LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE JUSQU'AU 15 AOUT 1998 LE MANDAT DE LA MISSION EN ANGOLA ET OBSERVE UNE MINUTE DE SILENCE A LA MEMOIRE DE ALIOUNE BLONDIN BEYE
Communiqué de Presse
CS/943
LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE JUSQU'AU 15 AOUT 1998 LE MANDAT DE LA MISSION EN ANGOLA ET OBSERVE UNE MINUTE DE SILENCE A LA MEMOIRE DE ALIOUNE BLONDIN BEYE
19980629 Examinant la situation en Angola, le Conseil de sécurité a adopté ce soir à l'unanimité la résolution 1180 (1998) aux termes de laquelle il décide de proroger le mandat de la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) jusqu'au 15 août 1998. Le Conseil, se déclarant préoccupé par la situation critique dans laquelle le processus de paix se trouve du fait que l'UNITA ait failli à ses obligations et par la détérioration de la situation sur le plan de la sécurité résultant de la réoccupation par l'UNITA de localités où l'administration de l'Etat avait été établie, exige que le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, et surtout l'UNITA, coopèrent pleinement avec la MONUA en lui donnant toute latitude pour mener ses activités de vérification, y compris la démilitarisation intégrale de l'UNITA. Il demande à nouveau au Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale de notifier ses mouvements de troupes à la MONUA dans les meilleurs délais et, surtout à l'UNITA, de s'abstenir de poser de nouvelles mines. Le Conseil demande à nouveau au Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, et surtout à l'UNITA, de garantir inconditionnellement la sécurité et la liberté de circulation de tout le personnel des Nations Unies et des autres personnels internationaux.Avant l'adoption de la résolution, le Conseil de sécurité a observé une minute de silence à la mémoire de Alioune Blondin Beye, Représentant spécial du Secrétaire général en Angola, décédé avec sept de ses collègues, à la suite d'un accident d'avion survenu samedi 27 juin en Côte d'Ivoire. La Vice- Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Louise Fréchette, le Ministre des affaires étrangères du Portugal, M. Jaime Gama ainsi que les représentants de l'Angola et du Mali ont pris la parole.
( suivre)
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Texte du projet de résolution S/1998/577
Le Conseil de sécurité,
Réaffirmant sa résolution 696 (1991) du 30 mai 1991 et toutes ses résolutions ultérieures sur la question, en particulier les résolutions 1173 (1998) du 12 juin 1998 et 1176 (1998) du 24 juin 1998,
Réaffirmant sa volonté résolue de préserver l'unité, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Angola,
Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 17 juin 1998 (S/1998/524),
Se déclarant extrêmement préoccupé par la situation critique dans laquelle le processus de paix se trouve du fait que l'União Nacional para a Independência Total de Angola (UNITA) ait failli aux obligations qui lui incombent en vertu des "Acordos de Paz" (S/22609, annexe) et du Protocole de Lusaka (S/1994/1441, annexe), ainsi que de ses propres résolutions pertinentes, notamment à l'obligation qui lui est faite de coopérer pleinement et sans conditions à l'extension immédiate de l'administration de l'État à tout le territoire national,
Se déclarant gravement préoccupé par la détérioration de la situation sur le plan de la sécurité en Angola résultant de la réoccupation par l'UNITA de localités où l'administration de l'État avait récemment été établie, des attaques lancées par des éléments armés de l'UNITA, de nouvelles activités de pose de mines et d'actes de banditisme,
Constatant avec une profonde préoccupation que des abus graves ont été commis par certains éléments de la Police nationale angolaise, et soulignant qu'il importe de renforcer l'état de droit, notamment d'assurer la pleine et entière protection de tous les citoyens sur l'ensemble du territoire national,
Considérant le rôle important que joue la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) à ce stade critique du processus de paix,
1. Accueille avec satisfaction les recommandations formulées par le Secrétaire général au paragraphe 44 de son rapport du 17 juin 1998, et décide de proroger le mandat de la MONUA jusqu'au 15 août 1998;
2. Décide également que le retrait de la composante militaire de la MONUA reprendra conformément au paragraphe 9 de la résolution 1164 (1998) du 29 avril 1998 dès que la situation le permettra;
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3. Prie le Secrétaire général d'envisager à nouveau la possibilité de déployer les observateurs de police civile supplémentaires dont l'adjonction a été autorisée en application du paragraphe 10 de la résolution 1164 (1998), en tenant compte de la situation sur le terrain et des progrès du processus de paix;
4. Prie le Secrétaire général de lui présenter un rapport, selon qu'il conviendra, mais en tout cas le 7 août 1998 au plus tard, avec ses recommandations concernant les opérations des Nations Unies en Angola, compte étant tenu de la nécessité d'assurer la sécurité et la liberté de circulation du personnel de la MONUA, ainsi que de l'état d'avancement du processus de paix;
5. Exige à nouveau que l'UNITA mette fin immédiatement aux attaques lancées par ses membres contre le personnel de la MONUA, le personnel international, les autorités du Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, y compris la police, et la population civile, et demande à nouveau au Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, et surtout à l'UNITA, de garantir inconditionnellement la sécurité et la liberté de circulation de tout le personnel des Nations Unies et des autres personnels internationaux;
6. Exige que le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, et surtout l'UNITA, coopèrent pleinement avec la MONUA en lui donnant toute latitude pour mener ses activités de vérification, y compris la vérification de la démilitarisation intégrale de l'UNITA, et demande à nouveau au Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale de notifier ses mouvements de troupes à la MONUA dans les meilleurs délais, conformément aux dispositions du Protocole de Lusaka et aux procédures établies;
7. Demande au Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, et surtout à l'UNITA, de s'abstenir de poser de nouvelles mines;
8. Sait gré au Secrétaire général, à son Représentant spécial et au personnel de la MONUA d'aider le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale et l'UNITA à mettre en oeuvre le processus de paix;
9. Décide de demeurer activement saisi de la question.
Rapport du Secrétaire général sur la mission d'observation des Nations Unies en Angola (S/1998/524)
Le rapport présenté en application du paragraphe 12 de la résolution 1164 (1998) du Conseil de sécurité, en date du 29 avril 1998, stipule que malgré les efforts considérables déployés par le Représentant spécial du Secrétaire général en Angola, M. Alioune Blondin Beye, aucun progrès n'a été réalisé au cours de la période considérée dans l'exécution des principales tâches qui restent à accomplir en application du protocole de Lusaka (S/1994/1441, annexe). Ces tâches consistent particulièrement en la normalisation de l'administration de l'Etat sur tout le territoire national, notamment dans les 4 zones stratégiques d'Andulo, Bailundo, Mungo et N'Harea,
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qui sont contrôlées par l'UNITA. Selon le calendrier arrêté d'un commun accord le 6 mars 1998 par le gouvernement et l'UNITA, l'Etat devait exercer son autorité dans 8 localités, y compris les 4 susmentionnées le 1er avril 1998 au plus tard. Mais, après une lettre adressée par le dirigeant de l'UNITA, M. Jonas Savimbi, au Président angolais, M. Jose Eduardo dos Santos, demandant la tenue dans ces localités de nouvelles consultations sur le processus de normalisation, l'UNITA a fait valoir qu'il faudrait davantage de temps pour étendre l'administration de l'Etat à ces localités afin qu'elle puisse mener une campagne de sensibilisation auprès de ses militants.
Le Représentant spécial du Secrétaire général, poursuit le rapport, s'efforçant de remettre le processus de paix sur les rails, a présenté le 15 mai 1998 au Gouvernement et à l'UNITA un "plan de règlement de la crise" visant à surmonter l'impasse actuelle. Ce plan, approuvé par les deux parties, ainsi que par les Etats observateurs le 19 mai, prévoyait la normalisation totale de l'administration de l'Etat au 31 mai 1998 dans les 4 localités.
Aspects militaires et conditions de sécurité
Les attaques armées lancées contre des villages, des représentants des administrations locales ainsi que contre le personnel des Nations Unies et autres personnels internationaux, sont pratiquement devenues une constante dans les rapports reçus de la MONUA. Les actes de banditisme, les opérations de minage, et les mouvements de troupes se sont également multipliés. Les incidents récents ont fait de nombreux morts, causé des dégâts matériels et entraîné le déplacement de milliers de civils. Des organisations non gouvernementales à but humanitaire ont été attaquées, et en ce qui concerne la MONUA, ses antennes ont été directement visées au cours de plusieurs attaques lancées récemment, particulièrement dans les localités de N'Gove, Chicuma et Cabinda. Dans certaines localités où sont stationnés des personnels des Nations Unies, la situation sur le plan de la sécurité est devenue extrêmement précaire.
Des éléments de l'UNITA ont parfois cherché à occuper de nouveau des petites villes et des localités stratégiques, notamment dans les provinces de Lunda Norte et Lunda Sul, Benguela et Huila, en invoquant souvent comme prétexte les actions répressives de la Police nationale angolaise à l'encontre des responsables locaux de l'UNITA, poursuit le rapport du Secrétaire général.
Concernant le rapatriement du personnel militaire de l'ONU, il a repris, comme le Conseil de sécurité le demandait au paragraphe 9 de sa résolution 1164 (1998) du 29 avril. Etant donné les conditions de sécurité précaires existant dans le pays, le Secrétaire général stipule qu'il a décidé d'ajourner jusqu'à la fin du mois de juin le retrait des unités constituées. La possibilité d'adapter la concept d'opérations à la situation nouvelle est également à l'étude.
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Aspects relatifs à la police civile
Les observateurs de la composante Police civile de la MONUA (CIVPOL), se sont assurés de la neutralité de la Police nationale angolaise et, avec le concours de la composante Droits de l'homme de la MONUA, ont procédé à des enquêtes sur les violations des droits de l'homme et visité des prisons et des centres de détention. Des patrouilles ont été fréquemment organisées pour tenter de vérifier les conditions de libre circulation des biens et des personnes. Sur le plan du désarmement de la population, malgré les déclarations du gouvernement, qui affirme procéder actuellement à une opération de désarmement, sa coopération avec la MONUA reste insuffisante. La MONUA n'est pas toujours mise au courant des opérations de désarmement, qui semblent concerner essentiellement les zones autrefois contrôlées par l'UNITA.
Aspects relatifs aux droits de l'homme
Les récentes opérations militaires lancées par des éléments de l'UNITA ont entraîné une détérioration considérable du climat des droits de l'homme dans le pays. dans le même temps, des éléments de la Police nationale angolaise ont continué de commettre de sérieuses violations des droits de l'homme, plus spécialement dans les zones où l'administration de l'Etat est d'implantation récente, et à l'occasion d'opérations de désarmement de la population civile. Ces violations comportent des cas d'exécutions extrajudiciaires, de torture, de viol, d'arrestations et de détentions arbitraires.
Le système judiciaire continue de souffrir d'une pénurie aiguë de ressources humaines et matérielles, qui conduit à de flagrantes violations des droits des détenus. Un objectif prioritaire de la composante Droits de l'homme de la MONUA consiste donc à développer avec le concours du Gouvernement et des organismes des Nations Unies son programme d'assistance pour le renforcement des institutions judiciaires angolaises.
Aspects humanitaires
Du fait de la dégradation de la situation humanitaire dans plusieurs provinces, les organismes des Nations Unies et les ONG dressent actuellement un bilan de leurs moyens de réaction rapide, au moment même où ils se trouvent confrontés à de graves difficultés financières. De plus, il faut d'urgence mobiliser des ressources pour les activités du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (11 millions de dollars), l'Organisation internationale pour les migrations (3,4 millions de dollars), et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (2,6 millions de dollars). S'ils n'ont pas de ressources supplémentaires d'ici à la fin 1998, ces organismes devront réduire de façon radicale leurs activités dans le pays.
Concernant la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants, l'ONU a engagé des discussions avec le gouvernement angolais en faveur des militaires invalides des forces armées angolaises. D'après les plans actuels, ce groupe vulnérable aura accès à des projets de réinsertion lancés dans le cadre du Programme gouvernemental national de démobilisation et de réinsertion
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en faveur des ex-militaires et à une pension versée par le Gouvernement. Sur le chapitre du déminage, le rapport stipule qu'en ce qui concerne le repérage et l'enlèvement des mines, les résultats ont été limités, vu la superficie du pays, les problèmes de sécurité, l'ampleur de la tâche à accomplir et la pénurie de ressources humaines et financières. Le projet du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), réalisé avec l'aide de l'Institut national angolais pour l'enlèvement des engins explosifs, se poursuit; il s'agit de dresser des cartes, une fois les champs de mines repérés, afin de faciliter les opérations futures de repérage et d'enlèvement des engins.
Observations et recommandations
Le Secrétaire général partage la préoccupation très grave qu'éprouve la communauté internationale après les déclarations qu'aurait faites récemment M. Savimbi. Le dirigeant de l'UNITA aurait le 6 juin, déclaré que l'imposition de nouvelles sanctions serait considérée comme une attaque contre l'UNITA et que celle-ci devrait être prête à riposter.
Le Secrétaire général espère que l'adoption de la résolution 1173 (1998) par le Conseil, le 12 juin 1998, encouragera les dirigeants de l'UNITA à prendre les dernières mesures décisives que requiert l'achèvement du processus de paix, et à honorer les engagements qu'ils ont librement pris en novembre 1994. Le Secrétaire général s'associe à l'appel lancé par le Conseil de sécurité à l'UNITA pour qu'elle coopère avec l'ONU à l'extension immédiate de l'administration de l'Etat à tout le territoire national, et il est très préoccupé par le fait que l'UNITA ait conservé des troupes importantes.
Le Secrétaire général recommande que le mandat de la MONUA soit prorogé de deux mois, jusqu'au 31 août 1998, et que ses effectifs soient maintenus à leur niveau actuel, ceci, si les conditions stipulées par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1173 (1998) sont dûment satisfaites. En revanche, s'il devient évident que la volonté politique de mener à terme le processus dans les meilleurs délais fait défaut, Le Secrétaire général, M. Kofi Annan, compte reprendre les opérations de retrait du personnel militaire des Nations Unies conformément à la résolution 1164 (1998) du 29 avril 1998, et cesser de déployer en Angola les observateurs de police supplémentaires dont la présence avait pour objet de renforcer la confiance entre les parties et de soutenir le déploiement de la MONUA dans l'ensemble du pays.
Déclarations
Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a déclaré que Maître Beye et sept autres collègues ont payé le prix le plus qui qu'il soit pour la paix. Le Conseil doit prier pour que leur mission de paix n'ait pas été vaine. Maître Beye, a souligné Mme Fréchette, a été un homme dévoué à sa mission. Il a littéralement donné à cette mission tout son temps, passant parfois sept heures d'affilée en négociation avec les parties. Il y aura toujours certaines personnes pour dire que la Mission ne faisait pas suffisamment de progrès, et que l'application du Protocole de Lusaka aurait dû être totalement terminée aujourd'hui. Certains diront que la Mission n'accomplit pas suffisamment de progrès. Mais Maître Beye rappelait que
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lorsque le processus a commencé, la guerre fauchait 1 000 vies par jour. L'héritage de Maître Beye restera vivace en Angola. Personne ne peut le remplacer mais son oeuvre doit être poursuivie. Il ne pourrait y avoir d'issue plus appropriée de sa vie que la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka, la réalisation de son rêve de réconciliation en Angola. Les souffrances ont assez duré. Il faut aujourd'hui que les parties se joignent à nous dans cette grande prière de l'humanité pour la paix.
M. JAIME GAMA, Ministre des affaires étrangères du Portugal, a présenté au nom des membres Conseil de sécurité, ses condoléances aux familles de Maître Beye et de sept autres de ses collègues. Les membres du Conseil adressent leurs sincères condoléances aux gouvernements concernés. Depuis plusieurs années, le Conseil s'inspire des sages conseils de Maître Beye en ce qui concerne le processus de paix en Angola. Le Conseil espère que les efforts de ce fils de l'Afrique ne resteront pas vains.
M. AFONSO VAN DUNEM MBINDA (Angola) a exprimé sa profonde tristesse à la suite du décès de Maître Beye. Cet événement s'est produit alors que le processus de paix connaît une phase cruciale. Cette perte est irréparable. Le dévouement de Maître Beye en faveur de la paix s'est encore manifesté lorsqu'il est allé cherché en Afrique un appui au processus de paix en Angola. Au cours des cinq ans qu'il a passés en Angola, il est devenu un ami de l'Angola et des Angolais. Son décès est une grande perte pour le pays mais aussi pour la communauté internationale toute entière.
M. MOCTAR OUANE (Mali) a remercié le Conseil de sécurité pour la minute qu'il a observée à la mémoire d'un homme qui d'abord constitue la fierté du peuple malien. Le Mali tout entier ressent cette perte. L'Afrique et le monde entier la ressentiront aussi. La mission à laquelle il se consacrait n'est pas achevée. Le Mali souhaite que l'oeuvre de Maître Beye s'accomplisse. Le Mali présente également ses condoléances à l'Angola car Maître Beye a su faire de ce pays sa nation.
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