En cours au Siège de l'ONU

GA/SM/65

LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE ESTIME QUE LE DEBAT GENERAL A OFFERT AUX ETATS MEMBRES L'OCCASION D'EXPOSER LEUR VISION DU MONDE

8 octobre 1998


Communiqué de Presse
GA/SM/65


LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE ESTIME QUE LE DEBAT GENERAL A OFFERT AUX ETATS MEMBRES L'OCCASION D'EXPOSER LEUR VISION DU MONDE

19981008 On trouvera ci-après, traduit de l'espagnol, le texte de la déclaration faite le 2 octobre, par le Président de l'Assemblée générale, Didier Opertti (Uruguay), lors de la clôture du débat général de la cinquante-troisième session de l'Assemblée générale.

Nous venons d'entendre le dernier orateur de la liste. Le débat général de la cinquante-troisième session de l'Assemblée générale tire donc à sa fin.

Je pense que vous serez d'accord avec moi pour dire que les déclarations que nous avons entendues au cours des deux dernières semaines étaient extrêmement intéressantes et ont confirmé que, si ce débat général est un exercice que nous répétons chaque année depuis plus de 50 ans, il n'est en aucun cas devenu une routine. En raison du dynamisme croissant des phénomènes sur lesquels porte le débat, il est impossible pour les gouvernements de conserver une vision statique des réalités complexes dans tous leurs aspects. L'apparition de nouvelles réalités et l'amélioration de notre compréhension des réalités existantes nous obligent à renouveler sans cesse notre débat. En outre, nos discussions contribuent à un enrichissement mutuel qui nous profite à tous. À cet égard, je me dois de remercier toutes les personnes qui ont participé au débat général.

Personnellement, je suis convaincu que ce débat nous a offert une occasion unique et inestimable de comprendre comment les gouvernements des États Membres appréhendent le monde à la fin du XXe siècle, quels sont les problèmes qui, selon les chefs d'État et de gouvernement, ont des incidences sur la paix, la sécurité et la prospérité des pays et quelle direction devrait prendre la communauté internationale pour les régler. Cette année, 179 États Membres et un Observateur ont pris la parole en la personne de 26 chefs d'État, un vice-président, 15 premiers ministres, 14 vice-premiers ministres, 105 ministres des affaires étrangères et d'autres personnalités.

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Il n'est pas dans mon intention aujourd'hui de résumer le débat général ou de tirer des conclusions. Ce n'est pas à moi de le faire, et ce n'est pas le moment. Toutefois, j'aimerais vous faire part des réflexions que m'ont inspirées les déclarations de ces deux dernières semaines.

Développement économique, mondialisation

Presque tous les orateurs qui ont pris la parole au cours de ce débat ont exprimé, explicitement ou implicitement, la préoccupation des gouvernements devant les profondes égalités économiques entre le grand nombre de personnes qui vivent dans la pauvreté ou la pénurie et la minorité qui vit dans la prospérité et l'abondance. Nombre de déclarations ont révélé une inquiétude face au processus rapide et inexorable de la mondialisation, qui touche tous les aspects des relations internationales. J'ai noté une prise de conscience accrue de la nécessité de parvenir à une connaissance plus approfondie de la nature de ce phénomène afin que la communauté internationale puisse se préparer à en gérer les conséquences et veiller à ce que la mondialisation de l'économie ne profite pas seulement à quelques-uns aux dépens des plus faibles et des plus vulnérables.

Certains ont appelé à définir de nouvelles règles afin de réguler les phénomènes financiers et à envisager de revoir et de modifier les structures financières actuelles, qui datent des accords de Bretton Woods, conclus il y a plus de 50 ans, et qui ne semblent plus être adaptés aux besoins actuels. On remarquera que si la mondialisation suscite inquiétude et méfiance, elle semble aussi nous faire mieux prendre conscience qu'il nous faut travailler ensemble. Aujourd'hui plus que jamais, il est évident que ce problème mondial appelle une réponse mondiale.

Menaces pour la paix et la sécurité

Le débat général nous a permis de passer en revue les situations qui menacent ou troublent la paix et la sécurité internationales dans différentes régions d'Afrique, d'Asie et d'Europe. Ces situations, malheureusement nombreuses, se soldent par des morts, des ruines, des millions de réfugiés. Il m'a semblé percevoir dans plusieurs déclarations un sentiment de frustration devant les difficultés qu'éprouve l'Organisation, pour des raisons financières, à prendre les mesures préventives voulues et à agir face aux nombreux conflits graves que connaît le monde. Je n'ai cependant pas perçu de perte de confiance dans l'Organisation.

L'Organisation a parfois du mal à prendre des mesures rapides et efficaces pour éviter une rupture de la paix ou pour restaurer la paix, ce qui signifie que nous devons concentrer nos efforts sur les mécanismes de prévention des conflits. De nombreuses délégations ont souligné qu'il fallait renforcer les mécanismes permettant à l'ONU de jouer plus efficacement son rôle préventif.

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Dans quelques jours, l'Assemblée générale aura l'occasion de réfléchir sur ce sujet lors de l'examen de la question "les causes de conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique". À cet égard, je tiens à remercier le Secrétaire général pour le rapport excellent qu'il a préparé sur cette question.

Dans plusieurs régions d'Afrique, la population souffre actuellement de privations indicibles en raison de catastrophes naturelles et de graves conflits internes et externes. Il apparaît clairement, d'après les déclarations faites lors du débat général, que l'Assemblée souhaite prêter une attention particulière à la situation en Afrique. J'espère qu'elle pourra examiner la question de manière approfondie et en faire une de ses priorités, et qu'elle parviendra à déterminer comment l'ONU pourrait offrir aux pays africains une aide rapide et efficace.

Le débat général a montré que la communauté internationale s'impatiente de plus en plus devant le manque de progrès réalisés dans la recherche de solutions aux conflits dont la prolongation constitue une grave menace pour la paix et la sécurité. Certains de ces conflits sont inscrits à notre ordre du jour et j'espère que nous parviendrons à adopter des résolutions concrètes et déterminantes à leur propos. À cet égard, nous avons constaté des signes encourageants qui, nous l'espérons tous, auront des incidences positives sur la situation au Moyen Orient. Je fais allusion aux déclarations d'Israël et de la Palestine, qui ont confirmé leur souhait de mener à bien le processus de paix et leur volonté de reprendre les négociations afin de trouver une solution à ce conflit qui n'a que trop duré.

Désarmement

Inévitablement, le débat a révélé que les États Membres sont toujours profondément préoccupés par la prolifération des armes de destruction massive. Les événements survenus cette année, souvent évoqués, montrent que cette inquiétude est parfaitement justifiée. Un grand nombre de représentants ont fermement engagé les pays qui ne l'ont pas encore fait à devenir partie aux régimes de non-prolifération. Nous devrons trouver les moyens de renforcer le cadre juridique nécessaire pour mettre fin à la course aux armements, à la prolifération des armes nucléaires et aux essais nucléaires. Heureusement, au cours du débat, nous avons aussi enregistré des signes encourageants de la part de pays qui se sont engagés à devenir parties au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. À ce sujet, je voudrais signaler que l'entrée en vigueur de la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction est imminente. Nous devons promouvoir une adhésion universelle à cette convention afin de garantir l'élimination complète de ces engins de mort qui sont l'arme des lâches.

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Terrorisme

Le terrorisme est l'un des problèmes abordés le plus souvent par les orateurs. Du nombre de références qui ont été faites à cette question au cours du débat général, on peut aisément déduire que les gouvernements souhaitent que l'ONU poursuive sa lutte contre le terrorisme en élargissant le cadre juridique nécessaire à son élimination. Il faut espérer également que des progrès seront réalisés dans la lutte contre le crime organisé, en particulier lorsqu'il est lié au trafic de drogue. Je suis convaincu que nous pouvons parvenir à un accord qui représentera une réelle avancée.

Droits de l'homme

Les participants au débat général ont gardé à l'esprit que cette année marque le cinquantième anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Cet anniversaire mérite certainement d'être célébré, car l'adoption de la Déclaration a été le point de départ d'un processus irréversible d'internationalisation de la protection et de la garantie des droits de l'homme, qui a culminé ces dernières années avec la création de tribunaux internationaux chargés de poursuivre et de punir les auteurs de violations des droits de l'homme et d'autres crimes graves.

Cela étant, cet anniversaire ne doit pas nous faire oublier que les droits fondamentaux d'un grand nombre de personnes sont encore bafoués. Il appartient à l'Organisation, et à l'Assemblée en particulier, de compléter le cadre juridique et institutionnel sur lequel se fonde le système de protection des droits de l'homme. L'adoption du projet de déclaration sur la protection des défenseurs des droits de l'homme qui, nous l'espérons, se fera par consensus, sera le meilleur hommage que l'Assemblée puisse leur rendre.

J'espère aussi que nous pourrons adopter des décisions concrètes sur le renforcement de l'assistance humanitaire et des secours en cas de catastrophe, sur la protection des droits des femmes et des enfants et, surtout, sur le rôle des enfants dans les conflits armés.

Réforme institutionnelle

Tout au long du débat, il a été répété que l'Organisation des Nations Unies était, sinon le seul, l'instrument le plus approprié pour régler ces problèmes. Il ne fait aucun doute, cependant, que cet instrument doit être perfectionné et adapté aux besoins de l'époque. Les déclarations ont aussi beaucoup évoqué la réforme des procédures et de la Charte des Nations Unies et ont révélé une prise de conscience accrue des difficultés qui freinent la mise en oeuvre des changements en profondeur qui seraient nécessaires. Nous reconnaissons tous que la réforme sera l'aboutissement d'un processus qui doit

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être mené avec prudence, sur la base d'un engagement intellectuel qui demande de la réflexion, une analyse approfondie, de la coopération et du temps. Je suis convaincu que, lorsqu'il faudra reprendre les négociations, nous serons à même de parvenir à des accords de base qui nous mettront sur la voie d'une solution durable acceptable par tous.

Il est clair que les efforts déployés pour améliorer le fonctionnement de l'Organisation et renforcer sa structure institutionnelle dans le but d'accroître son efficacité resteront vains si l'Organisation demeure dans une situation de précarité économique permanente. Le débat général a montré une fois de plus que l'ONU ne pourra mener à bien sa tâche si on ne la dote pas des ressources nécessaires.

Je ne peux pas, en quelques remarques, rendre compte de la richesse et de la profondeur des idées et des initiatives présentées au cours du débat général. Je me suis permis de faire cette synthèse brève et incomplète pour vous rappeler que la tâche qui nous attend dans les semaines à venir est considérable. Je sais que l'intelligence, la détermination, l'esprit de coopération et la tolérance rendront cette tâche plus facile. De vastes secteurs de l'opinion attendent beaucoup de cette session de l'Assemblée générale et nous avons le devoir de ne pas les décevoir.

Je vous remercie tous, ainsi que le Secrétariat, et vous engage à travailler avec détermination et enthousiasme pour la cause de la paix internationale.

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