SG/T/2137

VISITE EFFECTUÉE PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AU RWANDA LES 7 ET 8 MAI

6 juin 1998


Communiqué de Presse
SG/T/2137
AFR/66


VISITE EFFECTUÉE PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AU RWANDA LES 7 ET 8 MAI

19980606 (Compte rendu reçu du porte-parole qui accompagnait le Secrétaire général)

Le Secrétaire général est arrivé au Rwanda le jeudi 7 mai dans l'après-midi.

Dès son arrivée à Kigali, il s'est rendu directement au Parlement rwandais. Le Ministre rwandais des affaires étrangères, M. Anastase Gasana, qui était venu attendre le Secrétaire général à l'aéroport, a prononcé un discours liminaire dans lequel il a soulevé diverses questions sur le rôle de l'ONU et de la Société des Nations dans l'histoire du Rwanda. Dans sa réponse, le Secrétaire général a dit que les Rwandais devaient s'interroger sur l'origine de cette "tragédie effroyable surgie de l'intérieur", que le monde entier avait abandonné le Rwanda aux heures les plus difficiles et qu'aujourd'hui, la communauté internationale souhaitait aider le pays à instituer une bonne gestion des affaires publiques, à administrer la justice et à promouvoir la croissance économique et la reconstruction (voir le communiqué de presse SG/SM/6552).

Le Président du Parlement a également pris la parole pour souhaiter la bienvenue au Secrétaire général et lui offrir un cadeau.

Le Secrétaire général a ensuite assisté à une réception donnée en son honneur par le Président Pasteur Bizimungu. Ce dernier, toutefois, ne s'y est pas rendu : son porte-parole a ultérieurement annoncé que le Président avait "boycotté" la réception pour protester contre le discours que le Secrétaire général avait prononcé au Parlement, qui, selon lui, "insultait le peuple rwandais".

Le programme de la journée de vendredi s'est déroulé comme prévu. Accompagné du Ministre des affaires étrangères et du Ministre de la condition féminine, de la famille et des affaires sociales, Mme A. Inyumba, le Secrétaire général s'est rendu sur le lieu de tueries génocidaires situé dans la commune de Kicukiro. Sur ce site, connu sous le nom de Nyanza, on avait regroupé des civils fuyant les combats sous le prétexte de les protéger, pour les exécuter ensuite. Un monument de marbre avait été érigé parmi des dizaines de tombes marquées par de simples croix en bois. Le porte-parole des survivants a dit au Secrétaire général que des membres des forces de maintien

- 2 - SG/T/2137 AFR/66 6 juin 1998

de la paix se trouvaient à proximité mais n'avaient offert aucune aide. Avant de quitter le site, le Secrétaire général et son épouse ont demandé qu'on les laisse seuls pour se recueillir devant les tombes.

Le Secrétaire général et son entourage ont ensuite été escortés à l'extérieur de Kigali en direction d'un autre site, situé à Mwurire. Là, un survivant, Charles Butera, a décrit comment les habitants s'étaient défendus avec des pierres et des couteaux contre les agresseurs. Des milliers de personnes auraient péri dans ce secteur. Les victimes avaient attendu que les Nations Unies interviennent, mais en vain. Les ossements avaient été rassemblés dans un abri de tôle ondulée, et rangés avec soin, les crânes d'un côté, et les ossements de diverses tailles de l'autre. Le Secrétaire général a déposé une couronne sur les lieux.

Le Ministre de la jeunesse, de la culture et des sports, M. J. Bihozagara, a fait un discours dans lequel il a déclaré qu'il souhaitait faire élever un monument à la mémoire des victimes sur la plus haute colline du pays. Il a décrit le Rwanda comme une nation de tolérance, ajoutant qu'il espérait qu'une réflexion s'engagerait sur les origines du génocide dans le monde afin qu'une telle tragédie ne se reproduise jamais.

Le Secrétaire général a déclaré à son tour qu'à l'instar de la communauté internationale, il ne pouvait qu'imaginer ce que les survivants réunis là avaient vécu, mais qu'il compatissait à leur douleur et souhaitait les aider à reconstruire leur pays. Il a conclu en leur offrant "toute sa sympathie pour les épreuves qu'ils avaient endurées".

De retour à Kigali, le Secrétaire général s'est rendu au complexe des Nations Unies, où il s'est adressé au personnel et a déjeuné avec les chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies.

À 12 h 30, il s'est entretenu pendant une heure avec le Président Bizimungu, le Vice-Président Paul Kagame et le Premier Ministre, Pierre Célestin Rwigena. Le Président a exposé ses griefs au sujet du discours prononcé par le Secrétaire général au Parlement. Celui-ci a expliqué que son intention était de restaurer les relations entre l'ONU et le Rwanda. Leur conversation est devenue plus cordiale et s'est terminée sur un ton amical.

À la conférence de presse qui a suivi, on a demandé au Secrétaire général et au Président s'ils étaient "redevenus amis". "Nous l'avons toujours été" ont-ils répondu en souriant.

Le Secrétaire général s'est alors envolé pour l'Ouganda.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.