En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6705

SECURITE DES PERSONNES, DE L'EMPLOI ET TRANQUILLITE D'ESPRIT THEMES RETENUS PAR LE SECRETAIRE GENERAL POUR LA JOURNEE DU PERSONNEL

18 septembre 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6705


SECURITE DES PERSONNES, DE L'EMPLOI ET TRANQUILLITE D'ESPRIT THEMES RETENUS PAR LE SECRETAIRE GENERAL POUR LA JOURNEE DU PERSONNEL

19980918 Le Secrétaire général invite le personnel à faire l'effort de réaliser l'objectif d'un monde meilleur pour tous

On trouvera ci-après le texte de l'allocution, faite ce jour, par le Secrétaire général, M. Kofi Annan à l'occasion de la Journée du personnel :

Je suis très heureux de me trouver ici avec vous tous — y compris nos collègues de Genève et de Vienne qui se joignent à nous par téléconférence — pour cette tradition annuelle.

Je suis très heureux aussi d'accueillir parmi nous Mme Louise Fréchette, qui participe pour la première fois à cette journée du personnel en tant que Vice-Secrétaire générale.

Avec l'ouverture de la cinquante-troisième session de l'Assemblée générale, nous allons de nouveau être fort occupés. Cherchons ensemble aujourd'hui la force dont nous avons besoin pour faire face à notre tâche.

Depuis que j'ai pris mes fonctions de Secrétaire général, j'ai souvent parlé de la sécurité de l'être humain au sens le plus large, c'est-à-dire de la façon dont une conception plus large du bien-être de l'homme se fait jour et de ce que cela signifie pour notre travail à l'ONU. Je voudrais dire aujourd'hui quelques mots au sujet de la sécurité du personnel, considérée dans son sens le plus large, et au sujet du lien entre la sécurité du personnel et la sécurité de l'être humain.

La sécurité du personnel commence avec la sécurité des personnes : j'entends par là la possibilité pour chacun d'entre vous de travailler à l'abri des menaces, du harcèlement et de la violence. L'année qui vient de s'écouler a été terrible à cet égard. Un accident d'hélicoptère a fait plusieurs victimes au Guatemala, et huit fonctionnaires en poste en Angola, y compris le Représentant spécial, ont trouvé la mort dans un accident d'avion. Des fonctionnaires ont été assassinés en Afghanistan et Tadjikistan. En outre, un fonctionnaire du HCR, M. Vincent Cochetel, a été pris en otage et reste captif pour la seule raison qu'il est une des nombreuses personnes de par le monde qui sont fières de représenter les Nations Unies.

- 2 - SG/SM/6705 18 septembre 1998

Un certain nombre de risques sont inhérents à une grande partie de notre travail. Mais nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir, en toutes circonstances, pour améliorer cet élément fondamental de la sécurité du personnel. Le Bureau du Coordonnateur des Nations Unies pour les mesures de sécurité a publié un manuel contenant une foule d'informations très utiles. En novembre, des experts des questions de sécurité et des conseillers pour la gestion du stress commenceront à dispenser une formation aux fonctionnaires de l'ONU dans trois des zones de mission les plus dangereuses — l'Afghanistan, le Pakistan et le Tadjikistan. Fait étonnant, aucun fonctionnaire chargé de la sécurité n'a jamais participé à un programme systématique de formation à cette tâche vitale.

J'ai moi-même exercé les fonctions de responsable de la sécurité quand j'étais en poste dans l'ex-Yougoslavie. J'ai aussi été Coordonnateur des mesures de sécurité, ici, à New York, où j'ai créé le Bureau du Coordonnateur en tant que service indépendant chargé à temps complet de toutes les questions intéressant la sécurité des fonctionnaires des organismes des Nations Unies et de la coopération interorganisations. Je sais par conséquent qu'il est difficile et coûteux d'assurer la sécurité du personnel. C'est cependant un domaine dans lequel on ne peut pas faire d'économies.

C'est aux Gouvernements hôtes qu'incombe la responsabilité principale de la sécurité et de la protection du personnel. Je fais appel à eux pour qu'ils versent des contributions au fonds d'affectation spéciale que nous avons créé pour la formation. Je les engage aussi de nouveau à signer et à ratifier la Convention de 1994 sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé. Ils ont été si peu nombreux à le faire jusqu'ici qu'on a l'impression que cette question les laisse indifférents. Je voudrais donc leur dire ceci : ce sont vos propres ressortissants qui vont travailler sur le terrain. Pourquoi ne pas leur donner la même formation — leur accorder le même respect — qu'au personnel militaire que vous mettez à la disposition des missions des Nations Unies?

Je vais également demander aux organes des Nations Unies, en particulier au Conseil de sécurité, de prendre un certain nombre de décisions difficiles quant aux risques et bénéfices associés à l'action menée par les Nations Unies. On encourage des civils à se rendre là où les gouvernements ne veulent pas envoyer leurs soldats.

Cela en dit long sur notre engagement humanitaire. La triste vérité est que cela signifie aussi que si nous ne sommes pas plus attentifs à la situation — en prenant des mesures concrètes sur le terrain ou des décisions politiques au Siège — nous pouvons nous attendre à continuer de recevoir des nouvelles douloureuses.

La sécurité du personnel englobe aussi la sécurité de l'emploi. La sécurité de l'emploi ne se limite pas au simple fait d'avoir un emploi; elle recouvre aussi les possibilités que chaque fonctionnaire voit dans son emploi. Qui d'entre nous veut d'un emploi mal défini, auquel s'attachent peu de responsabilités et pour lequel il reçoit encore moins de directives?

- 3 - SG/SM/6705 18 septembre 1998

J'ai été informé récemment d'une tendance inquiétante : pour la première fois dans l'histoire de l'ONU, les démissions sont plus nombreuses que les départs à la retraite; fait encore plus grave, les deux tiers des fonctionnaires qui démissionnent occupent des postes des classes P-2 et P-3. C'est comme si ces personnes, après avoir entraperçu l'avenir qui leur était offert, avaient décidé de tenter leur chance ailleurs.

Ceci nous montre également que nous devons absolument améliorer la façon dont nous gérons les ressources humaines dans leurs aspects essentiels — organisation des carrières, conditions d'emploi, mobilité, responsabilités, administration et vision de l'avenir. Ce sont ces considérations qui donnent leur véritable sens à l'idée de sécurité de l'emploi. C'est la raison pour laquelle un groupe de travail sur la gestion des ressources humaines a été mis en place, et pour laquelle je considère que la réforme de la gestion de ces ressources est au coeur du processus général de réforme. Le Groupe de travail vient de soumettre son rapport. Je vous ferai part de mes propres propositions dans les prochaines semaines.

Dans l'intervalle, j'ai écouté attentivement les vues et les préoccupations que vous avez exprimées, tout récemment encore, lors de la réunion que la Vice-Secrétaire générale et moi-même avons tenue lundi dernier avec les représentants du personnel. Nous avons eu un long débat sur les délégations de pouvoir et d'autres questions. J'ai pu dire aux représentants du personnel que je proposerai la mise en place d'un groupe d'examen des méthodes de gestion pour répondre aux préoccupations qu'ils ont exprimées en ce qui concerne le principe de la responsabilité aux postes de direction.

J'ai été heureux de constater que notre réunion s'est déroulée dans une atmosphère instructive et je tiens à remercier tous les membres du personnel qui ont contribué aux débats du Groupe de travail et au processus de réforme en général. Plus de 1 000 d'entre vous ont répondu à l'enquête sur la réforme menée auprès du personnel en présentant des idées et des vues très utiles concernant notre avenir. Qui plus est, vos réponses font apparaître une convergence de vues que viennent parfois voiler la rumeur, les frustrations ou la crainte.

Nous sommes d'accord, par exemple, sur la nécessité de dresser un inventaire des compétences professionnelles dans l'ensemble du Secrétariat. Le Bureau de la gestion des ressources humaines a commencé cette évaluation.

Nous nous accordons à penser que la mobilité entre fonctions, départements, lieux d'affectation et organisations du système des Nations Unies doit faire partie intégrante des carrières à l'ONU. Je propose à l'Assemblée générale que, dans l'ensemble du Secrétariat, tous les administrateurs recrutés à la classe de début soient systématiquement affectés à des postes différents au cours de leurs cinq premières années de service.

- 4 - SG/SM/6705 18 septembre 1998

Nous convenons de la nécessité d'assurer une formation qui aille au-delà des connaissances informatiques et linguistiques. Le Bureau de la gestion des ressources humaines offre maintenant un ensemble de programmes de perfectionnement du personnel qui couvre l'ensemble des activités professionnelles, depuis l'administration et la préparation aux missions jusqu'à la gestion des ressources humaines et financières, la négociation en collaboration, et les questions de parité entre les sexes et de diversité sur les lieux de travail.

Et, en consultation avec le personnel, le système de notation du personnel a été complètement réorganisé, de manière à ce qu'il soit plus clair, qu'il absorbe moins de temps, et qu'il soit plus étroitement associé au perfectionnement du personnel.

J'espère que nous pourrons aborder dans le même esprit les nombreuses autres questions qui restent à régler. Je sais que certains d'entre vous ont peur des changements en cours dans l'ensemble du système. Mais je vous ai entendu — en nombre plus grand encore — dire que le changement n'est ni assez rapide ni assez radical.

Beaucoup a été fait dans le domaine de la réforme de l'administration et de la gestion. Je tiens à vous remercier à nouveau de l'appui et du concours que vous avez apportés, lesquels ont été d'une importance cruciale dans les progrès accomplis à ce jour. Je compte sur vous dans la poursuite de la réforme.

Permettez-moi d'aborder maintenant un troisième élément de la sécurité du personnel, qui est pour moi la tranquillité d'esprit, élément qu'il est difficile de quantifier, mais crucial de comprendre.

J'ai dit à maintes reprises qu'être au service des Nations Unies n'est pas simplement un emploi, c'est une vocation. La tranquillité d'esprit c'est avoir la certitude de suivre sa vocation.

Il faut que nous soyons intimement persuadés du bien-fondé de la Charte et de l'utilité de notre rôle au service de la communauté mondiale.

Il faut que nous puissions regarder des fonctionnaires chevronnés et de nouveaux arrivants; des collègues dans des lieux d'affectation proches et éloignés; nos supérieurs et nos subordonnés dans la structure hiérarchique; et savoir que nous sommes unis, que le sentiment d'une mission commune nous anime partout où flotte le drapeau des Nations Unies.

Si la sécurité des personnes et la sécurité de l'emploi sont assurées, on peut alors connaître la tranquillité d'esprit. Mais une condition préalable à cette tranquillité est que chaque fonctionnaire donne le meilleur de lui-même à son travail. C'est une responsabilité et une exigence, et je sais que vous serez à la hauteur de la tâche, comme vous pouvez compter sur moi pour accomplir la mienne.

- 5 - SG/SM/6705 18 septembre 1998

La Journée du personnel 98 est le jour où sécurité des personnes, sécurité de l'emploi et tranquillité d'esprit fusionnent pour former un tout.

Evoquer la sécurité des personnes, c'est se souvenir que ce jour est celui du trente septième anniversaire de la mort de Dag Hammarskjöld. Le mois prochain, son nom figurera sur la médaille qui sera présentée à la cérémonie commémorant le cinquantième anniversaire de la première opération de maintien de la paix des Nations Unies — et l'anniversaire du premier décès d'un fonctionnaire des Nations Unies dans l'accomplissement de ses fonctions.

Evoquer la sécurité de l'emploi, c'est se souvenir que Dag Hammarskjöld a été un défenseur éloquent de la fonction publique internationale.

Et évoquer la tranquillité d'esprit, c'est se souvenir d'un homme animé d'une profonde spiritualité. L'une de ses nombreuses contributions à l'Organisation a été une salle de méditation, qu'il a personnellement planifiée et dont il a supervisé la création dans les moindres détails. J'ai le grand plaisir de vous annoncer aujourd'hui la réouverture de celle salle, restée fermée très longtemps en raison des dommages auxquels l'avait exposée sa situation dans le hall des pas perdus.

Dag Hammarskjöld voulait que cette salle de méditation soit une salle aux portes ouvertes sur les espaces infinis de la réflexion et de la prière. En une époque d'incertitude dans les affaires internationales, et une époque où nous continuons à ressentir douloureusement l'absence de nos collègues disparus, cette salle est l'endroit où nous pouvons nous recueillir et contempler la mission dans laquelle nous nous sommes tous engagés.

Chers collègues et amis,

Nous n'avons pas encore réussi à atteindre des niveaux acceptables de sécurité — qu'il s'agisse de sécurité de l'être humain ou de sécurité du personnel. Ce qui nous console et nous rachète, c'est que nous poursuivons nos efforts sans relâche. Pour moi, la session de l'Assemblée générale qui vient de s'ouvrir offre tout autant de promesses que la première. Saisissons donc l'occasion qui nous est donnée, et efforçons-nous ensemble de réaliser l'objectif d'un monde meilleur pour tous. Mais pour commencer, permettez-moi de vous souhaiter une excellente journée du personnel.

Je vous remercie.

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