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FAO/3695

LA FAO PRECONISE UNE MEILLEURE PROTECTION DES SOLS EN EUROPE

26 mai 1998


Communiqué de Presse
FAO/3695


LA FAO PRECONISE UNE MEILLEURE PROTECTION DES SOLS EN EUROPE

19980526 Tallinn, 26 mai 1998 -- La qualité de millions d'hectares de sols agricoles se dégrade chaque année en Europe du fait des pertes en terre qui réduisent de façon sensible la productivité et peuvent constituer une menace pour la sécurité alimentaire de certains pays de la région, souligne un communiqué diffusé aujourd'hui par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à l'occasion de la tenue en Estonie de sa 21e Conférence régionale pour l'Europe.

"Bien que l'Europe soit généralement dotée de sols relativement plus fertiles que ceux d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique latine, la région doit faire face à un problème de dégradation des terres", a déclaré Freddy Nachtergaele, pédologue à la FAO.

Selon la FAO, près de 220 millions d'hectares de terre sont modérément ou extrêmement dégradées dans la région européenne, soit quatre fois la taille de la France. "Les principaux facteurs de cette dégradation sont la destruction des forêts, l'utilisation excessive d'engrais, de fumier et de pesticides, des pratiques de labour inappropriées, la monoculture et la forte pression du pâturage", a indiqué M. Nachtergaele. Les coûts de la dégradation des terres et de l'érosion en Europe représentent, chaque année, environ 10 pour cent de la valeur de la production agricole, selon les experts.

L'érosion se produit principalement lorsque les sols, exposés aux vents et aux pluies, perdent leur couvert végétal et leur couche arable. "Un des problèmes qui se posent en Europe, notamment dans la région méditerranéenne, est le fait que les sols en pente raide sont lessivés par les eaux de ruissellement. Par exemple, en Albanie et en Grèce, environ 60 pour cent des terres sont potentiellement affectées par ce phénomène. En Bosnie- Herzégovine, cette proportion dépasse 50 pour cent", a précisé l'expert de la FAO. "Un couvert végétal permanent (arbres, plantes, herbes) et des mesures de conservation des sols appropriées empêchent les glissements de terrain et préviennent les tragédies du type de celle qui s'est produite récemment dans le sud de l'Italie".

Les risques d'inondation sont souvent amplifiés par la perte du couvert végétal et la déforestation. "Au cours des dernières années, plusieurs pays de la région européenne ont été affectés par de graves inondations qui auraient pu être évitées si les conseils en matière d'utilisation des terres avaient été suivis", a souligné, M. Nachtergaele.

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Un autre problème, notamment dans les régions plus tempérées de l'Europe, provient du fait que l'acidité naturelle de beaucoup de terres est aggravée à la fois par le recours excessif au fumier et par les pluies acides. Le désastre écologique provoqué par les déchets toxiques qui ont récemment dévasté 3 600 hectares de terres agricoles dans la réserve naturelle de Doñana, dans le sud de l'Espagne, est une autre illustration des dégâts qui peuvent être occasionnés par un développement industriel incontrôlé.

"Les sols sont une ressource naturelle, non renouvelable à court terme, dont la remise en état ou l'amendement lorsqu'il est physiquement détérioré ou chimiquement épuisé, est une opération très coûteuse", indique un des documents de la 21e Conférence régionale de la FAO pour l'Europe.

La dégradation des sols par la pollution industrielle et chimique (métaux lourds) affecte 20 millions d'hectares, notamment en Europe de l'Est et dans certaines régions scandinaves. Les conséquences sur la biodiversité, le rendement des terres et la santé humaine ne sont plus à démontrer, en particulier lorsque la nappe phréatique est polluée. Toutefois, les risques ont quelque peu diminué en Europe de l'Est à la suite de la réduction de l'utilisation des engrais minéraux et des pesticides au cours des cinq dernières années.

Financé par les Pays-Bas, un projet régional de la FAO en cours d'exécution vise à l'établissement d'une carte des sols et de la vulnérabilité des terres en Europe centrale et orientale. Parmi les pays concernés, citons : la République du Bélarus, la Bulgarie, la République tchèque, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la République de Moldova, la Pologne, la Roumanie, la Fédération de Russie, la République slovaque et l'Ukraine.

A Tallinn, les ministres et responsables de l'agriculture de plus de quarante pays européens se penchent également sur le problème de l'harmonisation des cartes des sols et des informations sur les ressources en terres. Cette harmonisation permettra notamment un transfert plus rationnel de la technologie agricole, des méthodes agronomiques ou encore des connaissances concernant les variétés végétales et les résultats de recherches, selon la FAO.

"L'harmonisation des données pédologiques pour l'ensemble de l'Europe permettra de disposer d'une base commune sur laquelle fonder les décisions stratégiques en matière d'utilisation des terres, d'aménagement du territoire et de protection de l'environnement", souligne un rapport soumis aux participants.

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