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FEM/1048

LE PROGRAMME D'EGALITE DES CHANCES EN COLOMBIE VISE A INSTAURER UNE VERITABLE CULTURE DE PAIX ET D'EGALITE ENTRE LES SEXES

3 février 1999


Communiqué de Presse
FEM/1048


LE PROGRAMME D'EGALITE DES CHANCES EN COLOMBIE VISE A INSTAURER UNE VERITABLE CULTURE DE PAIX ET D'EGALITE ENTRE LES SEXES

19990203 Priorité accordée à l'alphabétisation, l'emploi et l'élimination de la violence domestique et politique envers les femmes

Les 23 expertes indépendantes du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes ont entamé, ce matin, l'examen du quatrième rapport périodique de la Colombie. La Directrice de la Direction nationale de l'équité en faveur des femmes, Mme Elsa Gladys Cifuentes, a présenté le rapport et a rappelé que son pays met en oeuvre un programme d'égalité des chances entre les hommes et les femmes dans le cadre du Plan national de développement. La nouvelle Constitution du pays consacre l'égalité entre les hommes et les femmes et en fait un droit inaliénable, ce qui participe de la culture d'égalité entre les sexes que les pouvoirs publics s'efforcent d'instaurer dans le pays. Mme Cifuentes a expliqué que l'émancipation des femmes constitue l'un des outils les plus importants sur lequel le Gouvernement compte s'appuyer pour la reconstruction du pays et l'établissement d'une paix durable. Elle a ensuite mis l'accent sur les actions concrètes menées par le Gouvernement en faveur des femmes, parmi lesquelles on peut essentiellement retenir la lutte contre l'analphabétisme, la lutte contre la violence familiale, l'information en matière de santé génésique et l'aide apportée aux femmes rurales déplacées suite à la violence politique et à la crise des droits humains qui sévissent dans certaines régions du pays.

La délégation colombienne conduite par le Représentant permanent de la Colombie auprès des Nations Unies, M. Alfonso Valdivieso, a ensuite répondu aux questions du Groupe de travail présession. Il a notamment fait part de l'action que son Gouvernement mène dans la lutte contre l'extrême pauvreté, les stéréotypes ou encore la violence à l'égard des enfants des rues. A l'occasion des efforts de diffusion du texte de la Convention, le représentant a expliqué que son Gouvernement s'attachait à intégrer la notion des droits de la femme au concept plus général des droits humains.

Cet après-midi, à partir de 15 heures, et dès que l'Etat partie aura achevée la présentation de son rapport, les membres du Comité auront la possibilité de faire des commentaires sur le rapport de la Colombie.

QUATRIEME RAPPORT PERIODIQUE DE LA COLOMBIE (CEDAW/C/COL/4)

Le rapport met à jour les informations sur les conditions de vie des femmes en Colombie depuis 1991, année où la nouvelle Constitution est entrée en vigueur. Il a été élaboré par 5 consultants spécialistes des questions des femmes, qui ont travaillé sous les auspices de la Direction nationale de l'équité pour les femmes.

Ces dernières années, la condition des femmes colombiennes a connu des modifications fondamentales qui s'inscrivent dans le cadre de la nouvelle Constitution et d'un modèle de développement économique fondé sur l'internationalisation de l'économie, ainsi que de la définition récente de politiques d'équité en faveur des femmes et de la création d'instances spécialisées de l'Etat. Du fait du développement économique et de la faible croissance démographique, le revenu par habitant a augmenté de manière substantielle, l'espérance de vie a augmenté et l'analphabétisme est tombé à un niveau minime. Les avancées de la condition de la femme colombienne ont résulté davantage des politiques générales de démocratisation et de modernisation du pays que de politiques particulières qui auraient visé à leur assurer l'équité. Par ailleurs, il semble que les progrès aient davantage porté sur la quantité que sur la qualité.

Malheureusement, la situation du pays a été nettement compliquée par l'intensification des violences de toute nature. La crise de l'administration, la corruption, l'impunité et la violence généralisée s'inscrivent dans un enchaînement de causes et de conséquences dans le système social en place. Ces réalités, ainsi que la persistance d'un degré de pauvreté alarmant et l'élargissement de l'écart des revenus entre les zones urbaines et les zones rurales, appellent la mise en oeuvre d'autres modèles de développement afin de favoriser la participation de l'ensemble de la population. La politique d'équité pour les femmes figure au nombre des 7 stratégies du développement social. L'Etat accorde à cette politique une importance fondamentale, mais il faut reconnaître que la traduction de cette stratégie d'équité pour les femmes en programmes concrets pâtit de la décélération de l'économie.

Parmi les principales avancées en matière d'égalité en droit, on peut noter :

- l'inclusion dans la Constitution de l'égalité en droit des hommes et des femmes, assortie de mesures spéciales en faveur des groupes marginalisés ou victimes d'une discrimination, des femmes enceintes et des femmes chefs de ménage, ainsi que de l'obligation d'assurer la participation des deux sexes aux instances de décision de l'administration publique.

- l'octroi aux deux sexes des mêmes droits en matière de relations familiales. Ces droits sont consacrés plus particulièrement par les lois qui régissent la dissolution du mariage religieux, la reconnaissance de la valeur des travaux domestiques au moment de la séparation des biens, enfin l'égalité entre les enfants nés du mariage et ceux nés hors mariage.

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- les femmes jouissent des droits politiques à égalité avec les hommes, elles possèdent la même capacité juridique que les hommes en matière civile, de liberté de circulation, d'élection de domicile, ainsi que d'acquisition, de perte et de recouvrement de la nationalité, enfin de transmission de la nationalité à leurs enfants.

Il existe encore dans le pays divers obstacles qui rendent difficile l'application effective de la réglementation. Les ressources humaines et financières sont insuffisantes et le pays manque de personnel spécialisé dans les questions d'équité en faveur des femmes. Le fait que la Direction nationale de l'équité pour les femmes soit un organisme consultatif et non exécutif et qu'il ne puisse faire que des propositions dont l'exécution est subordonnée à la bonne volonté des ministères constitue aussi un obstacle.

Le nouveau Gouvernement mis en place en 1994 a institué la politique pour l'équité et la participation des femmes (EPAM) qui a été incluse dans la Plan national de développement et convertie en loi. Mais là aussi, les avancées en matière de définition des politiques se heurtent dans la pratique aux nombreuses difficultés matérielles que connaît l'Etat et qui compromettent la concrétisation de ses intentions politiques. C'est la cas notamment des décisions macro-économiques qui limitent les dépenses publiques aux dépens des programmes sociaux; de la faible volonté politique des instances nationales et territoriales; le caractère embryonnaire d'une culture institutionnelle favorable à l'égalité et à l'équité; la rigidité des régimes d'administration et de participation de la société civile à toutes les instances et l'écart qui sépare le discours sur la dimension donnée à l'équité pour les femmes dans les politiques publiques et la conception des mesures à prendre pour améliorer la condition de la femme. Afin de surmonter ces difficultés, la Direction de l'équité a donné la priorité à des actions sectorielles. Elle a implanté un bureau de liaison et constitué un groupe de travail. Elle a aussi entrepris des actions en matière de sensibilisation et de formation des fonctionnaires.

Dans les années 90, un effort important a été déployé pour faciliter l'accès universel à l'enseignement de base et introduire la décentralisation des services d'éducation. Le Plan décennal de l'éducation pour 1996-2005 met particulièrement l'accent sur la suppression de tous les cas de discrimination fondés sur le sexe. Parmi les progrès accomplis, il faut noter le maintien de la tendance à une fréquentation plus large des femmes dans les divers degrés de l'enseignement (50,7% de filles dans l'enseignement primaire); la tendance à une plus forte participation féminine au sein du personnel enseignant; et l'analphabétisme féminin a légèrement diminué (de 9 à 8,4%). Des enquêtes et consultations au sujet de l'équité entre les hommes et les femmes dans l'enseignement s'agissant des examens d'Etat pour l'admission à l'enseignement secondaire, une révision des programmes d'éducation sexuelle a été réalisée. Le Ministère de l'éducation nationale a entrepris une opération de sensibilisation et de formation des fonctionnaires qui ont pour mission de promouvoir l'application de la politique d'équité. Un manuel de formation des enseignants a été conçu.

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Dans le domaine de la santé et de la sécurité sociale, le rapport indique que l'espérance de vie des femmes était de 72,3 ans en 1995, soit 10 ans de plus que durant les trois dernières décennies. Le taux de mortalité maternelle est tombé de 119,82 pour 100 000 naissances vivantes en 1986 à 78,20 en 1994. Actuellement le plan d'action pour la réduction de la mortalité maternelle et périnatale et le plan de réalisation de la santé intégrale de la femme est en cours. Le taux de fécondité calculé pour les années 1990-1995 a été de 2,7 soit une diminution de près de 23 % par rapport aux 15 années précédentes. Depuis 20 ans, le taux de mortalité infantile a diminué de 48 % passant de 54 à 28 décès pour 1 000 naissances vivantes. Des progrès considérables de la réglementation applicable à la santé et à la sécurité sociale ont été constatés avec la promulgation de la loi de 1993 de sécurité intégrale qui a instauré un régime de cotisations et un régime subventionné dans le but de parvenir à une couverture universelle des soins de santé primaire en l'an 2000. Il existe par ailleurs le Programme d'aide à la maternité, le Programme pour la famille, la femme et l'enfant, le Programme de nutrition de la maternité et de l'enfance, des foyers d'accueil communautaire au nombre de 60 000 qui couvrent 900 000 enfants.

Dans le secteur du travail, le rapport fait état de la persistance de stéréotypes défavorables aux femmes. Les services sont le secteur où les femmes sont le plus présentes, à raison de 57,5 %. La proportion de femmes est majoritaire ou s'accroît dans les emplois de statut inférieur comme ceux des travailleurs domestiques tandis que le nombre de femmes a augmenté parmi les travailleurs indépendants. On constate en outre une diminution du pourcentage des femmes parmi les travailleurs salariés. En matière de revenus, les femmes constituent le groupe le moins rémunéré. Même si des progrès ont été réalisés sur le plan de la réglementation, il faut que l'Etat accomplisse encore un effort de diffusion et d'application de la réglementation. Les politiques nationales ne comportent aucune discrimination à l'encontre des femmes mais elles ne fixent pas davantage d'objectifs pour les faire mieux accéder au monde du travail. Les facteurs culturels d'autre part continuent d'imposer aux travailleuses le poids de la double journée de travail.

Le chapitre consacré aux femmes rurales indique que le chômage frappe davantage les femmes soit 11, 37 % contre 3,23 % pour les hommes. La question de l'équité pour les femmes a commencé à être prise en compte sur le plan institutionnel au Ministère de l'agriculture et dans les organismes de ce secteur. En outre, la prise en considération des femmes rurales en tant que groupe aux besoins spécifiques a fait l'objet de politique et de lois particulières. Pourtant, la couverture des prestations restent encore limitée et le fonctionnement bureaucratique des institutions ne joue pas en faveur des femmes. Parmi les difficultés de l'application des programmes de politique sociale en faveur des femmes, le rapport mentionne l'instabilité de l'organisme chargé de régir le secteur de l'agriculture et la précarité des ressources, la couverture encore faible des prestations et des programmes, l'absence de ventilation par sexe dans les statistiques nationales ou sectorielles et le manque de formation des fonctionnaires aux questions de parité.

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Au titre du chapitre consacré à la justice et aux droits de l'homme, le rapport signale que la Colombie vit dans un climat généralisé de violence et de conflit. Les femmes souffrent de formes de violence extrêmement diverses et d'atteintes à leurs droits. Leur situation s'aggrave car elles sont non seulement victimes de violence sexuelle ou familiale mais également d'un déni de justice. La Cour constitutionnelle a créé une importante jurisprudence pour la protection des droits de la femme, concernant en particulier la violence conjugale et familiale. Une chaire d'enseignement de la démocratie et des droits de l'homme a été créée tandis que 600 agences locales d'information sur la Constitution et de formation à la démocratie et à la résolution des conflits ont été ouvertes. L'application effective des droits de l'homme se heurte à d'importantes difficultés dans un pays où restent ouvertes toutes les voies possibles d'atteinte à ces droits de la part des guérilleros, des groupements paramilitaires, de l'armée, des narcotrafiquants et des délinquants ordinaires. La violence se manifeste également au sein de la famille.

Pour ce qui est de la représentation des femmes dans divers secteurs d'activités, le rapport fait part de la faiblesse de la participation des femmes à la gestion et au contrôle des médias. Dans la vie politique et publique, l'abstentionnisme des femmes est flagrant. Dans les organismes régionaux, elles sont présentes à raison de 11 % tandis que trois femmes ont été ministres du Gouvernement. Leur présence dans les tribunaux en tant que magistrats est quasi inexistante. Il n'y en a aucune à la Cour suprême de justice ni à la Cour constitutionnelle. Elles sont 4 sur 26 au Conseil d'Etat. La représentation féminine ne dépasse pas 10 % á la direction des organes locaux de décision ou les syndicats.

A partir de 1994, signale le rapport, la Direction nationale de l'équité, instance nationale créée pour l'avancement de la femme, a permis de mettre en place divers organismes comme la commission consultative, le réseau sectoriel, territorial et parlementaire sous la forme de groupes de travail thématique, de constituer des groupes de pression, d'apporter un soutien technique et financier aux études sur la situation des femmes, de publier des études, de soutenir les propositions de lois du Gouvernement et les projets de loi du Sénat, de préparer la participation de la Colombie à la Conférence de Beijing sur les femmes, de promouvoir la diffusion des droits de la femme et de soutenir le réseau d'offices et d'organismes féminins.

Retransmission d'un film vidéo produit par le Bureau national de l'équité envers les femmes

Le film vidéo signale que les femmes colombiennes représentent 52,4 % de la population et constituent donc un groupe important pour le développement du pays. Néanmoins, la réalité montre des inégalités entre les hommes et les femmes. Une partie importante de la société a des attitudes discriminatoires envers les femmes et l'augmentation des cas de violence au sein de la famille, sur le lieu de travail, dans les centres de formation et dans les rues est patente. En effet, les statistiques montrent que 81 % des cas de violence domestique prennent pour cible les femmes.

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Les statistiques montrent aussi que sur plus d'un million de personnes déplacées à la suite des combats entre les groupes paramilitaires et les guérilleros, 58 % sont des femmes. 36 % des familles déplacées ont une femme pour chef de famille. Les statistiques disponibles sur les femmes sont également discriminatoires dans la mesure où elles ne mentionnent pas les femmes travailleuses des zones rurales et les jeunes employées de maison. Par ailleurs, il apparaît que 66 % de femmes vivent dans des conditions de pauvreté, voir même d'extrême pauvreté. Le Gouvernement du Président André Pastrana a fait de l'égalité des femmes une priorité. Il a confié au Bureau national pour l'équité envers les femmes la tâche de mener une politique de promotion des questions féminines. L'émancipation des femmes constitue l'un des outils les plus importants sur lequel le Gouvernement compte s'appuyer pour la reconstruction du pays et l'établissement d'une paix durable.

Mme ELSA GLADYS CIFUENTES ARANZAZU, Directrice de la Direction nationale pour l'égalité de la femme, présentant le quatrième rapport périodique de la Colombie, a indiqué que dans le Cadre du plan national de développement, le Gouvernement a élaboré un programme d'égalité des chances entre les hommes et les femmes. L'article 13 de la Constitution consacre l'égalité entre les hommes et les femmes et en fait un droit inaliénable. Par ailleurs, tout un ensemble de lois a été adopté pour créer une culture des droits de l'homme et de la femme, grâce notamment le système de tutelle. En 1997, une loi aggrave les peines encourues en cas de crimes sexuels. La Direction nationale pour l'égalité de la femme (DNEF) prend des initiatives pour sensibiliser les femmes à la politique d'équité et elle garantit que les engagements pris à Beijing sont diffusés et respectés dans les diverses instances gouvernementales et territoriales. En coopération avec la Banque interaméricaine de développement, un programme de 6,5 millions de dollars, premier du genre, est mis en place pour soutenir l'intégration des femmes dans les secteurs économiques compétitifs. La DNEF soutient en outre les activités de nombreux groupes et organisations de femmes. Il existe en outre d'autres mécanismes pour la protection des femmes. Au niveau local, il existe des bureaux de la femme et un Conseil national de la femme est en train d'être créé. Enfin, le Défenseur du peuple joue un rôle important dans la diffusion et la protection des droits de la femme. Le nouveau programme de développement "Changement pour construire la paix, 1998-2002" contient un plan d'égalité des chances entre les hommes et les femmes.

En Colombie, il existe des mesures spéciales qui concernent essentiellement la protection de la femme enceinte qui travaille, qui obtient ainsi un congé maternité de 3 mois. L'aspect éducatif a été renforcé et un programme d'éducation et de sensibilisation a été mené à bien en 1997. Les manuels scolaires ont alors été revus afin d'éliminer tout stéréotype négatif à l'égard des femmes. Un programme de lutte contre l'analphabétisme, orienté surtout vers les femmes rurales, a été mis en place avec la coopération de l'UNICEF.

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Au sujet de la violence familiale, Mme Cifuentes a indiqué que le nombre de cas de violence dénoncés a connu une augmentation sensible en 1997. Plus de 80% des victimes de ces violences sont des femmes. La tranche d'âge de 25-34 ans est la plus touchée. Ces progrès peuvent résulter des modifications apportées à la loi et des efforts de sensibilisation qui ont été réalisés, a expliqué la Directrice, citant parmi les principales avancées le fait que désormais, l'action en justice n'est plus abandonnée dans les cas où l'agresseur épouse sa victime. Dans le cadre du nouveau Programme de développement national, le Gouvernement a inclus un Plan national de prévention et d'attention de la violence familiale.

En ce qui concerne les déplacements forcés, le pays traverse une situation difficile de violence politique et de crise des droits humains. La dernière décennie a été particulièrement difficile pour les populations des zones du conflit armé, qui sont souvent prises pour cible. L'arrivée en masse de ces personnes déplacées a une influence négative sur les conditions de vie de la communauté qui les accueillent. La Colombie compte actuellement près de 370 000 personnes déplacées, dont la moitié sont des femmes. L'un des problèmes est que très peu de femmes déplacées disposent d'une carte d'identité, ce qui révèle les limitations en matière de droits civiques et de déplacement que connaissent principalement les femmes rurales. Le Gouvernement a pris conscience de ce problème et a promulgué plusieurs lois et décrets définissant des critères d'intervention et de soins aux femmes déplacées, qui reçoivent une attention prioritaire. La condition de femme paysanne chef de famille déplacée suffit pour la rendre éligible à la redistribution de terres. De plus, la politique d'assistance humanitaire aux familles déplacées a été poursuivie. Il n'y a pas de chiffres officiels sur le nombre de femmes combattant dans la guérilla ou les groupes paramilitaires. Il existe des femmes dans la police nationale et l'armée, dont certaines ont le rang de colonel.

Actuellement un plan est à l'étude concernant la question des femmes détenues, a indiqué Mme Cifuentes. Dans toute la société, il existe malheureusement de multiples formes de violence sociale, notamment le "nettoyage social" qui touche essentiellement les enfants de la rue. Un programme de récupération a aussi été mis en oeuvre pour les adultes de la rue, dont 31% sont des femmes.

Le proxénétisme et la prostitution sont des délits contre la liberté sexuelle et la dignité humaine. Un programme "Colombie sans prostitution" a été mis en place et il est aussi fait appel aux services d'Interpol pour lutter contre le trafic des femmes. La police de Bogota assure aussi un programme d'épanouissement de l'être humain et de lutte contre la prostitution où des services de conseils et d'appuis juridiques sont fournis. Sur 4 247 femmes se livrant à la prostitution à Bogota, 360 suivent ce programme.

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Même s'il y a eu des progrès en matière d'éducation, on constate que la population féminine continue d'avoir le niveau le plus bas d'éducation. Pourtant au niveau primaire, la proportion d'inscription de petites filles est supérieure à celles des garçons. Des études ont révélé que l'éducation recèle encore un fort contenu sexiste. Un vaste programme d'alphabétisation des femmes du secteur rural est mis en place.

La participation des femmes à la population active présente l'un des taux les plus élevé de l'Amérique latine (51%). Pour 100 emplois créés, 55 vont aux femmes. Des changements importants ont lieu quant à l'embauche des femmes. Cependant, une majorité de femmes continue d'opter pour une carrière traditionnellement féminine. Des cours de formation spécialement destinés aux femmes sont organisés.

L'espérance de vie a augmenté de manière importante pour les femmes (71 à 73 ans). En matière de santé sexuelle et reproductive, un plan de base réglemente les actions de l'Etat et s'intègre aux politiques locales. Une attention particulière est portée aux attitudes, ainsi qu'aux plus pauvres, aux personnes déplacées et aux mineures. Dans 20% du pays, un modèle a été mis au point pour réduire la mortalité maternelle et périnatale. On cherche à créer une prise de conscience en faveur d'une santé génésique, autonome, sûre et responsable.

Au sujet des femmes rurales, Mme Cifuentes a expliqué qu'afin de répondre aux besoins des femmes rurales, des journées d'information et de distribution de documents d'identité ont été organisées. Des ateliers de formation pour les femmes dirigeantes en régions rurales ont également lieu.

Réponses de l'Etat partie aux questions du groupe de travail présession

M. GUIDO BONILLA, Conseiller pour les personnes déplacées, Cabinet de la Présidence, convenant de la persistance d'un niveau de pauvreté extrême, a expliqué que le Gouvernement avait élaboré "le Nouveau programme de développement: changement pour ériger la paix" dont la version finale sera présentée au Congrès pour approbation. Les propositions actuelles portent l'universalisation de l'éducation primaire, l'amélioration de l'allocation des ressources en faveur de l'éducation dans les zones les plus pauvres, des actions dans le domaine de la santé, le caractère universel des soins de santé, des mesures dans le domaine de l'emploi, la mise en place de politiques macroéconomiques, la mise en place d'un réseau de solidarité national qui canalise les aides en faveur des zones les plus pauvres, la mise en place d'un programme de formation et de recyclage des femmes dans des activités techniques et technologiques. Le représentant a énuméré les mesures prises par son Gouvernement pour assurer la diffusion du texte de la Convention et assurer la publicité au sujet des droits des femmes, des droits humains, sexuels et reproductifs. La loi sur les délits sexuels et les ressources institutionnelles a été diffusée. Des efforts de sensibilisation accrus sur l'attention à apporter aux victimes des violence sexuelles ont été déployés.

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Le Bureau du Défenseur du peuple a également organisé des ateliers selon des thèmes spécifiques aux conventions et accords que le pays a passé. Le Conseil supérieur de la Magistrature et l'Ecole de droit Lara Bonilla ont fait l'objet d'action de sensibilisation et de formation aux droits des femmes. Le représentant a reconnu qu'aucun mécanisme nouveau n'avait été adopté pour assurer l'application des dispositions juridiques relatives aux femmes. Les mécanismes existants ne sont pas spécifiques aux femmes. Le Bureau du Défenseur du peuple reçoit les plaintes qui sont rendues publiques. Toutes les autorités se doivent de collaborer avec le Bureau du Défenseur du peuple. Le représentant a reconnu par ailleurs ne pas disposer de chiffres sur les plaintes déposées par les femmes. Il a précisé que le Bureau a formulé une politique spécifique qui est de veiller à l'exercice et à la diffusion des droits humains des femmes. Cette politique part de la nécessité de reconnaître que les droits des femmes et des filles font partie intégrante des droits de l'homme. Le Bureau estime que les femmes ne constituent pas un groupe vulnérable en soi mais que la condition de vulnérabilité dépend de leur condition sociale. Il faut se pencher sur la sexospécificité lorsqu'il existe des facteurs susceptibles d'engendrer des préjudices. C'est le cas des situations où les femmes sont privées de libertés, des femmes victimes de la violence sexuelle, des femmes rurales ou incarcérées. Le Bureau envisage de prendre des mesures spécifiques pour éliminer les facteurs créant des inégalités en assurant une plus grande diffusion des droits humains et en menant des actions de sensibilisation à ces droits. Il faut lutter contre la culture sexiste et dégager la société du discours social et juridique fondé sur les préjugés, a souligné le représentant. Il faut rendre visible les violences sexuelles en les portant sur la place publique lors d'actions en justice. Il ne faut pas traiter les problèmes de la femme de façon marginale mais l'intégrer à la problématique générale des droits humains. Il faut intégrer les questions de la violence sexuelle et domestique, la discrimination dans le domaine de l'emploi, la discrimination dans la participation aux prises de décisions, les droits sexuels et reproductifs, aux droits humains. Cette perspective implique un renforcement institutionnel et un effort sérieux de formation des fonctionnaires.

La Direction nationale pour l'équité envers les femmes (DINEM) est une agence chargée de d'orienter les politiques nationales mais elle n'est pas une agence d'exécution. Les effectifs de la DINEM sont 33 personnes et son budget est de 1,2 million de dollar pas an. Il n'y a pas de relations hiérarchiques avec les autres instances traitant des questions féminines. La DINEM entretient des relations consultatives avec ces dernières. Par ailleurs, elle entretient des relations stables avec les ONG de femmes qui sont fréquemment invitées à ses réunions. En 1997, la DINEM a soutenu les activités de femmes dans 20 départements et 12 municipalités.

Abordant la question des actions positives en faveur des femmes, le représentant a expliqué que bien que la Constitution de 1991 envisage de telles actions, aucun projet fixant des quotas n'a été approuvé. Pour ce qui est de la protection de la maternité, le Code du travail accorde un congé maternité de trois mois à la femme enceinte dans le secteur privé comme public.

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Au sujet de la lutte contre les stéréotypes sexistes, le représentant a expliqué que la priorité du Gouvernement porte sur l'éducation. Le Comité pour l'éducation non sexiste a été créé en 1996 et 1997 a vu la création d'un processus de sensibilisation en direction des maisons d'édition les plus importantes en Colombie. Dans le secteur rural, le nombre de femmes analphabètes a justifié des programmes pédagogiques sur certains thèmes spécifiques. On a fait appel aux recommandations de l'UNESCO et aux directives de la Banque mondiale. Il existe un projet de communication avec l'UNICEF pour la protection des enfants à travers les médias.

Au sujet de la violence à l'égard des femmes, en particulier les femmes déplacées à cause du conflit armé, le Gouvernement a reconnu la complexité de cette problématique et sa responsabilité. Son engagement humanitaire s'est concrétisé par des politiques publiques en faveur de la population déplacée qui sont relayées par la société civile et la communauté internationale. Une vision intégrée sectorielle est proposée. Il existe un plan national pour les personnes déplacées qui offre une aide particulière aux femmes veuves et chefs de famille. Le Programme pour la famille accorde la priorité aux femmes déplacées enceintes et allaitantes. Des mesures ont été prises pour compléter la loi 387 en donnant la priorité aux femmes déplacées mais le problèmes est encore important. Des milliers de familles se trouvent encore dans cette situation. Des programmes de coordination régionale ont également été lancés dans le cadre d'une campagne de lutte contre la violence des femmes rurales déplacées. Le Bureau des femmes rurales s'est consacré à la gestion des politiques d'aide aux femmes déplacées par la violence et à coordonner les actions en faveur de leur retour dans leurs régions d'origine. Au sujet de la violence domestique, le représentant a indiqué qu'un Plan national pour la prévention et l'aide pour lutter contre la violence domestique a été élaboré.

Au sujet des enfants des rues, Mme RUBI STELLA MONTUNO, Conseillère aux droits de l'Homme, Ministère des relations extérieures, a signalé l'existence de 53 881 enfants des rues dont 3 309 ont reçu des soins. Un plan d'action pour la protection et la fourniture de soins aux enfants des rues a été mis en place. A partir d'un modèle de l'OMS, le projet Analyse et amélioration des conditions de vie de ces enfants a été mis au point. L'une des grandes stratégies de lutte contre ce phénomène est la formation de mères communautaires. La représentante a expliqué par ailleurs que les homicides commis au nom de la pureté sociale sont sporadiques. La police nationale a lancé des campagnes en vue d'offrir une protection aux habitants de la rue et notamment aux femmes et aux enfants. Les municipalités de Cali et de Bogota ont mis en place des programmes d'aide en assurant leur réinsertion dans la société.

La Conseillère a indiqué qu'il n'y a pas de programme spécifiquement destiné aux femmes toxicomanes dans le pays. Un Comité interinstitution a été créé pour lutter contre la traite des femmes et des petites filles. Les autorités ont en outre réussi à créer une prise de conscience de la population sur ce problème. Les forces de police ont reçu une formation sur les lois de protection de la femme. Il existe un programme global de services aux mineurs qui se livrent à la prostitution.

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Le Gouvernement a passé un accord avec plusieurs ONG pour que soient développés des programmes de sensibilisation et de formation à l'intention des jeunes. Pour ce qui est de la réinsertion des prostituées dans la société, la police de Bogota a mis en place le Programme "Vie et espoir".

En ce qui concerne la participation des femmes à la vie politique et aux postes de décision, la Conseillère a rappelé que la majorité des électeurs du pays sont des femmes. Le problème c'est que l'on a pas encore pu créer chez les femmes une véritable confiance en elles-mêmes, qui permettrait qu'elles se présentent et soient largement élues dans les organes politiques, a-t-elle expliqué. Toutefois les femmes jouent un rôle de plus en plus grand dans les domaines d'intérêt public.

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