SOC/4474

UN ROLE ACCRU DU SECTEUR PRIVE DANS LA PRESTATION DES SERVICES SOCIAUX SOUHAITE PAR PLUSIEURS DELEGATIONS

10 février 1999


Communiqué de Presse
SOC/4474


UN ROLE ACCRU DU SECTEUR PRIVE DANS LA PRESTATION DES SERVICES SOCIAUX SOUHAITE PAR PLUSIEURS DELEGATIONS

19990210 Elles insistent sur l'importance de la participation des groupes ciblés dans toute stratégie de prestations sociales

La participation des groupes ciblés et le renforcement des partenariats avec tous les acteurs concernés dans la définition des priorités, l'élaboration, la gestion et la fourniture des services sociaux doivent faire partie de la stratégie d'accès universel à ces services, ont estimé plusieurs délégations au cours du débat sur les services sociaux pour tous, entamé ce matin dans le cadre de l'examen du suivi du Sommet mondial pour le développement social (Copenhague, 1995). Les services sociaux sont un outil de politique sociale, a déclaré la représentante de l'Union européenne, qui a suggéré notamment de recourir davantage au potentiel qu'offre le secteur privé dans la fourniture de ces services. Elle a été appuyée en ce sens par la représentante de la Finlande qui a plaidé en faveur d'un nouvel esprit de responsabilité sociale qui intègre le secteur privé. Pour la Banque mondiale, la société civile et le secteur privé doivent jouer un rôle accru dans la définition et la fourniture des prestations au public. Les gouvernements devraient, pour leur part, mettre en place des politiques macro-économiques plus favorables à la croissance et un cadre micro-économique plus soucieux du bien-être des couches les plus vulnérables de la population. Evoquant la question des ressources, plusieurs délégations se sont inquiétées de la diminution de l'aide publique au développement et ont invité les pays développés à respecter les engagements pris lors du Sommet, notamment de consacrer 0,7% de leur Produit national brut à l'aide publique au développement.

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration au cours du débat : Guyana (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Allemagne (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Canada, Jamaïque, République de Corée, Chine, Pologne, Japon, Suède et Finlande. Les représentants de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), du Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat) et de la Banque mondiale sont également intervenus.

La Commission du développement social poursuivra son débat général sur les services sociaux pour tous, cet après-midi, à partir de 15 heures.

SUIVI DU SOMMET MONDIAL POUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL

Service sociaux pour tous

Débat général

Mme PERSAUD (Guyana, au nom du Groupe des 77 et la Chine) a déclaré que le thème de l'éducation pour tous est un départ stimulant pour les débats de la Commission. Nous sommes heureux des démarches préconisées par les rapports, qui visent à mettre rapidement en place des services sociaux opérationnels, y compris des établissements d'enseignement et de santé pour nos populations. Il y a de plus en plus, en cette fin de siècle, de groupes vulnérables, personnes âgées, handicapés et malades. Bien sûr, comme le remarque les rapports, les gouvernements sont les premiers responsables de la fourniture des services, mais il faudrait aussi et surtout développer un esprit de partenariat en vue de soutenir leurs actions, notamment dans les pays en développement qui loin de faire preuve de mauvaise volonté en matière de prestations sociales, sont au contraire politiquement motivés pour satisfaire les besoins des populations. Malheureusement, la détermination seule ne saurait remplacer la pénurie de financements soutenus. Les circonstances économiques nationales déjà difficiles, sont encore aggravées par la diminution de l'Aide publique au développement, et les conditions draconiennes de l'ajustement structurel, multipliées par les effets néfastes de la mondialisation. Les 77 et la Chine espèrent cependant, que l'objectif collectif des services sociaux pour tous pourra être réalisé par une meilleure coopération et un partenariat international accru, auquel ils comptent activement participer.

Mme EDITH NIEHUIS, Secrétaire d'Etat chargée des affaires parlementaires au Ministère fédéral des affaires familiales, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l'Allemagne, prenant la parole au nom de l'Union européenne et des pays associés d'Europe centrale et orientale, de Chypre et de l'Islande, a déclaré que l'accès universel aux services sociaux est crucial au développement des pays et de la communauté internationale dans son ensemble car il permet de renforcer la cohésion sociale et empêche l'exclusion sociale. Les services sociaux assurent une plus grande justice et l'égalité des chances pour tous les membres de la société. Il faut donc que les gouvernements nationaux, régionaux et locaux prennent en compte les changements intervenus au cours des dernières années. Les services sociaux permettent d'enrayer certains problèmes de la société en s'attaquant à la racine du mal. Toutefois, la plupart de ces problèmes nécessitent une approche globale dont les services sociaux ne sont qu'un aspect, a souligné Mme Niehuis. Définir les besoins prioritaires et développer une approche participative font partie de la stratégie d'accès universel aux services sociaux. De nombreux facteurs entravent l'accès des individus et des populations aux services sociaux. Il s'agit d'abord de les identifier et de les éliminer. C'est le seul moyen de pouvoir satisfaire aux engagements pris lors du Sommet social.

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De l'avis de l'Union européenne, le grand défi consiste à définir les besoins réels des individus dans le cadre d'un processus faisant intervenir tous les partenaires et en accordant une attention particulière à ceux qui ont des besoins particuliers, ainsi qu'aux pauvres et à ceux qui ne peuvent faire entendre leur voix. Les services sociaux sont un outil social, a déclaré Mme Niehuis. Les autorités publiques doivent coopérer avec tous les secteurs de la société civile à tous les niveaux et prendre des mesures appropriées pour appuyer le travail des volontaires. Pour l'Union européenne, le monde des affaires constitue un important fournisseur de services sociaux dont le potentiel pourrait être mieux utilisé. L'Union européenne estime qu'outre les processus budgétaires existants, il faut explorer de nouveaux moyens de collecter des ressources, telle que l'initiative 20/20, afin de pouvoir atteindre l'objectif de l'universalité des services sociaux de base. L'appui extérieur peut également prendre la forme de l'échange d'idées, d'expériences et d'expertises entre les gouvernements et les organisations non gouvernementales. Mme Niehuis a également insisté sur l'importance de la participation des femmes qui doit constituer un objectif prioritaire car elles assument le fardeau le plus important du travail social. Il est important que les services sociaux servent les besoins particuliers des fillettes et des femmes qui doivent participer à l'élaboration, la gestion et la mise en oeuvre de ces services.

Mme MARTHE ST-LOUIS (Canada) a déclaré que le problème fondamental auquel se trouve confronté le Canada en matière de services sociaux consiste à accroître les responsabilités de ces services et à leur permettre de mieux répondre aux besoins de sa population au siècle prochain. Le problème n'est pas seulement de dépenser plus, mais aussi de mieux dépenser afin d'obtenir de meilleurs résultats. En 1994, nous avons adopté une stratégie à long terme afin de réduire notre déficit budgétaire, et grâce à cette initiative, le gouvernement fédéral a réussi à éliminer son déficit annuel concernant le financement des prestations sociales, et a commencé à rembourser sa dette. Cette consolidation fiscale a permis d'améliorer la viabilité du financement des programmes sociaux. Concernant les populations autochtones, le gouvernement fédéral a tracé les grandes lignes d'une approche globale à long terme, en se fondant sur les conclusions de la Commission royale sur les peuples autochtones. Depuis l'annonce du plan d'action en faveur des populations autochtones, le Canada a entrepris une série d'activités d'importance primordiale, qui ont contribué à modifier considérablement ses relations avec les peuples autochtones et nordiques. Le gouvernement renforce par ces mesures l'éducation, améliore les soins de santé et la sécurité publique, et encourage des modes de vie plus sains en faveur de ces groupes.

Mme FAITH INNERARITY (Jamaïque) a souligné les lacunes importantes qui restent à combler pour atteindre les objectifs du Sommet de Copenhague et a estimé que de nouvelles stratégies et des approches novatrices sont nécessaires pour faire avancer l'agenda social. En Jamaïque, après une période de dépenses sociales réduites en raison de mesures d'ajustement

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structurel, le Programme pour le développement des ressources humaines a été lancé en vue de canaliser les flux de ressources vers les secteurs sociaux grâce à de nouveaux investissements dans l'éducation et la santé et la réforme des politiques sociales. Cette situation montre que la question d'un environnement favorable est indispensable à la fourniture de services sociaux. Les conditions qui menacent la stabilité macro-économique ont, en effet, un impact négatif sur la capacité d'un pays à financer ses services sociaux. Il s'agit là d'un des plus grands défis à relever. Le financement reste, en effet, le problème le plus crucial. Parmi les initiatives prises en Jamaïque, la représentante a mentionné la réforme du système d'enseignement primaire et secondaire dont l'objectif est d'améliorer la qualité et d'assurer l'alphabétisation de toute la population, ainsi qu'une plus grande équité. Un partage des coûts a été introduit au niveau secondaire pour que ceux qui peuvent payer couvrent une partie des frais de leur scolarisation. Au niveau supérieur, les étudiants paient également une partie importante de leurs frais de scolarisation. Un programme de prêts a été mis en place, avec la coopération de la Banque mondiale, en faveur des étudiants n'ayant pas les moyens de financer leurs études.

Dans le domaine de la santé, l'accent a été mis, au cours des dernières années, sur l'octroi de ressources plus importantes aux soins de santé primaires et en particulier à la santé préventive. Un programme de fourniture de médicaments aux personnes âgées a été également mis en place. Une autre initiative a été le lancement d'un Programme national d'assurance santé dont les deux éléments principaux sont l'accès universel à tous les citoyens jamaïcains et la couverture obligatoire, le gouvernement prenant en charge les frais d'assurance des plus pauvres. Ce programme en est encore à ses début, mais devrait être mis en oeuvre d'ici un an.

M. SUH DAE-WON (République de Corée) a déclaré que la mondialisation a des répercussions sur les prestations sociales et le développement social. La Corée estime cependant qu'une concertation des efforts de la communauté internationale pourrait aider à maximiser les aspects positifs de la mondialisation, dont pourraient bénéficier les programmes sociaux. Etant donné que la mondialisation peut aider à attirer les investissements extérieurs, qui stimulent la croissance économique et élargissent la base fiscale, elle peut aider à atteindre l'objectif de la couverture sociale généralisée en faveur de toutes les populations. De plus, la mondialisation promeut la circulation des idées et des expériences entre nations, qui peuvent jouer un rôle important dans le processus du développement social. Nous pensons aussi qu'une approche basée sur les droits des individus devrait être adoptée dans la conception des politiques sociales. Chacun devrait avoir accès à des prestations sociales et bénéficier d'un filet de sécurité, ce qui implique que chaque personne devrait pouvoir participer aux prises de décisions concernant les prestations sociales qui affectent le bien-être de tous. Les budgets nationaux devraient être la source première du financement

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social, mais nous devons aller au-delà du simple concept de croissance économique pour le financement soutenu des services. Nous pensons que les gouvernements devraient veiller à synchroniser la croissance de leur économie et les politiques sociales. Plus de rigueur devrait être accordée à la gestion des ressources disponibles, et plus de coopération et de participation devraient exister entre les différents acteurs et bénéficiaires des prestations sociales. Vu sous cet aspect, nous soutenons l'avis du Secrétaire général selon lequel un partenariat accru pourrait être réalisé à travers la création de mécanismes institutionnels, tels qu'un conseil consultatif, qui permettrait des consultations régulières entre les gouvernements et leurs différents partenaires.

M. SUN ZHONGHUA (Chine) a souligné l'importance des services sociaux dans l'élimination de la pauvreté, l'emploi, l'éducation, la santé publique, la protection de l'environnement et la sécurité sociale. Pour atteindre l'objectif des services pour tous, la Chine estime que le gouvernement doit jouer un rôle actif de gestion, d'organisation et de coordination. Il doit formuler des politiques sociales pratiques et réalisables en vue d'assurer une gestion efficace et la participation active de la population. En outre, toutes les politiques et les mesures doivent être fondées sur le développement économique. Alors que le fossé entre le Nord et le Sud se creuse, un cinquième de la population vit dans l'indigence. Il faut nourrir et vêtir ces personnes et leur offrir un toit avant même de penser à leur assurer des services sociaux, a souligné le représentant. Partant, la Chine appelle au renforcement de la coopération internationale et à l'adoption de mesures internationales efficaces visant à aider les pays en développement à atteindre l'objectif des services pour tous.

Pour sa part, le Gouvernement chinois met l'accent sur l'universalité et la justice dans l'octroi des services sociaux à tous les membres de la société, ainsi que sur l'amélioration de la qualité et la popularisation des services. De grands progrès ont été déployés au cours des dernières années, notamment en ce qui concerne l'élimination de la pauvreté. Le Gouvernement a pris de nombreuses mesures pour faire face au problème du chômage et a lancé notamment des projets et des centres de réemploi. De grands efforts ont été faits pour populariser l'éducation obligatoire et des ressources supplémentaires ont été allouées à ce secteur, ce qui a permis de réduire le taux d'analphabétisme. Des efforts vigoureux ont également été déployés dans le domaine de la santé. On estime qu'en l'an 2000 l'objectif des services médicaux pour tous sera réalisé. Les services sociaux sont fournis en fonction des besoins des différents groupes sociaux, handicapés, jeunes, personnes âgées. La Chine a une forte population et une économie qui n'est pas encore entièrement développée. Il reste donc encore beaucoup à faire.

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Mme POONAM KHETRAPAL, Directeur exécutif pour le développement durable et un environnement sain à l'Organisation mondiale de la santé, a déclaré que la santé est un atout majeur dans le développement social et économique. Après avoir longtemps été perçues comme de simples dépenses improductives grevant les budgets nationaux, il est aujourd'hui prouvé que les soins de santé sont un investissement sûr et nécessaire pour une meilleure productivité économique. Sous cet aspect, la Déclaration de Copenhague, qui avait pris des engagements en matière d'accès universel aux soins de santé, avait oublié de dire que la santé est une contribution majeure aux efforts de lutte contre la pauvreté et pour un développement durable. Nous aimerions que ces constations soient clairement stipulées dans les recommandations que nous ferons à la session spéciale de l'an prochain à Genève. Peu a été fait à ce jour pour assurer un véritable engagement politique en faveur de la santé comme objectif central des politiques de développement au niveau national et international. Mais il est encourageant de constater que de plus en plus de pays et de membres de la communauté internationale se mettent aujourd'hui à accorder plus de ressources budgétaires aux dépenses de santé. Certaines politiques de développement vont malheureusement contre la promotion de la santé pour tous, en détruisant l'environnement. On constate une augmentation des maladies respiratoires dûes à la pollution industrielle, et elles touchent surtout les pauvres et les couches les plus vulnérables. Nous devons donc ensemble lutter pour que les mesures de santé fassent partie de toutes politiques macro-économiques en ces temps de mondialisation tous azimuts.

Mme IRENA BORUTA, Sous-Secrétaire d'Etat au Ministère du travail et de la politique sociale de la Pologne, a indiqué que son pays réalise l'objectif des services sociaux pour tous et déploie actuellement des efforts en vue d'accroître l'étendue de ces services. Ainsi, des réformes sociales ont été lancées dans les domaines de l'éducation, de la santé et du système de sécurité sociale. Elle a notamment souligné la mise en place d'un nouveau régime d'assurance-retraite, fondé sur trois piliers qui doivent garantir la stabilité et le juste niveau des prestations de retraite. Dans le secteur de l'éducation, l'accent est mis sur la formation continue et l'égalité des chances aussi bien en milieu urbain qu'en milieu rural. L'objectif de ces réformes est de garantir les progrès dans les domaines juridique, social, politique, culturel et économique, inscrit dans l'engagement No 1 de la Déclaration du Sommet de Copenhague. Les progrès dans la réalisation de l'objectif des services sociaux pour tous se traduisent également par la promotion du partenariat avec les divers acteurs de la société. A cet égard, Mme Boruta a fait état du processus de décentralisation réalisé dans le cadre de la réforme territoriale et des collectivités locales. La réalisation du progrès social se traduit également par les efforts entrepris en faveur de l'unité sociale de base qu'est la famille.

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Mme Boruta a affirmé que les indices statistiques montraient que la Pologne avait atteint et même dépassé les objectifs fixés à Copenhague en ce qui concerne la satisfaction des besoins fondamentaux de la population, notamment dans les domaines de la scolarisation, de l'espérance de vie et de la mortalité infantile. Elle a indiqué que des garanties étaient accordées aux pauvres et aux groupes vulnérables en vue d'assurer leur accès à une éducation de bonne qualité. Les personnes pauvres et les personnes handicapées bénéficient de différents types de prestations en espèces et ont droit à une prise en charge partielle des coûts de logement. Des aides spéciales sont prévues pour les sans-abri, les victimes de mauvais traitements, les mères de famille seules, les malades, y compris les personnes atteintes par le virus du VIH/sida, et les toxicomanes. Les personnes âgées et les personnes handicapées peuvent recourir à des services à domicile qui sont gratuits pour les personnes démunies. Le réseau d'institutions d'aide sociale se développe. Mme Boruta a déclaré que la Pologne poursuivait ses effort en faveur du développement social, appuyé en cela par les tendances favorables de son économie.

M. TAKESHI KAMITANI (Japon) a expliqué que le développement social est lié à la relance des services sociaux. Le Japon a une population de plus en plus vieillissante et en l'an 2015, plus de 25% de sa population seront âgés de 65 ans ou plus. Aussi notre gouvernement est-il en train de lancer une nouvelle forme de système de sécurité sociale, assurant une assurance à long terme pour les personnes âgées. Il s'agira de faire payer une contribution par les personnes âgées de plus de 50 ans qui, en retour, recevront une série de prestations de santé qui leur seront fournies de façon coordonnée, à la fois à domicile et dans des centres de soins. A Copenhague, il a été reconnu que la situation que vivent les pays en développement demande une attention et des mesures particulières. Pour trouver des solutions en vue de relancer les programmes sociaux de base dans ces régions, nous sommes pour une augmentation de la coopération entre pays riches et pays en développement et pour une relance de l'aide publique au développement. Le soutien de la communauté internationale devrait être accru en faveur des pays dont les gouvernements s'engagent fermement à atteindre les objectifs fixés par le Sommet de Copenhague. Nous attachons beaucoup d'importance à l'éducation de base et nous menons des actions en vue d'éradiquer l'analphabétisme et assurer l'accès de tous les enfants à une éducation à travers le monde. La deuxième conférence internationale pour le développement de l'Afrique tenue à Tokyo (TICAD II), a été à ce propos l'occasion de discuter de la promotion des services sociaux de base pour tous sur ce continent, et nous comptons poursuivre sur la lancée de ses conclusions et recommandations.

Mme EWA PERSSON GORANSSON, Secrétaire d'Etat au Ministère de la santé et des affaires sociales de la Suède, a estimé que le développement social constitue la base d'une société économique et politique stable. Un élément important dans la réalisation du Programme d'action de Copenhague est le niveau de l'aide au développement dont la diminution préoccupe la Suède.

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C'est pourquoi, Mme Goransson a demandé à tous les pays développés de respecter le niveau accepté lors du Sommet. A son avis, la réunion de suivi doit réfléchir à la manière dont les modèles de politique sociale actuels répondent aux objectifs fixés et aux moyens de les améliorer. En Suède, la crise économique qui a sévi dans la première partie des années 1990 a suscité des doutes concernant la viabilité économique du pays et ses effets, notamment en termes d'emploi, se font encore sentir aujourd'hui. Grâce à la restructuration efficace des finances publiques, la Suède est toutefois actuellement en phase de relance économique. L'amélioration de l'économie a permis d'augmenter les bénéfices de la sécurité sociale. Pour assurer l'égalité entre les hommes et les femmes, il est important de maintenir un système d'assurance sociale et de taxation fondé sur l'individu et non sur la famille. Le système a survécu à la crise et a joué son rôle de protection contre les conditions économiques difficiles. Le fossé entre les revenus ne s'est pas réellement creusé. Toutefois, de nouvelles crises peuvent survenir et il importe donc de faire en sorte que l'Etat providence soit en mesure de faire face à de telles éventualités.

S'agissant des personnes âgées et des personnes handicapées, Mme Göransson a indiqué que les politiques en faveur de ces groupes de personnes occupaient une place importante en Suède. Les stratégies en leur faveur sont fondées sur la participation. Les services de soins pour les personnes handicapées ont été inclus dans les systèmes de soins généraux. Il est important que les voix des personnes handicapées puissent ce faire entendre. A cette fin, des plans d'action ont été préparés sur la base des Règles des Nations Unies. Le vieillissement pose un certain nombre de défis à la Suède. Il existe à court terme un déficit de soins pour les personnes âgées. A long terme, il importe de réadapter toute la société à la nouvelle structure de la population. Il faut développer de larges stratégies en faveur de ce groupe de personnes. De nombreux changements nécessiteront du temps pour être réalisés. C'est pourquoi, il est important de commencer aujourd'hui. Le souci fondamental de la Suède à cet égard est de changer les attitudes et de renforcer le respect à l'égard des personnes âgées. Le Gouvernement prend actuellement une série de mesures en vue d'améliorer la qualité des soins et de développer une politique active en faveur des personnes âgées.

Mme AINO-INKERI HANSSON (Finlande) a déclaré que les services sociaux de base auxquels devraient avoir droit tout être humain, conformément aux textes des droits de la personne humaine, devraient comprendre l'accès à des prestations collectives comme l'éducation de base, le logement, les soins de santé primaires, et une protection sociale minimum. La mondialisation est un défi posé à tous les pays; elle offre à la fois une série d'opportunités économiques tout en mettant en danger les politiques et les prestations sociales. Mais elle offre aussi la possibilité de généraliser les programmes sociaux pour tous si l'on sait et si l'on veut en tirer avantage, et il faut reconnaître que de nos jours, les facteurs économiques et sociaux vont

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de pair. Pour assurer une universalité des services sociaux, il faudrait aujourd'hui savoir profiter des ressources qu'offrent les technologies de l'information. Leur développement et leur utilisation judicieuse peut être le meilleur moyen d'améliorer qualitativement les prestations sociales, même s'il existe des critères culturels dont il faut tenir compte dans les choix qui sont faits. Nous devons promouvoir dans chaque pays un nouvel esprit de responsabilité sociale et nous avons besoin d'une responsabilité mondiale, qui intègre le secteur privé. Ceux qui rechignent à assumer ces responsabilités aujourd'hui, ne peuvent apparaître que comme des profiteurs qui voudraient tirer profit des bénéfices qu'offre une scène internationale mondialisée sans en accepter les demandes humaines et sociales. Des services sociaux de base généralisés sont une composante essentielle, pour donner à tous les peuples une chance de partager les fruits de la croissance.

M. SELMAN ERGUDEN, représentant du Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat), a indiqué que le Centre aborde le développement social et la prestation de services sociaux par le biais de toutes ses activités et programmes comme la gestion urbaine, les villes habitables, le développement des communautés, et les femmes et l'habitat. Outre ses activités opérationnelles visant à améliorer la gestion des villes et à fournir les services sociaux nécessaires tout en répondant aux besoins des grands groupes de population, le Centre a récemement renforcé ses efforts en faveur de l'intégration sociale et de la réduction de l'exclusion dans les villes. Ainsi, le dernier numéro de sa publication trimestrielle est consacré aux "villes inclusives". Ce numéro fournit une analyse en profondeur des questions liées aux politiques visant à accroître l'inclusion dans les villes et aborde notamment les questions de la participation publique, de l'organisation civile, de la parité entre les sexes, de l'intégration des immigrants et des minorités ethniques, des handicapés.

M. Erguden a indiqué qu'Habitat avait des activités particulières répondant aux besoins des personnes âgées et qui visent à leur donner la possibilité de participer pleinement à la vie communautaire. Pour contribuer aux activités de l'Année internationale des personnes âgées (1999), un projet sur les conditions de vie des personnes âgées dans les communautés urbaines a été lancé. La Commission des établissements humains a, par ailleurs, adopté en 1997 sa première résolution sur la jeunesse qui demande à Habitat d'accorder davantage d'attention au rôle et aux contributions des jeunes dans la mise en oeuvre de son agenda. Le programme parallèle pour la jeunesse organisé par le Réseau international de la jeunesse pour Habitat a adopté un plan d'action visant à coordonner et guider leurs actions. Ce plan a pour objectif d'institutionnaliser les activités des jeunes liées aux établissements humains; d'augmenter la participation des jeunes dans les processus de décision liés au développement des établissements humains; et de faciliter la mise en oeuvre par les jeunes de l'agenda d'Habitat par des initiatives au niveau local en faveur de la formation et de l'éducation.

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Le Centre va en outre organiser un second programme pour la jeunesse qui examinera la mise en oeuvre du Plan d'action Habitat-jeunesse et formulera une nouvelle stratégie pour les deux prochaines années. Pour ce qui est des sans- abri, le Centre a pris diverses initiatives et une stratégie de lutte contre ce phénomène est en préparation. Un rapport sera publié en 2001 sur cette question.

M. ALFREDO SFEIR-YOUNIS (Banque mondiale) a déclaré que la Banque mondiale est prête à participer à toutes les réflexions en vue d'améliorer et d'assurer des services sociaux pour tous. Fournir des prestations sociales n'est pas seulement un défi, mais un impératif moral. Dispenser un soutien social à leurs populations est un des buts que tous les gouvernements et toutes les sociétés ont poursuivi au cours de l'histoire. L'eau, la santé, l'éducation et les aliments, sont et ont toujours été un souci majeur des penseurs et des planificateurs du développement. Aujourd'hui, nous devons reconnaître et tenir compte de certains facteurs et éléments-clefs dans la promotion des services sociaux. La société civile a un rôle à jouer dans la prise des décisions, ce qui nous amène à faire vis à vis d'elle, des efforts de consultation, et de participation à la conception et à la mise en oeuvre des politiques que nous menons; le rôle des gouvernements change au profit d'une implication plus active du secteur privé; pour que les peuples bénéficient réellement des prestations sociales, il est important que les programmes aillent dans le sens d'une couverture plus étendue et de meilleure qualité; et enfin, nous sommes d'accord avec les conclusions qui lient un meilleur état de santé physique et psychologique à des rendements économiques accrus. En fait pour que les prestations sociales soient un instrument efficace d'élimination de la pauvreté, il faut que des efforts spéciaux soient accomplis aux niveaux de la micro et de la macro-économie. Les pays doivent créer, pour ce faire, un cadre de politiques appropriées au niveau de la macro, pendant qu'au niveau micro-économique ils devraient se soucier davantage des besoins des couches de population les plus pauvres et les plus vulnérables. La Banque mondiale a accru de façon substantielle le niveau de ses financements du développement, et nous sommes aujourd'hui le premier investisseur en ce qui concerne le développement des ressources humaines, y compris l'éducation des femmes et des filles. Au cours des cinq dernières années, nous avons investi 17 milliards de dollars américains dans la productivité agricole; plus de 10 milliards dans l'éducation; 7 milliards pour résoudre les questions liées à la population, la santé et la nutrition; et 5 milliards dans l'amélioration de l'approvisionnement en eau et les infrastructures sanitaires. Concernant les pays le plus pauvres, le pourcentage des prêts consentis par l'Association pour le développement international, qui est notre branche accordant des prêts aux plus démunis, s'est accru dans le secteur social, passant de 20% à 37% de ses investissement totaux. Beaucoup reste à faire et nous le savons, notamment en ce qui concerne la prime enfance, 200 millions d'enfants souffrant actuellement de malnutrition à travers le monde tandis que 2 milliards d'être humains n'ayant pas accès à l'eau potable et que 2 millions d'enfants meurent chaque année de maladies qui auraient pu être évitées par la vaccination. C'est là un défi formidable à relever.

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Documentation

Outre les documents présentés dans le communiqué de presse du 9 février 1999 paru sous la cote SOC/4471, la Commission est également saisie d'une lettre du Représentant permanent de la Turquie auprès de l'ONU, confirmant le souhait du Gouvernement turc d'organiser en Turquie la deuxième Conférence mondiale des ministres de la jeunesse, ainsi que le Forum mondial de la jeunesse et le Festival mondial de la jeunesse (E/CN.5/1999/14). Elle est également saisie d'une lettre du Représentant permanent du Portugal auprès de l'ONU, transmettant le texte du rapport de la troisième session du Forum mondial de la jeunesse (E/CN.5/1999/12); d'une lettre du Représentant permanent de l'Allemagne auprès de l'ONU, transmettant le rapport de la Réunion internationale d'experts sur les services sociaux pour tous (Francfort, 14-16 octobre 1998) (E/CN.5/1999/11); et d'une lettre du Représentant permanent du Viet Nam auprès de l'ONU, demandant que soit distribué le texte du Consensus du Hanoi sur la formule 20/20 visant à réaliser l'accès universel aux services sociaux de base (E/CN.5/1999/13, A/53/684).

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