CS/956

LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA MISSION D'OBSERVATION DES NATIONS UNIES EN GEORGIE JUSQU'AU 31 JANVIER 1999

30 juillet 1998


Communiqué de Presse
CS/956


LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA MISSION D'OBSERVATION DES NATIONS UNIES EN GEORGIE JUSQU'AU 31 JANVIER 1999

19980730 A l'issue de consultations officieuses sur la situation en Géorgie, le Conseil de sécurité a adopté, ce matin, à l'unanimité, la résolution 1187 (1998) par laquelle il décide de proroger le mandat de la Mission d'observation des Nations Unies en Géorgie (MONUG) pour une nouvelle période prenant fin le 31 janvier 1999, sous réserve d'un réexamen de ce mandat au cas où des changements interviendraient en ce qui concerne le mandat ou la présence de la Force de maintien de la paix de la Communauté des Etats indépendants (CEI). Il engage les parties à poursuivre et à renforcer leur participation active au processus enclenché par le Secrétaire général en vue de parvenir à un règlement politique d'ensemble.

Le Conseil de sécurité se déclare préoccupé par la campagne lancée par les médias en Abkhazie (Géorgie) et par les actes de harcèlement dirigés contre la MONUG et engage la partie abkhaze à mettre un terme à ces actes. Il exhorte les parties à respecter pleinement et sans délai leurs engagements en matière de sécurité à l'égard du personnel international, notamment la création d'un mécanisme commun d'enquête et de prévention des actes qui constituent des violations de l'Accord de Moscou et des actes de terrorisme dans la zone de conflit. Il les engage à faciliter la mise en oeuvre des mesures concrètes qui pourront être prises pour améliorer la situation en matière de sécurité. Il les engage également à s'acquitter de leurs obligations à l'égard des réfugiés et exige en particulier que la partie abkhaze permette le retour inconditionnel immédiat de toutes les personnes déplacées depuis la reprise des hostilités en mai 1998. Il condamne la destruction délibérée de maisons par les forces abkhazes, apparemment motivées par la volonté de chasser la population de ses foyers. Il condamne également les actes de violence perpétrés contre le personnel de la MONUG, la reprise de la pose de mines dans la région de Gali, ainsi que les attaques lancées par des groupes armés opérant dans la région de Gali depuis la rive géorgienne de l'Ingouri contre la Force de maintien de la paix de la CEI et exige que les parties, en particulier les autorités géorgiennes, prennent des mesures résolues pour mettre un terme à ces actes qui sapent le processus de paix.

Les représentants des pays suivants, membres du Conseil, ont expliqué leur position : France, Portugal, Royaume-Uni, Japon, Chine, Costa Rica, Suède, Gabon, Gambie, Brésil, Slovénie, Bahreïn, Etats-Unis et Fédération de Russie. Les représentants de la Géorgie et de l'Allemagne ont fait une déclaration.

Le Conseil de sécurité était saisi, pour l'examen de la question, d'un rapport du Secrétaire général.

( suivre)

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Projet de résolution (S/1998/699

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant toutes ses résolutions sur la question, en particulier sa résolution 1150 (1998) du 30 janvier 1998, rappelant la déclaration de son président en date du 28 mai 1998 (S/PRST/1998/16) et rappelant également la lettre de son président en date du 10 juillet 1998 (S/1998/633),

Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 14 juillet 1998 (S/1998/647 et Add.1),

Constatant avec une vive préoccupation que la situation dans les régions de Zougdidi et de Gali reste tendue et conflictuelle et que les combats risquent de reprendre,

Profondément préoccupé également par la réticence des deux parties à renoncer à la violence et à examiner sérieusement les options de paix pour la solution du conflit,

Appuyant les efforts énergiques déployés par le Secrétaire général et son Représentant spécial avec l'aide de la Fédération de Russie en tant que facilitateur ainsi que du groupe des Amis du Secrétaire général et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour prévenir une reprise des hostilités et relancer les négociations dans le cadre du processus de paix animé par l'Organisation des Nations Unies, et se félicitant dans ce contexte de l’adoption par les parties d'une Déclaration finale à l'issue de la réunion tenue à Genève du 23 au 25 juillet 1998 et de l'adoption de la déclaration d'accompagnement du groupe des Amis du Secrétaire général (S/1998/647/Add.1),

Réaffirmant que les parties doivent respecter rigoureusement les droits de l'homme, exprimant son appui au Secrétaire général dans les efforts qu'il déploie pour trouver les moyens d'en renforcer le respect effectif dans le cadre de l'action menée en vue d'un règlement politique global, et prenant note des progrès des travaux du Bureau des Nations Unies pour les droits de l'homme en Abkhazie (Géorgie),

Se félicitant du rôle joué par la Mission d’observation des Nations Unies en Géorgie (MONUG) et les Forces collectives de maintien de la paix de la Communauté d’États indépendants (Force de maintien de la paix de la CEI) comme facteur de stabilisation dans la zone du conflit, notant que la coopération entre la MONUG et la Force de maintien de la paix de la CEI est satisfaisante, et soulignant l'importance du maintien entre elles d'une coopération et d'une coordination étroites dans l’exercice de leurs mandats respectifs,

1. Accueille favorablement le rapport du Secrétaire général en date du 14 juillet 1998;

( suivre)

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2. Réaffirme sa profonde préoccupation devant la reprise des hostilités en mai 1998 et engage les parties à respecter rigoureusement l’Accord de cessez-le-feu et de séparation des forces signé à Moscou le 14 mai 1994 (S/1994/583, annexe I) (l'Accord de Moscou) et le protocole de cessez-le- feu signé le 25 mai 1998 ainsi que toutes leurs obligations pour ce qui est de s'abstenir de recourir à la force et de résoudre les différends uniquement par des moyens pacifiques;

3. Exprime sa profonde préoccupation devant les nombreux départs de réfugiés causés par les récentes hostilités, réaffirme le droit de tous les réfugiés et personnes déplacées de regagner leurs foyers en toute sécurité, conformément au droit international et aux dispositions de l’Accord quadripartite sur le retour librement consenti des réfugiés et des personnes déplacées signé le 4 avril 1994 (S/1994/397, annexe II), engage les deux parties à s’acquitter de leurs obligations à cet égard et exige en particulier que la partie abkhaze permette le retour inconditionnel immédiat de toutes les personnes déplacées depuis la reprise des hostilités en mai 1998;

4. Condamne la destruction délibérée de maisons par les forces abkhazes, apparemment motivées par la volonté de chasser la population de ses foyers;

5. Rappelle les conclusions du Sommet de Lisbonne de l'OSCE (S/1997/57, annexe) concernant la situation en Abkhazie (Géorgie) et réaffirme que les changements démographiques résultant du conflit sont inacceptables;

6. Se déclare profondément préoccupé par la situation humanitaire extrêmement difficile des personnes déplacées de la région de Gali ainsi que de ceux qui sont restés sur place et par les conséquences négatives graves que les récents événements ont eu sur les efforts humanitaires de la communauté internationale dans la région de Gali;

7. Réaffirme que c'est aux parties elles-mêmes qu'il incombe au premier chef de parvenir à la paix et leur rappelle que la volonté de la communauté internationale de continuer à les aider dépend de leurs progrès dans ce domaine;

8. Engage les parties à faire preuve sans délai de la volonté politique nécessaire pour obtenir des résultats tangibles sur les principales questions négociées dans le plein respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Géorgie, dans le cadre du processus de paix animé par l'ONU et grâce à un dialogue direct, et à coopérer pleinement aux efforts déployés par le Secrétaire général et son Représentant spécial, avec l'aide de la Fédération de Russie en tant que facilitateur, ainsi que du groupe des Amis du Secrétaire général et de l'OSCE;

( suivre)

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9. Prend note avec satisfaction de la réunion que les parties ont tenue à Genève du 23 au 25 juillet 1998 et engage celles-ci à poursuivre et renforcer leur participation active au processus enclenché par le Secrétaire général en vue de parvenir à un règlement politique d'ensemble;

10. Rappelle aux parties qu'elles se sont engagées à prendre toutes les mesures en leur pouvoir et à coordonner leurs efforts pour assurer la sécurité du personnel international et les exhorte à respecter pleinement et sans délai ces engagements, s'agissant notamment de créer un mécanisme commun d'enquête et de prévention des actes qui constituent des violations de l'Accord de Moscou et des actes de terrorisme dans la zone du conflit;

11. Condamne les actes de violence perpétrés contre le personnel de la MONUG, la reprise de la pose de mines dans la région de Gali, ainsi que les attaques lancées par des groupes armés opérant dans la région de Gali depuis la rive géorgienne de l'Ingouri contre la Force de maintien de la paix de la CEI et exige que les parties, en particulier les autorités géorgiennes, prennent des mesures résolues pour mettre un terme à ces actes qui sapent le processus de paix;

12. Se déclare à nouveau profondément préoccupé par la sécurité de la MONUG, se félicite des mesures déjà prises pour améliorer la situation en matière de sécurité, afin de réduire au minimum le danger auquel est exposé le personnel de la MONUG et de créer les conditions qui lui permettent de s'acquitter de ses fonctions, souligne la nécessité de prendre des dispositions supplémentaires dans ce domaine, se félicite que le Secrétaire général ait donné pour instruction de garder constamment à l'étude la question de la sécurité de la MONUG et engage les deux parties à faciliter la mise en oeuvre des mesures concrètes qui pourront être prises dans ce cadre;

13. Se déclare préoccupé par la campagne lancée par les médias en Abkhazie (Géorgie) et par les actes de harcèlement dirigés contre la MONUG et engage la partie abkhaze à mettre un terme à ces actes:

14. Décide de proroger le mandat de la MONUG pour une nouvelle période prenant fin le 31 janvier 1999, sous réserve d'un réexamen de ce mandat au cas où des changements interviendraient en ce qui concerne le mandat ou la présence de la Force de maintien de la paix de la CEI;

15. Prie le Secrétaire général de continuer à le tenir régulièrement informé, de lui présenter, trois mois après la date d'adoption de la présente résolution, un rapport sur la situation en Abkhazie (Géorgie), notamment sur les opérations de la MONUG, et déclare son intention de procéder à un examen de la Mission, à la lumière du rapport du Secrétaire général, en tenant compte en particulier des progrès réalisés par les deux parties pour ce qui est de créer des conditions de sécurité qui permettent à la MONUG de s'acquitter de son mandat actuel et de mettre en place un règlement politique;

16. Décide de demeurer activement saisi de la question.

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Rapport du Secrétaire général concernant la situation en Abkhazie (Géorgie) (S/1998/647 et Add.1)

Le Secrétaire général recommande au Conseil de sécurité de proroger le mandat de la Mission d'observation des Nations Unies en Géorgie (MONUG) pour une nouvelle période de six moi,s prenant fin le 31 janvier 1999, sous réserve d'une révision du mandat de la MONUG au cas où des changements pourraient être apportés à son mandat ou à la présence de la force de maintien de la paix de la CEI. Au cours des six mois qui se sont écoulés depuis la dernière prorogation du mandat de la Mission par le Conseil de sécurité, la MONUG a été encore moins en mesure de mener ses opérations sans heurt. Néanmoins, en tant qu'élément stabilisateur contribuant au rétablissement de la confiance, sa présence est essentielle, explique le Secrétaire général.

Au cours de la période considérée, la situation est restée instable et tendue dans les zones de sécurité et d'armement des secteurs de Zougdidin et de Gali. Le cessez-le-feu du 25 mai dernier est généralement respecté mais des incidents sporadiques-échanges de feu et activités de minage-ont encore lieu dans le secteur de Gali. Ces attaques qui semblent provenir de groupes armés opérant depuis la rive géorgienne de l'Ingouri, sont dirigées essentiellement contre la force de maintien de la paix de la CEI et des autorités abkhazes. Le 12 juillet, un groupe armé a tendu une embuscade à une patrouille de la force de maintien de la paix de la CEI causant la mort de cinq personnes et en blessant trois autres. Dans le secteur de Gali, les incendies de maisons se sont poursuivis. Il semble que les maisons restaient intactes là où la population locale coopérait avec les autorités abkhazes. Les deux parties continuent de violer l'Accord du 14 mai 1994. Les autorités géorgiennes et la partie abkhaze empêchent systématiquement la MONUG d'accéder aux zones où sont entreposées les armes lourdes. Des restrictions à la liberté de mouvements ont été signalées à plusieurs reprises tandis que l'on continue de faire état de mouvement de véhicules blindés dans les zones de sécurité et d'armement limité ainsi que de visites du personnel des forces armées des deux parties. Celles-ci ne tiennent nul compte des protestations répétées de la MONUG. Le Représentant spécial du Secrétaire général est en rapport avec les deux parties en vue d'examiner la possibilité d'organiser une nouvelle réunion de haut niveau à Genève en vue de relancer la processus de paix.

La MONUG a effectué des opérations restreintes dans les secteurs de Zougdidi et de Gali. Ses bases secondaires sont toujours fermées mais maintenant que ses services et le quartier général ont été regroupés, elle devrait pouvoir opérer plus efficacement. Elle peut maintenant patrouiller dans des zones jusque-là inaccessibles et assurer des évacuation médicales en raison de la levée des difficultés d'ordre administratif. On a également entrepris de doter la Mission d'un plus grand nombre de véhicules équipés contre les mines et les projectiles de longue portée. Néanmoins, son personnel est resté la cible d'actes hostiles. Elle a été, après les événement de mai, en butte à une campagne de dénigrement de la part des médias et de plusieurs autorités abkhazes, alimentant ainsi l'hostilité de la

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population. Elle a fait également l'objet de critiques de la part de la population de réfugiés dans la région de Zougdidi. Le Secrétaire général rappelle que la partie abkhaze n'avait pas accepté l'option de l'unité de protection visant à améliorer les conditions de sécurité du personnel de la Mission ni l'option visant à réduire la présence de la MONUG. Par conséquent, son Représentant spécial et le chef des observateurs militaires continuent de suivre cette question. Le Secrétaire général condamne les attaques lancées contre le personnel de la MONUG et de la CEI et réaffirme qu'il incombe aux deux parties d'assurer la protection des observateurs militaires sans armes des Nations Unies.

Les activités humanitaires ont pâti du fait du blocus du pont de l'Indouri puis une fois le blocus levé, par la reprise des hostilités. Il a été établi que pendant ces hostilités, une quarantaine de milliers de personnes ont repris le chemin de l'exode. Bien que la situation soit redevenue plus clame après la signature le 25 mai, du protocole sur le cessez- le-feu et le retrait des troupes armées, les miliciens et autres groupes armés abkhazes ont pillé et incendié des maisons. On chiffre à 1 400 le nombre de foyers détruits, y compris des maisons qui venaient d'être reconstruites grâce à l'aide de l'ordre de 2 millions de dollars de la communauté internationale.

Dans un additif, le Secrétaire général communique une copie de la déclaration finale sur les résultats de la deuxième réunion des parties géorgienne et abkhaze, qui s'est tenue à Genève du 23 au 25 juillet 1998. Les parties ont réaffirmé leur engagement qu'elles avaient pris au sujet du droit des réfugiés et déplacés à un retour librement consenti dans leurs foyers, ainsi que leur attachement au respect de la liberté de circulation et de la sécurité des agents d'aide humanitaire. Pour sa part, le Groupe des Amis du Secrétaire général prie instamment le Secrétaire général de maintenir la question constamment à l'étude, s'agissant en particulier de l'unité d'autoprotection ainsi que des autres options appropriées. Il exige des parties qu'elles renforcent la sécurité de la Mission d'observation des Nations Unies en Géorgie et du personnel des autres organismes internationaux.

Déclarations

M. IRAKLI MENAGARISHVILI (Géorgie) a déclaré qu'en dépit des propositions concrètes présentées par la Géorgie, l'accord sur le statut politique de l'Abkhazie n'a pas encore été conclu et le sort des 250 000 réfugiés et de personnes déplacées n'est toujours pas encore résolu. Il a regretté que les événements survenus dans la région de Gali, en mai dernier aient remis en question le processus de paix de Genève. En vue de créer une impression objective en ce qui concerne le district de Gali, M. Menagarishvili a rappelé que le 24 octobre 1997 et le 28 avril 1998, le Conseil des Chefs d'Etat de la Communauté des Etats indépendants (CEI) a décidé d'étendre les activités des forces de maintien de la paix de la CEI et de renforcer les mesures en matière de sécurité. Les questions relatives au retour des réfugiés et aux garanties pour leur sécurité étaient également à l'ordre du

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jour des négociations de Genève. En dépit de ces mesures, le régime séparatiste abkhaze a continué de développer sa politique de terreur contre la population du district de Gali. Par des mesures unilatérales, le territoire de Gali a été artificiellement réduit de moitié. Les activités répressives dans le district sont devenues systématiques. Dans l'ensemble, au cours des cinq dernières années, les actes de violence ont fait environ 1 200 victimes.

Depuis le 20 mai 1998, plus de 60 de personnes civiles innocentes ont été tuées dans le district de Gali, et plus de 40 000 personnes ont été expulsées de leur foyer. Plus de 1 400 maisons ont été incendiées et détruites. Il faudrait souligner que la destruction massive de maisons a atteint son apogée après le cessez-le-feu. L'acte le moins pardonnable concerne la destruction des bâtiments administratifs, qui atteste de la volonté de détruire pour toujours l'idée de retour des réfugiés. Malheureusement, la violence persiste et les attaques perpétrées contre les villages situés sur la rive gauche du fleuve Inguru, les rapts, les exécutions et autres crimes graves sont commis chaque jour. Le représentant a souligné que la tenue des prochaines séries de négociations à Genève, les efforts inlassables du Représentant spécial du Secrétaire général, de la Fédération de Russie en tant que facilitateur et les accords conclus sont de la plus haute importance. En même temps, la réunion de Genève a révélé des problèmes qui exigent un règlement rapide, en l'absence duquel, la paix n'aura aucune chance d'aboutir. Le gouvernement géorgien condamne toute action dirigée contre la population civile, les forces de maintien de la paix et contre le personnel des Nations Unies dans la zone de conflit. Le gouvernement ukrainien prendra toutes les mesures nécessaires à cet égard. En même temps, il estime que le règlement de la question ne pourra être possible sans les efforts de la communauté internationale et les mesures concrètes adoptées par les Nations Unies. La Géorgie appuie la proposition du Secrétaire général de créer un mécanisme commun d'enquête et de prévention.

M. GERHARD HENZE (Allemagne) a déclaré que, en tant que membre du Groupe des amis du Secrétaire général pour la Géorgie, sa délégation apporte son entier soutien au projet de résolution d'aujourd'hui, qui contient un message très important adressé directement aux parties et reflète la grave préoccupation de la communauté internationale relative à la situation en Abkhazie. M. Henze considère que la paix dans la région a été sérieusement compromise par les violences qui ont eu lieu au courant du mois de mai. Il a déclaré que l'Allemagne est disposée à poursuivre son assistance aux parties pour aboutir à un règlement politique global, à condition que ces dernières fassent preuve d'un engagement réel dans la recherche de solutions pacifiques. Les autorités géorgiennes doivent, notamment, intensifier leurs efforts pour combattre les groupes armés qui opèrent à partir de leur territoire et lancent des attaques contre le personnel des Nations Unies et de la Force de maintien de la paix de la CEI, et compromettent également toute tentative de résolution pacifique du conflit. M. Henze a déclaré que le deuxième message est que les parties abkhazes doivent permettre le retour sans condition des réfugiés dans la région de Gali. Le projet de résolution souligne que la patience du Conseil de sécurité arrive à sa fin. En effet, s'il n'y a pas d'amélioration concrète

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dans le processus de paix en Abkhazie Georgie, il pourrait reconsidérer l'engagement de la mission de maintien de la paix des Nations Unies en Abkhazie (Georgie) (MONUG). Les parties ont la responsabilités de déployer des efforts dans le cadre d'un processus de négociations politique effective, à travers un dialogue direct, avec l'aide de la Fédération de Russie et du Groupe des amis du Secrétaire général.

M. ALAIN DEJAMMET (France) a déclaré que son pays condamne fermement les actes de violence perpétrés dans le district de Gali, apparemment motivés par la volonté d'expulser les réfugiées et personnes déplacées de leur région d'origine. Il est essentiel que les parties respectent rigoureusement l'accord de cessez-le-feu et de séparation des forces du 14 mai 1994 ainsi que le protocole de cessez-le-feu signé le 25 mai 1998. Seul un règlement politique durable pourra assurer la stabilité de la région. La réunion qui s'est tenue A Genève du 23 au 25 juillet dernier, constitue une étape importante, surtout dans le contexte actuel, mais doit être suivie sans délai par d'autres négociations sur les principaux points du différend. Le représentant a souligné qu'il incombe aux deux parties de prendre des mesures concrètes en matière de sécurité. La France se prononcera en faveur du projet de résolution.

M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal) a déclaré que la situation en Abkhazie (Georgie) continue de préoccuper son Gouvernement, en particulier en ce qui concerne les événements tragiques du mois de mai. Il a souligné l'échec des parties dans le cadre du processus politique, et cela malgré le soutien de la Fédération de Russie, des Nations Unies et du Groupe des amis du Secrétaire général pour faire avancer ce processus. Il considère que les parties doivent s'engager à rechercher une solution politique dans le cadre des Nations Unies, et recourir aux mécanismes mis en place en novembre 1997. Elles doivent saisir cette opportunité pour réaliser des progrès concrets dans les domaines du statut politique de l'Abkhazie et du problème du retour inconditionnel et dans la dignité des réfugiés et personnes déplacées. M. Monteiro est profondément préoccupé par la détérioration des conditions de sécurité du personnel des Nations Unies et de la CEI sur le terrain. Le maintien de la mission de maintien de la paix en Abkhazie (Georgie) dépendra de l'amélioration de ses conditions de sécurité, et le Portugal se félicite de la décision du Secrétaire général de réévaluer régulièrement la situation de la MONUG. Le Portugal est en faveur de la prorogation du mandat de la MONUG.

Sir JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a regretté que les récents événements survenus en Abkhazie aient remis en cause le processus de paix de Genève. Les actes de violence commis en mai 1998 ont causé le départ massif de réfugiés et de personnes déplacées. Le représentant a fait remarquer que, lors de la Réunion de Genève du 23 au 25 juillet 1998, les parties n'ont fait aucun progrès sur les questions-clé. Les réfugiés ne pourront regagner leur foyer si leurs maisons n'étaient pas incendiées et détruites, comme l'ont montré les événements de mai 1998. Le Royaume-Uni, tout en se félicitant des mesures concrètes proposées par le Secrétaire général pour garantir la sécurité de la MONUG, estime qu'il faut s'en tenir à une autoprotection.

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M. HISASHI OWADA (Japon) considère que l'état actuel du processus de paix en Abkhazie (Géorgie) est loin d'être satisfaisant. Le Japon est préoccupé par la reprise des hostilités sur le terrain au courant du mois de mai, qui a résulté en un nouveau nombre important de réfugiés. Le Japon appelle les parties géorgienne et abkhaze à adopter une attitude constructive et à démontrer leur volonté politique pour promouvoir sans plus tarder le processus de paix et faciliter le retour des réfugiés. Le Japon soutient pleinement la position du Secrétaire général qui condamne les attaques perpétrées contre le personnel des Nations Unies de la MONUG et de la CEI sur le terrain. Il considère que si les parties désirent que la présence du personnel international sur leur territoire soit maintenue, elles doivent prendre les mesures nécessaires pour garantir leur sécurité. Le Japon est toutefois en faveur de la prorogation du mandat de la MONUG qui continue de jouer un rôle de stabilisateur dans la région.

M. QIN HUASUN (Chine) a rappelé qu'en dépit des efforts de la communauté internationale, la situation de conflit en Abkhazie n'est pas résolue. Il a souligné la nécessité de respecter la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale de la Géorgie pour parvenir à un règlement politique du problème. La délégation chinoise attend les conclusions des entretiens directs entre les deux parties pour envisager d'autres mesures. La présence de la MONUG, a souhaité le délégué, devrait contribuer à trouver un règlement de la situation en Géorgie.

Mme NAZARETH A. INCERA (Costa Rica) a déclaré que les nouvelles tensions en Georgie exigent une intervention de la part de la communauté internationale, si l'on veut éviter une détérioration de la situation politique dans la région. Le Costa Rica se prononce en faveur de la prorogation du mandat de la MONUG. Elle s'est félicitée du fait que les parties ont renouvelé leur engagement en faveur d'un règlement pacifique du conflit lors de la réunion qui s'est tenue à Genève en juillet 1998. Le Costa Rica déplore la détérioration de la sécurité du personnel international sur le terrain et accorde la plus grande importance à la situation humanitaire des réfugiés et personnes déplacées en Georgie.

M. ANDERS LIDEN (Suède) a regretté que la situation en Géorgie soit encore tendue. Un nombre considérable de civils dépend de la l'assistance extérieure pour vivre. Il est inacceptable que les actes de violence dans la région fassent obstacle aux activités de la MONUG et à celles du personnel humanitaire. La MONUG continue de constituer un facteur stabilisateur important. En tant que pays fournisseur de contingents à la Mission d'observation, la Suède est consciente du rôle crucial de la mission ainsi que des problèmes de sécurité qui font considérablement obstacle au bon déroulement de ses activités. La Suède a déjà souligné l'importance de la proposition visant à créer une unité d'autoprotection pour permettre aux observateurs de s'acquitter de leur mandat. La présente résolution adresse un message clair aux parties qui sont priées instamment de créer les conditions

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nécessaires pour permettre à la MONUG de s'acquitter de son mandat. Les parties doivent faire preuve de volonté politique pour faire progresser les négociations et pour parvenir à des résultats tangibles.

M. CHARLES ESSONGHE (Gabon) considère que le projet de résolution d'aujourd'hui témoigne de la volonté du Conseil de sécurité de juguler la crise qui prévaut actuellement en Georgie et d'y rétablir des relations de paix et de respect mutuel. La réunion qui s'est tenue à Genève du 23 au 25 juillet 1998, lui parait être porteuse d'espoir d'autant que les deux parties ont contribué à la recherche de voies et moyens susceptibles de mettre un terme à cette crise. Force est de constater, selon lui, que cet objectif est encore loin d'être atteint. Le projet de résolution d'aujourd'hui souligne que la situation dans les régions de Zougdidi et de Gali reste tendue et conflictuelle et que les combats risquent de reprendre. Le Gabon est en faveur du projet de résolution d'aujourd'hui.

M. BABOUCARR-BLAISE ISMAILA JAGNE (Gambie) a estimé que la présence de la Mission d'observation des nations Unies en Géorgie (MONUG) est essentielle non seulement pour stabiliser la région, mais également pour apporter un appui utile pour le processus politique et pour contribuer à instaurer la confiance et la sécurité parmi la population dans la région. Sa délégation appuie la prorogation du mandat de la Mission pour une nouvelle période de six mois. Le représentant a prié instamment les parties concernées à faire preuve de volonté politique pour régler leurs divergences par des voies pacifiques. Il a émis l'espoir que les parties concernées poursuivront les négociations en vue de mettre en oeuvre les accords conclus à la Réunion de Genève. La Gambie espère également que les parties entendront l'appel lancé par le Conseil de sécurité.

M. HENRIQUE R. VALLE (Brésil) est préoccupé par la situation en Georgie, en particulier depuis la reprise des violences en mai 1998. Le Brésil ne peut pas accepter les pratiques d'éviction de personnes par la force, d'autant plus qu'elles sont basées sur des considérations ethniques. Le Brésil soutient le projet de résolution d'aujourd'hui et souligne que la partie abkhaze doit garantir les conditions nécessaires pour le retour des personnes réfugiées. La prorogation du mandat de la MONUG pour six mois est l'expression de l'espoir de la communautés internationale que la paix peut être réalisée en Georgie et le Brésil soutient cette décision.

M. DANILO TURK (Slovénie) a estimé que la réunion de haut niveau sur la situation en Abkhazie, qui s'est tenue à Genève du 23 au 25 juillet 1998, permet d'espérer qu'il est possible de préserver le dialogue. Les parties devraient agir de bonne foi et redoubler leurs efforts pour poursuivre les entretiens en vue de régler les questions-clés du conflit. Le problème humanitaire et les violations des droits de l'homme continuent de compromettre le processus de paix. La situation des personnes déplacées par les actes de violence commis récemment dans le district de Gali et la destruction massive de maison sont inacceptables. Il ne peut y avoir de règlement viable de la situation en Abkhazie tant que le retour des réfugiés n'est pas garanti. Il

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est crucial que les parties concernées prennent les mesures nécessaires pour permettre à la MONUG de s'acquitter efficacement de son mandat. La Slovénie votera en faveur du projet de résolution.

M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) a salué les efforts de la MONUG, de la Fédération de Russie, du Groupe des amis et de tous les acteurs qui essayent de régler, de manière pacifique, la crise en Georgie. Il déplore la détérioration des conditions de sécurité en Georgie, ce qui a résulté en un nombre important de nouveaux réfugiés. Le bahreïn regrette de constater que les parties ne se sont pas acquittées de leurs engagements vis-à-vis de la communauté internationale et n'ont pas garanti les conditions de sécurité nécessaire pour le personnel international sur le terrain. La délégation invite les deux parties à respecter tous les engagements pris et toutes les résolutions pertinentes du Conseil. Parmi les questions qui doivent être réglées figurent celles des personnes déplacées et des réfugiés pour lesquels les conditions de sécurité doivent être créées. Le Bahreïn est en faveur du projet de résolution d'aujourd'hui.

MME NANCY SODERBERG (Etats-Unis) a condamné fermement les attaques perpétrées contre les forces de la Communauté des Etats indépendants (CEI) en Abkhazie (Géorgie). Sa délégation se déclare profondément préoccupée par la sécurité du personnel de la Mission d'observation des Nations Unies en Géorgie (MONUG). Elle prie instamment les parties à réaffirmer leur engagement pour garantir la protection du personnel de la MONUG et de tout autre personnel de maintien de la paix. Il leur incombe de protéger ce personnel, a souligné Mme Soderberg. A cette fin, les deux parties doivent s'abstenir de toute activité terroriste. Elles doivent également cesser toute violence et harcèlement contre les réfugiés et les personnes déplacées. Tant que les parties manquent à leurs obligations en matière de protection du personnel de la MONUG, il est essentiel que d'autres mesures soient prises, et que la proposition du Secrétaire général visant à créer une unité d'autoprotection soit approuvée et mise en oeuvre.

M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie), a déclaré que son pays, en coopération avec l'ONU, recherche un règlement pacifique de la crise en Géorgie, ce qui suppose, selon lui, un statut politique pour l'Abkhazie. M. Lavrov a exprimé son inquiétude face aux tensions qui persistent dans la région de Gali. Il déplore que les parties n'ont pas respecté leurs engagements. La fédération de Russie exige de la partie abkhaze qu'elle crée les conditions requises pour le retour des réfugiés, sans quoi elle commettrait un acte d'épuration ethnique. Il a noté que les Forces de maintien de la paix de la CEI et la MONUG font l'objet d'actes terroristes et que ces actes doivent cesser. Il appartient à la partie géorgienne de veiller à ce que ces actes cessent. La Russie est d'avis qu'une réunion de haut niveau entre les autorités des deux parties permettrait de dépasser les événements du mois de mai, et la Russie est disposée à activement s'impliquer en ce sens. La Russie est en faveur de la résolution d'aujoud'hui.

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