé nécessaire de renforcer l'approche internationale afin de résoudre les questions économiques et, à cet égard, il a déploré que malgré les mesures prises, aucun résultat positif n'ait été encore enregistré sur le terrain. Le représentant a donc réclamé de nouvelles mesures afin que les objectifs de Copenhague puissent être réalisés dans un avenir proche.

M. Dlamini a demandé à la Commission d'analyser en profondeur le rapport du Secrétaire général sur les causes de conflit en Afrique. En effet, si l'Afrique est perçue comme un continent à la traîne, cela est dû aux problèmes auxquels le continent se heurte. Les populations meurent, il y a de nombreux handicapés, des armes fabriquées ailleurs, circulent. Il a donc lancé un appel en vue de l'élimination du trafic d'armes vers l'Afrique et a demandé à la Commission de mettre l'accent dans ses travaux sur la situation de l'Afrique. Si la tendance actuelle devait se poursuivre, les rêves et la vision du Sommet de Copenhague ne pourront jamais devenir réalités. Il a indiqué que son pays révise actuellement sa constitution afin de refléter les objectifs du Sommet de Copenhague. A cette fin, le Gouvernement du Swaziland a besoin de la coopération internationale. Il a remercié le Japon pour l'aide qu'il apporte à l'Afrique et a invité la communauté internationale dans son ensemble à soutenir les efforts des pays africains en faveur du développement de l'Afrique.

M. SAUTTER, PAX ROMANA, a estimé que le Jubilée de l'an 2000 offre une occasion idéale de prendre un nouveau départ et d'instaurer plus de justice. Il a ainsi plaidé pour l'annulation de la dette extérieure des pays pauvres lourdement endettés. Les enseignements chrétiens, a-t-il observé, mesurent la politique publique, comme celle relative à la dette, à l'aune des critères de dignité humaine et de justice sociale. Les données des Nations Unies ont d'ailleurs reconnu un certain mérite économique à ces critères. Les crises financières de l'Asie et de la Fédération de Russie, l'instabilité des places boursières, et les catastrophes naturelles de l'Amérique centrale ont créé un contexte dans lequel créditeurs et débiteurs partagent désormais un intérêt commun qui est de renforcer la stabilité financière et d'accélérer le développement humain. Ceci passe par l'annulation de la dette des pays les plus pauvres pour leur permettre de réaffecter les sommes consacrées au paiement du service de la dette au développement humain. Le représentant a lancé un appel au Fonds monétaire international, à la Banque mondiale, aux banques régionales de développement, aux institutions bilatérales et aux banques privées pour qu'ils reconnaissent leur intérêt commun et annulent la dette des pays les plus pauvres d'ici à l'an 2000. Plaidant également pour l'amélioration de l'initiative en faveur des pays pauvres les plus endettés,

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le représentant a souhaité que la durabilité de la dette soit mieux définie afin que les pays puissent non seulement honorer leurs engagements mais maintenir leur infrastructure sociale, les services sociaux de base et les activités productives.

Mme VON ROEMER, représentante de la Confédération internationale des syndicats libres, a estimé que parmi les priorités de la session extraordinaire devaient figurer les questions du niveau des ressources financières allouées au développement, de la participation des syndicats et des autres composantes de la société civile, et de la nécessité d'une meilleure adéquation des politiques de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international avec les impératifs sociaux du développement grâce à la coopération entre l'Organisation internationale du travail et les institutions du système des Nations Unies. Parmi les mesures nécessaires pour sortir de la crise économique et financière actuelle et prévenir d'autres crises similaires, la Confédération internationale défend la création d'une Commission internationale indépendante chargée de proposer rapidement les changements institutionnels et politiques nécessaires en vue d'établir un cadre international régulateur efficace et une nouvelle architecture financière et institutionnelle internationale. Il faudrait notamment examiner comment l'on pourrait imposer une taxe sur les transactions financières internationales. La session extraordinaire doit, en outre, prendre un certain nombre de mesures en vue de réaliser l'objectif du plein emploi et du respect des droits internationalement reconnus de tous les travailleurs, en soutenant notamment la Déclaration de l'OIT sur les principes fondamentaux et les droits des travailleurs.

La Confédération internationale estime que les gouvernements doivent prendre des mesures pour étendre la protection sociale à de nouveaux domaines, en créant notamment des filets de sécurité sociale universels et en les étendant de manière à ce que les personnes touchées par le chômage et le sous-emploi bénéficient de revenus suffisants. Il faudrait de même soutenir davantage les programmes de l'OIT visant à l'élimination du travail des enfants. La Confédération appelle instamment les gouvernements à veiller à ce que le code social, actuellement en cours d'élaboration à la Banque mondiale, englobe les recommandations des autres organismes de l'ONU, et estime essentiel que l'OIT soit associée à ce projet. Il est également nécessaire d'agir pour réaliser l'engagement relatif à l'éducation et à la santé, y compris en ce qui concerne l'élimination des formes les plus intolérables du travail des enfants. Les recommandations de la Confédération portent également sur l'allégement de la dette, les objectifs sociaux des programmes d'ajustement structurel, les ressources et la création d'une architecture institutionnelle pour le développement social.

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Mme FRANCESCA MARTA, CERFE, Institut de recherche international sur les aspects de la mondialisation, a proposé une série de mesures pour assurer une mise en oeuvre plus efficace du Programme d'action de Copenhague. Elle a ainsi suggéré que les mesures visant à éliminer la pauvreté soient intégrées aux actions de lutte contre l'exclusion sociale tant il est vrai que le processus d'appauvrissement ne revêt pas seulement un caractère économique mais touche également la question de l'accès aux services sociaux, de la marginalisation géographique et de la discrimination. En ce qui concerne le partage équitable des responsabilités entre les hommes et les femmes, la représentante a souhaité que le suivi de cet engagement tienne compte de la manière dont l'absence ou le déclin des services sociaux affectent les femmes non seulement comme bénéficiaires mais comme victimes d'une distribution inégale des responsabilités familiales. La représentante a, par ailleurs, appelé la Commission à accorder l'attention requise aux questions de l'accès et de la qualité des services sociaux. A son gré, la qualité de ces services ne doit pas être considérée comme une "option" mais bien comme un élément essentiel du service social. La représentante a également souhaité que dans le cadre des préparatifs de la session extraordinaire de suivi du Sommet de Copenhague, des rapports soient établis non seulement sur les mesures adoptées par les gouvernements mais aussi sur la contribution de la société civile. Elle a enfin attiré l'attention de la Commission sur l'importance du facteur humain et des acteurs sociaux dans le processus de mise en oeuvre de l'ordre du jour social. Elle a ainsi invité la Commission à appuyer un partenariat entre tous les acteurs du développement social.

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