CS/965

LE CONSEIL DE SECURITE REITERE QUE LA CRISE AFGHANE NE PEUT ETRE REGLEE QUE PAR DES MOYENS PACIFIQUES

28 août 1998


Communiqué de Presse
CS/965


LE CONSEIL DE SECURITE REITERE QUE LA CRISE AFGHANE NE PEUT ETRE REGLEE QUE PAR DES MOYENS PACIFIQUES

19980828 Il exige des factions afghanes qu'elles s'abstiennent d'héberger et d'entraîner des terroristes et leurs organisations

A l'issue de consultations officieuses sur la situation en Afghanistan, le Conseil de sécurité a adopté, cet après-midi, à l'unanimité, la résolution 1193 (1998) par laquelle il réitère que la crise afghane ne peut être réglée que par des moyens pacifiques, dans le cadre de négociations directes entre les factions afghanes menées sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies et souligne que la conquête de nouveaux territoires par des opérations militaires ne conduira pas à une paix durable en Afghanistan ni ne contribuera à un règlement global du conflit dans ce pays multiculturel et pluriethnique. Il exige de toutes les factions afghanes qu'elles cessent les hostilités, reprennent les négociations sans délai ni condition préalable et coopèrent à la mise en place d'un gouvernement pleinement représentatif. Soulignant que toute ingérence dans les affaires intérieures de l'Afghanistan devrait cesser immédiatement, le Conseil de sécurité demande à tous les Etats de prendre des mesures énergiques pour empêcher leur personnel militaire d'organiser des opérations militaires en Afghanistan ou d'y participer, ainsi que de mettre immédiatement fin aux livraisons d'armes et de munitions à toutes les parties au conflit.

Le Conseil de sécurité exige des factions afghanes qu'elles s'abstiennent d'héberger et d'entraîner des terroristes et leurs organisations, et qu'elles fassent cesser le trafic de drogues illicites. Il rappelle à toutes les parties qu'elles sont tenues de se conformer strictement à ses décisions et se déclare fermement résolu, conformément à la responsabilité que lui confère la Charte, à examiner toutes les autres mesures qui pourraient être nécessaires pour faire appliquer la présente résolution.

Par ailleurs, le Conseil de sécurité condamne les actes d'agression commis à l'encontre du personnel des Nations Unies dans les territoires de l'Afghanistan tenus par les Taliban, ainsi que la prise du consulat général de l'Iran à Mazar-e-Sharif, et demande aux Taliban d'enquêter sans attendre sur ces crimes odieux et de tenir l'ONU informée des résultats qu'ils auront obtenus. A cet égard, il exige de toutes les factions afghanes, en

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particulier les Taliban, qu'elles fassent tout leur possible pour garantir la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et des autres organisations internationales et humanitaires.

Les représentants des pays suivants, membres du Conseil, ont expliqué leur position : Fédération de Russie, Chine, Portugal, Royaume-Uni, Japon, Kenya, France, Suède, Bahreïn, Costa Rica, Brésil, Gambie, Etats-Unis et Slovénie. Les représentants des pays suivants ont également fait une déclaration : Autriche (au nom de l'Union européenne et des Etats associés), Pakistan, Tadjikistan, Inde, République islamique d'Iran, Turquie, Ouzbékistan, Kazakhstan et Afghanistan.

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Texte du projet de résolution S/1998/810

Le Conseil de sécurité,

Ayant examiné la situation en Afghanistan,

Rappelant sa résolution 1076 (1996) du 22 octobre 1996 et les déclarations de son président sur la situation en Afghanistan,

Rappelant aussi la résolution 52/211 de l'Assemblée générale,

Se déclarant gravement préoccupé par la poursuite du conflit afghan, qui s'est fortement aggravé ces derniers temps par suite de l'offensive des Taliban dans le nord du pays, faisant peser une menace de plus en plus lourde sur la paix et la sécurité régionales et internationales et causant de grandes souffrances parmi la population, de nouvelles destructions, des courants de réfugiés et le déplacement forcé de personnes en grand nombre,

Préoccupé aussi par le caractère ethnique de plus en plus marqué du conflit, par les informations faisant état de persécutions fondées sur l'ethnie ou la religion, visant en particulier les chiites, et par la menace qui en résulte pour l'unité de l'État afghan,

Se déclarant à nouveau résolument attaché à la souveraineté, à l'indépendance, à l'intégrité territoriale et à l'unité nationale de l'Afghanistan, ainsi qu'au respect du patrimoine culturel et historique du pays,

Déplorant qu'en dépit des appels répétés du Conseil de sécurité, de l'Assemblée générale et du Secrétaire général visant à mettre fin à l'ingérence étrangère en Afghanistan, notamment à l'intervention de personnel militaire étranger et aux livraisons d'armes et de munitions à toutes les parties au conflit, cette ingérence n'a aucunement diminué,

Réaffirmant que l'Organisation des Nations Unies doit continuer de jouer le rôle central et impartial qui lui revient dans les efforts déployés à l'échelon international en vue de parvenir à un règlement pacifique du conflit afghan,

Profondément préoccupé par la crise humanitaire qui sévit en Afghanistan, déplorant à cet égard les mesures prises par les Taliban, qui ont entraîné l'évacuation du personnel des Nations Unies affecté aux opérations d'assistance humanitaire en Afghanistan, et exprimant l'espoir que celui-ci pourra prochainement reprendre son activité en toute sécurité,

Exprimant la vive préoccupation que lui inspirent la prise du consulat général de la République islamique d'Iran à Mazar-e-Sharif par les Taliban et

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le sort du personnel du consulat général et d'autres ressortissants iraniens portés disparus en Afghanistan,

S'inquiétant vivement de la détérioration de la situation concernant la sécurité du personnel des Nations Unies et des autres organisations internationales et humanitaires,

Profondément préoccupé par la présence persistante de terroristes sur le territoire afghan, ainsi que par la production et le trafic de drogues,

Demeurant profondément préoccupé par la discrimination dont les femmes et les filles continuent de faire l'objet et par les autres violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire en Afghanistan,

1. Réitère que la crise afghane ne peut être réglée que par des moyens pacifiques, dans le cadre de négociations directes entre les factions afghanes menées sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies en vue de trouver une solution qui tienne compte des droits et intérêts de tous les Afghans, et souligne que la conquête de nouveaux territoires au moyen d'opérations militaires ne conduira pas à une paix durable en Afghanistan ni ne contribuera à un règlement global du conflit dans ce pays multiculturel et pluriethnique;

2. Exige de toutes les factions afghanes qu'elles cessent les hostilités, reprennent les négociations sans délai ni condition préalable et coopèrent à la mise en place d'un gouvernement pleinement représentatif et reposant sur une large assise, qui protège les droits de tous les Afghans et honore les obligations internationales de l'Afghanistan;

3. Souligne une fois encore que toute ingérence dans les affaires intérieures de l'Afghanistan devrait cesser immédiatement et demande à tous les États de prendre des mesures énergiques pour empêcher leur personnel militaire d'organiser des opérations militaires en Afghanistan ou d'y participer, ainsi que de mettre immédiatement fin aux livraisons d'armes et de munitions à toutes les parties au conflit;

4. Demande à tous les États voisins de l'Afghanistan et autres États jouissant d'une influence dans le pays d'intensifier les efforts qu'ils accomplissent sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies en vue d'amener les parties à un règlement négocié;

5. Réaffirme son plein appui aux efforts que déploie l'Organisation des Nations Unies, en particulier les activités menées par la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan et l'Envoyé spécial du Secrétaire général en Afghanistan, afin de faciliter le processus politique en vue de la réalisation des objectifs que constituent la réconciliation nationale et un règlement politique durable, avec la participation de toutes les parties au conflit et de toutes les composantes de la société afghane;

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6. Condamne les actes d'agression commis à l'encontre du personnel des Nations Unies dans les territoires de l'Afghanistan tenus par les Taliban, notamment l'assassinat de deux fonctionnaires afghans du Programme alimentaire mondial et du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à Jalalabad, et celui du Conseiller militaire de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan à Kaboul, et demande aux Taliban d'enquêter sans attendre sur ces crimes odieux et de tenir l'Organisation des Nations Unies informée des résultats qu'ils auront obtenus;

7. Exige de toutes les factions afghanes, en particulier les Taliban, qu'elles fassent tout leur possible pour garantir la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et des autres organisations internationales et humanitaires;

8. Condamne également la prise du consulat général de la République islamique d'Iran à Mazar-e-Sharif, et exige de toutes les parties, en particulier les Taliban, qu'elles fassent tout leur possible pour que le personnel du consulat général et les autres ressortissants iraniens portés disparus en Afghanistan puissent sortir d'Afghanistan en toute sécurité et dans la dignité;

9. Exhorte toutes les factions afghanes, en particulier les Taliban, à faciliter la tâche des organisations internationales à vocation humanitaire et à assurer l'accès sans entrave de ces organisations à tous ceux qui ont besoin d'aide, ainsi qu'à garantir l'acheminement de l'aide dans de bonnes conditions;

10. Lance un appel à tous les États, à tous les organismes et programmes des Nations Unies, institutions spécialisées et autres organisations internationales pour qu'ils recommencent d'apporter une aide humanitaire à tous ceux qui en ont besoin en Afghanistan dès que la situation sur le terrain le permettra;

11. Se déclare prêt à demander, à titre prioritaire, que toute l'aide financière, technique et matérielle possible soit apportée en vue d'assurer la reconstruction de l'Afghanistan une fois qu'un règlement pacifique durable du conflit afghan aura créé les conditions requises à cet effet et permettra aux réfugiés et aux personnes déplacées à l'intérieur du pays de rentrer librement et en toute sécurité dans leurs foyers;

12. Réaffirme que toutes les parties au conflit sont tenues de s'acquitter des obligations que leur impose le droit international humanitaire, en particulier les Conventions de Genève du 12 août 1949, et que tous ceux qui commettent ou font commettre de graves violations des Conventions auront à en répondre individuellement;

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13. Prie le Secrétaire général de continuer à enquêter sur les massacres présumés de prisonniers de guerre et de civils ainsi que sur le déplacement forcé, lié à l'appartenance ethnique, de groupes importants de la population et les autres formes de persécutions systématiques en Afghanistan, et de présenter les rapports correspondants à l'Assemblée générale et au Conseil de sécurité dès qu'ils auront été établis;

14. Enjoint aux factions afghanes de mettre un terme à la discrimination dont les femmes et les filles font l'objet, ainsi qu'aux autres violations des droits de l'homme et aux violations du droit international humanitaire, et de se conformer aux règles et aux normes internationalement reconnues dans ce domaine;

15. Exige des factions afghanes qu'elles s'abstiennent d'héberger et d'entraîner des terroristes et leurs organisations, et qu'elles fassent cesser le trafic de drogues illicites;

16. Rappelle à toutes les parties qu'elles sont tenues de se conformer strictement à ses décisions et se déclare fermement résolu, conformément à la responsabilité que lui confère la Charte, à examiner toutes les autres mesures qui pourraient être nécessaires pour faire appliquer la présente résolution;

17. Prie le Secrétaire général de continuer à le tenir régulièrement informé de la situation en Afghanistan;

18. Décide de demeurer activement saisi de la question.

Déclarations

M. HANS PETER MANZ (Autriche), au nom de l'Union européenne et des pays d'Europe centrale et de l'Est et de Chypre, a estimé que le conflit en Afghanistan ne peut pas être réglé par la voie militaire. Seul un règlement politique permettant de mettre en place un gouvernement largement représentatif peut mener à la paix et à la réconciliation. Exprimant sa préoccupation quant à la situation de la population civile, en particulier dans la région de Hazarajat, le représentant a demandé instamment aux Taliban de s'abstenir de toute violence indiscriminée. Il leur a également demandé de ne pas utiliser l'aide humanitaire comme une arme contre cette population. L'Union européenne condamne fermement l'attaque perpétrée contre deux membres de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan, entraînant la mort d'un citoyen italien et blessant un citoyen français, le 21 août dernier. L'Union européenne demande instamment aux Taliban à Kaboul de prendre immédiatement les mesures qui s'imposent pour enquêter et pour informer les Nations Unies des résultats de l'enquête. L'Union européenne réitère sa profonde préoccupation quant à la sécurité du personnel des Nations Unies, du personnel affilié et du personnel des ONG en Afghanistan et rappelle que la responsabilité d'assurer la sécurité et la liberté de mouvement de ces

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personnes incombe à toutes les factions. Evoquant l'enlèvement du Consul général de la République islamique d'Iran et d'autres membres du consulat, le représentant a rappelé que les obligations énoncées dans les conventions diplomatiques et consulaires sont universelles et doivent être respectées en toutes circonstances. L'Union européenne demande instamment à toutes les parties concernées, en particulier aux Taliban, d'aider à retrouver ces personnes disparues et de garantir leur départ de l'Afghanistan en toute sécurité.

Evoquant les ingérences extérieures dans les affaires intérieures de l'Afghanistan, et notamment la fourniture d'armes et de munitions, le représentant a réitéré l'importance qu'il attache à la souveraineté, à l'indépendance et à l'intégrité territoriale de l'Afghanistan. Il a demandé instamment la cessation de tout soutien stratégique et militaire aux factions afghanes. Il est impératif que tous les pays en mesure d'exercer une influence sur les parties l'utilisent de façon constructive en faveur des efforts de paix des Nations Unies. Nous continuons de mettre en oeuvre l'embargo sur les armes décrété par l'Union européenne en décembre 1996 et nous demandons à d'autres pays d'adopter une politique similaire. Le représentant a regretté la décision des Taliban à Kaboul de fermer les bureaux des organisations non gouvernementales, d'expulser le personnel international et d'emprisonner le personnel local et a expliqué que, pour ces raisons, la Commission européenne a dû suspendre le financement de programmes à Kaboul. L'Union européenne appelle toutes les factions afghanes à mettre un terme à l'utilisation des mines terrestres, à promouvoir les droits de l'homme et les libertés fondamentales et à mettre un terme aux politiques discriminatoires à l'égard des femmes et des filles. La fourniture d'une aide humanitaire sera conditionnée par les politiques dans ce domaine. Le représentant a, par ailleurs, rappelé la détermination de l'Union européenne de renforcer sa lutte contre le trafic illégal de drogues et le terrorisme. Il a demandé à nouveau aux factions, et en particulier aux Taliban, de fermer les camps d'entraînement de terroristes étrangers et de participer aux efforts internationaux de lutte contre le terrorisme.

M. MUHAMMAD NAJM AKBAR (Pakistan) a déclaré que le Conseil de sécurité examine la question de l'Afghanistan alors que d'importants éléments y surviennent. Aujourd'hui, après une décennie d'occupation soviétique, le peuple afghan espère la paix. Malheureusement, la réalisation de son rêve reste encore illusoire en raison de conflits internes qui opposent les différentes factions. La souffrance dure depuis trop longtemps pour ce peuple qui a joué un rôle fondamental dans l'élaboration d'une voie nouvelle dans la politique internationale après la guerre froide. A la suite de l'instabilité en Afghanistan, le Pakistan continue d'abriter plus d'un million et demi de réfugiés, dans un contexte de lassitude des donateurs et d'indifférence totale. Le Pakistan subit aussi le terrorisme, le trafic de drogues et le trafic d'armes. Il ne souhaite qu'une chose, c'est la paix pour l'Afghanistan

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et ce, par un règlement pacifique négocié. Le Pakistan est le seul pays qui se soit constamment tenu aux côtés de toutes les parties afghanes en lançant différentes initiatives restées vaines.

Pour le Pakistan, les revers militaires de l'une ou l'autre des parties sont des affaires internes et il faut maintenant faire preuve de pragmatisme. Le Pakistan estime qu'il existe une possibilité de rétablir la paix en Afghanistan comme l'attestent les mesures prises par les autorités afghanes concernant notamment l'octroi de l'amnistie à ceux qui se rendront, l'interdiction de constituer une menace pour les pays voisins et de perpétrer des actes vengeurs. Il faut espérer que les pays voisins s'associent aux efforts du Pakistan pour promouvoir la paix au lieu de lancer de fausses alarmes. Les frappes aériennes en Afghanistan contre des prétendues cibles terroristes n'ont eu pour résultat que de susciter une profonde indignation. Le terrorisme est un crime odieux condamné fermement par le Pakistan qui a été lui même victime d'actes terroristes, y compris de terrorisme d'Etat. C'est la raison pour laquelle il se joint aux condamnations de la communauté internationale. Il souligne néanmoins que, dans cette lutte, tout recours à des normes autres qu'internationales ne saurait que compliquer la situation et entraîner un cycle d'actions de représailles. Les Afghans n'ont jamais toléré l'ingérence dans leurs affaires internes et la violation de leur souveraineté nationale. Le Pakistan a toujours respecté ces principes et aujourd'hui certains d'entre eux lancent des campagnes contre le Pakistan, campagnes faites d'allégations ridicules et sans fondement et visant uniquement à contourner la réalité sur le terrain.

Le Pakistan est préoccupé par les informations concernant la prise en otage de certains diplomates iraniens. Il a immédiatement pris contact avec des autorités de Kaboul au plus haut niveau. Cette faculté du Pakistan de contacter les autorités de Kaboul ne doit pas être surestimé car il n'avait aucune présence dans la région concernée à l'époque où elle a été capturée par les forces de Kaboul. L'ONU doit faire face aux réalités sur le terrain et accroître sa crédibilité en tant que médiateur. Il est urgent d'ouvrir une voie de communication effective avec les véritables représentants des Afghans. Le peuple a besoin de fournitures humanitaires et la communauté internationale doit entendre le cri de ce peuple en détresse. Il faut fournir une assistance technique et financière sans conditions préalables. Le Pakistan se félicite de l'accord entre Kaboul et les Nations Unies visant à faciliter les activités de l'ONU ainsi que des organisations internationales. La communauté internationale doit assumer sa responsabilité d'aider les Afghans à reconstruire leur pays ravagé par la guerre. Le Pakistan lui demande instamment de reconnaître le gouvernement de Kaboul. Le siège de l'Afghanistan aux Nations Unies doit être occupé par le véritable représentant de ce pays. Le régime non existant du nord du pays doit cesser d'occuper le siège du pays et ce immédiatement.

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M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) a indiqué que son pays s'est porté coauteur du projet de résolution sur la situation en Afghanistan. Le Tadjikistan ne peut rester indifférent à la situation qui sévit le long de ses frontières. L'intervention massive de forces étrangères ne peut que compromettre la stabilité et la sécurité de la région. Le représentant a souligné que son pays accueille un nombre considérable de réfugiés afghans. L'Afghanistan ne doit pas devenir le centre d'activités terroristes et de trafic illicite de stupéfiants. Le Gouvernement du Tadjikistan a donc pris des mesures pour renforcer les frontières communes avec l'Afghanistan. Les récents événements dans ce pays ne peuvent qu'éloigner davantage les chances de rétablir la stabilité en Afghanistan et dans la région. Il faut que les Nations Unies prennent des mesures concrètes pour rendre les efforts visant à mettre fin aux hostilités plus dynamiques. La situation est mûre pour qu'une rencontre de haut niveau des responsables des pays de la région soit organisée. Le représentant a émis l'espoir que l'Envoyé spécial du Secrétaire général et tous ceux qui contribuent à la recherche d'un règlement politique de la crise afghane donnent un nouvel élan au processus en cours.

M. RAJAT SAHA (Inde) a souligné que la paix et la stabilité en Afghanistan sont essentielles pour la sécurité de son pays, ainsi que pour la plupart des pays voisins de l'Afghanistan. L'Inde a toujours respecté l'unité, l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Afghanistan. Elle est particulièrement préoccupée par le fait que tout semble établir une invasion de facto de l'Afghanistan par des forces étrangères, appuyant les Taliban. Les hostilités sont d'autant plus inquiétantes qu'elles visent essentiellement des minorités ethniques. Si ce conflit persiste, l'unité et l'indépendance de l'Afghanistan seraient en danger et cela aurait des conséquences dévastatrices pour la région. La communauté internationale doit renforcer l'identité afghane et non pas contribuer à renforcer les clivages ethniques. Il faut mettre en place un régime qui représente l'ensemble du peuple afghan. La conquête de nouveaux territoires par la force ou par la corruption ne peut durer que si les populations qui y vivent sont aliénées ou constamment brutalisées. L'anarchie en Afghanistan a attiré des groupes terroristes. Alors que les récents événements ont mis l'accent sur cet aspect, on sait, depuis longtemps, que l'Afghanistan sert de base pour recruter, former et organiser des activités terroristes à l'étranger. Ceux qui tolèrent ces activités sont responsables de leurs conséquences. L'Inde a été victime de ce genre de terrorisme sous sa forme la plus terrible. La crise en Afghanistan est une guerre continue, fomentée et soutenue par des ingérences étrangères. L'Afghanistan sert désormais de havre pour le terrorisme et les régions contrôlées par les Taliban font l'objet de violations flagrantes des droits de l'homme.

M. HADI NEJAD-HOSSEINIAN (République islamique d'Iran) a déclaré que la recrudescence des conflits et de la tension qui ont résulté de l'offensive militaire des Taliban dans le nord de l'Afghanistan a fait naître une grande préoccupation dans les pays voisins et dans la communauté internationale dans son ensemble. Les Taliban continuent de faire peu de cas du souhait de la

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communauté internationale et des efforts du Secrétaire général en vue d'éviter toute nouvelle effusion de sang. Les Taliban refusent également toute solution politique qui tiendrait compte des vues de toutes les parties. Le pays, étant une nation multiculturelle, multiethnique et jalouse de son indépendance, il ne peut être dirigé par un seul groupe d'autant plus qu'il est organisé et parrainé par des puissances étrangères. Même si les Taliban réussissent à contrôler l'intégrité du pays, ils ne seront jamais en mesure de diriger les Afghans en raison de leur origines ethniques et religieuses différentes. Peu de choses sont connues sur l'origine des Taliban. Leur apparition a suscité des questions sérieuses à propos de leur indépendance et de leur visée future. Les informations concernant l'aide qui leur est apportée a renforcé les doutes. Les théories selon lesquelles les Taliban sont des étudiants en religion qui auraient appris à combattre, à conduire des tanks et à piloter des hélicoptères sont difficilement acceptables. L'histoire des Taliban est douteuse et leur pratiques déconcertantes constituent une menace grave. La détérioration de la situation des droits de l'homme et de la situation humanitaire, la montée du trafic de drogues ou encore du terrorisme sont les conséquences du régime des Taliban. L'Iran est convaincu que tant qu'une paix durable ne sera pas instaurée par des négociations politiques tenues sous les auspices de l'ONU et que l'aide de l'OCI et qu'un gouvernement représentatif de toutes la population afghane ne sera par établi, le monde continuera d'être menacé et de souffrir du résultat de problèmes de plus en plus difficiles à résoudre.

L'Iran est préoccupé par la poursuite des violences le long de ses frontières et de leur possible débordement, par le flux des réfugiés, par la culture de drogues et le trafic, qui sont la conséquence des besoins accrus des Taliban, ainsi que par la présence du terrorisme. Il faut envoyer un message clair aux Taliban et leur dire que la solution militaire n'est pas acceptable pour la communauté internationale. Par ailleurs, l'Iran est préoccupé par le sort du personnel du consulat de Mazar-el-Sharif dont l'enlèvement est une violation grave des normes du droit international. Le représentant a attiré l'attention sur un document daté du 19 août 1998 faisant étant des circonstances de la capture du consulat et contenant l'enregistrement de la conversation entre le Chef du consulat et le Ministre iranien des affaires étrangères lors de l'attaque. L'Iran, a-t-il déclaré, appelle les autres gouvernements à user de leur influence pour persuader les Taliban de libérer les otages.

M. VOLKAN VURAL (Turquie) a rappelé que son pays a des liens historiques et culturels très étroits avec le peuple afghan et avec ses voisins. La situation tragique en Afghanistan ainsi que ses incidences sont profondément ressenties par le peuple et le gouvernement turcs. Les rapports concernant les violations des droits de l'homme à l'encontre des femmes et des fillettes dans les régions placées sous le contrôle des Taliban, les exécutions arbitraires et la situation des prisonniers de guerre, ainsi que les tentatives de modification démographique du pays sont gravement préoccupantes. Ces actes sont odieux. Les crimes perpétrés contre le personnel des Nations

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Unies et la prise du consulat général de l'Iran à Mazar-e-Sharif exigent des mesures immédiates. La Turquie se déclare également inquiète par la situation des pays voisins de l'Afghanistan qui subissent le trafic illicite de stupéfiants, les affluences massives de réfugiés et les tensions politiques qui résultent de la crise afghane. Par ailleurs, la récente campagne militaire des Taliban ne peut se substituer à la recherche d'un règlement politique. Les conquêtes de territoires par des moyens militaires, appuyés par des éléments extérieurs ne sont qu'une illusion. Elles ne peuvent garantir un règlement durable et viable. Le dialogue politique entre Afghans est indispensable. La mise en place d'un gouvernement largement représentatif demeure le seul instrument qui puisse conduire le pays sur la voie d'une paix durable. Le représentant a souligné que l'Organisation de la Conférence islamique devrait maintenir une coopération fructueuse avec les Nations Unies concernant l'Afghanistan.

M. ALOSHER VOHIDOV (Ouzbékistan) a fait part de sa grave préoccupation quant aux activités militaires persistantes en Afghanistan qui constituent une menace à la paix et à la sécurité internationales et de la région d'Asie centrale. Nous soutenons la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Afghanistan, a souligné le représentant. La solution au conflit réside dans la négociation pacifique entre toutes les parties afghanes. Le représentant a fait part de la préoccupation de son gouvernement quant à la fourniture persistante d'armes et de munitions aux parties afghanes au conflit et quant aux ingérences étrangères dans les affaires du pays. Il faut faire cesser cette ingérence immédiatement, a-t-il souligné.

Face à la détérioration de la situation humanitaire, nous espérons que les parties afghanes créeront les conditions nécessaires pour que les Nations Unies et les organisations humanitaires internationales puissent venir en aide à ceux qui en ont besoin. Nous condamnons fermement les violations des normes universellement reconnues du droit international et du droit humanitaire pour ce qui est du traitement des prisonniers de guerre et des non-combattants en Afghanistan. Soulignant le rôle qui revient aux Nations Unies dans la recherche d'une solution, le représentant a rappelé également l'importance qu'il attache aux activités du groupe "6+2". Il a réitéré sa proposition de tenir une réunion de ce groupe dans la région. Le représentant a indiqué son soutien au projet de résolution.

M. YERZHAN KAZYKHANOV (Kazakhstan) s'est dit inquiet par la détérioration de la situation en Afghanistan du point de vue des droits de l'homme et du point de vue humanitaire. Il s'est déclaré préoccupé par le sort des ressortissants iraniens capturés dans ce pays. Récemment, par la bouche de son Président, le Kazakhstan a formé le voeu que le conflit afghan ne déborde des frontières. Les pays de la CEI ont d'ailleurs envisager des mesures pour renforcer leur frontières. Les événements actuels en Afghanistan constituent une menace grave à la stabilité de l'Asie centrale. Soutenant les efforts de l'ONU, le Kazakstan affirme son attachement aux décisions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale. Il condamne toute ingérence

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étrangère et appelle à la fin des livraisons militaires. Il est en faveur d'un règlement pacifique en Afghanistan dont la stabilité dépend de la prise en compte des différences ethniques, religieuses et politiques de tous les Afghans.

M. MUHAMAD NAJM AKBAR (Pakistan) a précisé que la question de l'Afghanistan est examinée par le Conseil de sécurité depuis cinq ans. Il a regretté les efforts de l'Inde de déformer les faits et rappelé les termes des résolutions du Conseil de sécurité appelant à ce que les habitants de Jammu- et-Cachemire puissent exercer leur droit à l'autodétermination. Or l'Inde a toujours fait obstruction à l'application des résolutions sur le Jammu-et- Cachemire. Elle y a au contraire déployé plus de 600 000 hommes qui continuent d'y commettre les plus grands actes de terrorisme d'Etat. Les organisations des droits de l'homme ont d'ailleurs répertorié ces violations massives.

M. MOHAMMAD SHARIF GHALIB (Afghanistan) a déclaré que la déclaration du Pakistan ne constitue rien d'autre que l'expression de la poursuite d'une intervention et d'une politique hégémonique fondée sur l'impunité du Pakistan à l'égard de son pays. Compte tenu du fait que la communauté internationale considère qu'il n'y a plus d'ambiguïté concernant la situation en Afghanistan, notamment à la lumière des récents événements qui ont montré clairement une participation militaire du Pakistan en Afghanistan, la délégation afghane s'abstient d'autres commentaires. Le représentant fait toutefois observer que certains des éléments armés tués par les raids aériens américains lancés contre des camps terroristes dans la partie orientale de l'Afghanistan ont été identifiés à la fois par les services secrets et par les services de presse internationale comme étant des ressortissants pakistanais - soit membres des forces armées pakistanaises, soit membres d'organisations basées au Pakistan et engagées dans des activités terroristes. Le représentant est d'avis que la cessation immédiate des interventions pakistanaises en Afghanistan et la mise en place d'un gouvernement largement représentatif dans le pays constituent les seules moyens de parvenir à restaurer une paix durable et la stabilité en Afghanistan.

Explications de vote

M. SERGEI LAVROV (Fédération de Russie) a fait observer que, méprisant les efforts du peuple afghan pour rétablir l'intégrité du pays, les Taliban ont lancé une nouvelle phase de la guerre civile. Les attaques récentes sont entre autres une menace directe à la frontière d'autres Etats indépendants, et pourraient avoir de très graves conséquences. L'expansion des Taliban se fait avec l'aide directe de puissances étrangères, au mépris des appels répétés du Conseil de sécurité et du Secrétaire général. Cette situation doit prendre fin immédiatement, a demandé instamment M. Lavrov. La Fédération de Russie est très préoccupée par les allégations de persécutions pour raisons religieuses et ethniques, ainsi que par les mauvais traitements infligés aux prisonniers. La Fédération de Russie est également indignée par les

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assassinats de deux fonctionnaires de l'ONU et elle exige, à cet égard, une enquête approfondie sur ces faits ainsi que, de la part de toutes les factions, la garantie des conditions de sécurité nécessaires pour le retour des personnels de l'ONU et des personnels humanitaires. Elle exige par ailleurs la libération immédiate des personnes faites prisonnières lors de la prise du consulat iranien à Mazar-e-Sharif. Les actions des Taliban sont contraires non seulement au droit international mais aux traditions millénaires du pays, a dénoncé M. Lavrov, ajoutant qu'elles constituent un terrain fertile pour le terrorisme international. Il a appelé toutes les parties à respecter les droits de l'homme ainsi que le droit international et a réitéré que seul un règlement politique du différend permettra d'instaurer une paix durable dans le pays. Pour ce faire, il a souhaité la poursuite du rôle actif de l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour l'Afghanistan. Il faut également parvenir à l'établissement d'un gouvernement formé sur la base d'un équilibre entre tous les intérêts de la société afghane, a-t-il expliqué. Cette condition remplie, la Fédération de Russie sera prête à participer activement au rétablissement économique du pays. C'est parce qu'elle considère que la tâche prioritaire est le règlement pacifique du conflit que la Fédération de Russie approuve pleinement l'adoption de la présente résolution.

M. SHEN GUOFANG (Chine) a fait part de sa préoccupation quant à la situation en Afghanistan, en particulier à la lumière des derniers développements. Le représentant a demandé aux parties belligérantes de cesser les combats. Il a évoqué la composition multiethnique du pays et a estimé que les ingérences étrangères ne font que compliquer la situation. La reprise des négociations sous les auspices des Nations Unies est le seul moyen qui permettra de trouver une solution au problème que connaît l'Afghanistan. Le représentant s'est félicité des efforts de médiation de l'Envoyé spécial du Secrétaire général et de la Mission spéciale des Nations Unies et il a formé l'espoir que les Nations Unies continueront de jouer un rôle important. Nous espérons que les différentes factions afghanes réagiront de façon positive à l'appel lancé par la communauté internationale, a-t-il ajouté. Le représentant a indiqué que son pays votera en faveur du projet de résolution.

M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal) a déclaré que l'aggravation récente du conflit en Afghanistan indique clairement qu'au moins l'une des parties s'estime en mesure de prendre le contrôle de l'ensemble du pays par la voie militaire. Or, il faut impérativement que les factions combattantes admettent que le conflit ne peut se régler sur le champ de bataille et que tout espoir de victoire militaire n'est qu'illusion, comme le montre l'histoire du pays ces 20 dernières années. C'est pourquoi, le Portugal soutient le principe d'un règlement politique en Afghanistan fondé sur les décisions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi que sur le principe de l'unité et de l'intégrité territoriale du pays. En conséquence, il demande à toutes les factions afghanes de cesser le feu immédiatement et

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d'entamer des négociations, sous les auspices des Nations Unies, en vue d'établir un Gouvernement largement représentatif et acceptable par tous les Afghans.

L'escalade dans les combats n'a fait qu'aggraver la situation humanitaire de la population. En outre, les décisions des Taliban qui ont conduite à l'évacuation du personnel humanitaire de l'ONU pourraient avoir des conséquences désastreuses. A ce sujet, M. Monteiro a fermement condamné les attaques commises contre le personnel des Nations Unies et a demandé instamment aux Taliban de mener une enquête complète sur les embuscades récentes, ayant notamment entraîné la mort d'un ressortissant italien. Convaincu que l'intervention de puissances étrangères, fournissant des armes, du personnel militaire et un soutien logistique, ne fait que prolonger les combats, M. Monteiro a également lancé un appel à l'arrêt immédiat de telles ingérences. Il s'est déclaré particulièrement préoccupé par la polarisation ethnique des combats et des forces en présence, qui, a-t-il estimé, risque de compliquer la route vers une solution pacifique. Le Portugal s'inquiète également de la présence sur le territoire afghan de camps d'entraînement terroristes, ce qui a des effets négatifs tant au sein du pays que hors de ses frontières et constitue une sérieuse menace à la paix et à la sécurité de toute la région. Ces pratiques intolérables et déstabilisantes doivent cesser immédiatement, a déclaré M. Monteiro.

M. STEPHEN GOMERSALL (Royaume-Uni) a estimé que seul un règlement politique et négocié entre les factions, tenant compte des droits et des intérêts de tous les Afghans, peut contribuer à la réalisation d'une paix durable. Le Royaume-Uni appuie, par conséquent, l'appel lancé aux factions afghanes pour qu'elles cessent les hostilités et entament le plus rapidement possible des négociations sous les auspices des Nations Unies et ce, afin d'établir un gouvernement élargi et pleinement représentatif. Le Royaume-Uni juge particulièrement préoccupant le caractère de plus en plus ethnique du conflit en Afghanistan, comme l'ont attesté les derniers combats dans la communauté de Hazara. Il lance un appel urgent à toutes les factions pour qu'elles assurent la sécurité des communautés civiles, s'abstiennent d'actes de violence indiscriminés et facilitent l'acheminement de l'aide humanitaire.

Par ailleurs, le Royaume-Uni est profondément préoccupé par les informations faisant état d'ingérence dans les affaires intérieures afghanes. Les pays ayant une influence sur les factions afghanes contribueront davantage à la stabilité dans la région en prévenant la fourniture d'armes et d'autres soutiens militaires, et en encourageant les parties à la négociation. De concert avec la communauté internationale, le Royaume-Uni condamne les attaques dirigées contre le personnel des Nations Unies et l'enlèvement par les Taliban du Consul d'Iran à Mazar-e-Sharif. Il appelle toutes les parties concernées, en particulier les Taliban, à coopérer à l'enquête sur l'incident de Kaboul et à assurer le retour, en toute sécurité, des diplomates iraniens et des autres ressortissants iraniens qui ont été portés disparus depuis la capture du consulat.

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M. MASAKI KONISHI (Japon) a déclaré que le projet de résolution présenté reflète une grave inquiétude du Conseil de sécurité en ce qui concerne la détérioration de la situation en Afghanistan. Tandis que les Nations Unies jouent un rôle central dans les efforts visant à régler le crise afghane par des moyens pacifiques, le Japon attache également une grande importance aux efforts déployés par le Groupe des Six-plus deux et par l'Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Brahimi. Sa délégation se déclare profondément préoccupée par la prise du Consulat général iranien à Mazar-e-Sharif et par la disparition de membres de son personnel et autres ressortissants iraniens en Afghanistan. Ces actions menacent de rompre les relations de confiance qui ont été développées avec tant de difficultés par le Groupe auquel appartient l'Iran. Le Japon condamne fermement l'assassinat du lieutenant-colonel Carmine Calo, Conseiller militaire de la Mission des Nations Unies en Afghanistan. Par ailleurs, la délégation japonaise estime qu'une paix durable ne peut être instaurée que par un règlement politique, appuyé par une assistance internationale pour la reconstruction du pays. Cette assistance, s'est déclaré convaincu M. Konishi, constitue une partie intégrante du processus de paix. C'est pourquoi, le Japon a décidé d'accueillir la prochaine réunion du Groupe d'appui pour l'Afghanistan en décembre prochain en vue de répondre aux problèmes posés par la livraison de l'aide internationale dans les situations de conflit.

Mme ROSE ODERA (Kenya) a indiqué que son pays, qui s'est porté co-auteur du projet de résolution sur la situation en Afghanistan, estime que le Conseil de sécurité a adressé une nouvelle fois un message clair et sans ambiguïté aux belligérants et que la crise afghane ne peut être réglée que par des moyens pacifiques. Dans son dernier rapport, le Secrétaire général a noté que l'appui militaire et financier a permis aux Taliban et au Front uni de croire qu'ils pouvaient réaliser leurs objectifs par la force. L'inquiétude profonde du Kenya est reflétée dans le préambule du projet de résolution et la délégations kényane prie instamment et fermement les parties concernées à y mettre fin afin de garantir une paix durable. Le Kenya condamne fermement les violences commises à l'encontre du personnel de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan, causant notamment la mort de deux vaillants fonctionnaires. La Mission spéciale ne devrait pas renoncer à son rôle. A cet égard, Mme Odera a indiqué que sa délégation appuie l'approche adoptée par le Secrétaire général visant à encourager la communauté internationale à s'exprimer d'une seule voix en ce qui concerne le chemin à suivre.

M. PHILIPPE THIEBAUD (France) a déclaré que la France condamne l'agression à Kaboul le 21 août de deux personnels de l'ONU appartenant à la mission spéciale des Nations Unies. Elle demande instamment aux Taliban d'enquêter sur les circonstances de cet acte odieux. La France déplore également la violation flagrante du droit international et des conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et les relations consulaires qu'a constitué l'occupation par les Taliban du consulat général de la République islamique d'Iran à Mazar-E-Sarif.

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Le représentant a fait part de ses craintes d'avoir dans les mois à venir une nouvelle détérioration de la situation humanitaire et du sort des populations afghanes.

Si tout doit être effectivement fait pour faciliter le retour, dans des conditions de sécurité, en Afghanistan des organisation internationales et des ONG pour soulager la détresse des populations civiles, il nous semble de la plus haute importance que les Nations Unies et la communauté internationale ne transigent pas un seul instant sur le respect des principes universellement reconnus, a ajouté le représentant. Nous ne pouvons manquer d'exiger une nouvelle fois, comme le fait le projet de résolution qui va être mis aux voix, des factions afghanes qu'elles s'abstiennent d'héberger et d'entraîner des terroristes et leurs organisations et qu'elles fassent cesser le trafic de drogues illicites.

M. HANS DAHLGREN (Suède) a estimé que le conflit en Afghanistan menace la paix et la sécurité internationales et fournit un terrain fertile au terrorisme, à la production et au trafic illégaux de drogues dont les répercussions dépassent largement les frontières de l'Afghanistan. Il ne saurait y avoir de solution militaire au conflit afghan. Seul un règlement politique, qui respecte les droits et intérêts de tous les groupes éthniques, religieux et politiques, peut fournir les bases d'une solution durable au conflit et permettre la reconstruction et le développement de la société afghane. Le représentant a indiqué son soutien entier à la demande contenue dans le projet de résolution visant l'arrêt des combats par les factions afghanes, la reprise des négociations sans retard et sans condition préalable et la coopération entre les parties dans le but de mettre en place un gouvernement représentatif.

Le représentant a constaté que le conflit continue d'être alimenté par la fourniture d'armes en provenance de l'extérieur et par l'intervention apparente de personnel militaire étranger. La solution permettant de mettre un terme à la tragédie afghane réside dans la volonté de la communauté internationale de s'attaquer à ses causes extérieures, a-t-il ajouté. Les ingérences extérieures doivent cesser tandis que les puissances régionales doivent travailler à l'instauration du dialogue et de la confiance mutuelle. La Suède soutient à cet effet la demande contenue dans la résolution visant à ce que les Etats voisins et ceux exerçant une influence sur le pays intensifient leurs efforts sous les auspices des Nations Unies pour amener les parties à un règlement négocié.

Le représentant a exprimé la préoccupation que lui inspire la situation humanitaire et a rappelé que toutes les parties devaient respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit humanitaire. Il a estimé que la sécurité du personnel humanitaire était de la responsabilité des parties au conflit. L'édification d'obstacles à la fourniture de l'aide humanitaire comme une arme dirigée contre la population civile, est une violation du droit international. Le représentant a également fait part de sa préoccupation

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quant aux violations persistantes des droits de l'homme et en particulier la discrimination dont sont victimes les femmes et filles afghanes. Rappelant que son pays l'un des principaux donateurs d'aide humanitaire à la population afghane, le représentant a indiqué que son gouvernement est disposé à reprendre ses activités quand la situation le permettra. Il a indiqué son soutien aux efforts déployés par le Secrétaire général et son représentant pour qu'un accord avec les Taliban soit obtenu en vue de permettre la fourniture de l'aide humanitaire.

M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) a réitéré la nécessité de régler la crise afghane par le dialogue et la négociation et il a lancé de nouveau un appel à toutes les factions pour qu'elles déposent les armes, cessent le feu immédiatement et qu'elles retournent à la table de négociations. La communauté internationale doit, quant à elle, et de concert avec les Nations Unies, multiplier les efforts pour aider les parties à trouver la voie d'une solution pacifique et durable au conflit qui les opposent pour ensuite participer activement au vaste processus de reconstruction économique et social qui attend l'Afghanistan. Tous les Etats, organisations, programmes et institutions spécialisées des Nations Unies ainsi que les autres organisations internationales doivent fournir de nouveau toute l'assistance humanitaire dont le pays a besoin, dès que les conditions de sécurité nécessaires seront garanties, a également demandé le représentant. Le Bahreïn, convaincu qu'une solution politique et négociée est la seule issue, est pleinement favorable au projet de résolution soumis aujourd'hui au Conseil, étant entendu toutefois que le dernier alinéa du préambule et le paragraphe 14 de son dispositif ne portent pas atteinte au respect de la charia islamique.

M. MELVIN SAENZ-BIOLLEY (Costa Rica) a déclaré que la situation en Afghanistan est devenue une source croissante de préoccupation pour la communauté internationale. Il est inacceptable qu'un petit groupe de "guerrilleros" soumette le pays et l'immense majorité de sa population en un état abject, proche de la barbarie. Le Costa Rica, rappelant qu'un quart des enfants du pays meurt avant l'âge de 5 ans, estime également inacceptable d'empêcher le travail des organisations humanitaires, infligeant ainsi à la population davantage de souffrances. Tout aussi intolérable est le fait que les droits fondamentaux de l'homme, et tout particulièrement les droits des femmes et des filles, ainsi que les principes fondamentaux du droit humanitaire international soient violés, a ajouté M. Saenz-Biolley, précisant qu'en aucune circonstance, on ne peut tolérer que des fonctionnaires des Nations Unies soient assassinés ou que leur vie et leur sécurité, ainsi que celle du personnel diplomatique, soient mises en danger.

Le Costa Rica s'inquiète tout particulièrement du fait que des pays voisins usent de leur influence sur les parties pour attiser le conflit au lieu de les aider à rechercher une solution pacifique. Les interventions militaires étrangères en Afghanistan ne sont pas seulement intolérables mais constituent une violation claire de la souveraineté et de l'intégrité du pays. C'est pourquoi, le Costa Rica, pleinement disposé à considérer tous les moyens

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nécessaires pour obliger les parties en conflit à respecter les normes minimum des droits de l'homme et du droit humanitaire international et pour les amener à rechercher une solution pacifique, est en faveur de l'adoption de la présente résolution.

M. CELSO AMORIM (Brésil) a estimé qu'une des leçons à tirer de l'expérience afghane est que les solutions qui reposent sur la violence sont vouées à l'échec. Le représentant a évoqué le caractère multiethnique du pays et a estimé que la préservation de la diversité religieuse, ethnique et linguistique est un élément indispensable à une paix durable. Les Nations Unies ont un rôle important à jouer. Dans l'exercice de son mandat, l'organisation agit de façon impartiale en engageant les six pays voisins et d'autres pays intéressés à ouvrir le dialogue. En coopération avec d'autres organisations internationales, les Nations Unies ont joué un rôle essentiel dans la fourniture de l'aide humanitaire. Le retour à la normalité doit passer par la relance du processus de négociations politiques dont la responsabilité incombe au Gouvernement du Président Rabbani et aux Taliban.

Le représentant a appelé à la cessation immédiate de l'ingérence étrangère dans les affaires intérieures de l'Afghanistan et en particulier la présence militaire étrangère. Le retour des Nations Unies sur place, dans des conditions de sécurité, devrait faciliter les enquêtes sur les massacres présumés. Ceci constituerait une étape importante pour l'établissement de la justice dans le pays. Le représentant a estimé que l'Afghanistan devrait lui aussi participer aux efforts de lutte contre le terrorisme et contre le trafic de drogues. Aucun mouvement politique ne réussira à gagner la respectabilité internationale tant qu'il donnera l'impression de protéger des activités terroristes, a-t-il souligné. Il est également indispensable que ceux qui détiennent l'autorité garantissent le respect du droit international et des Conventions consulaires et diplomatiques. Le personnel du consulat général d'Iran doit être libéré immédiatement. Le représentant a indiqué que son pays votera en faveur du projet de résolution.

M. MAUDO TOURAY (Gambie) a estimé que la reprise des hostilités dans le nord du pays est une source de préoccupation et une menace croissante pour la paix et la sécurité, déjà fragiles de la région. Il a ajouté que ces offensives sont aggravées par la nature de plus en plus ethnique et sectaire que prend le conflit. La Gambie condamne très fermement la prise du consulat iranien à Mazar-e-Sharif qui constitue une violation indéniable du droit international. Les parties doivent tout mettre en oeuvre pour garantir le départ sûr et digne d'Afghanistan des personnes portées disparues à la suite de cette attaque. La Gambie est également fort préoccupée par les actes d'agression dont est victime le personnel des Nations Unies. Les Taliban doivent mener les enquêtes nécessaires pour identifier et traduire en justice les responsables de ces crimes haineux. Toutes les parties au conflit doivent en outre faire tout leur possible pour garantir la sécurité du personnel des Nations Unies et des autres organisations internationales et de tous les travailleurs humanitaires.

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En raison de la nature très complexe du conflit, il n'y a pas de solution militaire possible. Il faut que les parties sachent que si elles continuent à s'entêter de la sorte, la patience de la communauté internationale viendra bientôt à bout, a mis en garde M. Touray. Les factions afghanes doivent déposer les armes et reprendre le chemin des négociations. A cet égard, la Gambie est convaincue qu'avec un engagement ferme des parties et l'aide des Nations Unies, un règlement négocié, satisfaisant pour tous, est tout à fait à portée de main. La Gambie approuve la présente résolution, qu'elle considère comme équilibrée et reflétant clairement les attentes de la communauté internationale.

M. MARK MINTON (Etats-Unis) a souligné qu'aucune faction en Afghanistan ne peut imposer sa force sur l'ensemble du territoire par des moyens militaires. Un règlement durable ne peut être réalisé que par la mise en place d'un gouvernement largement représentatif et multiethnique qui puisse fonctionner de manière efficace et s'acquitter de ses obligations internationales. A cet égard, il a prié instamment les factions afghanes d'oeuvrer étroitement avec les Nations Unies et avec l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour parvenir à cet objectif. Les factions devraient également faciliter l'accès de l'assistance humanitaire des Nations Unies et des organisations non gouvernementales à ceux qui en ont besoin et oeuvrer en vue de garantir les droits de tous les Afghans. Elles sont aussi tenues de respecter les normes de conduite universellement acceptées. Comme l'a déclaré le Président Clinton, le terrorisme constitue l'un des plus graves dangers auxquels nous sommes confrontés dans cette nouvelle ère mondiale. Les Etats- Unis appellent de nouveau les factions afghanes à cesser toute assistance aux terroristes, notamment en leur fournissant un sanctuaire et à les expulser d'Afghanistan. Les pays voisins ne doivent pas s'ingérer en Afghanistan. Ils ne devraient prendre aucune mesure qui pourrait aggraver le conflit. Les Etats-Unis appuient l'intégrité territoriale de l'Afghanistan et de tous ses voisins. Aussi, appellent-ils toutes les parties afghanes ainsi que tous les pays voisins à respecter les frontières afghanes. Evoquant la prise du consulat général de l'Iran à Mazar-e-Sharif, M. Burleigh a rappelé à toutes les parties afghanes que la détention de diplomates, pour quel motif que ce soit et en quel lieu que ce soit, est inacceptable.

M. DANILO TÜRK (Slovénie) a estimé que la situation en Afghanistan est susceptible de dégénérer avec des conséquences déstabilisatrices graves pour l'ensemble de la région. Cette menace comporte des aspects militaires mais également des aspects non militaires comme le trafic de drogue, le recrutement et l'entraînement de terroristes. Il faut mettre un terme aux combats, reprendre les négociations, travailler à la réconciliation nationale et à l'établissement d'un gouvernement représentatif. M. Türk souligné le rôle que doit jouer la communauté internationale et en particulier les Nations Unies. Pour que les efforts de paix soient efficaces, les Nations Unies doivent offrir une approche cohérente au problème et pour cela, la pleine coopération avec les pays qui exercent une influence sur l'Afghanistan est essentielle. Il est indispensable que l'ingérence étrangère dans les affaires intérieures

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de l'Afghanistan cesse. Les soutiens militaires et politiques étrangers sont les obstacles majeurs aux efforts de paix. Il faut réduire le trafic d'armes et la fourniture de matériel aux factions au conflit.

Le représentant a condamné vigoureusement le meurtre d'un conseiller militaire italien de la Mission spéciale des Nations Unies et de deux membres du personnel local du Programme alimentaire mondial. Il a demandé qu'une enquête soit menée. Le représentant a également exprimé sa préoccupation quant au sort du personnel du Consulat et d'autres ressortissants iraniens portés disparus et a demandé aux Taliban de respecter leur immunité diplomatique et les dispositions de la Convention de Vienne et de garantir leur départ du pays en toute sécurité. Sur le plan humanitaire, le représentant a exprimé la préoccupation que lui inspirent les persécutions ethniques et religieuses, les entraves au travail des organisations humanitaires internationales et le déplacement forcé de populations innocentes. Il a également réitéré sa préoccupation quant à la discrimination dont sont victimes les femmes et les filles et a demandé instamment aux Taliban de reconnaître et de protéger leurs droits. La Slovénie votera en faveur du projet de résolution, a-t-il indiqué.

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