SOC/118

LA SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LE SUIVI DE COPENHAGUE DOIT EVALUER L'IMPACT DU MARCHE SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL

20 mai 1998


Communiqué de Presse
SOC/118


LA SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LE SUIVI DE COPENHAGUE DOIT EVALUER L'IMPACT DU MARCHE SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL

19980520 Les délégations demandent l'établissement d'une liste des meilleures pratiques en matière de développement social

Le Comité préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et les initiatives nouvelles a poursuivi ce matin son débat sur les préparatifs de la session. Ce débat a permis aux délégations de souligner les points, qui selon elles, doivent être au centre des débats de la session extraordinaire. Ainsi les délégations ont estimé qu'il serait vain d'avancer des propositions nouvelles en matière de développement social sans accorder l'attention requise aux impératifs économiques. Le représentant de la Turquie, a par exemple, constaté que s'il y a eu des progrès effectués au niveau conceptuel, les facteurs sociaux ne sont toujours pas intégrés de façon endogène dans les décisions économiques. L'impact du marché sur le développement social et la nécessité de le réguler ont été évoqués par les délégations qui ont demandé que la session extraordinaire se consacre également à l'analyse des conséquences de la crise financière en Asie sur le tissu social. Les questions de l'équilibre entre les revenus et les dépenses en matière de développement social, des obstacles au renforcement du capital social et de la mobilisation des ressources, par le biais notamment de l'aide publique au développement, ont été citées parmi les questions prioritaires à examiner. Les délégations ont également demandé l'établissement d'une liste des meilleures pratiques en matière du développement social, en particulier en ce qui concerne la protection sociale. Les impératifs économiques étant incontournables, certaines délégations se sont prononcées en faveur du renforcement du rôle de la Commission du développement social, chargée du suivi de Copenhague, en proposant d'inscrire à son ordre du jour des questions touchant le domaine économique.

Outre le Ministre de la famille du Venezuela, M. Carlos Altimari, les représentants du Kazakstan, du Japon, de la République islamique d'Iran, de la Turquie et de Cuba se sont exprimés.

Le Comité préparatoire tiendra une Table ronde sur le suivi de Copenhague cet après-midi à partir de 15 heures.

Débat général

M. CARLOS ALTIMARI, Ministre de la famille du Venezuela, a déclaré qu'il y avait encore beaucoup à faire pour pouvoir mesurer les progrès dans le domaine du développement social. Pour sa part, le Venezuela s'efforce, avec l'aide de la Banque mondiale et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de mettre au point des instruments de mesure fiables. Le Ministre a souhaité que la session extraordinaire procède à une évaluation qualitative du développement social et, en particulier, du capital humain. Le Ministère vénézuélien de la famille qui a pour mission de mettre en pratique la politique de développement social, fonde ses stratégies sur la famille en tant qu'unité économique et sociale de base. M. Altimari a donc proposé que le Sommet évalue dans quelle mesure les politiques sociales ont contribué à renforcer la famille. Le Venezuela a mis en place un programme de décentralisation qui vise à coordonner les politiques sociales au niveau central et au niveau des communautés locales. L'approfondissement de ce processus permettra d'étendre l'application des politiques et de les rendre plus performantes. Le Ministre a souhaité que la relation entre l'Etat qui formule la politique sociale et la société civile qui en bénéficie soit examinée. Il a estimé qu'il fallait approfondir la coordination de la société civile. Pour sa part, le Ministère vénézuélien de la famille a des accords avec plus d'une centaine d'organisations de la société civile en vue de l'application des politiques sociales. Soulignant l'importance d'une participation citoyenne qualitative couvrant tout le processus, il a proposé d'examiner plus avant la façon dont cette participation a été renforcée tant du point de vue qualitatif que quantitatif. S'agissant de l'exécution des programmes de micro-crédit conclus l'an dernier à Washington, le Venezuela a créé une commission présidentielle chargée de la mise en oeuvre de ce programme. C'est pratiquement le seul programme qui permet de sortir les pauvres de la pauvreté avec dignité, a-t-il souligné.

Mme AKMARAL ARYSTANBEKOVA (Kazakstan) a estimé que les propositions du Secrétaire général constituent une base solide pour les activités futures du Comité préparatoire. Elle a appuyé, en particulier, les dispositions selon lesquelles le but de la session serait de confirmer les accords du Sommet et de conserver leur importance et leur utilité pratique dans le nouveau millénaire. D'autre part, il serait opportun de donner aux gouvernements et aux autres acteurs du développement social la possibilité d'adopter des mesures concrètes et de trouver des moyens supplémentaires pour atteindre les objectifs de Copenhague. La représentante a regretté, par ailleurs, que les objectifs adoptés lors du Sommet n'aient pas été atteints et, en particulier, que le niveau de pauvreté continue d'augmenter, aggravé, en effet, par les conflits et les crises financières qui caractérisent le monde actuel. Dans ces conditions, il faut proposer aux gouvernements de présenter des rapports nationaux concernant les progrès obtenus et les difficultés rencontrées

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dans la réalisation des engagements de Copenhague. Il est aussi important d'appuyer les initiatives des Etats, de renforcer la coopération internationale et de dresser la liste des meilleures pratiques dans ce domaine.

Le rôle des ONG, de la société civile et des institutions des Nations Unies étant important, il faudrait veiller à faire participer activement ces entités aux activités concernant le bilan du Sommet. La représentante a émis l'espoir que leur contribution sera évaluée selon leur mérite et prise en considération par le Comité préparatoire. Il serait bon, a-t-elle estimé d'autre part, d'inclure à l'ordre du jour de la session de fond du Comité préparatoire, les trois questions fondamentales qui ont été examinées lors du Sommet, à savoir, l'élimination de la pauvreté, l'emploi productif et l'intégration sociale. Pour sa part, l'ordre du jour de la session extraordinaire devrait comprendre les dix engagements de Copenhague. En conclusion, la représentante a approuvé les dates prévues pour les sessions de fond du Comité préparatoire, 3 au 14 avril 2000, et pour la session extraordinaire - 22 au 26 mai ou 19 au 23 juin 2000.

M. TAKESHI KAMITANI (Japon) a soulevé la question de la coordination avec la Commission du développement social. Il attiré l'attention sur le fait qu'en matière de suivi et d'examen de la mise en oeuvre des recommandations du Sommet de Copenhague, deux instances existent qui sont la Commission du développement social et le Comité préparatoire. Il conviendrait donc de mettre au point des arrangements pour mener ce suivi de la manière la plus efficace et la plus coopérative et d'éviter les doubles emplois. En ce qui concerne les arrangements des sessions futures du Comité préparatoire, il est important qu'elles ne soient pas prévues en même temps que les autres réunions des Nations Unies et les conférences internationales de haut niveau. A cet égard, le Japon se demande s'il faut vraiment consacrer 10 jours à la session de fond du Comité préparatoire. S'agissant de la proposition de tenir la deuxième session du Comité préparatoire du 3 au 14 avril 2000, le Japon souhaite que le Secrétariat envisager une autre alternative étant donné que cela coïnciderait avec les réunions de la Commission des droits de l'homme à Genève. Pour ce qui est de la proposition de tenir la session extraordinaire à Genève, le Japon, tout en restant flexible, estime qu'il convient d'abord d'étudier la rentabilité d'une telle proposition et, à cet égard, demande au Secrétariat de présenter un document détaillé au Comité.

Concernant l'ordre du jour de la session extraordinaire, le Japon propose que l'accent soit mis sur les trois questions de Copenhague à savoir, l'élimination de la pauvreté, l'emploi productif et l'intégration sociale. L'objectif de la session ne doit être ni de renégocier les accords existants ni même de les réaffirmer. Il doit être d'identifier les propositions novatrices et concrètes à la lumière des circonstances nouvelles d'un monde en mutation, comme le suggère le rapport du Secrétaire général. Enfin, pour

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ce qui est de la participation de la société civile et des ONG, le Japon plaide pour la promotion d'une coopération entre les Etats membres et les ONG à travers un dialogue constructif. En outre, il estime que les ONG qui ont participé au Sommet devraient être autorisées à participer à la fois au Comité préparatoire et à la session extraordinaire de l'Assemblée générale.

M. BAGHER ASADI (République islamique d'Iran) s'est félicité du rapport du Secrétaire général sur les propositions relatives aux préparatifs de la session extraordinaire. Pendant le processus préparatoire, il faudrait arriver à une évaluation aussi réaliste et précise que possible de la mesure dans laquelle les engagements de Copenhague ont été mis en oeuvre et les objectifs fixés atteints. Il importe également d'identifier les obstacles, de s'efforcer de mieux comprendre le développement social, et de trouver de nouveaux moyens d'atteindre les objectifs et d'exécuter les décisions prises. Le représentant a estimé que les questions intersectorielles devraient également être examinées. On pourrait, en outre, aborder la question de la volonté politique de mettre en oeuvre les engagements du Sommet, ainsi que la question des ressources. Il faut aussi réfléchir sérieusement à la coopération internationale et voir quel est le niveau de coopération internationale nécessaire pour mettre en oeuvre les accords. Pour l'Iran, il importe également de bien comprendre des processus comme la crise financière asiatique et ses répercussions sur le tissu social. Le représentant a estimé qu'il fallait replacer le développement dans un contexte plus large, voir comment on veut parvenir au développement social et quelles sont les stratégies que l'on veut adopter. Pour l'Iran, il faut mettre au point un nouveau paradigme du développement.

Enfin, le représentant a attiré l'attention sur les paragraphes 28 et 29 de la Déclaration de Copenhague qui doivent être, selon lui, à la base des débats et des décisions. La diversité culturelle, idéologique et philosophique doit être respectée, de même que la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité des Etats. L'effort collectif doit être replacer dans l'ensemble du système des Nations Unies dans le cadre du paragraphe 28 qui indique que le développement social n'a pas pour but de créer l'uniformité dans la société, mais de se développer avec tous ses caractères humains, tant idéologiques que philosophiques.

M. ISIK (Turquie) a estimé qu'en dépit des progrès effectués au niveau conceptuel, les facteurs sociaux ne sont pas encore traités de façon endogène dans les décisions économiques. Il serait vain de chercher des solutions aux problèmes sociaux sans accorder l'attention requise aux impératifs économiques. De l'avis de la Turquie, l'ordre du jour de la session extraordinaire devrait prévoir un débat sur les meilleures pratiques nationales et internationales dans les domaines de la protection sociale et de l'allégement de la dette. Il devrait aussi comprendre un échange de vues sur les conséquences sociales de la crise financière en Asie. Il faut, pour

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la Turquie, diviser le processus de la session extraordinaire en deux parties; la première concernant le bilan, la raison des retards et les obstacles rencontrés dans la mise en oeuvre des recommandations de Copenhague; la deuxième visant la formulation de directives et de décisions sur les mesures concrètes. Les questions sur lesquelles il faut concentrer les travaux peuvent être regroupées dans les catégories suivantes : principales caractéristiques de l'environnement favorable au développement social, architecture souhaitable du développement social, réglementation d'un marché efficace, lutte contre le non accès à l'information et en particulier à l'autoroute de l'information, aspects critiques des obstacles au développement du capital social, recherche d'un équilibre entre les revenus et les dépenses en matière de développement social, les dimensions culturels du développement social, les normes du développement du social, et la prise de responsabilité sociale.

Par ailleurs, le rôle de l'OIT dans la question du développement social est à saluer, notamment dans la défense de l'idée selon laquelle l'emploi productif permet de lutter contre la pauvreté. Le nouveau rôle des institutions de Bretton Woods dans le développement social doit également être encouragé. Il faut aussi souligner l'importance des syndicats et des sociétés transnationales dans le développement social. Enfin pour éviter le double emploi, il serait utile de renforcer le rôle de la Commission du développement social et inscrire à son ordre du jour des questions touchant le domaine économique. Il faudrait aussi dans la préparation de la session extraordinaire s'inspirer des travaux de l'INSTRAW et du PNUD.

M. RODOLFO REYES RODRIGUEZ (Cuba) a mis l'accent sur l'importance du caractère intégré du développement social, en soulignant le fait que certains thèmes sont fondamentalement intersectoriels. Pour Cuba, il importe d'identifier les politiques économiques et les événements importants qui ont eu un effet sur le développement social, comme la crise financière asiatique. Le représentant a déploré le manque de volonté politique sur le plan international en ce qui concerne la mise en oeuvre des engagements pris au Sommet et, en particulier, la baisse constante de l'aide publique au développement. Cet engagement n'a guère été honoré, a-t-il souligné. Pour Cuba, il faut aborder les questions sectorielles et intersectorielles en s'inspirant des pratiques nationales et veiller à ce que les objectifs de la session extraordinaire soient liés aux engagements de Copenhague. Le représentant a souligné le lien et la coordination nécessaires entre la Commission du développement social et le Comité préparatoire. Il faut absolument éviter les répétitions dans les débats et les doubles-emplois qui pourraient saper nos efforts, a-t-il déclaré, mettant notamment en garde contre le risque de prolifération des tables rondes. Quatre jours de travail avec des tables rondes est un peu exagéré. Les Etats Membres doivent disposer de suffisamment de temps pour débattre entre eux, a-t-il déclaré.

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Le représentant a également préconisé la prudence dans l'approche à adopter en ce qui concerne la participation de la société civile. Il a indiqué que son pays attachait une grande importance à la participation des organisations non gouvernementales au processus préparatoire. Toutefois, d'autres acteurs de la société civile sont tout aussi importants et leur contribution devrait être rappelée. Ils pourraient ainsi être invités à participer aux tables rondes ou être inclus dans les délégations. Pendant la session extraordinaire, il faudra cependant s'en tenir aux ONG, en accordant la priorité à celles qui ont participé au suivi de Copenhague dans le cadre de la Commission du développement social. S'agissant des nouvelles ONG, il a estimé qu'il fallait réfléchir attentivement à leur processus d'accréditation. Enfin, il a appuyé le processus visant à trouver de nouvelles initiatives. Toutefois, cela ne doit pas faire oublier les engagements souscrits. Certaines questions restent en suspens et doivent être absolument abordées.

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