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FEM/1011

LES EXPERTES DU COMITE CONTRE LA DISCRIMINATION A L'EGARD DES FEMMES S'INQUIETENT DE LA PERSISTANCE DES STEREOTYPES EN SLOVAQUIE

23 juin 1998


Communiqué de Presse
FEM/1011


LES EXPERTES DU COMITE CONTRE LA DISCRIMINATION A L'EGARD DES FEMMES S'INQUIETENT DE LA PERSISTANCE DES STEREOTYPES EN SLOVAQUIE

19980623 Elles insistent sur la nécessité de promouvoir la participation des femmes à la vie politique en vue de consolider la démocratie

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes s'est réuni cet après-midi pour poursuivre l'examen du rapport initial de la Slovaquie. Les expertes du Comité ont continué à poser des questions sur le rapport de l'Etat partie qui a été présenté ce matin par Mme Milica Suchánková, Secrétaire d'état du Ministère du travail, des affaires sociales et de la famille de la République de Slovaquie.

Dans leurs questions à l'Etat partie, les expertes ont demandé des précisions en ce qui concerne la modification des schémas de comportement socio-culturels, l'exploitation de la prostitution des femmes, l'égalité des femmes dans la vie politique et publique au niveau national, dans l'éducation, le travail et au sein de la famille. Plusieurs expertes ont regretté que l'enseignement de certaines disciplines continuent à être réservé aux filles, ce qui prouve que les stéréotypes persistent. Les expertes ont également souligné la faible participation des femmes slovaques à la vie publique. Dans un pays comme la Slovaquie qui cherche à consolider sa démocratie, une participation active de toute population à la prise de décision dans le domaine politique est indispensable. La démocratie ne peut être réalisée si plus de la moitié de la population est mise à l'écart de ce processus. En matière d'emploi, elles ont relevé des inégalités en matière de salaire et de retraite.

La représentante de la Slovaquie répondra aux questions posées par les expertes au cours de la réunion du Comité du lundi 29 juin 1998.

Le Comité se réunira demain matin, à 10 heures 30, afin d'entamer l'examen du rapport initial de l'Afrique du Sud.

EXAMEN DU RAPPORT INITIAL DE LA SLOVAQUIE

Questions de expertes

Concernant l'article 5 de la Convention qui porte sur la modification des schémas de comportement socio-culturel, en vue de l'élimination de stéréotypes fondés sur l'idée de l'infériorité de l'un ou l'autre sexe, Mme YOLANDA FERRER GOMEZ, experte de Cuba, a demandé ce qui est fait pour transformer les traditions culturelles discriminatoires et notamment pour changer l'image de la femme véhiculées par organes d'information et dans les manuels scolaires. Rappelant que selon le rapport il persiste de nombreux préjugés à l'égard des femmes en Slovaquie et que la maternité est considérée comme la condition la plus digne de la femme, Mme Ferrer souhaiterait savoir si un travail a été fait en vue de changer l'image de la paternité.

Mme SALMA KHAN, experte du Bangladesh, aimerait savoir quelle est l'influence d'un programme scolaire reconnu sexiste sur la perception des rôles des femmes dans le pays.

En ce qui concerne l'article 6 de la Convention qui porte sur l'obligation de supprimer l'exploitation de la prostitution, Mme AURORA JAVATE DE DIOS, experte des Philippines, a rappelé l'importance de cet article en raison de la pratique historique de la traite des femmes. A la lumière de la situation actuelle, du développement des moyens d'information et des activités transfrontières, il est important de remettre l'accent sur le trafic des femmes. Dans le rapport de la Slovaquie il ressort que le proxénétisme est réprimandable sous condition, et les statistiques laissent entendre que la prostitution n'existe pas en Slovaquie ou constitue un problème mineur. Cela pourrait cependant également traduire le fait que la législation en la matière n'est pas appliquée de manière efficace. Le gouvernement slovaque a-t-il procédé à des études pour évaluer l'ampleur réelle de la prostitution en Slovaquie, et les causes qui expliqueraient son accroissement? L'experte a souhaité que dans le prochain rapport il y ait plus de détails sur la coopération de la Slovaquie avec des instances internationales sur cette question. Par ailleurs elle a demandé si il y avait des programmes d'intégration sociale des femmes se livrant à la prostitution.

Mme SALMA KHAN, experte du Bangladesh, a demandé des éclaircissements sur les problèmes liés à la violence domestique en Slovaquie et notamment les actions prévues par le Gouvernement slovaque afin d'intégrer cette notion de manière spécifique dans sa législation, et de créer des foyers d'accueil pour les femmes battues. La violence domestique n'est pas selon elle abordée spécifiquement dans le Code pénal actuellement en vigueur.

Pour ce qui est de l'article 7 qui porte sur l'égalité des femmes dans la vie politique et publique au niveau national, Mme IVANKA CORTI, experte d'Italie, a exprimé sa surprise de voir que l'on accorde très peu d'attention à cet article alors que les statistiques qui figurent dans le rapport traduisent une très faible participation des femmes à la vie politique en

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Slovaquie. Dans un pays comme la Slovaquie qui cherche à consolider une démocratie, il faut tenir compte du fait que la démocratie repose sur une participation active de la population à la prise de décision dans le domaine politique. Il est impossible de réaliser cette démocratie si plus de la moitié de la population est mise à l'écart de ce processus. Le rapport ne mentionne pas les efforts entrepris par le gouvernement pour encourager la participation des femmes à la vie politique, ni comment les partis politiques abordent la problématique des femmes. Mme Corti a demandé comment les partis sont organisés, quel est le système électoral en Slovaquie, s'il y a des quotas réservés aux femmes, ou des mesures spéciales temporaires en ce sens. Par ailleurs, Mme Corti souhaite avoir des informations sur le rôle des femmes qui ont participé à la vie politique et qui occupent des fonctions municipales. Elle a rappelé que, dans tous les parlements démocratiques, les femmes prennent des décisions pour éliminer la discrimination à l'égard des femmes dans la vie politiques et pour mieux faire connaître la Convention. Qu'en est-il en Slovaquie?

Mme YUNG-CHUNG KIM, experte de la République de Corée, est préoccupée par les contrastes des chiffres de l'annexe VIII du rapport sur les femmes employées dans le système judiciaire. Selon ces chiffres, le pourcentage des de juges de sexe féminin est très élevé. Cette situation lui semble unique, alors que parallèlement le pourcentage d'avocates est faible. Elle souhaiterait avoir des explications à ce sujet. Mme Kim a demandé si, le fait d'avoir plus de la moitié des juges du sexe féminin, avait bénéficié à la situation des femmes en Slovaquie?

Au sujet de l'article 10 concernant l'égalité dans l'éducation, Mme ANNE LISE RYEL, experte de la Norvège, a demandé des précisions au sujet des disciplines qui sont réservées aux filles. Mme YUNG-CHUNG KIM a demandé s'il y a des mesures prises par le Gouvernement afin d'avoir un équilibre entre les hommes et les femmes dans les différentes disciplines. Elle a fait remarquer qu'il y a encore peu de femmes dans les disciplines techniques. Quel est le pourcentage des femmes enseignant au niveau universitaire et dans quelles matières? Y a-t-il des bourses mises à la disposition des femmes pour qu'elles entreprennent des carrières dans des disciplines considérées non traditionnelles. Mme GUVAVA, experte du Zimbabwe, a estimé que la nature de certaines disciplines enseignées dans les écoles de filles va à l'encontre des dispositions de la Convention qui visent à combattre le stéréotypage du rôle des femmes. Mme FERRER, a demandé s'il y a une orientation professionnelle différente pour les garçons et pour les filles.

En ce qui concerne l'article 11 sur l'égalité de l'homme et de la femme en matière de droits à l'emploi et au travail, Mme CORTI, a fait remarquer que le Code du travail de la Slovaquie stipule que tous les citoyens ont le droit au choix libre du travail. Ce principe est-il respecté dans la réalité ? Que fait le Gouvernement pour assurer que ce principe est respecté ? Mme Corti a demandé ce qu'il en était dans la pratique de l'égalité du statut pour les femmes et les hommes dans le travail. Elle a demandé des précisions en ce qui concerne le droit à la retraite. De quelles facilités sanitaires destinées

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aux femmes est-il question dans le rapport ? Le travail de nuit est-il interdit aux femmes? Quels sont les cas exceptionnels dans lesquels les femmes sont autorisées à travailler de nuit? Quel est le montant du salaire minimum et à quels secteurs s'applique-t-il? Comment la législation en matière de travail assure-t-elle que les dispositions de la Convention en matière d'emploi sont respectées alors que le taux de chômage est élevé? Mme Corti a fait remarquer qu'il y a une sous-représentation des femmes dans les catégories d'emploi à haut salaire. Comment la Slovaquie envisage-t-elle de réduire l'écart important entre les salaires des hommes et des femmes ? Des précisions sont nécessaires au sujet du contenu du Code de travail. Quelles sont les mesures qui ont été prises pour combattre le chômage ?

Mme RYEL, a souligné l'importance des femmes dans le monde du travail et a demandé quelle est leur responsabilité réelle. Combien de femmes occupent des postes de haute responsabilité dans le secteur public et le secteur privé? Si l'âge de la retraite est différent pour les hommes et les femmes, qu'en est-il des différences dans les montants de la retraite? Il faudrait disposer de chiffres en ce qui concerne le chômage des groupes minoritaires, notamment les femmes gitanes. Mme Ryel a demandé des précisions au sujet du congé de maternité. A la suite d'un congé de maternité, les femmes ont-elles du mal à recevoir une promotion à leur retour? Mme YUNG-CHUNG KIM, a fait remarquer que les femmes qui travaillent dans certains domaines sont sous-payées. Cela va à l'encontre du Code de travail de la Slovaquie. L'annexe Mme FERRER GOMEZ, a demandé quel était le pourcentage des femmes parmi les chefs d'entreprises? Quelle est la situation des femmes parmi les chômeurs? Le rapport signale que les femmes ont droit à une plus grande protection en matière d'hygiène de travail. De quelle type de protection s'agit-il? Mme AURORA JAVATE DE DIOS a demandé s'il y avait une différence entre la condition de la femme dans l'ancien régime et dans le nouveau système démocratique. Elle a fait remarquer qu'il y a une divergence entre les taux d'emploi selon les catégories professionnelles et le niveau de qualification. Le salaire moyen des femmes est inférieur de 22% par rapport au salaire moyen des hommes. La différence de salaire est la preuve qu'une discrimination existe. La question du harcèlement sexuel sur le lieu du travail n'a pas été mentionnée dans le rapport. Le rôle de la femme en tant que mère a été souligné. Les femmes sont-elles considérées comme les seules à être responsables des soins des enfants. On ne met pas l'accent sur la responsabilité des pères. Mme De Dios a fait remarquer que le rapport ne donne aucune information en ce qui concerne les familles dirigées par des femmes.

Mme CHARLOTTE ABAKA, experte du Ghana, à regretté la brièveté du rapport quand à l'application de l'article 12 traitant de l'égalité d'accès dans le domaine des soins de santé. Elle souhaiterait savoir quel a été l'effet des privatisations dans le secteur de la santé. Elle a attiré l'attention des expertes sur les résultats d'une étude de l'UNICEF dans laquelle il apparaît clairement que plus de 50% des enfants nés de femmes tziganes souffrent de malnutrition, ce qui les expose à un risque plus élevé de tuberculose. Cette étude note aussi que l'on pratique la stérilisation forcée dans ce groupe

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ethnique. Elle souhaiterait savoir aussi quels sont les services responsables de l'éducation en matière de santé. Le rapport indique que les femmes ont accès gratuitement aux contraceptifs et à l'avortement. Cela donne l'impression que l'avortement constitue un moyen de contraception, or cela peut avoir des conséquences très graves sur la santé des femmes. Y-a-t-il des statistiques sur les complications survenues à la suite d'avortements et a-t- on fixé une limite au nombre d'avortements auquel une femme a droit gratuitement. Elle souhaiterait également avoir des informations sur les données relatives aux cancers du sein et de l'utérus en Slovaquie et sur l'existence de programmes de détection précoce des cancers?

Mme KHAN, a mis l'accent sur la situation sanitaire des groupes minoritaires en Slovaquie qui est particulièrement mauvaise parmi la population gitane. Par ailleurs, elle a demandé si ces groupes ethniques ont accès aux services de planification familiale et bénéficient des aides sociales de l'Etat.

Concernant l'article 13 qui porte sur les droits aux prestations familiales et aux prêts bancaires, Mme OUEDRAOGO, a remarqué que le rapport ne donne pratiquement pas d'informations au sujet de l'octroi des prêts bancaires aux femmes. Elle souhaiterait savoir si l'entreprenariat féminin est encouragé en Slovaquie, ce qui pourrait être une solution alternative au problème du chômage.

Concernant l'article 14 sur la discrimination à l'égard des femmes rurales, Mme OUEDRAOGO considère que les cinq paragraphes qui y sont consacrés dans le rapport ne reflètent pas l'importance de cet article. Il serait souhaitable d'aborder tous les aspects de cet article dans le prochain rapport. Elle a demandé si les femmes ont le droit de propriété à la terre et s'il y a des femmes rurales chefs de ménage. Mme FERRER, a partagé l'avis de Mme Ouedraogo selon lequel le rapport n'accorde pas assez d'importance à l'article 14. Elle souhaiterait connaître quelles sont les conséquences de la privatisation dans les zones rurales et s'il y a eu des mesures concrètes prises en faveur des femmes rurales tels que des cours de recyclage. Par ailleurs, elle aimerait savoir si les femmes en zone rurale participent à l'organisme rural mentionné dans le rapport et si oui, quel a été leur apport?

Concernant l'article 16 de la Convention qui porte sur l'égalité de droit dans la famille, Mme SILVIA ROSE CARTWRIGHT, experte de la Nouvelle- Zélande, considère qu'il s'agit d'un domaine où le gouvernement doit prendre des mesures urgentes. Vu la concentration des citoyens qui vivent dans un contexte familial il est très probable qu'il y ait en Slovaquie des cas nombreux de violence familiale à l'égard des femmes et des enfants. Il faut qu'il y ait des études permettant d'évaluer l'ampleur réelle de ce phénomène. Le rapport est surtout consacré à la politique familiale, alors que l'article 16 porte surtout sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes au sein de la famille. Il serait important de savoir si la notion de

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propriété conjointe dans le cadre du mariage est appliquée équitablement en cas de séparation, quel est le taux de divorce et les raisons de divorce, et quelle est la politique en matière de garde des enfants pour les couples mariés et non mariés.

Mme EMNA AOUIJ, experte de la Tunisie, a constaté que la rapport fait ressortir l'importance des valeurs traditionnelles de la famille et du mariage en Slovaquie. Abordant le problème de la violence familiale, en s'appuyant sur les statistiques du rapport, Mme Aouij considère qu'il faut une loi spécifique pour punir sévèrement ce type de violence. Elle a également demandé à savoir quels sont les efforts du gouvernement slovaque pour intégrer la problématique homme-femme dans toutes ses politiques sectorielles. Revenant à l'importance des approches traditionnelles de cette problématique en Slovaquie, elle a déclaré que, en tout état de cause, ces traditions ne sont pas compatibles avec les dispositions de la Convention. Mme Aouij a également demandé si les mêmes lois s'appliquent aux groupes ethniques minoritaires en Slovaquie.

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