SG/SM/6489

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DÉCLARE QU'IL FAUT REVOIR LES MÉCANISMES INTERNATIONAUX DE DÉSARMEMENT FACE À LA PERSISTANCE DES CONFLITS DEPUIS LA CHUTE DU MUR DE BERLIN

8 avril 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6489
DC/2598


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DÉCLARE QU'IL FAUT REVOIR LES MÉCANISMES INTERNATIONAUX DE DÉSARMEMENT FACE À LA PERSISTANCE DES CONFLITS DEPUIS LA CHUTE DU MUR DE BERLIN

19980408 Voici le texte de la déclaration qu'a faite, le 17 mars, le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à la treizième session du Conseil consultatif pour les questions de désarmement à Genève :

C'est pour moi un grand plaisir de participer à cette treizième session du Conseil consultatif pour les questions de désarmement. Le Conseil est un groupe de réflexion avisé où se côtoient dans la diversité diplomates et universitaires, et je suis reconnaissant de pouvoir tirer parti de votre expérience collective.

Je voudrais rendre hommage à certains collègues qui sont présents ici aujourd'hui :

— L'Ambassadeur André Erdös, qui présidera les sessions du Conseil en 1998;

— L'Ambassadeur Mitsuro Donowaki, qui s'est admirablement acquitté de ses fonctions de président de la dernière session du Conseil;

— M. Vladimir Petrovsky, qui, comme vous le savez, est Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève et Secrétaire général de la Conférence du désarmement;

— Mme Patricia Lewis, qui a pris ses fonctions de Directeur de l'Institut de recherche des Nations Unies sur le désarmement en octobre dernier. Elle s'emploie à la tâche ardue de pérenniser la tradition de l'Institut en assurant la réalisation de recherches de qualité avec des ressources humaines et financières considérablement réduites;

— Enfin, la dernière personnalité à rejoindre mon équipe de direction, M. Jayantha Dhanapala, qui occupe les fonctions de Secrétaire général adjoint aux affaires de désarmement. Je l'ai également nommé Commissaire de la Commission spéciale des Nations Unies, responsable du Groupe spécial qui effectuera les visites dans les sites présidentiels en Iraq en vertu du Mémorandum d'accord conclu pendant mon récent voyage à Bagdad et approuvé ultérieurement par le Conseil de sécurité.

Les récents événements survenus en Iraq montrent que l'ONU accomplit une oeuvre multiple : en tant qu'interlocuteur impartial pour le règlement pacifique des différends, fournisseur d'aide humanitaire et responsable du maintien de la paix le long de la frontière entre l'Iraq et le Koweït. Toutefois, le désarmement est l'élément central de la présente multiforme de l'Organisation en Iraq : les efforts déployés par la Commission spéciale des Nations Unies en collaboration avec l'Agence internationale de l'énergie atomique visent à lutter contre la prolifération des armes de destruction massive et à mettre fin à la grave menace qu'elles constituent pour la paix et la sécurité internationales.

La réunion du Conseil consultatif se tient donc à un moment où la question du désarmement suscite un intérêt particulier dans le monde. Tirons le meilleur parti de cette situation pour faire avancer le programme de désarmement sur tous les plans, des armes de destruction massive aux armes légères et de petit calibre.

Comme vous le savez, le rétablissement du Département des affaires de désarmement sous l'autorité d'un Secrétaire général adjoint était l'un des principaux éléments du programme de réformes que j'ai mis en place depuis que j'ai pris mes fonctions. Il découle de ma conception des activités de l'Organisation en matière de désarmement, qui fait de celui-ci l'élément central de notre mission de paix et de développement. Ces activités comportent quatre volets principaux.

Le premier concerne les mesures préventives de désarmement telles que le dialogue et la transparence, qui favorisent la confiance.

Le Registre des armes classiques fait partie de ces mesures. Il permet de suivre les transferts internationaux des principaux systèmes d'armes classiques; il s'agit d'un mécanisme central visant à prévenir la constitution d'arsenaux coûteux et déstabilisateurs. Tous les principaux fournisseurs d'armes et la plupart des États bénéficiaires y participent actuellement.

Les instances régionales telles que le Comité consultatif permanent chargé des questions de sécurité en Afrique centrale peuvent aider à formuler d'autres mesures préventives. Ce type de coopération et de dialogue connaît un regain d'intérêt. L'Organisation des États américains, par exemple, a récemment adopté un traité interdisant le trafic d'armes à feu.

L'établissement de normes constitue un deuxième élément. L'Organisation des Nations Unies joue un rôle crucial grâce à des organes délibérants tels que la Première Commission et la Commission du désarmement et à l'instance unique de négociation en matière de désarmement multilatéral, la Conférence du désarmement.

( suivre)

- 3 - SG/SM/6489 DC/2598 8 avril1998

En outre, l'Organisation appuie activement les moyens visant à renforcer la non-prolifération des armes nucléaires, notamment le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), élément central du régime de non-prolifération, et les négociations concernant un protocole de vérification à la Convention sur les armes biologiques. Elle coopère étroitement avec l'Agence internationale de l'énergie atomique, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques et la Commission préparatoire de l'Organisation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Elle assume d'autres fonctions dans la lutte que mène la communauté internationale pour interdire les mines antipersonnel, récemment dans le cadre de la nouvelle Convention d'Ottawa.

La mise en place de mesures concrètes après les conflits constitue un troisième élément. Il s'agit notamment de désarmer les ex-combattants et d'assurer leur réinsertion dans la société civile et d'éliminer les armes restantes. Au Mali, une demande d'aide pour la collecte d'armes, faite il y a plusieurs années — initiative qui a eu un grand retentissement à cause de la destruction spectaculaire d'armes organisée il y a deux ans à Tombouctou — a débouché sur un projet intégré de sécurité et de développement.

Enfin, nous participons à l'application des mesures de désarmement après les conflits afin de prévenir une reprise des hostilités. Les activités menées en Iraq sous les auspices du Conseil de sécurité en sont un exemple.

J'ai fait cette brève analyse non seulement pour montrer la diversité des activités de désarmement de l'ONU, mais aussi pour demander au Conseil d'examiner la manière dont ces activités sont menées et la possibilité de les rendre plus efficaces.

Votre ordre du jour à Genève est chargé. Je souhaiterais connaître vos vues quant à la façon de rationaliser et de rendre plus efficace le travail de la Première Commission et de la Commission du désarmement et de rapprocher les points de vue concernant l'ordre du jour, les objectifs et la date d'une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement.

Je vous engage à réfléchir sur la situation à la Conférence du désarmement, qui cherche à poursuivre les négociations sur des accords de désarmement. Les possibilités offertes à la Conférence à cet égard sont une source d'espoir. Elle a besoin de notre appui et j'encourage ses membres, quelle que soit la difficulté du processus, à persévérer dans leurs efforts.

M. Dhanapala, Secrétaire général adjoint, vous entretiendra également de ce qu'il prévoit pour le Département des affaires de désarmement. Lorsque vous évaluerez ses plans de réorganisation, il serait peut-être juste que le Conseil consultatif procède à un examen critique de ses propres activités.

( suivre)

- 4 - SG/SM/6489 DC/2598 8 avril1998

Avant de conclure, je voudrais partager avec vous la réflexion suivante. Depuis la chute du mur de Berlin, quatre millions de personnes sont mortes dans des conflits armés. Un chiffre de cette ampleur devrait, à mon avis, nous amener à évaluer l'efficacité des mécanismes internationaux de désarmement non seulement sur le plan intellectuel, mais aussi dans le but de rendre l'Organisation des Nations Unies mieux à même de prévenir les conflits.

Si elle ne peut pas les gérer, l'Organisation doit faire tout ce qui est possible pour limiter les dégâts et favoriser la réconciliation nationale et la reconstruction après les conflits. C'est — ni plus, ni moins — l'objectif du désarmement.

Il nous incombe de fournir l'effort supplémentaire nécessaire pour renforcer la paix, la sécurité et la prospérité sur notre planète. Je vous souhaite plein succès dans vos travaux.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.