En cours au Siège de l'ONU

CS/920

LA PROPOSITION DE CREER "UN PLAN MARSHALL" POUR L'AFRIQUE EST AVANCEE DEVANT LE CONSEIL DE SECURITE

24 avril 1998


Communiqué de Presse
CS/920


LA PROPOSITION DE CREER "UN PLAN MARSHALL" POUR L'AFRIQUE EST AVANCEE DEVANT LE CONSEIL DE SECURITE

19980424 Le Conseil de sécurité a terminé ce soir son débat sur la situation en Afrique qui a permis aux délégations de commenter le rapport du Secrétaire général sur les causes des conflits en Afrique et leurs remèdes.

Au cours du débat, les délégations ont réaffirmé le lien entre la paix et le développement durable en appelant la communauté internationale à mettre tout en oeuvre pour soutenir les pays africains dans leurs efforts de développement. En effet, ont-elles argué, sans le règlement des questions économiques et sociales, aucune paix durable ne pourrait être instaurée. Tout en se félicitant des initiatives régionales en matière de règlement et de gestion des conflits, elles ont mis l'accent sur les difficultés économiques qui entravent une véritable renaissance de l'Afrique; le premier de ces obstacles étant le fardeau de la dette. Les délégations ont donc appelé les partenaires de l'Afrique à apporter une solution définitive à ce problème tout en avançant des propositions concrètes. Ainsi la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), appuyés par plusieurs délégations, a avancé l'idée d'un plan économique et financier sous les auspices des Nations Unies, à l'instar du Plan Marshall. Le représentant des Etats-Unis a, pour sa part, souligné que le continent africain ne veut ni n'a besoin de la compassion du monde. Il nécessite en revanche des investissements étrangers et des liens commerciaux nouveaux.

Le Conseil de sécurité a tenu ce débat après que le Secrétaire général a porté à son attention, le 16 avril dernier, son rapport intitulé "les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durable en Afrique". Le 25 septembre 1997 lors d'un débat au niveau ministériel sur la situation en Afrique, le Conseil avait, en effet, prié le Secrétaire général de lui présenter des recommandations concrètes sur les moyens de prévenir les conflits en Afrique. Le rapport du Secrétaire général analyse les sources des conflits, les différents modes d'intervention dans les situations de conflits dont dispose la communauté internationale, les impératifs d'une paix durable, de la croissance économique et du développement durable. Comme il l'a déclaré lui-même lors de la présentation de son rapport, le progrès en la matière dépend de trois facteurs essentiels, à savoir, une compréhension claire du défi à relever, la volonté politique d'y répondre et les ressources nécessaires à une réponse appropriée.

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Outre les Etats-Unis et le Royaume-Uni, au nom de l'Union européenne et des pays associés, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Mauritanie, au nom du Groupe africain, Nigéria, au nom de la Communauté des Etats d'Afrique de l'ouest (CEDEAO), Afrique du sud, au nom de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC), Allemagne, Canada, Tunisie, République de Corée, Egypte, Argentine, Algérie, Ukraine, Maroc, Norvège, Bangladesh, Pakistan, Indonésie, Inde, Tanzanie, Libye, Colombie, Liban, Italie, Cuba, Philippines, Chypre, Ouganda, Pays-Bas, Malaisie, Guyana, Malawi, Belgique, Emirats arabes unis, Comores et Cameroun. Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés et les représentants du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du Saint-Siège sont également intervenus.

Le rapport du Secrétaire général est paru sous la cote S/1998/318.

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Déclarations

M. BILL RICHARDSON (Etats-Unis) a estimé que le Conseil de sécurité est saisi aujourd'hui d'une question des questions les plus importantes :l'avenir de l'Afrique. Saluant le caractère franc et incisif de son rapport, M. Richardson a déclaré que le Secrétaire général a répondu avec courage et perspicacité au défi difficile lancé par le Conseil de sécurité l'année dernière. Si le rapport reconnaît les échecs historiques des pays africains et de la communauté internationale pour qu'elle aille au-delà des récriminations du passé et se concentre sur les possibilités d'un avenir plus brillant pour tous les Africains. Les Etats-Unis se sont engagés dans un partenariat actif avec l'Afrique afin de promouvoir la démocratie, le respect des droits de l'homme, la stabilité durable et l'intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale.

Rappelant les termes de l'Accord d'Entebbe signé entre le Président Clinton et sept dirigeants de l'Afrique centrale et orientale, M. Richardson a précisé que les huit dirigeants ont ainsi reconnu que la réalisation des objectifs de la règle de droit, des droits de l'homme, de l'égalité entre hommes et femmes et de la participation de tous au processus de prise de décision, exige la volonté politique de résoudre les conflits sans violence, de parvenir au développement durable et de prévenir la résurgence d'une tragédie comme le génocide. Soulignant l'importance des organisations régionales et sous-régionales dans la prévention et la gestion des conflits en Afrique, M. Richardson a indiqué que les Etats-Unis ont débloqué 10 millions de dollars afin d'aider l'OUA à créer son Centre de gestion des crises, à former et à équiper une force de déploiement rapide de 100 hommes. Il a encouragé la communauté internationale à apporter une aide similaire.

Comme l'a souligné le Président Clinton, le continent africain veut ni n'a besoin de la compassion du monde. Il a au contraire besoin d'investissements étrangers nouveaux, de liens commerciaux nouveaux et d'infrastructures améliorées qui accompagnent la croissance économique. Les Etats-Unis mettent en oeuvre le Partenariat pour la croissance et les chances économiques et travaille avec le Congrès pour faire adopter une loi en ce sens, loi qui ouvrira le marché américain aux pays africains qui auront procédé à des réformes économiques. En outre, le Gouvernement travaille avec les pays qui s'orientent efficacement vers les réformes ont réussi pour examiner des mesures additionnelles afin d'élargir les relations commerciales et d'investissement entre l'Afrique et les Etats-Unis. Dans le même temps, le Président Clinton a annoncé son intention de travailler avec le Congrès pour rétablir l'assistance officielle au développement à son niveau le plus élevé.

La dette représente l'un des fardeaux dont il faut débarrasser l'Afrique à l'aube du 21ème siècle, a estimé M. Richardson en soulignant qu'en l'an 2000, les Etats-Unis auront fourni quelque 3 milliards de dollars dans le cadre de la réduction de la dette des pays africains. Dans le cadre des

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relations bilatérales, les Etats-Unis espèrent être en mesure d'annuler la dette des pays qui auront fait preuve de la volonté politique d'entreprendre des réformes durables.

M. MAHFOUDH ULD DEDDACH (Président en exercice du Groupe africain et représentant permanent de la Mauritanie), a observé que les sources de conflits ont toutes un dénominateur commun, le sous-développement. Il a mis en lumière le rôle important joué par l'Organisation de l'unité africaine dans le domaine de la prévention, de la gestion et du règlement des conflits, grâce notamment à la création d'un mécanisme de prévention des conflits. L'Afrique est consciente qu'elle est la première concernée. Elle doit montrer à la communauté internationale sa volonté de relever les défis mais elle a également besoin de l'aide et du soutien de la communauté internationale. Le représentant s'est félicité de la création récente du bureau de liaison des Nations Unies au siège de l'OUA. Les réunions annuelles entre les Secrétaires généraux des Nations Unies et ceux de l'OUA permettent de resserrer les liens de coopération. Le Conseil de sécurité doit s'atteler sans tarder à la mise en oeuvre des recommandations contenues dans le rapport. D'autres mesures et actions préconisées par M. Kofi Annan sont en revanche du ressort de l'Assemblée générale, du Conseil économique et social et des institutions de Bretton Woods. Il a demandé à toutes ces institutions de se saisir du rapport afin d'envisager des actions compatibles avec leur mandat. Il a suggéré la création d'un mécanisme ou d'un comité afin de mettre en oeuvre les recommandations contenues dans le rapport. La meilleure réponse que le Conseil de sécurité pourra donner aux préoccupations du continent africain est de procéder à l'adoption d'une résolution qui donnera plus de force aux actions à entreprendre. Il a soutenu la proposition du Secrétaire général visant à ce que le Conseil de sécurité se réunisse deux fois l'an au niveau ministériel sur l'Afrique et l'idée d'une réunion au sommet du Conseil de sécurité dans cinq ans.

M. IBRAHIM GAMBARI (Nigéria), s'exprimant au nom de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest aux Nations Unies, s'est félicité de la convocation de cette séance du Conseil de sécurité en soulignant qu'à la lumière de leurs progrès socio-économiques, les pays africains méritent les encouragements et l'aide de la communauté internationale. Il a estimé que le rapport du Secrétaire général constituera un fil conducteur permettant de trouver des solutions aux conflits en Afrique. Le représentant a reconnu le volume important des analyses fournies sur l'Afrique tout en regrettant qu'elles soient rarement suivies d'actions concrètes en faveur du développement socio-économique durable. Il a estimé que le rapport du Secrétaire général fournit une analyse juste des causes de conflits en Afrique. Faisant valoir les progrès réalisés en Afrique subsaharienne dans le domaine économique au cours des dernières années, le représentant a souligné l'urgence qu'il y a à agir davantage sur le poids de la dette des pays du continent pour renforcer les tendances positives. Il a accueilli positivement la récente initiative en faveur des pays les plus endettés en notant que

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néanmoins cette initiative n'avait pas jusqu'ici produit de résultats encourageants. Ce mécanisme devrait être élargi à d'autres pays très endettés sur le continent africain.

Aux yeux du représentant, les programmes visant une croissance durable doivent comprendre des investissements dans les infrastructures qui dans la plupart des cas se sont effondrées après des années de négligence. Il est donc urgent d'attirer les investissements étrangers dans les économies africaines ce qui permettrait d'accélérer le processus de diversification des exportations traditionnelles du continent qui lui sont essentielles. Néanmoins, les flux de capitaux tant souhaités dépendront également de l'efficacité des mesures prises par la communauté internationale en vue d'alléger le poids de la dette. L'allégement de la dette permettrait de libérer des ressources nécessaires à l'amélioration des infrastructures.

Le représentant a par ailleurs fait valoir les réalisations de l'ECOMOG, le Groupe de contrôle de la CEDEAO, notamment au Libéria et en Sierra Leone. Lors de la récente réunion ministérielle de la CEDEAO, les Ministres de la Communauté ont convenu de respecter les dispositions du Protocole de non- agression et du Protocole sur l'assistance mutuelle et de tirer les leçons du passé par la création d'un mécanisme de maintien de la paix. La CEDEAO lance un appel à la communauté internationale en vue d'obtenir son soutien aux initiatives régionales et sous-régionales de l'Afrique et à son Fonds d'affectation spéciale pour la prévention des conflits et le maintien de la paix. Le représentant a estimé que les institutions de Bretton Woods ont un rôle important à jouer dans la promotion et la consolidation de la paix. Ces institutions devraient mettre en place des programmes d'ajustement structurel favorables à la paix qui n'amenuisent pas les capacités des gouvernements africains à assumer leurs responsabilités fondamentales notamment dans le domaine de l'éducation, de la santé et du bien-être des personnes. Le représentant a par ailleurs rappelé l'importance des mesures de consolidation de la paix après les conflits. Il a appelé en outre l'attention du Conseil sur les conséquences désastreuses de l'embargo imposé à la Libye et sur la nécessité de lever cet embargo à la lumière du jugement rendu par la Cour internationale de justice. Le représentant a fait valoir le ton décidé du rapport du Secrétaire général et le caractère pratique de ses recommandations. Il a suggéré la mise en place d'un plan financier et économique pour l'Afrique sous l'égide des Nations Unies qui serait une sorte de Plan Marshall africain.

M. KHIPHUSIZI J. LELE (Afrique du Sud, au nom des pays de la Communauté de l'Afrique australe) a estimé que le chapitre VII de la Charte des Nations Unies relatif aux accords régionaux peut fournir le cadre du développement d'un partenariat entre l'Afrique et les Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix. En conséquence, il convient de renforcer la mise en oeuvre des mesures visant à promouvoir une interaction plus étroite entre les Nations Unies et l'OUA. Le représentant a souligné la nécessité pour les pays africains de cesser de gaspiller leurs ressources déjà limitées aux dépenses militaires, mais de les consacrer plutôt aux projets de développement. Il a

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jugé essentiel que les agents extérieurs aux conflits adoptent des approches politiques communes et cohérentes et qu'ils s'abstiennent de lancer des initiatives rivales et concurrentes lorsque le cadre d'une médiation est déjà établie. Sur les sanctions, le représentant a souligné que le recours aux sanctions doit être effectué avec une extrême prudence afin de minimiser leurs effets négatifs sur la population civile.

Si le renforcement de la capacité de l'Afrique à opérer dans les missions de la paix a fait l'objet de plusieurs débats, a poursuivi le représentant, il faut pourtant faire le triste constat que les ressources fournies par la communauté internationale ne sont ni proportionnelles aux besoins spécifiques ni à l'appui proposé à la capacité d'intervention des pays africains. Les pays de la SADEC attire l'attention sur l'appel lancé par le Secrétaire général aux pays membres pour qu'ils contribuent généreusement au Fonds de la paix de l'OUA. La communauté internationale, a estimé le représentant, doit nourrir et faire avancer la renaissance de l'Afrique en identifiant le continent comme le principal défi en matière de développement et ce, par le biais de stratégies de développement efficaces et bien ciblées. Le principe du respect des droits de l'homme doit être lié au contexte plus large de la paix, de la démocratie, de la bonne gouvernance et du développement. Si le développement économique de l'Afrique exige des réformes propres à attirer l'investissement direct étranger, il faut souligner qu'un des obstacles majeurs demeure l'incapacité des pays africains à surmonter le problèmes de la dette et des services de la dette sous tous ses aspects. La SADEC appelle la communauté internationale à explorer et à mettre en oeuvre des méthodes plus vigoureuses et plus efficaces afin de trouver une solution durable à ce problème.

SIR JOHN WESTON (Royame-Uni, s'exprimant au nom de l'Union européenne et des pays associés, a accueilli avec satisfaction le rapport du Secrétaire général qui fait figure d'autorité et qui préconise une approche holistique. Ce rapport a précisé le représentant, est un encouragement aux efforts déployés par l'Union européenne dans le domaine du maintien de la paix, de la prévention des conflits et de la promotion des capacités de maintien de la paix des pays africains. Le représentant a précisé que l'Union européenne préconise une politique active en faveur de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix après les conflits en utilisant tous les moyens disponibles, y compris l'aide au développement. Ces objectifs, a rappelé le représentant, sont consignés dans le document présentant la position commune de l'Union européenne sur la prévention et la résolution des conflits en Afrique. Sir John a appuyé la recommandation du Secrétaire général visant à renforcer la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales. Il a rappelé à ce sujet que l'Union européenne a mis en place un mécanisme de consultation avec l'Organisation de l'unité africaine. Revenant au mécanisme de prévention des conflits en Afrique, il a estimé que des contributions supplémentaires au fonds d'affectation spécial créé à cet effet renforceront les efforts déployés dans ce domaine par les Nations Unies.

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Les actions précoces doivent également venir renforcer les mécanismes de réaction rapide et, à cet effet, l'Union européenne soutien le déploiement d'efforts diplomatiques dès le début de la crise. Le représentant a également insisté sur la nécessité de coordonner les différents types d'intervention sur le terrain, qu'ils soient diplomatiques ou humanitaires. Il a également appuyé l'idée du Secrétaire général visant à créer un mécanisme international de protection des camps de réfugiés. Il est également vrai que les sanctions doivent être mieux ciblées et que des mesures doivent être adoptées en vue de garantir le respect des embargos sur les armes. Il est également de la plus grande importance d'établir des mesures de contrôle nationales sur les transferts d'armes conventionnels et de lutte contre le trafic illégal des armes. Reconnaissant que la paix et la sécurité sont des conditions indispensables au développement durable, le représentant a rappelé que les pays africains devaient mettre en place des outils de bonne gouvernance, notamment des outils de protection des droits de l'homme et de la primauté du droit. Il a précisé que l'Union européenne a amorcé un dialogue avec les pays en développement en vue de les aider à s'intégrer à l'économie mondiale. Elle approuve donc les recommandations du Secrétaire général visant à restructurer l'aide internationale, à réduire le poids de la dette, et à ouvrir les marchés internationaux.

MME SADAKO OGATA, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), s'est félicitée que le rapport du Secrétaire général sur la situation en Afrique reconnaît que le règlement des problèmes concernant les réfugiés est essentiel à l'instauration de la paix et de la sécurité sur le continent. Le déplacement de centaines de milliers de Rwandais entre 1994 et 1997 a eu de graves incidences dans l'ensemble de la région des Grands Lacs, et même au- delà. A cet égard, elle a indiqué que la crise actuelle en Sierra Leone a forcé le déplacement de près d'un demi million de personnes. Plus de 300 000 Burundais sont déplacés, sans parler des crises en cours dans la Corne de l'Afrique. Mme Ogata s'est déclarée profondément préoccupée par la coexistence des réfugiés avec les combattants et les responsables de génocides dans les camps de réfugiés. Cette tendance, a-t-elle mis en garde, pourrait progresser si aucune mesure rapide et efficace visant à faire face à ce problème n'est mise en oeuvre. Il incombe aux pays d'accueil de préserver le caractère civil des camps de réfugiés, comme le stipule clairement la Convention sur les réfugiés, adoptée en 1969 par l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Toutefois, des situations différentes pourraient exiger une variété de solutions. Plutôt qu'un mécanisme unique, Mme Ogata a proposé une "échelle d'options", dont le déploiement de la police ou de forces militaires internationales ne serait que le dernier recours. Dans les situations normales, l'adhésion à certains principes fondamentaux énoncés par la Convention de l'OUA suffirait pour garantir que les camps ne soient pas utilisés à des fins militaires, notamment en les éloignant des frontières ou en interdisant le mouvement des armes. En revanche, dans les situations difficiles pour les gouvernements des pays d'accueil, l'assistance internationale est nécessaire pour renforcer leur capacité à mettre en oeuvre la loi, notamment par la fourniture d'équipement et d'appui logistique pour

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les forces de police. Le HCR a participé activement à ces efforts en Afrique, notamment au Kenya. Actuellement, il assure la formation et une contribution financière à la mise en place de forces de police efficaces en Tanzanie, dans les camps de réfugiés à la frontière avec le Burundi. Dans l'est du Zaïre, le HCR a fourni des observateurs internationaux et a établi une coopération étroite avec les forces militaires responsables du respect de la loi et du maintien de l'ordre dans les camps de réfugiés. Si toutefois ces mesures n'ont pas permis de séparer les réfugiés des criminels, elles ont néanmoins contribué à l'amélioration de la sécurité et il faudrait en tenir compte lors de l'examen des différentes options visant à préserver le caractère civil des camps. Mme Ogata a émis l'espoir que le Conseil de sécurité assurera de manière concrète la mise en oeuvre de la recommandation du Secrétaire général visant à créer un mécanisme pour assister les pays d'accueil à préserver ce caractère.

MME JUNOD, Représentante du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a fait observer que la problématique générale des conflits armés est au coeur même des préoccupations du CICR. L'Afrique représente le principal terrain d'action du CICR. Dix-neuf délégations opérationnelles et régionales, représentant près de la moitié du budget du CICR et regroupant quelques 3 000 employés sont engagées dans ces efforts. Elle a souligné que les exactions et les atrocités commises contre les civils, et plus particulièrement contre les femmes et les enfants, et contre les réfugiés, les personnes déplacées, capturées ou emprisonnées, rendent indispensable le retour au respect, par tous les porteurs d'armes, des principes humanitaires universels. Le CICR ne peut donc que souscrire à un diagnostic aussi net et à un appel aussi pressant, avec la multiplication de conflits dans des pays dont les structures se sont effondrées, et celle des affrontements de type "identitaire", dans lesquels la destruction et l'anéantissement du groupe humain considéré comme rival constituent l'objectif prioritaire de la lutte.

Notre défi commun, a insisté Mme Junod, consiste à faire revivre les profondes valeurs humaines, proches de celles du droit humanitaire, particulièrement auprès de la jeunesse, force vive représentant les trois- quarts de la population en Afrique. Tous les Etats Membres des Nations Unies se sont engagés non seulement à respecter, mais également à faire respecter les traités relatifs au droit humanitaire. Il s'agit d'une obligation solidaire, universelle, à l'égard de toutes les victimes des conflits. Mme Junod a estimé qu'il est nécessaire d'oeuvrer activement à la création d'une cour criminelle internationale permanente, qui contribuerait à mettre fin à l'impunité. Le CICR note avec une préoccupation croissante la tendance qu'ont développée certains Etats au cours de ces dernières années de recourir à l'action humanitaire en lieu et place de l'action politique, voire militaire, lorsqu'elle est justifiée dans le cadre des instruments internationaux pertinents. L'Afrique centrale en est une bonne illustration. L'aide humanitaire ne saurait être un substitut.

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Reconnaissant le besoin d'une approche stratégique, les politiques, les militaires et les humanitaires doivent harmoniser leurs interventions. Ils doivent rechercher les synergies entre leurs actions, dans le respect des interdépendances, mais aussi des mandats et des spécificités respectives. Il faut donner la priorité aux intérêts des victimes, a souligné Mme Junod. L'action du CICR en matière de protection vise essentiellement à obtenir le respect de la vie et de l'intégrité physique des individus. Cette action est indissociable d'une action en faveur des droits de l'homme, dont la finalité est le fonctionnement de la société civile et la jouissance des droits civils et politiques, économiques, sociaux et culturels.

M. GERHARD HENZE (Allemagne) a qualifié le rapport du Secrétaire général de document bien équilibré qui sera une source d'inspiration importante. Les recommandations qui y sont consignées touchent à des actions ciblées et sont justifiées. Le représentant a fait sienne l'analyse du Secrétaire général selon laquelle des progrès durables en Afrique exigent l'attention soutenue de la communauté internationale au plus haut niveau politique. Il a fait part de la contribution de son pays aux activités de développement notamment dans la région des Grands Lacs, en Angola ou encore au Mozambique et a expliqué que les questions africaines constituent une priorité pour le gouvernement allemand. L'une des leçons les plus importantes à tirer du rapport du Secrétaire général est la nécessité de renouveler l'esprit de partenariat qui doit s'exprimer dans un cadre qui intègre et renforce les institutions multilatérales.

Le représentant a souligné trois aspects de cette approche, à savoir la réforme du Conseil de sécurité qui doit donner l'occasion à l'Afrique d'y disposer d'un siège permanent, le renforcement des capacités de maintien de la paix de l'Organisation de l'unité africaine et des organisations sous- régionales, et la mise en place de la Cour criminelle internationale. Le représentant a précisé que l'initiative visant à organiser une conférence internationale sur la paix, la stabilité et la sécurité dans la région des Grands Lacs pourrait avoir un impact positif sur la situation dans la région. Le représentant a souligné que la législation allemande interdit l'exportation et la vente d'armes à des pays en conflit. Nous avons contribué récemment au fonds d'affectation spécial chargé d'aider à financer la Commission internationale d'enquête sur les livraisons illicites d'armes au Rwanda.

M. ROBERT FOWLER (Canada) a déclaré que les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général sur l'Afrique recueillent, d'une façon générale, l'adhésion de son gouvernement. Le Secrétaire général, à juste titre, soutient que la collaboration sur le plan du renforcement des capacités des pays africains à participer à des missions de maintien de la paix ne doit pas viser à faire en sorte que les Africains puissent répondre aux crises qui surviennent sur leur continent à seule fin de décharger la communauté internationale de cette responsabilité. Elle devrait plutôt viser à garantir que les Etats africains reçoivent l'aide qu'ils demandent afin de pouvoir jouer un rôle encore plus important dans les futurs opérations de maintien de

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la paix de l'ONU. Selon M. Fowler, la crédibilité du Conseil de sécurité est directement liée à sa volonté d'agir avec décision et efficacité afin de rendre disponibles les ressources permettant de contrer les menaces à la paix et à la sécurité internationale et de prendre les mesures nécessaires dès les premiers signes d'une crise. M. Fowler partage l'avis du Secrétaire général sur l'importance de la collaboration entre les Nations Unies et les organes régionaux et sous-régionaux de l'Afrique qui ont la capacité, l'expertise et la détermination nécessaires pour agir et peuvent représenter parfois une meilleure solution que les forces de maintien de la paix de l'ONU. Il revient à la communauté internationale de veiller à ce que cette capacité demeure disponible tout en évitant la délégation de la responsabilité en matière de maintien de la paix du niveau international au niveau régional et sous- régional. Les organes régionaux et sous-régionaux doivent intervenir selon lui, non pas en raison du vide causé par l'inaction du Conseil de sécurité mais plutôt dans le cadre de programmes de collaboration élaborés à l'issue de consultations étroites avec le Conseil.

M. Fowler a ensuite abordé cinq points figurant dans le rapport du Secrétaire général à savoir la question des enfants soldats; la protection de la population civile et notamment du personnel humanitaire et des réfugiés; les sanctions économiques qu'il faut cibler avec plus de précision; la prolifération des armes légères et les dépenses d'armement en Afrique qui réduisent les ressources à allouer au développement; et la consolidation de la paix après les conflits qui nécessite un effort intégré au-delà de l'action purement diplomatique et militaire.

Le représentant a regretté que le rapport n'aborde pas le problème de la prolifération des mines antipersonnel en Afrique et a rappelé que, parmi les 120 pays signataires de la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel, il y a 38 pays africains. Le Canada se félicite des efforts de l'UNICEF et de l'OUA en vue de promouvoir la ratification rapide de ce traité, tout particulièrement en Afrique. M. Fowler est d'avis qu'il ne peut y avoir de progrès sur le plan politique en Afrique sans prendre en compte les aspects économiques, et que le développement est un droit fondamental de l'être humain et le principal objectif à long terme des pays africains. Dans ce processus, à la fois les pays concernés et les pays donateurs ont une responsabilité à remplir, notamment en vue de la réduction du fardeau de la dette. Le Canada a apporté une aide financière de plus de 15 milliards de dollars canadiens à l'Afrique à cette fin et a triplé ses investissements directs sur ce continent depuis 1989.

M. ALI HACHANI (Tunisie) a déclaré que l'examen du rapport du Secrétaire général nécessite tout d'abord que l'on place la question dans le contexte africain actuel, lequel se caractérise par la prise de conscience grandissante des Etats d'Afrique de la nécessité de s'attaquer aux racines de leurs problèmes en adoptant une approche qui s'écarte de la vision qui accable le continent de tous les maux en n'y voyant aucune issue. Il a indiqué que les initiatives entrant dans le cadre du renforcement de la capacité de l'Afrique

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en matière de maintien de la paix devraient être menées sur la base des paramètres qui sont fixés par les Etats africains eux-mêmes, en conformité avec les objectifs de l'OUA et dans un cadre d'étroite collaboration avec le Conseil de sécurité. La Tunisie estime qu'il est important de promouvoir ces initiatives sur la base de principes acceptés par tous. Il est également essentiel que la communauté internationale accorde toute l'importance au renforcement de la capacité panafricaine à travers un soutien matériel et financier substantiel à l'organe central du mécanisme de l'OUA pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits en Afrique.

M. Hachani a fait observer que le nouvel élan manifesté par les Etats africains en matière de maintien de la paix et de la sécurité s'est accompagné d'un renouveau caractérisé par l'introduction par ces mêmes Etats de profondes réformes politiques et économiques. Ces efforts doivent être reconnus par la communauté internationale et encouragés par des actions positives qui tiennent compte des réalités sociales du continent, ainsi que de la nécessaire approche globale et interdépendante des droits de l'homme, y compris le droit au développement. Il est aujourd'hui généralement reconnu qu'il ne peut y avoir de développement durable sans paix durable et vice-versa, a poursuivi le représentant, ajoutant que la conjoncture économique internationale se caractérise par des tendances qui ne sont pas de nature à faciliter les efforts des Etats africains pour la promotion de leur développement et l'amélioration du bien-être de leurs populations. C'est pourquoi il est nécessaire qu'un plan global effectif en faveur du développement africain soit mis en oeuvre afin de faciliter l'intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale. Tout en exprimant son adhésion à l'esprit de l'approche préconisée par le Secrétaire général, la Tunisie estime qu'il est essentiel, tant au niveau du Conseil de sécurité que de l'Assemblée générale, de continuer d'approfondir la réflexion afin de traduire l'intérêt manifesté à l'égard de la situation sur le continent par des mesures concrètes et efficaces.

M. PARK SOO GIL (République de Corée) a dit que son pays estime que pour avoir une paix durable, une stabilité et un développement en Afrique, le règlement des conflits devra tenir compte d'une approche d'ensemble qui tienne compte de leurs origines et de leurs conséquences dévastatrices. Il s'est dit convaincu que la communauté internationale doit déployer des efforts plus résolus pour régler la question du flux des armes dans la région et éliminer une des causes structurelles des conflits récurrents. Il s'agit notamment d'assurer un strict respect des embargos sur les armes imposés par le Conseil de sécurité et à cette fin, le représentant a appuyé la proposition du Secrétaire général tendant à ce que les Etats membres adoptent une législation facilitant la condamnation par les tribunaux nationaux des violations des embargos sur les armes et à ce que le Conseil de sécurité examine, de manière urgente, la source des trafics d'armes et les activités des marchands d'armes illégaux.

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Sur la question de la protection des réfugiés et des personnes déplacées, le représentant a appuyé les recommandations du Secrétaire général visant à faire des belligérants les responsables financiers des attaques contre ces populations et à élaborer un mécanisme juridique international pour faciliter les efforts tendant à rechercher et à geler les avoirs des parties au conflit et de leurs dirigeants. Aujourd'hui, la question est de savoir si la communauté internationale et les peuples d'Afrique ont la volonté politique nécessaire de traduire les recommandations du Secrétaire général en actes concrets, s'est demandé M. Soo Gil.

M. NABIL A. ELARABY (Egypte) a noté qu'en 1993, l'Afrique s'est engagée dans la voie du règlement des différends en créant un mécanisme de gestion et de prévention des conflits au sein de l'OUA. Ceci montre clairement un changement majeur dans la sensibilité des dirigeants africains. Ce mécanisme est devenu le principal instrument de gestion des crises en Afrique alors que le Conseil de sécurité donne l'impression d'une certaine lassitude. Le génocide rwandais a été un résultat manifeste de cette réticence qui se traduit toujours au sein du Conseil. Le rapport du Secrétaire général est réaliste et honnête dans la mesure où il reconnaît les erreurs des Nations Unies. Il serait inacceptable de rester aveugle face aux événements qui agitent la Somalie. L'Egypte soutient les efforts engagés par toutes les parties en Somalie et poursuivra son action aux côtés de l'OUA. La levée des sanctions imposées à la Libye est également une priorité du gouvernement égyptien qui souhaite que cette question soit examinée à nouveau par le Conseil de sécurité. Au sujet des régimes de sanctions proposés dans le rapport, le représentant a estimé que les idées du Secrétaire général ne seront pas faciles à mettre en oeuvre, notamment celle relative à l'application de sanctions à l'encontre des dirigeants et de leurs familles. Au sujet du trafic illégal d'armes, le représentant a fait valoir la nécessité d'élargir le registre des armes à d'autres types d'armes et a appuyé pleinement la proposition du Secrétaire général visant à compiler des informations exhaustives sur le trafic et le commerce d'armes.

Le représentant a fait valoir les avantages de la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales en évoquant l'expérience fructueuse en Sierra Leone. Il est nécessaire de définir un cadre permettant à ces arrangements de compléter le rôle des Nations Unies en matière de maintien de la paix dont le Conseil à la responsabilité première. Le représentant a fait état de difficultés liées à la mise en place d'un dispositif pénal international en vue de tenir pour responsables les combattants ayant pris délibérément pour cible des personnes civiles. Aux yeux du représentant, la question du développement et de la consolidation de la paix après les conflits tombe dans le domaine de l'Assemblée générale à laquelle son pays fera des suggestions précises. Il a souligné que seule l'Assemblée générale est habilitée à examiner ces questions. Le représentant a en outre fait siennes les recommandations du Secrétaire général en vue de

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engagement entier de la communauté internationale qui se mesurera par ses actes et non par ses paroles. Il a appuyé l'idée d'une réunion biennale du Conseil de sécurité et d'une réunion au sommet dans cinq ans.

M. FERNANDO PETRELLA (Argentine) a estimé que la communauté internationale a le devoir moral d'agir dans les plus brefs délais. Soulignant les progrès effectués par les pays africains dans le domaine de la démocratisation et des droits de l'homme, le représentant a précisé que comme l'Amérique latine, le continent africain a vécu une période difficile qui explique sa situation actuelle. Aujourd'hui, de nombreux pays africains ont entrepris des réformes économiques et l'Accord d'Entebbe signé entre le Président Clinton et sept dirigeants africains est éloquent sur le plan politique. Il faut absolument liée la paix et la sécurité au développement durable, a souligné le représentant. Après trois décennies d'instabilité économique, l'Argentine a fini par retrouver la démocratie et elle peut donc comprendre les efforts des peuples africains et de leurs dirigeants pour vivre dans la paix et la prospérité. L'Argentine a renforcé ses échanges commerciaux avec le continent africain et rappelle aujourd'hui que ses liens privilégiés avec ce continent sont nés dès le lendemain des indépendances. L'Argentine réitère sa volonté de coopérer au développement de l'Afrique et attire l'attention sur les programmes de formation qu'elle a lancés dans certains pays africains. Un colloque aura lieu très bientôt à Harare sur les termes de la coopération entre l'Argentine et les pays africains.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré que l'Afrique n'est pas la seule région du monde confrontée à de graves difficultés et n'est pas non plus un continent qui se caractériserait exclusivement par le chaos et la misère. De fait, même si les défis y sont multiples et immenses, dans le temps, l'Afrique renferme des potentialités incommensurables en matière de développement, de démocratisation et de règlement de conflits. Si nous ne sommes pas réunis aujourd'hui pour faire le procès de la colonisation, il faut cependant rappeler, pour l'histoire, et dans un souci d'objectivité, l'immense responsabilité des ex-puissances coloniales dans les drames qui secouent aujourd'hui l'Afrique. Les peuples de ce continent ont hérité de territoires où, malgré les discours pompeux sur la mission civilisatrice de la colonisation, les taux d'alphabétisme dépassaient les 90%, les épidémies sévissaient, il fallait construire des écoles et des dispensaires, et où, parcequ'il n'y avait en fait de structures étatiques que ce qui permettait à l'administration coloniale de maintenir l'ordre et de piller les ressources du pays, il fallait créer partout l'Etat. L'Afrique a donc dû partir de zéro, et il a fallu partout, très vite, avec des moyens limités et dans un environnement international d'inégalités structurelles et de rivalités idéologiques, prendre en charge des populations et mettre sur pied des politiques économiques tout en faisant face aux ingérences et aux appétits des puissances extérieures.

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Concernant la coopération interafricaine, M. Baali a déclaré qu'elle est aujourd'hui une réalité bien vivante à travers les contacts réguliers aux niveau bilatéral, régional et continental entre Chefs d'Etat et responsables africains. Elle témoigne de la volonté des Africains de rechercher par eux- mêmes, ensemble et sur le continent, les voies et moyens d'une cohabitation plus harmonieuse et d'une stabilité et d'une prospérité partagées. Sur les plans politiques et économiques, les problèmes restent certes nombreux et complexes, tant le passif est lourd. Mais il doit être clair que ce n'est pas en exerçant des pressions sur les pays et en tentant de leur imposer des schémas de société ou de développement pensés ailleurs et sans rapport avec les réalités africaines, ceci sous la menace de sanctions, que l'on fera avancer la cause de la démocratisation et du développement en Afrique. Sans une mobilisation véritable des institutions financières internationales et des agences de l'ONU qui s'articuleraient autour d'un véritable Programme d'appui à l'Afrique prenant en charge les questions d'investissement, d'aide au développement, de dette, d'échanges commerciaux et celles liées aux effets négatifs induits par les politiques d'ajustement structurel, toute politique destinée à l'Afrique relèverait de la simple gesticulation.

S'agissant du traitement et de la résolution des conflits, il est absolument essentiel que l'ONU coopère étroitement et en permanence avec l'OUA qui, mieux que quiconque, connaît et comprend les réalités et les sensibilités africaines. Tout en reconnaissant du mérite à l'initiative prise par certains pays pour renforcer les capacités africaines de maintien de la paix, il est impératif que les principes de la multilatéralité, de l'universalité et de la transparence président à la conception et à la mise en oeuvre de cette initiative à laquelle l'ONU et l'OUA, à travers son mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits, doivent être pleinement associés.

M. VOLODYJMYR YEL'CHENKO (Ukraine) a évoqué l'évolution qu'a connue le continent africain et a évoqué à cet égard les efforts individuels déployés par les membres de l'Organisation de l'unité africaine et d'autres organisations régionales qui ont contribué à atténuer ou à éliminer les conflits. Au même moment, des problèmes persistants continuent d'avoir un impact négatif sur de nombreux pays africains et notamment les pays les plus pauvres. Dans son ensemble, l'Afrique est toujours en marge des relations économiques internationales. Les Nations Unies ne peuvent pas se limiter à jouer un rôle d'observateur mais elles doivent agir. Aujourd'hui, a estimé le représentant, les Nations Unies doivent aider l'Afrique dans ses efforts pour le progrès et le développement durable en lui garantissant la paix et la stabilité. Dans le domaine de l'aide socio-économique, la communauté internationale a déjà mis en place des programmes spécifiques et notamment l'Initiative spéciale en faveur de l'Afrique. Selon le représentant, l'aide extérieure devrait venir en complément des efforts entrepris par les pays africains plutôt que de s'y substituer. Dans cette optique, nous accueillons avec satisfaction les décisions adoptées lors du Sommet d'Entebbe le 25 mars dernier lors de la visite du président Clinton en Afrique.

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Le représentant a évoqué l'instabilité politique et les freins à l'instauration de la démocratie qui sont des obstacles à l'avancée de l'Afrique sur la voie du progrès. Dans certains pays, les mouvements de réfugiés et des personnes déplacées sont alarmants et contribuent à l'instabilité politique. Nous estimons donc que la question de la paix et de la sécurité en Afrique et celle du développement économique doivent être examinées de façon simultanée. Selon le représentant, l'imposition de sanctions ne peut être couronnée de succès que si les pays de la région concernée garantissent leur entière collaboration. Une telle coopération devrait être placée sous l'égide de l'Organisation de l'unité africaine qui doit elle-même bénéficier du soutien politique et matériel de la communauté internationale. Evoquant des exemples de coopération réussie avec les organisations régionales et sous-régionales notamment dans la Corne de l'Afrique ou en Afrique de l'Ouest, le représentant a indiqué le soutien de son pays aux recommandations du Secrétaire général en vue d'améliorer la coordination et les échanges d'information entre les Nations Unies et ces organisations. Le représentant a néanmoins estimé que certaines recommandations contenues dans le rapport dépassent le mandat du Conseil de sécurité. Il a souhaité que ce document soit présenté à l'Assemblée générale, aux autres organes des Nations Unies et aux organisations humanitaires.

M. AHMED SNOUSSI (Maroc) a noté que l'ampleur et l'intensité des conflits armés sur le continent africain restent un sujet de très vive préoccupation pour la communauté internationale. Les 30 guerres qui ont ravagé l'Afrique depuis 1970 ont causé des centaines de milliers de décès, des millions de réfugiés et de personnes déplacées, compromettant très gravement tous les efforts entrepris par l'Afrique pour assurer la paix, la stabilité et la prospérité. Le Maroc suit avec un souci réel l'émergence et la persistance de foyers de tension dans certaines régions africaines et réaffirme sa détermination à soutenir et à appuyer les efforts déployés par la communauté internationale et tout particulièrement par l'ONU pour trouver des solutions adéquates et durables à ces crises. Concernant l'Afrique du Nord, il parait indéniable qu'une situation telle que celle provoquée par l'affaire Lockerbie ne peut être passée sous silence au moment où l'on parle de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique. Les organisations régionales, aussi bien arabes, islamiques, africaines que non alignées ont toutes pris position pour un règlement qui paraît.

La situation économique précaire en Afrique se manifeste en particulier par la faible participation du continent au commerce international, l'aggravation du fardeau de la dette, un déficit chronique dans les infrastructures, une dégradation très avancée de la situation sociale et sanitaire, ainsi que par la faiblesse des investissements étrangers malgré les réformes structurelles massives opérées dans ces pays. Le Maroc ne peut que soutenir les principales recommandations du Secrétaire général concernant l'Afrique et, en particulier, celles consistant à envisager d'établir des programmes d'ajustement structurel pleinement compatibles avec la paix, à faire en sorte que l'aide soit structurée afin d'être axée sur les domaines où

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elle aurait le plus d'effets, et à réduire la dépendance des pays africains. Le Maroc partage l'idée qu'il faut que les créanciers envisagent d'effacer la totalité de l'encours de la dette des pays les plus pauvres d'Afrique, et que les pays les plus industrialisés examinent la possibilité d'éliminer les barrières douanières à l'encontre des produits africains et de veiller à ce que la plus grande partie des ressources fournies soient effectivement dépensées en Afrique. Il est nécessaire d'intensifier les efforts internationaux visant à aider les Etats africains à développer leur économie et à renforcer leur intégration dans l'économie mondiale.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a estimé que le rapport du Secrétaire général souligne très justement la responsabilité des pays africains eux-mêmes en ce qui concerne l'évolution de la situation du continent. Le rôle de la communauté internationale doit d'abord être de renforcer et d'appuyer les efforts et les initiatives de l'Afrique elle-même. La lutte contre la pauvreté, a poursuivi le représentant, représente l'un des défis les plus urgents du continent africain. Pour remporter la victoire sur ce terrain, il convient de renverser la tendance du déclin de l'aide publique au développement donc d'augmenter l'aide aux pays les moins avancés, de consacrer des ressources accrues aux secteurs sociaux et de se concentrer sur les catégories pauvres de la population. La Norvège, a indiqué le représentant, travaille en ce moment à l'élaboration d'un plan visant à augmenter, d'1% d'ici l'an 2001, l'aide publique au développement. Un accent particulier sera placé sur une coopération accrue avec les pays africains dans les domaines de l'élimination de la pauvreté, de l'amélioration des services sociaux et de l'allégement de la dette.

La Norvège plaide depuis fort longtemps en faveur de solutions au problème sérieux de la dette des pays pauvres fortement endettés et s'est concentrée sur des programmes pouvant fournir des mesures efficaces d'allégement de la dette. Le Gouvernement est actuellement en train de finaliser un plan d de la dette des pays en développement, a dit le représentant qui a, par ailleurs soulevé la question de la circulation des petites armes. Il a ainsi souhaité que les initiatives propres à mettre fin à l'utilisation illégale et à l'accumulation excessive des petites armes deviennent partie intégrante tant des politiques nationales qu'internationales. A cet égard, la proposition du Mali d'établir un moratorium sur les petites armes en Afrique de l'Ouest ne peut qu'encourager la communauté internationale. Les mines antipersonnel constituent également un sérieux obstacle à la reconstruction d'un pays après un conflit, a estimé le représentant. La Norvège appelle tous les Etats membres à signer et à ratifier la Convention d'Ottawa. La Norvège a déjà fait part de son intention d'apporter 120 millions de dollars , aux opérations de déminage au cours des cinq prochaines années.

Le représentant a conclu en soulignant combien les efforts de développement de nombre de pays africains se voient actuellement compromis par le manque de coordination entre les pays donateurs. Il est temps que chacun

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se prépare à "baisser son drapeau" au nom de résultats meilleurs dans les efforts de développement. Une telle coordination est également essentielle dans les situations de conflits afin d'harmoniser les politiques et les actions, d'éviter les conséquences néfastes de la multiplication des efforts de médiation et, en cas de sanctions, de les rendre plus efficaces. A cet égard, la Norvège se félicite de la recommandation du Secrétaire général selon laquelle les sanctions doivent mieux viser les décideurs. Cette recommandation est conforme à une perspective holistique des droits de l'homme où les effets sociaux, économiques et culturels sont dûment pris en compte.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a accueilli avec une entière satisfaction le rapport du Secrétaire général et a noté que ce document a été porté non seulement à attention du Conseil de sécurité mais également de l'Assemblée générale. Le Secrétaire général fait également part de son intention d'associer les institutions de Bretton Woods dans la formulation et la mise en oeuvre d'un ensemble de mesures qui permettrait de sortir l'Afrique de la spirale de conflits. La prévention des conflits commence et s'achève avec la promotion de la sécurité de la personne et le développement de l'être humain. Le représentant a cependant regretté le poids de l'héritage colonial qui pèse encore lourdement sur les pays africains et freine l'assimilation sociale et politique et la répartition équitable des ressources.

La communauté internationale se doit d'encourager les gouvernements concernés à rechercher une solution politique aux conflits par le biais de médiateurs mais également en utilisant les ressources des organisations régionales et sous-régionales. Le représentant a néanmoins rappelé que la responsabilité première en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales revient au Conseil de sécurité. Dans ce contexte, le représentant a souhaité disposer d'informations supplémentaires sur les travaux du Comité exécutif sur la paix et la sécurité. Au sujet des sanctions, il a estimé que les propositions du Secrétaire général devraient être examinées à la lumière de la résolution 51/242 relative au supplément à l'Agenda pour la paix.

Le concept des opérations de maintien de la paix continue d'être un outil essentiel à la disposition des Nations Unies et il est important, au vu de la complexité des conflits, de ne pas surcharger les missions de maintien de la paix de responsabilités qui dépasseraient leurs mandats. Les efforts de consolidation de la paix après les conflits, doivent être évalués avec soin en tenant compte du rôle des différents organes et institutions du système des Nations Unies. Le rôle clé de l'Assemblée générale dans la formulation d'activités de consolidation de la paix après les conflits doit être reconnu. Le représentant a par ailleurs soulevé la question de la protection des personnes civiles en temps de guerre et les violations du droit humanitaire. Il s'est félicité de la nomination du Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants dans les conflits armés ainsi que de la proposition visant à faire des enfants une "zone de paix". Il a également appuyé la proposition du Secrétaire général tendant à ce que les missions de

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surveillance des droits de l'homme soient financées à partir du budget ordinaire de l'Organisation. Nous partageons également le point de vue selon lequel le développement est un droit de l'homme et constitue un élément central de la réduction des tensions en Afrique, a-t-il expliqué. Les investissements dans le capital humain ne doivent pas être le simple produit de la croissance économique mais une force menant au développement. Il est également important que les pays créditeurs convertissent les prêts accordés aux pays les plus pauvres en des subventions. L'accès de ces pays aux marchés internationaux et la coopération Sud/Sud sont d'égale importance.

M. AHMAD KAMAL (Pakistan) a imputé la situation en Afrique à la misère générale qui règne sur le continent. Partant, il a invité la communauté internationale à concentrer ses efforts sur l'élimination de la pauvreté. Pour cela, il faut un large soutien technique et financier pour le développement des ressources humaines et le renforcement des infrastructures de base en vue d'un développement socio-économique tourné vers le succès. Malgré ses propres difficultés financières, le Pakistan a mis en oeuvre, depuis le début des années '80, un Programme d'assistance technique pour l'Afrique, qui offre des possibilités de formation à de jeunes professionnels africains dans divers domaines. Si l'on atteint pas l'objectif du développement durable, on ne pourra pas mettre en place des solutions durables aux conflits en Afrique, a souligné le représentant.

Le représentant a invité la communauté des donateurs et les institutions financières internationales à convertir en subventions toutes les dettes bilatérales en suspens des pays africains les plus pauvres, et à assurer qu'au moins 50 % de leur aide à l'Afrique soit dépensée dans la région. L'Afrique a besoin d'un environnement économique international qui la soutienne, et en particulier d'un accès prioritaire aux marchés pour ses exportations et d'un accès préférentiel aux technologies. Il a encore souligné les bénéfices potentiels des nouvelles technologies de l'information pour l'Afrique. Avec l'aide des fonds et programmes des Nations Unies, toutes les connaissances disponibles en matière de développement pourraient être rassemblées dans un système intégré d'information et progressivement reliées à une banque de données sur l'aide à l'Afrique. Il importe, par ailleurs, que les Nations Unies mettent en place un système d'alerte rapide efficace et se dotent des capacités appropriées pour pouvoir répondre de manière efficace aux crises latentes en Afrique et dans d'autres parties du monde.

M. ARIZAL EFFENDI (Indonésie) a souligné que le continent africain dispose de ressources naturelles abondante et d'un peuple travailleur et a donc un réel potentiel de développement dans les marchés mondiaux. Cependant une telle prospérité ne peut se réaliser sans un environnement de paix et de sécurité. Il considère que, dans ce contexte, les Nations Unies , en collaboration avec l'OUA peuvent jouer un rôle important dans la levée des obstacles à la paix et à la sécurité tout en veillant à respecter les principes de souveraineté des états africains et de non-ingérence dans leurs affaires internes. Afin d'arriver á ce climat de paix, la communauté

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internationale doit agir en collaboration avec les Etats africains, en vue de renforcer les données économiques et sociales du continent. La pauvreté, l'analphabétisme et la faim ne peuvent qu'exacerber le désespoir et le développement économique et l'amélioration des conditions de vie des peuples africains sont des éléments importants pour la résolution pacifique des conflits. L'Indonésie soutient l'initiative du Secrétaire général de promouvoir les investissements à grande échelle dans les secteurs engendrant la croissance en Afrique. Il est essentiel qu'il y ait des efforts afin d'attirer davantage les investissements directs étrangers en Afrique qui ne représentaient en 1996 que 5% des investissements directs totaux dans les pays en développement. De plus, il faut faciliter l'accès des pays africains aux marchés mondiaux, notamment à travers une action de l'OCI qui viserait à réduire les barrières douanières. M. Effendi considère qu'il est impératif d'alléger le fardeau de la dette des pays africains et soutient les recommandations de l'OUA en la matière. Il a insisté sur l'importance que peut avoir la collaboration Sud-Sud dans le développement économique en Afrique. Dans ce cadre, M.Effendi a rappelé que l'Indonésie, malgré le fait qu'elle soit elle-même un pays en développement, a la ferme volonté de soutenir les peuples africains en vue de l'établissement d'une Afrique pacifique et prospère. Elle n'a cessé de faire preuve de cet engagement au cours des dernières années, notamment à travers sa participation aux forums UN-NADAF et à l'initiative des Nations Unies pour l'Afrique. De plus, dans le contexte de la coopération Sud-Sud, l'Indonésie organisera un sommet sur cette question dans le courant de l'année prochaine à Jacarta.

M. SATYABRATA PAL (Inde), paraphrasant Octavio Paz, décédé cette semaine, a déclaré qu'en général le monde n'a jamais cherché L'Afrique en Afrique; il l'a cherchée en réponse à ses propres obsessions, enthousiasmes, phobies, espoirs, et intérêts; et ce qu'il a trouvé. Les problèmes de l'Afrique aujourd'hui ne sont pas uniques à ce continent. D'autres parties du monde, en Europe et ailleurs, les ont connus dans des circonstances semblables, et les solutions aux problèmes africains seront les mêmes que celles qui ont été trouvées pour l'Europe d'après-guerre en 1945: l'aide, le développement, les échanges commerciaux, et la coopération. Ceci est reconnu dans le rapport du Secrétaire général qui passe largement en revue les questions relatives au développement, qui sont au coeur des problèmes que rencontrent tous les pays en développement en Afrique et ailleurs. Sur ce plan économique, l'étude du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) relative au redressement de l'Afrique dans les années 90, note que ce continent a très peu bénéficié des politiques menées dans les années 60 et 70, et que les ajustements imposés dans les années 80 n'ont pas respecté les objectifs à long terme adoptés par l'OUA dans le cadre du Plan d'action de Lagos en 1980. L'étude de l'UNICEF note que l'insistance de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international sur les politiques d'ajustement n'a pas remédié à la faiblesse structurelle des capacités nationales, des structures de production et de commerce, et des infrastructures de transport et des zones rurales qui étaient à l'origine des déséquilibres macro-économiques.

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L'affaiblissement des structures étatiques par des processus de privatisation préconisés aujourd'hui en Afrique et ailleurs, ne dit pas comment un Etat faible peut simultanément contrôler les puissants groupes d'intérêts qui ont longtemps exploité les économies de ces pays et leurs systèmes politiques, et imposer les dures recettes d'ajustement nécessaires à l'intégration dans l'économie mondiale. S'il a été reconnu que les pays en transition ont besoin d'un soutien financier massif en vue d'éviter la violence et enraciner les changements démocratiques en Europe de l'Est, il est pitoyable que l'Afrique, qui a les mêmes problèmes, n'ait pas bénéficié du même soutien. L'ONU et le Conseil de sécurité devraient être hantés par les ombres de millions d'Africains qui seraient aujourd'hui vivants s'ils n'avaient pas été entraînés dans des guerres qui n'étaient pas les leurs au cours des 30 dernières années, et si le désintérêt des puissants n'avaient bloqué le Conseil durant les années 90. Pour conclure, le représentant a félicité le Secrétaire général pour la franchise avec laquelle il a répondu à l'intérêt exprimé par le Conseil à l'égard de l'Afrique.

M. DAUDI N. MWAKAWAGO (Tanzanie) a observé que l'Afrique est un continent de 53 pays dont 33 font partie des 48 pays les moins avancés du monde. La question de la dette, dans ce contexte, représente un facteur qui aggrave la pauvreté dans la région. S'il est vrai que la pauvreté nourrit la tension et l'instabilité, il ne peut alors y avoir de terrains plus fertiles pour les conflits que l'Afrique. Il n'est donc pas surprenant que ce continent continue de dominer l'ordre du jour du Conseil de sécurité. C'est une situation regrettable, a dit le représentant, et un objet de honte pour l'Afrique et l'humanité entière. C'est une situation qui appelle une solution urgente et dont la responsabilité première incombe aux Africains eux-mêmes. C'est une situation que l'Afrique seule ne peut surmonter. Les voeux pieux et la réthorique ne sauraient remplacer l'action concrète. En cela, le rapport du Secrétaire général appelle à une action concertée en faveur de l'Afrique. Il note les changements positifs intervenus sur le continent dans le contexte de la démocratisation, d'une meilleure gouvernance et des réformes économiques.

Partant, toute contribution concrète en termes de ressources représente un investissement dans la prospérité de l'Afrique dont les résultats ne seront pas seulement une contribution à la paix mais aussi à l'établissement d'un partenariat ferme pour une coopération réellement mondiale. Le représentant a appelé les partenaires de l'Afrique à examiner sérieusement la proposition du Secrétaire général visant l'annulation ou la réduction de la dette. Il a souligné que des programmes bien intentionnés, comme l'initiative des institutions de Bretton Woods se sont révélées décevantes. Les pays africains, a précisé le représentant, ne veulent pas fuire leurs obligations sur la question mais l'élimination du fardeau de la dette leur permettra de s'assurer des ressources nécessaires à la construction d'une infrastructure appropriée à la prospérité et à la paix.

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M. ABDUSSALAM O. IBRAHIM (Libye) a déclaré que le rapport du Secrétaire général contient de nombreuses propositions qui méritent un examen minutieux et que sa délégation se limitera à faire quelques réflexions. Le rapport a identifié les causes des problèmes africains et notamment les causes historiques suite au partage arbitraire du continent africain par les puissances coloniales lors du Congrès de Berlin. Les problèmes africains actuels dans les domaines politique et économique découlent directement de cette fixation des frontières géographiques des états africains. Pour éviter davantage de tragédies dues à cette division de l'Afrique, il faut que la communauté internationale mette en oeuvre tous les moyens possibles. La période coloniale a été caractérisée aussi par un pillage des ressources naturelles africaines, une absence d'investissements en infrastructures dont les effets se font encore sentir aujourd'hui. Le représentent a cité en exemple les accords commerciaux conclus par les gouvernements africains avec les puissances occidentales, notamment dans le secteur minier. Cette situation n'a pas été en faveur du développement économique africain. Il n'y aura pas de paix sans développement et sans croissance économique, ce qui est d'autant plus difficile que le fardeau de la dette africaine pèse lourdement sur ces Etats, a-t-il averti. Il s'agit là, selon la Libye, d'une sorte de piège des puissances étrangères pour continuer à contrôler l'Afrique. Compte tenu de l'histoire africaine, il est du plein droit de l'Afrique d'exiger que l'on annule cette dette. Par ailleurs, il serait injuste de demander aux pays africains de s'engager dans une concurrence commerciale internationale avec les pays qui ont des centaines d'années d'avance sur eux car les conditions ne seraient pas équitables. Les pays développés doivent cesser d'imposer des mesures qui font obstacle au développement du continent. Les anciennes puissances coloniales devraient s'excuser solennellement auprès des pays africains et leur payer des dommages et intérêts. L'Afrique ne veut de la charité de personne mais a droit à des compensations.

Passant ensuite aux omissions notées par la délégation libyenne dans le rapport du Secrétaire général, le représentant a relevé qu'il n'y est fait aucune mention du conflit entre les Etats Unis et le Royaume- Uni d'un côté et la Libye de l'autre sur l'affaire de Lockerbie. L'OUA continue à faire des efforts en vue d'un règlement juste et rapide de ce conflit et est prête à aider pour sortir de l'impasse actuelle. Il a déclaré que si le Conseil de sécurité souhaite réellement contribuer à régler les problèmes africains il devrait s'atteler à lever les sanctions imposées à la Libye qui n'ont plus aucune justification. La Libye se félicite de la consolidation de la coopération entre l'ONU et l'OUA pour promouvoir le maintien de la paix et la sécurité en Afrique. Sa délégation appelle les Nations Unies à renforcer les capacités de l'OUA en la matière et souhaite souligner la nécessité pour l'ONU d'appuyer les autres organes régionaux qui visent à prévenir les conflits sur le continent africain car les problèmes africains relèvent de la responsabilité africaine avant d'être du ressort de la communauté internationale. La libye souhaite également que les questions qui préoccupent l'Afrique soient examinées par tous les organes du système des Nations Unies.

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M. ALVARO FORERO (Colombie) a estimé que, compte tenu de l'envergure du rapport du Secrétaire général, tous les Membres de l'ONU, et tout particulièrement les Etats africains, devraient avoir la possibilité d'exprimer leur point de vue. Il faut cependant éviter que l'analyse du rapport ne se transforme en un autre débat sans fin, car il est nécessaire d'adopter des mesures concrètes et urgentes sur la base du consensus de la communauté internationale. L'analyse et les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général ne constituent pas en soi une carte de navigation définitive pour la communauté internationale, les Etats africains et les pays en développement, a ajouté le représentant, qui a également mis en garde contre la tentation de prétendre résoudre les problèmes de la paix et ceux du développement aux moyens de positions dogmatiques. Il ne faut pas privilégier les efforts politiques sur les efforts économiques quand il s'agit de développement, a-t-il déclaré. Il a, en outre, mis en avant la responsabilité qui revient au premier chef aux pays africains en matière de paix et a fait remarquer que l'efficacité de l'aide internationale dépend de la collaboration et de la volonté politique de l'Etat récepteur.

La Colombie estime cependant qu'il ne faut pas pour autant imputer aux pays africains une responsabilité qu'ils ne peuvent pas assumer et décharger de ses responsabilités la communauté internationale, à qui il reviendrait, en échange, de contrôler la satisfaction d'une série d'obligations et de conditions dans les domaines politique, social et institutionnel. C'est pourquoi la collaboration et le consentement expresses des Etats concernés sont essentiels.

La Colombie appuie pleinement la recommandation du Secrétaire général visant à identifier publiquement les trafiquants internationaux d'armes. A cet égard, elle estime que la réponse du Conseil de sécurité doit être proportionnée à l'envergure du problème. Il faut établir des mécanismes multilatéraux qui rassembleraient et divulgueraient des informations sur les acteurs du trafic illégal d'armes. En ce qui concerne la question de l'aide humanitaire, une discussion approfondie est nécessaire et la délégation colombienne estime que la mise en place de mécanismes efficaces de défense des bénéficiaires de l'aide aussi bien que des agents qui la fournissent, doit être conciliée avec le respect de la nature intergouvernementale de l'Organisation et par conséquent de la souveraineté des Etats membres. M. Forero a déclaré qu'un autre aspect remarquable du rapport est sa recherche d'une solution qui réponde à la nécessité pour la communauté internationale de ne pas limiter ses efforts à la signature d'accords de paix et de poursuivre sa quête du développement durable. Il n'est pas sain d'effacer la division entre les responsabilités des mesures qui s'appuient sur la force et celles visant à apporter une aide aux efforts sociaux et institutionnels des Etats, qui doivent être transparentes et consensuelles.

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M. SAMIR MOUBARAK (Liban) a noté que le rapport du Secrétaire général sur l'Afrique a le mérite d'aborder tous les aspects du problème et de recommander un plan d'action d'ensemble afin d'agir sur les situations potentielles de conflit en créant les conditions d'une bonne gouvernance grâce au respect des droits de l'homme et de la légalité, ainsi que de la responsabilité dans l'administration publique au moyen d'une croissance économique harmonisée et l'établissement d'une démocratie rigoureuse. Il a déclaré qu'il était grand temps d'accorder à l'Afrique les moyens auxquels elle aspire afin de lui permettre d'assurer à ses peuples un développement harmonieux et durable tant sur le plan structurel que conjoncturel et notamment de la soulager du fardeau de la dette afin de lui permettre de privilégier le développement social par le biais de la restructuration de l'aide internationale et de l'ouverture des marchés internationaux. Il faut encourager la coopération et l'intégration régionale en harmonisant les initiatives internationales et bilatérales. Une autre priorité est de mettre fin aux conflits qui saignent l'Afrique notamment en limitant la prolifération des armes. M. Moubarak a déclaré que les maux dont souffre l'Afrique sont multiples et interdépendants et que le Conseil de sécurité, l'Assemblée générale ainsi que les institutions de Bretton Woods doivent jouer un rôle important et interagir si l'on veut remédier à cette situation. On manque souvent encore d'une volonté commune à l'échelle internationale pour contenir les crises en gestation qui nécessitent une rapidité d'action de la part de la communauté internationale. M. Moubarak considère qu'il ne sert à rien d'avoir recours à des opérations ponctuelles si elles n'étaient pas soutenues par être soutenues par une aide responsable de la communauté internationale à travers tous ses organes, notamment, le financement massif et de l'agencement d'une action internationale coordonnée. De plus, le décollage économique de l'Afrique ne saurait se faire, sans une action généreuse et courageuse de la communauté internationale car, dans un monde interdépendant, il est vain de penser à un développement indépendant d'une quelconque région sans un développement harmonieux de l'Afrique.

MGR JEAN-LOUIS TAURAN (Saint-Siège) a dit que le Saint-Siège est particulièrement reconnaissant au Secrétaire général pour le rapport présenté, un rapport dont le Saint-Siège partage les analyses empreintes de réalisme et de solidarité. L'Afrique ne manque ni de ressources matérielles, ni de ressources humaines. Mais le continent connaît aujourd'hui la dégradation de ses richesses naturelles et de ses terres, une malnutrition massive, une politique de santé déficiente, des conflits ethniques cruels, la corruption, le poids de la dette extérieure, et une situation politique fragile. Tous ces problèmes sont liés, les injustices engendrant les guerres, les conflits causant les pénuries, l'extrême pauvreté provoquant les déplacements de personnes et l'appauvrissement de sociétés entières suscitant le désespoir et la passivité. L'Eglise catholique tient à réaffirmer sa sollicitude envers l'Afrique avec laquelle elle a déjà une longue histoire. Des missionnaires, des prêtres, des religieuses et des laïcs autochtones ont, hier et aujourd'hui, soigné, éduqué, partagé la vie quotidienne difficile et laborieuse de millions d'Africains.

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Fort de ce compagnonnage avec les peuples du continent, le Saint-Siège appelle aujourd'hui à créer une nouvelle conscience qui respecte la vie, les diversités ethniques et le savoir-faire de chacun en Afrique. La violation des droits de la personne humaine, dont les massacres interethniques sont la manifestation la plus dramatique, appelle une éducation aux droits de l'homme lucide et immédiate pour que cesse la loi du plus fort. Il faut redonner courage et optimisme aux peuples africains dont les terres, selon les termes du Secrétaire général, sont riches et fertiles et suffisent à donner des bases solides à la prospérité. La communauté internationale devrait permettre à l'Afrique d'assurer son propre développement économique, et on devrait rechercher sans délai des mécanismes capables d'aboutir à l'annulation de la dette extérieure. Les marchés extérieurs devraient, sans exiger de contreparties trop onéreuses, être ouverts aux pays africains, en leur assurant, par exemple une aide financière préférentielle et des transferts de technologies adéquats, et en respectant leur propre rythme de développement.

Sur le plan politique, seule l'éducation à une démocratie respectueuse des traditions locales et le dialogue pourront apporter la paix et la justice au continent. Comme l'a dit le Pape Jean-Paul II: "Si la conquête violente du pouvoir devient la norme, si l'ethnocentrisme continue à tout imprégner, si la représentation démocratique est systématiquement laissée de côté, si la corruption et le commerce des armes sévissent encore, alors l'Afrique ne connaîtra jamais la paix, ni le développement, et les générations futures porteront un jugement impitoyables sur ces pages de l'histoire africaine". S'agissant du commerce des armes en Afrique, Mgr Tauran a dit qu'il était heureux que la communauté internationale ait pris conscience qu'il est injustifiable, et que l'exportation des armes devient par conséquent une coopération aux conflits et aux génocides. Si les problèmes de l'Afrique doivent être résolus par les Africains eux-mêmes, ils ne pourront cependant pas y parvenir si on les abandonne, ou s'ils deviennent le jouet d'hégémonies ou d'interférences étrangères. L'Afrique a besoin d'amis désintéressés animés par une volonté politique d'aider les forces vives des sociétés, à prendre le chemin qui conduit à un dialogue politique équitable et à la solidarité fraternelle.

M. GIULIO TERZI (Italie) a déclaré que son pays appuyait les recommandations et les conclusions du Secrétaire général. Ses propositions doivent être traduites en actions concrètes, a-t-il déclaré, en lançant une mise en garde contre les effets potentiellement négatifs de la marginalisation du continent. Le représentant a souligné les coûts sociaux et humains importants de la pauvreté et a estimé que la communauté internationale devait s'efforcer d'aider les gouvernements africains à créer un environnement favorable aux investissements et à l'allégement du fardeau de la dette. La coopération au développement doit avoir pour objectif de créer des partenariat économiques plutôt que des dépendances. Il importe de promouvoir l'intégration des pays africains dans le commerce et les investissements mondiaux.

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Pour sa part, l'Italie entend accroître sa collaboration avec les pays africains à tous les niveaux. Ainsi, l'Afrique bénéficie d'une part importante de l'aide de l'Italie, tant bilatérale, que via les organisations internationales et les aides d'urgence pour les réfugiés. Dans son dernier budget, le Gouvernement italien a prévu des dispositions visant à convertir la dette des pays en développement en investissements. Les modalités d'application de ces dispositions entrées dans la phase de finalisation. Le représentant a aussi évoqué le soutien de son pays aux efforts visant à réconcilier les parties en Somalie et au Burundi. Il a invité la communauté internationale à lancer des initiatives de grande envergure en vue de protéger les secteurs les plus vulnérables de la population contre la violence liée aux conflits.

M. BRUNO RODRIGUEZ (Cuba) a rappelé que, compte tenu de son importance et de ses caractéristiques, la question de la situation de l'Afrique doit être examinée à la fois par l'Assemblée générale et par d'autres organes du système, qui doivent pleinement remplir leurs responsabilités d'aider l'Afrique. Cuba se félicite du rapport du Secrétaire général, et notamment, de son inclusion de la genèse des conflits ainsi que de la mention des conséquences du colonialisme pour les nations africaines. La délégation cubaine estime qu'il est d'une importance vitale d'adopter de manière urgente des mesures par l'ensemble du système des Nations Unies, afin de répondre aux succès et aux progrès enregistrés par les pays africains, au prix de terribles difficultés, et de lever les importants obstacles extérieurs qui s'opposent au développement de l'Afrique, de supprimer les séquelles graves du passé colonial et de lutter contre la misère dans laquelle vivent des millions d'Africains. La dette envers le continent africain n'a toujours pas été soldée et ce qui manque, c'est la coopération et la solidarité, a déclaré le représentant. Malgré les initiatives des instances internationales financières, les pays africains souffrent toujours du fardeau injuste de la dette et du système monétaire international inéquitable et instable. Les pays en développement ne recherchent pas la charité mais un traitement équitable, a déclaré M. Rodriguez.

La délégation cubaine a réaffirmé sa volonté de poursuivre son aide, dans la limite de ses moyens, au continent africain. Elle a également espéré que toute la communauté internationale continuera à s'associer à l'effort pour l'Afrique et notamment les pays les plus privilégiés. Il est certain que la paix ne peut être exportée ou imposée. Ce n'est pas en imposant des modèles soi-disant démocratiques, ni en dépouillant les pays de leur souveraineté ou en les en obligeant à appliquer des recettes néolibérales injustes qu'il y aura la paix en Afrique.

M. FELIPE MABILANGAN (Philippines) a affirmé que selon son pays, la clef de la résolution des conflits en Afrique comme dans toutes les autres régions, repose dans le traitement raisonnable des problèmes de développement, dans tous leurs aspects sociaux, économiques, culturels, et humanitaires. La solidarité internationale est essentielle au développement de l'Afrique, et le

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soutien et la coopération internationale doivent complémenter les ressources mobilisées par les pays africains au niveau national. Cependant, l'aide publique au développement en faveur du continent a diminué au cours des cinq dernières années. La communauté internationale doit engager des efforts en vue de réaliser pleinement et rapidement le Nouveau programme de développement de l'Afrique des Nations Unies, de même que les recommandations de la revue à moyen terme de ce programme.

Concernant les aspects de politique et de sécurité évoqués dans le rapport, une coordination plus étroite doit s'établir entre le système des Nations Unies et les organisations régionales africaines. Ce point a été évoqué et souligné par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix. Le Conseil de sécurité devrait être aussi plus attentif et faire preuve de plus de discernement quant aux effets des sanctions sur les populations des pays visés par ces mesures et sur celles des pays tiers. Les opérations de rétablissement et de maintien de la paix doivent être entreprises de manière intégrées et coordonnées de façon à éliminer les différents facteurs à l'origine de ces conflits, ou qui menacent de les réallumer.

M. SOTIROS ZACHHEOS (Chypre) a accueilli avec satisfaction l'évolution positive, observée en Afrique, sur le plan politique. Il s'est déclaré encouragé par le processus de démocratisation et les efforts des pays africains dans le domaine de la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Le représentant s'est toutefois déclaré alarmé par le nombre de conflits armés sur le continent et la persistance des problèmes économiques. Appelant la communauté internationale à redoubler d'efforts pour alléger la souffrance de millions d'Africains, le représentant a estimé qu'une attention particulière doit être accordée au problème de la dette et aux besoins des pays les moins avancés. Le développement économique et la justice sociale doivent être abordés, de manière prioritaire, afin de permettre à l'Afrique de relever les défis et de tirer les bénéfices des opportunités qui se sont fait jour récemment, sur le plan international. Pour sa part, Chypre a toujours offert une assistance à l'Afrique, en particulier, par la fourniture de bourses d'études dans les domaines du tourisme, de la gestion ou de l'exploitation forestière.

M. SEMAKULA KIWANUKA (Ouganda) a noté que le rapport du Secrétaire général sur la situation en Afrique vient à un moment où, malgré des problèmes énormes, l'Afrique vit des changements positifs. De nouveaux dirigeants africains soutiennent la démocratie, les droits de l'homme et la bonne gouvernance. Cette nouvelle classe dirigeante a entrepris des réformes économiques et pris des mesures pour stabiliser les monnaies. Ces changements augurent d'un potentiel réel pour une Afrique stable et démocratique. Evoquant les causes des conflits en Afrique, le représentant a souligné la nécessité d'une croissance économique continue en vue d'un développement durable ce qui permettra à son tour d'éradiquer la pauvreté en Afrique. Il a déclaré que la lutte contre la pauvreté était une guerre que l'Afrique devait mener et gagner et que, pour cela, il fallait avoir recours à des politiques

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pluridimensionnelles dans le domaine du développement social, attacher une importance accrue au secteur agricole qui doit être modernisé et oeuvrer à réaliser le développement industriel du continent et ne plus se limiter à exporter des matières premières.

M. Kiwanuka considère que les conflits sont inévitables là où il n'y a pas de démocratie, là où les droits de l'homme ne sont pas respectés, là où il n'y a pas un état de droit et où les populations n'ont pas accès aux ressources. C'est pourquoi la paix ne peut être consolidée en Afrique qu'à travers une plus grande démocratisation et la protection des droits de l'homme. Il a reconnu que les pays africains sont à des niveaux différents dans leur processus de démocratisation et fait état des bénéfices du système politique participatif dont jouit actuellement l'Ouganda. Il a mentionné la décentralisation du pouvoir et les élections périodiques jusqu'au niveau des villages. Toutes ces activités qui témoignent d'une bonne gestion des affaires publiques entretiennent une culture de respect d'état de droit.

Il a ensuite abordé la question du fardeau de la dette des pays africains qui nécessite, selon lui, un réechelonnement, voire une réduction considérable afin de devenir supportable pour les Etats et de ne plus entraver leur développement. Dans ce contexte, sa délégation apporte son plein soutien aux recommandations du Secrétaire général. L'Ouganda, fort de sa propre expérience, considère que la construction de la paix en Afrique après un conflit nécessite le soutien de la communauté internationale. L'Afrique a aussi besoin de construire des partenariats solides afin de réaliser son développement économique et de promouvoir les investissements privés. C'est pourquoi l'Ouganda se félicite de la visite récente du Président Clinton en Afrique qui a offert une chance de lancer un partenariat à long terme entre l'Afrique et les Etats-Unis.

M. JAAP RAMAKER (Pays-Bas) a déclaré que sa délégation apportait son soutien sans réserve à la déclaration faite au nom de l'Union européenne par le représentant permanent du Royaume-Uni et accueille favorablement le rapport du Secrétaire général sur la situation en Afrique. Ce rapport illustre pour la première fois comment le système des Nations Unies réformé, en collaboration avec les Institutions de Bretton Woods, la société civile, les ONG, les organisations régionales et les gouvernements africains peuvent faire avancer les choses. Ce rapport souligne notamment que le système d'alerte rapide des Nations Unies a connu des améliorations considérables, mais l'alerte rapide doit pouvoir s'accompagner d'une action immédiate. Il y est aussi noté que le déploiement préventif est une action pro-active face à la menace d'un conflit. L'une des leçons que les Pays-bas ont apprises en la matière, est que les conflits peuvent connaître une escalade rapide et que souvent les politiques développées en réponse à ces conflits se trouvent dépassées au moment de leur mise en oeuvre. Dans le domaine du maintien de la paix cela est d'autant plus vrai et c'est pourquoi il faut faire des efforts supplémentaires pour disposer de capacités de déploiement rapide afin de pouvoir apporter une réponse rapide aux conflits qui éclatent.

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La délégation néerlandaise partage les opinions du Secrétaire général relatives à l'importance de l'assistance humanitaire à tous les stades des conflits et souligne la nécessité d'éviter que l'assistance humanitaire puisse être utilisée par les parties comme une arme dans les conflits. Le rapport note aussi que le développement économique insuffisant de l'Afrique constitue une source importante des conflits. Pour remédier à cette situation, les pays africains devraient oeuvrer à attirer davantage d'investissements étrangers et mettre en application les politiques de réformes économiques. Les Pays-Bas se félicite de l'approche critique du rapport à l'égard des flux d'aide internationale vers l'Afrique et sont en faveur d'une plus grande efficacité de l'aide au développement qui doit en premier lieu bénéficier à l'Afrique. Au courant de l'année 1996, les Pays-Bas ont alloué environ 3 milliards de dollars à ce type d'aide dont 30% à l'Afrique. De plus, il est nécessaire d'alléger le fardeau de la dette africaine. A cet effet, entre 1991 et 1996, les Pays-Bas ont passé des accords bilatéraux portant sur la réduction de la dette de pays en développement à hauteur de 648 millions de dollars.

M. S.R. INSANALLY (Guyana), soulignant la responsabilité des pays producteurs d'armes, a estimé qu'une diminution des flux d'armements contribuerait à réduire le nombre de conflits. La mise en place de systèmes d'alerte rapide et de mécanismes appropriés de maintien et d'édification de la paix sont essentiels pour réduire la menace et les conséquences des conflits. Il faut, en outre, mettre davantage l'accent sur la diplomatie préventive. Le représentant a appuyé la proposition du Secrétaire général visant à renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales comme l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

Les causes principales de l'instabilité politique et sociale dans la région sont à rechercher dans la faiblesse des infrastructures dans la plupart de ces pays. Les ravages causés par le colonialisme ne s'effacent pas facilement, a-t-il ajouté. A cette situation, s'ajoutent le problème de la dette, qui atteint 338,9 milliards de dollars, soit près de 400 dollars par personne, et les limites de l'aide publique au développement. L'élimination de la pauvreté doit donc être une priorité des efforts internationaux en faveur du développement de l'Afrique. Dans ce cadre, il a émis le souhait que l'Initiative spéciale lancée par l'ONU pour promouvoir le développement de l'Afrique permette au continent d'enregistrer des progrès au cours des dix prochaines années. Il s'est félicité des mesures d'encouragement au renforcement des capacités productives de l'Afrique prises par les Etats-Unis et le Japon, estimant que ce type d'initiative pourra contribuer au décollage économique du continent.

M. DIRK WOUTERS (Belgique) a estimé que le rapport du Secrétaire général ne peut pas être considéré comme une fin en soi mais comme un instrument qui doit guider l'action de la communauté internationale. Le rapport, précise le représentant, établit un équilibre subtil entre les responsabilités des différents intervenants aussi bien dans le passé qu'à l'heure actuelle. Il

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est souhaitable qu'une approche globale qui ne porte pas atteinte à cet équilibre soit adoptée. Le Secrétaire général présente à travers son rapport une vision pour l'avenir. Mais pour présenter une stratégie globale pour l'avenir, il ne faut pas se contenter d'analyser le passé. Estimant que le règlement pacifique des conflits ne peut pas toujours être invoqué, le représentant a fait valoir les grandes possibilités offertes par la coopération régionale en vue d'endiguer et de résoudre les conflits. Cette capacité d'alerte rapide doit cependant être suivie d'une prise de décision rapide. Le représentant a convenu que le régime des sanctions est un moyen utile à la disposition du Conseil de sécurité mais il a appelé à rechercher des moyens permettant de transformer les sanctions en des moyens moins indiscriminés et mieux ciblés.

Dans le domaine de la réglementation des armements et du désarmement, il reste beaucoup à faire pour répondre à l'absence de normes régissant les armes classiques et en particulier les armes légères et de petit calibre. Nous nous félicitons de la réactivation de la Commission internationale d'enquête sur le trafic d'armes en Afrique centrale au financement de laquelle la Belgique a l'intention de contribuer. Le représentant a déclaré en outre souligné l'importance de la coopération politique au niveau régional et sous-régional ainsi que du renforcement des capacités de maintien de la paix des pays africains. Sur la base de nos premières expériences en la matière, la Belgique a l'intention de définir un concept global d'assistance au maintien de la paix en Afrique. Ce concept illustrera la volonté de la Belgique d'assurer un rôle complémentaire aux efforts entrepris par l'Afrique et non de se substituer à eux.

Le représentant a déclaré qu'il était alarmant de constater que les combattants prennent expressément pour cible les populations civiles. De même des missions humanitaires importantes ont été compromises bloquées ou manipulées à la suite des calculs tactiques ou stratégiques des factions belligérantes. Il a estimé que ces pratiques déplorables placent souvent la communauté internationale devant des choix difficiles et ne doivent pas l'empêcher la communauté internationale de confronter les responsables. Le bilan de la coopération avec l'Afrique montre que ni l'aide étrangère, ni les interventions, ni les pressions ne suffisent à apporter un développement durable, une bonne gestion ou un Etat de droit. L'Afrique doit élaborer elle- même les modèles de société démocratique tandis que la communauté internationale doit fournir une assistance au développement. Le représentant a appuyé en outre les efforts pour aider l'Afrique à sortir du piège de la dette.

M. MOHAMMED J. SAMHAN (Emirats arabes unis) s'est félicité du rapport du Secrétaire général qui contient une analyse objective des différents aspects des problèmes. L'expérience a montré que les problèmes économiques et sociaux sont interdépendants et complémentaires. Les situations tragiques et de conflits survenus dans certains pays africains qui ont entraîné des pertes considérables en vies humaines sont de tristes manifestations de cette

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réalité. Le représentant a souligné que la réaction rapide pour faire face à d'éventuelles crises est indispensable. Il faudrait renforcer les moyens de coopération et de coordination entre les Nations Unies et les pays africains. La liberté de mouvement du personnel des institutions spécialisées doit être garantie pour assurer une contribution efficace aux efforts d'assistance dans les différents domaines visés. La délégation des Emirats arabes unis souligne que les pays africains devraient être en mesure d'attirer les investissements étrangers. Il faut que les produits de l'Afrique accèdent aux marchés internationaux. Le représentant a estimé que la communauté internationale devrait poursuivre ses efforts de coopération avec l'Afrique pour assurer à sa population des conditions de vie plus décentes.

M. MOHAMED ABOUD MAHMOUD (Comores) s'est félicité de l'optimisme qui prévaut maintenant lorsque l'on examine la situation en Afrique. Les Comores, a dit le représentant, se sont engagés dans la voie de la modernisation de l'économie du pays et entrepris une réforme approfondie des institutions publiques. Diverses actions pour attirer les investissements étrangers sont à l'étude. Les Comores demandent aujourd'hui que la communauté internationale sollicite la Banque mondiale pour qu'elle procède à l'adoption de programmes d'aide budgétaire en leur faveur. Le chemin à parcourir reste long mais les Comores ont confiance dans leur capacité à mettre en valeur les ressources naturelles. Il faut rappeler que depuis 1975, le pays n'a cessé d'être secoué par une série d'incursions de mercenaires européens qui ont causé un véritable traumatisme économique et social. Le pays a souffert de manoeuvres de déstabilisation fomentées depuis l'extérieur. Il faut donc encourager les Etats membres à ratifier la Convention internationale contre les activités de mercenariat. Nul n'est besoin de rappeler les idées séparatistes qui émergent au sein de la société comorienne. Ces événements sont le résultat de la crise socio-économique qui frappe le pays. L'indépendance inachevée des Comores doit également être citée parmi les causes. Un tel mouvement ne saurait exister sans le soutien d'éléments extérieurs. Il faut agir pour que ces actes démodés cessent de par le monde. Les Comores constituent un Etat indépendant composé de quatre îles. Il est donc surprenant que la question de l'île de Mayotte figure toujours à l'ordre du jour de l'ONU. Le représentant a exprimé une nouvelle fois sa reconnaissance à l'OUA et à la Ligue des Etats arabes pour le rôle qu'ils jouent dans la résolution du conflit dans son pays. Il a appelé la communauté internationale pour qu'elle assiste son pays dans la résolution du problème du démembrement des Comores et qu'elle l'aide à entrer dans le 21ème siècle en tant que pays prospère.

M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun) a estimé que le présent débat vient recrédibiliser auprès des masses africaines, l'ONU et en particulier le Conseil de sécurité. Il a félicité le Secrétaire général pour son rapport courageux qui est un véritable état de l'Afrique et constitue une étude approfondie et détaillée sur les causes des conflits et sur les éléments qui en constituent les possibles solutions. Le Cameroun souscrit pleinement aux recommandations du Secrétaire général sur la diplomatie préventive, ainsi que le rétablissement et le maintien de la paix. Il estime toutefois qu'une

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priorité doit être accordée à la diplomatie préventive, dont la mission est de déceler aussitôt que possible les situations porteuses de conflits et d'y parer avant que la violence ne se déclare, d'apaiser les tensions ou si un conflit a déjà éclaté d'agir rapidement afin de le circonscrire et d'en éliminer les causes sous-jacentes. Le représentant a, à cet égard, salué la création récente, sous la tutelle du Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, du Comité exécutif pour la paix et la sécurité.

Le Cameroun est également préoccupé par la prolifération d'armes illicites en Afrique. C'est aux opérateurs du marché noir que revient le blâme pour la prolifération de ces armes, a affirmé M. Eboutou. C'est pourquoi, la délégation camerounaise approuve sans réserve la proposition du Secrétaire général visant à répertorier et à divulguer les noms des marchands de canons et vendeurs de mort, afin de permettre une action concertée de la communauté internationale. Il ne saurait y avoir de paix durable sans développement durable et l'absence de développement peut constituer une menace pour la prospérité, la paix et la sécurité internationale, a mis en garde le représentant. C'est pourquoi le retard économique de l'Afrique demeure un défi majeur lancé à la communauté internationale. Le Cameroun appuie les recommandations aux institutions financières internationales de réviser les conditions imposées aux pays en crise ou qui viennent d'en sortir de façon à ne pas compromettre, par des mesures trop rigoureuses, le processus de paix. Il estime qu'il faut aller plus loin en demandant aux institutions financières d'étendre les mesures à l'ensemble des pays africains. M. Eboutou a suggéré que le Conseil demande au Conseil économique et social et aux institutions financières internationales de se préoccuper en priorité de la situation économique en Afrique.

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