LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA MISSION D'OBSERVATION DES NATIONS UNIES EN ANGOLA JUSQU'AU 15 OCTOBRE 1998
Communiqué de Presse
CS/969
LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA MISSION D'OBSERVATION DES NATIONS UNIES EN ANGOLA JUSQU'AU 15 OCTOBRE 1998
19980915 Il se prononcera sur le rôle futur de l'ONU en Angola sur la base des recommandations du Secrétaire général d'ici au 8 octobre prochainRéuni cet après midi pour examiner la situation en Angola, le Conseil de sécurité a adopté à l'unanimité la résolution 1195 (1998) par laquelle il décide de proroger jusqu'au 15 octobre 1998 le Mandat de la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA), puis d'évaluer la situation dans son ensemble et de se prononcer sur le rôle futur de l'Organisation des Nations Unies en Angola sur la base d'un rapport et de recommandations que le Secrétaire général lui soumettra le 8 octobre 1998, au plus tard.
Le Conseil de sécurité exige que l'UNITA se retire immédiatement du territoire qu'elle a occupé à la suite d'actions militaires. Il exige également que l'UNITA se transforme en un véritable parti politique en démantelant sa structure militaire et, dans le contexte de la mise en oeuvre intégrale du Protocole de Lusaka, prie très instamment les autorités angolaises de revenir sur leur décision de suspendre la participation des membres de l'UNITA au Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale ainsi qu'à l'Assemblée nationale.
Pour l'examen de cette question, le Conseil de sécurité était saisi d'un rapport du Secrétaire général.
Texte du projet de résolution S/1998/850
Le Conseil de sécurité,
Réaffirmant sa résolution 696 (1991) du 30 mai 1991 et toutes ses résolutions ultérieures sur la question,
Réaffirmant aussi sa ferme volonté de préserver l'unité, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Angola,
Prenant note de la lettre que le Président de la République d'Angola a adressée au Secrétaire général le 10 septembre 1998 (S/1998/847),
Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 7 septembre 1998 (S/1998/838),
1. Souligne que la crise en Angola et le blocage du processus de paix tiennent essentiellement à ce que les dirigeants de l'União Nacional para a Independência Total de Angola (UNITA) ont failli aux obligations que leur imposent les Acordos de Paz (S/22609, annexe), le Protocole de Lusaka (S/1994/1441, annexe) et ses propres résolutions pertinentes, et exige que l'UNITA s'acquitte immédiatement et sans condition de ses obligations, en particulier quant à la démilitarisation totale de ses forces et à son entière coopération à l'extension immédiate et inconditionnelle de l'administration de l'État à l'ensemble du territoire national;
2. Exige que l'UNITA se retire immédiatement du territoire qu'elle a occupé à la suite d'actions militaires;
3. Réaffirme qu'il est totalement acquis à la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka;
4. Exige que l'UNITA se transforme en un véritable parti politique en démantelant sa structure militaire et, dans le contexte de la mise en oeuvre intégrale du Protocole de Lusaka, prie très instamment les autorités angolaises de revenir sur leur décision de suspendre la participation de membres de l'UNITA au Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale ainsi qu'à l'Assemblée nationale;
5. Demande aux États Membres d'appliquer pleinement les dispositions pertinentes des résolutions 864 (1993) du 15 septembre 1993, 1127 (1997) du 28 août 1997 et 1173 (1998) du 12 juin 1998;
6. Exhorte le Gouvernement angolais, l'UNITA et les États de la région à rejeter l'action militaire, à poursuivre le dialogue pour régler la crise et à s'abstenir de toutes mesures susceptibles d'exacerber la situation actuelle;
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7. Déclare de nouveau qu'il soutient l'engagement personnel du Secrétaire général dans le processus de paix et prie instamment le Gouvernement angolais et l'UNITA de coopérer pleinement à l'action du Représentant spécial du Secrétaire général et aux initiatives lancées par des États Membres pour régler la crise par des moyens pacifiques;
8. Décide de proroger jusqu'au 15 octobre 1998 le mandat de la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA), puis d'évaluer la situation dans son ensemble et de se prononcer sur le rôle futur de l'Organisation des Nations Unies en Angola sur la base d'un rapport et de recommandations que le Secrétaire général lui soumettra le 8 octobre 1998 au plus tard;
9. Souscrit à la décision prise par le Secrétaire général de donner pour instructions à la MONUA d'ajuster son déploiement, selon les besoins, pour garantir la sécurité de son personnel et exige que le Gouvernement angolais et en particulier l'UNITA garantissent inconditionnellement la sécurité et la liberté de circulation du Représentant spécial du Secrétaire général et de tous les membres du personnel des Nations Unies et des organismes humanitaires internationaux, y compris ceux qui fournissent une assistance humanitaire;
10. Décide de demeurer activement saisi de la question.
Rapport du Secrétaire général sur la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) (S/1998/838)
Le rapport, soumis en application du paragraphe 1 de la résolution 1190 (1998) du Conseil de sécurité, en date du 13 août 1998, contient des recommandations du Secrétaire général sur le rôle futur de l'Organisation des Nations Unies en Angola. Il décrit l'évolution de la situation depuis le 6 août 1998.
Le Secrétaire général fait observer qu'en dépit de la résolution 1190 (1998) adoptée par le Conseil de sécurité le 13 août dernier, la situation en Angola continue de se détériorer. Si le processus de paix est actuellement bloqué, c'est essentiellement que l'UNITA tarde constamment à s'acquitter des principales obligations que lui impose le Protocole de Lusaka. Malgré les efforts que n'a pas ménagés l'Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Lakhdar Brahimi, en coopération avec la MONUA, les trois Etats observateurs et les autres gouvernements intéressés, y compris les gouvernements de la région, les tensions dans le pays se sont considérablement aggravées, et les deux parties semblent se préparer à un affrontement. Le conflit dans la République démocratique du Congo a ajouté une nouvelle dimension à la crise et compliqué encore la situation en Angola, du fait du rôle joué par des unités militaires angolaises dans ce pays.
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En outre, la décision prise récemment de suspendre la participation des membres de l'UNITA au Gouvernement et à l'Assemblée nationale compromet gravement les perspectives de réconciliation nationale, sans laquelle il ne saurait y avoir de paix durable.
Avec l'aide de la communauté internationale, de grands progrès ont été réalisés en Angola depuis trois ans et demi. Toutefois, si l'insécurité générale actuelle devait se poursuivre, l'ONU serait forcée de réduire encore sa présence en Angola. De plus, la MONUA ne pourrait pas rester dans le pays s'il se produisait un affrontement militaire majeur ou si les parties, en particulier l'UNITA, continuaient à ne pas s'acquitter des tâches leur incombant en vertu du Protocole de Lusaka, notamment la démilitarisation totale des forces de l'UNITA, l'application de l'administration de l'Etat dans tout le pays, le désarmement de la population civile et la mise en oeuvre d'un véritable processus de démocratisation.
Le Secrétaire général souligne la nécessité de prendre un certain nombre de mesures d'urgence de façon à relancer le processus de paix et le faire aboutir rapidement, notamment la cessation immédiate des opérations militaires, la réduction de la propagande hostile et la reprise de la coopération entre le Gouvernement et l'UNITA au niveau national et au niveau local. De toute évidence, cela serait plus facile si les membres des administrations locales et les représentants de l'UNITA retournaient dans les zones qu'ils ont récemment quittées. Les parties doivent aussi s'engager à réduire la violence. En même temps, il est impératif que l'UNITA accepte de terminer le processus d'extension de l'administration de l'Etat, y compris dans les régions d'Andulo, Bailundo, Mungo et N'Harea. L'UNITA doit aussi accepter de démanteler ses forces "résiduelles" sans plus tarder et de devenir un véritable parti politique. Pour sa part, le Gouvernement doit créer des conditions politiques et des conditions de sécurité telles que l'UNITA n'aurait pas de raison de craindre les conséquences de sa transformation en un véritable parti politique. A cet égard, le Secrétaire général suggère qu'il faudrait réaffirmer la nécessité de respecter pleinement et sincèrement la lettre et l'esprit du Protocole de Lusaka.
Si la communauté internationale comprend le souci d'égaliser les chances de part et d'autre et les appels en faveur d'une réconciliation véritable, elle ne peut accepter que l'UNITA prétende continuer à maintenir ses propres éléments armés et à contrôler une partie du pays. La réconciliation nationale exige nécessairement le respect de la légalité et l'accommodement mutuel. C'est dans cet esprit que le Secrétaire général exhorte le Gouvernement et l'UNITA à s'abstenir de toute action qui risquerait de compliquer davantage la situation dans le pays.
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Il rappelle au Gouvernement qu'il lui incombe d'assurer la sécurité de tous les membres de l'UNITA à Luanda et sur toutes les autres parties du territoire sous son contrôle. Entre-temps, étant donné l'insécurité qui prévaut dans l'ensemble du pays, le Secrétaire général a donné des instructions à la MONUA d'ajuster son déploiement sur le terrain. Il demande instamment aux parties de garantir la sécurité de tout le personnel de la MONUA et des autres organismes internationaux opérant en Angola.
Vu la situation, le Secrétaire général estime que la communauté internationale devrait donner aux parties angolaises une nouvelle chance de ressusciter le processus de paix et permettre à son Représentant spécial d'explorer avec le Gouvernement et l'UNITA les moyens de surmonter les difficultés actuelles. Sur cette base, il propose de proroger le mandat de la MONUA jusqu'au 31 janvier 1999, étant entendu que le Conseil de sécurité procéderait à un examen approfondi de la situation à la fin de novembre 1998. Si les parties continuent à ne pas respecter pleinement leurs obligations en vertu du Protocole de Lusaka, le Conseil de sécurité pourra décider de la réduction des effectifs de la MONUA et la Mission cesserait totalement ses activités en Angola au début du mois de février 1999.
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