LE CONSEIL SOUTIENT LA CREATION D'UN GROUPE DES AFFAIRES CIVILES AU SEIN DE LA MISSION DE L'ONU EN AFGHANISTAN QUI SERA CHARGE DES DROITS DE L'HOMME
Communiqué de Presse
CS/996
LE CONSEIL SOUTIENT LA CREATION D'UN GROUPE DES AFFAIRES CIVILES AU SEIN DE LA MISSION DE L'ONU EN AFGHANISTAN QUI SERA CHARGE DES DROITS DE L'HOMME
19981208 Il exige que les parties au conflit reprennent la négociationLe Conseil de sécurité a adopté, cet après-midi, à l'unanimité la résolution 1214 (1998) par laquelle il appuie la proposition du Secrétaire général de créer, au sein de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan, un groupe des affaires civiles, chargé notamment de décourager la répétition des violations massives et systématiques des droits de l'homme et du droit humanitaire. Le Conseil exige que les Taliban, de même que les autres factions afghanes, concluent un cessez-le-feu, reprennent les négociations sans délai ni conditions préalables, sous les auspices de l'ONU, et coopèrent à la mise en place d'un gouvernement pleinement représentatif qui protège les droits de tous les Afghans et respecte les obligations internationales de l'Afghanistan. Le Conseil exige que toutes les parties, en particulier les Taliban, collaborent aux efforts de l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour faire appliquer ses résolutions. Le Conseil appuie les initiatives prises par le Groupe des "six plus deux" pour favoriser le processus de paix et renouvelle l'appel qu'il a lancé à tous les Etats pour qu'ils mettent immédiatement un terme à l'approvisionnement en armes et en munitions de toutes les parties au conflit. Le Conseil exige également que les Taliban cessent d'offrir un refuge et un entraînement aux terroristes internationaux et à leurs organisations. Il se déclare disposé à envisager d'imposer des sanctions pour appliquer pleinement ses résolutions.
Le Conseil a entendu les représentants des pays suivants qui ont expliqué leur position : Fédération de Russie, Etats-Unis, Costa Rica, Japon, Chine, Slovénie, Royaume-Uni, Suède, France, Gambie, Portugal, Kenya, Brésil et Bahreïn. Il a entendu en outre les représentants de l'Iran et du Pakistan qui ont fait une déclaration.
Le Conseil, outre le rapport du Secrétaire général sur les conséquences de la situation en Afghanistan sur la paix et la sécurité, était saisi d'une lettre datée du 23 novembre 1998, adressée à son Président par le Secrétaire général, qui proposait la création d'un groupe des affaires civiles au sein de la Mission de l'ONU en Afghanistan.
Texte du projet de résolution (S/1998/1140)
Le Conseil de sécurité,
Ayant examiné la situation en Afghanistan,
Réaffirmant ses résolutions antérieures, en particulier les résolutions 1189 (1998) du 13 août 1998 et 1193 (1998) du 28 août 1998, ainsi que les déclarations de son Président sur la situation en Afghanistan,
Rappelant la résolution 52/211 de l'Assemblée générale,
Se déclarant gravement préoccupé par la persistance du conflit afghan, qu'a récemment envenimé l'offensive des forces des Taliban, laquelle se poursuit en dépit des appels à la cessation des hostilités réitérés par le Conseil, faisant peser une menace de plus en plus grave sur la paix et la sécurité régionales et internationales, et causant de cruelles souffrances parmi la population, de nouvelles destructions, des flux de réfugiés et le déplacement forcé d'un grand nombre de personnes,
Déplorant qu'en dépit du fait que le Front uni soit disposé à conclure un cessez-le-feu durable et à engager un dialogue politique avec les Taliban, les affrontements se poursuivent,
Préoccupé également par le caractère ethnique de plus en plus marqué du conflit, par les informations faisant état de persécutions fondées sur l'ethnie ou la religion, visant en particulier les chiites, et par la menace qui en résulte pour l'unité de l'État afghan,
Se déclarant à nouveau résolument attaché à la souveraineté, à l'indépendance, à l'intégrité territoriale et à l'unité nationale de l'Afghanistan, ainsi qu'au respect du patrimoine culturel et historique du pays,
Réitérant que toute ingérence dans les affaires intérieures de l'Afghanistan, notamment l'intervention de personnel militaire étranger et les livraisons d'armes et de munitions à toutes les parties au conflit doit cesser sans plus attendre,
Réaffirmant son plein appui aux efforts de l'Organisation des Nations Unies, en particulier les activités de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan et de l'Envoyé spécial du Secrétaire général en Afghanistan, visant à faciliter le processus politique axé sur la réalisation des objectifs que constituent la réconciliation nationale et un règlement politique durable, avec la participation de toutes les parties au conflit et de toutes les composantes de la société afghane, et réaffirmant que l'Organisation doit continuer à jouer le rôle central et impartial qui lui revient dans les efforts déployés à l'échelon international en vue de parvenir à un règlement pacifique du conflit afghan,
( suivre)
- 3 - CS/996 8 dcembre 1998
Accueillant avec satisfaction les travaux du groupe "six plus deux" et souscrivant aux "points d'accord" (A/53/455-S/1998/913, annexe) adoptés lors de sa réunion tenue au niveau des ministres des affaires étrangères le 21 septembre 1998, à l'initiative et sous la présidence du Secrétaire général,
Profondément préoccupé par la crise humanitaire qui s'aggrave rapidement en Afghanistan, déplorant à cet égard les mesures prises par les Taliban, qui ont entraîné l'évacuation du personnel humanitaire des Nations Unies, et soulignant qu'il importe au plus haut point que soit assurée la sécurité nécessaire pour permettre son retour prochain,
Réaffirmant que toutes les parties au conflit sont tenues de se conformer aux obligations que leur impose le droit international humanitaire, en particulier les Conventions de Genève du 12 août 1949, et que tous ceux qui commettent ou ordonnent de commettre des violations des Conventions en portent individuellement la responsabilité,
Constatant avec la plus grande préoccupation que des terroristes continuent d'être accueillis et formés, et des actes de terrorismes organisés, en territoire afghan, en particulier dans les zones tenues par les Taliban, et réaffirmant que la répression du terrorisme international est essentielle pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales,
Constatant avec la plus grande préoccupation également que la culture, la production et le trafic de drogues prennent une ampleur croissante en Afghanistan, en particulier dans les zones tenues par les Taliban,
Se déclarant à nouveau profondément préoccupé par la discrimination dont les femmes et les filles continuent de faire l'objet et par les autres violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire commises en Afghanistan,
1. Exige que les Taliban, de même que les autres factions afghanes, cessent les hostilités, concluent un cessez-le-feu et reprennent les négociations sans délai ni condition préalable, sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies, et coopèrent à la mise en place d'un gouvernement pleinement représentatif et reposant sur une large assise, qui protège les droits de tous les Afghans et respecte les obligations internationales de l'Afghanistan;
2. Se félicite du progrès des efforts entrepris par l'Envoyé spécial du Secrétaire général, aux termes de sa résolution 1193 (1998) et de ses résolutions antérieures sur la question, pour apaiser les tensions dans la région et améliorer la situation des droits de l'homme et la situation humanitaire en Afghanistan, et exhorte toutes les parties intéressées à honorer pleinement les engagements qu'elles ont déjà pris;
( suivre)
- 4 - CS/996 8 dcembre 1998
3. Renouvelle l'expression de son très ferme appui et de sa gratitude à l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour les efforts qu'il poursuit pour faire pleinement appliquer ses résolutions et exige que toutes les parties, en particulier les Taliban, collaborent de bonne foi à ces efforts;
4. Réitère l'appel qu'il a lancé en termes fermes aux Taliban pour qu'ils communiquent sans tarder à l'Organisation des Nations Unies les conclusions de l'enquête sur le meurtre de deux fonctionnaires afghans du Programme alimentaire mondial et du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à Jalalabad, et du conseiller militaire de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan à Kaboul;
5. Condamne la prise du Consulat général de la République islamique d'Iran par les Taliban et le meurtre de diplomates iraniens et d'un journaliste à Mazar-e-Sharif, souligne que ces actes sont des violations flagrantes du droit international et appelle les Taliban à collaborer avec l'Organisation des Nations Unies pour faire enquête sur ces crimes en vue d'en poursuivre les responsables;
6. Encourage le Secrétaire général à poursuivre son initiative tendant à dépêcher en Afghanistan une mission qui fera enquête sur les infractions et les violations graves que l'on signale en grand nombre dans ce pays dans le domaine du droit international humanitaire, en particulier sur les massacres et les inhumations collectives de prisonniers de guerre et de civils et sur la destruction de sites religieux, et invite instamment toutes les parties, particulièrement les Taliban, à collaborer avec les membres de cette mission et, plus spécialement, à garantir leur sécurité et leur liberté de circulation;
7. Appuie la proposition que le Secrétaire général présente dans sa lettre du 23 novembre 1998 au Président du Conseil de sécurité (S/1998/1139), qui consiste à créer au sein de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan, sans préjudice des attributions de celle-ci et compte tenu des conditions de sécurité, un groupe des affaires civiles qui aura pour tâche principale de contrôler la situation, de favoriser le respect des normes humanitaires minimales et de décourager la répétition des violations massives et systématiques des droits de l'homme et du droit humanitaire, et à envoyer une mission d'évaluation en Afghanistan, dès que les conditions de sécurité le permettront, afin de définir avec précision le mandat, la composition et l'emplacement géographique des observateurs civils;
8. Appuie les initiatives prises par le groupe "six plus deux" pour favoriser le processus de paix en Afghanistan;
9. Encourage les autres États Membres à apporter l'appoint de leur concours au processus de paix en Afghanistan;
( suivre)
- 5 - CS/996 8 dcembre 1998
10. Renouvelle l'appel qu'il a lancé à tous les États pour qu'ils prennent des mesures résolues en vue d'interdire à leur personnel militaire de préparer ou de conduire des opérations en Afghanistan, et mettent immédiatement un terme à l'approvisionnement en armes et en munitions de toutes les parties au conflit;
11. Exhorte toutes les factions afghanes, en particulier les Taliban, à donner des preuves de leur volonté d'assurer sans réserve la sécurité de tout le personnel international et humanitaire, condition préalable à son activité en Afghanistan, de faciliter son travail et de veiller à ce que l'aide puisse être acheminée sans entrave et dans de bonnes conditions à tous ceux qui en ont besoin;
12. Exige que les factions afghanes mettent un terme à la discrimination dont les femmes et les filles font l'objet, ainsi qu'aux autres violations des droits de l'homme et aux violations du droit international humanitaire, et se conforment aux règles et aux normes internationalement reconnues dans ce domaine;
13. Exige également que les Taliban cessent d'offrir un refuge et un entraînement aux terroristes internationaux et à leurs organisations, et que toutes les factions afghanes secondent l'action entreprise pour traduire en justice les personnes accusées de terrorisme;
14. Exige en outre que les Taliban, et les autres parties, cessent la culture, la production et le trafic de drogues illégales;
15. Déplore que les dirigeants des Taliban n'aient en particulier pris aucune mesure pour donner suite aux demandes qu'il présentait dans ses résolutions antérieures, surtout en ce qui concerne la conclusion d'un armistice et la reprise des négociations, et se déclare disposé à cet égard à envisager, comme il en a la responsabilité selon la Charte des Nations Unies, d'imposer des sanctions pour faire appliquer pleinement ses résolutions sur la question;
16. Décide de demeurer activement saisi de la question.
Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité (S/1998/1109)
Le présent rapport est soumis en application de la résolution 52/211 B de l'Assemblée générale, en date du 19 décembre 1997, par laquelle l'Assemblée avait prié le Secrétaire général de lui présenter tous les trois mois les progrès de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan. Ce rapport, qui rend compte de l'évolution de la situation depuis le 14 novembre 1997, est également destiné au Conseil de sécurité qui a demandé à être régulièrement informé des principaux événements en Afghanistan, notamment dans les domaines militaire et politique, ainsi que des activités de la Mission spéciale. Il décrit également les activités de l'Envoyé spécial du Secrétaire général, à New York, en Afghanistan et dans les pays voisins.
( suivre)
- 6 - CS/996 8 dcembre 1998
Le Secrétaire général fait observer que l'Afghanistan, après avoir été l'un des catalyseurs des rivalités entre superpuissances, est maintenant devenu le théâtre d'une nouvelle version, purement régionale, du "grand jeu", dans lequel interviennent les intérêts intérieurs, les enjeux économiques et les préoccupations liées à la sécurité nationale des pays voisins et de ceux qui les encouragent. Le pays se trouve maintenant dans un cercle vicieux : le fait que les factions afghanes sont incapables de s'entendre aux fins d'un règlement politique est à la fois la cause et l'effet de l'ingérence persistante d'éléments extérieurs dans les affaires de l'Afghanistan. Ces derniers mois, en raison des victoires militaires remportées par l'une des fonctions, la longue saga afghane est entrée dans une nouvelle phase. Depuis septembre 1998, les Taliban tiennent la plus grande partie du pays et le Front uni, à l'exception non négligeable des combattants d'Ahmed Shah Massoud, semble avoir été largement éliminé en tant que force d'intervention viable, tout au moins pour le moment. Toute solution politique reste néanmoins hors de portée. Les succès remportés par les Taliban sur le champ de bataille semblent plutôt avoir rendu certaines des parties encore moins désireuses de poursuivre les négociations, tout en renforçant la possibilité de voir s'intensifier la régionalisation du conflit.
Le Secrétaire général est convaincu qu'un règlement durable n'est possible que si, à la suite d'un cessez-le-feu, s'instaure un dialogue politique entre Afghans, conduisant à la réconciliation nationale et à l'établissement d'un gouvernement multiethnique véritablement représentatif; tant son Envoyé spécial que la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan continueront à promouvoir la réalisation de ces objectifs, mais il est évident que ceux-ci ne peuvent être atteints sans des efforts concertés de la part de toutes les puissances extérieures concernées. Les pays du groupe "six plus deux" - les six pays limitrophes de l'Afghanistan, à savoir la Chine, l'Iran, l'Ouzbékistan, le Pakistan, le Tadjikistan et le Turkménistan - ont joué un rôle utile pour l'examen de la question de l'Afghanistan. Le Secrétaire général exprime cependant sa déception de ce que certains de ces pays ne soient pas parvenus à rapprocher leurs positions et continuent de fournir des armes et autre matériel de guerre qui attisent le conflit en Afghanistan. Tout en comprenant qu'ils aient des intérêts légitimes à protéger en Afghanistan, le Secrétaire général estime paradoxal qu'au lieu de promouvoir réellement la paix et la stabilité en Afghanistan, ces pays continuent à fournir clandestinement un soutien militaire aux fractions afghanes qui ont leur faveur tout en déclarant que la prolongation du conflit menace leur propre stabilité.
Le Secrétaire général se félicite de ce que son Envoyé spécial soit parvenu à éviter le risque d'un affrontement militaire entre l'Iran et les Taliban au cours de sa récente visite dans la région, à la suite du meurtre abominable des diplomates et du journaliste iraniens à Mazar-e-Sharif en août 1998. Il exprime l'espoir que les efforts de son Envoyé spécial ne resteront pas sans lendemain et, notamment, que des poursuites seront engagées contre les responsables de ces meurtres et que seront libérés tous les Iraniens qui seraient encore prisonniers.
( suivre)
- 7 - CS/996 8 dcembre 1998
Il est essentiel que l'Iran et les Taliban engagent un dialogue bilatéral dès que possible dans le but d'atténuer encore les tensions, en particulier le long de la frontière. L'ONU, en coopération étroite avec l'Organisation de la Conférence islamique, continuera à encourager un tel dialogue.
Bien que les résultats des travaux du groupe "six plus deux" puissent être considérés comme modestes, le Secrétaire général continuera à convoquer des réunions informelles de ces pays. Un élément prometteur au stade actuel est la proposition qui a été faite d'organiser une réunion ministérielle du Groupe à Tashkent, réunion qui devrait, de l'avis du Secrétaire général, faire l'objet de préparatifs adéquats et pouvoir compter sur la participation de toutes les principales factions afghanes. Il continuera également à avoir des consultations avec le Groupe des 21 Etats Membres ayant une influence en Afghanistan, qui constitue le complément indispensable du groupe "six plus deux". L'Envoyé spécial du Secrétaire général continuera à jouer le principal rôle dans la poursuite des activités des Nations Unies pour le rétablissement de la paix en Afghanistan.
Les informations faisant état de massacres et d'autres violations flagrantes des droits de l'homme et du droit humanitaire international en Afghanistan suscitent une grande préoccupation parmi la communauté internationale dans son ensemble et à l'ONU en particulier. Le Secrétaire général propose de créer un groupe distinct pour les affaires civiles, initialement composé de 12 contrôleurs qui, si la sécurité le permet, seraient déployés dans les principaux centres de l'Afghanistan. A cette fin, le Secrétaire général inclut des demandes de crédit préliminaires dans le rapport qu'il présentera concernant le projet de budget-programme de la Mission spéciale pour 1999, qui comportera un nouveau tableau d'effectifs et autres renseignements pertinents.
Au cours des mois à venir, le Secrétaire général compte que la Mission spéciale et tous les fonds et programmes des Nations Unies, en particulier le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, renforceront encore leur coordination dans le contexte du cadre stratégique pour l'Afghanistan. Il a le ferme espoir que les fonctionnaires des Nations Unies qui travaillent pour toutes ces entités pourront sous peu retourner en Afghanistan. Le Secrétaire général continuera à tenir l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité informés périodiquement de tous les éléments nouveaux intéressant la recherche d'une solution négociée et durable, ainsi que des résultats des efforts faits pour promouvoir une approche commune parmi les pays du groupe "six plus deux".
( suivre)
- 8 - CS/996 8 dcembre 1998
Déclarations
M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (Iran) a indiqué que les corps des diplomates iraniens et du journaliste assassinés par les Taliban à Mazar-e-Sharif, le 8 août dernier, ont été ramenés en Iran et tous les civils connus de nationalité iranienne détenus en Afghanistan ont été relâchés. L'Iran est décidée à ce que les responsables de ces meurtres atroces arrêtés et traduits en justice selon les règles internationales d'un jugement juste. Quatre mois exactement après ces meurtres et presque deux mois après l'engagement du chef des Taliban auprès de M. Brahimi d'apporter son soutien et sa coopération à l'enquête concernant ces meurtres, les résultats de l'enquête se font encore attendre.
L'Iran est gravement préoccupée par la situation politique et humanitaire en Afghanistan. La persistance des Taliban à choisir la solution militaire, malgré les souhaits de la communauté internationale, continue à mettre en danger la paix et la sécurité dans la région et suscite toujours plus de souffrances chez un peuple qui n'a cessé de souffrir au cours des deux dernières décennies.
Les Taliban, financés par la vente de la drogue et les intérêts extérieurs, règnent actuellement par la force brutale. La solution réside dans un processus de persuasion internationale visant à soutenir des négociations politiques entre les Afghans sous les auspices des Nations Unies en vue de mettre en place un gouvernement représentatif de tous les groupes ethniques, religieux et politiques en Afghanistan.
M. AHMAD KAMAL (Pakistan) a indiqué que depuis la dernière réunion du Conseil le 28 août dernier, on a pu observer une amélioration de la situation en Afghanistan et un apaisement des tensions entre ce pays et l'Iran. Ceci est imputable, notamment, à la détermination des dirigeants afghans de rétablir la paix dans leur pays. Toutefois beaucoup reste à faire et le peuple afghan mérite la paix après avoir vu le pillage de son pays par l'occupation russe et la lutte entre les différentes factions. Grâce aux auspices du Secrétaire général, le Groupe des six plus deux a pu se réunir et confier au Représentant spécial du Secrétaire général la mission d'apaiser la tension entre Kaboul et Téhéran. Les corps des diplomates iraniens tués en Afghanistan ont été rendus et les autorités afghanes se sont engagées à punir les responsables de ces crimes en créant, notamment, une commission d'enquête. Les autorités afghanes ont également exprimé la volonté d'élargir la représentation de leur gouvernement en y excluant, à juste titre, les chefs de guerre déchus qui ont perdu toute légitimité. La paix est possible dans ce pays si tant est que les efforts en ce sens restent à l'abri de toute ingérence.
La communauté internationale doit tenir compte des nouvelles réalités en reconnaissant les autorités afghanes comme étant le pouvoir de facto et de jure. Les pays voisins ont une responsabilité particulière et doivent participer au processus de paix et arrêter de lancer des mises en garde contre des menaces imaginaires. Le Pakistan se réjouit de la prochaine réunion du Groupe des six plus deux.
( suivre)
- 9 - CS/996 8 dcembre 1998
Il estime en revanche que la résolution, présentée aujourd'hui, comporte un grand nombre de lacunes. Elle ne tient pas compte du fait que la paix règne sur près de 90% du pays ni des autres événements positifs qui y sont intervenus. Elle ne tient pas compte du fait que les Taliban ont accepté la présence des Nations Unies pour enquêter sur les droits de l'homme.
La résolution présente des préoccupations sans fondements en se gardant de tenir compte du ralliement des chefs chiites aux Taliban. Elle ne mentionne pas non plus les tueries de l'Alliance du nord. Si les Taliban ont officiellement imposé une interdiction sur les mines terrestres, l'Alliance du nord, elle, continue d'avoir recours à ces armes. La teneur générale de la résolution manifeste donc un parti pris vis-à-vis d'une partie au conflit. Cela augure mal de l'image d'impartialité du Conseil de sécurité et de l'ONU. Seul le dialogue et non la coercition apportera les résultats escomptés. Le Pakistan a, pour sa part, fait des efforts sérieux avec toutes les parties au conflit en vue d'encourager une solution politique pour sortir de l'impasse. Le Pakistan est toujours à ce jour le seul pays à s'occuper des réfugiés afghans en demeurant victime des divers trafics qui se font à partir et vers l'Afghanistan. L'économie de l'Afghanistan a été détruite et elle ne peut se relever sans une aide internationale réelle. Les Etats Membres doivent répondre aux défis humanitaires. Le Pakistan quant à lui réaffirme son appui à tous les efforts de dialogue et d'assistance humanitaire pour rétablir la paix en Afghanistan.
Explications de vote
M. SERGEI LAVROV (Fédération de Russie) a indiqué que les Taliban, faisant fi de la volonté de la communauté internationale, ont décidé de trancher en faveur de la force et de la violence. La Russie considère que l'expansion des Taliban dans le nord du pays constitue une menace pour la sécurité de la région. Cette expansion est rendue possible grâce à la participation d'éléments militaires étrangers. L'aide militaire massive anéanti les tentatives pour régler les problèmes par la paix. Refuser les cessez-le-feu, la coopération avec la communauté internationale, l'entrée de diplomates étrangers, de journalistes, de fonctionnaires internationaux, les exécutions en fonction de critères religieux, les violations des droits de l'homme, encourager le trafic de drogues, voilà les titres de gloire des Taliban.
Les dirigeants des Taliban doivent cesser leurs activités militaires et accepter un cessez-le-feu durable et accepter des pourparlers. Seule une application constante des décisions de l'ONU posera les bases d'une paix durable en Afghanistan. Le rôle fondamental doit revenir à l'ONU. Le représentant considère favorablement la proposition du Secrétaire général d'envoyer en Afghanistan une équipe de fonctionnaires traitant des questions civiles. La délégation espère beaucoup de la rencontre de Tashkent, notamment de la part des pays voisins, qui pourraient arrêter de soutenir leurs favoris au sein des Afghans.
( suivre)
- 10 - CS/996 8 dcembre 1998
La Fédération de Russie exige que les Taliban assurent la sécurité des fonctionnaires internationaux. Malgré ses propres difficultés, la Russie continue d'aider l'Afghanistan, notamment les victimes des activités militaires et les victimes des tremblements de terre à hauteur de 600 000 dollars.
Mme NANCY SODERBERG (Etats-Unis) a indiqué qu'en adoptant cette résolution aujourd'hui, le Conseil de sécurité a montré de façon évidente qu'il s'oppose au terrorisme et à tous ceux qui le soutiennent en protégeant les terroristes. La volonté de la communauté internationale de combattre le terrorisme est claire. La représentante a lancé un appel à tous les Afghans, notamment les Taliban, pour qu'ils fassent le nécessaire pour juger tous les terroristes présents sur leur sol.
La délégation des Etats-Unis a condamné publiquement l'assassinat des diplomates iraniens à Mazar-e-Sharif et apporte son soutien aux enquêtes internationales menées pour retrouver les coupables. Elle exige que les Taliban informent immédiatement les Nations Unies des résultats auxquels ont abouti leurs propres investigations en ce qui concerne le meurtre des employés des Nations Unies à Kabul et à Jalalabad.
Le respect des droits de l'homme et du droit humanitaire international est à la base d'une solution à long terme du conflit. Les taliban, notamment, doivent respecter les droits des femmes et des minorités. La délégation est persuadée que les "points d'accord" adoptés lors de la première réunion du Groupe des "six plus deux", le 21 septembre dernier, constitue une base solide pour le règlement du conflit en Afghanistan.
M. BERND H. NIEHAUS (Costa Rica) a regretté que la situation en Afghanistan se soit aggravée en raison des mesures prises par les Taliban. Il a jugé indispensable de lancer un appel pressant à toutes les parties internes et externes pour qu'elles trouvent une issue à ce conflit. Il a demandé aux Taliban et aux factions afghanes de conclure un cessez-le-feu par la négociation, sous les auspices des Nations Unies et du Groupe des "six plus deux". Ainsi les Taliban pourront rétablir la confiance en assumant leurs responsabilités à la suite des assassinats perpétrés dans ce pays et en mettant fin aux violations des droits de l'homme, en particulier à l'égard des femmes et des filles, a-t-il observé. Le représentant a demandé la cessation de toutes mesures qui soient contraires au droit international et au droit humanitaire. Il a attiré l'attention sur deux problèmes importants, à savoir l'accueil offert par les Taliban aux groupes terroristes et le commerce de la drogue. Il a demandé la cessation sans condition de telles activités. La paix en Afghanistan, a dit le représentant, appartient aux factions, en particulier aux Taliban. Il a souligné la responsabilité des pays voisins et leur a lancé un appel pour qu'ils s'engagent en faveur d'une politique constructive en Afghanistan. Pour le représentant, le Conseil a l'obligation de tracer une ligne claire à l'égard du conflit en Afghanistan. Il a estimé que la résolution présentée aujourd'hui est un pas dans la bonne direction.
( suivre)
- 11 - CS/996 8 dcembre 1998
M. MASAKI KONISHI (Japon) a indiqué que son Gouvernement appuyait les propositions du Secrétaire général visant l'envoi d'une équipe chargée d'enquêter sur le meurtre des diplomates iraniens le 8 août à Mazar-e-Sharif. Le Japon soutient la proposition visant à confier des tâches de contrôle de la situation humanitaire à une nouvelle unité créée au sein de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan, à condition que la sécurité des membres de cette unité soit garantie et que son mandat soit clairement défini. En plus de son rôle de maintien de la paix, nous estimons que les Nations Unies doivent jouer un rôle central dans la recherche de solutions à d'autres problèmes tels que ceux touchant à l'amélioration de la situation humanitaire, l'aide aux personnes déplacées à l'intérieur des frontières et aux réfugiés, et à la lutte contre le trafic de drogues, a ajouté le représentant. Lors de la réunion du Groupe "six plus deux" qui s'est achevée aujourd'hui à Tokyo, le groupe a souligné l'importance du retour rapide du personnel international humanitaire en Afghanistan et la reprise de leurs activités. Le Groupe a lancé un appel aux factions, en particulier aux Taliban, pour qu'ils garantissent la sécurité de ce personnel. Le Japon soutient les "points d'accord" approuvés par le Groupe qui visent à encourager des pourparlers directs entre les parties au conflit dans le but d'obtenir un cessez-le-feu immédiat et la réconciliation nationale. Nous sommes préoccupés par les allégations selon lesquelles une statue bouddhiste à Bamyam a été endommagée, a déclaré le représentant.
M. SHENG GUOFANG (Chine) a condamné les atrocités commises par les Taliban à l'égard du personnel des Nations Unies et les meurtres de diplomates iraniens. La délégation de la Chine souhaite le rétablissement du calme en Afghanistan. Les tensions sont inhérentes à une situation historique ancienne. Le représentant a rappelé que tout avantage militaire ne saurait être que temporaire. Les pourparlers entre toutes les factions sont la seule voie qui mène à la paix. Le représentant espère que les Afghans sauront mettre en place un gouvernement représentatif acceptable pour toutes les parties. La communauté internationale, quant à elle, doit faire de sorte qu'elle mette un terme à l'intervention des forces extérieures en Afghanistan. Le peuple afghan souffre depuis trop longtemps, et il est à espérer qu'il connaîtra enfin des temps meilleurs.
M. DANILO TURK (Slovénie) a regretté que la situation en Afghanistan se soit aggravée par le passé en raison des tensions entre ce pays et l'Iran. Il a estimé que le risque d'une nouvelle période de tension ne peut être écartée. La situation humanitaire et politique à l'intérieur continue, elle aussi, de s'aggraver, a poursuivi le représentant, pour s'inquiéter de l'accueil offert aux groupes terroristes ou encore de la poursuite du trafic de drogues. Il a mis l'accent sur l'accentuation des facteurs ethniques dans le conflit. Il est déplorable, a dit le représentant, de constater les meurtres de civils appartenant pour la plupart à des minorités ethniques et d'enregistrer d'autres violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international. Il a estimé qu'il faut redoubler d'efforts pour protéger ces droits en appuyant la proposition du Secrétaire général d'ajouter une composante civile à la Mission spéciale des Nations Unies.
( suivre)
- 12 - CS/996 8 dcembre 1998
Il a lancé un appel aux Taliban pour qu'ils coopèrent avec l'ONU à l'enquête sur les meurtres perpétrés contre des diplomates iraniens. Il a lancé un appel pour que les Taliban fassent rapport sur les meurtres des fonctionnaires du PAM, du HCR et de la Mission spéciale. Le représentant a estimé qu'un règlement durable n'interviendra qu'après un cessez-le-feu et le début d'un dialogue interafghans. Les efforts politiques dans le cadre du groupe six plus deux doivent donc être renforcés et il convient de préparer avec soin la prochaine réunion du groupe, a estimé le représentant. Il convient aussi, a-t-il ajouté, de mettre fin à toute aide militaire aux parties au conflit. Il s'est dit convaincu que la résolution du Conseil répond aux principaux besoins de la situation.
M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a fait remarquer qu'en Afghanistan, cette année a encore été marquée par un conflit continuel, des déplacements de population et des souffrances pour le peuple afghan. Le meurtre de membres du consulat iranien à Mazar-e-Sharif a été justement condamné par la communauté internationale. Les meurtres du Lieutenant colonel Calo et d'autres membres du personnel des Nations Unies sont des actes atroces qui offensent ceux qui oeuvrent courageusement pour ramener la paix en Afghanistan. Le représentant a estimé que les Taliban doivent coopérer aux enquêtes sur ces crimes.
De l'avis du représentant, l'année écoulée a également vu une détérioration de la situation des droits de l'homme en Afghanistan. Les abus commis contre les minorités ethniques et religieuses sont particulièrement inquiétants et le risque est grand de voir l'Afghanistan sombrer dans une spirale de la violence entre communautés. Le représentant a appuyé la proposition du Secrétaire général de mettre en place des observateurs civils au sein de la Mission spéciale des Nations unies en Afghanistan. Ces observateurs permettraient de prévenir les conflits ethniques ou religieux, ce qui éviterait d'autres violations des droits de l'homme. Les factions devront leur apporter leur entière coopération. De l'avis de M. Greenstock, il est profondément gênant de voir que certains pays qui affirment être pour la paix en Afghanistan continuent de soutenir la guerre en fournissant aux factions des armes et des ressources financières. La présente résolution, comme l'avait déjà fait la résolution 1193, appelle les Etats Membres à prouver qu'ils choisissent le camp de la paix en arrêtant de fournir des armes.
Le représentant a estimé que le Conseil de sécurité ne peut en aucun cas prendre parti dans le conflit afghan. Le rapport du Secrétaire général indique clairement que toutes les factions sont coupables de non respect des droits de l'homme et des résolutions de l'Assemblée générale ainsi que de faire souffrir la population. Le Conseil a des responsabilités envers le peuple afghan. Il faut donc accroître la pression sur les factions afin qu'elles cessent le combat et reconnaissent que le conflit ne peut avoir qu'une issue politique garantissant les droits de tous les groupes ethniques et religieux en Afghanistan. Il faut amener les factions autour d'une table de négociations.
( suivre)
- 13 - CS/996 8 dcembre 1998
Le Royaume-Uni figure parmi les premiers fournisseurs d'aide humanitaire à l'Afghanistan et est déterminé à poursuivre cet effort, mais il est très frustrant de voir que les factions empêchent l'aide d'atteindre les personnes dans le besoin. Les donateurs doivent se concerter pour faire pression sur les factions afin que ces dernières permettent à l'aide d'être efficace conformément aux règlements internationaux. De l'avis du représentant, il faut également éviter que le conflit ne se propage au-delà des frontières afghanes, à travers le terrorisme international ou le trafic de drogues. Le représentant a rappelé le soutien de son pays aux efforts du Secrétaire général, de son Envoyé spécial et de la Mission spéciale en Afghanistan.
M. ANDERS LIDEN (Suède) a déclaré que la résolution envoie un message clair aux Taliban et aux autres parties concernées, ainsi qu'aux voisins de l'Afghanistan, visant à mettre un terme à la souffrance du peuple afghan et à chercher une solution pacifique au conflit en Afghanistan. Le chemin vers une paix réelle commencerait par un cessez-le-feu et serait suivi d'un dialogue politique en vue de former un gouvernement représentatif et multiethnique, a- t-il observé. Il a exprimé son soutien à la tenue d'une réunion à Tashkent proposée par le groupe "six plus deux", qui pourrait marquer le point de départ d'un processus de paix, si toutes les factions principales afghanes y participaient. En même temps, le représentant a souligné son inquiétude concernant les rapports indiquant que certains pays continuent de fournir des armes et du matériel de guerre qui nourrissent le conflit, au lieu de promouvoir leurs intérêts sur le long terme en travaillant en faveur de la paix. Il a noté que le risque d'une régionalisation du conflit ne peut être négligé, ce qui engage encore davantage la responsabilité du Conseil de sécurité sur le problème afghan.
Le représentant a rappelé l'engagement de son pays en Afghanistan en tant que principal donateur pour l'assistance humanitaire. A cet égard, il a souligné son inquiétude concernant la situation humanitaire dans le pays et a demandé à toutes les parties de respecter leurs obligations relatives au droit international humanitaire. Toutes les violations des droits de l'homme doivent cesser, en particulier la discrimination systématique dont les femmes et les filles font l'objet, de la part des Taliban, notamment. Il a appelé à la fermeture des camps d'entraînement de terroristes et à la lutte contre les activités illégales, telles que le trafic de drogues, dont dépend pour une large part l'économie de l'Afghanistan en guerre. Dans ce contexte, le représentant a estimé qu'étant donné les répercussions internationales du conflit en Afghanistan, on doit prendre conscience que, de nos jours, aucun pays de peut être séparé de la communauté internationale. A cet égard, il a exprimé son soutien au rôle actif du Secrétaire général, et au travail de son Envoyé spécial et de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan, pour faciliter la paix et la réconciliation nationale en Afghanistan. Il a accueilli favorablement les propositions de création d'un groupe des affaires civiles au sein de la Mission spéciale, et de lancement d'enquêtes sur les violations graves signalées dans le domaine du droit international humanitaire en 1997 et 1998.
( suivre)
- 14 - CS/996 8 dcembre 1998
M. ALAIN DEJAMMET (France) a rappelé que la situation actuelle en Afghanistan est insoutenable. Le représentant de la France estime que les propositions du Secrétaire général peuvent être mises en oeuvre, à condition que les mesures de sécurité nécessaires soient prises. Pour l'heure, les combats continus. Les négociations entre les parties n'ont toujours pas repris. Comme le rappelle le projet de résolution, le Front uni est disposé à engager un dialogue politique avec les Taliban et à conclure un cessez-le-feu. Les Taliban, pour leur part, n'ont pris aucune mesure pour permettre la reprise des négociations et la cessation des hostilités. Le représentant a indiqué qu'il est approprié que le projet de résolution s'adresse aux Taliban et reprennent l'idée selon laquelle le Conseil de sécurité est disposé à prendre d'autres mesures pour mettre en oeuvre pleinement ses décisions.
M. BABOUCARR-BLAISE ISMAILA JAGNE (Gambie) s'est déclaré favorable, en ce qui concerne la situation en Afghanistan, à un règlement négocié et non à une attaque militaire. Il a souligné que jusqu'ici le processus six plus deux a réalisé peu de choses pour appeler le Groupe à adopter une attitude identique et à parler d'une seule voix. Le représentant a dit attendre avec impatience la prochaine réunion du Groupe six plus deux qui doit se tenir avec la participation de toutes les parties intéressées. Il a mis en garde contre toute tentative de diaboliser les seuls Taliban qui, a-t-il dit, ne donnera pas les résultats escomptés. Les pourparlers six plus deux sont donc la seule voie souhaitable, a conclu le représentant, en ajoutant que la résolution présentée aujourd'hui aurait dû insister sur les résultats obtenus sur le terrain par l'Envoyé spécial du Secrétaire général.
M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal) s'est déclaré préoccupé par le risque croissant que la guerre civile en Afghanistan ne se transforme en conflit régional. Les derniers combats ont permis à l'une des parties de prendre le contrôle de la plus grande partie du pays. Celle-ci semble actuellement convaincue d'être en position de prendre militairement le contrôle de tout le territoire. Ce pourrait être vrai à ce stade. Mais, en réalité, le conflit ne peut être résolu sur le champ de bataille. Une conquête militaire par l'une des parties ne mettrait pas fin au conflit. Le Portugal est favorable à un règlement politique négocié entre les factions, qui prenne en compte les droits et les intérêts de tous les Afghans. Il appuie donc fermement la demande visant à ce que les factions afghanes cessent les hostilités et entament des négociations sans délai en vue de mettre en place un gouvernement pleinement représentatif et ayant sur une large assise.
Même si l'hostilité entre les factions afghanes est profonde, le Portugal est convaincu que la poursuite du conflit est due, dans une large mesure, aux conséquences d'une intervention de l'extérieur. Tous les pays ayant une influence sur les factions afghanes feraient mieux de promouvoir la paix et la stabilité régionales en usant de leur influence pour prévenir la fourniture d'armes et d'autre matériel militaire et encourager les parties à négocier, a souligné le représentant. Le Portugal prie instamment toutes les factions à assurer la sécurité des communautés civiles et à faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire.
( suivre)
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Les factions afghanes ne doivent pas attendre de la communauté internationale qu'elle accepte leur absence généralisée d'engagement envers la protection et la promotion des droits de l'homme, a dit M. Monteiro, qui a appuyé la proposition du Secrétaire général visant à créer au sein de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan un groupe des affaires civiles qui aura pour tâche de contrôler et de promouvoir le respect des normes humanitaires internationales et des droits de l'homme, ainsi que de prévenir les violations graves des droits de l'homme.
Le Portugal est également préoccupé par le trafic de drogues et la présence continue de terroristes et de camps d'entraînement de terroristes en Afghanistan, et demande qu'il y soit mis fin immédiatement. Le représentant a conclu en indiquant que sa délégation votera en faveur du projet de résolution et a prié instamment toutes les factions afghanes d'appliquer pleinement les dispositions du texte et de mettre fin aux souffrances du peuple afghan.
M. NJUGUNA M. MAHUGU (Kenya) a souligné que les appels répétés du Conseil de sécurité à la modération et à la diplomatie n'ont pas été écoutés. Les combats continuent sans relâche avec la participation d'un soutien militaire ouvert et clandestin de certains pays voisins. Le trafic de drogues illicites se maintient également. La participation étrangère au conflit en Afghanistan est pour beaucoup dans la situation actuelle. Ces ingérences ne se sont pas relâchées du tout, comme l'indique le rapport du Secrétaire général. Nous partageons le sentiment de frustration et de déception du Secrétaire général à l'égard de l'absence de progrès en la matière. Le représentant a estimé qu'il est particulièrement hypocrite que certains pays parlent de solution pacifique alors qu'ils continuent de soutenir militairement des parties en conflit en Afghanistan. Les efforts diplomatiques en vue de réduire les tensions régionales semblent porter leurs fruits. Aussi, une pression constante de la part des Nations Unies pourrait finalement aboutir. A la veille de la commémoration du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la délégation du Kenya est préoccupée par les violations continues des droits de l'homme en Afghanistan et apprécie la mise en place d'un groupe distinct pour les affaires civiles afin d'empêcher les violations des droits de l'homme à l'avenir.
M. ENIO CORDEIRO (Brésil) a estimé que la paix durable en Afghanistan ne pourra être obtenue que par le dialogue interne, ce qui suppose l'établissement d'un processus démocratique et participatoire qui inclurait tous les groupes ethniques et culturels qui constituent le peuple afghan. De plus, l'implication des pays de la région est essentielle. Le Groupe 6 plus 2 semble constituer un lieu de dialogue utile qui devrait inciter les parties afghanes à lancer des négociations de paix. Le Brésil estime que ce projet de résolution est équilibré. Il traite d'une pléthore de problèmes de façon appropriée et soutient les propositions du Secrétaire général, notamment, sur l'établissement d'une unité d'observateurs chargée de prévenir les violations massives de droits de l'homme et du droit humanitaire et d'aider les Nations Unies dans leur enquête sur le meurtre du personnel iranien. Il est temps que les factions afghanes s'engagent réellement dans la voie de la paix.
( suivre)
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M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) s'est dit gravement préoccupé par la situation en Afghanistan et a invité les parties à conclure rapidement un cessez-le-feu. Il a, à cet égard, appuyé les efforts de l'Envoyé spécial du Secrétaire général et estimé que les efforts du Groupe six plus deux doivent être appuyés par les Nations Unies. Le représentant s'est dit convaincu que la prochaine réunion du Groupe qui doit rassembler toutes les factions sera couronnée de succès. Il a conclu en plaidant pour le règlement de la situation humanitaire en Afghanistan.
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