L'AFRIQUE DOIT PRIVILEGIER LES SOLUTIONS POLITIQUES AUX PROBLEMES ET PROMOUVOIR LA BONNE GOUVERNANCE ET LES REFORMES VISANT LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Communiqué de Presse
CS/915
L'AFRIQUE DOIT PRIVILEGIER LES SOLUTIONS POLITIQUES AUX PROBLEMES ET PROMOUVOIR LA BONNE GOUVERNANCE ET LES REFORMES VISANT LA CROISSANCE ECONOMIQUE
19980416 Le Secrétaire général souligne devant le Conseil de sécurité les points saillants de son rapport sur la situation en AfriqueLe Conseil de sécurité s'est réuni ce matin pour entendre le Secrétaire général, M. Kofi Annan, qui a présenté son rapport sur la situation en Afrique. On se souvient que le 25 septembre dernier, s'était réuni au niveau des ministres des affaires étrangères pour examiner la nécessité d'une action internationale concertée en vue de promouvoir la paix et la sécurité en Afrique. A cette occasion, il avait demandé au Secrétaire général de lui présenter un rapport sur les sources des conflits en Afrique, les moyens de les prévenir et d'y mettre fin ainsi que la manière de poser par la suite les fondements d'une paix et d'une croissance économique durables.
C'est ce rapport qu'a présenté ce matin le Secrétaire général qui a indiqué qu'en 1996 seulement, 14 pays africains sur 53 ont été affectés par les conflits armés et souligné que ni l'ONU, ni la communauté internationale, ni l'Afrique ne peut échapper à sa responsabilité face à la persistance de ces conflits. Le rapport, a-t-il ajouté, vise à donner un élan aux efforts renouvelés du continent africain en quête de la paix et d'une plus grande prospérité. Il propose des recommandations réalistes et réalisables qui, à long terme, pourront réduire les conflits, sinon y mettre définitivement fin. Il vise à mobiliser la volonté politique des Africains comme des non-Africains d'agir lorsque l'action est nécessaire. Qu'il s'agisse du maintien de la paix, de l'assistance humanitaire ou de la consolidation de la paix, a souligné le Secrétaire général, le progrès dépend de trois facteurs essentiels : une compréhension claire du défi, la volonté politique d'y répondre et les ressources nécessaires à une réponse appropriée. La renonciation à la violence comme moyen de s'emparer du pouvoir est une première étape qui doit être suivie d'un engagement en faveur du développement national fondé sur des politiques économiques saines et exemptes de corruption. L'Afrique doit manifester la volonté politique de recourir aux solutions politiques plutôt que militaires, de prendre au sérieux les principes de la bonne gouvernance et d'adhérer aux réformes nécessaires à la promotion de la croissance économique.
Le Président du Conseil de sécurité, M. Hisashi Owada (Japon) s'est félicité de la qualité du rapport du Secrétaire général et a indiqué qu'un réunion du Conseil aura lieu le 24 avril qui permettra l'examen des propositions et recommandations contenues dans le rapport.
Déclarations
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, présentant son rapport sur la situation en Afrique, a rassuré le Conseil en assurant que ce n'est pas l'ensemble du continent africain qui est en crise ni ne fait face à un conflit. La réalité aujourd'hui, a-t-il indiqué, est telle que le continent a commencé à effectuer des progrès substantiels sur le plan économique et social. Toutefois, a précisé le Secrétaire général, en montrant sa préoccupation face à la persistance de certains conflits sur le sol africain, le Conseil de sécurité témoigne par là de sa disposition à accélérer ces progrès et à les rendre durables. Le rapport présenté aujourd'hui, a souligné le Secrétaire général, s'inspire d'une certaine honnêteté et clarté dans l'analyse et le traitement du défi que représentent les conflits en Afrique. Ces conflits, comme partout ailleurs, sont le fruit de l'action humaine et peuvent être arrêtés par l'action des hommes. Pour les Nations Unies, il n'est d'ambition plus grande que de prévenir les conflits armés afin que les peuples du monde puissent jouir de la paix et de la prospérité. En Afrique, comme partout ailleurs, les Nations Unies sont de plus de plus sollicitées pour répondre à l'instabilité à l'intérieur des Etats et répondre aux conflits. Ce qui est alarmant, c'est que le principal objectif des conflits actuels soit la destruction non pas des armées mais des civils et des groupes ethniques. Prévenir de telles guerres ne relèvent plus d'une question de défense des Etats ou de protection des alliés mais bien de défense de l'humanité elle-même.
En 1996 seulement, 14 pays africains sur 53 se sont vus affectés par les conflits armés. Les conséquences de ces conflits ont gravement compromis les efforts de ces pays pour assurer la prospérité, la paix et la stabilité à long terme. Personne, a insisté le Secrétaire général, - ni les Nations Unies, ni la communauté internationale, ni les dirigeants africains - ne peut échapper à sa responsabilité face à la persistance de ces conflits. Aujourd'hui dans de nombreuses parties du continent africain, les efforts visant à briser les modèles du passé commencent à porter leurs fruits. J'aspire à ce que le rapport donne un élan à la quête renouvelée du continent africain de la paix et d'une plus grande prospérité, a indiqué le Secrétaire général. Le rapport, a-t-il dit, offre une analyse des conflits en Afrique qui rend justice à la réalité du continent et recherche des réponses à leurs sources. Il propose des recommandations réalistes et réalisables qui, à long terme, pourront réduire, sinon y mettre définitivement fin. Le rapport vise à mobiliser la volonté politique des Africains comme des non-Africains d'agir quant l'action est nécessaire.
Si la part de l'histoire et les facteurs extérieurs ne peuvent être niés, plus de 30 ans après les mouvements d'indépendance, les Africains reconnaissent de plus en plus qu'il faut aller au-delà du passé colonial pour rechercher les sources et les solutions aux conflits actuels.
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Les propositions contenues dans le rapport exigent, dans certains cas, de nouvelles manières de penser les conflits en Afrique. Dans d'autres cas, elles exigent de nouvelles façons d'agir. Qu'il s'agisse du maintien de la paix, de l'assistance humanitaire ou de la consolidation de la paix, un progrès véritable et durable dépend de trois facteurs essentiels : une compréhension claire du défi, la volonté politique d'y répondre et les ressources nécessaires à une réponse appropriée. La renonciation à la violence comme moyen de s'emparer du pouvoir et de le garder ne peut représenter qu'une première étape. Elle doit être suivie de l'engagement renouvelé en faveur du développement national qui doit se fonder sur des politiques économiques saines et exemptes de corruption. La bonne gouvernance est plus que jamais la condition préalable au succès de la paix comme du développement. Ce n'est pas un hasard si la renaissance en Afrique est venue à un moment où de nouvelles formes de gouvernement plus démocratiques ont commencé à apparaître.
Le Secrétaire général a attiré l'attention sur trois domaines suivants : l'Afrique doit d'abord manifester la volonté politique de recourir aux solutions politiques plutôt que militaires pour régler les problèmes. Elle doit ensuite faire naître la volonté politique de prendre au sérieux les principes de la bonne gouvernance. Elle doit adhérer aux réformes nécessaires à la promotion de la croissance économique. La volonté politique doit également être exigée de la communauté internationale qui doit montrer sa volonté d'intervenir où ses actions ont un impact et investir là où les ressources s'avèrent nécessaires. Si de nouvelles ressources demeurent nécessaires, il faut également encourager une meilleure utilisation des ressources existantes et la mise en place de mesures de commerce et d'allégement de la dette pour permettre à l'Afrique de générer et de réinvestir ses propres ressources.
L'on en peut plus invoquer l'ignorance lorsqu'on examine les événements en Afrique. L'on ne peut plus rejeter sur d'autres la responsabilité d'encourager le changement. Il s'agit d'une responsabilité que nous devons tous assumer. Les Nations Unies ne recherchent pas seulement cette responsabilité mais elles l'accueillent avec satisfaction.
M. HISASHI OWADA (Japon), s'exprimant en sa qualité de Président du Conseil de sécurité, a rappelé que c'est par suite à une demande formulée par le Conseil après sa réunion au niveau des ministres des affaires étrangères du 27 septembre 1997, que le Secrétaire général a rédigé le rapport sur "Les sources des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique", présenté aujourd'hui. Le Conseil, qui avait demandé au Secrétaire général de lui soumettre un texte comprenant des recommandations en vue de trouver des solutions pour le développement économique durable et la résolution des conflits en Afrique se réjouit de la qualité du rapport. Le Président du Conseil s'est dit convaincu que les efforts accomplis pour
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la confection du rapport offrent un excellent point de départ pour l'examen des problèmes que connaît le continent africain. Il a demandé une réunion du Conseil le 24 avril 1998, en vue de passer en revue les détails du rapport et d'examiner le rôle et les responsabilités du Secrétaire général dans la mise en route des propositions et recommandations énoncées dans ce rapport, ceci dans le respect des textes de la Charte de Nations Unies. Il a indiqué que le Conseil examinera ce rapport le 24 avril prochain
RAPPORT DU SECRETAIRE GENERAL
Les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique
Le rapport du Secrétaire général sur les "Sources des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique", est présenté en réponse à la réunion du Conseil de sécurité tenue le 25 septembre 1997 au niveau des ministres des affaires étrangères. Sur invitation du Conseil de sécurité, ce rapport est aussi soumis à l'Assemblée générale et aux autres organes du système des Nations Unies dont les responsabilités englobent l'Afrique, y compris les institutions de Bretton Woods. Le Secrétaire général souligne que l'ONU n'a pas d'objectif plus élevé et d'ambition plus haute que de prévenir les conflits armés. La promotion de la sécurité et du développement étant à la fois la raison d'être et l'aboutissement de la prévention des différends. Les conflits en Afrique compromettent les efforts de l'ONU pour instaurer dans le monde la paix, la prospérité et le respect des droits de l'homme pour tous. Depuis 1970, il y a eu en Afrique plus de 30 guerres qui, dans leur vaste majorité, ont eu pour origine des conflits internes aux Etats. En 1996, seulement 14 des 53 pays d'Afrique ont connu des conflits armés qui ont été responsables de plus de la moitié de tous les décès causés par des conflits au niveau de la planète entière, provoquant plus de 8 millions de réfugiés et de personnes déplacées.
Les sources des conflits
Le rapport mentionne que les sources de conflits en Afrique sont autant d'ordre interne qu'externe. Il cite entre autres, au nombre des raisons internes de conflits, la nature du pouvoir politique, de même que ses conséquences, réelles ou perçues comme telles, ainsi que la prise du pouvoir et du maintien de celui-ci. Lorsque les dirigeants ne sont pas tenus de rendre des comptes, que les régimes ne sont pas transparents, qu'il n'existe pas de système adéquat de contrôle du pouvoir, que la légalité n'est pas respectée, qu'il n'y a pas de moyens et de mécanismes pacifiques de remplacement et d'alternance, et que les droits de l'homme ne sont pas respectés, le contrôle politique prend une importance excessive et les enjeux deviennent dangereusement élevés, est-il avancé dans le rapport. Cette situation est aggravée quand, comme c'est le cas en Afrique, l'Etat est
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le principal employeur et que les partis politiques ont pour l'essentiel une base ethnique ou régionale. Dans des situations extrêmes, des collectivités rivales, du fait de la politisation souvent violente de l'ethnicité, peuvent avoir le sentiment que leur sécurité, voire leur survie, ne peut être assurée que si elles contrôlent le pouvoir national. Le conflit devient alors inévitable.
Au plan externe, le rapport, outre les déséquilibres sociaux et économiques résultant de la colonisation, mentionne que les rivalités d'intérêts extérieurs portant sur le pétrole et d'autres ressources précieuses de l'Afrique continuent de jouer un rôle important dans les conflits qui se déroulent sur le continent. D'autre part, en Afrique même, des pays frontaliers, inévitablement touchés par les conflits qui éclatent à leurs portes soutiennent, ou attisent des luttes et des guerres chez leurs voisins. Des motivations économiques jouent aussi un rôle important, souligne le rapport, car malgré la dévastation que provoquent les conflits armés, nombreux sont les groupes ou les individus qui profitent de l'anarchie et de l'impunité que provoque cet état de choses. Il s'agit en premier lieu des marchands d'armes internationaux et de certains protagonistes. Au Libéria par exemple, le contrôle et l'exploitation des diamants, des bois précieux et d'autres matières premières était l'un des objectifs majeurs des factions en présence, ce qui leur donnait les moyens de financer leur action et de poursuivre la guerre.
Il en va de même en Angola, où les difficultés auxquelles ne cesse de se heurter le processus de paix sont dues pour beaucoup à l'importance que revêt le contrôle de l'exploitation des gîtes diamantifères lucratifs du pays. En Sierra Leone, le désir de piller les ressources naturelles du pays et les réserves de la Banque centrale était l'une des motivations majeures de ceux qui ont renversé le gouvernement élu en mai 1997.
Toutefois, il existe des cas particuliers où les causes de conflits proviennent de facteurs économiques internes liés, dans la plupart des cas, à des problèmes fonciers. Tel est, par exemple, le cas du Rwanda où plusieurs familles déplacées revendiquent le même lopin de terre. Pour agir face à ces situations de conflits, les démarches diplomatiques, les missions de maintien de la paix ou les opérations humanitaires sont des initiatives dont les chances de réussite et d'efficacité seront multipliées si elles se font sans attendre. Le Secrétaire général encourage les gouvernements confrontés à un conflit larvé ou ouvert, à envisager la nomination d'un médiateur ou d'une commission spéciale chargés d'examiner et de déterminer l'origine de ce conflit, d'instaurer la confiance entre les parties en présence et de recommander des solutions concrètes. Si le conflit s'aggrave au point de nécessiter une action plus large, souligne le Secrétaire général, l'intervention de la communauté internationale, par exemple sous forme de sanctions, ne sera efficace que si elle bénéficie du soutien et de la
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coopération de la sous-région concernée par le conflit. L'Organisation de l'unité africaine (OUA) a un rôle à jouer dans la mobilisation de cette coopération et de ce soutien, en concertation avec les organisations sous-régionales concernées. La désignation d'envoyés et de représentants spéciaux peut considérablement faciliter les consultations, la mise en commun d'informations et les décisions au sein de la communauté internationale, mais elle ne doit pas donner aux belligérants l'occasion de diviser les acteurs étrangers ou de jouer une initiative contre l'autre. La nomination en 1997 d'un Représentant spécial commun ONU/OUA pour la région des Grands Lacs a été, sur ce chapitre, une importante première qui pourrait s'avérer utile dans d'autres situations. L'appui fourni par l'ONU aux deux initiatives que sont la médiation du Togo dans le conflit de la péninsule de Bakassi et celle de l'ex-Président Nyéréré dans la crise du Burundi, donne une idée des possibilités de coopération envisageables. En cas d'échec de ces efforts de médiation, il est proposé dans le rapport d'examiner les actions suivantes : application de sanctions et arrêt de la prolifération d'armes.
Sanctions, arrêt de la prolifération des armes et maintien de la paix
Les sanctions économiques appliquées aux zones en conflit peuvent être, entre autres, au nombre de ces actions, à condition que de telles sanctions soient bien ciblées. Ces sanctions doivent viser plus spécifiquement les dirigeants. Par exemple, geler leurs avoirs personnels et institutionnels et ceux de leurs proches, et restreindre leur liberté de déplacement à l'étranger. Il est également suggéré que les pays africains ramènent leurs dépenses d'armements au-dessous de 1,5% de leur produit intérieur brut, afin de lutter contre la menace que fait peser sur le continent la prolifération des armes légères. Le Secrétaire général les invite à ne pas augmenter leur budget de défense pendant les 10 années qui viennent. Pour lutter contre le trafic et la prolifération des armements en Afrique, le Secrétaire général appelle le Conseil de sécurité à s'intéresser de plus près aux marchands d'armes dont la divulgation des noms permettrait de mieux combattre les trafics de matériels militaires. L'ONU peut jouer un rôle dans la compilation, la recherche et la publication de ces informations.
En ce qui concerne le maintien de la paix, il importe tout autant d'essayer de prévenir les conflits que d'y porter remède. En établissant une présence rassurante et un minimum de transparence, un déploiement de forces préventif permet d'éviter les erreurs d'appréciation susceptibles de déboucher sur un conflit, donne le temps nécessaire au règlement des différends par des moyens politiques et permet le développement d'institutions pour la consolidation de la paix, tout en constituant une mesure de confiance capitale pour l'instauration de celle-ci.
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L'Afrique est, de toutes les régions du monde, celle où l'ONU a déployé le plus grand nombre d'opérations de maintien de la paix. Les opérations qu'elle a lancées en Angola et en Namibie en 1989, dans le climat de détente internationale qui a suivi la fin de la guerre froide, ont marqué l'entrée dans une nouvelle ère de maintien de la paix caractérisée par une plus grande complexité. Sur les 32 opérations engagées par l'ONU depuis 9 ans, 13 ont été déployées en Afrique. Mais depuis les sérieux revers subis en Somalie (et l'expérience amère vécue dans l'ex-Yougoslavie), la communauté internationale s'est montrée très réticente ces dernières années à prendre les risques politiques et financiers associés au déploiement de telles opérations. Les leçons de l'opération en Somalie ne semblent cependant pas devoir expliquer à elles seules ces hésitations, dont l'Afrique a été la première à pâtir.
L'occasion de ce genre d'opération s'offre actuellement à la communauté internationale en République centrafricaine, où une situation explosive a pu être maîtrisée jusqu'à présent grâce à la Mission interafricaine des Accords de Bangui (MISAB), dont le mandat tire à sa fin. Le Conseil de sécurité devra autoriser le déploiement d'une opération de maintien de la paix en République centrafricaine. Une fois que les pays du continent auront retrouvé la paix, il serait indispensable d'envisager des mesures de redressement et de développement économiques.
Financement du redressement, paix durable et croissance économique
La consolidation de la paix doit comporter la création et le renforcement d'institutions nationales, la surveillance d'élections, une action de défense des droits de l'homme, l'organisation de programmes de réinsertion et la recherche des conditions de la reprise du développement. Le Secrétaire général exhorte le Conseil de sécurité à envisager favorablement la création de structures de soutien de la consolidation de la paix semblables à celles mises en place au Libéria. Une société qui sort d'un conflit a des besoins particuliers, et pour éviter que les hostilités n'éclatent à nouveau, tout en posant les bases d'un développement robuste, elle devra s'attaquer en priorité aux impératifs que sont la réconciliation nationale, le respect des droits de l'homme, la représentativité du régime politique, la réinsertion des ex-combattants, notamment dans une société productive, et la mobilisation de ressources intérieures et internationales pour la reconstruction et la reprise économique du pays. Quand un pays n'est plus en mesure d'élaborer lui-même et d'appliquer une politique économique complète, en raison même du conflit dont il a été affecté, il faut envisager de rendre moins rigoureuses les conditions financières normalement strictes imposées par les institutions financières internationales. Il faut éviter les situations où seraient imposées des conditions financières contraires au processus de paix, et où les institutions internationales et la communauté des donateurs seraient amenées à couper les fonds à un gouvernement fragile qui, soutenu par la population, fait pourtant des efforts de bonne foi pour assurer la réconciliation nationale et l'application d'accords de paix.
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Au nombre des mesures de redressement et de développement économiques, le rapport mentionne la lutte contre la corruption, qui est un phénomène mondial grave qui a sévèrement entravé le développement de l'Afrique. Pour résoudre ce problème, il faut s'intéresser à la fois au corrupteur et au corrompu. Le Secrétaire général salue l'initiative récemment prise par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), en vue de réduire les possibilités de corruption qui existent dans la passation des marchés publics financés au moyen de fonds d'aide. Il salue la signature de la Convention sur la lutte contre la corruption d'agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales, aux termes de laquelle les signataires s'engagent à adopter une législation définissant la corruption et introduisant les moyens de la réprimer.
Pour assurer les conditions d'un développement durable, les pays africains doivent créer un environnement propice aux investissements, source d'une croissance soutenue. Si l'on veut que l'Afrique participe pleinement à l'économie mondiale, il importe d'entreprendre des réformes économiques et politiques qui mettront en place des stratégies stables, qui déréglementeront l'activité économique, favoriseront les échanges, rationnaliseront les structures fiscales, mettront en place des infrastructures de base, garantiront la transparence et assureront la protection de la propriété. Il est essentiel pour les gouvernements africains de faire comprendre à leurs opinions publiques l'importance des réformes à accomplir en vue de pouvoir mobiliser un large appui politique. Le Secrétaire général engage les pays où de vastes programmes d'ajustement structurel s'imposent, à organiser des conventions nationales sur la réforme et la restructuration économique afin d'expliquer la nécessité de ces programmes et d'en étudier les divers aspects ainsi que les ramifications éventuelles. Entre autres mesures de redressement et de développement économiques, le Secrétaire général mentionne l'allégement ou la suppression de la dette qui constitue un fardeau et une menace à la stabilité des pays du continent. La communauté internationale devrait réduire, à un niveau qui n'entraverait plus leur croissance économique et leur développement, la charge de la dette des pays pauvres après que ceux-ci aient appliqué des programmes de réformes internationalement acceptés. Le Secrétaire général demande instamment que l'appel lancé par l'Organisation de l'unité africaine en faveur de l'effacement de la dette des pays les plus pauvres dans un délai raisonnablement court soit entendu. Il engage tous les pays créanciers à convertir en subventions toutes les dettes bilatérales officielles des pays les plus pauvres du continent, et il demande aux institutions financières internationales d'accélérer l'accès aux facilités prévues en faveur des pays pauvres les plus lourdement endettés.
En conclusion, le Secrétaire général demande à la communauté internationale de trouver plus de nouvelles ressources de financements en faveur du développement et d'appliquer des mesures qui permettront à l'Afrique de générer les capitaux dont elle a besoin, et de mieux les réinvestir. Pour nourrir l'élan en faveur de l'action de soutien à l'Afrique, le Secrétaire général invite le Conseil de sécurité à se réunir au niveau ministériel à un rythme bisannuel, et le prie instamment d'envisager de se réunir au sommet à cet effet dans les cinq années à venir.
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