DSG/SM/29

LA VICE-SECRETAIRE GENERALE DECLARE QUE L'EPIDEMIE DU VIH/SIDA REPRESENTERA UNE MENACE ET UN DEFI PARMI LES PLUS CONSIDERABLES DU SIECLE PROCHAIN

10 décembre 1998


Communiqué de Presse
DSG/SM/29
POP/688


LA VICE-SECRETAIRE GENERALE DECLARE QUE L'EPIDEMIE DU VIH/SIDA REPRESENTERA UNE MENACE ET UN DEFI PARMI LES PLUS CONSIDERABLES DU SIECLE PROCHAIN

19981210 On trouvera ci-après le texte de l'allocution que le Directeur de la Division de la population (Département des affaires économiques et sociales) a prononcée au nom de la Vice-Secrétaire générale, Louise Fréchette, lors de la réunion technique consacrée aux conséquences démographiques du VIH/sida qui s'est ouverte le 10 novembre au Siège :

Je me félicite de l'occasion qui m'est donnée de m'adresser aux participants de cette réunion technique et de pouvoir à nouveau revenir, devant la communauté internationale ici représentée, sur la gravité de l'épidémie de VIH/sida qui fait rage dans le monde, notamment dans les pays en développement, et plus particulièrement dans les pays d'Afrique subsaharienne. Il s'agit là d'une tragédie qui frappe l'humanité tout entière et qui empêche les millions de personnes qui en sont victimes de bénéficier de ce qui est la plus grande réalisation à laquelle elle soit parvenue, nommément la possibilité de vivre jusqu'à un âge avancé tout en continuant à jouir d'une bonne santé. En vérité, il s'agit de l'une des menaces et de l'un des enjeux les plus considérables qui nous attendent dans le prochain millénaire.

Selon le rapport du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) qui a été publié en juin cette année, ce sont plus de 30 millions de personnes qui sont séropositives, dont plus des deux tiers résident en Afrique subsaharienne. Ces trois dernières années seulement, plusieurs pays ont vu doubler le nombre de personnes vivant avec le VIH.

Dans plusieurs pays africains, le sida a provoqué une hausse du taux de mortalité infantile et postinfantile, et a ramené l'espérance de vie à la naissance à des niveaux comparables à ceux qui existaient dans les années 60, voire dans les années 50. Depuis 1992, la Division de la population de l'ONU a tenu compte des conséquences démographiques du VIH/sida dans ses prévisions et projections démographiques qu'elle révise tous les deux ans. Elle estime que, d'ici 2015, plus de 60 millions de personnes mourront du sida en Afrique subsaharienne. En fait, le sida menace de réduire à néant 30 années d'avancées économiques et sociales qui ont été obtenues dans cette région au prix de difficultés inouïes.

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Récemment, le Président Nelson Mandela a déclaré que l'économie sud-africaine reculait de 1 % par an à cause du sida. Ce chiffre est en soi éloquent, mais le sida ne se réduit pas à de simples considérations économiques. Il s'agit d'une tragédie incommensurable pour les individus et pour les familles. Il détruit le tissu social en contraignant des enfants orphelins à chercher du travail et des grands-parents à remplacer les parents disparus.

Le long intervalle qui sépare l'infection par le VIH du déclenchement de la maladie et, pour finir de la mort — plus de 10 ans en moyenne — peut expliquer que bien des pays n'aient pas encore conscience des déchirements profonds que l'épidémie provoquera dans le tissu économique et social ainsi que dans les structures familiales. L'ONUSIDA joue un rôle de premier plan dans la lutte contre le sida, ainsi que par les efforts qu'il mène afin de faire prendre conscience de la gravité du problème et d'inciter les gouvernements à se mobiliser. Comme l'a indiqué le docteur Peter Piot, Directeur exécutif de l'ONUSIDA, ce serait une erreur grossière que de sous- estimer l'ampleur des efforts requis pour juguler l'épidémie. Mais il serait encore plus faux de penser que nous ne sommes pas en mesure de nous mobiliser au niveau mondial pour rechercher une solution.

Dans une allocution prononcée devant le Comité administratif de coordination (CAC), le Secrétaire général a réitéré son attachement à la lutte contre le VIH/sida. "Nous devons mobiliser les énergies pour lutter contre le sida. Les Nations Unies, dans leur ensemble, ne peuvent pas rester passives", a-t-il déclaré.

Mesdames et Messieurs, vous n'êtes pas sans mesurer le rôle majeur que jouent des réunions techniques telles que celle-ci. Le Secrétaire général a souligné l'étendue de l'épidémie de VIH/sida, en particulier dans les pays africains, ainsi que la nécessité d'intensifier les efforts pour lutter contre ce fléau. En tant qu'experts techniques, il vous incombe de fournir à la communauté internationale et au public des informations fiables sur l'ampleur et les manifestations de la pandémie.

Les prévisions et projections démographiques établies par la Division de la population, qui constituent les sources officielles utilisées par le système des Nations Unies, ne laissent planer aucun doute sur les conséquences alarmantes du sida. Le Secrétaire général et moi-même sommes convaincus que la communauté internationale se doit d'inverser les tendances qui se dessinent. Nous devons agir ensemble et non en ordre dispersé pour enrayer cette épidémie de manière radicale et empêcher des dizaines de millions de personnes d'être contaminées à leur tour au cours de la prochaine décennie.

Nous vous souhaitons bonne chance dans vos travaux.

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