IL FAUT CONSIDERER L'AGE MUR COMME UN PRELUDE A UNE VIEILLESSE ACTIVE ET INVESTIR DANS LA MATURITE AVEC LA MEME DETERMINATION QUE DANS LA JEUNESSE
Communiqué de Presse
SG/SM/6728
OBV/60
IL FAUT CONSIDERER L'AGE MUR COMME UN PRELUDE A UNE VIEILLESSE ACTIVE ET INVESTIR DANS LA MATURITE AVEC LA MEME DETERMINATION QUE DANS LA JEUNESSE
19981001 Le Secrétaire général lance l'Année internationale des personnes âgées (1999)On trouvera ci-après le texte du discours prononcé, aujourd'hui, par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à la cérémonie du lancement de l'Année internationale des personnes âgées (1999) :
Je suis très heureux de me joindre à vous, en cette Journée internationale des personnes âgées, à l'occasion du lancement de l'Année internationale des personnes âgées. C'est avec un plaisir particulier que je constate que des organisations non gouvernementales sont ici au complet, aux côtés des gouvernements. Ceci montre, une fois encore, que l'ONU peut jouer un rôle privilégié en favorisant des partenariats fondés sur des aspirations communes et en étant le point où "nous, peuples des Nations Unies", pouvons aborder ensemble les problèmes mondiaux essentiels.
Nous vivons à une époque qui a été définie de diverses façons : c'est l'après-guerre froide, l'ère postindustrielle, l'ère de l'Internet, l'ère de la mondialisation. Permettez-moi d'ajouter aujourd'hui une définition nouvelle : c'est indéniablement aussi l'ère de la longévité.
En préparant mon intervention aujourd'hui, j'ai fait quelques découvertes étonnantes. Au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, la durée de vie moyenne a été prolongée de 20 ans. Dans 30 ans, un tiers de la population des pays développés aura plus de 60 ans et, pour l'ensemble du monde, cette proportion sera atteinte d'ici à l'an 2150.
Et les personnes âgées elles-mêmes vieillissent : aujourd'hui, 10 % de ceux qui ont dépassé la soixantaine ont 80 ans ou plus; ils seront 25 % avant l'an 2050.
Ces tendances, entre autres, modifient les structures familiales. La pyramide traditionnelle beaucoup de jeunes et quelques personnes plus âgées est progressivement remplacée par une pyramide inversée : un enfant, deux parents, quatre grands-parents et plusieurs arrière grands-parents.
( suivre)
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La dimension sexuelle de ce portrait de la "maturation" de l'humanité est également importante. Presque partout, les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Et, plus que les hommes, elles risquent d'être pauvres dans leur vieillesse. Elles courent davantage de risques de maladies chroniques et d'invalidité, de discrimination et de marginalisation.
Il y a aussi plus de chance que les femmes soient dispensatrices de soins, ayant parfois à assumer une triple charge : les soins aux enfants, la prise en charge de leurs parents âgés et, bien sûr, leur propre bien-être. Pourtant, on méconnaît souvent cette contribution qu'elles apportent à leurs familles, à leur communauté et à l'économie.
En fait, nous vivons une révolution silencieuse, qui est loin d'être uniquement démographique : elle a une signification économique, sociale, culturelle, psychologique et spirituelle importante. Et elle frappe davantage les nations en développement que les autres, non seulement parce que la majorité des personnes âgées vit dans des pays en développement mais aussi parce que le rythme du vieillissement y est bien plus rapide et le restera. Les pays développés se préoccupent du vieillissement de leurs populations depuis un certain temps déjà avec des résultats variables. Les pays en développement doivent faire face à une situation bien plus grave, comme bien souvent lorsqu'ils se heurtent à des problèmes mondiaux.
Il est donc tout à fait justifié que la dernière année de ce millénaire ait été désignée Année internationale des personnes âgées. Elle s'inscrit dans le cadre du Plan d'action international sur le vieillissement, adopté à Vienne en 1982, et des Principes des Nations Unies pour les personnes âgées, adoptés en 1991. La promotion de ces principes est notre objectif général, nous y oeuvrerons en nous inspirant du thème de l'Année : "vers une société pour tous les âges". Qu'entendons-nous exactement par cela?
Loin de représenter les personnes âgées sous une forme caricaturale comme des malades et des retraités, une société pour tous les âges les considère à la fois comme les acteurs et les bénéficiaires du développement. Elle honore les "anciens" au sens traditionnel, animateurs et conseillers dans les collectivités du monde entier. Elle s'efforce de concilier l'aide à ceux qui ont besoin d'aide et l'investissement dans le développement permanent.
Une société pour tous les âges est "multigénérationnelle". Elle n'est pas fragmentée, elle ne sépare pas les jeunes, les adultes et les personnes âgées. Bien au contraire, elle est ouverte à tous les âges, les différentes générations étant conscientes d'avoir des intérêts communs et agissant en conséquence.
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Une société pour tous les âges est aussi résolue à créer un climat favorable à des modes de vie sains à mesure que les gens vieillissent. Il s'agit de répondre à des besoins particuliers en matière de transports, de logement et de communications. La santé publique et les services sociaux doivent également retenir l'attention. Les pays cherchant à adopter des mesures d'économie dans les finances publiques, devront peut-être repenser les réductions dans ce secteur, celles-ci étant particulièrement dures pour les personnes âgées et surtout pour les femmes âgées.
Tout comme le potentiel des jeunes, celui des personnes âgées ne peut s'épanouir qu'en l'absence de pauvreté. La longévité exige que les investissements faits plus tôt dans la vie soient rationnels : dans la jeunesse et dans l'enfance, lorsque l'on prend conscience à la foi de son autosuffisance et de son indépendance, tout comme des moyens d'y parvenir, et dans l'âge adulte, lorsque l'on accumule les capitaux non seulement un capital économique mais aussi un capital humain de compétences et de connaissance de soi et un capital social de confiance et de collaboration.
De fait, il faudrait de plus en plus considérer l'âge mûr comme le prélude à une vieillesse active. Autrement dit, nous devrions investir dans la maturité avec la même détermination que dans la jeunesse. Les pensions ne sont qu'une forme d'investissement; mais, là encore, nous le voyons dans les pays développés, les systèmes de retraite sont de plus en plus en crise. Et pourtant, dans les pays développés, la maturation a été progressive, alors que les pays en développement doivent faire face en même temps au développement et au vieillissement de la population.
L'Année internationale des personnes âgées nous donne l'occasion d'avancer dans cette direction en connaissance de cause. J'aimerais saluer l'esprit de partenariat, évident ici aujourd'hui, entre le Groupe consultatif intergouvernemental, les ONG et le Secrétariat de l'ONU. Je voudrais aussi saisir cette occasion pour être de tout coeur avec tous qui se préparent à lancer l'Année internationale, notamment les divers comités nationaux qui, dans le monde entier, se préparent à fêter les anciens et à explorer le sens d'une société pour tous les âges dans le contexte de leur pays.
Ayant passé moi-même le cap de la soixantaine il y a moins de six mois, je fais maintenant partie des statistiques que j'ai mentionnées plus haut. Je suis une personne âgée.
Avec les années, le temps semble passer de plus en plus vite, alors qu'en fait et sans oublier un instant les exceptions tragiques que représentent la violence, la maladie et la pauvreté pour la plupart des gens dans le monde entier, la vie est plus longue. Elle n'est plus un sprint, elle ressemble davantage à un marathon.
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Les coureurs de marathon vous diront que, pour tenir la distance, il est essentiel d'avoir un mode de vie sain, de l'entraînement et de la volonté. Mais ils vous avoueront également qu'il y a, dans cette entreprise souvent solitaire, un élément intangible : l'appartenance à une communauté de coureurs, et c'est à cela que peut tenir la différence entre perdre ses forces et aller jusqu'au bout. La longévité exige le même mélange d'esprit pratique et de persistance, le même sentiment d'avoir un objectif commun.
La longévité donne aussi plus de temps pour la réflexion sur le sens de la vie en cette ère de transformation rapide. Bien souvent voyons-nous l'expérience et la connaissance inspirer, en fin de vie, plus de compréhension et de tolérance. Je pense aux anciens antagonistes surmontant des dizaines d'années de conflits; aux fanatiques qui renoncent à leur personnalité d'antan pleine de haine; aux nouvelles oeuvres philosophiques et littéraires.
Je l'ai vu au cours de mon activité à l'ONU. J'ai vu toute la richesse de l'ère du vieillissement. Dans cet esprit, j'ai le plaisir d'annoncer aujourd'hui, à l'occasion de la Journée internationale des personnes âgées, que l'Année internationale des personnes âgées vient de commencer.
Je vous remercie.
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