En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6499

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SOULIGNE L'IMPORTANCE D'UNE SAINE GESTION DES AFFAIRES PUBLIQUES DEVANT UN AUDITOIRE DE JEUNES GENS À BEYROUTH

21 avril 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6499


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SOULIGNE L'IMPORTANCE D'UNE SAINE GESTION DES AFFAIRES PUBLIQUES DEVANT UN AUDITOIRE DE JEUNES GENS À BEYROUTH

19980421 On trouvera ci-après le texte des observations que le Secrétaire général a faites le 21 mars dernier à Beyrouth devant un auditoire de jeunes gens et d'étudiants :

Merci à tous d'être venus aujourd'hui. Je suis ravi de voir tant de jeunes visages rassemblés devant moi. En effet, où que j'aille, en ma qualité de Secrétaire général, je constate que ce sont mes rencontres avec des jeunes filles et des jeunes gens comme vous, qui comptent parmi les plus gratifiantes.

Il y a deux mois à peine, je prenais la parole devant des étudiants de l'université de Téhéran. La date de mon intervention coïncidait avec celle de l'anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Tandis que je leur parlais du caractère véritablement universel des droits de l'homme, qui ne connaissent ni barrières, ni frontières, ni limites, j'ai été heureux de voir qu'ils m'écoutaient avec un vif intérêt. Par la suite, nous avons procédé à un échange de vues à la fois franc et animé qui a porté sur toutes sortes de questions, dans le même esprit que celui de notre débat d'aujourd'hui.

Au retour de ma récente mission à Bagdad, j'ai déclaré que lorsque la communauté internationale se décidait à oeuvrer de concert, que ce soit pour prévenir une guerre ou pour résoudre un problème quelconque, elle était pratiquement certaine de réussir. Je suis convaincu que sur ce point l'avenir ne tardera pas à me donner raison. Alors que nous célébrons l'anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, nous en appelons aux peuples et aux gouvernements pour qu'ils fassent passer le message suivant : les droits de l'homme ne sont pas quelque chose qu'un gouvernement accorde ou supprime à son gré comme il le ferait pour une subvention, ni davantage quelque chose qui puisse s'expliquer par une quelconque spécificité culturelle. Ce sont des droits inhérents à l'humanité.

L'on n'a certainement pas manqué de vous dire, qu'en tant que jeunes, vous étiez l'avenir du Liban. Cela implique, je le sais, de lourdes responsabilités. Mais vous êtes aussi, de par votre jeunesse, l'avenir d'un État Membre de l'ONU, et nous avons, pour notre part, le devoir de vous

- 2 - SG/SM/6499 21 avril 1998

écouter. C'est la raison pour laquelle je me trouve aujourd'hui parmi vous. Il nous appartient aussi de vous montrer que les priorités de l'ONU sont les vôtres, et que les problèmes qui préoccupent notre Organisation intéressent l'humanité tout entière.

Alors que nous nous acheminons vers le XXIe siècle, il est évident que les pays de plus en plus se trouvent confrontés à des difficultés et des problèmes analogues.

Dégradation de l'environnement, crime organisé, terrorisme, contrebande de drogues, effets de la mondialisation — tels ceux que l'on a pu observer tout récemment lors de la crise financière qui a touché l'Extrême-Orient — ce ne sont là que quelques exemples des problèmes auxquels se heurtent les nations d'aujourd'hui.

Or il est des problèmes qu'aucun gouvernement, si puissant soit-il, ne saurait résoudre à lui seul.

Les nouvelles technologies et l'accès à l'information ont considérablement réduit les distances. Désormais, aucun État ne peut échapper aux effets des mesures qu'un pays tiers prend ou omet de prendre. Les problèmes que connaît une nation toutes les autres vont les connaître — ce sont des problèmes sans frontières. C'est pourquoi tous les pays ont besoin de l'ONU.

Ce n'est véritablement qu'après la fin de la guerre froide que la communauté internationale s'est accordée à reconnaître les mérites des actions menées à l'échelon international.

Toutefois, compte tenu des profonds bouleversements qui se sont produits sur la scène politique internationale, il fallait que l'Organisation des Nations Unies elle-même change. Aussi, ai-je déclenché l'an dernier, lorsque j'ai pris mes fonctions, une révolution "tranquille" visant à réformer l'ONU.

Cette réforme doit rendre l'Organisation plus efficace et plus apte à faire face aux défis du monde d'aujourd'hui. Elle vise notamment à faire du développement, un développement durable et axé sur les populations, la première de nos priorités.

Pour réaliser l'objectif vital que constitue un développement durable, il nous faut batailler sur plusieurs fronts. Nous ne gagnerons pas à tout coup, nous n'en devons pas moins essayer.

J'aimerais ici vous parler un peu d'un des fronts sur lesquels l'ONU se montre particulièrement active et qui peut vous intéresser, vous qui serez amenés à édifier la société de demain : le renforcement des institutions futures et la création de conditions propices à une saine gestion des affaires publiques.

- 3 - SG/SM/6499 21 avril 1998

L'action menée en faveur de cette bonne gouvernance constitue un des principaux domaines d'activité de l'ONU. Nous nous efforçons de faire en sorte que partout dans le monde prévalent la stabilité, la confiance, la légitimité et le sens des responsabilités qui découlent d'une conduite avisée des affaires publiques. Nous considérons la bonne gouvernance comme l'instrument indispensable d'un développement à la fois durable et équitable.

Nous sommes convaincus en effet qu'un gouvernement efficace, agissant en toute transparence, responsable, attentif aux besoins de ses citoyens et respectueux du droit est la condition et non pas la conséquence d'un développement durable.

Sans bonne gouvernance, sans état de droit, sans administration fiable, sans pouvoir légitime et sans réglementation adaptée, aucune aide financière, aucun miracle économique à court terme ne pourront conduire les pays en développement sur la voie de la prospérité. Faute d'une saine gestion des affaires publiques, une société — qu'on la considère au niveau national ou international — n'est qu'un colosse aux pieds d'argile.

Les États Membres sont de plus en plus conscients que la bonne gouvernance est une condition indispensable à l'édification de sociétés pacifiques, prospères et démocratiques. S'ils se tournent aujourd'hui vers l'ONU, c'est parce que depuis la fin de la guerre froide, nos connaissances et notre expérience dans ce domaine se sont considérablement élargies.

Nos programmes portent aujourd'hui sur pratiquement tous les éléments indispensables à une saine gestion des affaires publiques. Des juristes de l'ONU aident certains pays à se doter d'un cadre juridique solide et de systèmes judiciaires fiables. Des spécialistes de l'ONU forment des policiers auxquels ils inculquent les éléments de base de leur métier et les principes fondamentaux des droits de l'homme. Grâce aux activités que l'ONU mène sur le terrain, se mettent en place des institutions nationales et non gouvernementales chargées d'assurer la protection et la promotion des droits de l'homme. Notre Organisation a fourni une assistance électorale à des dizaines de pays. Nous avons encouragé les investissements et oeuvré en faveur d'une moralisation de la vie économique et de l'instauration d'administrations intègres.

Après des décennies de destruction, la nation libanaise renaît de ses cendres. La reconstruction de vos infrastructures physiques fait l'admiration de tous. Vous vous employez maintenant à rebâtir une société dans laquelle les gens puissent vivre mieux. L'ONU vous prête son concours, par l'intermédiaire de ses activités opérationnelles dont certaines visent à améliorer les conditions de vie de la population et d'autres s'étendent à différents domaines allant de la santé en matière de reproduction à l'éducation.

- 4 - SG/SM/6499 21 avril 1998

Notre Organisation fera tout ce qui est en son pouvoir pour aider à édifier l'avenir de ce pays. Soyez-en sûrs. Mais, en dernier ressort, c'est vous, vous qui vous trouvez aujourd'hui devant moi, qui constituez le capital le plus précieux de ce pays. Après tant de décennies perdues, c'est vous, les jeunes, qui êtes les meilleurs agents du changement. Après une période d'affaiblissement institutionnel, vous êtes un nouveau facteur de solidité. Après tant de divisions sociales, c'est sur vous que compte le pays pour l'aider à panser ses blessures.

Votre tâche consistera à édifier non seulement la société de demain — mais aussi à faire de celle-ci une société plus forte, une société dont les générations précédentes n'auraient même pas osé rêver, une société conçue pour les enfants de vos enfants.

Rêvez de cette société, concevez-là, édifiez-là; car, comme l'a dit avec tant de justesse Kahlil Gibran, vos âmes habitent la maison du futur que nul autre que vous ne peut visiter, ne serait-ce qu'en rêve.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.