En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6539

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL INFORME L'ASSEMBLÉE DE L'ÉTAT ACTUEL DES RÉFORMES DE L'ONU

1 mai 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6539
GA/9404


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL INFORME L'ASSEMBLÉE DE L'ÉTAT ACTUEL DES RÉFORMES DE L'ONU

19980501 On lira ci-après le texte de l'allocution que le Secrétaire général, M. Kofi Annan a prononcée le 27 avril à l'Assemblée générale :

J'ai grand plaisir à prendre de nouveau la parole à l'Assemblée générale au sujet de la réforme et de la rénovation de notre Organisation. Depuis ma dernière intervention, bien des événements se sont produits aussi bien dans l'actualité mondiale que dans le déroulement de nos travaux, ce qui me porte tout particulièrement à aller de l'avant.

En juillet dernier, je vous ai proposé d'entamer une révolution tranquille afin de transformer l'Organisation des Nations Unies sous l'angle de sa direction, de ses structures et de son efficacité. En septembre, je vous ai exhortés à devenir l'"Assemblée de la réforme", en réunissant vos forces et en saisissant l'occasion d'une nouvelle ère mondiale pour revitaliser l'Organisation.

Nous sommes d'ores et déjà sur la bonne voie. En automne dernier, vous avez innové en entamant un processus de consultations plénières officieuses à composition non limitée, qui a permis d'accélérer vos délibérations. Dans vos résolutions 52/12 A et B, vous avez approuvé toute une série de mesures qui marquent une étape décisive et vous avez ouvert la voie à des progrès futurs qui promettent eux aussi des résultats de portée historique. Je suis très reconnaissant aux membres de l'Assemblée d'avoir accompli ces premiers pas importants. Je fais aujourd'hui appel à vous pour faciliter la conclusion de la première phase de nos travaux.

J'aimerais maintenant vous informer de l'état actuel du processus de réforme et de la direction dans laquelle je crois que nous nous engageons.

Je commencerai, si vous le voulez bien, par les mesures qui relèvent de la prérogative du Secrétaire général, en indiquant qu'elles ont été largement mises en oeuvre.

Comme vous le savez, les activités menées par le Secrétariat dans ses principaux domaines thématiques sont maintenant guidées par des comités exécutifs afin de veiller à ce qu'il y ait communication, coordination et synergie.

Le Conseil de direction s'est rapidement révélé fort utile en tant que premier organe permettant aux chefs de tous les départements, programmes et fonds des Nations Unies de se rassembler systématiquement pour élaborer les politiques et clarifier la gestion. Il se réunit une fois par semaine, avec la participation par téléconférence de collègues de Genève, Nairobi, Rome et Vienne.

Le Conseil de direction tirera bientôt profit des travaux du Groupe de la planification stratégique, la toute première cellule de réflexion propre à l'Organisation, dont je viens d'approuver le mandat. De plus, une nouvelle orientation et un surcroît d'élan ont été donnés aux activités que nous consacrons à deux domaines d'importance majeure — le désarmement et l'assistance humanitaire.

Si la réforme commence au sommet — avec les mesures que je viens d'énoncer et d'autres encore qui touchent la direction du Siège —, elle doit aussi faire ses preuves à la base, en permettant d'améliorer la vie quotidienne de la population.

Le Groupe des Nations Unies pour le développement est maintenant en place afin de pouvoir renforcer la coordination et l'intégration de nos activités opérationnelles en faveur du développement. Nous créons actuellement des "Maisons des Nations Unies", espaces communs qui devraient favoriser le travail en équipe et l'efficacité, dont le nombre devrait atteindre la cinquantaine dans un an ou deux.

Nous avons également accompli de grands progrès dans la mise en place d'un plan-cadre pour l'aide au développement afin que les programmes et les fonds des Nations Unies ne soient pas unifiés uniquement sur le plan matériel, mais le soient aussi au niveau de leurs travaux de façon à appuyer un dessein commun déterminé par les pays hôtes eux-mêmes.

La réforme a conduit à effectuer des coupes dans le budget et le personnel et à regrouper certains départements et activités. Elle va toutefois bien au-delà de toutes les réductions qui ont dû être réalisées.

Les règles et procédures sont en voie de simplification. Les dépenses d'administration vont être réduites. Les services communs seront élargis et l'informatisation de l'ONU est devenue une réalité. Avant tout, un réexamen fondamental de la gestion des ressources humaines est en cours, l'objectif étant de renforcer le personnel de l'Organisation.

( suivre)

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Le résultat net est tel qu'il devrait l'être : une Organisation plus productive et plus efficace, centrée encore davantage sur les domaines économique et social et le développement — qui sont au coeur même de notre mission.

Au-delà de ce qui a été accompli au Secrétariat, je constate avec plaisir que les diverses recommandations que j'ai faites afin de réformer l'appareil intergouvernemental sont actuellement examinées par les organes compétents. J'espère beaucoup que nous verrons bientôt des fruits mûrir aussi dans ce domaine.

Je suis également heureux de pouvoir annoncer que le Secrétariat a maintenant publié, à la demande de l'Assemblée générale, sept notes sur un certain nombre de recommandations figurant dans mon plan de réformes. Permettez-moi d'en décrire brièvement le contenu :

— Nous proposons une Assemblée du millénaire, non seulement pour marquer l'an 2000, mais aussi pour définir la mission des Nations Unies durant le XXIe siècle et suggérer des modifications institutionnelles à l'échelle du système qui nous permettront d'accomplir cette mission. Nous proposons également de tenir un forum non gouvernemental dans le cadre de l'Assemblée du millénaire afin de reconnaître, d'une part, la place légitime qui revient à la société civile dans nos travaux et, d'autre part, le besoin de l'Organisation de se rapprocher des peuples qu'elle doit servir en raison même de son existence.

— Nous proposons des dates butoirs (les "clauses d'extinction") pour les initiatives impliquant de nouvelles structures organisationnelles ou d'importants engagements de fonds. À l'expiration d'un délai spécifié par les États Membres, ces initiatives ne se poursuivront que si leur mandat est explicitement renouvelé. Cette mesure contribuerait à éliminer une prédisposition à l'inertie institutionnelle dont l'Organisation souffre depuis trop longtemps.

— Nous avons explicité notre proposition antérieure concernant les dividendes pour le développement, dont le but est de consacrer à des investissements bénéficiant aux pays en développement les économies provenant des gains d'efficacité de l'Administration.

— Nous recommandons des moyens visant à assurer des ressources de base plus sûres et plus prévisibles pour le développement. Cette mesure est essentielle pour que les fonds et les programmes des Nations Unies puissent accroître leur efficacité, éviter les discontinuités, inspirer la confiance et garantir la fiabilité, qualités qui doivent impérieusement caractériser un partenaire de développement valable. Elle permettra aussi aux organes

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directeurs d'améliorer le contrôle de la planification et de la gestion. L'action concrète que nous recommandons devrait être considérée comme constituant une première étape vers des modalités de financement plus efficaces.

— Enfin, vous disposerez bientôt de plus amples détails au sujet de ma proposition tendant à ce que l'Organisation adopte une budgétisation fondée sur les résultats, notamment de modèles de budget par département illustrant le fonctionnement du système. Cette mesure, peut-être plus que toute autre, donnera à l'Organisation la marge de manoeuvre et la latitude dont elle a besoin en période de transformation rapide, tout en renforçant la transparence et la responsabilité dont le Secrétariat se doit de faire preuve à l'égard des États Membres.

Je souhaite que vous puissiez adopter rapidement certaines de ces propositions en plénière, ce qui nous permettrait de passer à leur mise en oeuvre. Au cas où des analyses techniques plus approfondies se révéleraient nécessaires, j'espère que l'Assemblée générale renverra les recommandations en cause aux commissions compétentes afin que celles-ci puissent rendre compte en temps voulu à la plénière, ce qui permettrait d'adopter ces recommandations avant la fin de la cinquante-deuxième session de l'Assemblée.

L'accord récemment conclu entre l'ONU et l'Iraq concernant les inspections d'armes a montré à l'ensemble du monde tout ce que peut réaliser une communauté internationale unifiée et résolue par l'intermédiaire des Nations Unies. Ce que nous avons accompli en Iraq grâce à la raison, à la diplomatie et à la volonté politique, nous pouvons également y parvenir dans toute la gamme des activités de l'Organisation.

Le bouleversement financier qui s'est produit ces derniers mois en Asie a également donné au monde un autre exemple d'interdépendance des pays qui va s'accélérant, aussi bien sur le plan économique qu'au niveau politique. Il s'ensuit que la présence d'une Organisation des Nations Unies efficace, en tant qu'instrument irremplaçable d'action concertée, est plus impérative que jamais. À cet égard, j'ai été particulièrement impressionné par le dialogue qu'ont entamé récemment au Siège les institutions de Bretton Woods et le Conseil économique et social.

Enfin, et ce n'est certes pas là le moins important, durant l'année écoulée les fonctionnaires eux-mêmes de l'Organisation se sont montrés à la hauteur de la situation en faisant bon accueil au changement, en proposant des idées originales, en prouvant une fois de plus qu'ils constituent effectivement le plus bel atout de l'Organisation.

( suivre)

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Il importe donc de tirer parti de ce moment propice où se produit apparemment la conjonction de toutes ces "étoiles" que sont les États Membres, une opinion publique mondiale favorable et un personnel dont le dévouement a retrouvé sa force.

Permettez-moi d'insister de nouveau sur un point fondamental :

La transformation de notre Organisation n'est pas un but en soi, mais un moyen de mieux accomplir notre mission dans les domaines de la paix, du développement et des droits de l'homme.

Pour notre part, il ne s'agit pas de plaire à tel ou tel groupe d'intérêts; il s'agit d'être mieux en mesure de répondre aux besoins des peuples du monde et des États Membres.

Ce processus de réforme n'est ni un luxe, ni un trompe-l'oeil, ni une imposition. Il constitue la base même de notre survie et de notre avenir.

J'ai maintenant le plaisir tout particulier d'accueillir la première Vice-Secrétaire générale de l'Organisation des Nations Unies, Mme Louise Fréchette.

La création du poste de Vice-Secrétaire générale constitue à ce jour le fruit de la réforme le plus direct et peut-être le plus important. Déjà, Mme Fréchette s'est consacrée à l'une de ses principales tâches prioritaires, qui est de diriger la mise en oeuvre et le contrôle des réformes instituées jusqu'ici. Elle sera également chargée de réviser et d'actualiser notre programme de réformes au fur et à mesure de son application.

Je sais que vous vous joignez à moi pour lui souhaiter la bienvenue à l'Organisation et lui adresser tous nos voeux de succès dans les nombreuses tâches qu'elle doit maintenant assumer.

Continuons à aller résolument de l'avant, et je veux croire, qu'à l'issue de cette Assemblée de la réforme, les fruits passeront la promesse des fleurs. Je vous remercie.

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( suivre)

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