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FEM/1025

LE COMITE POUR L'ELIMINATION DE LA DISCRIMINATION A L'EGARD DES FEMMES SE FELICITE DU CADRE LEGISLATIF MIS EN PLACE EN FAVEUR DES COREENNES

7 juillet 1998


Communiqué de Presse
FEM/1025


LE COMITE POUR L'ELIMINATION DE LA DISCRIMINATION A L'EGARD DES FEMMES SE FELICITE DU CADRE LEGISLATIF MIS EN PLACE EN FAVEUR DES COREENNES

19980707 Toutefois l'héritage culturel du confucianisme continue à entraver la promotion de la femme en République de Corée

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) a poursuivi cet après-midi l'examen des troisième et quatrième rapports périodiques combinés de la République de Corée qui ont été présentés ce matin par Mme Hoo-jung Yoon, Présidente de la Commission présidentielle des affaires féminines. Les expertes du Comité ont félicité le Gouvernement des nombreuses mesures prises en faveur des femmes. Elles ont toutefois estimé, que dans une société très patriarcale, les femmes ne sont pas toujours conscientes de leurs droits et qu'il faut par conséquent intensifier les efforts d'information et faire des enquêtes qualitatives afin de mieux comprendre comment sont perçus les changements législatifs par les différents groupes de la société. Elles ont également demandé quel est le statut et la fonction de la Commission présidentielle pour les affaires féminines et si cette Commission a la possibilité de présenter des projets de loi. Les expertes souhaiteraient avoir davantage d'informations sur les mesures concrètes prises pour modifier les traditions discriminatoires à l'égard des femmes et pour sensibiliser la population aux questions de parité.

Répondant aux remarques des expertes, Mme Chang Sung-Ja, Directrice générale pour la planification et la coordination des politiques à la Commission présidentielle pour les affaires féminines, a assuré que la Corée s'est engagée dans la lutte contre les stéreotypes qui sont ancrés dans la culture.

Le Comité se réunira demain matin, à 10 heures, pour examiner les troisième et quatrième rapports périodiques de la Nouvelle-Zélande.

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Examen des troisième et quatrième rapports de la République de Corée

Questions des expertes aux représentantes de l'Etat partie

Mme SALMA KHAN, experte du Bangladesh, a déclaré que la République de Corée a accompli de grands progrès, notamment dans le domaine juridique. Un nombre important de lois sur la parité entre les hommes et les femmes ont été adoptées. La culture coréenne place l'homme dans une position de supériorité. Dans quelle mesure les actions entreprises pour promouvoir les femmes aident- elles vraiment les femmes coréennes? Toutes les femmes peuvent-elles aisément avoir accès à l'avortement? Il y a un grand éventail des traitements des femmes dans le milieu du travail. Comment en pratique les petites entreprises utilisent-elle la protection offerte par la loi aux femmes coréennes chefs d'entreprises? Pourquoi, malgré la loi sur l'égalité des chances dans l'emploi, la République de Corée n'a-t-elle pas ratifié la Convention 111 de l'Organisation internationale du travail?

Mme SUNARYATI HARTONO, experte de l'Indonésie, a félicité la Corée pour les acquis admirables, en particulier dans le domaine juridique, ainsi que dans d'autres domaines pratiques tels que la création d'une Commission présidentielle pour les affaires féminines. Elle a demandé à savoir pourquoi la personne étant à la tête de cette Commission a un rang de Ministre alors qu'il n'existe pas de Ministère de la femme. Mme Hartono s'est également félicitée des mesures prises pour développer les droits de la femme au sein de la famille.

Mme CHIKAKO TAYA, experte du Japon, a été frappée par le fait que les congés de maternité et de paternité sont encore accordés difficilement. Elle pense qu'un confucianisme profondément enraciné dans la société peut constituer un obstacle à l'amélioration de la condition des femmes. A cet effet Mme Taya souhaite savoir si les efforts déployés par le Gouvernement contribuent-ils à modifier cette vision traditionaliste du rôle des femmes. Mme Taya a félicité le Gouvernement de la République de Corée pour avoir réussi à augmenter la représentation des femmes dans la fonction publique à 30 ou 40%.

Mme ANTOIA GUVAVA, experte du Zimbabwe, a félicité le Gouvernement coréen pour avoir promulgué une législation qui contribue grandement à améliorer la situation des femmes. Elle souhaite savoir si les femmes sont vraiment à même de se tourner vers les institutions publiques pour obtenir une assistance et une aide financière, et notamment s'il existe des structures judiciaires pour prendre en charge ces démarches. En ce qui concerne la loi sur la nationalité qui a été modifiée, Mme Guvava souhaite savoir si cette loi s'applique aussi aux femmes coréennes épousant un étranger.

Mme AHOUA OUEDRAOGO, experte du Burkina Faso, a félicité le Gouvernement de la Corée pour les progrès réalisés depuis le deuxième rapport en particulier dans les domaines de la santé et de l'éducation. Mme Ouedraogo a déclaré que dans une société en transition, et surtout lorsqu'elle est très

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patriarcale, les femmes ne sont pas toujours consciente de leurs doits et qu'il faut donc intensifier les efforts en ce sens à travers des campagnes d'information et mener des enquêtes afin de mieux comprendre comment sont vécus ces changements par les différents groupes sociaux (femmes, jeunes, hommes...). Les résultats de ces enquêtes permettront d'adapter les programmes nationaux pour la promotion de la femme afin de leur assurer un plus grand succès. En ce qui concerne les femmes rurales, Mme Ouedraogo déplore qu'il n'y ait pas assez de statistiques précises. Malgré la réussite des programmes coréens en faveur des femmes rurales, Mme Ouedraogo considère que ce que le Gouvernement propose aux femmes est trop classique et estime qu'à l'avenir il faut encourager l'entreprenariat féminin afin de créer un modèle, ce qui induira rapidement des changements.

Mme IVANKA CORTI, experte d'Italie, a estimé que les progrès réels accomplis en Corée en matière de promotion de la femme, témoignent de la volonté politique du Gouvernement et des institutions qui veulent vraiment donner aux femmes de Corée la place qu'elle méritent dans la société. Elle a noté le rôle important des ONG nombreuses en Corée. Mme Corti a également exprimé sa satisfaction quant à l'ampleur de la diffusion de la Convention à tous les niveaux. Par ailleurs, elle considère que l'accent particulier qui a été mis sur l'éducation est très louable. L'experte a demandé quel est le statut et la fonction de la Commission présidentielle et si cette Commission a la possibilité de présenter des projets de loi. En outre, elle souhaiterait savoir quelles sont les ressources de cette Commission et comment sont elles utilisées? Mme Corti a l'impression, que malgré les efforts accomplis, la culture confucianiste fait obstacle à la volonté politique en ce qui concerne l'accès et l'égalité des femmes dans l'emploi. Compte tenu de la crise économique que traverse la Corée, Mme Corti souhaiterait avoir des informations relatives aux mesures envisagées par l'Etat pour défendre et protéger les femmes dans la vie professionnelle. Pour ce qui est du congé parental, la Corée a réussi a inclure l'époux. Mme Corti souhaite savoir combien d'époux ont bénéficié de ce type de congé. Il apparaît que les syndicats occupent une place importante, cependant le rapport ne mentionne pas quel rôle ils jouent en matière de protection des droits des travailleuses. Mme Corti a déclaré qu'il existe toujours un écart entre la volonté politique et la nouvelle législation d'une part et la réalité des femmes d'autre part, et il serait important que le prochain rapport fournisse un peu plus d'informations dans ce cadre.

Mme AYSE FERIDE ACAR, experte de la Turquie, a fait remarquer que les statistiques sur l'éducation sont impressionnantes. Il faudrait savoir ce que ces femmes très instruites font dans la vie active. Des mesures significatives ont été prises pour que les femmes assument des responsabilités et participent aux prises de décisions. Il faut développer une culture d'égalité entre les sexes. Il est nécessaire de remédier à la sous- représentation des femmes en politique et dans la justice. Le quota de 30% dont il est question doit être appliqué par les partis politiques. Le Gouvernement a-t-il à sa disposition des moyens pour faire en sorte que le système de quotas soit respecté? Y a-t-il des projets pour améliorer la

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participation des femmes dans le domaine judiciaire? Mme AIDA GONZALEZ MARTINEZ, experte du Mexique, a regretté qu'il n'y ait pas eu davantage d'informations sur les mesures concrètes prises pour modifier les traditions discriminatoires à l'égard des femmes. L'on ne sait pas par quelles voies on va sensibiliser la population aux questions de parité entre les hommes et les femmes. La représentante a demandé des informations plus claires sur les mesures qui ont été prises pour combattre la violence domestique dont sont victimes les femmes.

Mme EMMA AOUIJ, experte de la Tunisie, s'est félicitée de la création de la Commission présidentielle pour défendre le droit des femmes et de la promulgation de lois qui permettent à la femme coréenne d'être protégée. L'intégration de la promotion de la femme dans la politique nationale est fondamentale. Le secteur public doit être le modèle du recrutement des femmes. Il est de ce fait important que les femmes soient mieux représentées dans le secteur public ainsi que dans le corps de la magistrature. La crise économique ne doit pas diminuer les efforts faits par le Gouvernement pour promouvoir les femmes. Mme DESIREE PATRICIA BERNARD, experte du Guyana, s'est félicitée pour les efforts faits par la République de Corée. Mme HANNA BEATE SCHOPP-SCHILLING, experte de l'Allemagne, a espéré que les ajustements structurels ne seront pas un obstacle à la promotion des femmes. Elle a demandé des précisions au sujet de la protection de la maternité.

Mme LIN SHANGZHEN, experte de la Chine, a souligné que le Comité constate les efforts et la bonne volonté déployés par le Gouvernement coréen dans les domaines législatifs, de santé, et de l'éducation. Elle aurait souhaité avoir des informations sur les raisons du maintien de la réserves du Gouvernement coréen sur l'article 15 de la Convention. Mme Shangzhen pense qu'il est important de prêter davantage attention aux traditions profondément enracinées dans la culture du pays, et elle voudrait savoir quels programmes sont mis en oeuvre pour sensibiliser l'opinion publique à la notion d'égalité des sexes afin de se débarrasser progressivement de ces obstacles culturels.

Mme AURORA JAVATE DE DIOS, experte des Philippines, se félicite de la décision du Gouvernement coréen, suite à l'amendement apporté à la loi sur la nationalité, de retirer sa réserve sur l'article 9 de la Convention. Elle est très impressionnée par les progrès réalisés en matière d'éducation, ainsi que par l'efficacité avec laquelle le Gouvernement a introduit des amendements législatifs importants en faveur de la femme et a mis en place un mécanisme national. Mme Javate de Dios aimerait connaître l'impact de certains programmes qui visent à sensibiliser la population à la notion de parité entre les sexes et à lutter contre les comportement socio-culturels discriminatoires à l'égard des femmes. Pour ce qui est de la violence contre les femmes, elle a pris note des mesures législatives mais souhaiterait voir des études sur les effets réels de cette législation.

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Mme SILVIA ROSE CARTWRIGHT, experte de la Nouvelle-Zélande, a félicité le Gouvernement coréen pour les améliorations législatives qui ont été réalisées depuis la présentation du deuxième rapport. Elle se félicite également du fait que les réserves à l'article 9 ont été levées.

Mme CHARLOTTE ABAKA, experte du Ghana, a déclaré que beaucoup de pays en développement veulent attirer les investisseurs étrangers, notamment dans le secteur du textile qui se caractérise par une main-d'oeuvre féminine importante qui est souvent sous-payée et victime de harcèlement sexuel. Compte tenu du fait que la Corée est passée par cette étape, Mme Abaka souhaite savoir comment elle a fait face à ces problèmes.

Réponses de la représentante de l'Etat partie

Mme CHANG SUNG-JA, Directrice générale de la planification des politiques et de la coordination à la Commission présidentielle pour les affaires féminines, a déclaré que le soutien du Comité aux efforts de la Corée est très encourageant et stimulant et qu'elle regrette de ne pas pouvoir répondre en détail à toutes les questions et suggestions de la part des expertes, mais s'engage à le faire dans le prochain rapport. Répondant aux questions relatives aux mécanismes nationaux, Mme Sung-Ja a répondu que les organisations féminines ont exprimé le souhait d'avoir des mécanismes nationaux plus forts et que le Gouvernement s'oriente dans ce sens. En ce qui concerne la faible représentation des femmes dans le secteur judiciaire, Mme Sung-Ja a déclaré que beaucoup de femmes s'orientent actuellement dans cette voie. Elle a également précisé que la Corée s'est engagée dans la lutte contre les stéréotypes discriminatoires à l'égard des femmes qui sont ancrés dans la culture. Tous les six ans les programmes scolaires sont révisés en accordant de plus en plus d'importance aux questions d'égalité entre les sexes et pour changer l'attitude des hommes, et notamment des fonctionnaires, il existe actuellement 45 centres de formation nationaux. le Gouvernement déploie des efforts pour protéger les femmes du chômage et notamment pour pénaliser les entreprises qui licencient sur la base du sexe.

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