FEM/1044

LE COMITE DEMANDE A LA THAILANDE DE DEFINIR CLAIREMENT DANS SA LEGISLATION LES NOTIONS D'EGALITE ENTRE LES SEXES ET DE DISCRIMINATION

29 janvier 1999


Communiqué de Presse
FEM/1044


LE COMITE DEMANDE A LA THAILANDE DE DEFINIR CLAIREMENT DANS SA LEGISLATION LES NOTIONS D'EGALITE ENTRE LES SEXES ET DE DISCRIMINATION

19990129 Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a poursuivi cet après-midi son examen des deuxième et troisième rapports combinés de la Thaïlande. Il a entendu la représentante de l'Etat partie, Mme Saisuree Chutikul, Conseillère au Cabinet du Premier Ministre, qui a apporté des réponses aux questions posées ce matin par les expertes, notamment sur le manque de médecins femmes, la prostitution et la pédophilie, la violence domestique ou encore le taux élevé de suicide.

Les expertes ont salué la méthode de présentation des rapports périodiques choisie par l'Etat partie, qui a laissé une large place à un dialogue franc et constructif. Elles ont rappelé qu'avec une volonté politique ferme, il n'était pas de traditions et de coutumes qui ne puissent être surmontées. C'est pourquoi, elles ont instamment demandé au Gouvernement thaïlandais de poser clairement dans la législation la définition de l'égalité entre les sexes et de la discrimination, et d'adopter dès que possible une politique globale en faveur des femmes. Les expertes ont également estimé que la sensibilisation et la pleine implication de la population étaient nécessaires, non seulement pour modifier les comportements stéréotypés, mais également pour garantir le meilleur respect des lois adoptées.

Lundi matin, à partir de 10 heures, le Comité entamera l'examen des troisième et quatrième rapports périodiques de la Chine.

EXAMEN DES DEUXIÈME ET TROISIÈME RAPPORTS PÉRIODIQUES DES ETATS PARTIES

Réponses de l'Etat partie aux questions des expertes

Mme SAISUREE CHUTIKUL, Conseillère, Cabinet du Premier Ministre de la Thaïlande, a reconnu l'existence du problème posé par le manque de médecins femmes. Le Ministère de la santé a fait beaucoup d'efforts pour améliorer cet état de fait. Dans les villages par exemple, des femmes ont été formées aux soins de santé de base et aux problèmes gynécologiques. La représentante a expliqué également que des quotas en faveur des hommes avaient été mis en place pour favoriser leur entrée dans les universités de médecine. Les femmes en effet, compte tenue de résultats scolaires supérieurs, avaient alors tendance à supplanter les hommes dans les écoles de médecine. Les femmes par ailleurs n'aiment pas exercer dans les zones éloignées. Mme Chutikol a indiqué une augmentation des suicides depuis la crise économique. Le taux de suicides touche toute la population et nous avons prévu de mettre en place un programme de formation en matière de conseil et de prévention en direction des assistantes sociales et des psychologues.

La pauvreté n'est pas la seule cause de la prostitution, il y a d'autres facteurs comme le manque d'éducation ou la cupidité des parents. Par ailleurs les enfants se sentent obligés d'apporter de l'argent pour exprimer leur gratitude envers ceux qui se sont occupés d'eux. Les pédophiles viennent en général de l'étranger, en particulier des pays européens et des Etat-Unis. Ceux-ci s'intéressent plus aux garçons qu'aux filles, en particulier aux enfants des rues. Nous partageons nos listes de pédophiles avec d'autres pays voisins. Les parents qui encouragent leurs enfants à se prostituer risquent une peine de prison. La sensibilisation à la violence domestique ne suffit pas, a reconnu la représentante, et nous essayons d'encourager les citoyens à dénoncer la violence au sein des familles, non seulement entre les conjoints mais à l'encontre des enfants. Le viol conjugal fait l'objet d'une proposition de loi examinée par le Conseil d'Etat.

L'espérance de vie des femmes est supérieure de 5 ans à celle des hommes. Le Gouvernement déploie de nombreux efforts en faveur des personnes âgées. 1999 a été déclarée année du Troisième âge. Les personnes âgées ont l'accès gratuit aux services de santé. En revanche, il n'existe pas réellement de préparation à la vieillesse.

Observations complémentaires des expertes

Mme HANNA BEATE SCHOPP-SCHILLING, experte de l'Allemagne, a demandé instamment au Gouvernement de prévoir dans sa législation la définition d'une discrimination délibérée et d'une discrimination non délibérée. Compte tenu de la situation économique actuelle difficile, il est compréhensible que ce problème ne soit pas considéré comme prioritaire, mais dès que la relance

( suivre)

- 3 - FEM/1044 29 janvier 1999

économique aura lieu, le besoin de remédier à la situation se fera sentir. Elle a également demandé aux pouvoirs publics de réagir énergiquement pour qu'une définition précise du viol au sein du mariage soit établie.

Mme SAVITRI GOONESEKERE, experte du Sri Lanka, a demandé si les travailleurs migrants sont enregistrés au moment où ils traversent les frontières. Elle a suggéré que des services leur soient offerts à ce moment- là. L'experte a insisté sur la nécessité pour la Thaïlande de rédiger une législation posant clairement l'égalité des sexes et condamnant la discrimination.

Pour sa part, Mme IVANKA CORTI, experte de l'Italie, a déclaré qu'il n'existe pas de traditions et de pratiques coutumières qui ne puissent être surmontées. Il faut pour cela une volonté politique très ferme. Elle a demandé si les autorités avaient envisagé d'autres actions pour combattre les comportements traditionnels. Les cours d'éducation sexuelle ont-ils été révisés?

Dans ses remarques de conclusion, la Présidente du Comité, Mme AIDA GONZALEZ, s'est particulièrement félicitée du format de présentation des rapports périodiques choisi par la délégation, facilitant ainsi le dialogue avec les membres du Comité. Elle a recommandé au Gouvernement de traduire la Convention et la Plan d'action en thaïlandais. Si l'on ne parvient pas à impliquer pleinement la population, hommes et femmes, alors le respect de la loi continuera d'être une tâche difficile, a-t-elle fait remarquer. Ainsi, les femmes ne doivent pas assumer seules les responsabilités en matière de planification familiale. Il faudrait aussi examiner la possibilité de pénaliser la violence à l'intérieur du mariage et de la famille et faire comprendre qu'il ne s'agit pas d'une question privée, mais d'un problème de société.

* *** *

( suivre)

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.