En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6656

TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU SECRETAIRE GENERAL M. KOFI ANNAN, TENUE AU SIEGE LE 29 JUILLET 1998

29 juillet 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6656


TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU SECRETAIRE GENERAL M. KOFI ANNAN, TENUE AU SIEGE LE 29 JUILLET 1998

19980729 Le Secrétaire général : Bonjour, Mesdames et Messieurs. Nous venons de clore une fructueuse réunion de haut niveau — la troisième — entre l'Organisation des Nations Unies et les organisations régionales, qui a vu la participation active d'un grand nombre d'organisations régionales et de leurs principaux représentants. Vous aurez certainement déjà pris connaissance de la déclaration de clôture que j'ai présentée à la dernière session. Mais je vais maintenant essayer de dégager certains des principaux aspects qui m'ont semblé particulièrement importants.

Lors de cette réunion, nous avons étudié les possibilités de coopération et d'interaction entre l'Organisation des Nations Unies et les organisations régionales dans le domaine de la prévention des conflits. Nous nous sommes notamment penchés sur le défi que pose la prévention des conflits; nous avons vu comment l'ONU et les organisations régionales font pour relever ce défi et nous avons identifié des terrains possibles d'interaction et de coopération dans ce domaine à l'avenir. Nous avons tous le sentiment que le défi que pose la prévention des conflits se trouve au coeur même de notre mission commune.

La nécessité cruciale de développer une culture de la prévention ainsi que des formes spécifiques d'action et d'interaction a été largement reconnue. Nous avons débattu de la façon dont nos organisations peuvent oeuvrer ensemble à une meilleure complémentarité et à des échanges d'expériences dans ce domaine. Nous sommes également convenus que la clef de la prévention des conflits se trouve dans les mains des États Membres et dans l'appui qu'ils apportent aux engagements extérieurs précoces pour désamorcer les conflits et les crises.

Tous les présents ont convenu de la nécessité de se pencher tout particulièrement sur la façon dont on pourrait mettre en place des modalités spécifiques et une coopération plus efficace dans le domaine de la prévention des conflits, de manière pragmatique et réalisable. L'accent a également été mis sur la nécessité de faire suivre cette réunion de mesures concrètes et nous allons avoir avant la fin de l'année une réunion de travail de suivi sur certaines des questions débattues ce matin.

Je suis très heureux de voir l'authentique volonté de coopération qui existe et de pouvoir espérer, à l'avenir, une amélioration des rapports entre l'ONU et les organisations régionales.

Je vais maintenant prendre vos questions.

Question : En ce qui concerne le suivi, quelles mesures spécifiques seront-elles nécessaires pour un suivi fructueux?

Le Secrétaire général : Je pense que ce que nous avons décidé de faire, c'est d'organiser une réunion de travail pour examiner réellement les décisions que nous avons prises et déterminer les prochaines mesures à prendre. Il y a déjà des domaines sur lesquels nous travaillons et sur lesquels nous pouvons continuer à élaborer : l'échange d'informations, par exemple. En salle, nous avons parlé du Kosovo et j'ai demandé entre qui et qui existaient des contacts, quelles informations étaient communiquées et qui communiquait de façon quotidienne avec d'autres. Autrement dit, les choses bougent déjà dans certains domaines. Ce que nous essayons de faire, c'est d'intensifier cette coopération.

Question (interprétation de l'anglais) : Que feriez-vous, ou que feraient les Nations Unies, pour éviter que l'on blâme les Nations Unies d'avoir trop fait ou pas assez fait pour prévenir les conflits ou maintenir la paix? Deuxièmement, il y a trois semaines, nous avons lu le rapport de l'OMS selon lequel ceux qui vont sur le terrain ne sont pas suffisamment préparés. Et hier, le porte-parole a dit que la population civile cette année a pour la première fois dépassé le personnel militaire et de la police civile. L'ONU a- t-elle un rôle à jouer pour éviter de telles tragédies?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je pense que vous avez soulevé une très bonne question. Je répondrai d'abord à la première partie : Que devrait faire l'ONU pour éviter que l'on ne lui reproche un échec : qu'il soit le fait d'une non-intervention ou d'interventions inefficaces. Je ne sais pas depuis combien de temps vous travaillez dans ce bâtiment, mais vous découvrirez très vite que chaque fois qu'une crise apparaît et qu'il faut agir, la question finit par aboutir à l'ONU, au Secrétariat. Je crois que ce qui est important — et je crois que c'est ce que le Conseil de sécurité a commencé à faire — c'est d'examiner les mandats de certaines de ses opérations de maintien de la paix très scrupuleusement. Il faut non seulement examiner soigneusement ces mandats, mais il faut également que l'on nous fournisse les ressources qui nous permettront d'accomplir cette tâche. Nous devons également faire une analyse très approfondie de la nature de la crise et de son évolution éventuelle et surtout évaluer de façon critique les menaces et les facteurs de risque que cela implique. Nous avons connu des situations où certains gouvernements ont hésité à fournir des contingents parce qu'ils craignaient que cela soit trop risqué. Mais les travailleurs humanitaires — le HCR et la Croix-Rouge — sont sur le terrain et font ce qu'ils ont à faire. Et dans certains cas, ils ont même payé le prix suprême.

Outre les instruments et ressources nécessaires, je crois qu'il importe également que l'on fasse comprendre qu'attaquer les soldats de la paix et les

( suivre)

- 3 - SG/SM/6656 29 juillet 1998

travailleurs humanitaires est un crime extrêmement grave et haineux et que la communauté internationale prendra toutes les mesures possibles pour punir les responsables. C'est une question qui a été soulevée à Rome, lors des discussions sur la création d'une cour pénale.

Pour ce qui est des blâmes adressés à l'ONU, on pourrait bien sûr assurer une formation à certains membres du personnel avant qu'ils ne se rendent sur le terrain. On organise actuellement des cours pour préparer ceux qui vont aller sur le terrain. Certains sont dispensés en dehors des organismes à vocation humanitaire; d'autres sont en cours de préparation. En fait, il y a trois semaines, j'ai été invité à présider l'ouverture d'un cours au Hunter College, cours organisé par Kevin Cahill, ancien Commissaire à la santé. Ce cours est organisé avec le concours du Hunter College et de l'Université de Dublin; plusieurs membres du personnel de l'ONU, et en particulier du HCR et d'autres, y ont participé.

Mais j'ai demandé que l'on revoie toute la situation et j'ai l'intention d'en parler au Conseil de sécurité. Il faudra bien entendu faire des évaluations quant aux risques que nous pouvons assumer pour venir en aide. Et, dans certaines situations difficiles, évaluer si les risques valent la peine ou si nous devons revoir toute notre approche. Je suis très préoccupé par le nombre de décès survenus cette année parmi notre personnel.

M. Eckhard (interprétation de l'anglais) : D'autres questions sur la prévention des conflits et les conflits régionaux?

Question (interprétation de l'anglais) : Sous votre direction, l'Organisation des Nations Unies est en train d'être réorganisée. Certaines des organisations régionales, telles que l'OEA, sont en quelque sorte un legs de la guerre mondiale. N'avez-vous pas le sentiment que ces organisations devraient faire comme les Nations Unies, essayer de se réorganiser au lieu de ...?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je ne sais pas quelle est la situation au sein de l'Organisation des États américains, mais certaines organisations sont en train de se livrer à un examen de conscience. Je ne peux qu'être d'accord avec vous quand vous dites qu'il est sain pour les organisations de faire un examen de conscience périodique, afin de voir ce qu'elles font de bien et ce qu'elles font de mal, et de se poser les questions «Que devrions-nous faire? Que devrait être notre préoccupation?» et non quelle est notre préoccupation. Je suis tout à fait d'accord avec vous pour que les organisations fassent périodiquement ce type de remise en question, de restructuration et de réforme afin qu'elles restent efficaces et pertinentes.

M. Eckhard (interprétation de l'anglais) : D'autres questions sur la conférence? Bon, vous êtes libres de poser toutes les questions que vous voulez.

( suivre)

- 4 - SG/SM/6656 29 juillet 1998

Question (interprétation de l'anglais) : En ce qui concerne l'Angola, nous avons reçu ces derniers jours un certain nombre de rapports indiquant que certains voisins de l'Angola seraient prêts à appuyer le Gouvernement militairement dans sa lutte contre l'UNITA. Est-ce que vous pouvez nous dire ce qu'il en est? Est-ce que l'Ambassadeur Brahimi va également se rendre dans les pays voisins de l'Angola pour en quelque sorte essayer de les convaincre de rester en dehors de tout cela?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : J'ai vu certains de ces rapports mais je n'ai pas de confirmation quant à la véracité de ces allégations. Je vais m'entretenir avec certains dirigeants dans la région. M. Brahimi va non seulement rendre visite au Président Dos Santos et au Dr Savimbi, mais il va aussi se rendre dans les pays voisins. Et quand il reviendra, nous referons le point de la situation.

Question (interprétation de l'anglais) : Que pensez-vous du rapport de l'AIEA sur la capacité nucléaire de l'Iraq? Apparemment, l'Iraq et les États- Unis ne sont pas d'accord. Je ne sais pas comment c'est possible, mais qu'en pensez-vous?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Vous êtes surpris, n'est-ce pas? C'est une question dont le Conseil de sécurité va s'occuper et je ne voudrais pas préjuger les décisions du Conseil. Mais je crois qu'il ressort clairement du rapport que bien que l'Iraq n'ait pas été aussi coopératif dans certains domaines comme il aurait été souhaitable qu'il soit, ils ne pensent pas qu'il possède maintenant une capacité nucléaire. Bien que, comme je l'ai indiqué, l'Iraq dispose toujours des compétences nécessaires pour réactiver ses installations dans l'avenir. Mais je m'en remets au Conseil, c'est à lui qu'il appartient de décider.

Question (interprétation de l'anglais) : Craignez-vous qu'il n'y ait une détérioration de l'entente que vous avez conclue si les sanctions ne sont pas levées d'ici octobre à cause de ce rapport?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Il y a eu quelques faits majeurs, comme le VX qui a été trouvé dans le missile; la lettre que le Conseil a reçue de M. Butler concernant les documents qui ne lui ont pas été remis. M. Butler devrait se rendre à Bagdad la semaine prochaine pour avoir un complément d'entretien avec eux. Je pense que nous aurons une meilleure idée de ce qui se passe à son retour. Je pense qu'il faut bien comprendre une chose : l'accord que j'ai conclu avec les autorités iraquiennes n'était pas destiné à régler tous les problèmes et à éliminer tous les conflits existant entre l'UNSCOM et l'Iraq, ou l'ONU et l'Iraq. Il concernait l'accès aux installations. Il s'agissait de supprimer les obstacles qui empêchaient les inspecteurs de faire leur travail et de leur permettre d'avoir accès surtout aux sites présidentiels, ce qui s'est fait et ils ont même pu faire davantage encore. M. Butler lui-même a dit que l'accès ne pose pas de problème. L'accord

( suivre)

- 5 - SG/SM/6656 29 juillet 1998

n'était pas destiné à régler tous les problèmes.

Question (interprétation de l'anglais) : Voilà maintenant un an que vous avez lancé les propositions de réforme de l'Organisation des Nations Unies. Êtes-vous satisfait de la façon dont elles ont été appliquées? Comment jugez- vous la situation actuelle de l'Organisation par rapport à il y a un an?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je crois que nous avons fait des progrès considérables depuis le lancement du processus de réforme et beaucoup de choses ont été réalisées. Il y a des domaines qui sont toujours l'objet de discussions entre États Membres — certaines questions essentielles : «les clauses-couperets», terme que les États Membres, si j'ai bien compris, veulent remplacer par «limitation dans le temps des nouvelles initiatives». Cette question est toujours à l'examen. Nous discutons encore du changement budgétaire : le passage à la budgétisation à base de résultats, qui va prendre du temps. Et bien sûr, nous clôturons nos discussions sur le Sommet du millénaire, qui, je l'espère, se concrétisera.

Mais pour ce qui est des questions de l'efficacité organisationnelle et administrative, je pense que nous avons bien progressé. Et bien entendu, la réforme du Conseil de sécurité préoccupe tout le monde, mais les États Membres devront décider.

Question (interprétation de l'anglais) : En ce qui concerne la gestion des Nations Unies en particulier : Êtes-vous satisfait des progrès dans la gestion de l'ONU?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je pense que nous avons fait des progrès considérables.

Question (interprétation de l'anglais) : Monsieur le Secrétaire général, s'agissant du rapport publié aujourd'hui par le Financial Times sur les allégations contre le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), comment les percevez-vous? Qu'envisagez-vous de faire vu que des pays scandinaves et la Grande-Bretagne ont déjà exprimé de sérieuses préoccupations sur d'éventuelles anomalies financières en termes de confiance à l'égard de Mme Ogata?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Tout d'abord, je n'ai pas reçu le rapport des commissaires aux comptes comme vous l'avez éventuellement su ce matin. Le rapport était fondé essentiellement sur le rapport préliminaire des commissaires aux comptes et en général, ce dernier subit de nombreuses retouches en fonction des réponses et questions posées à l'organisation concernée. J'ai parlé avec Mme Ogata ce matin sur cette question — elle est à New York — et j'ai demandé des informations complémentaires du HCR que j'espère recevoir très bientôt. Ce que je peux dire

( suivre)

- 6 - SG/SM/6656 29 juillet 1998

est que Mme Ogata a fait un excellent travail et a bien dirigé l'organisation dans une période très difficile. Cette organisation a presque doublé depuis lors. Donc j'ai confiance en ce qu'elle a fait et en ce qu'elle essaie de faire pour l'organisation mais j'ai besoin d'examiner les documents et les faits avant d'aborder les détails que vous essayez de me faire développer.

Question (interprétation de l'anglais) : Il s'agissait d'une question à deux volets.

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Nous avons huit questions et neuf minutes; faites-en une seule question.

Question (interprétation de l'anglais) : Il s'agit de votre rencontre d'hier avec le Premier Ministre Guterres du Portugal. La première porte sur le Timor oriental. Il vous a surtout, d'après ce que j'ai compris, demandé d'inciter les Indonésiens à accepter un processus de négociation sans préalable. Jusqu'à présent, ils ont toujours dit qu'ils voulaient que la question de la souveraineté soit réglée avant d'envisager de discuter d'autres points. Êtes-vous prêt à demander aux Indonésiens de le faire?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : D'abord, le Premier Ministre n'a pas fait de demande spécifique; c'est moi qui ait demandé aux parties de faire preuve de souplesse pour que nous puissions avancer et faire des progrès. J'espère que lorsque nous nous rencontrerons la semaine prochaine, ils feront preuve de la souplesse requise pour que nous puissions faire des progrès. Je pense qu'il y a eu un changement dans la position du Gouvernement indonésien et nous verrons ce qui se passera la semaine prochaine.

Question (interprétation de l'anglais) : Est-ce que vous relevez un changement dans la position du Gouvernement portugais?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je ne suis pas mécontent de la position du Gouvernement portugais en cette étape.

Question (interprétation de l'anglais) : Revenons aux organisations régionales. Jusqu'à quel niveau pourriez-vous être d'accord avec le genre de compétition entre elles au sujet du conflit du Kosovo, par exemple? Je pense qu'il s'agit d'une inflation de recettes créées à travers, disons, l'OTAN, l'UEO, l'OSCE et d'autres éventuellement.

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : C'est une question que nous avons discutée de façon franche à la réunion, que nous devons comprendre que chacun d'entre nous a un avantage comparatif et que nous devrons travailler réellement sur une base complémentaire et subsidiaire, et que dans certaines situations, l'avantage peut être au niveau d'une organisation sous-régionale, une organisation régionale ou l'ONU et que nous devrons laisser l'organisation la mieux placée prendre l'initiative. Et je

( suivre)

- 7 - SG/SM/6656 29 juillet 1998

conviens avec vous qu'il faut faire attention aux situations impliquant de multiples médiateurs. Ceci peut créer une confusion.

Le problème n'est pas qu'il y ait de nombreuses organisations agissant face à une crise. Ce qui est important est qu'elles soient coordonnées et échangent des informations et qu'il y ait une répartition des tâches. Le Haut Commissaire pour les réfugiés connaît son rôle sur le terrain, les personnes chargées des droits de l'homme doivent savoir que l'OTAN fait un planning militaire et d'urgence, et que le Groupe de contact s'occupe des négociations. Je peux comprendre pourquoi l'on semble voir plusieurs protagonistes et à la fin l'on se demande qui fait quoi, mais il peut y avoir une logique non visible. C'est ce que je peux vous dire.

Question (interprétation de l'anglais) : Une question rapide sur la Sierra Leone entre la réunion d'aujourd'hui et celle de demain. Il y a eu une opération africaine tout à fait réussie. Le Gouvernement a été rétabli mais maintenant, il y a le problème de la poursuite des abus en matière de droits de l'homme et le terrorisme, surtout des rebelles. Y a-t-il une discussion chez certains de ces groupes — certains ne veulent pas aller au-delà du rétablissement de l'ordre, mais lorsqu'il s'agit d'enrayer le genre de violence qui va créer une autre phase de la guerre civile. De façon générale, où en êtes-vous aujourd'hui en ce qui concerne la Sierra Leone?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je pense que la réunion a traité d'un ajustement structurel qui va consolider la paix et permettra aux gouvernements de mettre en place une autorité basée sur le droit. S'agissant de la Sierra Leone, nous avons quelques problèmes. Il y a toujours des combats; j'ai parlé ce matin au Président et comme vous le savez, les autorités du Nigéria ont renvoyé Foday Sanko en Sierra Leone et j'ai su par le Président qu'à son arrivée, il avait demandé à ses partisans d'arrêter de tuer et de mutiler, qu'il ne leur avait pas demandé d'agir ainsi et que ceci n'était pas dans l'intérêt national. Est-ce que cela tiendra ou non? J'ai également discuté avec le Président de la question des personnes en jugement et de la nécessité d'assurer un procès équitable. Nous espérons que la réunion de demain portera non seulement sur la collecte des fonds pour la démobilisation et la réintégration mais qu'elle ira au-delà, jusqu'à la phase de reconstruction, et préparera le terrain à la communauté internationale pour aider la Sierra Leone à reconstruire sa société et à créer ses institutions.

Mais ce qui me réjouit est que lors de la réunion avec les organisations régionales, cette question a été soulevée ainsi que la nécessité pour nous de bien comprendre l'importance d'ajustements structurels permettant de consolider la paix.

Question (interprétation de l'anglais) : S'agissant de la sécurité du personnel, comme vous l'avez noté, l'ONU a envoyé des travailleurs humanitaires dans des zones où les États Membres refusent d'envoyer des soldats. Prévoyez-vous une situation où l'ONU dirait : «Nous ne pouvons pas

( suivre)

- 8 - SG/SM/6656 29 juillet 1998

envoyer des travailleurs humanitaires dans cette zone quelle que soit la crise, c'est trop dangereux»?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Non, je pense que nous devrions. En fait l'examen que j'ai demandé pourrait nous conduire à nous mettre dans cette situation. En Afghanistan par exemple où la communauté internationale s'est retirée de façon flagrante. Nous avons également réduit nos activités, en gardant uniquement celles de protection de la vie. Mais vous avez soulevé une question; non seulement devrions-nous dire que ceci est trop dangereux, nous n'y allons pas, mais nous devrions également pouvoir dire que la situation est devenue trop dangereuse pour nous pour agir et être efficaces. C'est devenu trop dangereux pour nous de risquer tant de vies et ceci ne justifie pas cet effort. Nous devrions pouvoir faire cela.

Question (interprétation de l'anglais) : Comment percevez-vous l'hésitation de certains pays — dont le mien, la Norvège — à continuer de fournir des contingents aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je pense que vous faites allusion à la décision de la Norvège de réduire ses forces au Sud- Liban : la FINUL? Je pense qu'il y a diverses raisons qui font que des gouvernements ne veulent pas participer à une opération particulière; et les raisons diffèrent. Il peut s'agir du fait que l'on considère que ceci est trop éloigné de nos préoccupations et que nous ne voulons pas y prendre part. Dans d'autres situations, le Gouvernement peut estimer que nous avons consacré tant de temps et de ressources à la crise et nous ne constatons pas de différence, et donc nous allons nous retirer. Pour d'autres, il y a le facteur risque; ils ne veulent pas prendre le risque d'avoir des victimes et il peut y avoir d'autres raisons.

Question (interprétation de l'anglais) : S'agissant de l'Algérie, le panel d'éminentes personnalités est toujours dans le pays, rassemblant des informations et malheureusement, les tueries se poursuivent en Algérie. Que pensez-vous que cette initiative puisse apporter? Quels en seront les résultats?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je ne peux vraiment rien dire avant leur retour...

Le Secrétaire général : Je ne peux pas vous le dire tant qu'ils n'auront pas présenté de rapport. J'espère que le fait qu'ils soient sur place est le début d'une nouvelle ouverture. J'espère qu'en pouvant s'entretenir avec les uns et les autres, se déplacer librement et rendre compte de la situation — et, comme je l'ai dit, je ferai en sorte que leur rapport soit rendu public — ceci va aider la situation en Algérie. Mais je ne peux pas vous parler du contenu du rapport avant qu'ils l'aient achevé et qu'ils me l'aient fait parvenir.

- 9 - SG/SM/6656 29 juillet 1998

Question : Que pensez-vous des élections au Cambodge et en particulier, des accusations de fraude électorale?

Le Secrétaire général : J'ai pris connaissance de ces accusations. Il semble que les observateurs ont dit qu'il y avait des problèmes et des difficultés mais, de manière générale, d'après l'appréciation faite par les observateurs internationaux, ces élections étaient raisonnablement libres et justes.

Question : En ce qui concerne Lockerbie, les chefs des organisations régionales étaient ici — notamment l'Organisation de l'unité africaine et la Ligue des États arabes. Avez-vous pu discuter de l'évolution récente de la situation et en particulier, du fait que les États-Unis et le Royaume-Uni semblent prêts à envisager la possibilité qu'un jugement soit rendu à La Haye et quelles seraient, d'après vous, les formalités d'un tel accord? Allez-vous y participer personnellement et souhaitez-vous que ces suspects soient détenus avant d'être inculpés? Pouvez-vous nous donner quelques détails sur la manière dont vous voyez les choses, compte tenu des derniers événements?

Le Secrétaire général : Tout d'abord, je dois vous avouer que je n'ai pas eu le temps de discuter avec le chef de l'OUA et le représentant de la Ligue des États arabes de cette question. Je les rencontrerai ultérieurement; les journées d'hier et d'aujourd'hui avaient été consacrées aux réunions du groupe et je rencontrerai donc certains d'entre eux ultérieurement.

Deuxièmement, il n'y a pas eu d'entente concrète quant à ce qui va se passer au sujet du procès des deux accusés de Lockerbie. Des discussions sont encore en cours et, lorsque des décisions seront prises ou qu'un accord sera intervenu, à ce moment-là, je déterminerai quel rôle l'ONU doit jouer et ce que le Secrétaire général peut faire en particulier pour faciliter la mise en oeuvre des décisions du Conseil et le déroulement du procès.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.