LE CONSEIL ENCOURAGE CHAQUE ETAT MEMBRE A ENVISAGER L'ADOPTION DE MESURES JURIDIQUES SANCTIONNANT LES VIOLATIONS D'EMBARGOS SUR LES ARMES
Communiqué de Presse
CS/971
LE CONSEIL ENCOURAGE CHAQUE ETAT MEMBRE A ENVISAGER L'ADOPTION DE MESURES JURIDIQUES SANCTIONNANT LES VIOLATIONS D'EMBARGOS SUR LES ARMES
19980916 Par une déclaration présidentielle, le Conseil affirme en outre que le renforcement des moyens de maintien de la paix de l'Afrique est prioritaireRéuni cet après midi pour examiner la situation en Afrique, le Conseil de sécurité a adopté à l'unanimité la résolution 1196 (1998), aux termes de laquelle le Conseil encourage chaque Etat Membre, en tant que de besoin, à envisager d'adopter, des mesures législatives ou autres mesures juridiques érigeant en infraction pénale la violation des embargos sur les armes imposés par le Conseil. Il se déclare prêt à envisager, chaque fois qu'il imposera un embargo sur les armes, toutes les mesures voulues pour contribuer à son application effective et note que des mesures comme des enquêtes sur les itinéraires qu'empruntent les trafics d'armes, le suivi des violations précises éventuelles et le déploiement d'observateurs aux frontières ou aux points d'entrée, prises en consultation avec les pays concernés, peuvent présenter un intérêt.
Le Conseil prie instamment les Etats Membres, les organismes et institutions des Nations Unies compétents et d'autres institutions internationales d'envisager de fournir une assistance technique et autre, en consultation avec les Etats concernés, pour faciliter l'application des embargos sur les armes. Il souligne que les embargos sur les armes qu'il impose doit avoir des objectifs clairement définis et prévoir un examen régulier des mesures.
Par ailleurs, le Président du Conseil de sécurité, M. Hans Dahlgren (Suède), a fait au nom des membres du Conseil la déclaration suivante:
"Le Conseil de sécurité prend note avec satisfaction du rapport du Secrétaire général en date du 13 avril 1998, intitulé "Les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique", qui a été présenté au Conseil de sécurité (S/1998/318) et à l'Assemblée générale (A/52/871). Il partage l'avis du Secrétaire général selon lequel la crédibilité de l'Organisation des Nations Unies en Afrique dépend dans une large mesure de la volonté de la communauté internationale d'agir et de chercher de nouveaux moyens de promouvoir les objectifs de la paix et de la sécurité en Afrique.
Le Conseil de sécurité, qui a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales en vertu de la Charte des Nations Unies, se déclare résolu à exercer cette responsabilité en ce qui concerne l'Afrique, et affirme que le renforcement des moyens dont dispose l'Afrique pour participer à tous les aspects des opérations de maintien de la paix, notamment leurs composantes militaire, de police, humanitaire et autres composantes civiles, est un objectif prioritaire.
Le Conseil encourage un accroissement de la coopération bilatérale et multilatérale dans le domaine du maintien de la paix, en particulier du renforcement des capacités, entre les États Membres, l'Organisation des Nations Unies et l'Organisation de l'unité africaine (OUA) ainsi que les organisations sous-régionales en Afrique. Il prend note avec satisfaction des efforts déjà entrepris par l'ONU et les États Membres pour accroître la transparence et promouvoir la coordination des efforts multilatéraux visant à renforcer les capacités de l'Afrique en matière de maintien de la paix. Il se félicite en particulier des efforts menés pour mettre en oeuvre les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général en date du 1er novembre 1995, intitulé "Amélioration de la capacité de prévention des conflits et du maintien de la paix en Afrique" (S/1995/911) et pour donner suite aux décisions prises lors des réunions organisées par le Département des opérations de maintien de la paix en décembre 1997 et mai 1998. Il encourage tous les États et toutes les organisations concernées à travailler avec les États africains en particulier sur la base d'initiatives et de propositions africaines.
Le Conseil encourage la fourniture de contributions tant financières qu'en nature visant à renforcer les capacités de l'Afrique en matière de maintien de la paix. Il engage en particulier les États Membres à verser des contributions aux fonds d'affectation spéciale créés par l'ONU et l'OUA pour améliorer les capacités de prévention des conflits et de maintien de la paix en Afrique.
Le Conseil confirme le rôle qui incombe à l'Organisation des Nations Unies en matière de définition de normes générales pour le maintien de la paix, et demande instamment que les directives existantes des Nations Unies soient respectées, notamment grâce à l'application des dix Règles figurant dans le Code de conduite du Casque bleu, qui a été élaboré à la demande du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (A/51/230). Il encourage tous ceux qui contribuent au renforcement des capacités de l'Afrique en matière de maintien de la paix à veiller à ce que dans le cadre des activités de formation au maintien de la paix et de la conduite des opérations l'importance voulue soit accordée au droit international humanitaire et aux droits de l'homme, y compris les droits de l'enfant, de même qu'aux problèmes des femmes. Il demande à tous ceux qui mènent des opérations de maintien de la paix en Afrique de prêter une attention particulière à la situation des enfants dans les conflits armés, selon qu'il conviendra, tant dans les mandats desdites opérations que dans les rapports les concernant.
- 3- CS/971 16 septembre 1998
Le Conseil appuie les efforts déployés par l'Organisation des Nations Unies, les organisations régionales et sous-régionales et les États Membres dans le domaine de la formation au maintien de la paix.
Le Conseil note avec satisfaction que l'ONU est prête à servir de centre d'échange d'informations concernant les initiatives existant en matière de formation. Il se félicite en particulier de l'intention du Secrétaire général de créer une base de données des Nations Unies sur la formation. Le Conseil prie le Secrétaire général de mettre en oeuvre ces plans afin de renforcer les capacités de l'Afrique en matière de maintien de la paix, et d'inclure dans la base de données des informations concernant les besoins de l'Afrique dans ce domaine, les contributions régionales et extrarégionales susceptibles d'être apportées en vue de la réalisation de cet objectif et les compétences disponibles en matière de formation. Il engage les États Membres et les organisations régionales et sous-régionales à fournir des informations à la base de données. Il encourage le Secrétaire général à envisager d'autres utilisations possibles des bases de données des Nations Unies et leur élargissement, par exemple dans les situations de crise humanitaire.
Le Conseil note également avec satisfaction que le Secrétaire général a proposé la création d'un groupe de travail officieux composé d'États africains et non africains participant directement à la fourniture d'une assistance à la formation ou s'intéressant à la question.
Le Conseil met l'accent sur l'utilité d'activités de formation visant à améliorer la coordination et la coopération entre les composantes militaire, de police, humanitaire et autres composantes civiles des opérations de maintien de la paix. Il engage le Secrétaire général et les États Membres à inviter les organisations humanitaires internationales et non gouvernementales à participer, selon qu'il conviendra, à des activités de formation de maintien de la paix.
Le Conseil souligne qu'il importe de disposer de personnel ayant reçu une formation appropriée et du matériel voulu pour toutes les composantes des opérations de maintien de la paix. Il encourage dans ce contexte une participation accrue des États Membres, en particulier des États africains, aux arrangements des Nations Unies relatifs aux forces en attente. Il encourage en outre le recours aux équipes des Nations Unies pour l'aide à la formation qui peuvent apporter un appui utile aux activités nationales de formation au maintien de la paix. Il est conscient de l'utilité de stages conjoints d'entraînement, ainsi que de l'application de formules de partenariat entre les États dont les contingents ont besoin de matériel et les États et les organisations qui sont en mesure de les aider. Il encourage aussi l'échange d'enseignements tirés d'opérations antérieures.
- 4- CS/971 16 septembre 1998
Le Conseil prie le Secrétaire général d'étudier les moyens d'accroître les ressources logistiques disponibles pour les activités de maintien de la paix en Afrique.
Le Conseil souligne qu'il est nécessaire qu'il soit pleinement informé des activités de maintien de la paix entreprises ou planifiées par les organisations régionales ou sous-régionales et met l'accent sur le fait que l'amélioration des échanges d'informations et la tenue à intervalles réguliers de réunions d'information entre les membres du Conseil, les organisations régionales et sous-régionales africaines participant à des opérations de maintien de la paix, les pays fournissant des contingents et les autres États Membres participant à ces opérations ont un rôle important à jouer dans le renforcement des capacités de l'Afrique en matière de maintien de la paix. Dans ce contexte, il encourage le Secrétaire général à mettre en place un mécanisme de liaison approprié entre l'ONU et les organisations régionales et sous-régionales et invite ces organisations et les États Membres à fournir au Conseil de sécurité et au Secrétaire général des informations sur leurs activités dans le domaine du maintien de la paix."
Pour l'examen de la question, le Conseil de sécurité est saisi du rapport du Secrétaire général sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique.
Texte du projet de résolution S/1998/852
Le Conseil de sécurité,
Réaffirmant sa résolution 1170 (1998) du 28 mai 1998,
Rappelant la déclaration qu'a faite son président le 25 septembre 1997 (S/PRST/1997/46) à la réunion qu'il a tenue sur la situation en Afrique au niveau des ministres des affaires étrangères,
Ayant examiné les recommandations figurant dans le rapport du Secrétaire général daté du 13 avril 1998 et intitulé "Les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique", qui a été présenté à l'Assemblée générale (A/52/871) et au Conseil de sécurité (S/1998/318) conformément à la déclaration susmentionnée, soulignant qu'il importe d'améliorer l'efficacité des embargos sur les armes pour que moins d'armes soient disponibles pour mener des conflits armés,
Soulignant les principes de l'indépendance politique, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de tous les États,
- 5- CS/971 16 septembre 1998
Ayant à l'esprit la Déclaration du Caire de 1993 (A/48/322, annexe II), qui stipulait que le Mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) aurait pour objectif principal d'anticiper et de prévenir les conflits,
Réaffirmant l'obligation qui incombe à tous les États Membres de régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques et soulignant la responsabilité principale du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales conformément à la Charte des Nations Unies,
Reconnaissant que la Commission internationale d'enquête créée par sa résolution 1013 (1995) du 7 septembre 1995 et réactivée en application de sa résolution 1161 (1998) du 9 avril 1998 est l'exemple d'un instrument utile s'agissant de renforcer l'efficacité d'un embargo sur les armes imposé par le Conseil,
1. Réitère que tous les États Membres sont tenus d'appliquer ses décisions relatives à des embargos sur les armes;
2. Encourage chaque État Membre, en tant que de besoin, à envisager d'adopter, pour s'acquitter de l'obligation visée au paragraphe 1 ci-dessus, des mesures législatives ou autres mesures juridiques érigeant en infraction pénale la violation des embargos sur les armes imposés par le Conseil;
3. Prie les comités du Conseil de sécurité créés par des résolutions imposant des embargos sur les armes en Afrique de faire figurer dans leur rapport annuel une section contenant des informations concrètes sur l'application desdits embargos et les violations pouvant leur avoir été signalées, accompagnée le cas échéant de recommandations visant à renforcer l'efficacité des embargos sur les armes;
4. Encourage les présidents des comités visés au paragraphe 3 ci-dessus à s'efforcer d'établir des canaux de communication avec les organisations et organismes régionaux et sous-régionaux, y compris, en Afrique, le Mécanisme de l'OUA pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le Comité consultatif permanent des Nations Unies pour les questions de sécurité en Afrique centrale, la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), outre les autres sources d'information, dont les États Membres, déjà mentionnées dans les directives des comités, afin d'améliorer la surveillance des embargos sur les armes par un échange d'informations plus large et plus régulier avec les parties intéressées dans la région concernée;
- 6- CS/971 16 septembre 1998
5. Réitère la demande qu'il a adressée à tous les États, organes compétents des Nations Unies et, le cas échéant, autres organisations et parties intéressées, de fournir aux comités pertinents du Conseil de sécurité visés au paragraphe 3 ci-dessus des informations sur les violations éventuelles des embargos sur les armes qu'il a imposés;
6. Prie les comités visés au paragraphe 3 ci-dessus de mettre les informations pertinentes à la disposition du public par l'intermédiaire des médias appropriés, y compris en utilisant mieux la technologie de l'information;
7. Se félicite de l'initiative prise par les présidents des comités créés par les résolution 864 (1993) du 15 septembre 1993 et 1132 (1997) du 8 octobre 1997 concernant les situations en Angola et en Sierra Leone, respectivement, de se rendre dans les pays de la région et invite d'autres comités à envisager de faire de même, lorsque cela est approprié, pour améliorer l'application intégrale et effective des mesures visées dans leurs mandats respectifs afin d'engager les parties à se conformer aux résolutions pertinentes du Conseil;
8. Se déclare prêt à envisager, chaque fois qu'il imposera un embargo sur les armes, toutes les mesures voulues pour contribuer à son application effective et note, dans ce contexte, que des mesures comme les enquêtes sur les itinéraires qu'empruntent les trafics d'armes, le suivi des violations précises éventuelles et le déploiement d'observateurs aux frontières ou aux points d'entrée prises en consultation avec les pays concernés, peuvent présenter un intérêt;
9. Prie instamment les États Membres, les organismes et institutions des Nations Unies compétents et d'autres institutions internationales d'envisager de fournir une assistance technique et autre, en consultation avec les États concernés, pour faciliter l'application des embargos sur les armes;
10. Souligne que les embargos sur les livraisons d'armes qu'il impose doivent avoir des objectifs clairement définis et prévoir un examen régulier des mesures afin de lever celles-ci lorsque les objectifs sont atteints, conformément aux dispositions de ses résolutions applicables;
11. Prie tous les comités du Conseil de sécurité créés par des résolutions imposant des embargos sur les armes d'envisager, le cas échéant, d'appliquer les mesures visées dans la présente résolution;
12. Décide de rester saisi de la question.
- 7- CS/971 16 septembre 1998
Documentation
Rapport du Secrétaire général sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique (S/1998/318)
Le rapport du Secrétaire général observe que les conflits en Afrique compromettent les efforts de l'ONU pour instaurer la paix, la prospérité et le respect des droits de l'homme pour tous. Depuis 1970, il y a eu en Afrique plus de 30 guerres qui, dans leur vaste majorité, ont eu pour origine des conflits internes aux Etats. En 1996, seulement 14 des 53 pays d'Afrique ont connu des conflits armés qui ont été responsables de plus de la moitié de tous les décès causés par des conflits au niveau de la planète entière, provoquant plus de 8 millions de réfugiés et de personnes déplacées. Le rapport mentionne que les sources de conflits en Afrique sont autant d'ordre interne qu'externe. Il cite, entre autres, la nature du pouvoir politique, de même que ses conséquences, réelles ou perçues comme telles, ainsi que la prise du pouvoir et du maintien de celui-ci. Lorsque les dirigeants ne sont pas tenus de rendre des comptes, que les régimes ne sont pas transparents, qu'il n'existe pas de système adéquat de contrôle du pouvoir, que la légalité n'est pas respectée, qu'il n'y a pas de moyens et de mécanismes pacifiques de remplacement et d'alternance, et que les droits de l'homme ne sont pas respectés, le contrôle politique prend une importance excessive et les enjeux deviennent dangereusement élevés, est-il souligné dans le rapport.
Dans des situations extrêmes, des collectivités rivales, du fait de la politisation souvent violente de l'ethnicité, peuvent avoir le sentiment que leur sécurité, voire leur survie, ne peut être assurée que si elles contrôlent le pouvoir national. Le conflit devient alors inévitable.
Au plan externe, le rapport, outre les déséquilibres sociaux et économiques résultant de la colonisation, mentionne que les rivalités d'intérêts extérieurs portant sur le pétrole et d'autres ressources précieuses de l'Afrique continuent de jouer un rôle important dans les conflits qui se déroulent sur le continent. En Afrique même, des pays frontaliers, inévitablement touchés par les conflits qui éclatent à leurs portes soutiennent ou attisent des luttes et des guerres chez leurs voisins. Des motivations économiques jouent aussi un rôle important, souligne le rapport, car malgré la dévastation que provoquent les conflits armés, nombreux sont les groupes ou les individus qui profitent de l'anarchie et de l'impunité que provoque cet état de choses. Il s'agit, en premier lieu, des marchands d'armes internationaux et de certains protagonistes. Au Libéria par exemple, le contrôle et l'exploitation des diamants, des bois précieux et d'autres matières premières était l'un des objectifs majeurs des factions en présence, ce qui leur donnait les moyens de financer leur action et de poursuivre la guerre. Il en va de même en Angola, où les difficultés auxquelles ne cesse de se heurter le processus de paix sont dues pour beaucoup à l'importance que revêt le contrôle de l'exploitation des gîtes diamantifères lucratifs du pays.
- 8- CS/971 16 septembre 1998
En Sierra Leone, le désir de piller les ressources naturelles du pays et les réserves de la Banque centrale était l'une des motivations majeures de ceux qui ont renversé le gouvernement élu en mai 1997. Toutefois, il existe des cas particuliers où les causes de conflits proviennent de facteurs économiques internes liés, dans la plupart des cas, à des problèmes fonciers. Tel est, par exemple, le cas du Rwanda où plusieurs familles déplacées revendiquent le même lopin de terre.
Pour agir face à ces situations de conflits, les démarches diplomatiques, les missions de maintien de la paix ou les opérations humanitaires sont des initiatives dont les chances de réussite et d'efficacité seront multipliées si elles se font sans attendre. Le Secrétaire général encourage les gouvernements confrontés à un conflit larvé ou ouvert, à envisager la nomination d'un médiateur ou d'une commission spéciale chargés d'examiner et de déterminer l'origine de ce conflit, d'instaurer la confiance entre les parties en présence et de recommander des solutions concrètes. Si le conflit s'aggrave au point de nécessiter une action plus large, souligne le Secrétaire général, l'intervention de la communauté internationale, par exemple sous forme de sanctions, ne sera efficace que si elle bénéficie du soutien et de la coopération de la sous-région concernée par le conflit. L'Organisation de l'unité africaine (OUA) a un rôle à jouer dans la mobilisation de cette coopération et de ce soutien, en concertation avec les organisations sous- régionales concernées.
Sanctions, arrêt de la prolifération des armes et maintien de la paix
Les sanctions économiques appliquées aux zones en conflit peuvent être, entre autres, au nombre des actions à prendre à condition que de telles sanctions soient bien ciblées. Pour lutter contre le trafic et la prolifération des armements en Afrique, le Secrétaire général appelle le Conseil de sécurité à s'intéresser de plus près aux marchands d'armes dont la divulgation des noms permettrait de mieux combattre les trafics de matériels militaires. L'ONU peut jouer un rôle dans la compilation, la recherche et la publication de ces informations.
En ce qui concerne le maintien de la paix, il importe tout autant d'essayer de prévenir les conflits que d'y porter remède. En établissant une présence rassurante et un minimum de transparence, un déploiement de forces préventif permet d'éviter les erreurs d'appréciation susceptibles de déboucher sur un conflit, donne le temps nécessaire au règlement des différends par des moyens politiques et permet le développement d'institutions pour la consolidation de la paix, tout en constituant une mesure de confiance capitale pour l'instauration de celle-ci.
- 9- CS/971 16 septembre 1998
L'Afrique est, de toutes les régions du monde, celle où l'ONU a déployé le plus grand nombre d'opérations de maintien de la paix. Les opérations qu'elle a lancées en Angola et en Namibie en 1989, dans le climat de détente internationale qui a suivi la fin de la guerre froide, ont marqué l'entrée dans une nouvelle ère de maintien de la paix caractérisée par une plus grande complexité. Sur les 32 opérations engagées par l'ONU depuis 9 ans, 13 ont été déployées en Afrique. Mais depuis les sérieux revers subis en Somalie (et l'expérience amère vécue dans l'ex-Yougoslavie), la communauté internationale s'est montrée très réticente ces dernières années à prendre les risques politiques et financiers associés au déploiement de telles opérations. Les leçons de l'opération en Somalie ne semblent cependant pas devoir expliquer à elles seules ces hésitations, dont l'Afrique a été la première à pâtir.
L'occasion de ce genre d'opération s'offre actuellement à la communauté internationale en République centrafricaine, où une situation explosive a pu être maîtrisée jusqu'à présent grâce à la Mission interafricaine des Accords de Bangui (MISAB), dont le mandat tire à sa fin.
Financement du redressement, paix durable et croissance économique
La consolidation de la paix doit comporter la création et le renforcement d'institutions nationales, la surveillance d'élections, une action de défense des droits de l'homme, l'organisation de programmes de réinsertion et la recherche des conditions de la reprise du développement. Le Secrétaire général exhorte le Conseil de sécurité à envisager favorablement la création de structures de soutien de la consolidation de la paix semblables à celles mises en place au Libéria. Quand un pays n'est plus en mesure d'élaborer lui-même et d'appliquer une politique économique complète, en raison même du conflit dont il a été affecté, il faut envisager de rendre moins rigoureuses les conditions financières normalement strictes imposées par les institutions financières internationales. Il faut éviter les situations où seraient imposées des conditions financières contraires au processus de paix, et où les institutions internationales et la communauté des donateurs seraient amenées à couper les fonds à un gouvernement fragile qui, soutenu par la population, fait pourtant des efforts de bonne foi pour assurer la réconciliation nationale et l'application d'accords de paix. Au nombre des mesures de redressement et de développement économiques, le rapport mentionne la lutte contre la corruption, qui est un phénomène mondial grave qui a sévèrement entravé le développement de l'Afrique. Le Secrétaire général salue l'initiative récemment prise par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), en vue de réduire les possibilités de corruption qui existent dans la passation des marchés publics financés au moyen de fonds d'aide. Il salue la signature de la Convention sur la lutte contre la corruption d'agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales, aux termes de laquelle les signataires s'engagent à adopter une législation définissant la corruption et introduisant les moyens de la réprimer.
- 10- CS/971 16 septembre 1998
Pour assurer les conditions d'un développement durable, les pays africains doivent créer un environnement propice aux investissements, source d'une croissance soutenue. Si l'on veut que l'Afrique participe pleinement à l'économie mondiale, il importe d'entreprendre des réformes économiques et politiques qui mettront en place des stratégies stables, qui déréglementeront l'activité économique, favoriseront les échanges, rationaliseront les structures fiscales, mettront en place des infrastructures de base, garantiront la transparence et assureront la protection de la propriété. Entre autres mesures de redressement et de développement économiques, le Secrétaire général mentionne l'allégement ou la suppression de la dette qui constitue un fardeau et une menace à la stabilité des pays du continent. La communauté internationale devrait réduire, à un niveau qui n'entraverait plus leur croissance économique et leur développement, la charge de la dette des pays pauvres après que ceux-ci aient appliqué des programmes de réformes internationalement acceptés. Le Secrétaire général demande instamment que l'appel lancé par l'Organisation de l'unité africaine en faveur de l'effacement de la dette des pays les plus pauvres dans un délai raisonnablement court soit entendu.
Le Secrétaire général demande à la communauté internationale de trouver davantage de nouvelles ressources de financements en faveur du développement et d'appliquer des mesures qui permettront à l'Afrique de générer les capitaux dont elle a besoin, et de mieux les réinvestir.
Informations de base
Par sa résolution 1170 du 28 mai 1998, le Conseil de sécurité avait décidé de créer pour une durée de six mois un groupe de travail spécial composé de tous les membres du Conseil chargé d'examiner les recommandations du Secrétaire général contenues dans son rapport relatif aux causes des conflits en Afrique et la promotion d'un développement durable, d'établir un cadre pour la mise en oeuvre des recommandations, et de soumettre, à l'examen du Conseil au plus tard en septembre 1998, des propositions détaillées sur les mesures concrètes à prendre. Dans la même résolution, le Conseil exprimait son intention de tenir tous les deux ans, à compter de septembre 1998, une réunion au niveau ministériel, pour évaluer les progrès accomplis en faveur de la paix et de la sécurité en Afrique.
Lors de la création du groupe de travail le 28 mai 1998, le Conseil avait invité les Etats Membres et les organisations régionales à apporter une assistance au Mécanisme de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits afin d'accroître sa capacité de les anticiper et de les prévenir. Le Conseil avait alors exprimé l'espoir que l'Assemblée générale, le Conseil économique et social, et les institutions financières examineraient le rapport du Secrétaire général et prendraient les mesures qu'ils jugeraient appropriées dans leur domaine de compétence.
- 11- CS/971 16 septembre 1998
Les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général ont été établies suite à une réunion du Conseil de sécurité au niveau des Ministres des affaires étrangères qui s'était tenue le 25 septembre 1997. Les participants à cette réunion avaient alors examiné la nécessité d'une action internationale concertée en vue de promouvoir la paix et la sécurité en Afrique. A cette occasion, ils avaient demandé au Secrétaire général de leur présenter un rapport sur les sources des conflits en Afrique, les moyens de les prévenir et d'y mettre fin, ainsi que la manière de poser par la suite les fondements d'une paix et d'une croissance économique durable.
Le Conseil a pris connaissance de ces recommandations le 16 avril 1998 et en a débattu le 24 avril 1998.
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