DSG/SM/36

LA VICE-SECRETAIRE GENERALE DECLARE QUE LE SIDA MENACE DE SUBMERGER LES PAYS PAUVRES ET D'Y EFFACER TOUTE AMELIORATION DES CONDITIONS DE VIE

9 décembre 1998


Communiqué de Presse
DSG/SM/36
OBV/81


LA VICE-SECRETAIRE GENERALE DECLARE QUE LE SIDA MENACE DE SUBMERGER LES PAYS PAUVRES ET D'Y EFFACER TOUTE AMELIORATION DES CONDITIONS DE VIE

19981209 Voici le texte de l'allocution prononcée ce jour par Mme Louise Fréchette, Vice-Secrétaire générale de l'Organisation des Nations Unies, lors d'une table ronde tenue à New York et coparrainée par le Département de l'information et l'American Foundation for AIDS, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida :

Aujourd'hui, nous observons la Journée mondiale de lutte contre le sida,en souvenir de ceux qui sont morts et par reconnaissance envers ceux qui sont en première ligne dans la lutte contre cette terrible épidémie. Mais, aujourd'hui, nous avons aussi la possibilité et une raison impérative de nous tourner vers l'avenir : pour reconnaître que la jeunesse est un facteur de changement qui nous mène vers un avenir plus sûr. Je suis heureuse de voir des gens aussi résolus se joindre à nous aujourd'hui. Alors que le sida est plus que jamais un fléau redoutable, votre présence ici est encourageante et prometteuse.

On s'imagine un peu naïvement que, comme il existe maintenant des médicaments plus efficaces, la situation d'urgence créée par le sida est derrière nous. Or, les faits montrent qu'il n'en est rien. Le message du Secrétaire général à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida relève précisément certains de ces faits. Il n'existe toujours aucun moyen de guérir le sida. Le rapport que le Programme commun coparrainé des Nations Unies sur le VIH et le sida (ONUSIDA) vient de publier précise que la progression de l'infection à VIH n'a pu être enrayée dans aucun pays. D'ici à la fin de ce mois, le nombre d'adultes et d'enfants séropositifs dépassera 33 millions — soit 10 % de plus qu'il y a un an. Même dans les pays industrialisés, environ 75 000 personnes ont été infectées au cours de l'année dernière.

Le sida a déjà fait 14 millions de morts. Quatre-vingt quinze pour cent au moins des cas d'infection et des décès ont lieu dans les pays en développement, où les nouveaux médicaments qui peuvent aider à prolonger la vie des malades sont quasiment inaccessibles, parce que rares ou trop coûteux.

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La vérité est que le sida est encore une épidémie en pleine progression — une épidémie qui tue plus de gens chaque année que le paludisme. Cela est vrai surtout en Afrique subsaharienne, où 34 millions de personnes ont été infectées et 11,5 millions sont mortes depuis le début de l'épidémie.

Parce que les victimes sont surtout de jeunes adultes, qui devraient être en train d'élever une famille et de participer à l'activité économique de leur pays, les conséquences atteignent les dimensions d'une crise. Quels que soient les critères de mesure utilisés, que ce soit la détérioration de la survie de l'enfant, la réduction de l'espérance de vie, la surcharge des systèmes de soins, l'accroissement du nombre d'orphelins et les pertes nettes pour les entreprises, le sida n'a encore jamais fait peser une telle menace sur le développement.

C'est un véritable raz-de-marée qui risque d'anéantir les progrès chèrement acquis dans les pays pauvres.

Au Botswana, un enfant qui naîtra au début de la prochaine décennie pourra espérer vivre à peine plus de 40 ans, au lieu de 70 ans s'il n'y avait pas le sida. Au Zimbabwe, on estime que d'ici l'an 2005 plus de 900 000 enfants de moins de 15 ans auront vu leur mère mourir du sida. Une grande entreprise tanzanienne déclare que le sida lui a coûté plus que le montant total de ses bénéfices de l'année.

C'est pourquoi la lutte de grande envergure menée contre l'épidémie par le Programme commun ONUSIDA revêt une importance vitale. Parce que le sida est devenu beaucoup plus qu'une crise sanitaire, le Programme commun ONUSIDA rassemble au titre d'un coparrainage six différents organes des Nations Unies, ayant des missions diverses, depuis la santé jusqu'au développement, en une coopération homogène et élargie pour lutter contre l'épidémie. Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Banque mondiale travaillent de concert et avec le secrétariat du Programme commun ONUSIDA pour mettre à la disposition des pays leurs compétences et leur soutien.

De dimensions modestes, le secrétariat du Programme commun ONUSIDA, à Genève, s'emploie, avec la collaboration et pour le compte des institutions qui le coparrainent, à faire comprendre à l'opinion la grave menace que le sida fait peser sur le développement, à surveiller l'évolution de l'épidémie sur le plan mondial et à suivre de près les efforts de lutte. Il facilite l'établissement de nouvelles formes de partenariat avec les gouvernements et la société civile, notamment avec les entreprises et les gens qui vivent avec le sida. Il s'efforce de repérer et de faire connaître les modes d'action les

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mieux adaptés — enseignements précieux tirés de 15 ans d'expérience sur les soins à apporter à ceux qui sont infectés, le soutien à donner aux orphelins et aux autres survivants et les moyens d'éviter la propagation du virus.

En outre, dans les pays en développement et les pays en transition, le Programme commun ONUSIDA s'efforce, en partenariat avec les gouvernements et par l'entremise des six institutions qui le coparrainent, d'appuyer les mesures prises sur le plan national pour lutter contre l'épidémie.

Les représentants locaux des institutions de coparrainage planifient et appliquent des programmes de prévention et de soins, en tirant parti des leçons apprises ailleurs.

L'une des plus importantes leçons est que les efforts de prévention ont les plus grandes chances d'être payants auprès des jeunes. Près de la moitié des cas non infantiles de séropositivité concernent le groupe d'âge des 15- 24 ans. Il faut s'efforcer davantage de leur donner les informations, les connaissances techniques, le soutien et les services dont ils ont besoin pour se protéger, et leur apprendre à adopter d'emblée des comportements sans risques.

Le message le plus important que le système des Nations Unies a à transmettre est peut-être que nous ne sommes pas entièrement démunis face à l'épidémie.

De nombreux pays, y compris un petit nombre de pays en développement, sont parvenus à ralentir la propagation du VIH en parlant ouvertement du sida et des comportements sexuels, en manifestant de la solidarité envers ceux qui sont atteints et en mettant les informations relatives à la prévention et les services de soutien à la portée de tous.

Grâce à la campagne de 1998 intitulée "Une force pour le changement", l'Organisation des Nations Unies et ses partenaires peuvent mettre en évidence la contribution possible des jeunes au ralentissement de l'épidémie. Les jeunes peuvent exercer dans leur famille, leur groupe, leur école, leur quartier et leur pays une profonde influence en faveur de l'éducation et de la compréhension. La Journée mondiale de lutte contre le sida nous offre à tous l'occasion de valoriser le potentiel de changement que représente la jeunesse.

J'espère que la manifestation d'aujourd'hui nous aidera à en tirer le meilleur parti possible. Au nom de l'Organisation des Nations Unies, je vous remercie tous pour votre attachement à cette cause.

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