En cours au Siège de l'ONU

OBV/68

LA JOURNEE MONDIALE DE L'ALIMENTATION CELEBREE AU SIEGE DES NATIONS UNIES

20 octobre 1998


Communiqué de Presse
OBV/68
SAG/13


LA JOURNEE MONDIALE DE L'ALIMENTATION CELEBREE AU SIEGE DES NATIONS UNIES

19981020 La communauté internationale rend hommage aux légions d'héroïnes invisibles déclare M. Jacques Diouf de la FAO

Les Nations Unies ont célébré aujourd'hui la Journée mondiale de l'alimentation. Mme Louise Fréchette, Vice-Secrétaire général, a prononcé le discours-programme, au nom du Secrétaire général. Elle a rappelé que plus de 800 millions de personnes continuent à souffrir de la faim et de la malnutrition et cela en dépit du fait qu'il existe suffisamment de réserves alimentaires pour nourrir tout le monde. Mais, pour garantir le droit à l'alimentation, qui constitue un droit fondamental de toute personne, il faut une volonté politique collective a-t-elle soutenu.

Pour sa part, M. Didier Opertti, Président de l'Assemblée générale a estimé que la célébration aujourd'hui de la Journée mondiale de l'alimentation offre l'occasion de procéder à un examen de conscience collectif et de réaffirmer que la mort de 30 000 personnes chaque jour du fait de la faim et de la malnutrition est un fait moralement et socialement inacceptable.

Rappelant le thème de la Journée mondiale de l'alimentation de cette année " Les femmes nourrissent le monde", M. Francesco Paolo Fulci, Vice- Président du Conseil économique et social (ECOSOC) a insisté sur le rôle important que joue l'ECOSOC dans le suivi des grandes conférences et sommets des Nations Unies, et en particulier du Plan d'action de Beijing et du Sommet mondial sur l'alimentation.

M. Jacques Diouf, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a quant à lui tenu à rendre hommage aux légions d'héroïnes invisibles : les femmes qui nourrissent le monde. Pour gagner la guerre contre la faim et la malnutrition, une révolution dans les attitudes et les comportements est nécessaire, a indiqué M. Diouf, qui a ajouté qu'il fallait revoir complètement les politiques et programmes de développement de façon qu'ils tiennent davantage compte du rôle spécifique des femmes.

La Journée mondiale de l'alimentation a été instituée en 1979 par la Conférence générale de la FAO. Par la suite, en 1980, l'Assemblée générale a appelé pour la première fois à célébrer la Journée mondiale de l'alimentation, le 16 octobre 1981, date anniversaire de la fondation de la FAO et chaque année ensuite. Elle a pour but de sensibiliser les gouvernements et les populations au problème de la faim dans le monde et de les associer à la lutte menée par la FAO pour libérer l'humanité du fléau de la faim, de la malnutrition et de la pauvreté.

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Déclarations

M. DIDIER OPERTTI, Président de l'Assemblée générale, a rappelé que l'Assemblée générale, en 1980, avait reconnu l'alimentation comme une condition sine qua non de la survie et du bien-être de l'humanité ainsi qu'une nécessité humaine fondamentale. La célébration aujourd'hui de la Journée mondiale de l'alimentation, offre a son avis, l'occasion de procéder à un examen de conscience collectif et de réaffirmer que la mort de 30.000 personnes chaque jour du fait de la faim et de la malnutrition est un fait moralement et socialement inacceptable.

Le Sommet mondial sur l'alimentation convoqué par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Rome en 1996 a marqué un tournant dans les efforts visant à résoudre les problèmes de la faim et de la malnutrition. Pour M. Opertti, ce qu'il faut pour atteindre les objectifs fixés lors de ce Sommet et multiplier par deux la capacité actuelle et la production alimentaire, c'est la mobilisation et la coordination des efforts de tous les secteurs de la société en faveur de la sécurité alimentaire des ménages et des pays. De tout temps, et particulièrement en ces temps d'incertitudes et de fragilité des marchés financiers qui ont des effets sociaux négatifs, assurer la sécurité alimentaire des groupes les plus vulnérables de nos sociétés est un besoin urgent et un objectif prioritaire, a-t-il rappelé.

M. Opertti a estimé en outre que le thème de la Journée de cette année, "les femmes nourrissent le monde", est particulièrement adapté compte tenu du fait que les femmes, et particulièrement celles des pays en développement, produisent la moitié des aliments et apportent une contribution appréciable par leurs fonctions multiples dans l'agriculture. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un défi fondamental qui consiste à donner une impulsion stratégique et décisive pour remporter la guerre contre la faim et la malnutrition qui affligent tant de monde, a-t-il ajouté. Dans cette optique, il faut de toute évidence mobiliser le potentiel de tous, hommes et femmes, et cesser de traiter les femmes comme des citoyens et des agriculteurs de seconde zone. A cet égard, M. Opertti a insisté sur la nécessité de faire converger les efforts politiques et sociaux afin d'assurer la sécurité alimentaire. C'est un problème qui doit être traité avec raison et sensibilité, a-t-il indiqué.

M. Opertti s'est déclaré confiant dans le fait que la commémoration de cette Journée mondiale de l'alimentation servira de catalyseur aux efforts pour répondre aux questions fondamentales de la sécurité alimentaire mondiale. Il a également signalé que les nouvelles techniques de production et de conservation des aliments contribueront certainement à la résolution de ces problèmes.

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MME LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale de l'Organisation des Nations Unies, a déclaré qu'à la veille du nouveau millénaire et dépit des réalisations humaines importantes, nous ne sommes toujours pas en mesure de garantir la sécurité alimentaire pour tous. Chaque année la Journée mondiale de l'alimentation nous rappelle que la guerre contre la faim reste à gagner. Rappelant que plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim ou de la malnutrition, dont 200 millions d'enfants, Mme Fréchette a noté qu'une personne affamée ne peut réaliser son potentiel humain à la fois à l'échelle individuelle et à l'échelle sociale, ce qui entraîne des conséquences dévastatrices sur les plans politique et économique.

Pour Mme Fréchette la Journée mondiale de l'alimentation marque l'anniversaire de la création de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) qui est devenue, au cours des dernières 53 années, la plus grande institution spécialisée du système des Nations Unies, chargée de questions relatives à l'agriculture et au développement rural. Cette institution a joué un rôle essentiel, selon elle, dans la lutte contre la faim et la malnutrition dans le monde. Toutefois, le droit fondamental à l'alimentation n'est toujours pas acquis à des millions de personnes. Or, a-t-elle fait remarquer, le monde a assez de réserves alimentaires et dispose des technologies et du savoir faire nécessaires pour nourrir tout le monde. Ce qu'il faut aujourd'hui, estime Mme Fréchette, c'est une volonté politique collective. Un premier pas en ce sens serait de reconnaître la contribution importante des femmes à la sécurité alimentaire mondiale et de lever les obstacles auxquels elles continuent de faire face dans l'accomplissement de leur rôle. En effet, selon Mme Fréchette, les politiques de développement agricoles ne reflètent toujours pas les besoins spécifiques des femmes, ou se limitent à le faire sur le papier. Elle se félicite par conséquent du thème choisi pour la Journée mondiale de l'alimentation de cette année, à savoir "Les femmes nourrissent le monde". Ce thème représente une opportunité excellente pour rendre hommage aux rôles multiples des femmes dans l'agriculture et dans la chaîne alimentaire.

Mme Fréchette a rappelé que la décennie des Nations Unies pour la femme 1976-1985 a permis à la communauté internationale de mieux comprendre le rôle des femmes rurales et leur contribution importante à la chaîne alimentaire. En outre, dans la période de l'après-guerre froide, les Nations Unies ont pu redoubler d'effort dans le domaine de la promotion des femmes rurales. A cet égard, les Conférences et Sommets des Nations Unies, et en particulier la quatrième Conférence internationale sur les femmes de Beijing de 1995 et le Sommet mondial pour l'alimentation de 1996, ont permis à la communauté internationale d'aborder ces questions sous un angle plus large. Il importe maintenant d'en assurer un suivi coordonné, a déclaré Mme Fréchette ajoutant que, un demi-siècle d'expérience a appris aux Nations Unies qu'on ne peut trouver de solutions durables aux problèmes sociaux, économiques et politiques sans la pleine participation et l'avancement des femmes.

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M. FRANCESCO PAOLO FULCI, Vice-Président de l'ECOSOC, a estimé que l'humanité toute entière est préoccupée par le défi de nourrir la population mondiale croissante, et que les femmes ont un rôle essentiel à jouer pour pouvoir le relever. Dans beaucoup de régions du monde, et en particulier dans les pays en développement les femmes participent activement à la production agricole. M. Fulci a également noté que le combat visant à assurer une alimentation adéquate aux familles, communautés et états-nations est aussi ancien que l'histoire de la civilisation humaine.

A l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation, M. Fulci a rappelé l'initiative de M. Diouf, Directeur exécutif de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et de l'agriculture (FAO), d'organiser un Sommet mondial de l'alimentation en 1996 qui a conduit à l'engagement de la communauté internationale de réduire de moitié le nombre des personnes souffrant de la faim et de la malnutrition d'ici l'an 2015. Selon M. Fulci, cet objectif guidera les travaux de la FAO pour le nouveau millénaire et contribuera à ce que les pays accordent la priorité à la sécurité alimentaire au niveau de la famille et de la nation.

M. Fulci a rappelé que dans un grand nombre de pays les femmes rurales continuent à faire face à de nombreux obstacles qui relèvent notamment de l'accès à l'éducation, à la propriété, à l'héritage et au crédit. Il a également souligné que le Conseil économique et social (ECOSOC) est chargé des travaux de suivi des Conférences internationales des Nations Unies, et en particulier de la Conférence de Beijing et du Sommet mondial sur l'alimentation. Dans ce contexte, M. Fulci s'est félicité de la contribution de la FAO aux travaux de suivi de l'application du Plan d'action de Beijing, ce qui a permis entre autre de garantir que les problèmes des femmes rurales fassent l'objet de l'attention nécessaire de la part de la communauté internationale. Il a également demandé à la FAO de contribuer à développer une approche globale au niveau du système des Nations Unies des questions de la sécurité alimentaire et du développement rural, et en particulier de la promotion du statut de la femme dans le secteur rural. M. Fulci a déclaré que, c'est seulement lorsque les femmes et les hommes, les agriculteurs, les chercheurs, les législateurs et les décideurs, la société civile et le secteur privé travailleront ensemble que le monde sera sur la bonne voie pour l'élimination de la faim et de la pauvreté.

M. JACQUES DIOUF, Directeur général de la FAO, a indiqué que la Journée mondiale de l'alimentation nous rappelle encore une fois le sort tragique de 800 millions de personnes qui ne jouissent toujours pas du droit le plus fondamental de l'homme, à savoir le droit à la nourriture, et la nécessite de prendre des mesures urgentes et radicales pour atteindre le but fixé par le Sommet mondial de l'alimentation et réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées d'ici l'an 2015. A cet égard, M. Diouf a tenu à rendre hommage aux légions d'héroïnes invisibles : les femmes qui nourrissent le monde. Il s'est dit personnellement convaincu que l'objectif de la sécurité

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alimentaire mondiale pour tous ne saurait être atteint si la voix de la majorité silencieuse de l'humanité ne se faisait pas entendre. La contribution considérable des femmes à l'agriculture, à la foresterie et aux pêches et, de ce fait, à la sécurité alimentaire des ménages et des pays doit être reconnue et appréciée. Rappelant que, notamment dans le monde en développement, les femmes assurent par leur travail une grande partie de la production alimentaire destinée à la consommation des ménages, aux activités de transformation des aliments et à la commercialisation, il a regretté que cette contribution ne soit tout simplement pas comptabilisée dans les statistiques nationales ni dans les recensements agricoles. L'ignorance répandue de la répartition effective du travail et des responsabilités et contributions respectives des hommes et des femmes empêche de parvenir à une productivité agricole optimale, a-t-il ajouté, indiquant que la plupart des pays continuent à adopter une approche de la planification et de la prise de décision en matière d'agriculture qui fait abstraction des rôles spécifiques des hommes et des femmes. En outre, il apparait que le droit des femmes à être propriétaires terriens est rarement exercé et que l'inégalité des sexes prévaut en matière d'accès aux nouvelles technologies agricoles et aux avantages qui en découlent.

Depuis sa création, la FAO n'a cessé de reconnaître et de travailler avec les femmes. M. Diouf a indiqué à cet égard, qu'une des principales leçons de cette expérience est que lorsque les femmes ont les moyens d'accéder aux ressources et aux services, elles deviennent des partenaires dynamiques du développement. Malgré tout, a-t-il regretté, la participation des femmes se limite trop souvent encore à l'offre d'une main d'oeuvre non rémunérée, alors qu'elles devraient participer activement à l'identification de priorités et à la conception de solutions ayant un impact direct sur leurs moyens de subsistance. Dans cette optique, la FAO a lancé un Programme spécial pour la sécurité alimentaire qui envisage d'avoir recours à l'analyse des obstacles socio-économiques à la sécurité alimentaire selon les sexes et les groupes spécifiques, notamment en ce qui concerne l'accès aux technologies, à la terre, aux intrans, aux installations de stockage, à la commercialisation, à la transformation et au crédit.

Pour gagner la guerre contre la faim et la malnutrition, une révolution dans les attitudes et les comportements est nécessaire, a indiqué M. Diouf. Il a estimé qu'il fallait revoir complètement les politiques et programmes de développement de façon qu'ils tiennent davantage compte du rôle spécifique des femmes.

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