LE COMITE DE L'INFORMATION OUVRE LES TRAVAUX DE SA VINGTIEME SESSION SUR FONDS DE REORIENTATION DES ACTIVITES D'INFORMATION DE L'ONU
Communiqué de Presse
PI/1062
LE COMITE DE L'INFORMATION OUVRE LES TRAVAUX DE SA VINGTIEME SESSION SUR FONDS DE REORIENTATION DES ACTIVITES D'INFORMATION DE L'ONU
19980504 Une meilleure appréhension des besoins des "relayeurs" de l'information, les médias, permettra au public de mieux comprendre le travail de l'ONULe Comité de l'information a ouvert cet après-midi les travaux de sa vingtième session sous la présidence de M. Jose Alberto de Sousa (Portugal). A cette occasion, il a entendu, pour la première fois, le Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information, M. Kensaku Hogen, qui a été nommé à ce poste le 16 mars dernier. Dans son allocution, M. Hogen a rappelé que l'objectif essentiel de l'orientation des activités d'information des Nations Unies est de projeter une image de l'Organisation comme celle d'une institution ouverte et publique, de renforcer la capacité de l'ONU de communiquer au niveau national et régional, d'exploiter les dernières technologies de l'information, de déployer certaines ressources avec souplesse, de coopérer avec d'autres entités de l'ONU et de suivre de près les directives de l'Assemblée générale sur l'exécution des mandats. Dans ce contexte, et compte tenu du rôle et de l'influence croissants des médias, M. Hogen a estimé que le mandat fondamental du Département de l'information doit être d'assurer une compréhension juste du travail fourni par l'Organisation. Pour cela, il est essentiel de connaître les besoins des médias et d'y répondre de façon appropriée pour les inciter à diffuser le message des Nations Unies dans le monde entier.
M. Hogen a, par ailleurs, fait part des nouvelles initiatives du Département de l'information, à savoir l'intégration de la Section des technologies de l'information au Bureau du Secrétaire général adjoint, la création d'un groupe de planification de la stratégie de la communication, le renforcement de la section de la diffusion des informations, la création d'une équipe spéciale interdivisions chargée d'analyser les couvertures médiatiques, la création future d'un service international de radiodiffusion au sein de l'ONU, le lancement d'un projet pilote d'un programme de radio en directe destiné à l'Afrique et à l'Asie et le lancement d'un programme interinstitutions de contrôle et de services des 364 bibliothèques dépositaires des Nations Unies.
Les représentants de l'Indonésie, au nom du Groupe des 77 et la Chine, du Bangladesh et de l'Algérie ont pris la parole. Le représentant de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) s'est également exprimé.
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En début de séance, le Comité avait adopté son ordre du jour et son programme de travail qui se présente comme suit: le débat général et l'examen des questions de fonds auront lieu du 4 au 11 mai. Les questions de fonds porteront sur la promotion d'un nouvel ordre mondial de l'information et de la communication plus juste et plus efficace, destiné à renforcer la paix et la compréhension internationale et fondé sur une libre circulation et une diffusion plus large et mieux équilibré de l'information; sur la poursuite de l'examen des politiques et activités de l'Organisation des Nations Unies dans le domaine de l'information, compte tenu de l'évolution des relations internationales et des impératifs d'une nouvel ordre économique mondial de l'information et de la communication et sur l'évaluation et le suivi des efforts déployés et des progrès réalisés par les organismes des Nations Unies dans le domaine de l'information et des communications. Du 12 au 15 mai, le Comité procèdera à l'établissement et à l'adoption de son rapport qu'il présentera à l'Assemblée générale à sa cinquante-troisième session. Le Comité a en outre élu M. Abdullah Abubakar (Nigéria) au poste de Vice-président. Le Président avait également annoncé que la délégation de Moldova avait demandé à devenir membre du Comité de l'information.
Le Comité de l'information se réunira à nouveau mardi 5 mai à partir de 10 heures.
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Déclaration du Président du Comité de l'information
M. JOSE ALBERTO DE SOUSA (Portugal), Président du Comité, a évoqué le rapport du Secrétaire général sur la réorientation des activités d'information des Nations Unies. Il a estimé que la nomination d'un Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information est un signe positif qui indique que l'on veut créer une culture de l'information au sein des Nations Unies. Le rapport du Secrétaire général contient plusieurs éléments qui méritent réflexion. Je suis convaincu, a souligné M. de Sousa, que les membres du Comité s'accordent à reconnaître les avantages que comportent les nouvelles technologies de l'information. Il est encourageant de voir une utilisation accrue d'Internet au sein du système des Nations Unies. Néanmoins, les médias traditionnels comme la radio, les publications ou la télévision revêtent toujours une importante particulière, en particulier pour les pays qui n'ont pas accès aux supports électroniques. Par ailleurs, le Président du Comité a expliqué qu'il a maintenu des contacts étroits avec les représentants des différents groupes régionaux et qu'il s'est trouvé encouragé par l'esprit de consensus qui régnait.
Déclaration du Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information
M. KENSAKU HOGEN, Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information, a expliqué que dès sa nomination, la réorientation des activités de communication et d'information des Nations Unies a constitué sa priorité, conformément à l'appel lancé par le Secrétaire général de l'Organisation. La tâche qui nous attend est d'élaborer un plan et une stratégie générale permettant de traduire ce processus dans la réalité. A cette égard, le rapport de l'Equipe spéciale chargée de la réorientation des activités d'information des Nations Unies nous fournit une analyse et des recommandations claires qui nous aidera à atteindre cet objectif. M. Hogen a ajouté qu'il a également étudié avec grand soin les informations qui se sont dégagées des consultations de fond entre le personnel et l'administration tenues au sein du Département.
Le Secrétaire général adjoint a rappelé que l'intégration des fonctions de communication au centre de la gestion stratégique de l'Organisation et la promotion d'une culture de la communication dans l'ensemble de l'Organisation constituent la pierre angulaire du processus de réorientation des activités d'information. En définissant ces priorités, le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a érigé les fondations de la nouvelle orientation de nos activités dans ce domaine. La prochaine étape, consistant en la promotion et en la mise en oeuvre de ces mesures spécifiques, devrait être relativement aisée. M. Hogen a précisé que lors de cette phase de mise en oeuvre, il tiendra compte des vues exprimées par les Membres du Comité de l'information lors de sa vingtième session ainsi que des objectifs plus larges définis par M. Kofi Annan dans son rapport. Ces objectifs sont les suivants: donner une image de l'Organisation en tant qu'institution ouverte, transparente et publique; renforcer la
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capacité des Nations Unies de communiquer au niveau national et régional; continuer de renforcer la capacité des Nations Unies d'utiliser les dernières technologies de l'information; développer et renforcer la capacité de déployer certaines ressources avec souplesse; renforcer encore la capacité du Département de coopérer avec d'autres entités de l'Organisation et la nécessité de suivre de près les conseils stratégiques et les directives de l'Assemblée générale concernant l'exécution des mandats.
Evoquant les changements spectaculaires intervenus dans le rôle et l'influence des médias dans le monde, M. Hogen a estimé que le mandat fondamental du Département de l'information doit être de fournir une compréhension juste du travail fourni par l'Organisation. A cet égard, la nécessité de diffuser des informations fiables est encore plus pressante aujourd'hui. M. Hogen a regretté que des sujets tels que les catastrophes naturelles et les conflits fassent l'objet d'une couverture médiatique à sensation tandis que les questions relatives à l'élimination de la pauvreté, le développement social, les droits des personnes âgées et handicapées ne figurent que rarement dans les titres de presse et les programmes radiophoniques ou télévisés. Il est essentiel de comprendre les besoins de cette culture des médias et d'y subvenir de façon adéquate pour diffuser le message des Nations Unies dans le monde entier. A cet effet, le personnel du Département de l'information, le personnel de l'Organisation, les représentants et ambassadeurs des Etats membres doivent travailler ensemble. Voila la vraie signification d'une culture des médias. Cela entraîne pour le Département l'obligation de suivre l'évolution des dernières tendances en matière de communication et avant tout, d'acquérir les dernières technologies de l'information.
Les spécialistes de la communication et de l'information ont reconnu le vaste potentiel du nouveau médium qu'est Internet et y ont répondu. Nous, au Département de l'information, ne pouvons pas faire moins, a insisté M. Hogen qui a annoncé son intention de déployer tous les efforts, dans la limite des ressources disponibles, pour continuer à accroître la capacité du Département à utiliser de façon optimale ce nouveau médium. Nous ferons en sorte que les médias traditionnels- presse écrite, radio et télévision- tirent un maximum d'avantages des capacités multimédia d'Internet. Afin de mettre en valeur l'importance d'Internet et d'utiliser son potentiel en liaison avec les autres médias, a précisé M. Hogen, la Section des technologies de l'information dépendra de mon bureau. J'ai l'intention de renforcer sa direction en y transférant un poste de Chef de service. Des mesures seront également prises pour former plus avant le personnel du Département à Internet. M. Hogen a précisé que la diffusion, pour la première fois par voie électronique, du rapport du Secrétaire général sur les conflits en Afrique a entraîné une importante couverture médiatique.
Evoquant la recommandation de l'Equipe spéciale visant à renforcer la capacité de planification stratégique du Département de l'information, M. Hogen a annoncé la création d'un groupe de planification de la stratégie de
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la communication qui sera composé des directeurs et chefs de service du Département. M. Hogen a par ailleurs insisté sur l'importance de maintenir des relations de travail étroites entre le Département de l'information et les autres département organiques du Secrétariat. Aux yeux du Secrétaire général adjoint, cette coopération est un autre aspect clé de la "culture de la communication ". M. Hogen a évoqué les exemples de coopération réussie avec le Département des opérations de maintien de la paix et celui des affaires politiques. Abordant la fonction de service d'appui aux conférences internationales, M. Hogen a regretté que des fonds n'aient pas été alloués aux activités de promotion des sessions extraordinaires de l'Assemblée générale. Il a estimé que l'allocation de ressources en vue de la promotion notamment de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la lutte contre la drogue et de la Conférence de plénipotentiaires des Nations Unies sur la création d'un Tribunal pénal international, contribuera grandement à la réussite de telles manifestations. La célébration du cinquantième anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme et des Forces de maintien de la paix des Nations Unies constitueront également des priorité pour le Département.
Le Secrétaire général adjoint a poursuivi en soulignant que dans une large mesure, l'image des Nations Unies auprès des médias reflète souvent l'efficacité avec laquelle l'Organisation a été capable de leur présenter ses activités. Il faut donc développer des capacités de collecte de l'information et de réponse aux médias. La capacité de collecte d'information exigeant l'idée d'un bureau central d'information lié au cycle mondial des informations; la Section de la diffusion des informations se verra renforcée. Pour ce qui est d'une réponse appropriée aux médias, une équipe spéciale interdivisions sera créée pour analyser les reportages des médias et fournir des conseils sur les réponses à donner. Le Secrétaire général adjoint a estimé que la description la plus simple du travail du Département peut se résumer à ces mots : "construire ensemble avec ceux qui relayent l'information". Dans ce contexte, un dialogue s'impose avec les représentants de l'Association des correspondants de presse aux Nations Unies (UNCA) pour trouver les moyens d'améliorer leurs conditions de travail.
M. Hogen a souligné le rôle croissant des organisations non gouvernementales dans la diffusion d'informations relatives aux Nations Unies. Notre objectif sera d'améliorer les services qui sont mis à leur disposition aux sein des Nations Unies sur une base régulière. Ceci s'applique également aux centres d'information sur le terrain qui assument des fonctions similaires à celles de la section des ONG du Département de l'information. Au sujet des visites guidées, M. Hogen a précisé que celles-ci constituent un moyen de diffusion directe de l'information auprès du public. Il a dit son intention de traiter du problème relatif aux limitations du nombre de visiteurs et de la situation financière.
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Pour ce qui est des médias traditionnels comme la radio et la télévision qui revêtent une importance particulière pour les pays en développement, M. Hogen a indiqué qu'une étude de faisabilité pour la création d'un service international de radiodiffusion au sein de l'ONU a été réalisée en coopération avec une radio nationale. Nous en examinons actuellement les incidences financières et techniques ainsi qu'en matière de programmation et de gestion. Nous informerons les Etats membres des développements dans ce domaine le plus rapidement possible. Entre-temps, le Département s'apprête à lancer un projet pilote dans le cadre d'un programme de radiodiffusion directe destiné au public de certaines régions d'Afrique et d'Asie. Par ailleurs, des bulletins radiophoniques d'information sont disponibles sur le site Web des Nations Unies tandis que l'émission "l'ONU en action" continue d'être diffusé sur CNN. Nous ferons en sorte de renforcer et d'encourager de tels partenariats avec les médias dans le monde. La production de publications demeurera par ailleurs au centre des efforts de diffusion d'information.
Abordant les activités de la Bibliothèque Dag Hammarskjöld, M. Hogen a souligné que la demande croissante pour un accès à distance à des textes intégraux requiert l'existence d'une bibliothèque virtuelle où les utilisateurs pourront identifier les produits de n'importe quelle collection et les transférer par des moyens électroniques. La Bibliothèque a d'ailleurs entrepris plusieurs activités importantes dans ce sens au cours de cette année. En outre, à travers ses 364 bibliothèques dépositaires réparties dans 141 pays, la Bibliothèque a continué à diffuser des documents et des publications du Département. Un programme conjoint interinstitutions a été lancé au début de cette année pour assurer aux bibliothèques un contrôle plus efficace et un service renforcé.
Venant à la question des centres d'information, le Secrétaire général adjoint a déclaré que des centres dirigés, de manière professionnelle, sont essentiels pour garder informés les Gouvernements, les médias, les groupes de réflexion, les institutions d'enseignement ou encore le monde des affaires, et promouvoir les objectifs de communication des Nations Unies. Les progrès rapides en matière de technologie des communications et des applications de l'informatique ont déjà eu des effets largement bénéfiques sur l'efficacité des centres d'information. Au cours de la dernière décennie, a précisé M. Hogen, les centres ont beaucoup souffert des conséquences de coupures consécutives de postes et de ressources opérationnelles : les postes professionnels ayant diminué de 40% au cours des six dernières années alors que des bureaux supplémentaires étaient créés. M. Hogen a déclaré qu'il est en train d'examiner très soigneusement les recommandations relatives à la création de centres régionaux. Il a ajouté que les faiblesses des centres intégrés identifiées par l'Equipe spéciale doivent être abordées d'une manière concertée par le Département de l'information, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et les autres partenaires du système des Nations Unies. Des discussions sur les questions pratiques ont déjà lieu au sein du Groupe des Nations Unies pour le développement créé récemment. Le processus d'intégration continuera à se faire au cas par cas, en tenant compte des
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points de vues des pays hôtes et en s'assurant que les fonctions d'information et l'autonomie des centres d'information ne soient pas négativement affectées, a assuré le Secrétaire général adjoint à l'information.
Le Secrétaire général adjoint a précisé, à la fin de son discours, qu'un document présentant les activités du Département au cours de l'année écoulée est à la disposition des délégations. Il a par ailleurs expliqué qu'en se familiarisant avec le travail du Département, il a noté avec satisfaction la vaste palette d'activités menées par le Département au cours de l'année. Certaines d'entre elles sont considérées comme acquises et en conséquence ne reçoivent pas la reconnaissance qui leur est due. J'ai donc l'intention de travailler en étroite collaboration avec mes collègues du Département et de tirer pleinement avantage de leur expérience. Les ressources qui nous sont allouées pour l'exercice biennal 1998-1999 sont limitées et par conséquent notre objectif sera de les répartir avec plus de souplesse pour mettre au premier plan les priorités définies par l'Assemblée générale et remplir nos mandats. Notre priorité doit être claire, a conclu le Secrétaire général adjoint. En cette ère de l'information, les Nations Unies doivent se situer au premier rang en servant la communauté internationale. Comme le dit le rapport de l'Equipe spéciale "les fonctions de communication doivent être au coeur de la gestion stratégique de l'Organisation.
Déclarations
M. HENRIKAS YUSHKIAVITSHUS, Directeur général adjoint pour la communication, l'information et l'informatique de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), a déclaré que les origines de la Journée mondiale de la liberté de la presse remontent à la Déclaration de Windhoek, en Afrique, sur la promotion des médias indépendants et pluralistes, adoptée le 3 mai 1991. La Journée est officiellement née en décembre 1993 lorsque l'Assemblée générale de l'ONU, à la demande de l'UNESCO, a proclamé le 3 mai "Journée mondiale de la liberté de la presse". Aujourd'hui pourtant, il faut constater que chaque jour, des milliers de journalistes courent le risque d'être harcelés, tabassés, emprisonnés et même assassinés. Ces dix dernières années, plus de 500 d'entre eux ont été tués, dont vingt-six l'année dernière. Dans la majorité des cas, l'assassin n'est ni retrouvé ni passé en justice.
La Conférence générale de l'UNESCO a condamné les actes de violence à l'égard des journalistes en arguant que la liberté de la presse ne concerne pas seulement les membres de la presse mais les citoyens de tous les pays du monde. En ce cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il est regrettable qu'Amnesty international l'ait appelé l'un des documents les plus secrets du monde. Il faut donc se féliciter de la décision de l'Organisation des Etats américains de créer un poste de rapporteur spécial sur la restriction des droits des journalistes. Cette mesure est un bon exemple pour d'autres régions du monde. Une fois de plus, il faut rappeler les termes de l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme
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sur la liberté d'expression et d'opinion qui a été mis à rude épreuve pendant la guerre froide. Toutefois, on peut parfois éprouver une certaine nostalgie pour cette période où les violations de la liberté d'expression étaient vraiment condamnées par le monde libre. Ceux qui, comme Soljenitsyne, Havel ou Sakharov, défendaient l'article 19 étaient des héros qui figuraient constamment dans la presse. Les présidents des pays les plus puissants mettaient un point d'honneur à inclure les concepts des droits de l'homme dans leur ordre du jour des visites officielles.
Sommes-nous restés vigilants? Non. Sinon il n'y aurait pas, au moment où nous parlons de la liberté de la presse, 200 journalistes en prison. Le prix pour la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano a été décerné cette année à Mme Christina Anyanwu, journaliste nigérianne. Mais, le journaliste camerounais, Paul Nyawe, n'a pu assister aux délibérations du jury en raison de son incarcération au Cameroun et ce, malgré les démarches qu'a entamé l'UNESCO auprès des autorités du pays. Pour les mêmes raisons, Mme Anyanwu, non plus, n'a pu recevoir son prix. L'UNESCO a toujours combattu l'idée du prétendu nouvel ordre mondial de l'information et de la communication qui proposait en fait de rétablir l'équilibre en matière de flux d'information non pas par plus mais moins de liberté. L'équilibre devait donc être établi par une restriction du flux d'information. Ce concept, rejeté par l'UNESCO en 1989, semblait, pour différentes raisons, avoir refait surface ici à New York. Dans ce contexte, l'UNESCO a accueilli avec une grande satisfaction la déclaration du Secrétaire général selon laquelle le concept du nouvel ordre mondial est enterré depuis longtemps. S'il s'agit là d'une bonne nouvelle, force est pourtant de constater l'émergence de nouvelles menaces qui pèsent sur le flux d'information libre. Il faut citer parmi ces menaces la concentration des médias et les monopoles commerciaux qui ne sont pas moins dangereux pour la liberté de la presse et le pluralisme d'opinion que les monopoles gouvernementaux.
M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie), s'exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a réitéré l'importance que revêt l'établissement d'un nouvel ordre de l'information et des communications plus juste et plus efficace. Ces principes qui avaient été avancés par les pays non alignés il y a déjà plus de vingt ans et qui avaient été repris par l'Assemblée générale au cours de sa trente-troisième session, sont toujours valables aujourd'hui. Dans ce contexte, les délibérations du Comité de l'information sur ces questions ne peuvent pas être surestimées. Nous devons nous efforcer de déployer un effort collectif pour accroître notre collaboration et coordonner les activités dans ce domaine vital. Dans cette ère de l'information où les nouvelles technologies de l'information ouvrent de nouvelle fenêtres et de nouveaux horizons, nous ne pouvons pas exclure la majorité des êtres humains de la réalité qui les entoure et leur refuser les bénéfices d'une meilleure qualité de vie. La lutte contre la pauvreté, la malnutrition et l'analphabétisme mobilisent des millions de personnes de par le monde. Une couverture
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médiatique plus exhaustive de ces questions permettrait aux peuples d'être mieux informés et de déployer tous les efforts vers la réalisation de nos objectifs communs, à savoir le progrès économique et l'émancipation sociale.
Au coeur du processus de promotion des masses médias se trouve la nécessité de garantir le professionnalisme, l'éthique, le sens des responsabilités et le respect des principes de la Charte des Nations Unies. Le représentant a par ailleurs reconnu le travail important fourni par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO). Il est important que les Nations Unies et ses institutions spécialisées déploient tous leurs efforts pour promouvoir un ordre de la communication et de l'information juste. A l'aube du prochain millénaire, les Nations Unies seront amenées à traiter d'une multitude de questions, y compris celles relatives au maintien de la paix et de la sécurité internationales et au développement. Il est certain que le Département de l'information, en tant que point focal de l'Organisation, jouera un rôle vital et il est souhaitable qu'il soit renforcé pour répondre aux besoins des Etats membres. Abordant le rapport du Secrétaire général, le représentant a estimé que les propositions qui y sont contenues seraient plus avantageuses si les vues des Etats membres étaient pleinement prises en compte. Il faut également renforcer les accords consultatifs entre le Département de l'information et les autres département du Secrétariat qui travaillent sur les questions de développement.
Au sujet des centres d'information, le représentant a exprimé la préoccupation que lui inspire leur processus d'intégration aux bureaux extérieurs du PNUD. Ce processus doit être réalisé au cas par cas en tenant compte du point de vue du pays hôte. L'opinion des Etats membres doit également être prise en compte, notamment pour ce qui est de la proposition du Secrétaire général de créer des centres régionaux. Le représentant a en outre rappelé que la radio demeure le médium de communication principal pour des millions de personnes. Il s'est dit satisfait de ce que des efforts continuent d'être déployés afin de renforcer la radio des Nations Unies. Il a également souligné le rôle important que jouent les publications. Le représentant a conclu en réitérant la nécessité d'obtenir un consensus sur les questions qui seront soumises pour examen au Comité de l'information. Il dit son intention de participer à un mécanisme de négociations transparent et à composition non limitée.
M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré qu'il est temps pour les Nations Unis de construire une capacité multimédia de diffusion et de production d'information qui travaillerait en étroite collaboration avec tous les départements, les fonds, les programmes et les institutions du système des Nations Unies. Le Bangladesh, a-t-il poursuivi, a beaucoup apprécié la manière rapide et pleine d'imagination dont le Département de l'information est entrée dans le cyberspace. Il juge important que les Nations Unies utilisent Internet comme un média central de communications et renforcent leur présence dans ce secteur.
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Le Bangladesh, a souligné le représentant, a toujours cru au bien-fondé d'un flux d'information libre, équilibré et effectif. Le rôle des médias et les efforts de développement durable sont intrinsèquement liés et le monde en développement a un défi crucial à relever dans cette relation. Le Bangladesh demeure donc préoccupé par les disparités et les déséquilibres entre le monde développé et le monde en développement en ce qui concerne les infrastructures et la technologie des communications. Il faut donc accroître l'assistance technique aux pays en développement et organiser des programmes intensifs de formation pour le personnel des médias et les journalistes.
En ce qui concerne les centres d'information des Nations Unies, le représentant a réitéré la position de son pays selon laquelle la décision d'intégrer les centres aux bureaux extérieurs du PNUD doit être réexaminée à la lumière de l'expérience acquise. Le Bangladesh demeure convaincu que de telles intégrations ne vont pas dans le sens de l'intérêt de l'ONU et de ses responsabilités en matière d'information. Il faut, a conclu le représentant, accorder plus d'importance à la diffusion d'information par des moyens électroniques qui peuvent toucher le plus grand nombre de personnes possible. Il est donc regrettable que la radio des Nations Unies ait arrêté ses programmes en bangla, une langue parlée par 200 millions de personnes.
L'établissement de liens étroits entre tous les partenaires des Nations Unies et les membres de la société civile est essentiel pour toucher les gens. Les compétences et les connaissances des diplomates travaillant aux Nations Unies peuvent très bien être utilisées pour construire et renforcer un tel partenariat, en particulier en portant le message des Nations Unies aux jeunes générations avec le concours des institutions d'enseignement et autres institutions.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a évoqué la commémoration de la journée mondiale de la liberté de la presse pour laquelle de nombreux journalistes en Algérie ont perdu leur vie. Il a rendu hommage aux hommes et aux femmes victimes des terroristes qui prétendent dénier aux journalistes le droit d'exercer leur métier et celui d'exprimer des opinions. Parmi eux, le représentant a cité M. Said Mekbel, tué en 1994 par les extrémistes islamistes, et que Mme Mary Robinson, Haute Commissaire aux droits de l'homme, a mentionné ce matin, tout en éprouvant des scrupules à les qualifier de terroristes au motif que les terroristes d'hier sont considérés aujourd'hui comme des combattants de la liberté. Face à la menace intégriste, ce sont pourtant des centaines de journalistes qui reprennent le flambeau et poursuivent leur mission d'information. Ainsi, depuis la dernière session du Comité, plusieurs quotidiens et périodiques indépendants ont vu le jour. Il existe ainsi en Algérie vingt-cinq quotidiens dont dix-sept appartiennent au secteur privé avec un tirage quotidien d'un million d'exemplaires. Il existe également quarante-trois hebdomadaires qui totalisent un million trois cent mille exemplaires. Bientôt, a annoncé le représentant, des chaînes de radio et de télévision privées viendront bouleverser la paysage audiovisuel national.
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Le représentant a estimé que la vingtième session du Comité de l'information intervient dans un contexte très différent des sessions précédentes. En effet, tout au long du processus de réforme de l'Organisation, le Comité de l'information s'est trouvé anormalement marginalisé. En effet, cet organe subsidiaire spécialisé de l'Assemblée générale n'a pas été en mesure d'achever les travaux de sa précédente session. Le représentant a souligné l'importance qu'il y a à tenir compte des points de vue des Etats Membres pour ce qui est de la mise en oeuvre des propositions de réforme du Secrétaire général. Il appartient en effet aux Etats membres de définir les mandats de chaque structure du Secrétariat. Rappelant que son pays a endossé l'esprit des réformes proposées et engagées par le Secrétaire général, notamment la transformation du Département de l'information en un Bureau de communication et d'information, il a rappelé la nécessité de respecter et d'exécuter en totalité les mandats qui lui ont été conférés par l'Assemblée générale. Toute réduction, tout changement , ou tout abandon de missions et de tâches adoptés par les Etats membres doivent être clairement avalisé par ces derniers. C'est le cas notamment des mandats relatifs à la Question de Palestine ou ceux des programmes relatifs aux questions de décolonisation et de développement.
M. Baali a dit partager la vision du Secrétaire général visant à placer la communication au coeur de la stratégie d'action des Nations Unies Quand à la méthode, il a rappelé que la raison d'être du Département de l'information est de mettre des informations à la disposition des demandeurs qu'il s'agissent des Etat membres ou du grand public. L'amélioration de l'image des Nations Unies ne saurait transformer les activités d'information en un objectif de propagande destiné à améliorer le "look" de notre Organisation uniquement auprès d'un certain public et d'une opinion publique particulière. Que l'ONU obtienne des résultats positifs et tangibles, et son image s'améliorera en conséquent. Constatant que le processus de réorientation des activités d'information est déjà bien avancé, le représentant s'est interrogé sur le bien fondé du statut accordé au partenariat avec les médias et avec le monde associatif. Il a relevé la multitude de réunions d'information et de rencontres que les services d'information de l'ONU organisent au profit des médias et dont sont exclus les Etats membres. Il a néanmoins reconnu le rôle du secteur de la presse et du monde associatif dans la promotion des missions et des activités des Nations Unies.
Au sujet des centres d'information, le représentant a rappelé que son pays avait appuyé l'idée de leur intégration aux bureaux extérieurs du PNUD. Cependant, l'idée exprimée par certains de revoir la question de leur composante humaine, de leurs missions et de leur mode de fonctionnement dans la perspective d'en réduire le nombre nous pose problème. En effet, parmi les 68 centres installés dans les pays du tiers-monde, beaucoup souffrent déjà du manque de moyens nécessaires à leur fonctionnement. Nous souhaitons donc qu'il leur soit accordée une plus grande attention, par la prise en charge de leurs besoins tant financiers qu'en personnel. D'autre part, le représentant a appuyé l'idée de renforcer les capacités de la Bibliothèque Dag Hammarskjold
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tout en soulignant l'importance qu'il y a à lui accorder un soutien matériel effectif pour qu'elle puisse accomplir sa principale mission de centre de documentation référentiel. La récente évaluation effectuée en janvier 1997 par deux experts de renommée internationale a très clairement démontré les mérites et les performances de la Bibliothèque et a apporté un ferme démenti aux reproches qui lui étaient faits. Il s'agit donc maintenant pour cette institution de continuer à servir tous ses utilisateurs tout en tirant les renseignements utiles de cette excellente évaluation.
D'autre part, en ce qui concerne l'aspect pratique des travaux du Comité, le représentant s'est joint à l'idée de créer un groupe de travail à composition non limitée pour l'examen du projet de rapport et des projets de résolution que le Comité présentera à l'Assemblée générale. Il a évoqué les faiblesses du système actuel qui ne permet l'examen de ces textes que dans le cadre restreint du bureau élargi du Comité dont les membres sont obligés d'en référer à leurs groupes régionaux créant ainsi un processus de négociations à double niveau, source de difficultés et de perte de temps.
Par ailleurs, le représentant s'est dit prêt à réexaminer la résolution sur l'information au service de l'humanité en raison de quelques développements intervenus que ce texte ne saurait ignorer. Si le consensus doit rester la règle d'or du Comité, il ne doit pas condamner à l'immobilisme parce qu'une telle attitude s'inscrirait à contre-courant de ce vent de réformes qui souffle sur l'ONU, a conclu le représentant.
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