GA/SM/66

LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE GENERALE APPELLE A UN RENFORCEMENT DES ACTIVITES DE MAINTIEN DE LA PAIX

16 octobre 1998


Communiqué de Presse
GA/SM/66
PKO/76


LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE GENERALE APPELLE A UN RENFORCEMENT DES ACTIVITES DE MAINTIEN DE LA PAIX

19981016 On trouvera ci-après une déclaration prononcée par M. Didier Opertti (Uruguay), Président de l'Assemblée générale, à l'occasion de la séance tenue par l'Assemblée pour célébrer le cinquantième anniversaire des opérations de maintien de la paix, le 6 octobre.

C'est un grand honneur et un grand plaisir que de présider la présente cérémonie de célébration du cinquantième anniversaire de la création des opérations de maintien de la paix.

Ce n'est pas sans fierté, en effet, que nous songeons au rôle important qu'ont joué ces opérations dans la quête de la paix et de la sécurité internationales, même si la présente cérémonie est aussi l'occasion de réfléchir à leur présent et à leur avenir.

Les opérations de maintien de la paix recouvrent un vaste éventail d'activités : depuis l'observation et la surveillance des élections jusqu'au contrôle du respect des droits de l'homme, en passant par la restauration des institutions et des services détruits par la guerre et la violence.

La célébration du cinquantième anniversaire des opérations de maintien de la paix nous amène à évoquer des événements qui constituent des jalons dans la vie de l'Organisation des Nations Unies : depuis 1948, 49 opérations de maintien de la paix ont été organisées sur tous les continents, des centaines de milliers de soldats y ont pris part et plus d'un millier de militaires et de civils y ont laissé la vie. En 1961, le Secrétaire général lui-même, M. Dag Hammarskjöld, perdit la vie lors de l'une de ces opérations.

Les aspects juridiques des opérations de maintien de la paix ont fait couler beaucoup d'encre et le débat se poursuit sur les nouvelles formes qu'elles ont prises.

À l'origine, l'envoi d'unités militaires et d'observateurs civils sous les auspices de l'Organisation et à la demande des États intéressés avait pour but d'enrayer les hostilités, de contrôler le respect des accords de

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cessez-le-feu ou de permettre, grâce à la présence d'un observateur impartial, la tenue d'éventuelles négociations. Ces interventions étaient considérées comme découlant légitimement de la lettre et de l'esprit du Chapitre VI de la Charte. Toutefois, l'introduction de contingents militaires équipés d'armes légères leur a donné un tour qui les rapproche davantage du type d'action prévu au Chapitre VII, ce qui faisait dire à Dag Hammarskjöld que les opérations de maintien de la paix relevaient du Chapitre "VI et demi" de la Charte.

Durant la guerre froide, plusieurs opérations de maintien de la paix ont été mises sur pied sur la base des principes que je viens d'évoquer, permettant d'écarter plus d'un conflit qui menaçait la paix et la sécurité internationales. Le principe de l'universalité dans la composition des contingents a permis de rassurer ceux qui craignaient pour la souveraineté des États, tout en facilitant le dialogue et les négociations entre les parties.

La fin de l'ordre international bipolaire a entraîné une prolifération d'affrontements armés localisés d'origines diverses et complexes qui ont placé l'Organisation des Nations Unies devant des problèmes nouveaux et difficiles. Nombre de conflits internes, qui avaient le plus souvent des répercussions internationales, ont fait peser de graves menaces sur les droits de l'homme et créé des situations d'urgence à caractère dramatique. Ces conflits sont survenus à une époque où l'Organisation réaffirmait son engagement en faveur de la sauvegarde des valeurs fondamentales.

C'est alors que les États Membres, à la fin des années 80, ont autorisé et encouragé la mise en place de nouvelles formes d'opérations de maintien de la paix dans le cadre des directives définies dans l'Agenda pour la paix, mettant l'accent sur la diplomatie préventive et le déploiement de troupes avant même le déclenchement des hostilités.

Ainsi, sur les 49 opérations de maintien de la paix mises en place par l'Organisation des Nations Unies, 36 l'ont été entre 1989 et 1998. Ces chiffres ne rendent cependant pas compte de la dimension qualitative des opérations.

Tout d'abord, la situation a évolué sur plusieurs plans : le champ d'application des opérations de maintien de la paix a été élargi à certains conflits internes; le consentement des parties n'est plus indispensable; les activités couvertes par les opérations de maintien de la paix ont été considérablement étendues jusqu'à comporter des aspects politiques, institutionnels et administratifs. D'une manière générale, la règle autorisant les "Casques bleus" à n'ouvrir le feu qu'en cas de légitime défense a été assouplie afin d'assurer la protection des populations civiles déplacées ou l'acheminement des secours. Le principe de la stricte neutralité des Casques bleus ne s'est pas appliqué dans les cas où le Conseil de sécurité avait imposé des sanctions contre les parties belligérantes.

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Par ailleurs, il convient de noter l'intervention de plus en plus fréquente de coalitions agissant avec l'accord du Conseil de sécurité, et les actions menées par des organisations régionales en application des dispositions du Chapitre VIII de la Charte.

Plusieurs échecs des opérations de maintien de la paix ont suscité de sévères critiques. On a fait observer qu'il fallait donner aux opérations un mandat plus précis et mettre à leur disposition des moyens et des ressources suffisantes, ce qui suppose que les États Membres s'acquittent de leurs obligations financières intégralement et sans retard.

Sur le fond et d'une manière plus générale, un nombre considérable de pays ont toujours des réserves quant à la tendance croissante à recourir aux opérations de maintien de la paix et à étendre leur champ d'intervention. Ces pays invoquent le principe fondamental, énoncé au paragraphe 7 de l'Article 2, de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.

Il est un fait, toutefois, qu'au-delà de la prudence qui doit gouverner l'administration des opérations de maintien de la paix — lesquelles, après 50 ans d'existence pourraient être considérées comme faisant partie intégrante des institutions de l'ONU — chacun s'accorde à reconnaître qu'il faudrait les renforcer afin d'en faire un outil efficace d'imposition et de maintien de la paix et afin qu'elles contribuent effectivement à l'instauration d'un monde où les droits de l'homme seraient respectés et où le devoir d'assistance humanitaire prévaudrait.

Les États Membres, dont les représentants sont réunis ici aujourd'hui, savent que la paix et les valeurs que je viens d'évoquer sont la raison d'être de l'Organisation des Nations Unies. Ils se sont rassemblés pour exprimer leur reconnaissance aux pionniers des opérations de maintien de la paix, pour rendre hommage à tous ceux — dont beaucoup sont représentés dans cette salle — qui ont participé à ces opérations, pour exprimer leur satisfaction au Secrétariat pour l'excellent travail réalisé et pour saluer du fond du coeur la mémoire des héros — personnalités, fonctionnaires, soldats et civils — qui ont payé de leur vie l'ardent désir des peuples d'instaurer un monde meilleur reposant sur la paix et la justice.

Ces idéaux et ces sentiments sont intégralement repris dans le texte de la Déclaration que je vous invite à adopter par acclamation.

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