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SG/SM/6821

LES PRINCIPES DE LA DECLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'HOMME SE RETROUVENT DANS TOUTES LES GRANDES RELIGIONS NOTAMMENT DANS LE MONDE ISLAMIQUE

16 décembre 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6821


LES PRINCIPES DE LA DECLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'HOMME SE RETROUVENT DANS TOUTES LES GRANDES RELIGIONS NOTAMMENT DANS LE MONDE ISLAMIQUE

19981216 Devant le Conseil de coopération du Golfe, le SG rappelle les mots du Prophète "Tous les hommes sont égaux, comme le sont les dents d'un peigne"

On trouvera ci-après le texte de l'allocution que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a prononcée à l'occasion de la dix-neuvième Réunion au sommet du Conseil de coopération du Golfe, qui s'est tenue à Abou Dhabi le 7 novembre :

Je voudrais tout d'abord remercier S. A. le cheikh Zayed Bin Sultan Al-Nahyan, hôte de cette réunion et président entrant du Conseil de coopération du Golfe (CCG), ainsi que le Gouvernement et le peuple des Émirats arabes unis pour leur chaleureuse hospitalité. La gentillesse avec laquelle j'ai été accueilli à chacun de mes voyages dans cette région m'a toujours profondément touché. Aujourd'hui, j'ai non seulement l'honneur d'être le premier Secrétaire général à prendre la parole devant le Conseil mais aussi la grande joie de retrouver ici un grand Africain, Nelson Mandela.

Votre région a su accomplir des progrès remarquables dont le monde entier peut témoigner. À peine 30 années ont suffi pour qu'un nouveau monde surgisse tout au long de la Corniche, et là où il n'y avait auparavant que quelques petits immeubles à un étage, se dressent désormais de majestueuses tours. Cette métropole qui jouxte les eaux azurées du Golfe est la preuve vivante de l'importance vitale de cette voie navigable.

Malheureusement, on assiste en même temps à une nouvelle exacerbation des tensions dans la région, pour des raisons que vous ne connaissez que trop bien. L'expérience particulièrement traumatisante qu'ont vécue tous les pays du Golfe voilà huit ans a laissé des traces dont nous subissons encore les conséquences aujourd'hui.

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Lorsque je me suis rendu à Bagdad en février, c'était en réponse aux nombreux appels lancés de par le monde, y compris par vos gouvernements, en faveur d'une solution pacifique à la crise en Iraq. Le Mémorandum d'accord qui avait alors été signé offrait une base solide devant permettre d'éviter toute nouvelle confrontation et d'aller de l'avant.

Mais, comme je l'avais clairement fait entendre à ce moment-là, c'était à l'Iraq qu'il appartenait de progresser sur cette voie, celle de la coopération et du respect des engagements contractés. C'est pourquoi j'ai été attristé et accablé par la décision que ce pays a prise, en octobre, de ne pas coopérer avec la Commission spéciale des Nations Unies.

L'Iraq prétend depuis longtemps qu'il veut voir le bout du tunnel. Nous savons tous que les sanctions sont un instrument peu précis et qu'elles infligent inévitablement des souffrances aux civils innocents, notamment aux femmes, aux enfants, aux personnes âgées et autres groupes vulnérables. Afin d'atténuer, dans la mesure du possible, ces conséquences fâcheuses de l'application des sanctions, le Conseil de sécurité a adopté, il y a déjà plus de deux ans, la résolution 986, dans laquelle il autorise la vente de pétrole iraquien pour payer les importations de denrées alimentaires, de médicaments et autres produits essentiels destinés à la population iraquienne. Sur ma recommandation, il a autorisé, en janvier, un important élargissement de ce programme pétrole contre nourriture afin de répondre à un certain nombre de besoins essentiels non satisfaits.

Mais le but ultime est bien entendu la levée des sanctions, le plus rapidement possible, afin que l'Iraq puisse retrouver sa place dans la communauté des nations. La décision du Conseil de sécurité de procéder à un examen d'ensemble des obligations qui incombent à l'Iraq offre à ce pays une réelle occasion d'atteindre cet objectif. Toutefois, permettez-moi de dire encore une fois ce que je n'ai cessé de répéter : le seul moyen de réaliser cet objectif est que l'Iraq respecte pleinement les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Je suis reconnaissant à tous les États membres du CCG d'avoir rejoint le concert des nations à cette occasion.

L'appui fourni à la Commission spéciale par le Gouvernement du Bahreïn en tant que pays d'accueil de son bureau extérieur est une contribution précieuse aux efforts que déploie l'Organisation des Nations Unies. Pour cela, l'Organisation a envers lui une dette de reconnaissance.

N'oublions pas non plus que la résolution 687 a également pour objectif "la création au Moyen-Orient d'une zone exempte d'armes de destruction massive" et "une maîtrise générale et équilibrée des armements dans la région" en employant à cette fin "tous les moyens disponibles, notamment l'instauration d'un dialogue entre les États de la région". La réalisation de

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cet objectif constituerait une véritable bénédiction, non seulement pour les peuples du Moyen-Orient, mais pour l'humanité tout entière et il est rassurant de savoir que les membres du CCG se sont fermement engagés dans cette voie.

La semaine dernière nous avons célébré, une fois de plus, l'anniversaire d'un autre événement de l'histoire du Moyen-Orient. Voilà 51 ans, le 29 novembre, l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies a adopté une résolution qui, si elle avait été appliquée, aurait partagé la Palestine en deux États, un État arabe et un État juif, coexistant pacifiquement.

Année après année, cet anniversaire vient rappeler à la communauté internationale que plus d'un demi-siècle après, la question de Palestine n'est toujours pas résolue.

Depuis mon entrée en fonctions, je me suis efforcé d'appuyer le processus de paix au Moyen-Orient, et de mobiliser les ressources du système des Nations Unies pour contribuer à l'instauration d'un environnement économique et social propice à la paix. Comme moi, vous pouvez témoigner des souffrances et des misères causées par des décennies de conflit, et des aspirations de chacune des parties à un avenir de paix.

Lors de ma visite dans la région au printemps dernier, j'ai exhorté les chefs de toutes les parties concernées à continuer de construire sur la base des acquis du processus de paix, à ne ménager aucun effort pour reprendre sérieusement les négociations et à prendre les décisions difficiles qui s'imposent pour progresser sur la voie de la réconciliation et de la coopération.

La signature récente du Mémorandum de Wye River par Israël et l'Organisation de libération de la Palestine, après de longs mois d'incertitudes et d'inquiétudes quant à l'avenir du processus de paix, est un acte prometteur.

Je sais que le retard pris dans l'application sans restriction des accords de Wye River ne manque pas de vous préoccuper et que vous avez prié instamment Israël de mettre en oeuvre les accords signés avec les Palestiniens et de relancer les négociations avec la Syrie et le Liban.

Nous espérons sincèrement que cet accord sera respecté sous tous ses aspects et qu'il permettra une reprise des négociations à tous les niveaux.

Cependant, des actes de violence imputables à des éléments opposés au processus de paix continuent de faire des morts et d'entraver tout progrès. Ils doivent être condamnés tout autant que les actes de terrorisme, quel que soit l'endroit où ils sont commis et quels qu'en soient les auteurs.

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J'engage de nouveau toutes les parties à ne pas se laisser influencer par de tels incidents, mais à redoubler d'efforts afin de trouver une solution durable au conflit. Il est également essentiel d'instaurer les conditions politiques et économiques qui permettront de concrétiser ces espoirs. Une rapide amélioration des conditions de vie dans les territoires palestiniens est un corollaire indispensable aux négociations de paix.

Il est tout aussi urgent de réaliser des progrès véritables dans les domaines de l'emploi, de la santé, de l'éducation, des droits de l'homme et du développement industriel et commercial. Malgré les efforts que déploient de nombreux donateurs et les organismes des Nations Unies présents sur le terrain, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la situation actuelle et jeter les bases solides qui permettront de bâtir un avenir meilleur. J'espère que vous appuierez tous généreusement les travaux de l'Organisation des Nations Unies à cet égard.

Dans ces conflits comme dans tous les autres, dans cette région comme partout ailleurs, ce sont les parties elles-mêmes qui détiennent la clef de la paix car elles connaissent et comprennent mieux que quiconque le prix des affrontements. Mais les fruits de la paix, à savoir être libéré de la peur et ne plus être privé des nécessités les plus élémentaires, sont des aspirations dont nul ne saurait nier la légitimité.

Á cet égard, l'histoire de ce conseil est une leçon à retenir. Nous pouvons tous nous inspirer de la détermination affichée par le CCG dans la recherche d'une solution pacifique aux différends territoriaux. La question d'Abou Moussa, des îles de la Grande Tumb et de la Petite Tumb constitue un exemple en la matière. Je vous encourage tous à persister dans votre détermination à résoudre les problèmes territoriaux par des moyens pacifiques.

C'est pourquoi je voudrais louer la sagesse des Émirats arabes unis, qui ont accueilli de très nombreux expatriés iraniens et qui entretiennent des liens commerciaux très étroits avec la République islamique, d'avoir opté pour la solution du dialogue avec Téhéran en vue de trouver une solution satisfaisante pour les deux parties au litige.

Je me félicite également que l'Arabie saoudite et l'Iran aient engagé, à l'issue de la Conférence islamique au sommet, tenue à Téhéran il y a un an, un dialogue fructueux qui profitera à l'ensemble de la région.

J'ai eu la chance de rencontrer à nouveau le Président Khatami, lorsqu'il a assisté à l'Assemblée générale, en septembre dernier, le premier responsable iranien à le faire depuis de nombreuses années. Je suis certain que la politique adoptée par le Président et son gouvernement contribuera à renforcer la stabilité de la région.

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Des organisations régionales telles que le CCG sont les partenaires et les alliés les plus précieux de l'Organisation des Nations Unies; elles permettent tant de compléter que de soutenir les activités de l'Organisation. Leur rôle essentiel est d'ailleurs envisagé par la Charte des Nations Unies.

Nombre de ces organisations sont dotées d'un statut d'observateur auprès de l'Assemblée générale de l'ONU, et, si le Conseil de coopération du Golfe décidait de les rejoindre, nous ne pourrions que nous en réjouir.

Aux termes de sa charte, le Conseil de coopération du Golfe a pour principal objectif la coordination, la coopération et l'intégration de ses efforts dans tous les domaines. Les succès que vous avez remportés, tant en ce qui concerne les stratégies visant à assurer la sécurité que dans les secteurs de l'industrie, de l'éducation et de l'environnement, sont les éléments constructifs dont la région a besoin pour instaurer la stabilité.

Alors que l'incertitude continue de prédominer, le partenariat entre l'Organisation des Nations Unies et le Conseil de coopération du Golfe revêt une importance capitale, notamment dans le domaine de la recherche de la paix et de la diplomatie préventive. L'enjeu que représentent la prévention et le règlement des conflits se situe au coeur même de la mission qui nous a été confiée.

Les défis mondiaux que nous devons relever aujourd'hui exigent que la communauté internationale jette des ponts entre les régions et les sous- régions. Ces derniers ouvriront la voie à une coopération bilatérale dans laquelle chaque pays peut et doit jouer un rôle, en mettant à profit les moyens et les atouts dont il dispose.

Dans trois jours, la communauté internationale célébrera un événement marquant : le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Un an plus tôt, à l'occasion de la Journée des droits de l'homme, j'ai prononcé, devant les étudiants de l'Université de Téhéran, le discours d'ouverture des célébrations mondiales qui devaient se dérouler tout au long de l'année.

J'ai alors déclaré que les droits de l'homme étaient l'expression des traditions de tolérance qui, dans toutes les cultures, constituent le fondement de la paix et du progrès.

Bien compris et correctement interprétés, les droits de l'homme ne sont étrangers à aucune culture et trouvent leur origine dans tous les pays. C'est dans leur universalité qu'ils puisent leur force et c'est elle qui leur donne cette capacité de transcender les frontières, de franchir les sommets les plus hauts, de défier tout pouvoir.

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La Déclaration universelle est elle-même le fruit des réflexions d'un groupe représentatif d'éminents intellectuels, dont beaucoup n'étaient pas occidentaux. Dans l'accomplissement de cette mission historique, ils se sont fondés sur la mémoire récente de la guerre mondiale et sur les anciens enseignements de la paix universelle.

Les principes consacrés par la Déclaration universelle sont profondément ancrés dans l'histoire de l'humanité.

On les retrouve dans toutes les grandes traditions culturelles et religieuses du monde, notamment dans le monde islamique et les pays arabes. N'oublions pas que c'est le prophète Mohammed, que la paix soit avec lui, qui a déclaré : "Tous les hommes sont égaux, comme le sont les dents d'un peigne". Soyons attentifs lorsque le Coran nous dit "Tous les croyants, hommes et femmes, sont responsables les uns des autres".

L'année qui vient de s'écouler a été une année d'espoir. Je souhaite qu'il en soit ainsi chaque année, afin de prouver au monde que les droits de l'homme sont inaliénables partout où vivent et respirent des êtres humains.

Tel est le défi que nous devons relever. Faire que cet espoir devienne réalité.

Faisons donc en sorte que chaque jour compte dans la lutte pour l'universalité des droits fondamentaux, jusqu'à ce que plus un seul homme ne soit torturé, qu'aucune femme ne soit maltraitée, que tous les enfants puissent jouir de leur dignité, et que les droits de l'homme soient reconnus à tous les êtres humains.

Continuons de bâtir des ponts qui nous unissent et de les renforcer. Agissons en partant du principe que, dans ce monde, nous sommes tous responsables les uns des autres. Oeuvrons ensemble pour la paix. Choukran, Wassalamu Alaikum.

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