SG/SM/6721

LE SECRETAIRE GENERAL DEMANDE UNE AUGMENTATION DE L'APD EN FAVEUR DES PAYS LES MOINS AVANCES, UNE REDUCTION DE LEURS DETTES ET LEUR ACCES AUX MARCHES

30 septembre 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6721
DEV/2182


LE SECRETAIRE GENERAL DEMANDE UNE AUGMENTATION DE L'APD EN FAVEUR DES PAYS LES MOINS AVANCES, UNE REDUCTION DE LEURS DETTES ET LEUR ACCES AUX MARCHES

19980930 On trouvera ci-après le texte de l'allocution que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a prononcée le 28 septembre, à New York, à l'occasion de la huitième Réunion ministérielle annuelle des pays les moins avancés (PMA) :

C'est pour moi un grand plaisir de me joindre une nouvelle fois à vous alors que l'Assemblée générale entame une nouvelle session. Comme vous le savez, l'année dernière, l'Assemblée a décidé de convoquer en 2001, la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés. C'est à la fois un défi qui nous est lancé et une chance qui nous est donnée. J'aimerais vous faire part aujourd'hui de quelques réflexions au sujet de ce processus et de la situation tragique des pays les moins avancés en général.

Il ne fait aucun doute qu'en décidant de tenir cette conférence, on s'engage à entreprendre une tâche redoutable. Près de 600 millions d'hommes, de femmes et d'enfants vivant dans une cinquantaine de pays faisant partie des moins avancés du monde attendent de vous, leurs dirigeants, et de nous, les membres de la communauté internationale, des politiques et des mesures qui enrayeront la détérioration à long terme de leur situation sociale et économique, qui mettront un terme à leur marginalisation dans l'économie mondiale, qui, en somme, leur donneront un nouvel espoir d'améliorer leur sort.

Le moment est venu de placer les problèmes de développement des pays les moins avancés au premier plan des priorités internationales. Un grand nombre de ces pays ont commencé à enregistrer une croissance positive de leur revenu par habitant. Cette tendance, même si elle est encore timide, contraste vivement avec la stagnation et le déclin des années 80 et de la première moitié des années 90. Pour parvenir à ce résultat, ces pays ont entrepris des réformes qui ont imposé privations et sacrifices à leurs populations.

Qui plus est, ils ont pris ces mesures dans une conjoncture extérieure marquée par l'incertitude et l'instabilité. À l'heure même où je parle, on craint de plus en plus que la tourmente financière qui déferle actuellement

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sur différentes régions du monde n'annule les acquis des pays les moins avancés au cours des dernières années. Je salue les habitants de ces pays pour le courage et la détermination avec laquelle ils ont fait face à l'adversité et poursuivi inlassablement leur mission de développement.

De même que les récents progrès économiques de vos pays sont essentiellement dus aux mesures prises à l'échelon national, la croissance et les progrès futurs seront eux aussi essentiellement fonction des actions que vous entreprendrez. En effet, rien ne saurait remplacer les efforts nationaux et l'on sait fort bien quelle doit être la nature de ces efforts.

Vous devez, par exemple, continuer à améliorer vos institutions qui constituent le fondement du développement.

Vous devez mettre en place des réglementations et mesures d'incitation propres à encourager les investissements, à la fois étrangers et intérieurs. Vous devez continuer à mettre en valeur vos ressources humaines non seulement pour offrir aux individus la possibilité de réaliser leur potentiel mais aussi pour être compétitifs à long terme.

Vous devez créer un climat qui protège les droits de l'homme, permette à la société civile de s'épanouir, favorise la transparence et la responsabilité dans l'administration publique. Vous devez aussi consolider la conduite démocratique des affaires publiques et l'état de droit.

Dans certains des pays les moins avancés, les progrès demeurent compromis par des conflits. À cet égard, je tiens à signaler que les recommandations formulées dans mon rapport au Conseil de sécurité sur l'Afrique s'appliquent aussi aux pays les moins avancés non africains. Aucune assistance, aucun espoir, aussi important soit-il, ne peut faire la différence entre la guerre et la paix si les dirigeants ne réunissent pas la volonté politique nécessaire pour mettre un terme aux conflits et régler leurs différends par des moyens pacifiques.

Si l'action nationale doit primer, il n'en reste pas moins vrai que les efforts déployés par les pays les moins avancés méritent d'être soutenus plus énergiquement par la communauté internationale. Il existe trois domaines où un tel soutien serait particulièrement utile : l'aide publique au développement (ODA), le fardeau de la dette et l'accès aux marchés.

La diminution de l'aide publique au développement en faveur des pays les moins avancés est particulièrement troublante parce que ces pays ne profitent guère de l'accroissement des flux de capitaux privés vers l'ensemble des pays en développement. Je continuerai de plaider inlassablement en faveur du renversement de cette tendance préoccupante. Il demeure impératif d'accroître l'aide publique au développement si l'on veut que les pays les moins avancés

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luttent contre la pauvreté et se dotent des moyens sociaux, institutionnels et autres dont ils ont besoin pour soutenir la concurrence dans une économie mondiale hautement compétitive.

Il est également indispensable de procéder à une réduction sensible de la dette. Jusqu'ici, seule une poignée de pays les moins avancés a bénéficié de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Il est essentiel de développer cette Initiative, de la mettre en oeuvre rapidement et de convertir en dons toutes les dettes publiques bilatérales des pays les plus démunis.

De même, il est crucial d'améliorer l'accès aux marchés étant donné que les pays les moins avancés sont fortement tributaires des exportations de produits primaires. Si le Cycle de négociations commerciales multilatérales d'Uruguay a permis d'ouvrir davantage les marchés, les pays les moins avancés se heurtent néanmoins à des tarifs douaniers élevés dans des secteurs clefs comme les textiles et l'agriculture. Je suis heureux que certains pays aient récemment annoncé leur intention d'ouvrir leurs marchés à certains produits provenant de pays les moins avancés. Pour ma part je continuerai d'engager d'autres pays à faire de même tout en insistant auprès des pays les moins avancés sur la nécessité de diversifier leur économie.

L'Organisation des Nations Unies aide les pays les moins avancés à tirer parti de l'ouverture des marchés. La CNUCED, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale de même que l'Organisation mondiale du commerce participent tous à cet effort. En tant que centre de coordination du Programme d'action en faveur des pays les moins avancés pour les années 90, la CNUCED a réalisé des études dans le cadre de l'opération générale de suivi et d'examen de l'exécution du Programme. D'autres fonds et programmes des Nations Unies prennent part à toute une série d'activités en faveur des pays les moins avancés, notamment dans les domaines de la santé en matière de reproduction et de la science et de la technique.

Dans les semaines à venir, l'Assemblée générale prendra d'importantes décisions sur le processus préparatoire de la troisième Conférence en faveur des pays les moins avancés. En choisissant l'Organisation des Nations Unies pour accueillir cette conférence, l'Assemblée a marqué sa confiance en la capacité de notre Organisation de promouvoir la solidarité internationale et de mobiliser de nouveaux partenariats.

Étant vos proches alliés, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour apporter notre contribution. Je sais que, comme moi, vous espérez que la Conférence ralliera les gouvernements, la société civile, le secteur privé, l'Organisation des Nations Unies et d'autres organisations internationales autour d'un seul et même objectif.

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Dans nos efforts visant à mieux répondre aux besoins d'une ère nouvelle et interdépendante dans les affaires mondiales et à créer les institutions mondiales dont nous avons besoin pour vivre dans une société mondiale, il convient de nous interroger sur le type de société internationale que nous envisageons. En dernière analyse, la société mondiale sera jugée sur la manière dont elle traite — en bien ou en mal — les plus faibles et les plus défavorisés de ses membres. Un dixième de l'humanité arrivant à peine à survivre, il n'y a nullement lieu de se réjouir. Il nous faut changer cet état de choses. Il nous faut agir collectivement et résolument pour opérer ce changement.

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