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SG/SM/6719

LE SECRETAIRE GENERAL SOULIGNE LA CONTRIBUTION DU GROUPE DES 77 AUX TRAVAUX DE L'ONU, NOTAMMENT DANS LE DOMAINE DU DEVELOPPEMENT

25 septembre 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6719


LE SECRETAIRE GENERAL SOULIGNE LA CONTRIBUTION DU GROUPE DES 77 AUX TRAVAUX DE L'ONU, NOTAMMENT DANS LE DOMAINE DU DEVELOPPEMENT

19980925 La crise financière confère une urgence nouvelle à la question de l'allégement de la dette et oblige à réinventer la coopération pour le développement

On trouvera ci-après le texte de l'allocution prononcée par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, le 25 septembre 1998, à la réunion ministérielle annuelle du Groupe des 77 :

C'est pour moi un honneur et une très grande joie de me trouver parmi vous. Vous savez tous combien, au Secrétariat de l'ONU, nous attachons de prix à la contribution du Groupe des 77 et de la Chine aux travaux de l'Organisation, notamment dans le domaine du développement.

Cette année, je suis particulièrement heureux de rendre hommage à l'Indonésie pour le dynamisme dont elle a fait preuve à la tête de votre groupe. Travailler avec S. E. M. Ali Alatas et avec l'Ambassadeur Wibisono est toujours un plaisir. Tous deux méritent notre gratitude à tous pour avoir consacré tant de temps et d'efforts à la présidence du Groupe des 77, alors que l'année écoulée a été l'une des plus difficiles de l'histoire de leur pays.

Grâce à eux et à leurs prédécesseurs tanzaniens, nous avons coopéré de façon remarquable tout au long de l'année. Je compte que nous ferons encore mieux à l'avenir.

Le Groupe des 77 a, en particulier, contribué de façon décisive au succès de la réforme de l'Organisation. Nous avons fait ensemble du bon travail et, comme je l’ai dit lundi à l’Assemblée générale, voilà que la famille des Nations Unies commence à agir avec une cohésion accrue, en coordonnant mieux ses objectifs.

Il est vrai que certains de nos problèmes les plus urgents demeurent sans solution, particulièrement les problèmes financiers. Et il reste beaucoup à faire pour mettre en oeuvre la réforme. Nous pouvons dire fièrement, toutefois, que l'ONU a retrouvé sa voix - notamment quand il s'agit des problèmes économiques qui sont au coeur de notre mandat.

Songeons, entre autres, aux entretiens constructifs que nous avons eus à la réunion du Conseil économique et social avec les institutions de Bretton- Woods le 18 avril, au débat de haut niveau que le Conseil a consacré à l'accès aux marchés, au dialogue de haut niveau sur la mondialisation engagé la semaine passée dans le cadre de l'Assemblée générale et au débat en cours sur le financement du développement.

À mon avis, la grande majorité des gens estiment aujourd'hui que l'ONU a sa place dans le débat sur la nouvelle "architecture financière" du monde. Je compte bien que nous y participerons.

Pourquoi? Parce que, en notre qualité d'institution universelle, c'est à nous de souligner le caractère mondial de la crise actuelle - et d'insister sur la nécessité de trouver des solutions mondiales, fondées sur des règles mondiales qui soient justes pour tous.

C'est à nous de veiller à ce que la crise mondiale ne conduise pas les Etats à renoncer aux valeurs universelles. Une crise comme celle-ci appelle des interventions communes, des solutions fondées sur les principes fondamentaux reconnus par tous nos Etats Membres : ceux de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

C'est à nous aussi, en particulier, d'être le porte-parole des déshérités. Nous ne pouvons pas oublier les pays, en Afrique notamment, où la crise a rendu encore plus écrasant le fardeau de la dette. Et nous devons veiller à ce que personne d'autre ne les oublie.

Mais une fois admis au débat, qu’aurons-nous à dire en substance?

Premièrement, la crise que nous traversons n’est pas purement financière. Elle a des conséquences catastrophiques dans la vie quotidienne de millions de personnes. Voilà des années d’efforts qui s’en vont à vau- l’eau.

Deuxièmement, il nous faut trouver des moyens plus efficaces de protéger les laissés-pour-compte et les victimes de la mondialisation. Notre but est d’éliminer la pauvreté. Mais la triste réalité est que, cette année, la pauvreté progresse.

Troisièmement, dans une telle conjoncture, il importe tout particulièrement que le marché soit véritablement libre, gouverné par des règles transparentes et équitables. Il est crucial que les pays industrialisés redoublent d’efforts pour garantir que leurs marchés sont complètement et véritablement ouverts aux exportations des pays en développement.

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Quatrièmement, je partage la préoccupation exprimée dans votre projet de déclaration au sujet du décalage entre les engagements spectaculaires qui ont été pris au cours d’une série de grandes conférences internationales et les ressources de moins en moins importantes qui sont mises à disposition pour tenir ces engagements.

Ainsi que je le disais à l’Assemblée générale, il nous faut définir le cadre politique et institutionnel qui doit sous-tendre les stratégies économiques et financières à mettre en oeuvre. Et il nous faut veiller à ce que les Etats soient suffisamment vigoureux, individuellement et tous ensemble, pour supporter les tensions nées de la mondialisation. Cela veut dire, entre autres, que nous devons aider certains Etats à gouverner de façon à mériter la confiance et l’appui de leurs propres citoyens et à attirer dans la fonction publique les jeunes les plus doués.

Il nous faut encore fixer des objectifs de développement réalistes. Je compte en présenter de très précis et spécifiques dans le rapport que je me propose de soumettre à l’Assemblée du millénaire. La réalisation de ces objectifs devra être mesurable et de nature à changer la vie quotidienne des pauvres du monde entier.

Dans ce contexte, je me félicite de votre décision d’organiser le Sommet du Sud en l’an 2000. Je suis persuadé que ce sommet sera fertile en idées intéressantes et j’espère que vous en fixerez la date de telle façon que l’Assemblée du millénaire puisse en prendre connaissance.

Que la crise soit grave, nul n’en doute. Mais sachons y voir une occasion d’agir plutôt que de nous désespérer.

Nous devons faire valoir que la crise confère une urgence nouvelle à la question de l’allégement de la dette. Nous pouvons argumenter qu’elle nous oblige à relancer, voire à réinventer, la coopération pour le développement, qui est une arme efficace dans la bataille contre la pauvreté.

Mercredi, j’ai eu un entretien des plus encourageants avec les pays donateurs, regroupés dans le Comité d’aide au développement de l’OCDE. Nous avons parlé de mon rapport sur l’Afrique. Je suis enchanté de pouvoir dire qu’ils ont été unanimes à approuver vigoureusement mon appel à l’action dans cinq domaines prioritaires :

. Augmenter le volume et la qualité de l’aide publique au développement en faveur de l’Afrique;

. Convertir en don tout le reliquat de la dette officielle des pays d’Afrique les plus pauvres;

. Elargir l’accès à l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés;

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. Ouvrir les marchés aux exportations africaines et leur en faciliter l’accès;

. Encourager l’investissement en Afrique.

Gardons-nous d’oublier, bien sûr, qu’il est des pays très pauvres dans d’autres continents. Ce sont peut-être ceux d’Asie qui pâtissent le plus de la crise actuelle, car ils ont vu se tarir les flux de capitaux en provenance des autres pays de leur région. Ceux d’Amérique latine doivent composer avec la chute des prix des produits de base.

Gardons-nous d’oublier également qu’il existe beaucoup de gens très pauvres dans des pays qui ne peuvent pas être comptés parmi les moins avancés mais dont le développement a subi de graves revers. Pour ceux-là, l’espoir doit se faire chaque jour plus ténu.

Mais le succès de la réunion du CAD sur l’Afrique montre bien que la gravité de la crise nous incite déjà à prêter davantage attention aux problèmes des plus démunis. À présent, notre tâche est double : nous devons tout d’abord faire en sorte que cette attention trouve une expression concrète; ensuite, en élargir la portée jusqu’à englober la totalité du monde en développement.

La complexité de la crise en Asie et ses répercussions directes et indirectes sur l'Amérique Latine et d'autres régions sont telles qu'il est impossible d'envisager qu'un même remède convienne à tout le monde. Il nous faut donc trouver, région par région, pays par pays, des solutions adaptées, qui soient à la mesure de la gravité de la crise.

Je sais que je peux compter sur votre aide dans cette entreprise vitale.

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