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LE GROUPE DE TRAVAIL SUR L'INFORMATIQUE REUNIT POUR LA PREMIERE FOIS LES COORDONNATEURS NATIONAUX CHARGES DU BOGUE DU MILLENAIRE

11 décembre 1998


Communiqué de Presse
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LE GROUPE DE TRAVAIL SUR L'INFORMATIQUE REUNIT POUR LA PREMIERE FOIS LES COORDONNATEURS NATIONAUX CHARGES DU BOGUE DU MILLENAIRE

19981211 Le coût de la compatibilité informatique engendré par le passage à l'an 2000 est estimé entre 600 et 1 400 milliards de dollars

Le Groupe de travail à composition non limitée sur l'informatique du Conseil économique et social a tenu ce matin une réunion consacrée au problème de compatibilité informatique posé par le passage à l'an 2000. Ce phénomène est également appelé "bogue du millénaire" ou A2M. La réunion a été consacrée plus particulièrement à la coopération internationale, au dispositif d'intervention pour protéger les secteurs prioritaires et aux dispositions à prendre en cas de sinistre généralisé. Le Groupe a entendu son Président, M. Ahmad Kamal (Pakistan), qui a expliqué que cette réunion a associé, pour la première fois, les coordonnateurs nationaux du monde entier chargés de cette question et des spécialistes du problème posé par le passage à l'an 2000. Nous savons tous que nous sommes engagés dans une course contre la montre, a déclaré le Président tout en ajoutant que nous devons maintenant garantir un niveau élevé de compatibilité des systèmes informatiques avant la date butoir du 31 décembre 1999 et mettre en place des plans d'urgence en cas de crise.

Le Secrétaire général adjoint à l'administration et à la gestion, M. Joseph E. Connor, a indiqué que le coût de ce défi, le plus important en cinquante ans d'histoire de l'informatique, pourrait se situer entre 600 et 1400 milliards de dollars. Il a fait le bilan de l'état de préparation de chaque secteur d'activités. Ainsi, les secteurs de la finance, de la banque, de l'assurance et des compagnies aériennes semblent les mieux préparés tandis que les services de santé, les petites et moyennes entreprises, l'agriculture et le bâtiment seraient les moins aptes à faire face à ce phénomène.

La prochaine réunion du Groupe de travail aura lieu cet après-midi à 15 heures.

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Déclaration du Président du Groupe de travail sur l'informatique

M. AHMAD KAMAL (Pakistan) a expliqué que cette réunion, en dépit de ses moyens modestes, s'apparente à une véritable conférence mondiale sur le problème de conformité informatique posé par le passage à l'an 2000, appelé "bogue du millénaire" ou "A2M", qui réunit pour la première fois les coordonnateurs nationaux du monde entier sur ce sujet. Nous savons tous que nous sommes engagés dans une course contre la montre. Malgré les efforts déployés à titre individuel ou par des institutions, nous sommes encore loin d'être sûrs de pouvoir résoudre le problème avant le 31 décembre 1999. Nous devons donc maintenant garantir un niveau élevé de compatibilité des systèmes informatiques avant la date butoir et mettre en place des plans d'urgence en cas de crise. Il ne sert à rien de nous plaindre des raisons qui nous ont amenées à cette situation. Est-ce la faute des concepteurs de programmes informatiques, de nous mêmes qui avons sous-estimé l'importance des puces électroniques, d'un manque de compréhension du haut degré d'interaction de nos vies, de notre attitude légère face à ce problème. Il n'est pas non plus utile d'essayer d'évaluer l'ampleur du bogue ou le coût de ce phénomène. Il s'agit avant tout d'y trouver une solution et nous avons un maximum de douze mois pour le faire.

Le problème de l'A2M est lié aux chiffres de l'année et pas nécessairement à la date, a expliqué M Kamal. Par exemple, les pays dont les budgets fiscaux ne suivent pas les années comptables, mais qui sont établis de milieu d'année en milieu d'année, seront confrontés à ce problème dès le début de leur année fiscale. Ils seront donc confrontés au bogue du millénaire avant le début de l'an 2000. Le prochain millénaire est plus proche que nous le pensons. Cette réunion nous permettra de discuter des divers aspects de ce problème, des nouveaux dangers et du travail qui a déjà été réalisé par les Etats Membres et ce que nous pouvons apprendre de l'expérience des autres dans le domaine de la planification en cas de situation d'urgence.

Déclaration du Secrétaire général adjoint à l'administration et à la gestion

M. JOSEPH E. CONNOR, qui appuyait chacun des points de son discours par une projection de diapositives, a expliqué qu'il est encore impossible de prédire les conséquences du passage à l'an 2000. Le changement de date pourra paralyser notre civilisation du jour au lendemain, perturber les systèmes informatiques les plus simples, ou rien de tout cela. Il nous reste 386 jours d'ici là, dont 260 jours ouvrables, ce qui nous donne peu de temps pour prendre les mesures nécessaires. L'A2M est le défi le plus important en 50 ans d'histoire de l'informatique. Le coût mondial pour remédier à ce problème pourrait atteindre 600 milliards de dollars. Les frais de justice pourraient ensuite porter ce chiffre à 1400 milliards de dollars. Nous savons également que même en nous préparant, certains aspects, qui ne se manifesteront qu'au passage au nouveau millénaire, risquent de nous échapper, a fait remarquer

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M. Connor. Les Nations Unies ont pris des mesures afin de s'assurer que leurs propres systèmes informatiques sont compatibles avec l'A2M. Mais l'Organisation, comme de nombreuses autres institutions ou entreprises, possède des succursales et entretient des rapports avec d'autres organisations sur lesquelles elle n'a pas de contrôle. De l'avis de M. Connor, deux éléments caractérisent l'A2M. Tout d'abord, bien que les conséquences des problèmes les plus fréquents peuvent être prédites, le manque d'expérience de ce genre de situation ne permet pas d'envisager toutes les pannes. Le changement de date est la seule certitude. Des dysfonctionnements pourraient se produire dans plusieurs endroits au même moment. Dans un monde organisé en réseaux de plus en plus serrés, des données incompatibles pourraient produire un "effet domino", affectant même les systèmes mis en conformité avec le changement de date. En outre, toutes les pannes ne vont pas se produire le 31 décembre 1999. Certaines se produisent déjà, par exemple, avec les cartes de crédit rejetées à cause de leur date d'expiration. D'autres problèmes imprévus vont apparaître au fur et à mesure.

Le rapport de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), intitulé "Le problème de l'an 2000 : impacts et actions" publié début octobre 1998 constitue un bon résumé de l'état de préparation du monde face à cette situation. Ce rapport insistait sur l'importance de la coopération internationale. Des tests bilatéraux et multilatéraux sont nécessaires compte tenu de l'aspect mondial du problème. M. Connor a indiqué que de nombreux Gouvernements ont investi d'énormes ressources intellectuelles et financières pour résoudre ce problème, mais cela ne suffira peut-être pas. L'"effet domino" pourra causer des dysfonctionnements affectant les systèmes mis en compatibilité informatique avec les autres. Il faut se rendre compte que certaines installations cesseront de fonctionner. Il a cité l'exemple du transport aérien. Les experts de la plupart des grandes compagnies indiquent que leurs systèmes seront prêts au passage à l'an 2000 mais s'inquiètent du fait que des centaines de systèmes de contrôle de trafic aérien échappant à leurs opérations ne le seront peut-être pas.

Un certain nombre de pays, selon des articles de presse, ont élaboré des plans pour faire face à la panique et au désordre public qui sera causé par les retraits massifs dans les banques ou par les pillages. Selon les informations de l'OCDE, le secteur des finances, de la banque, des assurances, des compagnies aériennes a développé un haut degré de compatibilité informatique. La compatibilité du secteur des télécommunications, manufacturier, énergétique, et portuaire est d'un niveau moyen tandis que celle des services gouvernementaux oscille entre un niveau moyen et bas. Le secteur des soins de santé, l'industrie de la vente en gros, les entreprises de petite taille et de taille moyenne, l'agriculture, le secteur du bâtiment,

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ont un faible degré de compatibilité. Ce degré de compatibilité informatique, a expliqué M. Connor, varie de pays en pays. Néanmoins, même les pays les mieux préparés se heurteront à des problèmes significatifs. Notre objectif doit être de définir les systèmes et installations prioritaires en fonction de leur importance sur la capacité d'une organisation de mener à bien son travail. Cette période consiste réellement en une évaluation des risques et en leur gestion.

En l'an 2000, il se peut que certains systèmes fonctionnent normalement mais que d'autres soient devenus inopérants. La priorité sera alors de remplacer les systèmes mis hors d'usage. Cette phase de convalescence opérationnelle aura toutes les chances de réussir si nous avons développé des plans d'urgence bien documentés et qui auront été testés. M. Connor a mis en avant l'aspect multidimensionnel des plans d'urgence qui impliquent les fournisseurs de services, les vendeurs, les clients, le personnel et l'environnement dans lequel chaque organisation fonctionne. Des plan d'urgence bien élaborés et qui sont mis en place par des personnes familières avec cette procédure réduiront largement l'impact du phénomène. M. Connor a estimé qu'il n'était pas réaliste de vouloir élaborer des plans d'urgence pour tout. Il faut donc définir ce qui est essentiel à une organisation. Lors de la phase d'exécution, notre capacité à faire face à l'imprévu est également essentielle.

Des informations utiles, des guides et des exemples sont également disponibles sur l'Internet. De l'avis de M. Connor, en mettant au point des actions ciblées dans le temps et des plans d'urgence pour faire face au phénomène, nous devrions être en mesure de limiter les effets du bogue informatique du millénaire et éviter une catastrophe majeure. Cela dit, le problème de l'A2M ne peut être remis à plus tard. Le changement de millénaire est inéluctable; la date limite n'est pas négociable. L'impact du problème va dépendre du degré de préparation et des plans qui auront été mis en place. Il reste beaucoup à faire.

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