50 ANS APRES L'ADOPTION DE LA DECLARATION UNIVERSELLE, IL FAUT DONNER UN NOUVEL ELAN A LA PROMOTION DES DROITS DE L'HOMME EN TENANT COMPTE DES REALITES ACTUELLES
Communiqué de Presse
NGO/311
PI/1085
50 ANS APRES L'ADOPTION DE LA DECLARATION UNIVERSELLE, IL FAUT DONNER UN NOUVEL ELAN A LA PROMOTION DES DROITS DE L'HOMME EN TENANT COMPTE DES REALITES ACTUELLES
19980916L'importance du travail des ONG en faveur des droits de l'homme est mise en avant lors de la clôture de la 51ème Conférence annuelle DPI/ONG
"Face à la réalité, comment pouvons-nous continuer à revendiquer un engagement collectif envers une Déclaration qui a reconnu la liberté, la justice et la paix en tant que droits inaliénables de tous les membres de la famille humaine ? Traduire les mots en actions est, sans aucun doute, notre défi le plus grand". Ce constat a été fait cet après-midi par Mme Graça Machel, Première Dame d'Afrique du Sud, au cours de la séance de clôture de la 51ème Conférence annuelle des Organisations non gouvernementales, dont le thème cette année était "le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme : de la parole aux actes".
Constatant, pour sa part, que la violence a pris aujourd'hui d'autres formes tant dans les pays occidentaux que dans ceux en développement, Mme Danielle Mitterrand, Fondatrice de "France Libertés", a suggéré d'amender la Déclaration universelle pour répondre à ces autres violations des droits de l'homme que sont l'extrême pauvreté, l'exclusion, les expulsions forcées et le chômage. Il est temps que les gouvernements entendent les appels de ce contre-pouvoir vital que sont les ONG, car ces associations sont responsables et accomplissent un travail incontestable et incontesté sur le terrain, a-t- elle affirmé. M. James H. Ottaway, Président du Comité pour la liberté de la presse mondiale, a lancé un appel en faveur de la liberté de l'information qui est essentielle pour protéger les droits de l'homme. Concluant les travaux de la Conférence, en présence de Mme Suzanne Mubarak, Première Dame d'Egypte, et de Mme Nane Annan, et sous la direction de M. Kensaku Hogen, Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information, la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Louise Fréchette a lancé un appel aux ONG pour qu'elles continuent à travailler avec l'ONU car les réalisations en matière de droits de l'homme peuvent servir de modèle pour d'autres domaines.
Lors de la table ronde sur l'enseignement des droits de l'homme, qui s'était tenue auparavant sous la direction de Mme Nina Sibal, Directrice du Bureau de New York du Fonds des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), M. Nasila Rembe, Directeur des ressources pour les droits
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de l'homme et du Centre de documentation Oliver Tambo de l'Université Fort Hare en Afrique du Sud, a déclaré qu'il est indispendable de redéfinir une approche pédagogique pour relever les défis du nouveau millénaire que sont notamment la mondialisation, l'environnement et la résolution des conflits. L'exemple africain permet de prendre conscience du véritable défi que présentent les droits de l'homme à l'intérieur des sociétés, surtout celles qui connaissent une transition démocratique ou qui sortent d'un conflit. Or, l'éducation permet de modifier les comportements. Les droits de l'homme concernent tous les secteurs de toutes les sociétés et partant l'enseignement de ces droits devrait désormais être intégré à toutes les disciplines universitaires plutôt que rester isolé. Pour Mme Marjatta Rasi, Représentant permanent de la Finlande auprès de l'ONU, l'éducation aux droits de l'homme est aussi un outil important pour aider les populations vulnérables à devenir autonomes et améliorer leur situation économique. Elle permet en outre de favoriser l'émergence d'une société plus juste en sensibilisant les individus à leurs droits et aux droits des autres.
Ont également participé à la table ronde : M. Lewis Bernstein, Directeur de projets et Producteur exécutif, Israeli-Palestinian Series, Children's Television Network et Mme Anne Nelson, Professeur/Directeur de programme international à l'Ecole de journalisme de l'Université de Columbia.
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L'ENSEIGNEMENT DES DROITS DE L'HOMME
Présentations
M. NASILA REMBE, Directeur des ressources pour les droits de l'homme et du Centre de documentation Oliver Tambo, Université de Fort Hare, Afrique du Sud, a déclaré qu'alors que nous entrons dans le prochain millénaire, il est indispensable de redéfinir une approche pédagogique pour relever les défis que sont notamment la mondialisation, la protection de l'environnement et la résolution des conflits. Il est fondamental de supprimer les conséquences de l'affrontement idéologique entre le capitalisme et le socialisme. Les violations qui continuent de sévir montrent à quel point l'individu est fragile et vulnérable si les droits de la personne humaine ne sont pas respectés. Toutefois les initiatives prises par les institutions internationales telles l'ONU ou par les ONG resteront lettre morte si les Etats ne ratifient et n'appliquent pas les textes, a mis en garde M. Rembe. Il s'agit là de l'un des défis quotidiens pour les ONG.
Ainsi que de nombreux intervenants l'ont mis en avant, en Afrique les processus conduisant à la démocratie et au respect des droits sont complexes et l'éducation en matière de droits de l'homme n'en est rendue que plus compliquée. L'exemple africain permet de prendre conscience du véritable défi que présentent les droits de l'homme à l'intérieur des sociétés surtout celles qui connaissent une transition démocratique ou qui sortent d'un conflit. L'éducation permet de modifier les comportements des individus dans les sociétés où la portée des droits de l'homme n'est pas encore parfaitement saisie. Le conflit entre les droits de l'homme et les croyances et coutumes traditionnelles peut être également résolu par l'éducation.
M. LEWIS BERNSTEIN, Producteur exécutif, Israeli-Palestinian Series, Children's Television Network, soulignant le fait que la télévision peut constituer un moyen d'éducation des enfants, a expliqué comment, après la signature des Accords d'Oslo en 1993, était née l'idée de produire une version israélo-palestinienne de la série pour enfants "Sesame street". L'objectif était de montrer la richesse des deux cultures et des deux langues et d'éduquer les enfants de manière amusante, au respect de la différence. Le programme a été présenté pour la première fois en avril 1998 sur les chaînes éducatives israéliennes et palestiniennes. La réaction du public a été jusqu'à présent très positive. Une étude visant à évaluer l'impact de ce programme sur les enfants est en cours. M. Bernstein a expliqué que ce programme était unique en ce que tous les partenaires, tant israéliens que palestiniens ayant participé à sa création, partageaient le même idéal de paix. Il serait naïf de croire qu'un tel programme puisse semer les graines de la paix, mais nous avons réussi à modeler un comportement de tolérance dont les enfants peuvent s'inspirer.
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En outre, la télévision, en entrant dans les foyers, peut apporter de nouvelles visions, a déclaré M. Bernstein. Ce projet est également unique en raison du contexte politique dans lequel il a été réalisé. Nous savions, en effet, que la violence pourrait entraver la réalisation de ce programme qui a été préparé sur fond d'actes de violence et d'attentats terroristes. Enfin, ce projet est unique par l'équilibre entre la réalité et la fantaisie. Pour mieux coller à la situation réelle, on a en effet opté pour deux rues séparées, et non une seule comme dans la série originale, et pour des marionnettes israéliennes et palestiniennes qui s'invitent régulièrement. M. Bernstein a souhaité que cette expérience inspire d'autres projets similaires au Proche-Orient et ailleurs.
Mme ANNE NELSON, Professeur Directrice du programme international à l'Ecole de journalisme de l'Université de Columbia, a déclaré que la presse est le principal instrument pour diffuser les informations sur les droits de l'homme, même si parfois cela peut poser des problèmes. En matière de défense des droits de l'homme, chaque individu doit effectuer une introspection et définir quel est le rôle qu'il est le mieux à même de jouer. Dans cette perspective et pour les journalistes, dénoncer tous les abus est le meilleur moyen de participer au processus de respect des droits de l'homme, a estimé Mme Nelson. Pour un défenseur des droits de l'homme, qu'il soit fonctionnaire, journaliste ou militant d'une ONG, il est fondamental de connaître le droit humain mais il faut également faire attention aux sensibilités différentes dans l'interprétation de ce droit. Il est essentiel aussi, avant de dénoncer un abus, de connaître la réalité et de savoir ce qui s'est exactement passé. Il n'y a rien de pire en effet que de publier un rapport inexact ou qui peut être attaqué par la suite en raison de sa méconnaissance des faits, a expliqué Mme Nelson. Il faut aussi utiliser avec attention les nouveaux outils d'information par exemple l'Internet.
Il est également important de ne pas trop s'écarter du terrain et de demeurer en contact avec les personnes qui vivent dans la région concernée. Il est fondamental enfin de ne pas se laisser aveugler par une culture "dominante" et faire en sorte de demeurer à l'écoute de toutes les cultures.
En matière d'enseignement des droits de l'homme, ce qu'il faut désormais, c'est intégrer la question des droits de l'homme à d'autres disciplines universitaires, car les droits de l'homme ne sont pas un domaine que l'on peut étudier de manière isolée. Comment en effet envoyer un journaliste en Asie du Sud-Est pour couvrir la question des droits de l'homme sans qu'il connaisse l'histoire du travail des enfants, a fait observer Mme Nelson. Aujourd'hui avec Internet et sa rapidité, il faut accorder une attention redoublée à la véracité des informations qui font le tour de la planète en une journée sans avoir été vérifiées. Les journalistes ne peuvent pas fonctionner sans les ONG, et ce qu'il faut éviter, c'est la séparation et l'isolement des acteurs dans le domaine des droits de l'homme. Dans tous les cas, ce qui doit être recherché, c'est la vérité des faits, a-t-elle insisté en conclusion.
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Mme MARJATTA RASI, Représentant permanent de la Finlande auprès de l'ONU, a déclaré que l'éducation en matière de droits de l'homme constituait un outil important pour habiliter les populations à être autonomes, à lutter contre les violations des droits de l'homme et à protéger les droits de l'homme des autres. Elle a rappelé que la Déclaration universelle définit l'éducation comme un droit important. Or, les groupes et individus qui sont supposés bénéficier et jouir des droits de l'homme sont très souvent peu conscients de la portée de leurs droits et de la protection à laquelle ils peuvent prétendre. L'éducation en matière de droits de l'homme doit s'adresser tant aux acteurs étatiques responsables qu'aux personnes en charge de l'administration de la justice et de l'application du droit, ainsi qu'à tous ceux qui bénéficient des droits de l'homme. Il faut aussi éduquer les enfants afin de créer une culture de la tolérance. Les ONG ont un rôle irremplaçable à jouer dans l'éducation pour compléter le rôle des gouvernements. Les meilleurs résultats sont, en effet, atteints lorsque tous les partenaires travaillent ensemble.
Eduquer les personnes sur leurs droits les plus fondamentaux peut donner les moyens aux personnes, y compris les groupes les plus vulnérables, d'améliorer leur situation économique. Le fait de donner aux femmes les moyens de s'affirmer est une mesure importante pour parvenir à une société juste et égale. L'éducation peut aussi être un moyen efficace de lutter contre le racisme.
Le Gouvernement finlandais a publié pour sa part un document sur les mesures visant à promouvoir la tolérance et lutter contre le racisme. On prévoit, en outre, un programme de formation continue en vue d'un enseignement interculturel dans le cadre duquel figurent les droits de l'homme. L'éducation en matière de droits de l'homme est inscrite aux programmes scolaires, de même que la promotion de la tolérance entre les sexes. Dans le cadre du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle, une publication sur les droits de l'homme est en cours de préparation qui servira de matériel d'enseignement dans les écoles. Le premier rapport global sur la politique de la Finlande en matière de droits de l'homme sera publié à la fin de cette année avec pour objectif de sensibiliser davantage le public à cette question.
Echange de vues
Répondant à la question d'une ONG, Mme RASI a expliqué que la Finlande met l'accent sur l'éducation en matière des droits de l'homme et sur la primauté du droit qui jouent tous deux un rôle important dans la politique de coopération multilatérale du pays. Depuis longtemps, le gouvernement finlandais apporte son aide à l'UNESCO, a-t-elle expliqué. En réponse à une autre question de l'assistance sur la manière dont le modèle finlandais pourrait être appliqué aux Etats-Unis, elle a indiqué que la Finlande est très différente des Etats-unis de par sa taille et du fait qu'elle n'est pas une
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société multiraciale. L'éducation en matière des droits de l'homme commence dès le plus jeune âge et l'on fait prendre conscience aux enfants que le monde est beaucoup moins homogène que leur propre pays.
A un intervenant qui faisait remarquer que le terme de "droit" peut parfois poser problème dans certains pays et qu'il s'agit d'un concept difficile à définir, elle a déclaré que, s'il est possible que les interprétations diffèrent sur les droits de l'homme, il n'est que difficilement concevable que la notion de droit n'existe pas dans toutes les sociétés. Ambassadeur en Inde pendant plusieurs années, elle a déclaré qu'elle n'avait pas eu conscience que le concept des droits de l'homme n'existait pas en Inde, puisqu'il y existe une Commission des droits de l'homme très active.
En réponse à une question sur la manière dont les droits de l'homme s'inscrivent dans le cursus éducatif en Afrique du Sud, M. REMBE a expliqué que l'éducation aux droits de l'homme se voit accorder la plus haute priorité, qui se fonde sur la tolérance. Les droits de l'homme sont inscrits dans tous les cursus scolaires contrairement à ce qui se faisait pendant la période de l'apartheid. En outre, la police est également formée aux questions relatives aux droits de l'homme et le processus démocratique est expliqué dans ces programmes.
M. BERNSTEIN a indiqué que des études ont démontré que même les très jeunes enfants ont des stéréotypes politiques et qu'il est très important de modifier leur attitude. Mme NELSON a ajouté que tout pays en état de guerre limite la circulation des informations, sous prétexte de préserver la sécurité nationale.
A la Représentante qui lui demandait comment introduire les droits de l'homme comme paradigme total et faire en sorte que les individus puissent effectivement faire le lien entre tous les droits de l'homme et les revendiquer, Mme NELSON a estimé qu'il faut d'abord être capable de définir clairement les droits de l'homme. Pour M. BERNSTEIN, il faut essayer d'enseigner les différences, les diversités et comment faire face aux conflits. M. REMBE a déclaré qu'il faut également avoir un comportement et un discours différent en fonction du groupe que l'on veut atteindre.
SEANCE DE CLOTURE
Présentations
Mme GRAÇA MACHEL, Présidente de "Fundaçao para o desenvolvimento da comunidade", Première Dame d'Afrique du Sud, a rappelé qu'en rédigeant la Déclaration, la communauté internationale espérait garantir que les atrocités dont elle avait été témoin ne se répéteraient plus jamais. Pourtant, aujourd'hui, de nouvelles formes de conflits, de nouvelles atrocités et des actes barbares continuent de faire outrage à la conscience de l'humanité.
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Du Congo au Kosovo, de l'Algérie à l'Afghanistan, les enfants constituent des cibles délibérées de campagnes organisées visant à terroriser et asservir des communautés entières. Plus de 90 % des victimes des guerres sont des civils dont la grande majorité sont des femmes et des enfants. Face à cette réalité, comment pouvons-nous continuer à revendiquer un engagement collectif envers une Déclaration qui a reconnu la liberté, la justice et la paix comme des droits inaliénables de tous les membres de la famille humaine ? Traduire les paroles dans les faits est notre plus grand défi, a souligné Mme Machel.
La Première Dame d'Afrique du Sud a expliqué que la préparation de l'étude sur les conséquences des conflits armés sur les enfants lui avait permis de faire un voyage extraordinaire. "Aujourd'hui, je suis devant vous, humble de la peine et de la souffrance que j'ai vue", a-t-elle dit. Tous les pays, sauf deux, ont ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant. Pourtant, au cours des dix dernières années, pas moins de 2 millions d'enfants ont été tués ou blessés; 6 millions d'enfants gravement blessés ou handicapés. Un plus grand nombre encore meurent de malnutrition et de maladies causées par les conflits armés. Plus de 300.000 enfants de moins de 18 ans sont exploités comme soldats. La guerre viole tous les droits des enfants, leur droit à la vie, à grandir dans un environnement familial, à la santé et à l'éducation, à la survie et au développement, à être aimés et protégés. Les blessures, physiques et psychologiques, infligées aux enfants sont autant d'affronts aux élans humanitaires qui ont inspiré la Convention relative aux droits de l'enfant, a-t-elle souligné. Mme Machel a rappelé que le premier débat de l'Assemblée générale consacré aux conséquences des conflits armés sur les enfants, il y a deux ans, avait permis d'identifier les dimensions politiques, humanitaires et relatives aux droits de l'homme de cette question. Le lien a été établi entre les conditions catastrophiques qui provoquent les souffrances des enfants, la manière dont les droits de l'homme sont protégés, dont l'assistance humanitaire est fournie, et les conflits résolus. Nous avons formulé un plan d'action qui a créé un précédent.
Mme Machel a déploré la marginalisation croissante des plus vulnérables, les enfants, les jeunes, les femmes et les populations rurales, partout dans le monde. Alors que nous célébrons le cinquantenaire de la Déclaration universelle, il faut défendre les droits économiques, sociaux et culturels avec la même vigueur que les droits de l'homme. Il faut aussi rendre hommage à ce qui a été fait au cours des deux dernières années, comme la décision récente du Tribunal pénal international pour le Rwanda de reconnaître la violence sexuelle en tant qu'arme stratégique de guerre; le fait que les statuts de la Cour criminelle internationale reconnaissent les droits des enfants et des femmes; et les initiatives de la société civile visant à mettre fin à l'enrôlement des enfants soldats et à restreindre le commerce des armes de petit calibre, ce qui a permis de porter ces deux dernières questions sur le devant de la scène. La société civile joue un rôle important dans la promotion des droits de l'homme, comme éducateur, facilitateur et activiste.
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Elle s'est révélée comme voulant et pouvant faire quelque chose de nouveau dans les programmes de développement, a montré de l'audace dans la défense de certaines causes et pris des risques pour protéger et promouvoir les droits de l'homme, a-t-elle poursuivi.
Mme Machel a lancé un appel à tous les Etats pour qu'ils honorent leurs engagements envers la protection des droits de l'homme de leurs citoyens; pour qu'ils placent les populations rurales, les femmes, les enfants et les jeunes au centre des campagnes d'éducation. Elle a aussi appelé les ONG à intensifier leurs efforts pour contrôler et rapporter les abus chaque fois qu'ils se produisent. Ensemble, il faut créer une prise de conscience et renforcer les capacités au niveau de la communauté. Il faut défendre les droits de l'homme chaque fois qu'ils sont attaqués. Ensemble, nous devons saisir cette occasion pour transformer notre sentiment d'outrage moral en actes concrets. Cela nécessite une volonté politique, une vigilance continue et une coopération accrue. En tant qu'adultes, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour protéger les enfants, leur donner la priorité, et leur assurer un héritage digne et un avenir meilleur, a-t-elle conclu.
Mme DANIELLE MITTERRAND, Fondatrice de "France Libertés", a déclaré que, depuis cinquante ans, des hommes sans cesse s'attachent à rappeler que la Déclaration des droits de l'homme est universelle. Aujourd'hui la terre est assez petite pour que l'information y circule vite afin que la négation de ces droits, où que ce soit, puisse être relevée, dénoncée et combattue. Les ONG, quant à elles, mènent une lutte pour les droits de l'homme dans les Etats dits démocratiques, qui ont signé la Déclaration et agissent en reniant cette signature. C'est la lutte du pot de terre contre le pot de fer, a-t-elle expliqué, précisant qu'il y a d'un côté le développement d'une conscience citoyenne d'une injustice intolérable, contre, de l'autre, l'alliance du pouvoir décisionnel aux forces de l'argent.
Il convient également de se demander si la lutte pour les droits de l'homme, principe fondateur des états démocratiques, répond aux aspirations des populations. Les citoyens des pays occidentaux, qui se disent les champions des droits de l'homme, sont en droit de se poser des questions, quand ils croisent dans la rue des sans domicile fixe affamés, que des entrepreneurs délocalisent et licencient à grande échelle, que des familles sont expulsées et que les jeunes ont du mal à prendre leur place dans la société. Les dirigeants ont-ils oublié le sens de leur véritable fonction politique, qui au sens grec d'organisation de la cité, ne peut pas exclure un seul de ses citoyens, a demandé Mme Mitterrand. C'est l'ONU qui est garante de ces droits, et à l'heure de la mondialisation des intérêts, la réserve de la Charte garantissant qu'il ne sera pas fait usage de la force des armes, sauf dans l'intérêt commun, n'est plus indispensable, a-t-elle estimé, ajoutant que chacun des gouvernements qui composent l'ONU et adhèrent à ses principes ne devrait pouvoir entériner et supporter les violations subies par les peuples, où qu'ils se trouvent. Elle a fait part également de sa
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déception devant la résolution 688 qui autorise les ONG à intervenir dans un pays, à protéger les acteurs de terrain et à faciliter les déplacements, mais laisse au gouvernement toutes possibilités d'interpréter et de trouver des arguments pour empêcher son application. Le thème choisi pour la Conférence, "Des paroles aux actes" est un beau programme si les écrits si longs à élaborer ne contredisent pas l'intention, a-t-elle mis en garde.
Aujourd'hui, il faut constater que les formes de violence ont changé et la plus grande partie des conflits a lieu à l'intérieur des nations. Doit-on accepter que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes devienne, dans les faits, le "droit des gouvernements à exterminer une part de la population"? A l'intérieur des frontières, les droits de l'homme doivent-ils céder devant la force armée, sans que personne ne puisse intervenir, même si le peuple appelle à son secours? Ce texte écrit par des hommes il y a cinquante ans n'est pas gravé dans le marbre, a estimé Mme Mitterrand avant de proposer qu'aujourd'hui d'autres hommes, en conscience, l'amendent.
Il est temps que les gouvernements entendent les appels de ce contre- pouvoir vital des ONG. Si les gouvernements donnaient un statut à ces initiatives, cela signifierait qu'ils sont conscients de la perversité du système qui gère le monde, a-t-elle fait observer, car ces associations auxquels ils accordent parfois une voix consultative, sont responsables et accomplissent un travail incontestable et incontesté sur le terrain. Est-ce qu'à l'ONU, les nations unies sont prêtes à faire leur nuit du 4 août et à renoncer au privilège d'opprimer leur peuple dans l'indifférence complice, s'est interrogée Mme Mitterrand, ajoutant que c'est le seul acte réellement positif qu'elle attend de ce colloque.
M. JAMES H. OTTAWAY, Président du Comité pour la liberté de la presse mondiale, évoquant l'article 19 de la Déclaration universelle consacré à la liberté d'opinion et d'expression, a déclaré qu'en adoptant celui-ci, les Etats s'engageaient à garantir à tous les citoyens du monde la liberté d'information et d'expression en tant que droit de naissance et non en tant que don d'un gouvernement. Malheureusement, ce texte n'a pas entraîné les actes qui auraient pu créer ces libertés précieuses. Selon l'enquête annuelle sur la liberté de la presse de l'ONG "Freedom House", seulement un tiers des 187 pays du monde jouit d'une presse entièrement libre. Seulement 20 % de la population mondiale vit dans des pays où la presse est libre. Le Comité pour la liberté de la presse mondiale et ses 44 groupes affiliés de par le monde luttent constamment contre les gouvernements et les organisations internationales qui censurent l'information, entravent la circulation de l'information, emprisonnent les journalistes, afin de maintenir leur pouvoir politique et leur contrôle. Or, la libre circulation de l'information sur les droits fondamentaux de l'homme, l'information non censurée sur les violations des droits de l'homme, et la liberté de critiquer les individus, les gouvernements et les politiques publiques qui limitent les droits de l'homme, sont essentiels pour pouvoir maintenir tous les autres droits de la personne
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humaine. Une presse libre devrait être le plus grand protecteur des droits de l'homme, mais cela est trop souvent ignoré lorsque l'on parle des droits de l'homme.
M. Ottaway a rappelé que le Président américain Franklin Roosevelt avait lui aussi mis l'accent sur la liberté de parole et d'expression en tant que liberté fondamentale. Il a également rappelé un discours du Secrétaire général dans lequel celui-ci affirme notamment que l'information et la liberté sont indivisibles et qu'une véritable démocratie est inimaginable sans liberté de l'information. Le Secrétaire général est passé des mots à des actes efficaces. Il est ainsi personnellement intervenu auprès du gouvernement vietnamien en faveur de la libération de Doan Viet Hoat, un journaliste favorable à la démocratie, dont il a ensuite porté le cas devant la Haute Commissaire aux droits de l'homme. Après de fortes protestations de la part du Comité pour la protection des journalistes, d'Amnesty International, d'Asia Watch et de l'Association mondiale de la presse, celui-ci devrait être libéré prochainement, en même temps que 5 200 autres prisonniers vietnamiens, dans le cadre d'une amnistie générale. Cela montre ce qui peut être fait lorsque l'on travaille ensemble en faveur des droits de l'homme, a conclu M. Ottaway.
Remarques de clôture
Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a salué tous les participants pour la créativité et l'énergie dont ils ont fait montre en traitant des questions complexes inscrites à l'ordre du jour de la Conférence. Les ONG ont toujours été présentes auprès de l'Organisation des Nations Unies depuis sa création, a-t-elle rappelé, ajoutant que les droits de l'homme sont la base de tout ce à quoi les Nations Unies aspirent dans leurs activités. La Déclaration universelle des droits de l'homme est reconnue aujourd'hui comme l'une des plus grandes réalisations de ce siècle, même s'il reste encore beaucoup à faire pour qu'elle soit mise en oeuvre par tous les pays.
Les ONG ont connu une véritable révolution et l'ONU a, quant à elle, essayé d'encourager et de suivre cette émergence d'un nouveau système participatif international, en ouvrant largement ses portes à la société civile. Mme Fréchette en a pris pour preuve le fait que la coopération renforcée avec la société civile a été l'un des thèmes piliers de la réforme tranquille du Secrétaire général. Maintenant mise en oeuvre, cette réforme a permis de voir la nomination dans chaque département de l'Organisation d'une personne chargée des relations avec les ONG. Les Nations Unies s'attachent également à faciliter la création d'ONG dans les pays en développement. En effet, s'il existe quelques 1 550 ONG inscrites auprès du Département de l'information, seules 251 d'entre elles proviennent de pays en développement. Il faut continuer de travailler ensemble, a insisté la Vice-Secrétaire générale, car les réalisations effectuées dans le domaine des droits de l'homme peuvent servir de modèle pour d'autres domaines.
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