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LE TROISIEME FORUM MONDIAL DE LA TELEVISION S'INTERROGE SUR LE ROLE DE LA TELEVISION DANS LA CONSOLIDATION DU VILLAGE GLOBAL

19 novembre 1998


Communiqué de Presse
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LE TROISIEME FORUM MONDIAL DE LA TELEVISION S'INTERROGE SUR LE ROLE DE LA TELEVISION DANS LA CONSOLIDATION DU VILLAGE GLOBAL

19981119 Les systèmes de communications et d'information actuels ont établi des liens inextricables et irrévocables entre les personnes en faisant naître le phénomène de l'appartenance et de la responsabilité mondiales, a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies au troisième Forum mondial de la télévision. La survie du village global dépend de l'existence de principes et de valeurs partagés que doivent véhiculer les personnes qui détiennent le pouvoir incommensurable de diffuser les nouvelles quotidiennes, a observé M. Kofi Annan qui a invité les acteurs des médias à couvrir davantage les événements internationaux afin de faire de la puissance de la télévision un partenaire de la connaissance. Le Forum, cette année s'est concentré sur le thème "Le futur de la mémoire audiovisuelle : regard sur le vingtième siècle - vers le vingt-et-unième siècle". Le Forum se tiendra aujourd'hui et demain vendredi 20 novembre. Ces deux jours seront l'occasion de déterminer les domaines de coopération entre l'ONU et les réseaux des chaînes de télévision.

Dans son intervention, le Président de l'Assemblée générale a estimé que les médias audiovisuels ont la responsabilité morale de fournir des services, dont le contenu et la forme favorisent le développement de l'intelligence et renforcent l'esprit de l'audience. Fournir l'information et la connaissance qui déterminent nos décisions, nos comportements et nos préférences, est une énorme responsabilité. Le Forum donne la possibilité d'engager plus avant la réflexion et l'introspection sur le sujet.

Le Ministre des affaires étrangères de l'Italie, co-organisateur du Forum, a indiqué que les médias ne doivent pas être considérés comme une négation des valeurs d'autrui, mais comme une affirmation de l'identité personnelle. Ils sont capables d'interchanger les langues, de reformuler les symboles, de préserver les mémoires sans les rendre confuses. Les principaux défis que doivent relever et la politique et les médias sont la transparence, la justice, la liberté, la mémoire et l'identité.

Outre le Président de Hollinger International Inc., les personnalités suivantes ont pris la parole : Le Président de la RAI, Radiotelevisione Italiana; le Président de International Council of NATAS; le Président de Mediaset Group; le Directeur de France Télévision; le Président de la NHK; et le Directeur général d'EUTELSAT ainsi que la Présidente de Nikols Sedgwick et le Directeur de Shalimar Television Network.

* (Voir communiqué de presse Note No.5534 du 17 novembre 1998)

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Le Forum mondial de la télévision est organisé par le Département de l'information avec l'aide du Ministère des affaires étrangères de l'Italie et de la Mission permanente du Japon auprès des Nations Unies. Il est parrainé par la RAI (Radiotelevisione Italiana), the International Council of the National Academy of Television Arts et Sciences (NATAS), the Mediaset Group, France Télévision et NHK Japan television.

Parmi les manifestations prévues aujourd'hui, il faut signaler l'organisation, de 12 heures à 13 heures 15, d'une table ronde réunissant les cinéastes Martin Scorcese, Gillian Armstrong, Olivier Assayas, Masato Harada, Sidney Lumet, Dariush Mehrjiu et Giuseppe Tornatore autour du thème "Dialogue entre le passé et le présent lors de la réalisation d'un film", à la mémoire du cinéaste japonais, Akira Kurosawa. Deux tables rondes seront également organisées autour du thème de "l'héritage de la mémoire audiovisuelle". Demain vendredi 20 novembre, trois autres tables rondes seront organisées sur le thème "Vers le vingtième siècle".

TROISIEME FORUM MONDIAL DE LA TELEVISION DES NATIONS UNIES SUR LE THEME "LE FUTUR DE LA MEMOIRE AUDIO-VISUELLE"

Déclarations

M. KENSAKU HOGEN, Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information, a noté que c'est la troisième année consécutive que se tient la Forum mondial de la télévision qui a pour objectif d'engager une discussion sur les principaux défis que posent le réseau des médias, en particulier la télévision et son rôle central dans le traitement des questions importantes du moment. Le fait que l'Assemblée générale ait désigné le 21 novembre Journée mondiale de la télévision, à la suite du premier Forum en 1996, témoigne de l'importance que la communauté internationale attache au rôle de la télévision. Le thème du Forum cette année est "Le futur de la mémoire audiovisuelle" et à la fin du siècle, à l'aube du prochain millénaire, nous avons l'occasion d'examiner la question, sous plusieurs angles. Le Forum reflète la diversité des moyens de communication dans l'environnement multimédia actuel. Cette année, en plus des réseaux de chaînes de télévision, le Forum bénéficiera des contributions des représentants des médias écrits, du cinéma, de la diffusion par satellite, d'Internet et des autres médias. M. Hogen s'est félicité, à cet égard, du degré, jamais atteint, de participation et de représentation géographique. 80 pays sont représentés aujourd'hui faisant de ce Forum un véritable événement mondial.

M. DIDIER OPERTTI, Président de la cinquante-troisième session de l'Assemblée générale, a rappelé que quatre cents ans avant la naissance du Christ, le philosophe grec Platon avait déjà suggéré, à travers le mythe de la caverne, que la vérité est comparable à l'image. Comme les prisonniers de Platon, l'homme moderne connaît le monde par le biais des ombres électroniques transmises par les postes de télévision. Les perceptions, l'opinion publique et même le processus de socialisation sont déterminés par les images et les sons mondiaux, omniprésents et pénétrants de la télévision. Mais il ne faut pas oublier le mythe de Platon et le fait que l'image correspond à l'état de conscience le plus simple de l'être humain.

Fournir l'information et la connaissance qui, dans une large mesure, déterminent nos décisions, nos comportements et nos préférences, est une énorme responsabilité. C'est pourquoi, la réunion qui se tient aujourd'hui est si importante, parce qu'elle donne la possibilité d'engager plus avant la réflexion et l'introspection sur le sujet. Il faut trouver une réponse à la question fondamentale: quelle fonction devrait avoir l'audiovisuel dans la société moderne et comment la mettre en oeuvre ? Gérer le volume astronomique d'images et de sons qui sont diffusés par les médias audiovisuels afin d'éduquer l'audience sans la désinformer ou la submerger est l'une des tâches les plus délicates auxquelles nous devons faire face dans les années à venir. L'objectif est de faire en sorte que les ombres ne poussent pas les hommes à oublier la réalité.

( suivre)

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Les médias audiovisuels ont une responsabilité morale à fournir des services, dont le contenu et la forme favorisent le développement de l'intelligence et renforcent l'esprit de l'audience. Ce mandat ne signifie en aucune manière que l'exercice de la liberté dans la production et le développement des médias audiovisuels devra être limité. Cela signifie plutôt que cette liberté doit s'exercer au profit de la communauté. L'emploi du temps des réunions n'inclut pas de référence explicite à l'éducation, même si l'idée d'éducation est présente implicitement dans certains des thèmes discutés. La semaine dernière, l'Assemblée générale a adopté une résolution qui fait de la période 2001-2010 la Décennie internationale pour la culture de la paix et de la non-violence pour les enfants du monde. Cette résolution reconnaît le rôle que joueront les médias dans le développement d'une culture de paix. Dans l'objectif de créer une culture de paix pour les générations futures, les médias ont un rôle crucial à jouer. Il faut espérer que les réunions, telles que celle qui commence aujourd'hui, aide à définir ce rôle et que celui-ci profitera à l'ensemble de l'humanité.

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a estimé que le monde se caractérise aujourd'hui par l'absence de personnalités fortes. Tous se demandent où sont les héros et les leaders, où sont ces sources d'inspiration. Dans ce pays même, a dit le Secrétaire général, les deux derniers événements qui ont dominé les écrans de télévision ont fait surgir cette question. Ces deux événements étaient en fait, a-t-il dit, l'histoire d'individus qui testaient leurs limites. Les histoires de l'astronaute John Glenn ou des joueurs de base-ball, Mark McGwire et Sammy Sosa ont permis aux gens de se lamenter sur l'absence de héros dans les médias. Où sont ces héros qui prennent des risques et qui testent les limites de l'être humain. L'être humain a-t-il perdu sa capacité de "fabriquer de l'extraordinaire" ? La vitesse des progrès non seulement dans le domaine de l'information et de la technologie de l'information prouvent le contraire. Il semble plutôt, a estimé le Secrétaire général, que le progrès et sa rapidité actuelle ont fini par jeter une ombre sur les individus qui sont derrière ces progrès. Dans le monde actuel, on pourrait donc croire que le héros est devenu une race en voie de disparition. La mondialisation a fait que les personnes responsables des progrès sont si nombreuses qu'il devient impossible de retenir leur nom, leur nombre ou leur nationalité et encore moins leur visage ou leur chanson favorite.

Le défi est donc de rechercher les individus derrière le progrès de l'humanité et de donner à la détermination de l'être humain un visage humain. A la fin de ce siècle, une chose est sûre : les communications modernes ont établi entre les personnes une connexion inextricable et irrévocable. Cette connexion a donné naissance à un nouveau phénomène qui est celui de l'appartenance et de la responsabilité mondiales. C'est ce qui a sous-tendu des négociations comme celles relatives au traité interdisant les mines antipersonnel et au statut de la Cour pénale internationale. Ces réalisations sont le fait des héros d'aujourd'hui, expression d'un pouvoir humain mondial.

( suivre)

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Le défi est aussi de mieux comprendre les forces émergentes et les formes de mondialisation pour faire en sorte qu'elles servent les besoins humains et répondent effectivement à leurs conséquences. La survie de ce village global dépend donc d'un cadre plus large de principes et de valeurs partagés. C'est la tâche énorme de ceux qui détiennent le pouvoir incommensurable de nous apporter les nouvelles quotidiennes.

Si CNN a banni de son vocabulaire le mot "étranger", de nombreux pays ont observé un déclin regrettable de la couverture des nouvelles internationales au cours de la dernière décennie. Il faut plaider pour des arrangements qui permettraient une couverture des faits internationaux qui aillent au-delà des catastrophes et des conflits. Aucune nation, si puissante soit-elle, ne peut régler seule les problèmes actuels. Ils ne peuvent être résolus que par les Nations Unies et les autres institutions internationales. Mais ces problèmes doivent être compris par les gens de par le monde parce que leur volonté et leur appui sont nécessaires. Même si l'importance et le caractère apparemment trouble des questions mondiales nous mettent dans une situation inconfortable, il ne faut pas tourner le dos à la connaissance. C'est un impératif moral que de regarder les faits en face. A cet égard, la puissance de la télévision devient un partenaire de la connaissance.

M. LAMBERTO DINI, Ministre des affaires étrangères de l'Italie, a indiqué que le débat d'aujourd'hui sur la télévision a d'autant plus d'autorité qu'il a lieu ici, aux Nations Unies, qui, plus que n'importe quel autre forum, stimule les espoirs, les aspirations et les désillusions de la communauté internationale. La politique doit prendre en compte sérieusement la révolution du multimédia, ses approches, ses formes et sa substance étant grandement influencées par celle-ci. Il est vrai que les relations interpersonnelles sont remplacées par des soirées passées de manière solitaire devant les postes de télévision. Mais ceci est compensé par le fait que la télévision ouvre grand les fenêtres sur le monde réel, élargissant considérablement les horizons culturels des individus et de l'ensemble des classes sociales. Comme l'a dit Mario Vargas Llosa: "Un des idéaux des jeunes - l'abolition des frontières nationales et l'incorporation de tous les pays dans un système d'échange qui profite à tous, notamment aux pays qui combattent pour sortir du sous-développement - commence à prendre forme. Mais, contrairement à ce qui était attendu, cette internationalisation n'a pas été le fruit d'une révolution socialiste, mais a été produite par ses adversaires, le capital et le marché. Le pas en avant effectué dans ce domaine est le plus important de l'histoire moderne, parce qu'il pose les bases d'une civilisation nouvelle à l'échelle mondiale, favorisant le développement de la démocratie, de la société civile, de la liberté économique et des droits de l'homme". A ceci, il faut ajouter que rien ni personne n'est inaccessible aujourd'hui. Une fois que les distances sont abolies, les désastres les plus éloignés se rapprochent de nous, et il est possible d'explorer les cultures les plus lointaines.

( suivre)

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A la fin de ce siècle, à un moment où nous étions préparés à célébrer le triomphe de la démocratie libérale, la scène a été envahie par de nouvelles tribus, chacune poussée par sa propre mémoire. De la mondialisation au tribalisme. Nul part plus que dans ce lieu malheureux que nous appelions autrefois de façon commode l'Europe de l'Est, ce phénomène est plus évident. Les médias doivent se donner comme objectif d'assurer que l'humanité et la vérité prévalent en tout temps. Il ne faut pas que les médias servent à véhiculer le fanatisme et à soutenir les nouvelles croisades. Les médias doivent être utilisés pour garantir la transparence sur la scène internationale et comme instrument de justice.

Les médias ne doivent pas être considérés comme une négation des valeurs d'autrui, mais comme une affirmation de l'identité personnelle. De l'histoire de l'Italie et de l'Europe, nous pouvons tirer comme leçon que chaque personne appartient à de nombreuses communautés, et c'est précisément cette appartenance multiple qui enrichit notre existence. Une société ne peut pas être ouverte politiquement, si elle ne l'est pas culturellement. Les médias sont capables d'interchanger les langues, de reformuler les symboles, de préserver les mémoires sans les rendre confuses. Les principaux défis que doivent relever et la politique et les médias, à l'aube du troisième millénaire, sont la transparence, la justice, la liberté, la mémoire et l'identité.

M. CONRAD BLACK, Président de Hollinger International Inc., soulignant qu'il est propriétaire de plus de 120 journaux et d'un grand nombre de publications, a consacré son intervention à une critique sévère de la télévision. Tout en étant conscient du pouvoir de la télévision, il a souligné qu'en fin de compte, elle demeure un vecteur mineur de l'information. M. Black a illustré ses propos en invoquant des statistiques qui montrent que la presse écrite exerce une plus grande influence sur la formulation de l'opinion publique. La télévision ne joue qu'un rôle de dramatisation des tragédies humaines comme cela a été le cas pour la famine en Ethiopie, la guerre en Somalie, les conflits tribaux au Rwanda ou encore la tragédie de la Bosnie, a-t-il souligné. En revanche, la télévision n'a pas démontré sa capacité à mettre en lumière les atrocités commanditées par les Gouvernements car cela exige en fait un travail de fond. La télévision a ainsi raté les événements du Cambodge, du Tibet ou encore de l'Iraq. Pour M. Black, la télévision est une industrie qui doit trouver son équilibre et qui a encore beaucoup à apprendre.

M. ROBERTO ZACCARIA, Président de la RAI (Radiotélévision italienne), a indiqué que nous transportons tous dans nos têtes des images et des sons qui ont beaucoup de sens pour nous, tels que le "champignon" de l'explosion atomique, le premier pas de l'homme sur la lune ou encore le jour de la libération de Mandela en Afrique du Sud. Ces images créent notre imagination collective. C'est la mémoire audiovisuelle de ce siècle. La question qui se pose à nous est de savoir ce qu'il faut faire de cet héritqge audiovisuel ? Que voulons-nous garder, restaurer, cataloguer et réutiliser ? Un des projets de la RAI est d'instaurer une coopération nationale et internationale entre les archives, les diffuseurs et les autres institutions.

( suivre)

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Les trois défis que nous devons relever sont la garantie du plus grand accès possible aux images et aux sons, la garantie des droits de toutes personnes et institutions engagées dans le processus, et la qualité du produit diffusé.

Mme KAY KOPLOVITZ, Présidente de International Council of NATAS, a estimé que dans l'état actuel des choses, la télévision peut être le moyen de consolider le village global. Le monde n'est qu'au premier jour de la révolution digitale. Dans le futur, chaque média gardera sa nature unique mais la concurrence sera plus forte compte tenu du temps libre limité dont dispose le public. Les gens seront de plus en plus à la recherche d'une meilleure image, d'un meilleur son, des nouvelles plus rapides et plus informatives. Les bénéfices potentiels du digital sont phénoménaux. L'information sera disponible partout et à n'importe quel moment. Le changement des techniques d'information s'accompagne du changement de la structure des communications. Les audiences sont de plus en plus sélectives. Dans un tel contexte, International Council permet un dialogue, un débat et la formulation de directives. Des professionnels de plusieurs pays du monde se consacrent à l'exploration des questions critiques qui intéressent l'industrie de la télévision en expansion. Le monde actuel est hanté par les questions d'écologie, de santé publique, de stabilité économique ou des droits de l'homme. Si la télévision peut prendre part à la recherche de solution, International Council peut apporter sa contribution.

M. FEDELE CONFALONIERI, Président du Groupe Médiaset, a réaffirmé le rôle social et culturel de la télévision. La télévision publique a joué un rôle décisif dans de nombreux pays. Le rôle des diffuseurs commerciaux a été tout aussi important. La télévision commerciale a renforcé la démocratie en donnant la possibilité de faire de nouveaux choix. Mais ce forum va au-delà de la concurrence saine entre télévision publique et privée. La question que nous nous posons aujourd'hui est de savoir quel sera le rôle de la télévision si elle veut favoriser le développement des droits de l'homme et pour protéger la mémoire collective de l'humanité. Le principal défi auquel la télévision devra faire face est la promotion de valeurs communes. La télévision généraliste doit savoir remplacer le théâtre de l'antiquité qui était porteur de valeurs partagées. Les téléspectateurs doivent pouvoir continuer à se sentir chez eux, tout en comprenant mieux ce qui se passe ailleurs. Il faudrait créer une télévision européenne afin de rétablir un sentiment d'appartenance. Ainsi, la télévision doit être une force en faveur de la paix.

M. JEAN-LOUIS DEMIGNEUX, Directeur de France Télévision, s'exprimant au nom du Président de France Télévision, a estimé que le rôle de la télévision est à double tranchant. Les événements qui ont conduit à la chute de Ceaucescu en Roumanie et l'utilisation de la télévision pour vérifier ou infirmer les accusations de génocide montrent, entre autres, que la télévision peut contribuer à une opacité plus grande des événements historiques et jeter sur eux un voile d'ignorance. La télévision est un outil ambigu et le XXème siècle en a fait un instrument fragile et dangereux mais aussi un enjeu démocratique essentiel.

( suivre)

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En élargissant les frontières, la télévision rend en même temps les manipulations plus faciles et la méfiance permanente. Dissocier la télévision du pouvoir politique est un premier pas vers la démocratisation de cet instrument, mais d'autres intérêts plus diffus, moins immédiatement visibles, économiques ou financiers, peuvent compromettre l'usage démocratique de la télévision. A l'avenir, la réflexion de l'offre télévisuelle s'orientera vers la question de l'accessibilité de l'offre télévisuelle dans une société démocratique. Le contexte de la production audiovisuelle engage à des réflexions qui ne portent plus seulement sur les programmes mais sur des questions techniques, financières et sociales. Il ne s'agit plus de porter quelque chose à l'écran, où de savoir ce que porter à l'écran, mais plutôt de faire en sorte que ce que nous portons à l'écran puisse toucher l'ensemble de la communauté dans lquelle nous vivons.

M. HATSUHISA TAKASHIMA, Président exécutif de NHK, a indiqué, au nom de M. Katsuji Ebisawa, Président de NHK, que NHK a commencé en 1964 le développement de la télévision de haute définition. Aujourd'hui, NHK et six autres télévisions commerciales japonaises diffusent 17 heures de programmes de haute définition chaque jour. La télévision représente l'une des plus grandes réussites technologiques du XXème siècle. Il faut garder à l'esprit la relation symbiotique qui existe entre la technologie de la télévision et la programmation. La haute définition a été utilisée pour couvrir des événements sportifs en direct, des programmes de divertissement et même des reportages d'information. Nous espérons pouvoir installer une caméra de plus grande définition dans la station spatiale internationale. Aussi, grâce à ce projet, les scientifiques pourront étudier de plus près la terre, ce qui permettra d'élargir les connaissances sur les changements qui affectent la terre, son environnement et ses populations.

M. GIULIANO BERRETTA, Directeur général d'EUTELSAT, a souligné l'importance des satellites dans la transmission des communications. Il a indiqué qu'il y a aujourd'hui 200 satellites géostationnaires et que tout porte à croire que ce nombre augmentera considérablement. Les satellites, a-t-il dit, ont contribuer à la démocratisation de la télévision. La télévision satellitaire ne connaît pas de limites. Si son potentiel était pleinement exploité, il y aurait aujourd'hui 30 000 chaînes de télévision satellitaires. M. Berretta a salué la naissance de l'Internet par satellite qui accroît la transmission de données à une très grande vitesse.

Mme LETIZIA MORATTI, Présidente de Nikols Sedgwick, a indiqué qu'il est important de comprendre les progrès de la télévision. Ce progrès est mondial et influence aussi bien les individus que les nations. Nous faisons face à de nouveaux risques et à des nouvelles possibilités. La télévision a pu assumer un rôle positif dans son histoire de 60 ans, en défendant la démocratie. Mais elle n'a pas toujours joué ce rôle et a même parfois été un outil de propagande, donnant une vue déformée des événements. Il faut être honnête et considérer aussi bien les zones d'ombre que les zones claires. Aujourd'hui, il faut considérer ce que nous pouvons faire encore pour la démocratie, le progrès social et les droits de l'homme.

( suivre)

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Peut-être faut-il reconsidérer la déontologie de la télévision ? Cela pourrait passer par des directives permettant de travailler plus efficacement, comme des normes en faveur des jeunes qui ne sont pas toujours protégées par le pouvoir des nouveaux médias.

M. KHALIL HASAN, Directeur de Shalimar Television Network, a considéré que dans l'état actuel des choses, la télévision satellitaire a plutôt ouvert les écluses, faisant courir le risque d'une inondation. Il a plaidé pour un équilibre et l'élaboration de principes directeurs. Le Forum, a-t-il dit, doit contribuer à cela. Il n'existe aujourd'hui aucun échange culturel ni d'échange d'information. Il n'existe qu'un torrent unidirectionnel qui emporte tout sur son passage. Le Forum doit rendre plus sensible aux préoccupations des régions les moins développées du monde. Dans le monde actuel, l'abondance d'information ne se traduit pas nécessairement en connaissances réelles. Il faut apprendre à utiliser le média qu'est la télévision et s'interroger sur la manière de l'utiliser au service des populations pour accroître leur bien-être spirituel et matériel. C'est là le plus grand défi du XXème siècle.

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