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SG/SM/6729

LE SECRETAIRE GENERAL SOULIGNE L'IMPORTANCE DU ROLE DE L'OCI POUR EVITER QUE LES "HAINES DU PASSE" N'ASSOMBRISSENT LES "COEURS DE DEMAIN"

6 octobre 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6729


LE SECRETAIRE GENERAL SOULIGNE L'IMPORTANCE DU ROLE DE L'OCI POUR EVITER QUE LES "HAINES DU PASSE" N'ASSOMBRISSENT LES "COEURS DE DEMAIN"

19981006 On trouvera ci-après le texte d'un message de M. Kofi Annan, Secrétaire général, lu en son nom par M. Ibrahima Fall, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, à New York, le 1er octobre, à l'occasion de la Réunion de coordination annuelle de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI) :

Permettez-moi tout d'abord de vous transmettre tous les regrets du Secrétaire général de n'être pas des vôtres aujourd'hui, et tous ses voeux pour une réunion fructueuse.

Je vais maintenant donner lecture du message du Secrétaire général :

Je voudrais tout d'abord rendre un hommage particulier à M. Seyed Mohammad Khatami, Président de l'Iran et Président de l'Organisation de la Conférence islamique, qui préside aux destinées de son pays avec sagesse et vision. En tant qu'hôte de l'Assemblée à Téhéran des chefs de gouvernement de votre organisation, le Président Khatami a présidé un sommet extraordinairement réussi, dont l'esprit de coopération et l'atmosphère d'engagement à la cause mondiale dans laquelle il s'est déroulé font honneur non seulement à l'Iran mais à chacun des membres de l'Organisation.

Depuis lors, le Président Khatami a mis ses qualités de chef d'État au service des nobles objectifs de votre organisation. Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai eu avec lui un entretien extrêmement productif, au cours duquel nous avons examiné des questions d'intérêt commun à l'Organisation de la Conférence islamique et à l'Organisation des Nations Unies.

C'est au travers de l'Organisation de la Conférence islamique que le monde se rend compte des souhaits et des revendications de populations qui représentent plus d'un cinquième des habitants du globe, réparties sur tous les continents. C'est pourquoi le partenariat entre l'OCI et l'Organisation des Nations Unies est si important. J'ai le plaisir de pouvoir dire que ce partenariat s'est renforcé et étendu depuis le sommet de Téhéran. Du Tadjikistan à l'Algérie, à la Libye, du conflit arabo-israélien à l'Afghanistan, de l'Iraq au Kosovo et à la Bosnie, pour n'en nommer que quelques-unes, nos préoccupations sont des préoccupations communes.

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M. Ezzedine Laraki, votre dévoué Secrétaire général, et moi-même travaillons en liaison étroite pour renforcer l'impact des efforts que nous déployons en commun. Tragiquement, dans de trop nombreux domaines qui nous préoccupent particulièrement, ces efforts sont devenus une nécessité urgente.

Agir n'est plus pour nous une option, mais une obligation. Je dis bien "obligation" car la nature du conflit moderne menace le tissu même de la coexistence humaine. À partir du moment où des atrocités épouvantables et des attaques aveugles contre des civils peuvent se dérouler des Balkans à l'Afghanistan, on ne peut plus voir dans la guerre une prolongation de l'action politique par d'autres moyens. La paix n'est plus une option politique, mais une nécessité humaine.

Nous pouvons tous être d'accord, je pense, pour dire que la situation en Afghanistan nous met en présence d'une de ces nécessités. La situation dans le pays a encore empiré au cours de ces dernières semaines avec l'intensification des offensives du mouvement des Taliban dans la partie nord du pays.

Les rapports inquiétants de massacres qui auraient eu lieu après la chute de Mazar-i-Sharif, et peut-être aussi à Bamiyan, sont particulièrement préoccupants. Un journaliste et des diplomates iraniens sont à compter au nombre des victimes à Mazar.

La guerre en Afghanistan proprement dit s'est intensifiée et, de ce seul fait, risque de se transformer en conflit régional généralisé. L'augmentation des tensions aux frontières de l'Iran et de l'Afghanistan pose un danger particulier qui, si on le néglige, menacera de manière extrêmement réelle la paix et la stabilité de la région.

J'espère que la réunion du Groupe des "Six plus Deux" que j'ai organisée la semaine dernière à l'Organisation des Nations Unies, forts de ses conclusions adressera aux parties concernées dans la région le message que nous sommes tous unis dans la conviction qu'il ne faut pas laisser la situation en Afghanistan et dans la région se détériorer plus avant.

Il ne saurait y avoir de solution militaire au conflit afghan. Même si une partie pouvait l'emporter sur les autres par la force, elle ne mettrait pas fin au conflit pour autant mais le porterait simplement à un autre stade d'une lutte sans fin. L'Afghanistan a désespérément besoin d'un gouvernement représentatif de tous, qui reflète véritablement les intérêts de tous les groupes ethniques et religieux du pays. Il faut dire aux Taliban ce que la communauté internationale attend d'eux touchant les normes minimales de comportement, et vous êtes bien placés pour prendre la tête de ce processus. Il ne s'agit pas seulement de chercher par des moyens pacifiques à apporter une solution politique au conflit, mais de respecter le droit international

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humanitaire et les droits fondamentaux, y compris les droits des femmes, de fermer la porte aux terroristes internationaux qui résident sur le sol afghan et d'empêcher la production et le trafic des stupéfiants. Nous aurons d'autant plus de chances d'être entendus que nous nous exprimerons d'une seule voix.

Mon Envoyé spécial en Afghanistan, l'Ambassadeur Lakhdar Brahimi, retournera dans la région dans un proche avenir pour explorer les moyens par lesquels l'Organisation des Nations Unies pourrait aider à réduire les tensions dans la région.

Je ne doute pas qu'il bénéficiera du plein appui de l'OCI et vous demande de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour l'aider dans cette mission des plus urgentes.

Comme vous le savez bien, nous avons d'autres préoccupations communes, la moindre d'entre elles n'étant pas les souffrances du peuple algérien qui continue d'être la victime d'attaques terroristes aveugles. C'est pourquoi j'ai nommé un groupe de haut niveau qui se rendra en Algérie, et j'espère que le rapport de ce groupe aidera à rendre plus proche le jour où les Algériens pourront vivre à l'abri de la peur, dans le plein exercice des droits de l'homme.

Nous espérons également que les progrès récents, bienvenus, du processus de paix au Moyen-Orient mèneront à une solution véritablement durable et que les habitants du Kosovo ne seront pas exposés à d'autres souffrances et d'autres déplacements, qu'ils pourront retourner dans leurs foyers et que leurs droits en tant qu'êtres humains leur seront enfin pleinement restaurés.

Chacune de ces tâches met à l'épreuve notre détermination et appelle notre compassion. Pour réussir, nous devons sans cesse aller de l'avant, sans cesse faire de notre mieux. Nous ne pouvons jamais nous relâcher. Nous vivons certes à une époque de graves défis. Plus que jamais, nous devons y faire face dans l'unité, avec détermination et résolution, pour que les menaces d'aujourd'hui ne deviennent pas la tragédie de demain, pour que les haines du passé n'assombrissent pas les coeurs de la postérité. Le rôle que l'Organisation de la Conférence islamique doit jouer dans cette entreprise n'est pas moins vital que celui de l'Organisation des Nations Unies.

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