LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE OBSERVE LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA PRESSE
Communiqué de Presse
PI/1061
LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE OBSERVE LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA PRESSE
19980504 La Journée mondiale de la liberté de la presse a été observée ce matin en présence notamment du Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information, M. Kensaku Hogen, et du Président de l'Assemblée générale, M. Hennadiy Udovenko.Dans son message lu par M. Hogen, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a souligné que cette année la célébration de la liberté de la presse revêt une importance d'autant plus grande qu'elle coïncide avec le cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, dont l'article 19 consacre le droit de tout individu à la liberté d'opinion et d'expression et le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions. Il faut réaffirmer l'attachement au principe d'une presse libre et indépendante qui puisse favoriser l'avènement d'une culture respectueuse des droits de l'homme et soucieuse d'une saine gestion des affaires publiques ainsi que de l'intégration et du développement sociaux de toute la population a souligné le Secrétaire général.
Pour sa part, M. Hennadiy Udovenko, Président de l'Assemblée générale, a estimé que le rôle des médias dans la couverture des informations relatives aux relations internationales et au travail de l'Organisation n'est pas une question purement académique mais une véritable préoccupation. Le monde vit une époque où CNN est appelé le 16ème membre du Conseil de sécurité. L'influence avérée des médias soulève la question de la responsabilité des journalistes, a-t-il souligné. Maintenant que l'Organisation s'est engagée dans un large processus de réformes institutionnelles pour mieux se préparer aux tâches du prochain millénaire, il devient de plus en plus nécessaire pour le public, d'avoir une meilleure compréhension de l'éventail des activités des Nations Unies. Dans ce contexte, il est difficile de sous-estimer le rôle essentiel que peuvent jouer les médias, a déclaré le Président de l'Assemblée générale.
Mme Mary Robinson, Haute Commissaire aux droits de l'Homme a évoqué les menaces insidieuses à la liberté de la presse qui se traduisent par une autocensure de la part des journalistes eux-mêmes, par les pressions des grands groupes économiques et l'affaiblissement de la presse locale. Elle a insisté sur la nécessité pour les journalistes de suivre les dossiers et de ne pas réduire les situations complexes à des petites phrases.
M. Federico Mayor, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), a, lors d'une retransmission vidéo, renouvelé la détermination de l'Organisation d'agir chaque fois que cela sera nécessaire car toute régression de la liberté de la presse entraîne une régression de la démocratie. Seul un peuple bien informé est véritablement capable de participer au processus démocratique.
M. James H. Ottaway, Président du Comité mondial pour la liberté de la presse, a rendu hommage au Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, pour ses déclarations courageuses en faveur de la liberté de la presse. Selon le vingtième rapport de Freedom House à New York, seulement un tiers des 180 nations du monde jouissent d'une presse complètement libre, a-t-il dénoncé. La politique protectionniste que constituent les restrictions imposées aux flux d'informations sera dépassée par la marche vers la liberté dont la chute du mur de Berlin a été un exemple. Plus concrètement, cette approche protectionniste sera certainement renversée par Internet et la diffusion en directe par satellite, a estimé M. Ottaway.
La table ronde qui a suivi a entendu de nombreuses personnalités du monde des médias qui se sont exprimées sur l'article 19 de la Déclaration universelle des Droits de l'homme, article relatif à la liberté d'opinion et d'expression. Ces personnalités sont les suivantes: M. Andrei Codrescu, commentateur pour National Public Radio; M. Cushrow Irani, Rédacteur en chef et Directeur exécutif de The Statestman; M. Masahiko Ishizuka, éditorialiste du Nihon Keizai Shimbun; Mme Aicha Lemsine, Journaliste d'Al Wassat; Ted Morello, Président de l'Association des correspondants de presse des Nations Unies (UNCA) et correspondant du Far Eastern Economic Review et Mme Blanca Rosa Vilchez correspondante nationale pour UNIVISION Network News. Mme Lucia Newman, Chef du Bureau de la Havane de Cable News Network (CNN) a assumé le rôle de modérateur.
La Journée mondiale de la liberté de la presse a été instituée par une décision de l'Assemblée générale en date du 20 décembre 1993. Généralement observée le 3 mai, cette journée vise à apporter un soutien aux professionnels des médias de par le monde et à réaffirmer l'importance cruciale d'une presse libre, pluraliste et indépendante comme fondement de toute société démocratique.
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Dans son discours lu par M. KENSAKU HOGEN, Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information, le Secrétaire général des Nations Unies M. KOFI ANNAN, a déclaré que la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse revêt une importance particulière dans la mesure où elle coïncide avec la célébration du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme dont l'article 19 consacre, au plan international, le droit de tout individu à la liberté d'expression et d'opinion, le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions, la libre circulation de l'information sans considération de frontières et par quelque moyen d'expression que ce soit. Le Secrétaire général a fait état de progrès au cours des cinquante dernières années en matière de liberté de la presse pour laquelle l'Organisation des Nations Unies a lutté inlassablement. Les Nations Unies ont également contribué à en asseoir les fondements juridiques.
Les médias modernes sont les principaux agents de la mondialisation, ceux qui sont les plus aptes à dénoncer les discriminations, les atteintes aux droits de l'homme et autres injustices. L'avènement des nouvelles techniques d'information a étendu de manière spectaculaire le rayonnement mondial des médias et l'influence qu'ils exercent. Faisant le lien entre le développement et la démocratie, le Secrétaire général a souligné qu'une opinion publique bien informée est une composante essentielle de la démocratie. En 1997, 26 journalistes ont été assassinés et 129 emprisonnés. Ces statistiques, estime le Secrétaire général, nous ramène à la dure réalité d'un monde où l'on continue de s'opposer à l'application universelle de l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Réaffirmons notre attachement au principe d'une presse libre et indépendante, qui puisse favoriser l'avènement d'une culture respectueuse des droits de l'homme et soucieuse d'une gestion saine des affaires publiques ainsi que de l'intégration et du développement sociaux de toute la population.
M. HENNADIY UDOVENKO, Président de l'Assemblée générale, a déclaré que la célébration de la Journée mondiale de la presse revêt un caractère symbolique particulier cette année puisque c'est aussi celle du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Le lien direct et intrinsèque entre les droits de l'homme et la liberté de la presse a été réaffirmé avec éloquence dans l'article 19 de la Déclaration. Depuis l'adoption de la Déclaration, les progrès remarquables en matière de technologie des communications ont rendu les anciennes frontières caduques et les barricades inefficaces. Grâce aux satellites et à Internet, l'information peut faire instantanément le tour de la planète, transformant ainsi la construction théorique de "village mondial" en une réalité virtuelle. Il n'en reste pas moins que la nécessité de protéger et de promouvoir la liberté de la presse n'a rien perdu de sa pertinence. Malgré les tendances récentes en faveur de la démocratie dans de nombreuses régions du monde, les tentatives de contrôler les médias et de limiter la diversité d'opinion persiste avec une ténacité alarmante. Il n'est pas moins troublant de constater la menace croissante que
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font peser sur la liberté de la presse les groupes extrémistes avec leur intolérance religieuse ou politique et la criminalité organisée avec ses trafiquants de drogues, ses marchands d'armes, sa Mafia et sa horde de barons voleurs des jours modernes.
S'il faut saluer les acquis de la révolution des communications, il faut demeurer vigilant et déterminé dans les efforts de protection des fondements politique, constitutionnel et juridique de la liberté de la presse comme droit inhérent à l'être humain. Il revient, en outre, à la communauté internationale de mettre tout en oeuvre pour que les progrès des technologies des médias soient utilisés dans l'intérêt de tous les pays qu'ils soient riches ou pauvres. Alors que le cyberspace est devenu partie intégrante de la vie quotidienne des pays industrialisés, nombre de pays en développement restent à la traîne et nécessitent un appui et une assistance pour renforcer leur capacité dans le domaine de la presse. Le rôle des médias dans la couverture des relations internationales et du travail des Nations Unies feront inévitablement partie des débats du Comité de l'information qui doivent commencer aujourd'hui. Il s'agit là d'une vraie préoccupation et non d'une préoccupation académique. Le monde vit, aujourd'hui, dans une ère où CNN est appelé le 16ème membre du Conseil de sécurité. Le pouvoir de la presse de secouer l'opinion publique par des reportages spectaculaires est un facteur que les politiciens et les diplomates ne peuvent ignorer.
Une telle influence soulève la question de la responsabilité des journalistes, puisqu'il est reconnu que les couvertures médiatiques peuvent enflammer les émotions du public et le mener à presser les gouvernements de réagir et d'entreprendre finalement une action mal préparée et vouée à l'échec. Trop souvent aussi les médias manquent à mettre en lumière les questions qui affectent les communautés locales comme la pauvreté, la dégradation de l'environnement ou encore les violations des droits de l'homme. Le travail quotidien des Nations Unies qui est d'aider les gens dans leur lutte pour la survie, la dignité et la prospérité est passé pendant des années "à côté de l'oeil" des médias. Aujourd'hui, l'Organisation s'est engagée dans un large processus de réformes institutionnelles pour mieux se préparer aux tâches du prochain millénaire. Pour le public, il est donc de plus en plus nécessaire d'avoir une connaissance approfondie et une meilleure compréhension de tout l'éventail des activités des Nations Unies. Il s'agit là d'un domaine où il est difficile de sous-estimer le rôle essentiel que peuvent jouer les médias.
La liberté de la presse est une condition préalable à la paix et à la démocratie. Elle peut parfois avoir tort, être irresponsable et prendre des risques inutiles mais l'histoire a montré à suffisance que le déni de la liberté de la presse entraîne bien plus de risques pour la société. Il faut donc réaffirmer l'engagement à nourrir et faire avancer la liberté de la presse et le pluralisme à travers le monde. Oeuvrer à cet objectif est dans l'intérêt de tous, a conclu le Président de l'Assemblée générale.
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Mme MARY ROBINSON, Haute Commissaire aux droits de l'homme, a déclaré que cette journée est celle du souvenir pour les journalistes assassinés, roués de coups, intimidés de par le monde. Mme Robinson a évoqué le destin malheureux de nombreux journalistes notamment en Algérie et au Rwanda. En 1994, a-t-elle observé, quatres journalistes ont été lapidés à mort au Rwanda. La liberté de la presse entraîne des responsabilités mais également des droits. Il existe des menaces insidieuses à la liberté de la presse qui se traduisent par une autocensure de la part des journalistes eux-mêmes, par la pression qu'exercent les grands groupes économiques et par la mort de la presse locale qui joue pourtant un rôle vital pour rendre compte des événements locaux . Mme. Robinson a souligné la nécessité pour les journalistes de garantir le suivi des dossiers et l'importance de ne pas réduire les situations complexes à des petites phrases anecdotiques. Les journalistes doivent faire en sorte que l'information est publiée tout en respectant la vie privée des protagonistes. Il est également indispensable d'utiliser les mots exacts, en particulier lorsqu'il s'agit de situations de conflits. Nelson Mandela avait été qualifié de terroriste, a-t-elle rappelé. Mme Robinson a indiqué qu'elle a accepté de se rendre au Congrès mondial de la presse à Moscou pour évoquer la réduction du flux des informations en provenance de l'étranger. Je pense qu'un danger véritable se profile, à savoir un vide médiatique pour ce qui est de la politique étrangère. Ceci est très grave. En effet, sans information en provenance de l'étranger, comment va-t-on pouvoir lutter contre la xénophobie et le racisme. Il faut que le respect de l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme se concrétise davantage, a-t-elle souligné.
M. FEDERICO MAYOR, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), a souligné combien les libertés fondamentales sont fragiles en ajoutant que c'est encore plus vrai pour la liberté d'expression et la liberté de la presse. Il faut donc continuer de plaider leur cause et s'offrir les moyens de leur existence. Cette année, le décompte des violations de tous ordres - 50 journalistes tués - conduit à ce constat qu'aucune région du monde n'est épargnée. Ce n'est pas seulement le fait des gouvernements mais le fait des groupes extrémistes et de criminels de tous ordres. Face aux détentions arbitraires, aux menaces physiques ou aux tentatives de museler les médias, il faut lancer un appel en faveur d'une mobilisation générale et diffuser très largement la Déclaration universelle des droits de l'homme, en particulier son article 19. L'UNESCO agira chaque fois que cela sera nécessaire car toute régression de la liberté de la presse entraîne une régression de la démocratie. Elle fera pression sur les gouvernements pour qu'ils mènent des enquêtes en cas de violations des droits des journalistes. Seul un peuple bien informé est capable d'assumer son destin et de participer au processus démocratique. Unissons nos efforts pour instaurer partout des sociétés du savoir, de la liberté et de la justice, a conclu le Directeur général de l'UNESCO.
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M. JAMES OTTAWAY, Président du Comité mondial pour la liberté de la presse, a estimé que le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, n'a pas reçu la reconnaissance qu'il méritait pour ses déclarations publiques courageuses relatives à l'importance fondamentale de la liberté d'expression comme un des droits de l'homme fondamentaux, nécessaire au développement politique, économique et social. En juin 1997, a rappelé M. Ottaway, M. Kofi Annan a dénoncé courageusement les régimes dictatoriaux en Afrique. Le même mois, M. Annan, lors d'une réunion de la Banque mondiale à Toronto, a souligné l'importance des flux libres d'informations, des idées et des opinions pour le développement des démocraties et pour la croissance des économies, en particulier dans les pays en développement où les médias indépendants et libres sont souvent supprimés par des gouvernements autoritaires. Lors d'une interview avec la World Association of Newspapers, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies a déclaré que les médias dans le monde jouent un rôle central pour la promotion de la liberté et des échanges d'information au niveau international. Ceci constitue une condition indispensable à la démocratie, au développement et à la paix. Des citoyens informés constituent le meilleur rempart contre la tyrannie et l'abus de pouvoir, a souligné M. Annan.
L'un des devoirs d'une presse libre est de faire la lumière sur les violations des droits de l'homme. Nous savons tous en effet que les violations les plus abominables des droits de l'homme interviennent en absence de la liberté de la presse. M. Ottaway a rappelé la signification particulière de cette célébration au moment où l'on célèbre le cinquantième anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Depuis 1948, cette Déclaration a constitué la source d'inspiration la plus efficace permettant de garantir les droits fondamentaux de l'humanité. Malheureusement, selon le vingtième rapport de Freedom House à New York, seulement un tiers des 180 nations du monde jouissent d'une presse complètement libre. Les restrictions imposées aux flux d'informations constituent une politique protectionniste qui sera dépassée par la marche vers la liberté dont la chute du mur de Berlin a été un exemple. Plus concrètement, cette approche protectionniste sera certainement renversée par Internet et la diffusion en direct par satellite. Dans cette ère de l'information, aucun pays ne pourra participer au débat mondial d'idées si les flux d'information ne franchissent pas les frontières. La liberté de circulation des idées et des informations est autant indispensable aujourd'hui pour le progrès économique et la paix qu'elle ne l'était il y a cinquante ans.
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