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SG/SM/6738

LE SECRETAIRE GENERAL ESTIME INCONCEVABLE DE REALISER LA PAIX EN AFRIQUE EN L'ABSENCE DE MESURES PARALLELES POUR METTRE UN TERME A LA PAUVRETE

9 octobre 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6738
GA/9476


LE SECRETAIRE GENERAL ESTIME INCONCEVABLE DE REALISER LA PAIX EN AFRIQUE EN L'ABSENCE DE MESURES PARALLELES POUR METTRE UN TERME A LA PAUVRETE

19981009 On trouvera ci-après le texte de l'allocution prononcée ce matin par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à l'occasion du débat sur le rapport sur l'Afrique :

J'ai le privilège d'ouvrir cet important débat sur le rapport sur l'Afrique que j'ai présenté au Conseil de sécurité en avril dernier et que je soumets à présent à l'Assemblée générale. Je suis également très heureux de pouvoir témoigner du sérieux avec lequel vous abordez les questions soulevées dans le rapport, car vous montrez ainsi que vous êtes sensibles aux besoins de l'Afrique et aux défis qu'elle doit relever.

Vous savez que le rapport n'aura d'intérêt que s'il permet, de façon tangible et durable, de changer la vie des populations les plus pauvres et les plus vulnérables d'Afrique. Telle est la mission que nous nous sommes fixée.

Le rapport cherche à aider l'Afrique à progresser de deux façons distinctes mais connexes : tout d'abord, en faisant connaître la vraie situation des peuples d'Afrique — en présentant honnêtement et franchement au monde leurs problèmes et leurs aspirations; en second lieu, en proposant des recommandations réalistes et réalisables quant à la façon de résoudre ces problèmes.

Dans le rapport, j'ai à nouveau souligné qu'il était inconcevable de réaliser la paix si l'on ne prenait pas parallèlement des mesures pour mettre un terme à la pauvreté de l'Afrique.

À cet égard, j'ai dit qu'il fallait relever le défi d'une façon qui tienne compte de toutes ses causes et de tous ses aspects. Plus concrètement, j'ai préconisé d'encourager la croissance des investissements et la croissance économique, de maintenir l'aide internationale à des niveaux suffisants, de réduire le fardeau de la dette et d'ouvrir les marchés internationaux aux produits africains. Ce sont là des objectifs sur lesquels nous pouvons tous tomber d'accord; nous pouvons également tous tomber d'accord pour dire qu'ils sont loin d'être atteints.

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Le destin de l'Afrique est entre les mains des Africains, mais les partenaires de l'Afrique pour le développement peuvent également faire plus et mieux pour aider l'Afrique dans sa lutte pour réaliser une prospérité durable. Je constate avec plaisir que toutes les parties semblent avoir pris conscience de l'urgence du défi que nous devons relever en commun.

Le mois dernier, j'ai convoqué une réunion officieuse des ministres des affaires étrangères des pays membres du Comité d'aide au développement pour mettre les pleins feux sur cinq domaines prioritaires à prendre en considération pour remédier aux problèmes économiques de l'Afrique.

Il s'agit, en premier lieu, de la nécessité d'accroître le volume et d'améliorer la qualité de l'aide publique au développement; en second lieu, d'envisager de transformer en subventions le reliquat de la dette publique bilatérale accumulée par les pays africains les plus pauvres; en troisième lieu, de libéraliser l'accès à l'initiative PPTE; en quatrième lieu, d'assouplir les conditions d'accès aux marchés pour les exportations africaines, et, en cinquième lieu, d'encourager les investissements en Afrique, que le processus de mondialisation a largement marginalisée.

Je suis heureux de pouvoir dire que tous les gouvernements représentés ont de nouveau appuyé les recommandations figurant dans le rapport et, en particulier, les cinq domaines prioritaires que j'ai décrits. Certains gouvernements ont même déjà pris des mesures pour concrétiser leur promesse d'appui. En même temps, ils ont souligné que les États africains devraient de leur côté créer les conditions favorables à l'investissement et à la croissance économique.

Tout est affaire de réciprocité. On ne saurait attendre de qui que ce soit qu'il investisse dans un climat d'instabilité ou d'insécurité.

Depuis la réunion du CAD, j'ai eu plusieurs fois l'occasion d'insister auprès des donateurs et d'autres organisations internationales sur l'importance de ces initiatives.

Mardi dernier, j'ai rencontré Robert Rubin, le Ministre des finances des États-Unis, pour examiner la situation économique mondiale actuelle, en particulier la crise de la mondialisation et la réponse que l'Organisation des Nations Unies peut lui apporter. J'ai aussi préconisé que l'on prenne sans délai des mesures énergiques concernant l'endettement dans lequel sont plongés les pays africains pauvres, en particulier à l'heure où sévit la crise économique mondiale.

J'ai fait remarquer qu'aucun de ces pays n'avait joué le moindre rôle dans cette crise, mais qu'ils en subissaient tous les conséquences, ne serait- ce que par la chute des prix des produits de base. J'ai souligné une fois de

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plus la nécessité de faciliter l'accès à l'initiative pour la réduction de la dette des pays pauvres très endettés et demandé instamment que les conditions à remplir pour y accéder soient assouplies de façon que l'on puisse porter véritablement secours à ces pays.

Comme beaucoup d'entre vous le savent, de nombreuses initiatives d'ordre politique et économique ont été prises dans le cadre du suivi du rapport. Dans l'immédiat, je compte réunir la semaine prochaine le Groupe d'éminentes personnalités sur le développement de l'Afrique pour qu'il examine la question de l'allégement de la dette, et j'espère que ce sera l'occasion d'entendre des idées nouvelles et novatrices sur la façon dont nous pourrions améliorer l'efficacité des efforts que nous faisons pour régler le problème de la dette de l'Afrique.

Je suis convaincu que la décision prise par l'Assemblée générale d'examiner mon rapport va donner une nouvelle impulsion à sa mise en oeuvre, et inspirera tous ceux qui oeuvrent en vue de faire davantage et mieux pour l'Afrique.

Permettez-moi, en guise de conclusion, de rappeler l'urgence du défi que nous devons relever à un moment où l'économie mondiale est gravement menacée et où des millions de personnes dans le monde refont connaissance avec la pauvreté après des années de lutte et de succès.

Cette crise menace à présent non seulement les perspectives de croissance de l'Afrique, mais les efforts qu'elle déploie pour instaurer des sociétés libres et démocratiques.

Nous devons réussir car nous ne pouvons pas nous permettre d'échouer.

Je vous remercie.

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