En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6800

LE SECRETAIRE GENERAL INAUGURE LA STATUE D'UN ELEPHANT DE BRONZE DANS LES JARDINS DU SIEGE DE L'ONU

23 novembre 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6800
HQ/589


LE SECRETAIRE GENERAL INAUGURE LA STATUE D'UN ELEPHANT DE BRONZE DANS LES JARDINS DU SIEGE DE L'ONU

19981123 On trouvera ci-après le texte de la déclaration faite le 18 novembre, à New York, par M. Kofi Annan, Secrétaire général, à l'occasion de l'inauguration dans les jardins du Siège de l'ONU du moulage en bronze d'un "éléphant endormi", don à l'Organisation des Gouvernements du Kenya, de la Namibie et du Népal :

Dans son livre Out of Africa, Karen Blixen note fort justement que "les éléphants marchent comme s'ils avaient un rendez-vous au bout du monde". Tel a bien été le cas de notre ami ici présent, et nous sommes heureux qu'il ait survécu à ce long voyage.

Nous vivons aujourd'hui une journée mémorable. Les Gouvernements du Kenya, de la Namibie et du Népal méritent notre profonde gratitude pour ce don généreux et pour la persévérance dont ils ont fait preuve afin de rendre possible la manifestation qui nous réunit ici. L'éléphant est arrivé à l'ONU, terme de son voyage.

Qu'ils dorment ou qu'ils veillent, les éléphants évoquent bien des choses pour bien des gens. Un ancien gouverneur de la Banque centrale du Brésil disait que la dette intérieure de son pays était comme un éléphant qui dort au sous-sol d'une maison et dont on se demande à quel moment il va se réveiller pour réclamer des cacahouètes.

Dix-huit ans ont passé depuis que Mihail Simeonov s'est rendu au Kenya, qu'il a injecté des tranquillisants à un éléphant sauvage et a pris une empreinte de l'animal avant de le relâcher dans la nature sans que celui-ci ait aucunement souffert.

Depuis ce jour-là, bien des choses se sont passées. Il y a eu plusieurs séries de négociations ardues. Il est même arrivé qu'une partie du moule originel soit détruite accidentellement dans le hangar à bateaux d'un collège.

- 2 - SG/SM/6800 HQ/589 23 novembre 1998

Les opinions ont divergé quant au mode de transport à utiliser depuis la fonderie de Brooklyn. On a envisagé un transport par bateau sur l'East River, puis un transfert par hélicoptère, mais il a fallu y renoncer. Finalement, notre ami a été convoyé sur la plate-forme d'un camion le long de la 1re Avenue. Une grue l'attendait pour l'installer là où vous le voyez maintenant.

Mais il valait la peine d'attendre pour voir ce magnifique animal qui se trouve devant nous aujourd'hui. Sa seule taille nous ramène à nos justes proportions et il est bon qu'il en soit ainsi. Car cela nous montre que nous ne sommes pas les plus grands. Cela nous dit que la Terre n'est pas un bien que nous possédons, mais un trésor dont nous devons assurer la tutelle pour les générations futures.

Cela nous rappelle que, pour que notre village mondial soit un lieu véritablement désirable pour nous tous qui vivons sur cette planète, il faut qu'il existe le désir de nourrir et de préserver, et non de menacer ou de détruire, cette vie multiforme qui lui donne toute sa valeur.

Que l'éléphant — l'animal qui n'oublie jamais — soit notre mémoire institutionnelle! Souvenons-nous que, lorsque les générations futures ayant atteint l'âge adulte viendront dans ces jardins, l'éléphant sera toujours là. Lorsque nous passerons devant lui dans les jours et les années à venir, que ses cinq tonnes de métal nous rappellent quotidiennement que nous sommes tous en dette envers notre mère la Terre; que, si nous l'ignorons, c'est à nos propres risques; et que, si l'éléphant devait se réveiller parce que nous avons failli à notre devoir, il y a toutes chances qu'il ne se contenterait pas de réclamer des cacahouètes.

Je vous remercie de votre attention.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.