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SG/SM/6720

LE SECRETAIRE GENERAL SOULIGNE QUE LA LANGUE, VERITABLE CIMENT ENTRE CEUX QUI LA PARTAGENT, PERMET AUSSI UNE MEILLEURE COMPREHENSION EN DIPLOMATIE

25 septembre 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6720


LE SECRETAIRE GENERAL SOULIGNE QUE LA LANGUE, VERITABLE CIMENT ENTRE CEUX QUI LA PARTAGENT, PERMET AUSSI UNE MEILLEURE COMPREHENSION EN DIPLOMATIE

19980925 On trouvera, ci-après, le texte de l'allocution prononcée par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, le 25 septembre 1998, à l'occasion du dîner francophone :

C’est pour moi un grand plaisir de me retrouver en votre compagnie à ce rendez-vous annuel qu’est le dîner francophone. Permettez-moi tout d’abord de remercier notre hôte, Son Excellence Monsieur Hubert Védrine, ainsi que Son Excellence Monsieur Alain Dejammet, Représentant permanent de la France auprès de l’Organisation.

Ce dîner auquel nous avons été conviés est une occasion de témoigner de la richesse des liens qui unissent les francophones du monde entier, qu’ils soient francophones de coeur, de culture ou de naissance.

Mais en m’adressant à vous ce soir, j’ai conscience de ne pas seulement m’adresser à des francophones, mais aussi aux champions du monde. A ce propos, je voudrais vous raconter une petite anecdote. L’année dernière, quand j’ai lancé mon programme de réforme, j’ai dit lors d’ une conférence de presse, que je voudrais que mes collaborateurs soient comme les joueurs d’une équipe de football : solidaires, soudés, tout en étant capables de coups d’éclat. Quelle équipe ? m’a demandé aussitôt un des journalistes présents. J’ai répondu : l’équipe du Brésil. Un an plus tard, j’ai eu la chance, ou la malchance, de regarder la finale de la Coupe du monde au Brésil.

Après le match, un journaliste qui se souvenait de ce que j’avais dit m’a demandé si je voulais toujours prendre l’équipe brésilienne pour modèle. J’ai répondu que le Brésil avait eu affaire à forte partie : une équipe d’athlètes parfaits, enthousiaste, résolue, jouant chez elle devant un public passionné, dans lequel, mes bons amis Jacques Chirac et Lionel Jospin n’étaient pas les derniers à applaudir. Mais la victoire française était bien méritée.

L’équipe française concrétise parfaitement la volonté souvent affirmée de la Francophonie de rassembler sans uniformiser, d’unir sans appauvrir. Ce parti- pris d’ouverture, ce désir de préserver et de cultiver la diversité constituent, à mon sens, des atouts de première importance pour relever les défis d’aujourd’hui comme ceux de demain.

Pour relever tous ces défis, notre époque voit se constituer, à côté du réseau de plus en plus dense des organisations internationales et régionales, d’autres rassemblements, qui dépassent le cadre régional au sens géographique du terme. Je pense bien sûr à la Francophonie et au Commonwealth, mais aussi à la Communauté des pays de langue portugaise, si active dans le règlement des différends qui déchirent le monde lusophone.

La langue, on en est de plus en plus conscient, est un véritable ciment entre les individus et les peuples qui la partagent. A travers elle se créent des affinités, une communauté de valeurs et une convergence de la pensée qui vont bien au-delà de la communication purement utilitaire.

Ainsi, dans le domaine de la diplomatie et du maintien de la paix, la communauté de langue permet souvent une meilleure compréhension des enjeux et des dynamiques, de même qu’un contact plus direct avec les parties en présence.

Cette année, nous fêtons le cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui est le texte fondateur, la pièce maîtresse de l’arsenal dont dispose la communauté internationale pour lutter contre les atteintes aux droits de l’homme, où qu’elles se produisent dans le monde. Je me réjouis que le Gouvernement français ait décidé de fêter cet anniversaire avec éclat.

Alors, bravo encore aux champions ! Et croyez bien que si on me demande de nouveau quelle équipe je prendrais pour modèle, je répondrai sans hésiter : l’équipe française !

Levons notre verre de champagne à leur succès, car, comme le disait Winston Churchill, sans champagne, la vie ne vaut pas la peine d’être vécue : on en a autant besoin pour célébrer la victoire que pour se consoler de la défaite.

Vive la France ! Vive la Francophonie ! Vive les Nations Unies !

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