CS/960

LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA MISSION D'OBSERVATION DES NATIONS UNIES JUSQU'AU 15 SEPTEMBRE 1998

13 août 1998


Communiqué de Presse
CS/960


LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA MISSION D'OBSERVATION DES NATIONS UNIES JUSQU'AU 15 SEPTEMBRE 1998

19980813 Réuni sous la présidence de M. Danilo Türk (Slovénie) pour examiner la situation en Angola, le Conseil de sécurité a adopté ce soir la résolution 1190 (1998) par laquelle il proroge le mandat de la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) jusqu'au 15 septembre 1998. Il engage, dans les termes les plus vigoureux, le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, et surtout l'UNITA, de s'abstenir de toute mesure qui risquerait d'aggraver la situation actuelle.

Le Conseil de sécurité exige que l'UNITA se conforme immédiatement et sans condition à ses obligations en vertu du Protocole de Lusaka et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment la démilitarisation complète de ses forces et de son entière coopération à l'extension immédiate et inconditionnelle de l'administration de l'Etat à tout le territoire nationale. Il exige que le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, et surtout l'UNITA, coopèrent pleinement avec la MONUA en lui donnant toute latitude pour mener ses activités de vérification et garantissent inconditionnellement la sécurité et la liberté de mouvement de tout le personnel des Nations Unies et des autres personnels internationaux, notamment ceux qui fournissent une assistance humanitaire.

Les représentants des membres suivants du Conseil ont expliqué leur position : Brésil, Royaume-Uni, Portugal, Suède, Costa Rica, Chine, Gambie, Japon, France, Fédération de Russie, Gabon, Bahreïn, Kenya, Etats-Unis et Slovénie. La représentante de l'Angola a fait une déclaration.

Le Conseil de sécurité était saisi, pour l'examen de cette question, d'un rapport du Secrétaire général.

Texte du projet de résolution (S/1998/749)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant sa résolution 696 (1991) du 30 mai 1991 et toutes ses résolutions ultérieures sur la question, notamment ses résolutions 864 (1993) du 15 septembre 1993, 1127 (1997) du 28 août 1997 et 1173 (1998) du 12 juin 1998,

Réaffirmant sa ferme volonté de préserver l'unité, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Angola,

Déplorant vivement la situation politique et en matière de sécurité en Angola, qui se détériore principalement du fait que l'União Nacional para a Indepêndencia Total de Angola (UNITA) a failli aux obligations qui lui incombent en vertu des "Acordos de Paz" (S/22609, annexe), du Protocole de Lusaka (S/1994/1441, annexe) ainsi que de ses propres résolutions pertinentes,

Prenant acte des mesures positives prises récemment pour rétablir la confiance dans le processus de paix,

Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 6 août 1998 (S/1998/723),

1. Se félicite de la décision prise par le Secrétaire général de dépêcher un envoyé spécial pour évaluer la situation en Angola et l'informer des possibilités d'action, et prie le Secrétaire général de lui soumettre, le 31 août 1998 au plus tard, un rapport contenant des recommandations concernant le rôle futur de l'Organisation des Nations Unies en Angola;

2. Exprime son intention d'examiner les recommandations visées au paragraphe 1 ci-dessus et d'envisager des mesures appropriées;

3. Décide de proroger le mandat de la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) jusqu'au 15 septembre 1998 et prend acte des considérations formulées au paragraphe 38 du rapport du Secrétaire général en date du 6 août 1998, concernant le déploiement de la MONUA dans l'ensemble du pays;

4. Engage, dans les termes les plus vigoureux, le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, et surtout l'UNITA, de s'abstenir de toute mesure qui risquerait d'aggraver la situation actuelle;

5. Exige que l'UNITA se conforme immédiatement et sans condition aux obligations qui lui incombent en vertu du Protocole de Lusaka et de ses propres résolutions pertinentes, s'agissant notamment de la démilitarisation complète de ses forces et de son entière coopération à l'extension immédiate

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et inconditionnelle de l'administration de l'Etat à tout le territoire national, pour éviter que la situation politique et la situation en matière de sécurité ne se détériorent encore davantage;

6. Exige également que l'UNITA cesse de réoccuper les localités où l'administration de l'Etat a été mise en place et mette fin aux attaques lancées par ses membres contre la population civile, les autorités du Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, y compris la police, et le personnel des Nations Unies et les autres personnels internationaux;

7. Engage le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale et l'UNITA à cesser la propagande hostile, à s'abstenir de poser de nouvelles mines, à cesser les conscriptions forcées et à intensifier leurs efforts de réconciliation nationale, y compris en prenant des mesures de confiance, notamment en relançant les mécanismes communs dans les provinces et en dégageant leurs forces militaires sur le terrain;

8. Engage le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale à veiller à ce que la police nationale angolaise s'abstienne de pratiques incompatibles avec le Protocole de Lusaka et respecte les activités légales de l'UNITA en tant que parti politique, conformément au Protocole de Lusaka;

9. Exige que le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, et surtout l'UNITA, coopèrent pleinement avec la MONUA en lui donnant toute latitude pour mener ses activités de vérification, et garantissent inconditionnellement la sécurité et la liberté de circulation de tout le personnel des Nations Unies et des autres personnels internationaux, notamment ceux qui fournissent une assistance humanitaire;

10. Exprime sa ferme conviction qu'une rencontre en Angola entre le Président de la République d'Angola et le chef de l'UNITA pourrait donner une impulsion au processus de paix;

11. Demande aux Etats Membres d'appliquer intégralement les dispositions pertinentes des résolutions 1173 (1998), 1127 (1997) et 864 (1993);

12. Se félicite de la nomination d'un nouveau Représentant spécial en Angola et prie instamment le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale et l'UNITA de coopérer pleinement avec lui dans la promotion du processus de paix et de la réconciliation nationale;

13. Encourage le Secrétaire général à rester personnellement engagé dans le processus de paix;

14. Exprime sa gratitude au personnel de la MONUA;

15. Décide de demeurer activement saisi de la question.

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Rapport du Secrétaire général sur la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) (S/1998/723)

Le présent rapport est soumis en application du paragraphe 4 de la résolution 1180 (1998) du Conseil de sécurité, en date du 29 juin 1998, dans laquelle le Conseil l'a prié de présenter des recommandations concernant les opérations des Nations Unies en Angola, compte tenu de la nécessité d'assurer la sécurité et la liberté de circulation du personnel de la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) ainsi que de l'état d'avancement du processus de paix. Il décrit l'évolution de la situation depuis le 17 juin 1998.

Le Secrétaire général fait observer que la situation en Angola ne s'est pas améliorée. Le pays continue de dériver vers un conflit ouvert en dépit des efforts accrus de la communauté internationale pour éviter un basculement qui pourrait avoir de graves conséquences. Il demande instamment au Gouvernement et à l'UNITA de faire preuve de la plus grande modération et de s'abstenir de prendre des mesures susceptibles d'aggraver encore la situation actuelle car elle risquerait d'anéantir les progrès du processus de paix réalisés au prix de grandes difficultés. Il me paraît très inquiétant que l'UNITA n'ait pas démobilisé totalement ses troupes ni facilité l'extension de l'administration de l'Etat à la totalité du territoire national, les deux conditions sur lesquelles reposait le Protocole de Lusaka. L'UNITA doit s'acquitter sans attendre de ces obligations cruciales et remplir les autres engagements importants qu'elle a assumés. L'UNITA doit aussi mettre fin à ses agressions dans les zones contrôlées par le Gouvernement et à ses autres tentatives de déstabilisation du pays. De même, la Police nationale angolaise doit s'abstenir de recourir à des pratiques incompatibles avec son statut tel qu'il est défini dans le Protocole de Lusaka.

Le Secrétaire général demande donc au Gouvernement et, en particulier, à l'UNITA de déployer des efforts accrus en faveur de la réconciliation nationale, de cesser d'échanger des menaces et des propos hostiles et de prendre immédiatement des mesures susceptibles de créer un climat de confiance aussi bien au niveau national qu'au niveau local, notamment de réactiver rapidement les mécanismes communs dans les provinces. Il est nécessaire de prendre des dispositions pratiques en vue du retrait, sous le contrôle effectif de la MONUA, des forces militaires présentes sur le terrain. Si l'on veut restaurer le processus de paix, toutes ces dispositions doivent être prises d'urgence. Toutefois, un dialogue véritable et fructueux ne sera possible que si les représentants de haut niveau de l'UNITA retournent à Luanda et participent de manière constructive aux travaux de la Commission mixte. Dès que ces mesures auront été mises en oeuvre et que la sécurité se sera améliorée, la MONUA pourra être à nouveau présente dans les zones critiques du pays afin de faciliter la coopération et de promouvoir la confiance. Si tel n'est pas le cas, l'Organisation des Nations Unies souhaite continuer d'aider le peuple angolais à condition que le Gouvernement et

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l'UNITA s'engagent catégoriquement en faveur d'une solution pacifique de la crise sur la base du Protocole de Lusaka. Dans cette perspective, le Secrétaire général a décidé que M. Lakhdar Brahimi se rendrait en Angola en qualité d'Envoyé spécial. Il évaluera les divers aspects de la situation sur place et informera le Secrétaire général des possibilités d'action. M. Brahimi, qui est arrivé à Luanda le 31 juillet 1998, a été reçu par le Président dos Santos le 3 août et, le lendemain, a rencontré M. Savimbi à Andulo. Il tiendra aussi des consultations avec les gouvernements des pays voisins. Sa mission d'évaluation devrait s'achever dans une dizaine de jours et, à cette date, le Secrétaire général sera en meilleure position pour formuler des recommandations concernant le rôle futur de l'Organisation des Nations Unies en Angola. Entre-temps, il recommande au Conseil de sécurité de proroger le mandat de la MONUA pour un mois, jusqu'au 15 septembre 1998.

Le Secrétaire général souhaite rendre à nouveau hommage à l'ultime sacrifice d'Alioune Blondin Beye, des cinq membres de la MONUA et des deux pilotes qui ont péri dans l'accident d'avion survenu le 26 juin. Le décès prématuré des collègues de la MONUA constitue une perte inestimable pour leurs familles, pour la communauté internationale et pour la cause de la paix. Le meilleur moyen d'honorer la mémoire de Beye serait que le Gouvernement, et en particulier l'UNITA, s'emploient résolument à établir la paix véritable et la réconciliation nationale que le peuple de l'Angola mérite tant.

Déclaration

Mme JOSEPHA COELHO DA CRUZ (Angola) a condamné fermement les actions qui constituent une violation flagrante du Protocole de Lusaka et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. En outre, ces violations émettent de sérieux doutes sur l'engagement de l'UNITA en faveur de la pleine application du Protocole de Lusaka. La crise actuelle et le blocage du processus de paix ne résultent pas uniquement de sa complexité. La position de l'UNITA nous laisse croire que la situation actuelle constitue une stratégie de l'UNITA visant à entraver la capacité du gouvernement de fonctionner, à aggraver la situation économique et sociale et à provoquer le chaos, espérant ainsi instaurer un climat propice pour lui permettre de prendre le pouvoir par la force. La semaine dernière, plus de 150 civils ont été tués cruellement par les forces de l'UNITA et une attaque armée a donné lieu à l'occupation de la ville de Kunda-dia-Base, dans la province de Malange. Il y a moins d'un mois, plus de 300 civils étaient également assassinés à Bula par les forces de l'UNITA. Il ne suffit pas de condamner pour forcer l'UNITA à mettre fin à ces atrocités et à adhérer au processus de paix. Il est nécessaire de prendre des mesures concrètes et fermes. Le Gouvernement angolais, en tant que Membre des Nations Unies, est habilité à bénéficier de l'appui nécessaire des Nations Unies en vue d'empêcher une nouvelle escalade de guerre. L'imposition de sanctions par le Conseil de sécurité a adressé un message clair aux responsables de l'UNITA selon lequel la communauté internationale ne tolérera pas ses tactiques pour reprendre la guerre. Les sanctions en vigueur doivent être renforcées pour isoler l'aile militaire de l'UNITA.

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Explications de vote

M. CELSO L.N. AMORIM (Brésil) a déclaré qu'en dépit de certains progrès, le processus de paix en Angola et la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka sont de nouveau remis en cause, en raison du non-respect par l'UNITA de ses engagements. L'UNITA a continué de refuser le transfert et le contrôle de quatre zones au Gouvernement de l'Angola, essayant de les conquérir par la force. Depuis l'arrivée de l'Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Brahimi, le 31 juillet dernier, on a noté quelques signes positifs, notamment sa rencontre avec le gouvernement, l'UNITA et les dirigeants des pays de la région. La présente résolution, qui proroge le mandat de la MONUA pour un mois, adresse un message clair rappelant à l'UNITA l'obligation de se conformer aux engagements pris en vertu du Protocole de Lusaka et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

M. DAVID RICHMOND (Royaume-Uni) a estimé qu'il n'est pas trop tard pour se retirer de l'abîme, mais cela dépendra de la volonté du peuple angolais de souhaiter avant tout la paix. Le gouvernement doit cesser de tergiverser et respecter plutôt ses obligations en vertu du Protocole de Lusaka et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Le représentant a émis l'espoir que l'UNITA s'acquittera, pour sa part, des engagements pris en vertu du Protocole de Lusaka, notamment la démilitarisation complète de ses forces.

M. JOSE TADEU SOARES (Portugal) a déclaré que le Portugal soutient pleinement la prorogation du mandat de la MONUA jusqu'au 15 septembre 1998, et partage totalement le point de vue du Secrétaire général sur cette question. Le processus de paix en Angola est à un point critique à cause de l'absence d'un dialogue soutenu et d'une atmosphère de confiance entre les parties en présence. L'attitude agressive de l'UNITA a retardé l'établissement de la paix et de la stabilité en Angola. La poursuite d'attaques militaires par l'UNITA, comme rapportée dans le rapport du Secrétaire général, cause beaucoup de soucis au Portugal. L'UNITA n'a pas respecté jusqu'ici les obligations qui sont les siennes dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité et du Protocole de Lusaka dont les termes doivent être respectés. Le Portugal regrette qu'après l'adoption de la résolution 1180, presqu'aucun progrès significatif n'ait été fait, et il demande au Secrétaire général de continuer à accorder le maximum d'attention au problème de l'Angola. Le Portugal accueille favorablement la nomination de M. Issa Diallo comme Représentant spécial, et il appelle le Gouvernement de l'Angola à continuer à faire preuve de patience et de retenue, tout en persévérant dans ses efforts en vue de compléter la mise en place du processus de paix. Le Portugal estime que le projet de résolutions qui est mis aux voix est un signe de la volonté de la communauté internationale d'aider le peuple angolais à atteindre un état de stabilité, et son votera en sa faveur.

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M. HANS DAHLGREN (Suède) a fait observer que le peuple angolais mérite beaucoup mieux qu'une solution militaire à la situation de leur pays. Il incombe à l'UNITA de respecter ses engagements en vertu du Protocole de Lusaka, notamment la démilitarisation complète de ses forces. L'UNITA doit coopérer avec le Gouvernement de l'Angola pour parvenir à instaurer la paix dans le pays. Sa délégation se félicite de la nomination de M. Issa Diallo au poste de Représentant spécial pour l'Angola et espère que ses efforts seront couronnés de succès. Le Gouvernement de l'Angola et l'UNITA doivent, par leurs efforts, rendre hommage à Alioune Blondin Beye et à ses collaborateurs disparus tragiquement dans l'exercice de leurs fonctions.

M. BERND NIEHAUS (Costa Rica) a déclaré que depuis plus de dix ans, un nombre important de résolutions et de déclarations à la presse ont été consacrées à la situation en Angola sans qu'aucun résultat tangible ait jamais pu être atteint dans le rétablissement de la paix. La situation est aujourd'hui grave dans ce pays pour lequel des hommes comme Alioune Blondin Beye et ses collaborateurs ont sacrifié leur vie. Les efforts de la communauté internationale en vue de convaincre les Angolais de créer un gouvernement d'union nationale auraient pu ramener totalement l'Angola dans le sein de la communauté internationale. Mais le comportement irresponsable de l'UNITA et de ceux qui ne s'intéressent qu'aux minerais précieux qui permettent à ce mouvement de se financer, a rendu vains les efforts de la communauté internationale. Les sanctions, récemment établies dans le cadre de la résolution 1176, devraient être pleinement respectées par tous les Etats Membres si l'on veut obtenir quelque résultat. L'UNITA devrait, d'autre part, remettre à l'Etat angolais, comme stipulé par les accords du Protocole de Lusaka, toutes les zones sous son contrôle. La situation humanitaire est aussi, quant à elle, un sujet de vive préoccupation pour le Costa Rica, la montée de la violence ayant provoqué de nouveaux déplacements de populations. Le Costa Rica appuie, par conséquence, totalement les recommandations du Secrétaire général en vue de la prolongation du mandat de la MONUA jusqu'au 15 septembre 1998.

M. SHEN GUAFANG (Chine) a regretté que la situation en Angola s'est détériorée de manière constante ces dernières semaines et il a estimé que l'UNITA en est le principale responsable. Il est urgent que l'UNITA mette fin aux violences commises par ses forces et emprunte la voie de la paix.

M. BABOUCARR-BLAISE ISMAILA JAGNE (Gambie) a déclaré que le projet de résolution examiné était une tentative de dernière chance pour sauver le processus de paix en Angola avant l'expiration du mandat de la MONUA. La Gambie espère que les parties en cause comprendront une fois pur toutes qu'il n'y a pas d'alternative au Protocole de Lusaka. Dans ce contexte, la délégation gambienne accueille favorablement la nomination par le Secrétaire général d'un nouveau Représentant spécial en vue de poursuivre le travail remarquable accompli par M. Alioune Blondin Beye, et elle appelle tous les Angolais à lui apporter le soutien nécessaire dans l'exécution de ses tâches.

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Dans la même ligne, la Gambie apprécie le fait que le Secrétaire général ait dépêché un envoyé spécial dans la région. En attendant l'évaluation de la situation que fera cet Envoyé spécial, la Gambie partage la recommandation faite par le Secrétaire général en vue de prolonger d'un mois, c'est à dire jusqu'au 15 septembre 1998, le mandat de la MONUA.

M. YUKIO TAKASU (Japon) a souligné qu'il ne peut y avoir de règlement militaire à la situation en Angola. Il est essentiel que le Gouvernement de l'Angola et l'UNITA s'engagent à un dialogue politique pour mettre fin immédiatement à l'escalade dangereuse des tensions. Les Nations Unies, et en particulier le Conseil de sécurité, sont engagées en Angola depuis une décennie, avec la mise en place d'UNAVEM I. Plus récemment, la MONUA oeuvre inlassablement avec le peuple angolais pour parvenir à la mise en oeuvre complète du Protocole de Lusaka afin de mettre fin aux longues années de conflit. Le Gouvernement de l'unité et de la réconciliation nationale doit également se conformer aux exigences du Protocole de Lusaka, et s'abstenir de toute mesure incompatible. Sa délégation prie instamment les parties à coopérer étroitement avec la MONUA. La communauté internationale ne doit pas permettre que la situation ne donne lieu une fois de plus à un conflit à grande échelle. Le projet de résolution adresse, a espéré M. Takasu, un message clair non seulement á l'UNITA mais également au Gouvernement de l'Angola en ce qui concerne leur rôle et leurs obligations respectifs pour instaurer une réconciliation nationale efficace conformément au Protocole de Lusaka.

M. PHILIPPE THIEBAUT (France) a déploré profondément l'évolution de la situation en Angola qui va à l'encontre des efforts de paix et de réconciliation conduits avec un dévouement inlassable par Blondin Beye. La délégation française déplore en particulier l'attitude de l'UNITA qui n'a pas toujours respecté les engagements principaux pris en vertu du protocole de Lusaka, à savoir la démobilisation totale de ses troupes et l'acceptation de l'extension de l'administration de l'Etat à l'ensemble du pays. L'UNITA porte la responsabilité primordiale dans le cours des événements actuels. Le projet de résolution exige que l'UNITA se conforme sans plus de délai à ses obligations au titre du Protocole de Lusaka et mette un terme à toutes les activités qui portent atteinte au processus de réconciliation nationale. La France émet l'espoir que la mission en cours de l'Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Brahimi, permettra de disposer d'une évaluation complète de la situation sur le terrain et de donner un nouvel élan au processus de paix.

M. YURIY FEDOTOV (Fédération de Russie) a estimé que l'aggravation de la situation en Angola réside dans la méconnaissance par l'UNITA de ses obligations en vertu du Protocole de Lusaka. L'Unita porte ainsi atteinte à la paix et à la sécurité dans la région. Si la paix ne peut être respectée en Angola, elle ne peut être efficace. La présente résolution a un caractère intérimaire, dans l'attente de nouvelles recommandations du Secrétaire général sur le rôle futur de la MONUA. Sa délégation se félicite de la participation directe de M. Brahimi, Envoyé spécial du Secrétaire général, aux négociations.

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M. DENIS DANGUE REWAKA (Gabon) a dit que le Gabon demande à l'UNITA de respecter les engagements auxquels il a librement souscrit et qui concernent la démobilisation totale de ses combattants, et la session à l'Etat des localités encore sous son contrôle : Andulo, Bailundo, Mungo et N'harea. Le Gabon appelle aussi à l'arrêt du minage des zones de conflit, ceci pour le bien-être du peuple angolais. L'Unita doit permettre au gouvernement et aux ONG internationales, qui possèdent les connaissances techniques nécessaires, de poursuivre les opérations de déminage qui faciliteraient la circulation des personnes, l'exploitation des terres et la distribution de l'aide humanitaire à la population qui en a tant besoin. Le Gabon se réjouit de la récente nomination par le Secrétaire général d'un nouveau représentant en Angola, et la délégation gabonaise soutiendra la prolongation du mandat de la MONUA jusqu'au 15 septembre en votant en faveur du projet de résolution.

M. TAWFEEQ AHMED AL-MANSOOR (Bahreïn) a remercié le Secrétaire général et la troïka des Etats qui ont sponsorisé le processus de paix en Angola. Cependant, a-t-il dit, le rapport du Secrétaire général mentionne de nombreux revers subis par le processus de paix en Angola, chose imputable surtout à l'Unita. Le Bahreïn votera en faveur de la proposition de résolution et tient à renouveler son appel en vue de la réconciliation nationale en Angola. Les forces militaires de l'UNITA devraient rapidement être démilitarisées pour permettre une résolution plus rapide du conflit. Le sacrifice ultime de Alioune Blondin Beye et de ses collaborateurs ne devrait pas être vain, a dit le représentant, qui a ajouté que son pays soutenait pleinement la récente nomination de M. Issa Diallo comme nouveau Représentant spécial du Secrétaire général.

Mme ROSELYN RUTH ASUMWA ODERA (Kenya) a noté avec regret que la situation humanitaire et en matière de sécurité s'est considérablement aggravée en Angola. Il incombe aux parties en Angola de se conformer aux engagements pris en vertu du Protocole de Lusaka. Sa délégation se félicite que les effectifs de la MONUA aient été suspendus temporairement et estime que son rôle est crucial dans le processus de paix en Angola. La représentante a appelé le Gouvernement de l'Angola et l'UNITA à engager un dialogue constructif en vue de mettre fin aux violences et de parvenir à une paix durable.

M. PETER BURLEIGH (Etats-Unis) a souligné que la détérioration de la situation politique et de la sécurité en Angola exige des mesures constructives pour parvenir à instaurer une paix durable. Les Etats-Unis se félicitent de la décision du Secrétaire général de dépêcher son Envoyé spécial en Angola. Ils sont encouragés par le succès des efforts de M. Brahimi visant à amener les parties angolaises à reprendre le dialogue et à faire progresser le processus de paix. La délégation des Etats-Unis prie instamment les parties à coopérer pleinement avec le nouveau Représentant spécial du Secrétaire général en Angola, M. Diallo, pour construire sur cette base.

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Aujourd'hui, les Etats-Unis voteront en faveur du projet de résolution visant à proroger le mandat de la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) jusqu'au 15 septembre 1998. M. Burleigh a prié instamment le Gouvernement de l'Angola et l'UNITA de respecter pleinement et inconditionnellement leurs obligations en vertu du Protocole de Lusaka. L'UNITA doit démilitariser complètement ses forces et coopérer pour étendre immédiatement et sans réserve l'administration de l'Etat sur l'ensemble du territoire. Le Gouvernement de l'Angola doit respecter et protéger les droits de tous les Angolais ainsi que le rôle légitime de l'UNITA en tant que parti politique. La MONUA doit circuler librement et sans restriction pour s'acquitter de son mandat.

M. DANILO TURK (Slovénie) a dit que le Gouvernement de l'Angola, tout comme l'UNITA, se sont engagés dans des campagnes de recrutement forcé au cours des derniers mois. L'UNITA est la première responsable de cet état de chose, car elle s'est engagée dans une campagne soigneusement organisée en vue de reprendre au gouvernement les zones qu'elle lui avait auparavant cédées. La situation en Angola exige de nouveaux efforts persistants de la part de la communauté internationale et la Slovénie se réjouit de la récente nomination de M. Issa Diallo comme nouveau Représentant du Secrétaire général. Elle demande à l'UNITA de faire tout son possible pour que l'oeuvre accomplie par Alioune Blondin Beye puisse être achevée. La Slovénie votera en faveur du projet de résolution.

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