SOC/4476

LA CREATION D'UNE BANQUE INTERNATIONALE DE DONNEES EN MATIERE SOCIALE POUR L'ECHANGE ET LE PARTAGE D'EXPERIENCES EST PROPOSEE

11 février 1999


Communiqué de Presse
SOC/4476


LA CREATION D'UNE BANQUE INTERNATIONALE DE DONNEES EN MATIERE SOCIALE POUR L'ECHANGE ET LE PARTAGE D'EXPERIENCES EST PROPOSEE

19990211 La Commission tient un dialogue avec les organisations non gouvernementales

Les politiques et autres mesures adoptées dans leurs pays respectifs dans le cadre du suivi du Sommet mondial pour le développement social (Copenhague, 1995), ont été exposées par les délégations alors que la Commission du développement social poursuivait son débat général sur le thème des services sociaux pour tous. Le représentant de l'Equateur a expliqué comment les mesures, à première vue anti-sociales, prises l'an dernier par le Gouvernement équatorien pour faire face aux difficultés économiques, avaient permis de mieux cibler les personnes les plus nécessiteuses. Le représentant de l'Ouganda a attribué l'échec des stratégies de lutte contre la pauvreté à la partialité des politiques de développement qui favorisent les populations urbaines. Il a appelé à revoir la conception même de ces politiques en vue de fonder les stratégies de développement sur la satisfaction des besoins primaires des populations dont la majorité vit dans les zones rurales. La représentante du Bélarus a préconisé la création d'une banque internationale de données qui rassemblerait les expériences positives menées par les Etats Membres dans le domaine social et faciliterait de ce fait le partage d'expériences. Plusieurs délégations ont à nouveau affirmé que le plus grand défi dans la mise en oeuvre des engagements du Sommet mondial est la question des ressources - la mondialisation et la chute des cours des matières premières ayant réduit de façon drastique les revenus disponibles.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole au cours du débat : Philippines, Bangladesh, Indonésie, République tchèque, Bénin, Fédération de Russie, Bélarus, Etats-Unis, Inde, Equateur, Ouganda, Cameroun et République islamique d'Iran.

La Commission a ensuite tenu un dialogue avec les organisations non gouvernementales sur les services sociaux pour tous. Ont participé à ce dialogue, les représentants des ONG suivantes : Association américaine des retraités, Fédération internationale des centres sociaux,

(à suivre -1a)

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Confédération internationale des syndicats libres-Organisation régionale pour l'Asie et le Pacifique, "School sisters of Notre Dame", Coopération internationale pour le développement et la solidarité et Fédération internationale d'économie domestique.

La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à partir de 15 heures. Dans le cadre de l'examen des plans et programmes d'action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation des groupes sociaux, elle aura un débat sur les questions concernant le vieillissement.

SUIVI DU SOMMET MONDIAL POUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL

Services sociaux pour tous

Suite du débat général

Mme LINGLINGAY F. LACANLALE (Philippines) a déclaré qu'après le Sommet mondial, les Philippines ont adopté un agenda social national pour mettre en exécution les engagements pris à Copenhague. Une approche basée sur les besoins minimum de base a servi comme stratégie pour établir un répertoire des besoins prioritaires des familles. Cette politique recoupe la stratégie de réduction de la pauvreté adoptée par le gouvernement, et s'appuie sur une approche participatoire et intégrée. Des ressources ont pu être mobilisées pour soutenir ce programme de développement social, et leur niveau a substantiellement augmenté depuis quatre ans, le gouvernement mettant en outre en place un Fonds de réduction de la pauvreté auquel un montant de 212 millions de dollars a été alloué de 1996 à 1998. L'accès à l'éducation reste encore inadéquat aux Philippines à cause d'un manque d'infrastructures. Il y a pénurie de logement et sur le plan de la santé, bien qu'il y ait eu une amélioration des prestations, les services continuent d'être inaccessibles aux populations des zones rurales et des zones les plus isolées du pays. Notre gouvernement travaille à mobiliser en ce moment davantage de ressources en faveur du développement social, et en faveur de la mise en place de structures de gouvernance plus efficaces au niveau local. Et dans ce cadre, nous militons fermement pour une mise en exécution totale des recommandations et des critères de l'initiative 20/20. Des taux d'intérêt préférentiels devraient être appliqués aux prêts destinés à financer le développement social, et nous demandons que la communauté financière internationale réfléchisse à cette proposition.

M. MUHAMMED ENAYET MOWLA (Bangladesh) a estimé que dans les pays en développement, les services de base doivent être fournis essentiellement par les gouvernements qui doivent cibler les groupes de la population les plus pauvres et les plus vulnérables. Il a suggéré d'organiser les communautés de manière à ce qu'elles puissent fournir elles-mêmes ces services de manière rentable. Ainsi, dans les zones urbaines, les communautés peuvent assurer le ramassage des déchets, l'entretien des espaces publics, la surveillance des quartiers; dans les zones rurales, elles peuvent assurer l'alphabétisation et l'éducation, ainsi que la fourniture d'eau potable. Pour sa part, le Bangladesh a commencé à mettre en place une approche fondée sur la communauté qui se révèle très efficace.

M. Mowla a souligné l'importance d'un environnement international favorable pour assurer la disponibilité des ressources nécessaires. Il a suggéré que soient examinés les effets négatifs de la mondialisation sur le secteur social en vue de garantir la base de revenus des pays et leur capacité de continuer à financer les services sociaux. Déplorant le déclin de l'aide

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publique au développement, il a affirmé que si des ressources supplémentaires n'étaient pas disponibles, certains gouvernements pourraient se trouver dans l'impossibilité d'élargir les services sociaux. M. Mowla a encore souligné l'importance des partenariats, notamment avec le secteur privé, ainsi que de la coopération internationale, insistant en particulier sur les échanges et le partage des connaissances et de l'expertise tant entre le Nord et le Sud qu'au niveau régional. A cet égard, il a souligné les efforts déployés par l'Association de l'Asie du Sud pour la coopération régionale depuis plusieurs années. Lors de son 10ème Sommet l'an dernier, l'Association a commencé à élaborer une charte sociale et décidé de constituer un Forum chargé d'encourager l'éducation, en particulier dans les régions les plus éloignées et les moins privilégiées.

M. SLAMET HIDAYAT (Indonésie) a déclaré que sa délégation s'associait aux déclarations faites par le représentant du Guyana au nom du Groupe des 77. L'Indonésie pense qu'en matière de services sociaux, un partenariat mondial devrait être développé, qui permettrait aux pays les plus défavorisés de bénéficier de l'assistance technique et des programmes d'assistance dont ils ont besoin. Seul un tel partenariat permettra d'atteindre l'autosuffisance nécessaire à la fourniture de services à tous. En Indonésie la fourniture de services sociaux fait partie de l'esprit de notre Constitution, et durant le demi-siècle d'indépendance que nous avons connu, nous avons beaucoup investi dans les secteurs de l'éducation, de la santé et de l'alimentation. Mais la plupart des progrès que nous avons fait ont été remis en cause depuis deux ans par la crise économique et financière que connaît l'Asie. Notre pays en a beaucoup souffert, des millions de personnes se retrouvant sans emploi du fait de la faillite des entreprises. Mais néanmoins, nous réaffirmerons ici la détermination de notre gouvernement à lutter pour l'amélioration des services sociaux de notre pays, qui restent le seul filet de sécurité des populations.

M. LUDEK RYCHLY, Vice-Ministre du travail et des affaires sociales de la République tchèque, a expliqué la nouvelle législation en préparation dans son pays qui vise à couvrir les besoins de base des plus démunis et à remédier aux fléaux sociaux, tels que l'alcoolisme, la drogue, la criminalité, la prostitution, le jeu. Les outils principaux à cette fin seront le conseil social, l'aide matérielle et les services sociaux. De l'avis de la République tchèque, l'assistance sociale doit être fondée avant tout sur la définition claire du rôle de l'Etat, des divers niveaux de gouvernement et des organisations non gouvernementales qui sont étroitement liés. Dans la nouvelle législation, la contribution des ONG à l'assistance sociale augmentera encore. L'Etat devra assurer le paiement de prestations sociales qui garantissent un revenu minimum et octroyer des allocations aux groupes vulnérables. Il devra toutefois trouver des ajustements visant à ce que les citoyens aient un libre accès à tout un éventail de services sociaux à un coût raisonnable. La division des services sociaux en deux types de services (soins et interventions) avec un système de financement différent peut apporter une solution à cet égard. Pour ce qui est de la lutte contre

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la pauvreté, l'Etat gardera la compétence exclusive de fournir à tous un revenu minimum. Les citoyens devront toutefois coopérer davantage pour résoudre les situations difficiles eux-mêmes. L'Etat maintiendra en effet uniquement le rôle qu'il peut garantir. Pour assurer la prestation de services, l'Etat accréditera des fournisseurs d'assistance sociale et contrôlera la qualité de leurs services. En incitant les citoyens à acheter eux-mêmes les services sociaux dont ils ont besoin selon leurs propres choix, on s'attend à la création d'une demande et à une amélioration qualitative de l'offre.

M. FASSASSI A. YACOUBOU (Bénin) a déclaré que le développement social doit aussi s'adresser à des groupes cibles comme les personnes âgées, les femmes, les réfugiés, les immigrés. Mais dans un pays en développement comme le Bénin, des besoins de base tels que l'accès à l'eau potable et à l'électricité se posent encore et restent difficiles à satisfaire. Notre gouvernement a mis en place une politique de minimum social commun, qui vise à garantir l'accès à l'eau, à l'électricité, à la santé et à l'éducation, bien qu'en ce moment la déperdition scolaire soit encore élevée. L'amélioration des performances scolaires est liée à l'amélioration des conditions de vie des familles et du marché de l'emploi. Nous sommes soutenus cependant dans nos efforts par des partenaires extérieurs que nous remercions ici pour leur partenariat. Nos populations ne sont pas passives face à la pauvreté et nous mettons au point un plan de participation pour les impliquer dans les efforts qui sont faits en leur faveur. Le taux de croissance économique du Bénin, soutenu durant ces dernières années, n'a pas permis une avancée dans le domaine social, les gains obtenus étant affectés dans leur totalité, hélas, au service de la dette. Nous aimerions donc qu'une attention particulière soit accordée à la question de la dette.

M. LEBEDEV (Fédération de Russie) a indiqué que son pays a adopté une stratégie visant à résoudre les problèmes sociaux nationaux et assurer le bien-être matériel de la population. Malgré la situation économique difficile dans laquelle se trouve la Fédération de Russie, le gouvernement poursuit sa politique sociale. Ainsi, en novembre 1998, des mesures ont été prises pour assurer la stabilisation sociale et économique du pays. Ces mesures ont pour but la normalisation des conditions de vie de la population grâce à un bon fonctionnement de l'économie, la reprise du secteur productif, le renforcement de la nation russe et un système unique d'exécutif. Les réformes en cours ont pour objectif de modifier les fondements économiques afin d'assurer la réalisation des objectifs sociaux. La Fédération déploie des efforts intensifs pour réaliser ces mesures, assurer le fonctionnement du système social, réduire les tensions sociales et remettre en ordre les services de prestations sociales. Le gouvernement a confirmé que la réforme serait poursuivie en s'orientant vers un système social, ce domaine n'étant certainement pas considéré comme un domaine secondaire. La Fédération de Russie s'attend toutefois à ce que la communauté internationale octroie une aide à la mise en oeuvre des mesures prises par le gouvernement.

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En ce qui concerne le suivi de l'Année internationale des personnes âgées, le gouvernement va former un comité d'organisation pour l'Année et lancer une série d'activités en faveur de ce groupe de personnes. La Russie participe également activement au Comité mis en place par les Etats membres de la Communauté d'Etats indépendants (CEI). L'une des contribution de la Russie à la célébration de cette Année sera l'organisation d'une Conférence internationale ayant pour thème "Personnes âgées, regard vers le XXIe siècle".

Mme DARGEL (Bélarus) a déclaré que les services sociaux pour tous étaient un thème d'actualité en cette période de mondialisation. La famille et sa situation sont un des indicateurs de la santé d'un pays. Aujourd'hui, dans notre pays, chaque année une famille sur deux se désintègre et des milliers d'enfants naissent hors mariage. La violence dans les familles, contre les femmes et les enfants, est en hausse et nous devons de ce fait, porter plus d'attention à la dimension humaine de notre société. La mise en place d'un service social destiné à fournir une assistance légale, pédagogique et éducative est une nécessité impérieuse dans notre pays. Nos populations ont besoin de centres de réhabilitation et de réinsertion sociale, pour les enfants et les femmes victimes de violence. Nous remercions à cet égard l'UNICEF, dont le travail au Bélarus nous a été d'un grand apport. Un élan important en faveur d'un système de sécurité sociale est en cours en vue de créer un réseau de services dirigés vers les femmes et les enfants. En juin 1998, le gouvernement a adopté un décret en ce sens et appuie les enfants dont la santé est moins bonne que la moyenne. Une Banque de données a été créée dans ce cadre, qui englobe aussi la situation des handicapés sociaux. La violence à l'égard des femmes est un souci majeur pour notre société et nous avons ouvert des centres d'accueil pour les femmes victimes de sévices sexuels. L'égalité entre les sexes est un des points auxquels nous apportons une attention particulière en ce qui concerne notre population âgée, la majorité de cette population étant constituée de femmes. Nous tachons de mettre en place des lieux d'accueil où elles peuvent recevoir les soins spécifiques dont elles ont besoin, et nous essayons d'obtenir la participation des citoyens dans la gestion et les prestations de ces centres. L'Etat à lui seul ne peut plus à notre avis fournir les prestations sociales dont ont besoin les populations et nous faisons appel non seulement à l'aide de notre société civile, mais aussi à l'aide internationale, et notamment au système de l'ONU. Dans ce cadre, a-t-elle ajouté, le Bélarus lance un appel à la création d'une banque de données au niveau international, qui recenserait les expériences positives menées en terme d'implantation de services sociaux par les Etats Membres, et faciliterait de ce fait le partage des expériences.

M. SETH WINNICK (Etats-Unis) a déclaré qu'à la veille du prochain millénaire, il était important de renforcer la base de la pyramide, les millions de personnes luttant pour élever leur famille et donner en héritage à leurs enfants un monde meilleur. L'éducation, les compétences techniques et la confiance assureront leur bien-être et leur prospérité, a-t-il ajouté.

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Lors de son discours sur l'état de l'Union, le Président Clinton a annoncé une série d'initiatives visant à assurer des services sociaux pour tous. Ainsi, l'initiative sur les soins aux enfants prévoit l'octroi d'allocations aux familles pour contribuer aux soins apportés aux enfants, incluant des programmes d'allégements fiscaux pour les familles qui travaillent et l'augmentation des financements pour les programmes post-scolaires. Pour faire face à l'un des principaux défis du prochain siècle, à savoir les soins aux personnes âgées, le Président Clinton a demandé le renforcement de la sécurité sociale et une solution de financement à long terme pour Medicare. Il a aussi annoncé un programme d'encouragement en faveur des adultes handicapés au chômage afin de les réintégrer dans le milieu du travail. Des programmes de prévention relatifs au tabagisme, à l'alimentation et à la santé vont également être lancés. Les Etats-Unis se sont aussi embarqués dans une initiative audacieuse visant à éliminer les disparités raciales. Tous ces efforts visent à étendre la couverture des services, à améliorer leur qualité et à assurer que les services fournis répondent aux besoins réels. Le gouvernement, en partenariat avec la société civile, est le principal responsable des services sociaux, mais la communauté internationale a également un rôle à jouer. Les institutions internationales doivent être aussi modernes que les marchés et doivent encourager des politiques améliorant la vie des gens. Il faut aussi que le secteur privé devienne un partenaire de plus en plus actif dans les efforts de lutte contre la pauvreté. Enfin, de l'avis des Etats-Unis, le problème de la dette insoutenable est un obstacle au développement durable et à l'élimination de la pauvreté. Les Etats-Unis sont toujours prêts à assumer leur part de responsabilité à cet égard, a dit le représentant.

M. GAUTAM MUKHOPADHAYA (Inde) a déclaré que sa délégation partageait les analyses et recommandations des rapports de la Commission en ce qui concerne la mise sur pied de services sociaux pour tous. En ce qui concerne le financement, les rapports présentés contiennent des suggestions utiles sur la manière d'optimiser les rendements des prestations sociales, et sur la manière d'augmenter les revenus budgétaires destinés aux services sociaux à travers la taxation. Nous estimons que la relation entre les services sociaux et les autres sphères de la vie nationale, tels que l'économie, les infrastructures, l'énergie et les communications est importante. De meilleures routes peuvent rendre les écoles plus accessibles, et l'électricité peut permettre une amélioration qualitative des services de santé, en permettant par exemple, la conservation de produits de santé périssables comme les vaccins, tandis que les communications et l'information peuvent nous permettre d'améliorer la qualité de nos instituteurs et de notre enseignement. Mais, parlant de la scène internationale, les pays en développement ont à faire face aujourd'hui à une compétition intense en ce qui concerne les capitaux dont ils ont pourtant un besoin vital. On leur demande d'un côté de prodiguer des mesures de bien- être à leurs populations, mais de l'autre, la féroce compétition économique de la mondialisation leur enlève les moyens mêmes de leur politique socio-économique nationale.

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M. GERMAN ORTEGA (Equateur) a expliqué que l'accroissement des fonds affectés au cours des dernières années à l'éducation avait eu pour résultat une diminution importante de l'analphabétisme et un meilleur accès à l'éducation secondaire et universitaire. Le grand défi de l'Equateur est de vaincre la pauvreté qui touche plus de la moitié de la population. L'an dernier, le phénomène d'El Niño qui a eu pour conséquence des pertes matérielles importantes, associé à la chute des prix du pétrole, premier produit d'exportation de l'Equateur, a obligé le gouvernement à prendre des mesures d'austérité, tout en s'efforçant de maintenir les prestations sociales. La première mesure prise a été de supprimer les subventions pour l'eau, le gaz et l'électricité. Or, contrairement à ce que l'on pouvait penser, ces subventions bénéficiaient essentiellement aux riches qui, par exemple, utilisaient le gaz pour chauffer l'eau de leur piscine, voire l'exportaient vers les pays voisins. Les subventions à l'eau, au gaz et à l'électricité ont été remplacées par des subventions personnalisées, en particulier en faveur des femmes et des personnes âgées qui se révèlent avoir un effet multiplicateur touchant un nombre de personnes beaucoup plus important.

Une autre décision difficile a été d'éliminer la gratuité totale des services de santé. Les hôpitaux publics peuvent aujourd'hui imposer des prix pour leurs services. Les indigents continuent toutefois de bénéficier de soins de santé gratuits. Ces deux exemples montrent combien il est nécessaire de bien cibler les bénéficiaires de services et de faire participer la société. M. Ortega a encore souligné l'impossibilité pour les pays en développement de fournir des services sociaux en comptant uniquement sur leurs propres ressources. Partant, il a appelé à la solidarité internationale, à l'augmentation de l'aide publique au développement, et en particulier le renforcement de la coopération technique entre pays développés et pays en développement.

M. SEMAKULA KIWANUKA (Ouganda) a rappelé qu'un appel a été lancé pour une élimination totale de la pauvreté lors du Sommet mondial pour l'enfance, programme qui aurait dû améliorer les conditions de vie des enfants et de leurs familles dans les pays les moins développés. Ce plan donnait des directives dans les domaines de la santé, de la nutrition et de l'éducation. Plus tard, lors de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement, l'Agenda 21 a décrit la pauvreté comme "un problème multidimensionnel et complexe". La lutte contre la pauvreté devait alors se concentrer sur les droits de l'homme, les services sociaux et l'accès au crédit pour les familles pauvres. La Conférence de Copenhague et son Programme d'action ont eux, adopté une définition encore plus large de la pauvreté, en appelant à une lutte pour l'élimination de la faim, de la malnutrition, et pour l'amélioration de l'éducation, de la sécurité alimentaire, de l'emploi, et des soins de santé primaires dont la santé reproductive. Toutes ces Conférences, dont celles de Beijing sur la femme, ont pris pour cible la pauvreté et ont appelé à son élimination. Nous avons besoin d'un plan pour l'avenir.

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De nombreux pays pauvres ont connu ces dernières années, une forte croissance économique et une amélioration de tous leurs paramètres de développement. Mais pourquoi la pauvreté persiste-t-elle ? Est-ce à cause de la partialité des politiques de développement, qui oublient et rejettent les zones rurales. Il faut reconnaître que toutes les politiques mises en oeuvre jusqu'à ce jour ont échoué simplement parce qu'elles ne se sont jamais basées sur les besoins de base des populations. Nous devons donc avoir le courage de revoir la conception même des politiques de développement. Les stratégies qui se baseront sur la satisfaction des besoins primaires comme l'accès à l'eau, à l'électricité, à la santé, l'emploi et l'éducation sont celles qui réussiront. C'est dans ce sens que travaille le gouvernement de notre pays, qui a décentralisé l'administration afin d'être réellement à l'écoute des populations rurales, ce qui se traduit aujourd'hui par des résultats encourageants.

Mme MARIE-MADELEINE FOUDA, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a expliqué que le problème que rencontrent tous les pays en développement est celui de la mise en oeuvre des stratégies sociales dans un contexte marqué par les difficultés économiques et les répercussions des programmes d'ajustement structurel. Le Cameroun s'efforce pourtant d'atteindre les objectifs sociaux ambitieux qu'il s'était fixés et qui constituent des défis majeurs pour le XXIe siècle. Au plan éducatif, l'objectif fixé était de garantir d'ici à l'an 2000 à tous les citoyens, une éducation de base de qualité. Dans cet esprit, le Cameroun a adopté une déclaration de politique sectorielle de l'éducation en juin 1996 et, en avril 1998, la nouvelle loi d'orientation de l'éducation. Les infrastructures scolaires ont été multipliées et le taux de scolarisation des garçons est actuellement de 86,8% et celui des filles de 79,7%. Le fonctionnement des infrastructures scolaires est toutefois durement affecté par la crise économique persistante et la diminution de l'aide aggravée par le poids de la dette. Pour réduire l'écart entre le taux de scolarisation des filles et celui des garçons, le gouvernement a mis sur pied un programme intitulé "éducation de la fille" qui vise à assurer le maintien des filles à l'école jusqu'à la fin du cycle primaire. En matière de santé, une forte décentralisation de l'institution sanitaire a permis de rapprocher le malade des districts et des aires de santé. Des actions d'envergure ont été lancées dans les domaines de la lutte contre les endémo-épidémies et la surveillance épidémiologique; la promotion des soins de santé primaires; la prévention et la lutte contre les MST/sida; la santé maternelle, infantile et juvénile; la santé mentale; l'accès de tous les citoyens aux médicaments de première nécessité.

Le gouvernement s'est également engagé à s'attaquer aux entraves et aux discriminations à l'égard de la femme. Un Ministère de la condition féminine a été créé pour coordonner les programmes publics et initiatives privées en vue de la promotion de la femme camerounaise. Parmi les autres initiatives figure la création de centres de promotion de la femme et de centres d'animation rurale. Le Cameroun a, en outre, élaboré un plan national

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pour l'intégration des femmes au développement dont la réalisation passe par la lutte contre la pauvreté et l'amélioration des conditions de vie de la femme; l'amélioration du statut juridique des femmes; la valorisation des ressources humaines féminines; la protection de la petite fille; et l'amélioration du cadre institutionnel. Des prestations sociales sont également offertes aux populations vulnérables et marginales, comme les handicapés ou les enfants en situation difficile, les populations sinistrées ou déplacées. Toutefois, pour que nous puissions rendre disponibles tous les services sociaux, il faut un réel sursaut de solidarité qui devra se traduire par l'accroissement des flux financiers en direction des pays en développement.

M. SAYED MOOHAMED HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d'Iran) a déclaré que la République islamique d'Iran a mis la fourniture de services sociaux efficaces à ses populations au centre de ses préoccupations. Un certain nombre d'engagements ont été pris à Copenhague. Ces engagements comportent des programmes à réaliser au niveau national, régional et international, et destinés à promouvoir le progrès social, la justice et l'amélioration des conditions de vie des populations de la planète. Mais les conséquences néfastes de la mondialisation sur les conditions économiques des pays aujourd'hui, amènent à se pencher sur les ressources à mobiliser pour pouvoir réaliser les objectifs de Copenhague. L'instabilité du marché des capitaux internationaux, qui a frappé l'Asie, a joué comme par effet de domino sur d'autres pays, et affecte de façon négative les systèmes économiques et sociaux des pays en développement. L'instabilité du cours des matières premières nous empêche d'autre part, de pouvoir planifier de manière stratégique notre développement social et la mise en place de services sociaux pour tous. La chute des cours du pétrole affecte particulièrement un certain nombre de pays, dont le mien. Il apparaît donc irréaliste de demander aux gouvernements nationaux de remplir les conditions posées par le Sommet et le consensus de Copenhague à l'heure actuelle.

Dialogue avec les organisations non gouvernementales

Mme DIANE LOUGHRAN, représentante de l'Association américaine des retraités (AARP), a présenté, en appui à l'objectif de la création d'une société pour les personnes âgées, un manuel reprenant des textes écrits par des personnes âgées du monde entier dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme et de l'Année internationale des personnes âgées. Ce projet a été lancé par l'AARP, en collaboration avec le programme des Nations Unies sur le vieillissement et d'autres partenaires. Mme Loughran a appelé les gouvernements à promouvoir et protéger tous les droits et libertés fondamentaux des personnes de tous les âges, y compris le droit au développement.

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Mme CAROL LUBIN, Fédération internationale des centres sociaux, a déclaré que l'ONG qu'elle représente travaille à aider les gens dans les zones défavorisées. Nos services s'adressent aux couches de populations les plus vulnérables et les plus défavorisées. Notre expérience montre que la définition que donne l'ONU des services sociaux est trop limitée car elle n'inclut pas assez les personnes marginalisées, telles que les femmes battues, les personnes victimes du VIH/sida et les migrants. D'autre part, si l'ONU a mis en place le concept d'abri, elle n'a pas donné de critères pour ce concept. Nous demandons donc que certains concepts soient approfondis et redéfinis. Cela est valable aussi pour les indicateurs sociaux qui prennent trop en compte les indices qualitatifs au lieu de considérer des indices quantitatifs. Nous espérons que les membres de cette Commission nous permettrons de travailler avec eux dans la préparation du Sommet de l'an prochain.

Mme CHING CHABE, représentante de la Confédération internationale des syndicats libres-Organisation régionale pour l'Asie et le Pacifique, a indiqué que la Confédération représente 124 millions de travailleurs des quelques 206 millions d'affiliés dans le monde et est l'organisation la plus importante de syndicats. La Confédération est représentée au niveau régional et l'Organisation pour l'Asie et le Pacifique est l'une de ses organisations régionales. Mme Ching Chabe a déclaré que les services sociaux devraient être fournis dans le respect des principes de l'équité et de la justice sociale avec la participation de toutes les parties concernées, y compris les syndicats. L'absence de filets de sécurité sociale et la mise en oeuvre inadéquate des services sociaux aggravent encore les souffrances des populations dans les pays les plus affectés par la crise économique et financière en Asie. Des cadres juridiques et des mesures politiques devraient être mis en place par les gouvernements concernés afin d'assurer la fourniture des services sociaux, en prenant en compte l'esprit et les principes des instruments internationaux. Le tripartisme, avec la participation des gouvernements, des organisations d'employeurs et des syndicats, devrait jouer pleinement son rôle dans la fourniture de ces services qui doivent bénéficier d'allocations budgétaires nationales adéquates. En cas de besoin, les institutions financières internationales, y compris les banques de développement régionales, devraient fournir les fonds nécessaires. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international devraient être réformés afin que les programmes d'ajustement structurel puisse promouvoir la bonne gouvernance et le respect des droits de l'homme, ainsi que les normes internationales du travail, l'augmentation de l'emploi et l'élimination de la pauvreté, plutôt que des politiques d'austérité. L'Organisation régionale pour l'Asie et le Pacifique estime que la crise asiatique montre la nécessité d'adopter une nouvelle stratégie de développement visant à résoudre aussi bien les problèmes sociaux, que les problèmes économiques.

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Mme HOWLEY, School Sisters of Notre Dame, a dit que le nombre de personnes au chômage dans le monde est aujourd'hui trop élevé. Nous sommes spécialisés dans l'éducation et nous travaillons dans des dizaines de pays à travers le monde. Le Sommet de Copenhague a lancé un appel à l'élimination de l'analphabétisme, mais aujourd'hui les deux tiers des enfants du monde seront incapables d'entrer en compétition sur la scène internationale car ils ne sauront jamais utiliser un ordinateur. Nous voulons assurer aux enfants et notamment aux filles, le droit à l'éducation qui leur est reconnu, et par là, promouvoir la connaissance, la tolérance et la paix. Nous voudrions lancer ici un appel aux institutions de l'ONU, notamment à l'UNICEF et à l'UNESCO, en vue d'aider à alphabétiser les adultes dans les pays en développement, ce qui permettrait aux communautés locales d'avoir les connaissances dont elles ont besoin pour améliorer leur bien-être. La formation dans le règlement pacifique des conflits est nécessaire pour ramener la paix dans de nombreuses régions du monde et nous demandons que des programmes soient mis en place dans les camps de réfugiés des régions en conflit.

M. BART BODE, représentant de l'organisation non gouvernementale "Coopération internationale pour le développement et la solidarité", a rappelé qu'aucune solution n'avait été apportée jusqu'à présent pour résoudre les problèmes issus de la crise économique et financière qui affecte de nombreux pays. Dans le contexte de la mondialisation, il importe d'agir contre l'injustice sociale et d'aider les plus démunis. La crise a provoqué une augmentation des inégalités entre les pays et au sein des pays, a-t-il déclaré. La mise en oeuvre des objectifs fixés lors du Sommet de Copenhague exige que l'on mette en place des politiques assurant l'accès aux services sociaux pour tous. M. Bode a souligné la nécessité de redéfinir les règles régissant les transactions internationales et a préconisé l'imposition d'une taxe sur les transactions financières. L'introduction d'une telle taxe permettrait de décourager la spéculation financière et d'obtenir des revenus susceptibles d'être utilisés comme source de financement pour aider à résoudre certains problèmes sociaux, en particulier dans les pays les plus pauvres. La mise en place d'une telle taxe exige toutefois une véritable volonté politique. Pour M. Bode, elle se justifie par les coûts sociaux de la crise actuelle. Il est urgent de réglementer à nouveau l'économie mondiale en accordant une attention particulière aux pauvres et trouver de nouvelles ressources publiques et privées pour le développement social. Or, un tel instrument fiscal pourrait permettre d'obtenir des revenus pour le financement des services sociaux pour tous.

Mme MARY MILLER (Fédération internationale d'économie domestique, au nom des ONG ayant un statut consultatif avec les Nations Unies) a expliqué que les familles ne peuvent jouer le rôle d'insertion sociale de leurs membres,qui est le leur, dans l'atmosphère d'instabilité actuelle. Les mères seules sont de plus en plus nombreuses dans le monde, élevant un pourcentage croissant de l'enfance mondiale. Des services sociaux fonctionnels pourraient

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leur permettre de remplir les rôles d'éducation et de soins qu'elles prodiguent à leurs enfants. Ces services devraient comprendre tous les besoins des différents membres de la famille. Les gouvernements devraient tenir compte de l'avis des populations et devraient encourager la participation. Il faut que les services soient accessibles à tous et une approche visant à prodiguer une multitude de prestations en un lieu unique serait la meilleure. Il importe que les préoccupations liées à la famille et à la dimension humaine du développement soient au centre de toutes les discussions de développement social. Le système des Nations Unies devrait être mis au service de cette politique, et des ressources substantielles devraient être mises à son service. Des familles plus fortes sont une nécessité pour l'avenir de l'humanité. Des familles renforcées peuvent en effet, être le meilleur agent dans la lutte contre la pauvreté. Des modes de vie sains peuvent être promus par les techniques d'information, et des déclarations d'incidence familiale devraient faire partie de toute étude ou politique de développement.

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