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GA/PKO/154

COMITE SPECIAL DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX: LES DELEGATIONS SOULIGNENT LA NECESSITE D'UNE PLUS GRANDE COOPERATION AVEC LES ORGANISATIONS REGIONALES

1 avril 1998


Communiqué de Presse
GA/PKO/154


COMITE SPECIAL DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX: LES DELEGATIONS SOULIGNENT LA NECESSITE D'UNE PLUS GRANDE COOPERATION AVEC LES ORGANISATIONS REGIONALES

19980401 Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a repris cet après-midi son débat général. Il a entendu les délégations suivantes: Canada, Uruguay, Australie, Brésil, Philippines, Népal, République de Corée, Algérie, Ghana, Inde, Zimbabwe et Norvège.

Les délégations sont d'avis que la stratégie préventive est un concept clef en matière de maintien de la paix. Elles soulignent que l'Organisation des Nations Unies doit développer sa coopération avec des organisations régionales, et notamment avec l'Organisation de l'unité africaine. Elles ont toutefois reconnu que l'Organisation, et notamment les membres du Conseil de sécurité, demeure la première responsable des questions de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Dans ce contexte, certains délégations ont estimé que les décisions du Conseil de sécurité ne devraient pas être guidées par les intérêts politiques et économiques de certains de ses membres.

Par ailleurs, la plupart des délégations ont déploré la crise financière à laquelle continue de faire face l'Organisation des Nations Unies et notamment ses conséquences négatives sur les opérations de maintien de la paix. Compte tenu de ces contraintes budgétaires, les délégations ont souligné la nécessité de préserver les capacités et les compétences du Département des opérations du maintien de la paix, qui ne doivent pas être minées par le processus de réduction du personnel mis à disposition à titre gracieux devant s'achever en 1999.

Le Comité spécial reprendra son débat général demain, 2 avril, à 10 heures.

M. MICHEL DUVAL (Canada) a rappelé que le niveau global des opérations de maintien de la paix a beaucoup diminué au cours de ces trois dernières années ce qui a conduit à se poser des questions en ce qui concerne la nécessité de maintenir le Département de maintien de la paix avec sa taille et sa structure actuelles. Cependant, la semaine dernière, une nouvelle mission a été créée par le Conseil de sécurité en République centrafricaine. Cette nouvelle mission demande un déploiement de troupes dans une période de trois semaines. Cela représente un parfait exemple de la raison pour laquelle l'Organisation doit maintenir sa capacité de planification, de déploiement et de gestion des opérations de maintien de la paix. Cela souligne également la nécessité d'établir un Etat major à déploiement rapide au sein du Département des opérations de maintien de la paix. Le représentant a estimé que beaucoup reste à faire afin que le Département ait une capacité de gestion de premier ordre. Il a souligné la responsabilité collective des Etats Membres en ce qui concerne le maintien de la paix. Le représentant a également indiqué qu'il est essentiel que le Département ait à sa disposition des ressources adéquates permettant de garantir son bon fonctionnement. Il a souligné la nécessité d'un examen de la question du remplacement du personnel fourni à titre gracieux.

Le représentant a déclaré que le programme de réforme du Secrétaire général préconise de nombreuses autres améliorations pour assurer la planification et la conduite des opérations de maintien de la paix, parmi lesquelles on peut noter : l'accroissement des capacités d'alerte rapide et d'action préventive, une meilleure coordination des activités de maintien et de consolidation de la paix, une plus grande coopération avec les organisations régionales, et le révision des modèles d'accord sur le statut des forces. Il est important de réexaminer ces questions durant la présente session pour mesurer les progrès réalisés dans la mise en oeuvre des recommandations du Comité spécial. Le représentant a espéré que Département des opérations de maintien de la paix encouragera un examen fondamental des mécanismes du Secrétariat touchant à la paix et à la sécurité internationales. Il faudrait se demander quelles devrait être les relations du Département des opérations de maintien de la paix avec le Département des affaires politiques, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, les organismes humanitaires, les organisations non-gouvernementales et les fournisseurs de troupes.

Le train de réformes renferme une recommandation qui appuie clairement l'établissement d'un état major de mission à déploiement rapide. Le Comité spécial en a appuyé le concept et son rapport devrait renfermer cette année une nouvelle recommandation en faveur de son financement par l'entremise du Compte d'appui. Alors que les effectifs militaires de maintien de la paix ont beaucoup diminué, le nombre de policiers civils de l'ONU déployés dans le cadre de missions de maintien de la paix a augmenté régulièrement. Il est important de régler les problèmes auxquelles sont confrontés les opérations de la police civile de l'ONU et qui sont différents de ceux des opérations de maintien de la paix. En ce qui concerne les questions relatives au soutien logistique des forces de maintien de la paix, le Canada estime qu'un système comme le Système de contrôle des avoirs sur le terrain (FACS) peut améliorer considérablement la gestion des stocks des avoirs. Par voie de conséquence, les forces de maintien de la paix bénéficieraient d'un appui de meilleure

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qualité et on réduirait de beaucoup le gaspillage d'avoirs matériels très coûteux.

M. JORGE PEREZ-OTERMIN (Uruguay), a souligné que son pays était celui qui avait contribué le plus grand nombre d'effectifs aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies par rapport à sa population. Dans le contexte actuel, l'efficacité des opérations de maintien de la paix repose sur certains principes et notamment sur le consentement des parties concernées, l'impartialité, et sur l'usage de la force en dernier recours et seulement en cas de légitime défense. M. Oterim a exprimé son inquiétude face au manque de moyens à déployer, en cas de crise, par le Département des opérations de maintien de la paix. Dans ce contexte, certains pays disposant de capacités de paiement doivent s'acquitter sans conditions et intégralement de leurs obligations financières à l'égard du Département. Concernant les pays en développement, M. Oterim a souligné l'importance du problème du retard du remboursement de leur contributions de troupes aux opérations de maintien de la paix. Par ailleurs, l'Uruguay soutient le train de mesures de réformes proposées par le Secrétaire général et notamment la réduction graduelle des personnels fournis à titre gracieux aux Département de maintien de la paix. Il a souligné qu'il fallait cependant éviter un démantèlement du Département qui pourrait en résulter si l'on ne prévoit pas un mécanisme garantissant la continuation de sa bonne marche. M. Oterim a souhaité que l'on respecte le principe de la répartition géographique équitable du personnel permanent du Département de maintien de la paix. Concernant le système des arrangements relatifs aux forces et moyens en attente, l'Uruguay y souscrit et est disposé à y participer davantage à l'avenir.

L'Uruguay a apporté son soutien à la proposition avancée par le délégué du Pakistan qui prévoit la répartition du travail du Comité spécial des opérations de maintien de la paix tout au long de l'année. D'autre part, il partage l'opinion générale selon laquelle il faut renforcer les composantes de police civile des opérations de maintien de la paix. M. Oterim a rappelé le rôle important à jouer par les Nations Unies en matière de déminage et s'est félicité de la décision du Secrétaire général d'affecter cette tâche au Département des opérations de maintien de la paix.

Mme PENNY WENSLEY (Australie) a déclaré que les complexités qui accompagnent les opérations de maintien de la paix ont augmenté. Elle a souligné l'importance des réformes qui sont en cours d'examen. Un de leurs objectifs est de renforcer la capacité du Département des opérations de maintien de la paix à remplir pleinement ses fonctions. La restructuration du Département est une partie importante de la réforme des opérations de maintien de la paix. Il faut cependant s'assurer que la viabilité des missions n'est pas mise en danger par cette restructuration et notamment par les réductions en personnel. La représentante a par ailleurs déclaré qu'il faut réduire la dépendance vis à vis du personnel fourni à titre gracieux. Il convient donc d'analyser l'impact structurel de la mise en place d'un Etat major à déploiement rapide au sein du Département. L'Australie se félicite des efforts engagés par le Secrétariat pour améliorer le système des arrangements

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relatifs aux forces et moyens en attente. La représentante a estimé qu'il est essentiel de maintenir la sûreté et l'autorité des défenseurs des Nations Unies. Il faut de réduire les coûts de la phase de démarrage des missions et accroître la capacité des nations de déployer rapidement les forces de maintien de la paix. L'Australie souligne l'importance du rôle de la police civile dans la période de transition des opérations de maintien de la paix.

Mme Wensley a regretté que la sécurité et la sûreté du personnel soit soumis à des niveaux inacceptablement élevés de risques. Le Secrétariat doit continuer à mettre au point des propositions pour améliorer cette situation. Il faut que les défenseurs de la paix soient préparés pour des missions qui sont de plus en plus difficiles. Des efforts doivent être faits pour normaliser la formation en matière de maintien de la paix. Il faut aussi d'améliorer le domaine logistique et, à ce propos, l'Australie se félicite des progrès réalisés par la base logistique de Brindisi. La représentante s'est félicitée de l'introduction d'un taux normalisé de remboursement en cas de décès et d'invalidité. Par ailleurs, l'Australie estime qu'il faut augmenter les passations de marché avec les pays en développement. Le remboursement aux pays fournisseurs de troupes continue à être trop lent. Il faut que les Etats Membres paient leurs contributions intégralement, à temps et sans conditions. L'Australie accorde une grande importance à l'instauration de mécanismes de sécurité régionale. La représentante a souligné la nécessité d'établir un lien entre les recommandations du Comité spécial et leur mise en oeuvre par les autres instances des Nations Unies. Il faut que ces recommandations soient suffisamment claires pour pouvoir être mises en oeuvre de façon efficace.

M. ENRIQUE VALLE (Brésil) a rappelé le soutien permanent du Brésil aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Dans ce contexte, l'armée brésilienne a organisé, en août 1997, un exercice d'entraînement appelé "Les Forces Unies", en coopération avec l'Argentine, la Bolivie, le Chili, le Paraguay et les Etats-Unis, auquel plus de 20 représentants du Département des opérations de maintien de la paix ont pris part. Tout en rappelant la diminution du nombre des opérations de maintien de la paix au cours des trois dernières années, M. Valle a déclaré que les Nations Unies doivent néanmoins être préparées à intervenir rapidement et efficacement en cas de conflit. Par ailleurs, la réduction progressive des personnels fournis gratuitement au Département des opérations de maintien de la paix doit se faire, selon lui, de telle façon qu'elle n'affecte pas la capacité de planification et de mise en oeuvre de ces opérations. Dans le cadre de cette réduction, M. Valle considère qu'il faut tenir compte du principe de la répartition géographique équitable. Par ailleurs, il a souligné que la participation des pays en développement aux opérations de maintien de la paix, notamment par la mise à disposition de troupes, représente un effort important de leur part et qu'il faut donc s'atteler à leur remboursement.

M. Valle a regretté que le rapport du Secrétaire général sur l'application des recommandations du Comité spécial n'ait pas été distribué plus tôt, et souhaite qu'à l'avenir ce document soit disponible deux semaines

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avant le début de la session. M. Valle a aussi déclaré que les actions de déploiement préventif doivent faire l'objet d'un examen plus approfondi dans le cadre des travaux de ce Comité. Par ailleurs, le Brésil espère qu'il y aura un débat constructif, au cours des prochaines semaines, sur les questions relatives au financement et à l'organisation des opérations de maintien de la paix.

M. FELIPE MABILANGAN (Philippines) s'est associé à la déclaration faite au nom du Mouvement des non-alignés. Il a regretté que le non paiement par les Etats Membres de leurs contributions continue à miner la capacité des Nations Unies d'avoir des opérations de maintien de la paix efficaces. Les Philippines étudient de près les arrangements relatifs aux forces et moyens en attente. Le représentant a déclaré que sa délégation est consciente de l'importance d'une éducation en matière de maintien de la paix, notamment pour la police civile. Le représentant a souligné l'importance que son pays accorde à la coopération entre l'ONU et les organisations régionales dans le domaine du maintien de la paix. Les Philippines sont favorables à la mise en place d'un Code de conduite uniforme pour le personnel des opérations de maintien de la paix qui prenne en compte la nature différente de ce personnel. Les Philippines sont favorables à l'établissement de directives en ce qui concerne le témoignage du personnel des opérations de maintien de la paix devant tribunaux internationaux. Le représentant a déclaré que sa délégation a appris avec intérêt que différentes pratiques mises en oeuvre dans les opérations de maintien de la paix, comme l'évaluation de la performance, ont été appliquées aux troupes servant dans des activités ne relevant pas des opérations de maintien de la paix mais d'activités humanitaires.

M. NARENDRA BIKRAM SHAH (Népal) s'est associé à la déclaration faite au nom du Mouvement des pays non-alignés. Il a rappelé que le rôle primordial des Nations Unies est de maintenir la paix et la sécurité internationales. De ce fait, les opérations de maintien de la paix sont un outil essentiel pour l'Organisation. Leur nature cependant a changé. Elles sont devenues multidimensionnelles et incluent des activités aussi diverses que la séparation et la réhabilitation des combattants, le déminage, l'aide humanitaire, la défense des droits de l'homme et la création d'institutions démocratiques. L'expérience tirée des opérations de maintien de la paix, en matière de planification, de déploiement et de gestion, est énorme et doit être utilisée. Le Népal estime que les opérations de maintien de la paix doivent respecter les principes d'impartialité, de non ingérence et de respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des Etats. Le succès des opérations dépend du respect de ces principes ainsi que de la clarté de leurs mandats. Il est également essentiel que des ressources adéquates leurs soient allouées. La paix et la sécurité internationale ont souffert par le passé de l'incapacité des Nations Unies à déployer les opérations de maintien de la paix au moment où elles sont nécessaires. Les arrangements relatifs aux forces et moyens en attente doivent permettre d'accroître l'efficacité et la capacité de déploiement rapide des opérations de maintien de la paix. Le Népal a signé un accord avec les Nations Unies dans lequel il s'est engagé à déployer ses troupes dans un délai de 10 à 30 jours à partir du moment où les

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Nations Unies en ont fait la demande. Le représentant a déclaré que sa délégation estime que l'établissement d'un Etat-major d'une force de déploiement rapide est vital. Il a par ailleurs souligné l'importance du rôle joué par les forces de police civile dans les opérations de maintien de la paix.

M. PARK SOO GIL (République de Corée) a déclaré que, compte tenu de la nature interne de la majorité des nouveaux conflits, les Nations Unies doivent désormais être mieux préparées à l'aspect multidimensionnel que doivent revêtir les opérations de maintien de la paix. Il a souligné que la Corée continue à déployer des efforts dans la recherche de méthodes permettant d'améliorer la capacité de déploiement rapide des opérations de maintien de la paix. Dans ce cadre, elle est convaincue que les arrangements relatifs aux forces et moyens en attente doivent être totalement mis en oeuvre comme principal instrument du déploiement rapide. M. Gil a exprimé son inquiétude devant la dépendance du Département des opérations de maintien de la paix du personnel qui lui est fournis à titre gracieux par les Gouvernement, et se félicite de la décision du Secrétaire général de réduire ce personnel graduellement d'ici 1999. Cependant, compte tenu des contraintes budgétaires et du manque de personnel qualifié au sein du Département, la Corée est d'avis qu'il faut accorder une certaine flexibilité au Secrétariat dans la mise en oeuvre de cette tâche. Par ailleurs, la Corée est profondément inquiète de la persistance de la crise financière à laquelle fait face l'Organisation et de ses conséquences sur les opérations de maintien de la paix. En vue de trouver une solution rapide à cette situation, la Corée exhorte tous les Etats Membres à payer, sans conditions et intégralement, leurs contributions.

Soulevant le problème de la sécurité insatisfaisante du personnel des Nations Unies opérant sur le terrain, M. Gil a réaffirmé que cette question doit faire partie intégrante de la planification des opérations de maintien de la paix et a souhaité que la Convention relative à la sécurité du personnel des Nations Unies et personnel associé devienne rapidement un instrument juridique universellement reconnu. M. Gil a aussi abordé la question relative à la meilleure protection de l'assistance humanitaire. En effet, on observe un rapprochement certain entre les activités de maintien de la paix et celles d'assistance humanitaires, notamment dans les conflits où l'on assiste à des déplacements importants de population. M. Gil a ensuite déclaré qu'il souhaitait que ce Comité spécial entreprenne un examen approfondi des aspects relatifs à l'adéquation entre les mandats et les moyens mis à dispositions des opérations de maintien de la paix, la faisabilité de ces mandats qui semblent parfois difficiles à réaliser et l'articulation de règles de conduite et d'engagement plus précises.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a apporté son soutien sans réserve à la déclaration faite par le Représentant de la Thaïlande, faite au nom du Mouvement des non-alignés. Abordant le statut des forces engagées dans les

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opérations de maintien de la paix, M. Baali a rappelé la position de sa délégation qui considère que ce statut est une question extrêmement délicate qu'il faut traiter avec la plus grande attention. L'Algérie n'a pas donné son aval á la proposition qui avait été faite sur la mise en place d'un accord- type qui serait appliqué à titre transitoire en attendant la conclusion d'un accord définitif entre l'ONU et les pays hôtes. M. Baali a rappelé que les situations politiques, stratégiques et juridiques varient grandement selon la perception de chaque pays hôte et selon chaque opération et qu'un accord type ne respecterait pas nécessairement le principe de la souveraineté des Etats et le droit de ceux-ci d'avoir un droit de regard sur le déploiement et les activités de troupes sur leur territoire. Selon lui, il est du droit du pays hôte de décider du cadre même de ces activités.

La délégation algérienne est d'avis que le concept de prévention est un concept clef dans le maintien de la paix et de la stabilité dans le monde. Il a rappelé dans ce cadre que l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) a créé depuis 1995 son propre mécanisme central de prévention, de gestion et de règlement des conflits en Afrique, au sein duquel l'Algérie est un élément très actif. Cependant, cette profession de foi ne saurait, selon M. Baali, éluder la question de la définition précise du concept de prévention, ses principes cardinaux et ses limites. Dans cet ordre d'idée, le principe de consentement des parties concernées reste d'une importance capitale. M. Baali a souligné que l'on assiste à une évolution du cadre juridique des opérations de maintien de la paix et des fondements des contributions des Etats à leur mise en oeuvre, et notamment les initiatives conduites et financées par des groupes de pays donnés, en dehors du cadre des Nations Unies. Il considère qu'il doit être clair que ces actions demeurent individuelles et ne sauraient se prévaloir de la caution de l'Organisation des Nations Unies aussi longtemps que cette dernière n'en aura pas ainsi décidé.

Soulevant la question de la coopération avec les organisations régionales et les arrangements régionaux, M.Baali considère que le fait que le chapitre VIII de la Charte ait fait état de ce type de coopération, ne saurait être interprété comme libérant l'ONU de son rôle de premier responsable des questions du maintien de la paix et de la sécurité internationales, ni ne saurait signifier que l'ONU devrait se décharger sur les initiatives et arrangements régionaux. L'ONU, c'est à dire la communauté internationale, et en particulier les pays membres du Conseil de sécurité, doit rester le responsable numéro un dans ce domaine, tant au niveau de la conception qu'au niveau de la mise en oeuvre. M. Baali a évoqué la volonté collective des pays africain de résoudre les crises de leur continent à travers l'OUA. Cependant, le manque de moyens adéquats a été un obstacle majeur à la mise en oeuvre de

mesures et politiques concrètes par l'OUA. Selon la délégation algérienne, dans ce contexte, sans une assistance technique, matérielle et financière conséquente de la communauté internationale et singulièrement de l'ONU, le

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continent africain continuera de regarder beaucoup plus du côté de New York que de celui de Addis-Abeba.

M. JACK WILMOT (Ghana) s'est associé à la déclaration faite par le Mouvement des pays non-alignés. Il a espéré que des mesures supplémentaires seraient prises pour éliminer le personnel fourni à titre gracieux sans que cela mine pour autant la capacité du Département des opérations de maintien de la paix de remplir ses fonctions. Le représentant s'est félicité des efforts faits pour améliorer le système des achats tout en regrettant qu'il continue à favoriser les pays développés. En ce qui concerne les achats, il est nécessaire d'avoir un système équitable et transparent. Les pays en développement, particulièrement ceux qui sont contributeurs de troupes, devraient avoir la possibilité de fournir des biens et des services. Les délais dans le remboursement aux pays contributeurs de troupes, notamment aux pays en développement, demeurent inquiétants. Il est capital d'assurer un prompt remboursement à des pays qui ont déjà d'énormes difficultés financières. Il faut des ressources adéquates afin que les mandats puissent être pleinement exécutés. Le représentant a rappelé aux Etats Membres qui n'ont pas payé leurs contributions que leur dette envers l'Organisation correspond en réalité à une dette envers les pays en développement qui ont financé leurs troupes dans des opérations de maintien de la paix.

Le représentant a déclaré que sa délégation soutient les arrangements relatifs aux forces et moyens en attente. La capacité de déploiement rapide des missions est un élément clé qui peut contribuer à réduire les pertes en vies humaines et la destruction des infrastructures. Il faut que le Conseil de sécurité puisse répondre à temps aux conflits dont il est saisi et que ses décisions ne soient pas fondées sur les intérêts stratégiques de certains de ses membres les plus puissants. Le représentant a signalé que les populations de certaines zones en conflit en Afrique ont récemment été victimes de la sélectivité du Conseil de sécurité. Le représentant a souligné l'importance du rôle des forces de police civile dans les opérations de maintien de la paix et a demandé à ce que la gestion des opérations de police soit transparente et démocratique. Les mandats de la police doivent être clairs ainsi que les critères de distribution des postes stratégiques.

M. SATYABRATA PAL (Inde) s'est associé à la déclaration faite par la Thaïlande au nom du Mouvement des non-alignés et espère que ce Comité spécial en tiendra compte dans ses travaux. Il a rappelé le déclin continu des effectifs des troupes, des observateurs militaires et de la police civile des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Selon M. Pal, les Nations Unies doivent repenser les implications de la fin de la guerre froide en matière de maintien de la paix et notamment des structures et concepts adaptés à des périodes de faible et de forte activité. M. Pal a ensuite mis l'accent sur l'activité croissante de la composante de police civile des opérations de maintien de la paix et a déclaré qu'il était important de bien comprendre quelles tâches leur incombent. La définition claire de l'activité de police civile devrait émaner selon lui des travaux de ce Comité. M. Pal a souligné que, à la vue du rapport d'audit, les ressources mises à la

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disposition des opérations de maintien de la paix par la communauté internationale ne semblent pas toujours avoir fait l'objet d'une bonne gestion ni d'une bonne administration au cours de la dernière décennie. Il semble qu'il y ait une tendance récurrente à la sur-budgétisation de ces opérations et à la sous-utilisation des ressources sur le terrain. C'est pourquoi l'Inde considère qu'il faut faire des progrès dans ce domaine et que le Comité spécial devrait se pencher sur les aspects relatifs à l'optimisation de la gestion humaine, fiscale et matérielle des ressources allouées aux opérations de maintien de la paix.

Le Département des opérations de maintien de la paix ne saurait reposer indéfiniment sur la mise à disposition de personnel gratuit par les Etats. Par ailleurs, l'ampleur de la charge financière qui pèse sur beaucoup de pays ayant contribué des troupes sans être remboursés par l'Organisation risque, à terme, d'entraver le soutien de ces même pays aux opérations de maintien de la paix. M. Pal a noté que la rapidité démontrée dans le déploiement de nouvelles missions ne caractérise pas dans la liquidation des missions qui sont venues à terme. Par ailleurs l'Inde déplore que le Conseil de sécurité se penche sur les aspects budgétaires des opérations de maintien de la paix qui sont du ressort de l'Assemblée générale. Concernant la réduction progressive du personnel mis à disposition gratuitement, M. Pal souhaite que le calendrier proposé par le Secrétariat soit respecté. Il a rappelé le soutien de son pays aux opérations de maintien de la paix. Il considère cependant qu'une paix durable dépend de l'élimination des inégalités et que les opérations de maintien de la paix ne peuvent remplacer la croissance économique et le développement durable.

M. M. T. MAPURANGA (Zimbabwe), s'est associé à la déclaration faite au nom du Mouvement des pays non-alignés. Il a déclaré que l'efficacité des Nations Unies et des opérations de maintien de la paix serait renforcée si les Etats Membres réglaient leurs contributions, intégralement, à temps et sans conditions. Les décisions du Conseil de sécurité devraient être guidées par une volonté de maintenir la paix et la sécurité internationales et non par des intérêts politiques et économiques de quelques pays puissants. Le Zimbabwe se félicite de l'adoption de la résolution 52/243 de l'Assemblée générale concernant la réduction du personnel fourni à titre gracieux. Cette question affecte l'équilibre géographique des postes au sein du Département des opérations de maintien de la paix.

Le représentant a demandé à ce que le système des achats des Nations Unies soit plus transparent et repose sur une représentation géographique la plus large possible. Les pays développés ne doivent pas être favorisés au détriment des pays en développement. Le représentant a déclaré que le remboursement aux pays contributeurs de troupes et d'équipement est un problème grave et a engagé le Secrétariat à y remédier. La formation du personnel des opérations de maintien de la paix est d'une importance vitale et il est nécessaire que le Département des opérations de maintien de la paix continue à aider les Etats Membres à mettre en place des programmes de formation. L'assistance bilatérale dans la mise en place de capacités

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régionales de maintien de la paix est également importante.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré que sa délégation se félicite des recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général et notamment la réduction progressive des personnels fournis à titre gratuit par les Etats aux opérations de maintien de la paix. Il est d'avis que l'on doit cependant veiller à préserver la capacité et les compétences du Département des opérations de maintien de la paix. A cet effet, il lui semble nécessaire que le Secrétariat présente une proposition plus détaillée de la réorganisation envisagée. Les questions d'organisation ne concernent pas seulement les ressources, mais s'étendent à l'aspect du recrutement et des structures. M. Kolby a noté qu'en matière de maintien de la paix, il est aujourd'hui accepté que la prévention de conflits, les opérations de maintien de la paix et la construction de la paix doivent se faire simultanément, ce qui nécessite une meilleure coordination entre le Département des opérations de maintien de la paix et le Département des affaires politiques. Par ailleurs, l'attention accrue réservée aux activités humanitaires et aux respect des droits de l'homme exigent plus de coopération avec le Haut Commissariat pour les réfugiés et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires.

La Norvège se félicite de la tenue de la réunion en mars 1998 sur le rôle de la police civile dans les opérations de maintien de la paix et réitère l'importance des questions de planification et de sélection. M. Kolbi a notamment insisté sur la nécessité d'étoffer la composante de police civile par des femmes officiers, particulièrement lorsqu'il y a des contacts directs avec la population civile, ce qui signifie aussi le contact avec les femmes et les enfants, afin de veiller à leurs besoins spécifiques. Il a recommandé que le Département des opérations de maintien de la paix accorde une attention particulière aux initiatives africaines pour accroître les capacités africaines en matière de maintien de la paix et s'efforce d'assurer une plus grande coopération entre les Nations Unies et l'OUA. A l'avenir, les opérations de maintien de la paix devraient, selon M. Kolby, s'intéresser davantage aux questions relatives à la démobilisation et à la collecte des armes de petit calibre. Le représentant a enfin déclaré que son pays a appuyé les propositions faites par l'Union européenne dans sa déclaration à ce Comité spécial, et espère que le Comité y donnera suite.

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