En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6785

CONVAINCRE LE REPRESENTANT SPECIAL POUR LA PROTECTION DES ENFANTS DANS LES CONFLITS ARMES A ETE UN DE MES PREMIERS SUCCES DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL

16 novembre 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6785


CONVAINCRE LE REPRESENTANT SPECIAL POUR LA PROTECTION DES ENFANTS DANS LES CONFLITS ARMES A ETE UN DE MES PREMIERS SUCCES DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL

19981116 Voici le texte d'une allocution prononcée le 5 novembre, à New York, par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, lors d'un dîner de gala de l'Académie mondiale pour la paix, en l'honneur de son Représentant spécial pour la protection des enfants en période de conflit armé, M. Olara Otunnu :

C'est toujours un plaisir d'être invité par l'Académie mondiale pour la paix, surtout s'il s'agit, comme ce soir, d'une invitation à dîner.

L'Académie a pris l'habitude de puiser son personnel parmi les plus éminents fonctionnaires de l'ONU, à commencer bien sûr par son Président fondateur, le général Indar Jit Rikhye. Elle a réitéré plus récemment avec F. T. Liu — à qui nous souhaitons une rapide et complète guérison — et George Sherry.

Mais aujourd'hui l'ONU réplique. Cette fois, c'est nous qui avons pris votre élément le meilleur et le plus brillant : j'ai nommé Olara Otunnu. Et j'ai bien peur que nous n'ayons pas eu, comme vous, la délicatesse d'attendre qu'il ait pris sa retraite. Nous vous l'avons bel et bien subtilisé. Remarquez, si on consulte ne serait-ce que les deux premières pages de son CV, on le prendrait facilement pour un vétéran de la politique. C'est qu'il a commencé très jeune.

À 30 ans, Olara Otunnu était déjà Représentant permanent de son pays auprès de l'ONU. Un an plus tard, il présidait le Conseil de sécurité, au moment de l'élection du nouveau Secrétaire général.

Il faut lui rendre hommage pour avoir à cette occasion dénoué une situation sans issue, grâce à l'ingénieux recours à un vote "blanc" au cours duquel les membres permanents ont employé des bulletins de couleur différente de ceux des autres membres. On a ainsi pu constater qu'un membre permanent s'opposait à l'élection des deux principaux candidats. La voie était ouverte pour un troisième candidat, Javier Pérez de Cuéllar.

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Olara Otunnu a prouvé à cette occasion qu'il était un homme plein de ressources, ce qui s'est confirmé par la suite. Je suppose que vous avez tous suivi sa carrière ultérieure, avec ses rebondissements et ses nombreux succès.

À 48 ans, Olara Otunnu, qui est doué d'aptitudes sans pareil pour apprendre, a encore le temps de gravir bien des sommets.

Il a appris, par exemple, qu'il existait plus d'un poste intéressant au Secrétariat de l'ONU. Peut-être même a-t-il remarqué qu'il nous arrivait d'accorder des promotions.

Quoi qu'il en soit, je suis extrêmement fier d'avoir pu le persuader de nous rejoindre. Je considère même que c'est l'un de mes premiers grands succès en tant que Secrétaire général.

Comme vous le savez, depuis des années, l'ONU s'efforce d'appeler l'attention sur les souffrances indicibles des enfants touchés par les conflits armés. En 1996, Mme Graça Machel a présenté le premier rapport complet sur la question.

Dans son rapport, Graça Machel formule des conclusions et des recommandations aux fins d'action dans plusieurs domaines : les enfants soldats, les enfants réfugiés ou déplacés à l'intérieur de leur pays, l'exploitation sexuelle et la violence à l'égard des filles, les mines terrestres et les munitions non explosées, les conséquences des sanctions pour les enfants, la santé et la nutrition, la réadaptation psychologique et la réinsertion sociale, l'éducation, la démilitarisation et la reconstruction.

C'est un programme ambitieux. Mais les recommandations ne s'appliquent pas toutes seules. Il faut que quelqu'un y consacre toute son énergie et toute sa détermination.

Voilà pourquoi l'Assemblée générale a recommandé que je nomme un Représentant spécial pour prendre les choses en mains.

Au début, nombre d'entre nous souhaitaient que Graça Machel elle-même assume cette tâche. Mais elle s'est trouvée — comment dirais-je — appelée à d'autres fonctions et il m'a fallu chercher quelqu'un qui avait ses qualités, mais plus jeune et, si possible, encore plus énergique et plus résolu. Et bien, Mme Machel et M. Otunnu ont beaucoup de choses en commun, comme vous le savez. Il sont tous deux homme et femme d'État, Africains de haute stature. Ils partagent en outre un même penchant pour les changements de nationalité.

Il m'a donc été facile d'arrêter mon choix sur Olara Otunnu. Le convaincre d'accepter l'a été un peu moins. Nul n'ignore les talents de M. Otunnu pour le marchandage. Nous avons failli "rater l'affaire" pour un

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détail qui peut paraître dérisoire, mais dont il a immédiatement saisi l'importance. Que fallait-il dire en anglais, "Représentant spécial pour les enfants dans les conflits armés" ou "pour les enfants et les conflits armés"?

Voyez-vous, la plupart des gens à l'ONU pensaient que s'occuper des enfants dans les conflits armés était une tâche bien assez lourde. Mais Olara Otunnu n'a rien voulu savoir et a refusé catégoriquement de signer un contrat tant que nous n'aurions pas tranché en faveur du "et".

Ainsi, Olara Otunnu devient l'ange gardien de tous les enfants, partout dans le monde, sans attendre qu'ils soient touchés par des conflits armés (il est déjà le tuteur de six enfants, mais ce n'est qu'un début).

Et il peut aussi s'occuper de n'importe quel conflit armé, partout dans le monde, sans avoir à attendre que des enfants commencent à souffrir. Je peux vous dire que, quand les membres du Conseil de sécurité l'ont appris, ils ont poussé collectivement un énorme soupir de soulagement.

Je sais que pour l'Académie mondiale pour la paix, ce fut un grand sacrifice de laisser partir Olara Otunnu, mais j'espère que vous comprenez maintenant que ce que vous avez perdu, le monde l'a gagné.

Je dois avouer que mes remords ont été considérablement apaisés lorsque j'ai appris que vous aviez remplacé M. Otunnu par David Malone. M. Malone s'est fait connaître à l'ONU à l'époque où il était en poste à la mission du Canada, au début des années 90. Il était alors l'adjoint de Louise Frechette, qui est devenue mon adjointe. Le monde est petit.

Nous gardions tous un excellent souvenir de David Malone, surtout ceux d'entre nous qui s'occupaient alors du maintien de la paix. C'est un grand plaisir de lui souhaiter à nouveau la bienvenue à New York.

Et maintenant, Mesdames et Messieurs, je vous invite à lever vos verres en l'honneur de l'Académie mondiale pour la paix, et de ses présidents, anciens et nouveaux.

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