En cours au Siège de l'ONU

CS/1005

IL EST ESSENTIEL DE COORDONNER LES ACTIVITES DE MAINTIEN DE LA PAIX ET DE CONSOLIDATION DE LA PAIX APRES LES CONFLITS

23 décembre 1998


Communiqué de Presse
CS/1005


IL EST ESSENTIEL DE COORDONNER LES ACTIVITES DE MAINTIEN DE LA PAIX ET DE CONSOLIDATION DE LA PAIX APRES LES CONFLITS

19981223 La concertation et la participation des parties en conflit sont essentielles au succès de toute activité ou opération en faveur de la paix

Le Conseil de sécurité a achevé ce soir son débat sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales et la consolidation de la paix après les conflits qu'il avait entamé le 16 décembre dernier.

Les délégations ont souligné la nature complexe des conflits actuels dont le règlement demande une approche globale et intégrée. Il a d'ailleurs été souligné que la définition même de règlement d'un conflit a évolué et n'est plus limitée à la seule cessation des hostilités. Convenant qu'à l'heure actuelle, les activités de maintien de la paix ne suffisent plus à assurer la stabilité et la sécurité à long terme, elles ont mis l'accent sur la nécessité de préciser la définition, les principes et les champs d'application du concept de consolidation de la paix. A cet égard, il a été indiqué que le consensus bute sur la question du partage des compétences entre le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale. Pour certaines délégations, par leur nature même, les activités de consolidation de la paix touchant les domaines économiques, sociaux et humanitaires, relèvent donc directement des prérogatives de l'Assemblée générale. Elles constituent aussi une stratégie de prévention à long terme des conflits. En conséquence, en matière de paix, un équilibre doit être trouvé entre le Conseil de sécurité et l'Assemblée. Il reviendrait à la première instance de maintenir la paix et à la deuxième d'éliminer les causes profondes des conflits en mettant en place les conditions nécessaires à la sécurité et à la stabilité à long terme, qui passent notamment par le développement et la démocratie. Plusieurs intervenants ont en outre souligné que le succès des activités de maintien et de consolidation de la paix n'était jamais aussi complet que lorsqu'elles se fondent sur la concertation et recueillent l'assentiment des parties concernées.

Le Conseil a ainsi entendu les représentants des pays suivants : Canada, Norvège, Egypte, Autriche (au nom de l'Union européenne), Pakistan, Tunisie, Argentine, République de Corée, Mongolie, Croatie, Nigéria, Slovaquie, Bangladesh, Indonésie, Ukraine, Australie et Inde. Les représentants des 15 pays membres du Conseil s'étaient exprimés le 16 décembre dernier.

Déclarations :

M. MICHEL DUVAL (Canada) a déclaré que trop souvent le maintien de la paix et la consolidation de la paix après les conflits sont conçus comme des processus séparés, alors qu'en réalité ils devraient être considérés comme les éléments complémentaires d'une réponse intégrée aux conflits. Il faudra que les mesures prises à ces fins soient mieux concertées et coordonnées.

Le Canada a lancé en 1996 une Initiative de consolidation de la paix, destinée à soutenir les efforts locaux pour instaurer une paix durable dans les zones affectées par des conflits. L'objectif est de soutenir et compléter les efforts de maintien de la paix par une diplomatie active, par la formation de coalitions avec des partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux, et par le financement bien ciblé d'activités novatrices. Il faut après les conflits savoir rassurer les populations sur leur sécurité et leur bien-être, particulièrement là où les civils ont été délibérément pris pour cible. Il faut donner aux gens la base pour vaincre l'apathie, reconstruire et retrouver l'espoir en l'avenir.

Selon le représentant, les mandats du Conseil devraient comporter selon les besoins des dispositions contre l'effet dévastateur des mines antipersonnel dans les activités de reconstruction après les conflits; des dispositions visant le désarmement, la démobilisation et la réintégration des combattants, au nombre desquels les enfants soldats; et des dispositions contre l'effet déstabilisant de la prolifération des armes légères. C'est, en outre, l'ensemble du système des Nations Unies qui devra être associé aux efforts de la consolidation de la paix après les conflits afin d'en éliminer les causes profondes, souvent historiques et structurelles. D'autres organismes et programmes des Nations Unies, de même que les institutions financières internationales, les organisations régionales de développement, les programmes d'aide bilatéraux, les organisations non gouvernementales internationales et le secteur privé, ont un rôle à jouer pour relever les économies et les structures sociales des pays affectés. La coordination est l'ingrédient essentiel pour que tous ces efforts se renforcent mutuellement.

Le pays qui sort d'un conflit restera néanmoins le principal responsable et artisan de sa reconstruction et de la réconciliation à l'intérieur de sa société. Si les citoyens de ce pays ne sont pas engagés dans l'entreprise, ce n'est pas un authentique processus de consolidation de la paix. Les représentants spéciaux du Secrétaire général peuvent jouer un rôle déterminant en favorisant la collaboration efficace des multiples intervenants dans un pays donné. Une paix durable doit aussi veiller aux droits fondamentaux des victimes du conflit. Les Nations Unies doivent appuyer les efforts entrepris localement pour vaincre la culture de l'impunité.

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M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré que le thème qui réunit aujourd'hui le Conseil a trait à l'une des missions les plus complexes de l'Organisation, à savoir le maintien de la paix. L'expérience a démontré que le respect d'un cessez-le-feu et l'établissement d'une opération de maintien de la paix ne suffisent pas à garantir le développement pacifique dans une société déchirée par la guerre et que trop souvent le cycle infernal de la violence est plus fort que les aspirations à la paix. C'est pourquoi, il est si important de planifier le plus tôt possible les activités de reconstruction après les conflits. La Norvège soutient pleinement les efforts déployés depuis quelques années par le Conseil de sécurité pour élargir les activités de maintien de la paix et pour intégrer dans les mandats des opérations des aspects vitaux pour la consolidation de la paix, telles que la réintégration des réfugiés, la démobilisation des combattants, la collecte des armes et le rétablissement de gouvernements légitimes. Le succès de telles mesures exige la pleine coopération des parties concernées et la prise en considération des conditions particulières à chaque situation. Il exige également une coordination étroite entre les différents départements et institutions des Nations Unies, tant au Siège que sur le terrain.

Le représentant a souligné ensuite que le nombre croissant d'armes de petit calibre est un sujet de préoccupation pour la Norvège, qui juge notamment nécessaire de renforcer le contrôle de leur circulation. La Norvège appuie, notamment, l'appel à un embargo volontaire sur la vente de ce type d'armes aux pays du continent africain proches de zones de conflit comme cela a été suggéré par les Etats-Unis. La Norvège a également créé récemment un Fonds d'affectation spéciale pour prévenir et réduire la prolifération des armes de petit calibre, a précisé M. Kolby, ajoutant que son pays a, par ailleurs, alloué 120 millions de dollars pour 1998-2002, pour des activités de déminage. Devant assurer la présidence de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en 1999, la Norvège entend en outre renforcer la coopération et le partage d'informations entre les organisations internationales et les organisations régionales telles l'OUA et l'OSCE. L'ONU a un rôle clé de coordination à jouer. Les gouvernements ont la responsabilité d'instaurer un climat propice à la stabilité et à la croissance économique, la communauté internationale a le devoir de leur fournir le soutien le plus large possible.

M. NABIL A. ELARABY (Egypte) a observé que les assertions de 1968 de l'ancien Secrétaire général, U Thant, selon lesquelles "les dispositions du Chapitre VII ont été prévues pour les situations dans lesquelles les agresseurs pouvaient être facilement identifiés et où les bons de la communauté internationale n'avaient aucun doute moral à lutter collectivement contre les mauvais", sont devenues caduques. Etant donné la complexité des conflits actuels, il faudrait élargir le concept de maintien de la paix et de la sécurité internationales afin d'affiner le rôle des Nations Unies en la matière. C'est dans ce contexte, a estimé le représentant, que les opérations de maintien de la paix ont été créées avec pour objectif de veiller à

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la cessation des actions militaires, au contrôle des cessez-le-feu et à d'autres tâches de maintien de la situation. L'expérience a montré, a poursuivi le représentant, que les opérations de maintien de la paix ne satisfont pas entièrement les exigences de la consolidation de la paix. Ce domaine requiert en effet que les Nations Unies jouent un rôle intégré, multidimensionnel et plus orienté vers l'action pour instaurer un environnement favorable à la stabilité économique et politique dans l'Etat concerné.

Les nombreux travaux qui se sont engagés autour du concept de consolidation de la paix après les conflits, concept qui a été lancé par l'ancien Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali, ont prouvé la nécessité d'affiner ce concept, sa définition, ses principes, et son champ d'application. En janvier 1997, une seule délégation s'est opposée au consensus dégagé sur la question, en s'opposant au principe selon lequel l'Assemblée générale doit jouer un rôle clé en la matière. Pour l'Egypte, a précisé le représentant, le Conseil de sécurité ne peut jouer qu'un rôle de support au rôle premier de l'Assemblée générale. Concernant principalement les aspects économiques, politiques, sociaux et humanitaires des pays concernés, la définition même du concept de consolidation de la paix ne se réfère qu'aux activités relevant strictement du mandat de l'Assemblée générale et en aucun cas de celui du Conseil de sécurité. L'inclusion de ce principe ne visait en fait qu'à maintenir un équilibre, établi par la Charte, entre les compétences du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale. Le représentant a souligné que l'Assemblée générale peut créer des opérations de maintien de la paix.

Citant les succès des opérations de consolidation de la paix, comme au Guatemala, en Haïti et dans d'autres régions, le représentant a estimé que le cas de la Somalie constitue en revanche un échec flagrant. La Déclaration du Caire, a-t-il expliqué, fournissait un cadre sûr pour une intervention des Nations Unies visant à aider les Somaliens à surmonter leurs différences et à instaurer la stabilité. La réaction des Nations Unies a donc été une grande déception pour le continent africain dans son ensemble. Pour l'Egypte, l'Organisation doit saisir cette occasion pour adopter des mesures urgentes de consolidation de la paix en appui aux Accords de paix en Somalie.

M. ERNST SUCHARIPA (Autriche), au nom de l'Union européenne, des pays d'Europe centrale et orientale, de la Bulgarie, de la République tchèque, de l'Estonie, de la Hongrie, de la Lettonie, de la Pologne, de la Roumanie, de la Slovaquie, de Chypre, des pays membres de l'association européenne de libre échange, ainsi que de l'Islande et du Liechtenstein, a déclaré que depuis quelques années les opérations de maintien de la paix deviennent de plus en plus multidimensionnelles. Le représentant a ajouté que ces opérations comprennent désormais, outre des aspects militaires, une grande variété d'autres tâches. L'Union européenne est d'avis que cet ensemble d'activités constitue un développement positif qui prouve la capacité de l'ONU de faire

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face à de nouvelles demandes. Cette diversité de fonctions des opérations de maintien de la paix rend nécessaire un entraînement spécial, une préparation et un équipement nouveau a déclaré le représentant. Au niveau du siège des Nations Unies, ces nouveaux défis requièrent une approche intégrée et coordonnée des actions qui ont une dimension à la fois politique, juridique, institutionnelle, militaire, humanitaire, économique, sociale et culturelle. Sur le terrain, le déroulement des actions est facilité par les représentants spéciaux et les coordonnateurs résidents des Nations Unies.

Le représentant s'est félicité des efforts réalisés par le Secrétaire général dans le cadre de la réforme des Nations Unies qui permettent de renforcer la capacité de l'Organisation de répondre à la complexité des conflits de l'après-guerre froide.

Le développement de la coopération, a-t-il soutenu, permettrait de consolider la paix et de renforcer la démocratie et la stabilité. L'Union européenne est donc favorable à une politique active de prévention des conflits. Quant aux peuples concernés, ils doivent jouer un rôle de premier plan dans les opérations de prévention des conflits et de construction de la paix. Celles-ci doivent être, dans la mesure du possible, fondées sur les capacités et les institutions locales, a-t-il précisé. Pour traiter des causes des conflits de façon adéquate, il faut prendre en compte l'impact sociopolitique des programmes et des mesures d'assistance. Il faut en outre, selon le représentant, que l'assistance externe vise à promouvoir un juste équilibre politique, social, économique et culturel entre les différentes parties impliquées dans le conflit. Le représentant a indiqué qu'il partageait les vues du Secrétaire général sur le caractère fondamental de la protection des droits de l'homme, de la promotion de la transparence et de la responsabilité de l'administration ainsi que du combat contre la corruption, comme autant de préalables à la promotion et au développement de la paix. Il a déclaré qu'il appuyait sans réserve les efforts des Nations Unies visant à combiner, de façon complémentaire et équilibrée, les mesures de maintien et de construction de la paix. Il n'y a pas de cadre général pour les opérations de maintien de la paix, a-t-il affirmé, et il serait vain de tenter une telle définition. Les mesures de maintien de la paix nécessitent un engagement à long terme, pragmatisme, flexibilité et créativité ainsi que la volonté de mettre en oeuvre les ressources nécessaires.

M. AHMAD KAMAL (Pakistan) a jugé ironique que le Conseil de sécurité examine aujourd'hui la question de son rôle dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales au moment même où sa capacité à le faire a été mise à rude épreuve par une action unilatérale prise sans les débats requis et son autorisation. Cet état de fait est peut-être le signal d'une nécessaire réforme des méthodes de travail du Conseil, et de ses membres, pour les rendre conformes aux aspirations et aux attentes de l'ensemble des Etats Membres des Nations Unies. Il a observé que la réduction des opérations de maintien de la paix, constatée aujourd'hui, ne signifie nullement qu'il y a moins de conflits

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dans le monde. Il témoigne simplement, selon lui, de la réticence des Nations Unies à engager de nouvelles opérations et ce, pour diverses raisons, y compris les contraintes financières. Ainsi l'échec de la communauté internationale à honorer son engagement à l'égard du peuple du Jammu-et- Cachemire a permis une intensification des tensions entre l'Inde et le Pakistan au cours des dernières décennies. Il est regrettable qu'aucun effort déterminé et soutenu n'ait été déployé par les Nations Unies pour traiter les sources de ce conflit. Etant donné la recrudescence de la tension dans la région, une demande a été adressée au Secrétaire général pour qu'il renforce la présence de l'ONU le long de la Ligne de contrôle. La demande lui a également été faite de nommer un représentant spécial pour coordonner les efforts de l'ONU dans cette région instable. Aucune suite n'a jusqu'ici été donnée à ces demandes, a souligné le représentant.

Ces demandes sont d'autant plus importantes, a-t-il poursuivi, qu'il est nécessaire aujourd'hui de dissiper les tensions qui sont nées des essais nucléaires effectués par l'Inde et le Pakistan. Dans sa grande sagesse, le Conseil de sécurité a préféré adopter une résolution sur la non-prolifération des armes nucléaires plutôt que de s'assurer de la pleine mise en oeuvre de ses propres résolutions sur le Jammu-et-Cachemire, source de tension entre les deux pays. Le conflit en Afghanistan représente un autre exemple de l'échec des Nations Unies à assumer ses responsabilités en vertu de la Charte. La communauté internationale a perdu tout intérêt de la question dès le retrait des troupes d'occupation soviétiques. La communauté internationale doit accepter le blâme pour son inaction et remédier à la situation en rétablissant la paix en Afghanistan. Le représentant a estimé que la clé d'une meilleure gestion de la paix et de la sécurité réside dans une responsabilité partagée entre l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité, en établissant un équilibre entre la composition limitée de la première instance et le poids démocratique incontesté de la seconde. Le Conseil de sécurité a trop de fois fui ses responsabilités à cause des blocages créés par le veto ou les actions unilatérales de l'un ou l'autre de ses membres ou parce qu'il a manqué du courage nécessaire à la mise en oeuvre de ses résolutions.

M. ALI HACHANI (Tunisie) a estimé que la consolidation de la paix après les conflits est si importante au maintien de la paix qu'elle constitue son pendant nécessaire, voire son corollaire. Les facettes de la consolidation de la paix sont multiples. Elles englobent des mesures qui contribuent toutes au rétablissement de la confiance, au rétablissement d'une vie normale, à la renaissance de l'espoir chez les populations, en un mot qui contribuent au retour à la normalité. Parmi ces facettes, il y a lieu de relever en particulier : le désarmement, le déminage, l'assistance consultative en matière d'organisation d'élections, le rapatriement et la réinstallation des réfugiés et des personnes déplacées et la reconstruction économique.

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La communauté internationale doit contribuer activement à ces mesures, à travers notamment le Conseil de sécurité, l'Assemblée générale et les autres organismes et institutions, a poursuivi le représentant. Un certain nombre de paramètres devraient présider à l'action déployée par la communatué internationale. En premier lieu, la limite n'est pas aussi tranchée entre le maintien de la paix dans le cadre d'une opération donnée des Nations Unies et les activités de consolidation de la paix. Avant même la fin du conflit, les besoins doivent être identifiés et les moyens de les satisfaire doivent être connus. En second lieu, il est nécessaire que tout effort de consolidation de la paix après un conflit soit mené d'une manière coordonnée entre les différents intervenants. En troisième lieu, le financement du relèvement économique dans le cadre de la consolidation de la paix après le conflit, devrait jouir d'une attention particulière. Il est nécessaire que les ressources soient disponibles rapidement et que les conditions de financement soient souples avec un taux aussi élevé que possible de concessionnalité.

Enfin, il est nécessaire de réitérer l'importance que revêtent dans toute action de consolidation de la paix, les principes du consentement des parties intéressées à recevoir toute aide de la communauté internationale, du respect de la souveraineté nationale des pays concernés et de la non- interférence dans leurs affaires intérieures. La Tunisie a participé à l'action de l'ONU dans le domaine du maintien de la paix depuis le début des années soixante. Aujourd'hui, elle prend part à trois de ces opérations par des contingents de police civile.

M. FERNANDO ENRIQUE PETRELLA (Argentine) a déclaré qu'il était nécessaire de se poser deux questions à l'égard des activités de consolidation de la paix. La première est d'établir si elles trouvent leur fondement dans la Charte et la seconde est de déterminer quel est le moment le plus propice pour les entreprendre et la manière la plus appropriée d'en garantir l'efficacité. Il est clair aujourd'hui que le concept de paix et de sécurité internationales a un caractère plus qualitatif que l'interprétation traditionnelle de l'Article 24 de la Charte. Pour ce qui est de savoir à quel moment il convient d'intervenir, l'Argentine estime que l'attitude "formelle" qui privilégie la fin juridique du conflit peut en réalité porter atteinte aux objectifs profonds de consolidation de la paix. L'expérience démontre, en effet, combien il est important de prévoir des activités de consolidation de la paix avant même cette proclamation officielle de la fin du conflit.

L'exemple de l'Amérique centrale prouve l'énorme importance qu'ont les activités de consolidation de la paix lorsqu'elles correspondent aux objectifs propres des protagonistes du conflit. Comme on a pu le voir avec les missions des Nations Unies en El Salvador ou en Haïti, la réconciliation, la démocratie, la bonne gouvernance et le développement sont les voies qui conduisent au succès, a fait observer M. Petrella. L'Argentine estime en outre qu'il faut éviter toute tendance à l'exclusion dans les activités de maintien et de consolidation de la paix. Les efforts coordonnés de l'ensemble

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de la communauté internationale et des diverses institutions du système des Nations Unies sont nécessaires. Pour que ces activités débouchent sur une réconciliation véritablement durable, il faut aussi créer les conditions à un développement durable et à la démocratie. Enfin pour ne pas être vains, tous ces efforts doivent être soutenus par des ressources, tant financières qu'humaines, suffisantes. Et à l'heure où l'on peut déceler une certaine fatigue des "donateurs", il est important d'examiner tout particulièrement cette question.

M. LEE SEE-YOUNG (République de Corée) a souligné la nécessité pour la communauté internationale d'adopter une approche intégrée afin d'assurer le rétablissement de la paix mais aussi sa consolidation dans les régions de conflit. A cette fin, la nécessité d'une coordination plus efficace entre tous les acteurs concernés sur le terrain serait indispensable. Il a plaidé pour le maintien d'une coordination étroite entre les deux organes principaux des Nations Unies, à savoir le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale. Le représentant a estimé que le renforcement des capacités locales doit être une des priorités, arguant qu'il s'agit d'une initiative aussi efficace qu'économique puisqu'elle permet d'aider les communautés locales à renforcer leurs capacités à maintenir la paix à long terme. A cet égard, l'implication des organisations régionales et sous-régionales est utile en raison de leur proximité géographique mais aussi des avantages comparatifs en matière de connaissances locales.

Etant donné le fardeau financier que représentent les activités de consolidation de la paix, le représentant a aussi jugé nécessaire d'envisager la possibilité d'engager les institutions financières internationales dans le processus et ce, dès les premiers stades. Il a enfin estimé qu'une autre priorité doit être le désarmement et la démobilisation pour éviter la résurgence du conflit et souligné l'importance du déminage pour le développement socioéconomique des pays concernés. Le représentant a conclu sur la question de la sécurité du personnel des Nations Unies et d'autres personnelS associé en appelant le Conseil à demeurer saisi de la question.

M. JARGALSAIKHANY ENKHSAIKHAN (Mongolie) a fait remarquer qu'une approche plus large du concept de sécurité exige de se pencher sur les aspects pluridimensionnels de la sécurité internationale. La période qui a suivi la fin de la guerre froide a clairement démontré le lien qui existe entre le maintien de la paix et la sécurité et la consolidation de la paix après les conflits. La Mongolie estime que les éléments principaux des activités de reconstruction post-conflit devraient être pris en compte, voire inclus dans les règlements ou accords de paix. Il a souligné qu'avec l'interdépendance croissante entre les Etats et la mondialisation, les sources de menace contre la paix et la sécurité n'ont fait qu'augmenter. Cette situation amène la communauté internationale à devoir examiner correctement les causes socioéconomiques de nombreux conflits. Les causes profondes des conflits,

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à savoir les problèmes politiques, économiques, sociaux et ethniques, doivent retenir l'attention et être réglés. Sans cela, aussi importantes et précoces soient-elles, les mesures prises en faveur de la paix ne seront que demi- succès, a mis en garde M. Enkhsaikhan. A cet égard, le Conseil de sécurité mais aussi tous les organes compétents des Nations Unies, tels l'Assemblée générale, le Conseil économique et social, les institutions pour le développement ainsi que les organisations régionales et la communauté des donateurs, jouent un rôle essentiel. La réforme actuelle de l'Organisation devrait d'ailleurs être l'occasion d'examiner les moyens de renforcer l'efficacité des Nations Unies en matière de développement.

Mme JELENA GRCIC POLIC (Croatie) a indiqué que la situation actuelle en Iraq est un rappel poignant de la nécessité de procéder à des discussions de fond sur le maintien de la paix et de la sécurité. De nombreuses questions relatives au rôle des Nations Unies et du Conseil de sécurité par rapport au rôle des organisations régionales doivent encore être réglées. La question se pose également de déterminer quand s'achève un conflit. Est-ce avec la fin des combats ou plutôt avec le règlement de ses causes souterraines? De l'avis de la Croatie, ce dernier aspect est le plus important pour garantir la paix et la sécurité internationales, et ce tant une fois le conflit achevé qu'avant même qu'il n'éclate. L'ex-Yougoslavie en constitue à cet égard, l'exemple négatif, a fait observer la représentante.

La phase de reconstruction de la paix est tout aussi importante que la cessation des combats. Traditionnellement, une société recouvrant d'un conflit est affaiblie, ses infrastructures sont détruites, ses ressources très faibles et les droits de l'homme n'y sont pas suffisamment protégés alors que les souvenirs douloureux sont encore frais. C'est pourquoi, la Croatie appuie pleinement les propositions du Secrétaire général qui reconnaissent que la reconstruction de la paix exige à la fois une stratégie politique de renforcement et des programmes d'aide, prenant en considération les questions humanitaires et relatives aux droits de l'homme, ainsi que des programmes de développement. Il est de première importance d'assurer une assistance constante à des Etats, comme la Bosnie-Herzégovine, par exemple, afin qu'ils remplissent leurs obligations. De même le long processus de reconstruction et de réconciliation, qui a lieu en Croatie actuellement, n'en sera qu'accéléré s'il est soutenu par la communauté internationale. Le rétablissement de la vérité ainsi que la condamnation des responsables de violations du droit humanitaire sont deux autres conditions essentielles au rétablissement de la paix. La Cour pénale internationale peut dans ce contexte avoir un rôle utile, à condition toutefois qu'elle évite les pièges dans lesquels est tombé le Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie, a mis en garde Mme Polic. Le Conseil de sécurité ne peut en effet se permettre que certains Etats et entités lui refusent leur coopération.

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M. GABRIEL SAM AKUNWAFOR (Nigéria) s'est félicité que le système des Nations Unies accorde une attention particulière aux causes profondes des conflits en Afrique afin de définir des stratégies de règlement. Il a estimé que les conséquences à court, moyen et long termes des conflits exigent une approche intégrée qui inclut un large éventail d'activités en matière d'assistance humanitaire et au développement. Les activités de consolidation de la paix qui constituent une stratégie de prévention à long terme, doivent être promues vigoureusement en tenant compte des circonstances spécifiques de chaque cas. Le représentant a poursuivi en affirmant que la reconstruction économique, la réhabilitation des services de santé et d'éducation et la sécurité des personnes et des biens peuvent contribuer à une cessation irréversible des hostilités et à la consolidation de la paix, condition préalable à un développement et à une croissance durables. La participation des pays donateurs, des ONG et des gouvernements hôtes dans le processus est d'une importance cruciale pour le succès des opérations comme l'a montré l'expérience dans certains pays de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

En Sierra Leone et au Libéria, a poursuivi le représentant, les Nations Unies et le Groupe d'observateurs militaires de la CEDEAO (ECOMOG) se sont sérieusement impliqués dans les activités de consolidation de la paix. Ce type de coopération entre le Conseil de sécurité et une organisation régionale mérite l'appui de la communauté internationale, a-t-il estimé. Dans ce contexte, il a lancé un appel urgent au Conseil pour qu'il assure à l'ECOMOG l'appui logistique, financier et technique qui lui fait cruellement défaut dans l'exécution de son mandat.

Le représentant a attiré l'attention du Conseil sur la déclaration présidentielle du 6 novembre dernier concernant la mise en oeuvre de l'Accord d'Abuja sur la crise en Guinée-Bissau. Si le cessez-le-feu se maintient, a ajouté le représentant, il faut avouer que la situation reste tendue et peut exploser à tout moment. Un déploiement rapide de la force d'interposition de la CEDEAO est essentiel au rétablissement et à la consolidation de la paix dans ce pays, a-t-il souligné en rappelant à la communauté internationale les risques inhérents au déploiement d'une opération sans ressources adéquates et le fait que face à une menace à la paix et à la sécurité internationales, l'inaction est inacceptable.

M. JAN VARSO (Slovaquie) a souligné que, face à des conflits prenant des formes multiples et variées, les opérations de maintien de la paix sont, pour l'ONU, un instrument clé. Les arrangements régionaux constituent déjà une partie intégrante des efforts communs déployés par la communauté internationale pour préserver la paix et la sécurité dans le monde. La Slovaquie soutient pleinement la coopération accrue entre les Nations Unies et les organisations régionales, notamment en matière de détection précoce, de prévention, de gestion et de règlement d'une crise et de réhabilitation

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après les combats. C'est pourquoi, les Nations Unies et la communauté internationale devraient fournir toute l'aide nécessaire à ces mécanismes régionaux, qui manquent singulièrement de ressources.

Il est indéniable que la consolidation de la paix après un conflit est une des étapes essentielles permettant de réduire le risque de toute reprise des combats. Les efforts de reconstruction de la paix devraient donc tenir compte des facteurs allant des causes du conflit à la création des conditions de réconciliation, la reconstruction et la réhabilitation des capacités nationales. L'expérience a montré à plusieurs reprises que l'aide humanitaire joue un rôle très important à toutes les étapes du conflit et est un élément complémentaire irremplaçable de toute action globale de la communauté internationale en faveur du règlement des différends. La Slovaquie estime cependant que l'élément essentiel du règlement des conflits est la volonté politique dont doit faire preuve les parties concernées. Parallèlement la communauté internationale doit démontrer sa volonté d'agir en garantissant aux Nations Unies les ressources nécessaires pour faire face aux conflits.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a estimé que les conflits interétatiques, la misère, les violations des droits de l'homme, l'ethnicité et la xénophobie ainsi que les menaces à la paix et à la sécurité internationales sont devenus le pain quotidien de l'époque actuelle. Il a estimé que le renforcement de la paix et de la sécurité internationales est d'abord tributaire de l'absence d'une culture de la paix et de la non- violence. Une telle culture vise le développement de l'homme et, par la participation démocratique qu'elle implique, elle contribue à surmonter les structures autoritaristes. La culture de la paix va à l'encontre de la pauvreté et des inégalités et promeut le développement. Elle célèbre la diversité, la compréhension et la tolérance et réduit les inégalités entre les hommes et les femmes. Le Bangladesh, a dit le représentant, tient la culture de la paix pour un moyen efficace de minimiser et de prévenir la violence et le conflit dans le monde actuel. Dans les pays en développement, les conflits trouvent leur source dans la pauvreté, la faim, l'ignorance mais également dans l'absence de responsabilité dans l'exercice du pouvoir politique. Il faut donc traiter les sources de conflits d'une manière globale. La transition d'une opération de maintien de la paix à une opération de consolidation de la paix, a poursuivi le représentant, mérite une attention soutenue de la communauté internationale. Mal gérée, une telle transition peut compromettre gravement la paix et la sécurité. On a trop souvent vu des sociétés qui à peine sorties des conflits, doivent faire face à d'autres qui, cette fois, sont d'ordre interétatique ou intercommunautaire.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a estimé que les activités de maintien de la paix constituent la véritable raison d'être des Nations Unies. Il apparaît, aujourd'hui, la nécessité de concevoir un système plus viable de sécurité collective auquel tous les Etats Membres pourraient prendre part dans la mesure de leurs capacités. Ainsi la mission de rendre le monde plus sûr

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serait partagée de manière équitable, a déclaré le représentant. Si l'Indonésie partage pleinement l'opinion du Secrétaire général selon laquelle une paix durable passe par le règlement des problèmes socio-économiques, culturels et humanitaires, elle estime toutefois que toute action du Conseil de sécurité doit se faire dans la limite du mandat défini par la Charte et de la participation plus large des Etats Membres, personnifiée par l'Assemblée générale.

Dans tous les efforts en vue de résoudre les conflits et de maintenir la paix et la sécurité, les organisations régionales ont une position unique leur permettant de proposer des solutions viables. C'est pourquoi, une coopération et une coordination étroite entre les organisations régionales et le Conseil de sécurité pourraient améliorer de manière substantielle les chances de régler les conflits, sans ingérence dans les affaires intérieures. Ni les Nations Unies, ni les organisations régionales ne peuvent imposer des mesures préventives sans le consentement des parties au conflit. L'Indonésie estime également de première importance que la notion traditionnelle des opérations de maintien de la paix soit maintenue. De manière générale les activités de maintien de la paix exigent l'élaboration de programmes bien structurés et complets, et établis grâce à la concertation. La forme de développement choisie par les pays en question doit en effet toujours être respectée, et en particulier au moment de la transition de la cessation des combats vers la reconstruction de la paix. Dans la mesure où le maintien de la paix englobe des aspects à la fois économiques, sociaux, humanitaires et militaires, l'Indonésie estime qu'il ne devrait pas relever de la responsabilité exclusive du Conseil de sécurité. Il faudrait en fait une plus grande coordination et interaction entre l'Assemblée générale et le Conseil, a conclu le représentant.

M. VOLODYMYR YU. YEL'CHENKO (Ukraine) a jugé surmontables les divergences entre les Etats Membres sur les responsabilités et la compétence des principaux organes des Nations Unies dans les activités de consolidation de la paix. Il a ainsi émis le voeu que la réunion du Conseil contribuera à la reprise des efforts visant à l'élaboration d'un cadre stratégique pour ces activités. Ces activités, a poursuivi le représentant, ont d'ailleurs une place spéciale parmi les instruments de maintien de la paix et de la sécurité et ce, parce qu'elles répondent aux besoins dans les domaines politique, économique et social. Ayant pour mandat de finaliser le succès des opérations de maintien de la paix, les activités de consolidation de la paix doivent être lancées après examen approfondi des conditions nécessaires au déploiement. Le représentant a poursuivi en se disant convaincu que les Nations Unies doivent garder le premier rôle dans la coordination et l'établissement de principes directeurs dans les processus après les conflits. Pour lui, l'ONU offre le meilleur cadre. Il a ainsi estimé que les Nations Unies doivent effectuer un contrôle politique constant du processus de formation des nouveaux Etats émergeant généralement après les conflits. Une telle initiative doit devenir

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une partie intégrante des stratégies de l'ONU en matière d'activités de consolidation de la paix, a souhaité le représentant en ajoutant qu'un tel contrôle devrait être effectué par un organe particulier des Nations Unies, comme par exemple le Conseil de tutelle.

M. JOHN H. CRIGHTON (Australie) a déclaré que si le maintien de la paix est l'une des fonctions solennelles du Conseil de sécurité, il relève aussi de la responsabilité partagée de tous les Etats Membres de l'Organisation. La communauté internationale a aujourd'hui conscience que la pauvreté, les différences ethniques, les violations des droits de l'homme et la chute des gouvernements sont autant de facteurs qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales et sont des sources de conflit au même titre que les causes traditionnelles d'ordre territorial ou idéologique. Bien que les objectifs de développement social et économique soient des éléments centraux des activités de l'ONU, trop souvent encore ils ne sont pas considérés comme s'intégrant à part entière dans le maintien de la paix et de la sécurité. Or l'expérience des Nations Unies ces cinquante dernières années démontre qu'une approche plus globale et intégrée est d'une importance capitale pour les efforts de paix. Il ne s'agit pas d'une tâche facile, a reconnu le représentant, précisant qu'elle exige une grande coopération des parties concernées, une compréhension commune des objectifs nationaux et des priorités, ainsi qu'un engagement et des ressources importantes.

La distinction entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix n'est plus aussi nette qu'auparavant, a poursuivi M. Crighton. Chaque cas auquel l'Organisation est confrontée est différent et à chaque fois, elle doit y répondre en faisant preuve de souplesse et de réalisme. Cela constitue un défi non pas seulement pour le Conseil de sécurité mais pour l'ensemble des membres de l'Organisation. Il faut donc que l'Organisation garantisse la cohérence de toutes ses activités. Les Nations Unies ne peuvent toutefois relever ce défi seules, elles ont pour cela besoin du soutien des parties et des populations locales concernées. A ce niveau, les organisations régionales ont un rôle important à jouer. L'Australie estime que le présent débat est une réponse appropriée aux appels des Etats Membres pour une plus grande ouverture et transparence du Conseil. Lorsqu'ils sont possibles, de tels débats permettent au Conseil de prendre véritablement le pouls de l'ensemble des Etats Membres de l'Organisation et de bénéficier de leur connaissance et de leur expérience. Ce dont il ne peut se passer s'il veut effectivement résoudre des questions de plus en plus complexes, a conclu le représentant.

M. KAMALESH SHARMA (Inde) a fait état des points de divergence quant à la répartition des rôles entre le Conseil de sécurité et l'Assemblée en matière de consolidation de la paix. Il a attiré l'attention des délégations sur la position du Mouvement des pays non alignés qui s'est prononcé pour une prééminence de l'Assemblée en la matière. Expliquant ses propos, le représentant a comparé le Conseil de sécurité au Ministère de l'intérieur

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d'un gouvernement. Les conflits trouvant leur source dans le social et l'économique, la responsabilité de la consolidation de la paix ne peut revenir à un Ministère de l'intérieur dont le rôle se limite aux fonctions policières. Les Etats qui acceptent un fonctionnement contraire sont qualifiés d'Etat policier, a ironisé le représentant. Les activités de consolidation de la paix, a-t-il poursuivi, touchent trois domaines principaux : la sécurité, le bien-être des populations et la justice. Les menaces pesant sur la consolidation de la paix pour leur part sont d'abord la menace nucléaire, la confrontation armée traditionnelle et la violence intérieure comme le terrorisme ou les régimes répressifs. La possibilité du recours à l'arme nucléaire est la plus déstabilisante de toutes les menaces et il est ironique de constater que les membres permanents du Conseil sont les premiers détenteurs d'armes nucléaires qu'ils continuent à développer et à améliorer. Quant au risque d'une confrontation traditionnelle, il faut aussi souligner que ces mêmes membres dominent le commerce dans ce domaine. Comment parler de consolidation dans ces conditions, s'est demandé le représentant, en invitant le Conseil à réfléchir sur lui-même.

Plus d'une fois, l'assistance humanitaire fournie dans le cadre des opérations de maintien de la paix a été qualifiée de partisane. Il serait regrettable que la même question se pose en matière de consolidation de la paix tant il est vrai que le fonctionnement du Conseil peut prêter à controverse. L'attaque contre l'Iraq par exemple pose des problèmes fondamentaux. Il s'agit d'un conflit découlant d'une décision unilatérale prise par certains membres du Conseil. Le point de vue de la majorité n'a encore une fois pas été entendu. Au vu de cette situation, soit le Conseil reconnaît son incapacité d'agir et perd son autorité morale soit il choisit de se lancer dans une voie qui n'est conforme ni aux réalités ni aux voeux de la communauté internationale. L'attaque contre l'Iraq pose aussi la question de l'utilité des sanctions. Si la consolidation de la paix signifie qu'il faut répondre aux besoins des populations touchées par un conflit, alors les sanctions vont à l'encontre des objectifs énoncés. Le Conseil doit affirmer son autorité et prendre des décisions pour lever les sanctions au risque de voir s'atténuer sa capacité à diriger la communauté internationale.

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