LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE JUSQU'AU 30 JUIN 1998 LE MANDAT DE LA MISSION D'OBSERVATION DES NATIONS UNIES EN ANGOLA (MONUA)
Communiqué de Presse
CS/921
LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE JUSQU'AU 30 JUIN 1998 LE MANDAT DE LA MISSION D'OBSERVATION DES NATIONS UNIES EN ANGOLA (MONUA)
19980429 Il prendra une décision définitive d'ici au 30 juin 1998 sur le mandat de la MONUA ou sur une présence des Nations Unies dans le pays après cette dateLe Conseil de sécurité a adopté ce matin à l'unanimité la résolution 1164 (1998) aux termes de laquelle il décide de proroger le mandat de la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) jusqu'au 30 juin 1998. Il accueille avec satisfaction les mesures prises récemment par le Gouvernement d'unité nationale et l'UNITA, dont l'arrêt des émissions de la radio Vorgan et l'arrivée à Luanda de hauts responsables chargés de préparer l'installation du siège de l'UNITA dans la capitale. Le Conseil exige de nouveau avec vigueur que l'UNITA coopère immédiatement et inconditionnellement à l'achèvement du processus de normalisation de l'administration de l'Etat sur l'ensemble du territoire national, y compris à Andulo et Bailundo. Il demande aux parties angolaises de garantir inconditionnellement la protection, la sécurité et la liberté de circulation du personnel de la MONUA et des autres effectifs internationaux.
Le Conseil réaffirme sa conviction qu'une rencontre en Angola entre le Président de la République d'Angola et le chef de l'UNITA pourrait faciliter l'issue du processus de paix et hâter la réconciliation nationale. Il souscrit à la recommandation du Secrétaire général tendant à achever, le premier juillet 1998 au plus tard, le retrait de tout le personnel militaire de la Mission et déclare son intention de prendre d'ici le 30 juin 1998 une décision définitive sur le mandat, l'importance numérique et la structure organisationnelle de la MONUA ou sur une présence des Nations Unies faisant suite à la Mission après cette date en fonction des progrès du processus de paix.
Les pays suivants, membres du Conseil, ont fait une déclaration: Royaume-Uni, (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Brésil, Portugal, Fédération de Russie, Kenya, France Suède, Slovénie, Bahreïn, Chine, Gabon, Costa Rica, Etats-Unis, Gambie et Japon. Le représentant de l'Angola a pris la parole.
Pour l'examen de la question, le Conseil de sécurité était saisi d'un rapport du Secrétaire général.
Texte du projet de résolution S/1998/349
Le Conseil de sécurité,
Réaffirmant sa résolution 696 (1991) du 30 mai 1991 et toutes les résolutions ultérieures sur la question,
Se déclarant fermement résolu à préserver l'unité, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Angola,
Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 17 avril 1998 (S/1998/333),
Accueillant avec satisfaction les mesures prises récemment par le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale et l'União para a Independência Total de Angola (UNITA) en vue de mener à bien les dernières tâches prévues dans le Protocole de Lusaka (S/1994/1441, annexe), qui consistent à promulguer la loi octroyant un statut particulier au chef de l'UNITA, à nommer les derniers gouverneurs et vice-gouverneurs désignés par l'UNITA, à s'entendre sur la liste d'ambassadeurs désignés par l'UNITA, à mettre fin aux émissions de radiodiffusion de Radio Vorgan et à assurer l'arrivée à Luanda de hauts responsables de l'UNITA chargés de préparer l'installation du siège de l'UNITA dans la capitale,
1. Demande au Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale et, en particulier, à l'UNITA, de s'acquitter de toutes celles des obligations que leur imposent les "Acordos de Paz" (S/22609, annexe), le Protocole de Lusaka et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité qu'ils n'ont pas encore honorées, y compris la normalisation de l'administration de l'État sur l'ensemble du territoire national et le désarmement de la population civile;
2. Exige de nouveau avec vigueur que l'UNITA cesse d'user de manoeuvres dilatoires et de poser des conditions et coopère immédiatement et inconditionnellement à l'achèvement du processus de normalisation de l'administration de l'État sur l'ensemble du territoire national, y compris à Andulo et Bailundo;
3. Prend note des mesures prises par l'UNITA pour s'acquitter de certaines des obligations énoncées aux paragraphes 2 et 3 de la résolution 1127 (1997) du 28 août 1997, et réaffirme qu'il est prêt à réexaminer les mesures énoncées au paragraphe 4 de cette résolution ou à envisager l'application de mesures supplémentaires conformément aux paragraphes 8 et 9 de la même résolution;
4. Condamne résolument les attaques que des membres de l'UNITA ont lancées contre le personnel de la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA), le personnel international et les autorités nationales
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angolaises, notamment la police, enjoint l'UNITA de mettre immédiatement fin à ces attaques et prie instamment la MONUA de procéder rapidement à une enquête sur l'attaque lancée récemment à N'gove;
5. Demande au Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale et, en particulier, à l'UNITA de garantir inconditionnellement la protection, la sécurité et la liberté de circulation du personnel de la MONUA et des autres effectifs internationaux;
6. Demande également au Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale de s'abstenir de toute action, notamment le recours excessif à la force, susceptible de compromettre le processus de normalisation de l'administration de l'État ou de provoquer une reprise des hostilités, et l'encourage à continuer d'accorder la priorité aux mesures pacifiques qui peuvent contribuer au succès du processus de paix;
7. Réaffirme sa conviction qu'une rencontre en Angola entre le Président de la République d'Angola et le chef de l'UNITA pourrait faciliter l'heureuse issue du processus de paix et hâter la réconciliation nationale;
8. Décide de proroger le mandat de la MONUA jusqu'au 30 juin 1998;
9. Réaffirme les dispositions du paragraphe 6 de la résolution 1157 (1998) du 20 mars 1998 et souscrit à la recommandation du Secrétaire général tendant à achever, le 1er juillet 1998 au plus tard, le retrait de tout le personnel militaire, à l'exception d'une compagnie d'infanterie, de l'unité d'hélicoptères, de l'unité de transmissions, du groupe de soutien médical et des 90 observateurs militaires, conformément au paragraphe 38 de son rapport du 17 avril 1998 (S/1998/333);
10. Souscrit à la recommandation du Secrétaire général formulée dans son rapport mentionné plus haut, tendant à déployer 83 autres observateurs de la police civile, comme l'autorise la résolution 1157 (1998), à l'issue de consultations avec le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale;
11. Prend acte avec satisfaction des recommandations énoncées par le Secrétaire général à la section IX de son rapport du 17 avril 1998 concernant le commencement du retrait des observateurs militaires et du personnel civil de la MONUA et l'achèvement de la Mission, et déclare son intention de prendre, d'ici au 30 juin 1998, une décision définitive sur le mandat, l'importance numérique et la structure organisationnelle de la MONUA ou sur une présence des Nations Unies faisant suite à la Mission après cette date, en fonction des progrès du processus de paix et compte tenu du rapport mentionné au paragraphe 12 ci-après;
12. Prie le Secrétaire général de présenter, d'ici au 17 juin 1998, un rapport sur l'état d'avancement du processus de paix, accompagné de nouvelles recommandations sur le mandat, l'importance numérique et la
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structure organisationnelle de la MONUA ou sur une présence des Nations Unies faisant suite à la Mission après le 30 juin 1998, ainsi que de prévisions révisées concernant le coût de cette présence des Nations Unies;
13. Remercie le Président du Comité créé par la résolution 864 (1993) qui s'est rendu en Angola et dans d'autres pays intéressés et a souligné la nécessité de l'application pleine et effective des mesures prévues au paragraphe 4 de la résolution 1127 (1997) de façon à engager l'UNITA à se conformer aux obligations que lui imposent le Protocole de Lusaka et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité;
14. Demande à tous les États Membres d'appliquer pleinement et sans retard les mesures prévues au paragraphe 4 de la résolution 1127 (1997), demande à nouveau aux États Membres qui détiendraient des éléments d'information concernant les vols et autres activités interdits au paragraphe 4 de la résolution 1127 (1997) de les communiquer au Comité créé par la résolution 864 (1993), et prie le Secrétaire général de rendre compte de ces violations commises par l'UNITA et certains États Membres dans le rapport visé au paragraphe 12 ci-dessus;
15. Remercie le Secrétaire général, son Représentant spécial et le personnel de la MONUA d'aider le Gouvernement angolais et l'UNITA à mettre en oeuvre le processus de paix;
16. Décide de demeurer activement saisi de la question.
Rapport du Secrétaire général sur la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) (S/1998/333)
Le présent rapport examine l'état d'avancement du processus de paix et formule des recommandations concernant la forme que devait prendre la présence de l'Organisation des Nations Unies en Angola après le 30 avril 1998, notamment les modalités de retrait et la date à laquelle il est prévu que la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) achève son mandat. Il contient également des recommandations au sujet de la composante police civile. Dans ce rapport, le Secrétaire général rappelle qu'au cours de la période considérée, des progrès importants ont été réalisés dans le cadre du processus de paix en Angola. Bien que les dernières tâches à accomplir en vertu du Protocole de Lusaka n'aient pas été pleinement menés à bien le 31 mars 1998, date limite qui avait été arrêtée entre les deux parties, la plupart des tâches figurant au calendrier ont été exécutées. A cet égard, il se réjouit des importants progrès, et en particulier de l'entrée en vigueur de la loi octroyant un statut spécial à M. Savimbi, de la nomination des gouverneurs et vice-gouverneurs désignés par l'UNITA, du retour à Luanda de certains dirigeants de l'UNITA et de la fin des émissions de Radio Vorgan.
Le rapport fait état de la préoccupation du Secrétaire général face à la lenteur de l'extension de l'administration de l'Etat, tâche qui aurait dû être menée à bien le 31 mars. Près d'un an après le début du processus, l'autorité
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du gouvernement central n'a toujours pas été rétablie dans 60 localités, y compris les bastions de l'UNITA que sont Andulo et Bailundo. Aussi, engage-t- il les deux parties, et en particulier l'UNITA, à prendre toutes les mesures nécessaires pour accélérer et mener à bien ce processus d'ici à la fin du mois d'avril 1998. Tout nouvel atermoiement à cet égard serait inacceptable. Il est bien évident que le processus de paix ne pourra s'achever que si l'ensemble de l'UNITA est démobilisé, en particulier les éléments armés absents et les éléments résiduels, qui restent un sujet de grave préoccupation. Des éléments armés non enregistrés continuent d'être signalés dans certaines provinces, ce qui n'est pas fait pour renforcer la confiance mutuelle.
Le Secrétaire général déplore que cette tendance positive ne se soit pas traduite par une amélioration de la situation du pays en matière de sécurité. L'accroissement des attaques armées contre la police nationale angolaise, les autorités locales et des civils innocents, qui auraient été perpétrées par des éléments de l'UNITA, ainsi que les actes de banditisme sont particulièrement préoccupants. Il déplore que la sécurité du personnel et des biens de la MONUA soit gravement compromise dans plusieurs secteurs de l'Angola et que l'UNITA continue d'imposer des restrictions aux activités de l'ONU dans certaines régions encore sous son contrôle. Le Secrétaire général rappelle donc aux deux parties qu'il leur incombe de garantir la sûreté et la sécurité de l'ensemble du personnel des Nations Unies en Angola.
En dehors de la composante militaire, le Secrétaire général affirme sa conviction que les autres composantes de la MONUA doivent poursuivre leurs opérations jusqu'à la fin de 1998, mais à un niveau progressivement réduit après septembre-octobre 1998. A compter du début de 1999, les activités des Nations Unies viseraient surtout la consolidation de la réconciliation nationale, la promotion de la bonne gouvernance, le respect des droits de l'homme et la reprise du développement socio-économique. La plupart de ces activités seraient exécutées par des programmes, fonds et organismes des Nations Unies opérant déjà en Angola. Tout en notant que des progrès ont été accomplis depuis le 20 mars dernier, le Secrétaire général estime qu'il demeure nécessaire que l'ONU offre sa médiation et ses bons offices pour faciliter la réconciliation nationale, pour achever l'application des dispositions encore en suspens du Protocole de Lusaka et pour aider à stabiliser la situation sur le plan de la sécurité dans le pays. Son représentant spécial continuera en 1998 à offrir ses bons offices et à présider la Commission conjointe. La composante affaires politiques et droits de l'homme demeurerait déployée dans tout le pays. Des spécialistes des questions politiques continueraient à aider à arbitrer des différends et à favoriser une réconciliation nationale, tandis que des spécialistes des droits de l'homme s'efforceraient d'encourager le respect des droits de l'homme et de la légalité et procéderaient, avec le concours des observateurs de police civile, à des enquêtes sur les violations présumées. Leurs activités et leur effectif total demeureraient à leur niveau actuel jusqu'en septembre-octobre 1998, date à laquelle le Secrétaire général a l'intention de modifier progressivement la composante politique.
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Pour ce qui est de la composante droits de l'homme, le Secrétaire général et le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme examineront ensemble la possibilité de transférer à ce dernier des responsabilités opérationnelles relevant de cette composante. Pour améliorer la confiance et rétablir la stabilité, le Représentant spécial estime qu'il faudrait augmenter le nombre des lieux où sont déployés les observateurs de police civile. Le déploiement de 83 observateurs de police civile supplémentaires - autorisé par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1157 (1998) - permettra à la MONUA de renforcer les équipes d'observateurs dans les lieux de déploiement présents et nouveaux, et d'accroître le nombre des patrouilles quotidiennes, tout en assurant une vérification rapide et des enquêtes promptes et efficaces. De même, une fois renforcés, les effectifs d'observateurs de police civile permettront de suivre de plus près le désarmement de la population civile par la Police nationale angolaise. En application du paragraphe 6 de la résolution 1157 (1998) du Conseil de sécurité, la MONUA a préparé un plan de retrait par tranches, entre la fin avril et le 1er juillet 1998, de 595 membres de son personnel militaire, sur un effectif total de 1 045 hommes actuellement déployés dans la zone de la mission. Si la situation en matière de sécurité demeure instable dans certaines parties de l'Angola, le Secrétaire général sera contraint, à mesure que le retrait des soldats de l'ONU se poursuit, de redéployer dans des zones plus sûres, voire de rapatrier le personnel militaire et civil non armé. Sur le plan humanitaire, les programmes et organismes des Nations Unies conserveront une capacité d'intervention d'urgence et poursuivront leurs activités à moyen terme axées sur le rapatriement des réfugiés et la réinstallation des déplacés, la santé et la nutrition, l'agriculture et la sécurité alimentaire, la sensibilisation au danger des mines et la réinsertion des anciens combattants handicapés et mineurs.
De l'avis du Secrétaire général, l'ONU doit continuer d'avoir une présence active en Angola après l'expiration du mandat actuel de la MONUA le 30 avril. A cette fin, il recommande que le mandat de la MONUA soit prorogé de deux mois, jusqu'au 30 juin 1998.
Déclarations
M. HIGINO CARNEIRO (Vice-Ministre de l'administration territoriale de l'Angola) a accueilli avec satisfaction la résolution présentée ce matin qui a-t-il noté appréhende avec justesse la situation en Angola. Il a souligné les progrès réalisés aux cours des dernières semaines dans la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka. Le Gouvernement angolais est satisfait de ce que la résolution appelle l'ensemble de la communauté internationale et en particulier les pays voisins de l'Angola à respecter pleinement les mesures décrites dans la résolution en particulier dans le paragraphe 4. Il est essentiel de maintenir la pression sur l'UNITA afin que celle-ci remplisse pleinement ses obligations en vertu du Protocole de Lusaka. Le représentant a souligné que le Gouvernement angolais s'est engagé à maintenir la paix, à promouvoir la réconciliation nationale et à reconstruire le pays. Le Vice- Ministre s'attache également à promouvoir une bonne gouvernance , le
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multipartisme, des normes de promotion des droits de l'homme et la stabilisation de l'économie. Il a indiqué que le Gouvernement angolais amorcera immédiatement des consultations avec le représentant spécial M. Beye. Il a réitéré le soutien de son pays au Processus de paix et a souhaité que les Nations Unies et a communauté internationale continuent de soutenir le processus de paix.
M. JOHN WESTON (Royaume-Uni, au nom de l'Union européenne et des pays associés), s'est déclaré encouragé par les progrès récents en Angola. Il a espéré le retour rapide de M. Savimbi à Luanda et appelé l'UNITA à lever les obstacles à la normalisation de l'administration de l'Etat sur l'ensemble du territoire. La réconciliation nationale n'est possible que si l'UNITA renonce définitivement à l'option militaire, a souligné le représentant qui constate, à l'instar du Secrétaire général, l'écart croissant entre la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka et la situation en matière de sécurité. Face aux provocations de l'UNITA, le Gouvernement angolais doit s'abstenir de toute action qui donnerait lieu à la résurgence des combats. L'UNITA doit coopérer avec la MONUA pour identifier les responsables des actes de violence. L'Union européenne, qui coopère au déminage en Angola, déplore les placements récents de mines. Elle estime qu'une rencontre entre le Président Dos Santos et le Chef de l'UNITA est de la plus haute importance. L'Union appuie les recommandations du Secrétaire général de réduire progressivement les fonctions militaires et de renforcer l'élément civil de la Mission. Le Gouvernement et le peuple angolais doivent maintenant assumer la responsabilité première en ce qui concerne leur bien-être. L'Union européenne jouera, quant à elle, pleinement son rôle pour aider les Angolais à parvenir à la réconciliation nationale et à la reconstruction de l'économie. Le processus de paix n'est pas encore achevé et il faut rester conscient de la possibilité réelle d'un retour en arrière pendant ces derniers mois critiques, a ajouté le représentant.
M. HENRIQUE VALLE (Brésil) a fait état de développements positifs en Angola et, notamment la promulgation du statut spécial de M. Savimbi et la nomination de gouverneurs des rangs de l'UNITA. Le représentant a noté que l'élargissement de l'administration de l'Etat à tout le territoire n'a pas encore été effectuée tandis que l'UNITA possède encore une capacité militaire importante. Dans la situation actuelle, la prorogation du mandat de la MONUA est la décision la plus logique à prendre. La perspective de mettre la dernière main à la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka nous donne à penser que la communauté internationale interviendra de façon différente à l'avenir.
M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal) a fait état des progrès réalisés tout en évoquant les allégations selon lesquelles il existe toujours un grand nombre d'éléments armés au sein de l'UNITA. Dans ce cadre, le représentant s'est associé à l'analyse du Secrétaire général selon laquelle la conclusion du processus de paix dépend de la pleine démobilisation de l'UNITA. Le représentant a accueilli avec une grande satisfaction les mesures prises par le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale et de l'UNITA en vue de l'achèvement des tâches restantes prévues dans le Protocole de Lusaka. Ces
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actions prouvent la volonté politique du Gouvernement angolais d'être à la hauteur de son nom et de l'UNITA d'être un parti politique. Des années s'écouleront avant que la confiance mutuelle soit rétablie. L'élargissement de l'administration centrale à tout le territoire est une conditions préalable à l'achèvement du processus de paix. Il faut reconnaître que le Gouvernement angolais a fait preuve d'une flexibilité remarquable mais des retards supplémentaires ne peuvent plus être acceptés. Les dirigeants de l'UNITA devraient maintenant axer leurs activités sur des discussions avec le gouvernement angolais et sur l'organisation des élections futures qui devraient faire partie de ce processus de consultations. Le Conseil de sécurité ne sera en mesure de revoir le régime de sanctions que si le processus de paix devient irréversible et à cet égard, la conclusion de l'extension de l'administration d'état à tout le territoire est indispensable. Le représentant a exprimé ses profondes préoccupations quand aux attaques perpétrées à l'encontre du personnel de la MONUA.
M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) s'est déclaré satisfait que l'évolution de la situation en Angola permette aujourd'hui d'envisager l'avenir avec optimisme. Le Gouvernement angolais a exécuté quant au fond ses engagements en vertu du Protocole de Lusaka et la direction de l'UNITA a, elle, déclaré notamment sa démilitarisation et jouit maintenant d'un statut politique légal. Le processus de paix rencontre encore des problèmes graves comme le montre la situation en matière de sécurité. Les attaques armées se multiplient et ces actions, il faut le souligner, constituent une violation directe du Protocole de Lusaka. La Fédération de Russie condamne les tentatives de l'UNITA de retarder l'application des accords concernant la normalisation de l'administration de l'Etat sur tout le territoire. Il faut prévenir l'UNITA que la question des sanctions s'appuiera sur l'exécution complète et en temps voulu par l'UNITA de ses engagements. Le succès du processus dépend du respect des termes du Protocole de Lusaka et de la coopération avec l'ONU. La résolution du Conseil reflète le caractère spécifique de l'étape actuelle du règlement de la question angolaise, a conclu le représentant.
M. NJUGUNA MOSES MAHUGU (Kenya) s'est félicité des progrès récents effectués par les parties en Angola. La promulgation de la loi sur le statut des dirigeants de l'UNITA et l'arrêt des émissions de Radio Vogan, entre autres, sont des tâches importantes qui ont été achevées. Toutefois, les questions du désarmement des populations civiles, de la sécurité et de la normalisation de l'administration de l'Etat sur tout le territoire angolais doivent être réglées d'urgence pour assurer le succès du processus de paix. Le processus de paix ne peut commencer tant qu'il n'y a pas de dialogue régulier et direct entre le Président Dos Santos et le Chef de l'UNITA. Une telle réunion créerait une atmosphère de réconciliation nationale et consoliderait la confiance entre les Angolais. Rappelant ses récents voyages dans la région, le représentant a dit avoir constaté une véritable détermination des dirigeants africains de respecter les résolutions du Conseil de sécurité.
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M. ALAIN DEJAMMET (France) a fait état de pas importants franchis mais il reste encore beaucoup à faire et notamment l'extension de l'administration d'Etat à tout le territoire. Il serait bon que la rencontre tant attendue entre le Président Dos Santos et M. Savimbi scelle l'achèvement de ce processus de paix. Le représentant a été frappé par le contraste entre cette évolution positive et le fait que sur le terrain la situation reste précaire. A certains endroits nous assistons à des regains de violence notamment à l'encontre du personnel de la MONUA. Ces attaques doivent cesser, a souligné le représentant. Lors du débat sur l'Afrique, la semaine dernière, le Conseil a convenu des succès remportés par les Nations Unies sur le continent africain. L'action de la MONUA et de l'UNAVEM doit compter parmi ces succès. Le représentant a dit soutenir les recommandations du Secrétaire général visant à proroger le mandat de la MONUA pour une période de deux mois et d'une réduction de sa composante militaire. Pour la suite, le Conseil de sécurité prendra une décision à la lumière de l'évolution de la situation et du nouveau rapport du Secrétaire général. Avec l'achèvement de la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka, la MONUA aura accompli sa mission et elle pourra ainsi être terminée dans les prochains mois. Il est temps de tourner une page longue et tourmentée de l'Angola qui doit savoir que les Nations Unies l'aideront dans son entreprise de reconstruction.
M. HANS DAHLGREN (Suède) a appuyé la résolution présentée aujourd'hui tout en précisant que la présence des Nations Unies doit être adapté à la situation sur place. Le représentant a appuyé l'accroissement de l'effectif de la composante civile et l'intention de renforcer la composante des droits de l'homme. Il a regretté que les éléments positifs sur le plan politique n'aient pas été reflétés au plan de la sécurité vis-à-vis, notamment, du personnel de la MONUA et des membres de l'autorité angolaise. Il a demandé instamment à la MONUA de mener une enquête sur les attaques de la semaine dernière. La résolution présentée aujourd'hui envoie un signal clair et condamne de telles attaques. Les Nations Unies peuvent continuer à jouer un rôle important pour la consolidation du processus de paix et du relèvement des infrastructures. Dans nos discussions sur la présence des Nations Unies en Angola, nous devons nous assurer qu'un vide déstabilisateur ne sera pas créé et que des ressources suffisantes seront accordées pour la réalisation des tâches restantes. I faut agir plus avant pour ce qui est de la situation sociale en Angola qui est de la responsabilité du gouvernement angolais, a ajouté le représentant.
M. DANILO TURK (Slovénie) a souligné les obstacles au processus de paix en Angola en se déclarant troublé par les actes de violence et les informations relatives aux poses de mines. Il a souscrit à l'appel lancé à l'UNITA de mettre fin aux attaques et de coopérer avec la MONUA pour identifier les responsables. Le représentant s'est dit déçu des retards enregistrés dans le processus de normalisation de l'administration de l'Etat sur le territoire et dans l'arrivée de M. Savimbi à Luanda. Il faut dénoncer la stratégie de l'UNITA de retarder la mise en oeuvre des dispositions du Protocole de Lusaka et appeler le Gouvernement angolais à s'abstenir de tout acte qui pourrait exacerber la tension entre les deux parties. Le représentant a appuyé le renforcement de la composante civile de la MONUA qui, a-t-il dit, constitue un
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élément important de la transition vers le processus d'édification de la paix après confit. Le processus de paix doit maintenant permettre aux Angolais de mettre tout leur énergie au service de la reconstruction du pays.
M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) a déploré les récentes attaques armées lancées par l'UNITA en précisant que de telles actions et les menaces continues contre la police nationale ne font que retarder l'application des tâches restantes. Il a estimé que l'UNITA doit cesser ces actions injustifiées et souligne l'importance de l'implication des Nations Unies dans le processus de paix en Angola. Il a ajouté que le déploiement d'éléments supplémentaires dans la composante civile de la Mission aidera le Gouvernement à parachever la normalisation de l'administration de l'Etat sur le territoire et facilitera la formation de la police nationale angolaise.
M. SHEN GUOFANG (Chine) a estimé encourageant le contenu du projet de résolution présenté aujourd'hui. Il a appuyé la prorogation du mandat de la MONUA jusqu'au 30 juin tout en faisant part de sa préoccupation face aux attaques perpétrées contre le personnel de la MONUA. Il a fait siennes les recommandations du Secrétaire général sur le retrait de la composante militaire et l'intention de renforcer la composante des droits de l'homme. Quand à la présence des Nations Unies en Angola dans le futur, il a souligné l'importance de respecter les souhaits du gouvernement angolais. Il a annoncé que son gouvernement votera en faveur du projet de résolution.
M. DENIS DANGUE REWAKA (Gabon) a déclaré que la prorogation du mandat de la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) jusqu'au 30 juin 1998 répond au souci des Nations Unies de voir aboutir le processus de paix en Angola grâce à la mise en oeuvre des tâches contenues dans le Protocole de Lusaka et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Le rapport du Secrétaire général, présenté à la demande du Conseil de sécurité, ainsi que les compléments d'information que son représentant spécial en Angola a fournis au Conseil, montrent que des progrès sensibles ont été réalisés récemment. Le gouvernement d'unité et de réconciliation nationale a reconnu l'UNITA comme parti politique, promulgué le statut de M. Savimbi et installé la direction politique à Luanda. Pour sa part, l'UNITA a mis fin aux émissions de Radio Vorgan. De l'avis de M. Dangué Réwaka, tous ces éléments qui concourent à la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka semblent désormais réunis pour justifier un retrait de la MONUA selon le calendrier proposé par le Secrétaire général et approuvé par le Conseil. La délégation gabonaise émet l'espoir qu'au terme de ce processus, l'Angola pourra recouvrer une situation propice à son développement économique et social.
M. MELVIN SAENZ BIOLLEY (Costa Rica) a déclaré que l'Angola traverse actuellement une étape cruciale et déterminante pour son avenir. Il a estimé que les avancées obtenues dans le domaine politique sont satisfaisantes et il s'est particulièrement réjoui qu'une délégation de haut niveau de l'UNITA se soit rendue à Luanda et que pour la première fois depuis la signature du Protocole de Lusaka, les parties respectent les accords. Il demeure toutefois que l'UNITA continue à ralentir le processus de paix et à promouvoir des actes
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de violence. Le Costa Rica est gravement préoccupé par les attaques de l'UNITA contre le personnel de la MONUA et des organisations internationales. Il condamne ses actes et demande instamment à l'UNITA de cesser son utilisation des mines.
Le représentant a apporté son soutien à la proposition du Secrétaire général de restructurer la MONUA, ce qui permettra à l'Angola de se préparer à la reconstruction et à la réhabilitation à tous les niveaux. Il a demandé instamment aux parties de continuer de respecter le Protocole de Lusaka et de travailler ensemble pour parvenir à la paix et à la stabilité tant méritées par le peuple angolais. M. Biolley a appuyé la prorogation pour deux mois du mandat de la MONUA.
Mme NANCY SODERBERG (Etats-Unis) a estimé que le Gouvernement national et l'UNITA doivent maintenant franchir les dernières étapes du processus de paix. Ils doivent achever le processus de normalisation de l'administration sur l'ensemble du territoire, désarmer la population civile, cesser toute propagande hostile et déployer des efforts en vue de la réconciliation nationale et de la reconstruction du pays. Les Etats-Unis, pour leur part, renouvellent leur engagement à réexaminer la nécessité d'imposer des sanctions contre l'UNITA. En dépit des progrès effectués, les Etats-Unis sont en effet de plus en plus préoccupés par le fait que le Gouvernement angolais et l'UNITA se conforment à la lettre et non pas à l'esprit du Protocole de Lusaka. La communauté internationale continue en effet de recevoir des informations sur des attaques perpétrées par des groupes armés de l'UNITA et de leur implication dans des agressions à l'encontre du personnel des Nations Unies et du personnel international ainsi que contre des autorités nationales angolaises. Dans ce contexte, les Etats-Unis demandent au Gouvernement de l'Angola d'assurer que la police nationale assume ses fonctions eu égard à la normalisation de l'Etat sur le territoire, et ce, de manière à promouvoir la réconciliation nationale. Il est temps de s'abstenir d'actes de violence et de guérir les blessures de tant d'années de guerre, a estimé la représentante.
Appuyant les termes de la résolution présentée aujourd'hui, la représentante a estimé que le retrait de la Mission des Nations Unies en Angola ne doit pas se faire de manière précipitée. La communauté internationale doit s'assurer que son engagement en faveur de la paix en Angola ne soit pas compromis par les derniers mois. L'objectif de la communauté internationale doit être de renforcer la stabilité du pays en transférant graduellement les fonctions civiles de la Mission aux institutions des Nations Unies et aux autres institutions internationales. Même dans un contexte de paix, le peuple angolais se trouvera confronté à une période difficile de reconstruction. L'Angola nécessitera encore une assistance internationale propre à renforcer ses institutions démocratiques, et la règle de droit et à initier des réformes économiques menant à une pleine reconstruction économique, a souligné la représentante.
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- 12 - CS/921 29 avril 1998
M. MAUDO TOURAY (Gambie) a noté les efforts importants déployés par l'ONU et la communauté internationale pour mettre fin au conflit angolais et a invité les parties concernées, en particulier l'Unita, à s'acquitter pleinement et inconditionnellement de leurs obligations dans le cadre du Protocole de Lusaka. Il s'est félicité des progrès enregistrés dans ce domaine et, en particulier, de la promulgation du statut spécial de M. Savimbi, de la nomination de Gouverneurs nommés par l'Unita et la fin des émissions de radio Vorgan. Il a déploré la lenteur du processus d'extension de l'administration d'état, noté que l'Unita contrôle encore cinq places fortes stratégiques et que la population civile dispose d'armes illégales qui doivent être retirées impérativement. La résolution d'aujourd'hui insiste sur la nécessité de désarmement de la population civile. Evoquant son inquiétude face à la situation précaire qui prévaut encore dans certaines régions du pays, M. Touray a observé que la résolution condamne à juste titre les attaques armées visant le personnel des services humanitaires et la propriété de la MONUA. Il a déclaré que l'Unita n'a cessé de compromettre le processus de paix en Angola et c'est pourquoi la communauté internationale est préparée à prendre des mesures sévères en cas de toute action visant à ralentir ou à nuire à ce processus. Compte tenu de la fragilité des acquis, la Gambie est en faveur de la prolongation du mandat de la MONUA.
M. HISASHI OWADA (Japon) s'est déclaré inquiet des attaques récentes et répétées menées par des milices bien organisées et bien équipées contre plusieurs villes et villages d'Angola. Il les a fermement condamnées, ajoutant qu'elles peuvent détruire la confiance difficilement établie grâce aux efforts du Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale et de l'UNITA, ce qui, si l'on y prend garde, pourrait mener à la reprise du conflit. De tels actes de violence sont également un défi aux efforts de la communauté internationale de garantir la paix dans l'ensemble du pays et de jeter les fondements d'un avenir meilleur pour le peuple de l'Angola. De l'avis du Japon, le processus de paix en Angola est parvenu à une étape déterminante, mais avant que la communauté internationale puisse proclamer la réconciliation nationale et la paix durable dans le pays, il reste un certain nombre de problèmes d'ordre politique à résoudre. Il est ainsi fondamental que M. Savimbi transfère son quartier général à Luanda et qu'avec le Président dos Santos, il donne le gage de sa volonté d'oeuvrer en faveur de la construction d'une nouvelle nation en acceptant une rencontre face-à-face. Ce n'est que lorsque les deux parties seront passées de la volonté politique déclarée aux actes que l'on pourra être sur que le conflit a été résolu une fois pour toute, a estimé M. Owada.
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- 13 - CS/921 29 avril 1998
Le fait que le présent projet de résolution ne prévoit la prorogation du mandat de la MONUA que pour deux mois seulement, et non trois comme à l'habitude, témoigne clairement que, pour le Conseil de sécurité, le processus de paix en Angola rentre dans sa dernière phase. Le représentant a demandé aux parties, et tout particulièrement à l'UNITA, de faire preuve d'une détermination renouvelée pour finaliser le processus de réconciliation, car construire et consolider la paix et la stabilité de manière responsable sera leur mission, une fois que la MONUA aura achevé la sienne. Il a demandé instamment à l'UNITA de s'abstenir de tout acte de violence contre la MONUA, la police angolaise et la population civile et au Gouvernement de l'Angola de ne pas abuser de la force. Ces considérations faites, M. Owada a indiqué que le Japon votera en faveur du projet de résolution soumis aujourd'hui.
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