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SOC/117

LE COMITE PREPARATOIRE TIENT UNE TABLE RONDE SUR LA CONTRIBUTION DU SYSTEME DES NATIONS UNIES A LA MISE EN OEUVRE DES ENGAGEMENTS DE COPENHAGUE

19 mai 1998


Communiqué de Presse
SOC/117


LE COMITE PREPARATOIRE TIENT UNE TABLE RONDE SUR LA CONTRIBUTION DU SYSTEME DES NATIONS UNIES A LA MISE EN OEUVRE DES ENGAGEMENTS DE COPENHAGUE

19980519 Le Comité préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la mise en oeuvre des résultats du Sommet mondial pour le développement social (Copenhague, 1995) et à l'examen de nouvelles initiatives a organisé cet après-midi une Table ronde sur la contribution du système des Nations Unies dans ce processus, à laquelle ont participés M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint du Département des affaires économiques et sociales, et Mmes Katherine Hagen, Directrice adjointe de l'Organisation internationale du travail (OIT), Eimi Watanabe, Administratrice adjointe et Directrice du Bureau de la politique du développement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et Joanne Salop, Directrice de la politique et stratégie des opérations à la Banque mondiale.

Au cours du débat entre les conférenciers et les délégations, les participants ont reconnu les progrès accomplis dans la mise en oeuvre du Programme d'action de Copenhague. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire et, comme l'a montré la crise financière en Asie, les progrès enregistrés en matière de lutte contre la pauvreté, le chômage et l'exclusion sociale restent fragiles face à la mondialisation de l'économie et les mouvements de capitaux imprévisibles. Des problèmes nouveaux sont apparus qui n'avaient pas été prévus dans les dix engagements pris au Sommet. Pour relever ces défis, les participants ont préconisé de renforcer la coordination et les synergies entre les divers organes du système des Nations Unies, entre l'ONU et les gouvernements nationaux, ainsi que de privilégier une approche multisectorielle des questions liées au développement social. Les participants ont, d'autre part, souligné l'importance du capital social pour parvenir aux objectifs du développement social. A cet égard, il importe de trouver des moyens pour renforcer les valeurs de solidarité et de responsabilité sociale.

Le Comité préparatoire poursuivra ses travaux demain matin à 10 heures.

Table ronde sur l'examen de la contribution du système des Nations Unies à la mise en oeuvre des recommandations du Sommet mondial pour le développement social

Exposés

M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que le principal instrument de la mise en oeuvre des recommandations de Copenhague au sein des Nations Unies a été la création par le Comité administratif de coordination (CAC) de trois équipes spéciales interinstitutions chargées respectivement des services sociaux de base pour tous, de l'emploi et des modes de vie durables, et de la création de conditions favorables au développement social et économique. Les mandats de ces équipes ont également été élargis aux recommandations du Caire et de Beijing et leur travail s'est en outre enrichi par la contribution du Comité intersinstitutions chargé de la parité entre les sexes. Le principal résultat du travail de ces équipes spéciales a été la formulation d'orientations pour façonner les activités des Nations Unies au niveau national : plaidoyer, information, examen des politiques nationales et directives données aux coordonnateurs résidents. La suite donnée au travail des équipes spéciales a été confié aux organes du CAC. Les travaux des équipes spéciales ont été très utiles puisqu'elles ont permis de passer de l'orientation politique à la création d'instruments opérationnels nécessaires à la mise en oeuvre des recommandations de Copenhague au niveau des pays.

Il faut garder à l'esprit la tendance croissante à essayer de cristalliser les activités des Nations Unies au niveau des pays autour du thème de l'élimination de la pauvreté dont une acception plus large comprend les dimensions de l'emploi et de l'intégration sociale. Le travail des équipes spéciales a également permis de rapprocher les institutions des Nations Unies et celles de Bretton Woods. Par exemple, la Banque mondiale centre de plus en plus d'activités sur l'élimination de la pauvreté, le progrès social et la condition sociale.

Au niveau national, les efforts ont visé la formulation de stratégies nationales pour l'élimination de la pauvreté. A cet égard, l'un des objectifs de la session extraordinaire de l'Assemblée générale devrait être de comptabiliser les progrès accomplis et le nombre de pays qui ont effectivement fixé des objectifs clairs. Il serait également utile de s'arrêter sur la réponse qu'ont donnée les Nations Unies et les pays donateurs aux besoins des pays. Il faut en effet s'interroger sur ce qu'il convient de faire pour que les stratégies nationales soient convenablement mises en oeuvre. Au niveau régional, deux grandes réunions de suivi - Amérique latine et Asie du Sud - ont été tenues pour faire un examen à mi-parcours de la mise en oeuvre des résolutions du Sommet. Il faut espérer que des réunions auront lieu bientôt en Afrique et en Asie occidentale.

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Au plan mondial, l'examen se fait au niveau de la Commission du développement social. A l'heure actuelle, a poursuivi M. Desai, l'examen des résultats du Sommet montrent que dans bien des domaines, des réflexions sont encore nécessaires comme c'est le cas pour la question du chômage. Il a donc été admis que certaines dimensions du développement social doivent être étudiées et analysées plus avant. Un autre aspect qu'il convient également de souligner est le fait que le Sommet a mis l'accent sur la question des valeurs comme celle de la solidarité comme fondement des politiques. Il convient d'étudier davantage ces valeurs pour les traduire en action car il s'agit là d'une dimension importante du suivi du Sommet de Copenhague.

Toujours dans le cadre du suivi de Copenhague, il faut signaler les colloques coparrainés par le Gouvernement du Danemark qui ont abouti à un important document portant notamment sur la nature du développement social et l'articulation entre les valeurs et l'action sociale. Concluant, le Secrétaire général adjoint a annoncé que la parution du prochain rapport sur la situation sociale dans le monde sera avancée d'un an, soit en 2000, pour être utilisé comme vecteur de présentation des analyses et des études nécessaires à la réalisation d'un consensus sur les politiques et les actions. Jusqu'ici, a-t-il souligné, le système des Nations Unies a mis davantage l'accent sur le processus que sur les résultats immédiats. Au cours des trois dernières années, très peu de résultats tangibles ont pu être enregistrés sauf peut-être dans le domaine de la coopération au sein des Nations Unies. Des structures existent et aujourd'hui le défi consiste à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour prendre des mesures qui changent vraiment la vie des gens et ne plus se contenter de forum de concertation de dialogue.

Mme KATHERINE HAGEN, Directrice adjointe de l'Organisation internationale du travail (OIT), a rappelé que l'OIT avait été chargé du rôle de chef de file dans le suivi de la promotion de l'emploi productif. L'Organisation s'est donc efforcée de sensibiliser davantage à l'importance stratégique du plein emploi, productif et librement consenti, en soulignant qu'une plus forte croissance de l'emploi et une amélioration de la qualité de l'emploi constituent des conditions préalables à l'élimination de la pauvreté, l'intégration sociale, l'égalité entre les sexes, le développement social en Afrique et dans les pays les moins avancés, ainsi qu'à la réduction des coûts sociaux des programmes d'ajustement structurel. On pourra mobiliser des ressources pour mettre en oeuvre les 10 engagements de Copenhague et créer un environnement favorable pour leur réalisation en donnant aux gens les moyens de subvenir à leurs besoins, aux besoins de leur famille et de leur communauté par le plein emploi, productif et adéquatement rémunéré. Dans ce contexte, l'OIT a travaillé avec les Etats Membres, les représentants des travailleurs et des employeurs, et les agences de l'ONU pour mettre en oeuvre les engagements du Sommet. Lors de sa conférence de 1996, l'OIT a adopté une déclaration de soutien au plein emploi qui souligne que cet objectif est réalisable malgré les anxiétés liées à l'impact des changements technologiques rapides sur l'emploi et l'augmentation de la compétitivité internationale.

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A la demande du Comité administratif de coordination (CAC), l'OIT a présidé l'équipe spéciale interinstitutions chargée de l'emploi et des modes de subsistance viables. Celle-ci a réfléchi à la manière dont le système des Nations Unies pourrait coordonner son travail avec le niveau national et à la manière dont les engagements pris lors des grandes conférences pourraient être traduits dans des initiatives et des actions spécifiques visant à promouvoir le plein emploi, éliminer la pauvreté et promouvoir l'intégration sociale. Les leçons tirées de cet examen ont été intégrées dans un rapport de synthèse et des directives à l'attention des coordonnateurs résidents. L'OIT va organiser des évaluations régionales et une Evaluation internationale sur le suivi du Sommet, laquelle se tiendra en novembre prochain. Il est, en outre, possible qu'elle organise une conférence mondiale sur l'emploi à la suite de cette évaluation. C'est une stratégie intégrée qui permettra de mobiliser tout le système des Nations Unies en faveur de l'emploi, a souligné Mme Hagen.

Elle a indiqué, par ailleurs, que des progrès avaient été réalisés en faveur du respect des normes internationales de travail, notamment en ce qui concerne l'interdiction du travail forcé et l'exploitation du travail des enfants. Dans ce cadre, l'OIT a lancé une campagne spéciale sur la ratification de ces normes. Une déclaration solennelle sur ces principes devrait, en outre, être adoptée en juin. L'OIT s'est également efforcée de mobiliser les pays et les ressources, et de renforcer la capacité des gouvernements et des partenaires sociaux pour contribuer à éliminer l'exploitation du travail des enfants. Pour l'OIT, la lutte contre le travail des enfants est un domaine d'action qui nécessite de nouveaux instruments et de nouveaux processus. C'est pourquoi, l'Organisation a commencé à rédiger une nouvelle Convention qui identifie les formes intolérables du travail des enfants qui doivent être éliminées immédiatement. Malgré ces remarquables résultats, il reste encore beaucoup à faire, en particulier en ce qui concerne la coopération interinstitutions. Le Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement constitue un pas en avant mais doit être adapté et élargi au système des Nations Unies et aux agences spécialisées. La coordination exige que nous essayions de tirer parti des responsabilités et des compétences des réseaux et des institutions chefs de file et de trouver de meilleurs moyens de faire avancer la coopération interinstitutions. L'OIT travaille, pour sa part, sur un ensemble de 18 indicateurs clés sur le marché du travail.

La Directrice adjointe de l'OIT a encore mis en garde contre les nouveaux problèmes qui affectent le développement social. Evoquant la crise financière en Asie, elle a déclaré que la mondialisation et la croissance économique n'assurent pas des progrès constants et que les points faibles dans le système actuel de flux financiers non régulés ont détruit les progrès impressionnants enregistrés dans la lutte contre la pauvreté, le chômage et l'exclusion sociale dans les pays affectés par cette crise. Les impératifs de protection sociale contre ce type de catastrophe constituent un autre défi auquel il faut faire face. Elle a estimé que l'introduction de l'Euro pourrait produire des changements que l'on ne peut anticiper et avoir un impact crucial sur le développement social, non seulement dans la zone Euro mais dans le monde entier.

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Mme EMMI WATANABE, Administratrice adjointe et Directrice du Bureau des politiques du développement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a estimé que le Sommet de Copenhague et les autres conférences mondiales ont eu l'avantage d'offrir un consensus autour d'un paradigme de développement qui associe croissance économique et équité, paradigme qui place l'homme au centre du développement. Ce fait a contribué à consolider les priorités des gouvernements ainsi que celles des institutions bilatérales et multilatérales. Il faut admettre que contrairement aux conférences de Beijing ou de Rio, le Sommet sur le développement social n'a pas été généré par un mouvement populaire et malgré son message rassembleur, il n'a n'a pas non plus entraîné de mouvement de sympathie. En outre, le secteur privé est resté muet à l'appel du Sommet. Les recommandations de Copenhague couvrant différents domaines, leur suivi au niveau des pays comme à celui des Nations Unies concerne plusieurs entités rendant ainsi plus difficile le processus d'évaluation et de suivi.

Pour le PNUD, la session extraordinaire de l'Assemblée générale devrait s'attacher à examiner la nature, l'impact et les conséquences des processus d'ajustement structurel depuis le Sommet; à étudier la manière d'encourager les programmes d'annulation de la dette et les programmes de microcrédit; à ouvrir le dialogue non seulement aux ONG et aux organisations de l'ONU mais à un nombre plus vaste d'entités; à souligner l'importance du droit à l'information sur les programmes de développement de l'Etat; et à mettre l'importance des valeurs de solidarité et de responsabilité sociales pour la réalisation des objectifs du Sommet.

Au niveau national, le PNUD a mis l'accent sur l'élimination de la pauvreté. De nombreuses initiatives existent dont le lancement d'un programme centré sur le microcrédit. En outre, le PNUD est en train de dresser un bilan des progrès accomplis depuis Copenhague. En ce qui concerne le processus d'examen en tant que tel, le PNUD propose que dans le cadre d'un partenariat avec les gouvernements et la société civile, l'on soutienne un processus d'examen du suivi de Copenhague avec la participation de tous les acteurs aux niveaux national et local.

Mme JOANNE SALOP, Directrice de la stratégie et des politiques des opérations de la Banque mondiale, a rappelé que lors du Sommet de Copenhague, le directeur de la Banque avait souligné l'importance d'une croissance durable, du capital humain, et d'une affectation efficace des ressources publiques. Ces priorités restent au centre du programme de la Banque mondiale aujourd'hui. Toutefois, d'autres problèmes sont apparus depuis le Sommet, qui exigent notamment de mettre à jour les chiffres sur la pauvreté et sur les prêts. En 1995, on se centrait sur l'être humain, aujourd'hui on insiste davantage sur le tissu social, le capital social, ce qui constitue un changement important pour la Banque mondiale qui, lors de ses débuts, centrait son action sur le capital financier. Ces changements reflètent les changements dans le monde extérieur mais aussi des changements internes importants.

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S'agissant du suivi du Sommet de Copenhague, la Banque mondiale continuera de travailler à l'élargissement de son cadre d'activité au développement social, en particulier dans son travail avec ses clients. Elle s'efforcera, en outre, de renforcer sa collaboration avec les partenaires du développement, comme les institutions de l'ONU et les donateurs, qui ont une expérience plus longue dans ce domaine. Enfin, il y a de nombreuses forces à optimiser au sein même de la Banque mondiale. Ainsi, on voit de plus en plus l'intérêt de travailler avec d'autres experts que les économistes. Le travail de la Banque dans ces divers domaines doit également être approfondi. La Banque doit tirer les leçons communes à divers pays et les transmettre à d'autres clients. Il faut, en outre, apprendre à travailler avec les institutions nationales et aider les pays à améliorer leur fonctionnement institutionnel. Un autre domaine dans lequel il faut avancer est celui de la parité entre les sexes. Tout le travail fait jusqu'à présent à la Banque mondiale et dans les institutions dans ce domaine n'a, en effet, pas produit suffisamment de résultats. Il faut donc que ce domaine constitue une question prioritaire. Un long chemin a été accompli en passant d'un centrage exclusif sur le capital financier à un centrage sur le capital social. Il faut maintenant rassembler les ressources et s'efforcer d'aider les pays à trouver des solutions pratiques.

Dialogue

Entamant la série de questions, la représentante de la Jamaïque a plaidé pour l'établissement d'un lien plus étroit entre la Commission du développement durable et la Commission du développement social. Elle a en outre appelé au dialogue sur les nouveaux problèmes qui sont apparus dans la mise en oeuvre des recommandations de Copenhague tout en suggérant aux Nations Unies de travailler davantage sur la question des indicateurs notamment dans le domaine de la pauvreté, cette dernière suggestion a été appuyée par plusieurs délégations. La représentante de la Jamaïque a en outre souhaité des données plus détaillés sur l'emploi dans le secteur formel mais aussi dans le secteur informel. Le représentant du Danemark a lui salué la nouvelle coopération qui existe au sein du système des Nations Unies et estimé qu'au nombre des progrès sociaux à attribuer aux recommandations de Copenhague, il faut citer le travail normatif dans nombre de pays. Il faut également citer, a-t-il estimé, la place donnée par les institutions de Bretton Woods à la question de la lutte contre la pauvreté. Le représentant s'est, par ailleurs, interrogé sur les principaux obstacles qui empêchent l'accélération des actions de suivi du Sommet et souhaité savoir comment les institutions de Bretton Woods intègrent dans leur programme les évaluations sur l'intégration sociale. Pour sa part le représentant de la Turquie a souhaité des éclaircissements sur la notion de capital social tandis que la représentante du Royaume-uni a proposé d'intégrer dans les travaux du Comité préparatoire les conclusions de la dernière session de l'ECOSOC sur le suivi intégré des grandes conférences internationales. Le représentant du Soudan

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est lui revenu sur la question des valeurs pour dire qu'il faut beaucoup de volonté politique pour traduire ces valeurs en réalité. Il a également soulevé la question de l'impact de la mondialisation sur une mise en oeuvre efficace des recommandations de Copenhague. Pour sa part, la représentante des Etats-Unis a souligné le nouveau paradigme du développement qui comprend l'aspect social et économique mais aussi l'aspect écologique. Elle a en outre suggéré une réflexion sur la manière de mobiliser le secteur privé et les ONG. Le représentant du Pakistan a lui attiré l'attention sur le caractère crucial de la question des ressources nécessaires à la mise en oeuvre des résolutions du Sommet.

Le représentant du Honduras a préconisé de réexaminer la relation entre les politiques économiques et le développement social, ainsi que l'impact de la dette. Le représentant des Pays-Bas a estimé très important de limiter le nombre de responsables catalyseurs du processus de révision du Sommet tant au niveau national qu'au sein du système des Nations Unies. Le représentant de la Zambie a également souligné les difficultés liées au problème de la dette pour les pays les plus pauvres.

Répondant aux questions des délégations, M. DESAI a expliqué que le Département des affaires économiques et sociales travaille à la question des indicateurs en essayant de mettre de l'ordre au sein du Comité de statistique. S'agissant du lien entre environnement et pauvreté, il a reconnu qu'il ne s'agit pas seulement d'organiser des réunions conjointes, mais qu'il y a aussi des problèmes de fond. Un programme de lutte contre la pauvreté ciblé sur un groupe de personnes doit, en effet, veiller à préserver l'intégrité du territoire sur lequel évolue ce groupe de personnes. Il faut donc inclure la préservation de l'environnement dans les programmes de lutte contre la pauvreté, a indiqué M. Desai, en reconnaissant la nécessité d'un débat plus systématique sur cette question. Quant à la manière de mesurer le capital social, il a évoqué le degré de confiance et le degré de tolérance. Si l'on pouvait mesurer ces deux éléments, on pourrait mesurer le capital social.

S'agissant plus particulièrement du renforcement du tissu social, M. Desai a cité en exemple la distribution de l'aide alimentaire par le biais des institutions et organisations locales. Cette manière de procéder permet de créer des liens et de renforcer ainsi le tissu social, a-t-il souligné. Il a indiqué que l'ONU avait un rôle à jouer en ce qui concerne le partage des valeurs et le renforcement de la solidarité. La société globale exige un transfert des ressources entre les personnes. Il faut, en outre, structurer les valeurs lorsqu'elles existent. Il faut également établir davantage de liens entre les efforts pour le développement social et ceux en faveur des droits de l'homme. S'agissant de la mondialisation, il faut reconnaître qu'il s'agit d'une réalité. Mais il faut aussi s'interroger sur le rôle de la solidarité internationale. Enfin, lors de la session extraordinaire, il faudra se demander comment revitaliser les engagements au niveau mondial en faveur du développement social.

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Pour sa part, Mme HAGEN a répondu à la question des obstacles à la mise en oeuvre des recommandations de Copenhague en citant comme premier d'entre eux, l'aggravation des inégalités. Ce fait s'accompagne de la contrainte que constitue l'absence de volonté politique et sociale pour combattre les conséquences de la mondialisation et du changement technologique. Il est donc devenu difficile d'engager un dialogue direct sur le bien-être des groupes vulnérables dans un monde en pleine mutation. L'OIT est attachée à l'idée que seul l'emploi productif permet le partage équitable des avoirs et qu'il faut y assurer l'accès de tous. Or aujourd'hui le dialogue social est rendu difficile tout comme la mobilisation des individus pour les amener à définir ensemble les points d'intérêts communs. L'OIT entend oeuvrer aux liens entre les droits de la personne d'une façon plus dynamique; le but étant de consolider le principe des droits de la personne et de les promouvoir dans le cadre du dialogue social. Mme Hagen a, par ailleurs, attiré l'attention sur les activités visant l'élimination de la pauvreté tout en reconnaissant que la mondialisation et les mouvements brutaux de capitaux peuvent entraîner des mouvements de chômage également brutaux qui exigent l'établissement de filets sociaux afin d'en atténuer les chocs. C'est pourquoi l'OIT travaille avec le PNUD pour associer les activités d'élimination de la pauvreté et de réduction de la pauvreté. Le capital humain n'étant pas seulement un produit, il faut une approche d'évaluation fondée sur les valeurs.

Mme WATANABE s'est félicitée que les délégations aient relevé l'importance des valeurs et du capital social. Elle a espéré que lors de la session de l'an 2000, elles ne se limiteront pas à faire le bilan du passé mais qu'elles adopteront une démarche prospective pour réaffirmer la vision de la société que l'on attend au nouveau millénaire. Le Programme d'action de Copenhague est un programme dont le caractère intégré rend diffus le processus d'examen. Il faut donc établir des priorités et des points précis pour faciliter le bilan des résultats. Revenant à la question du capital social et des valeurs, elle a plaidé pour la création de programmes de développement à caractère participatif. Cela doit aller au-delà de la simple concertation et de la simple consultation. Il faut une participation mobilisatrice pour amener les individus à participer à la prise de décisions. Cela exige un bouleversement du processus de planification qui seul peut renforcer le capital social. Par ailleurs, elle a admis que l'on ne peut pas encore comptabiliser les résultats du Sommet en ce qui concerne le microcrédit.

Mme SALOP a elle expliqué que la Banque mondiale a mené une étude sur les effets sociaux de la mondialisation. Elle a en outre annoncé que la Banque a effectué quelque 80 études sur la pauvreté. La question, a-t-elle dit, est de savoir ce que deviennent ces études et quelle peut être leur utilité. La Banque vient de dresser un bilan où elle a reconnu les progrès accomplis sans pour autant estimé que la tâche était achevée. S'agissant du capital social et de l'investissement dans le capital, elle a expliqué que

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des équipes multidisciplinaires ont été mises en place pour traiter de la question. La question du renforcement du capital social est une des préoccupations actuelles de la Banque et il faut souligner que le capital social est essentiellement un moyen pour atteindre les objectifs finaux de réduction de la pauvreté et de la croissance durable.

Le Président du Comité préparatoire a retenu de la Table ronde que les progrès depuis le Sommet de Copenhague ont été mitigés. Nombre d'idées ont été émises sur le type de participation à l'Assemblée générale extraordinaire et quant à la manière d'aborder les thèmes. Il faudra peut-être réfléchir en tant que Comité préparatoire à la forme et à la structure qu'il conviendra de donner à la session extraordinaire en l'an 2000. Le Président a conclu en annonçant la publication du résumé des deux tables rondes prévues au cours de cette session en tant que contribution au processus préparatoire.

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